Commerce équitable et durable au Sénégal

Transcription

Commerce équitable et durable au Sénégal
commerce Équitable
et commerce durable
au sÉnÉgal
1
ÉDITEUR RESPONSABLE
Carl MICHIELS
COORDINATION
Phenyx43
RÉDACTION
Dan AZRIA - Phenyx43
CONCEPTION
Julie RICHTER - Phenyx43
PHOTO COUVERTURE
Crédit : Alter Eco
Cette publication du Trade for Development
Centre ne représente pas l’avis officiel de la
Coopération belge au Développement
Bruxelles, décembre 2011
2
INTRODUCTION
5
UNE PRÉSENTATION DU SÉNÉGAL
7
LE COMMERCE ÉQUITABLE
11
L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE
ET LE COMMERCE ÉQUITABLE
19
LES ACTEURS
23
LES INITIATIVES
25
LES AUTRES CERTIFICATIONS
35
CONCLUSION
43
3
4
INTRODUCTION
Front du continent dans l’Océan Atlantique, le Sénégal est au carrefour des voies
maritimes, au confluent de l’Afrique, de l’Europe et de l’Amérique. Cette situation
particulière a exposé pendant des siècles ce pays francophone aux agissements et
à la cupidité des esclavagistes.
Souvent cité en exemple malgré la persistance de clivages ethniques, sociaux et
religieux, le Sénégal bénéficie depuis son indépendance d’une stabilité politique remarquable grâce à laquelle ont pu émerger une société civile dynamique et des mouvements sociaux et économiques forts.
Cette situation, ainsi que l’importance des femmes dans l’entreprenariat sénégalais,
explique sans doute le développement particulier de l’économie solidaire au Sénégal et l’émergence d’initiatives particulièrement originales en matière de commerce
équitable et durable.
5
Salesgirl in Dakar - Crédit : Ferdinand Reus
Crédit : Artisans du Monde - Ndem
6
UNE PRÉSENTATION
DU SÉNÉGAL
DU COMMERCE TRIANGULAIRE
A L’INDÉPENDANCE EXEMPLAIRE
DIVERSITÉ DE PAYSAGES, DIVERSITÉ DE CULTURES
PORTRAIT SOCIOÉCONOMIQUE
LES PRINCIPALES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES
7
DU COMMERCE TRIANGULAIRE
A L’INDÉPENDANCE EXEMPLAIRE
La conquête coloniale des terres qui deviendront le Sénégal commence dès la découverte de ces rivages en 1442 par les Portugais qui se lancent rapidement dans
la traite des Noirs, en concurrence avec les négriers britanniques, hollandais et
français. Ces derniers finissent par s’imposer et, tandis que les Hollandais fondent
un comptoir sur l´île de Gorée, la France établit en 1659 celui de Saint-Louis qui
deviendra la première capitale du Sénégal. L’ordre colonial s’affirme dans la seconde moitié du XIXème siècle avec Faidherbe, gouverneur du Sénégal, qui étend
l’influence française au cœur du continent et créé le port de Dakar qui devient, en
1902, la capitale de l’Afrique Occidentale Française, l’une des principales colonies
françaises en Afrique1.
Intégrées à l’Armée coloniale française dès 1857 pour pallier le manque d’effectifs
venus de la métropole, les troupes indigènes regroupées dans le corps des Tirailleurs
sénégalais paient un lourd tribut lors des deux Guerres mondiales. Jusqu’en 1905,
ces régiments se composent principalement d’esclaves rachetés à leurs maîtres locaux et de prisonniers de guerre. Les sous-officiers proviennent généralement de
l’aristocratie locale.
Le 20 août 1960, le Sénégal proclame son indépendance en tant que république démocratique constituée sur le modèle politique français de 1958. Le premier président
est Léopold Sédar Senghor, leader charismatique et poète de renom.
Entre 1982 et 2004, des affrontements sporadiques opposent les séparatistes installés dans le sud de la Casamance, majoritairement chrétiens, et les forces gouvernementales. Fin 2010, de nouveaux incidents ont mis en évidence l’instabilité qui règne
encore dans cette région.
Un autre foyer de conflit entre des Casamançais et
la Guinée-Bissau s’est développé en avril 2007.
En dépit de ces incidents, le Sénégal
est souvent cité comme un modèle
de stabilité en Afrique.
8
Tirailleur sénégalais et sa famille à Marseille fin 1913
Source : Le Miroir, 18 janvier 1914 - Photographe inconnu
Saint-Louis du Sénégal - Crédit : Hugo van Tilborg
Situé à l’avancée la plus occidentale du continent africain dans
l’Océan Atlantique, le Sénégal est au carrefour des voies maritimes
entre l’Europe, l’Amérique et l’Afrique.
DIVERSITÉ DE PAYSAGES,
DIVERSITÉ DE CULTURES
Le Sénégal est entouré au nord par la Mauritanie, à l’est par le Mali, au sud par la
Guinée et la Guinée Bissau, et à l’ouest par l’Océan Atlantique sur une façade de 500
kilomètres. La Gambie forme une quasi-enclave dans le Sénégal, pénétrant à plus de
300 km à l’intérieur des terres.
De par sa situation, le Sénégal offre de nombreux contrastes au niveau géographique
et climatique avec, à l’ouest, l’un des ports les plus importants d’Afrique (Dakar) et, à
l’est, un climat désertique et aride où la sécheresse sévit régulièrement.
La diversité humaine est à l’image de ces paysages. La population, très majoritairement musulmane (90%), est d’environ 11 millions de personnes et se compose
de nombreuses ethnies (Wolofs, Peuls, Sérères, essentiellement), sans compter les
Libanais, les Européens et les Chinois, assez présents en milieu urbain2.
9
PORTRAIT SOCIOÉCONOMIQUE
Le Sénégal est un pays encore très pauvre, et ce
malgré une aide au développement qui est l’une
des plus importantes d’Afrique. L’espérance de vie
est de 51 ans environ et la mortalité infantile reste
élevée.
Le pays connaît une fracture importante entre les zones
urbaines et rurales. Pendant longtemps la population
était plutôt concentrée sur la façade atlantique, mais
l’exode rural a accru l’inégalité de cette répartition.
Désormais, un Sénégalais sur quatre vit dans la
presqu’île du Cap-Vert et la capitale est au bord de
l’asphyxie.
L’éducation est gratuite jusqu’au niveau universitaire
mais plus d’un tiers de la population est analphabète
et les coûts associés à l’éducation (transports, livres,
etc.) restent encore prohibitifs pour de nombreuses familles. En ce qui concerne la santé, bien que le pays
possède un système public, celui-ci est plutôt rudimentaire et certaines maladies (la malaria entre autres)
ainsi que la malnutrition sont toujours des causes importantes de mortalité.
Bien qu’il existe certains services publics, divers facteurs concourent à les rendre difficiles à supporter par
l’État, notamment une base fiscale limitée par un secteur informel omniprésent (estimé à 70 à 80% de l’activité économique), et des critères d’austérité imposés
par les bailleurs de fonds internationaux3.
LES PRINCIPALES
ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES
Pêcheur au large des côtes de Joal - Crédit : United Nations / J. Mohr
À l’origine, les colonies françaises ne devaient produire
que de la matière première et une main-d’œuvre gratuite
et ce en vertu du principe d’interdit industriel édicté par
Colbert selon lequel «pas un clou ne devait sortir des
colonies»4. Malgré cet héritage, le Sénégal possède
la troisième économie de la sous-région ouest-africaine après le Nigéria et la Côte d’Ivoire. Compte
tenu de sa situation géographique et de sa stabilité
politique, le Sénégal fait partie des pays africains les
plus industrialisés avec la présence de multinationales majoritairement françaises et, dans une moindre mesure, américaines.
Ses principaux partenaires économiques sont la France, l’Inde, l’Italie. Cependant, depuis plusieurs années,
la Chine devient un interlocuteur majeur comme en témoignent les fréquents sommets Chine-Afrique.
Le pays est caractérisé par une importante activité
rurale qui se divise entre des cultures de rente (arachides et coton surtout) et une économie paysanne de
subsistance. Les productions agricoles principales du
Sénégal sont les arachides et le coton, le riz, le mil et
les cultures maraîchères. Comparé aux autres pays du
continent africain, le Sénégal est pauvre en ressources
naturelles, ses principales recettes provenant de la pêche, du tourisme et de l’agriculture.
La pêche reste toujours une activité importante dans les zones côtières, mais les stocks de poisson s’amenuisent avec l’augmentation du nombre de chalutiers pêchant au large des côtes sénégalaises (cf. page 38)5.
10
LE COMMERCE ÉQUITABLE
AUX ORIGINES DU COMMERCE ÉQUITABLE
LE COMMERCE ÉQUITABLE, C’EST QUOI ?
FILIÈRE LABELISÉE ET FILIÈRE INTEGRÉE
11
Association des Villageois de N’Dem - Crédit : Fédération Artisans du Monde / David Erhart
Le commerce équitable est né d’un constat simple : les écarts de richesse entre les
populations des pays les plus riches et celles des pays les plus pauvres ne cessent de se
creuser malgré les sommes investies dans l’aide au développement.
AUX ORIGINES DU COMMERCE ÉQUITABLE
Guerres, catastrophes naturelles, infrastructures défaillantes, corruption, … les causes de ces déséquilibres sont
multiples mais parmi celles-ci figurent indubitablement des problèmes économiques structurels. La spéculation
sur les matières premières, la spirale de l’endettement, la concurrence subventionnée des producteurs des pays
industrialisés, tous ces mécanismes constituent autant d’obstacles au décollage des pays les plus pauvres qui ne
maîtrisent pas leur développement.
Bien que ces inégalités commerciales aient été mises en évidence dès le XIXème siècle (notamment avec la publication en 1860 du roman du Néerlandais Edouard Douwes Dekker dont Max Havelaar est le héros), c’est à partir
de l’Après-guerre qu’apparaissent les premiers projets de commerce équitable initiés par des organisations américaines et anglaises (Thousands Villages aux Etats-Unis et l’ONG Oxfam au Royaume-Uni).
C’est en 1964, lors de la Conférence des Nations unies pour la Coopération et le Développement (CNUCED), qu’est
définie pour la première fois la notion de commerce équitable avec comme principe fondateur «Le commerce, pas
la charité» («Trade, not Aid»).
Les premiers magasins de commerce équitable s’ouvrent en Europe dans les années 1960, tandis que se
mettent en place dans les pays en développement les coopératives et organisations de producteurs qui
vont bénéficier de ces échanges plus justes, d’abord dans les secteurs de l’artisanat et de l’agriculture.
12
LE COMMERCE ÉQUITABLE, C’EST QUOI ?
En 1999, les principales organisations internationales du commerce équitable (la World Fair Trade Organisation WFTO, Fairtrade International - FLO, l’European Fair Trade Association - EFTA et le Network of European World
Shops - NEWS10) se sont entendues sur une définition commune :
« Le commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect,
dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial.
Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et
en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au sud de
la planète.
Les organisations du commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à
soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les
règles et pratiques du commerce international conventionnel.»
Concrètement, le commerce équitable garantit aux producteurs des pays les plus pauvres des prix d’achat généralement plus rémunérateurs que les cours mondiaux ainsi qu’une relative stabilité des prix et la mise en place
de conditions et de délais de paiement favorables (voire des possibilités de préfinancement), qui évitent aux
paysans et aux artisans de brader leurs produits ou d’avoir recours à des prêts usuraires.
e prix équitable couvre tous les
L
coûts de production du produit, y
compris les coûts environnementaux, et assure aux producteurs
un niveau de vie décent. De plus,
les acheteurs du commerce équitable s’engagent à verser des primes
supplémentaires dites «de développement» qui sont utilisées pour
la réalisation d’investissements
productifs et/ou de programmes
sociaux (alphabétisation, accès aux
soins, etc.).
Pour soutenir la mise en œuvre de ce système
économique,ces organisations ont défini les
11 GRANDS PRINCIPES à respecter
1. Créer des opportunités pour les producteurs
économiquement en situation de désavantage.
2. Favoriser la transparence et la crédibilité.
3. Encourager la capacité individuelle.
4. Promouvoir le commerce équitable.
5. Garantir le paiement d’un prix juste.
Bananes équitables - Crédit : Scott Chernis / Transfair USA
6. Veiller à la non discrimination (égalité des
sexes) et à la liberté d’association.
7. Assurer des conditions de travail décentes.
8. Proscrire le travail des enfants.
9. Protéger l’environnement.
10. Encourager des relations commerciales
fondées sur la confiance et le respect mutuel.
11. Promouvoir le respect et la diffusion de
l’identité culturelle valorisée dans les produits
et procédés de production (nouveau critère)
13
Depuis 1988 et la création,d’une part, de la WFTO, l’Organisation Mondiale du
Commerce Equitable (qui s’appelait l’IFAT, l’Association Internationale du Commerce Equitable
jusqu’en 2009), et le lancement du label Fairtrade Max Havelaar, d’autre part, on observe
l’émergence et la coexistence de deux grandes filières de régulation du commerce
équitable : la filière labellisée et la filière intégrée.
FILIÈRE LABELLISÉE ET FILIÈRE INTEGRÉE
Mode d’organisation historique du
commerce équitable, la filière intégrée présente comme caractéristique principale le fait que tous
les acteurs intervenant dans l’élaboration et la commercialisation du
produit (producteur, transformateur,
importateur et points de vente) sont
engagés dans le commerce équitable et se conforment volontairement
à ses principes.
Avec ses 400 organisations membres (dont une majorité dans les
pays en développement) représentant l’ensemble des maillons de la
chaîne du commerce équitable (producteurs, transformateurs et distributeurs), la WFTO, l’Organisation
Mondiale du Commerce Equitable,
est considérée depuis sa création
en 1989 comme le principal coordinateur de la filière intégrée. Depuis
peu, la WFTO est occupée à développer son propre système de certification, le WFTO Fair Trade System.
La filière labellisée repose sur la
certification du produit commercialisé. Les entreprises qui élaborent
ces produits s’engagent à respecter
un cahier des charges précis et à
s’approvisionner auprès d’organisations de producteurs des pays
en développement (souvent des
coopératives) qui ont été agréées
par l’organisme de labellisation (organisation indépendante qui certifie
le respect des critères définis pour
l’attribution du label).
Les produits labellisés peuvent ensuite être commercialisés dans n’importe quel point de vente, y compris
la grande distribution classique.
Le label Fairtrade Max Havelaar
est le plus célèbre d’entre eux
mais il en existe d’autres (Fair for
Life, FairWild, Ecocert ESR, Naturland Fair, notamment) qui proposent
des approches ou des logiques spécifiques.
La coexistence de ces deux filières illustre l’existence de visions différentes du commerce équitable, qui portent en particulier sur le type
de relations à établir avec les acteurs économiques privés (multinationales, grande distribution) et sur des divergences entre une vision de
développement (et de dénonciation du commerce international) d’une
part, et une perspective commerciale reposant sur l’engagement volontaire, d’autre part.
14
LES ORGANISATIONS AFRICAINES
DE COMMERCE ÉQUITABLE
Les organisations de commerce équitable africaines sont pour la plupart fédérées
par des organisations «coupoles» qui les représentent au niveau international.
Association des Villageois de N’Dem - Crédit : Fédération Artisans du Monde / David Erhart
15
Les organisations de commerce équitable africaines les plus importantes
sont les suivantes :
COFTA
Masques Mikono - Crédit : Shared
Interest (Licence Creative Commons)
Créée en 2004, la Coopération pour le Commerce Equitable en Afrique (Cooperation
for Fair Trade in Africa - COFTA) est le chapitre régional de l’Organisation Mondiale
du Commerce Equitable (WFTO). A ce titre, l’organisation africaine, dont le siège est
à Nairobi au Kenya, fédère et représente les producteurs membres de la WFTO dans
24 pays du continent, principalement dans le secteur de l’artisanat (80% du réseau)
avec pour but ultime la réduction de la pauvreté grâce au commerce équitable.
Depuis sa création, COFTA se bat pour un continent fort et indépendant en œuvrant
au renforcement des capacités techniques et commerciales des petits producteurs
africains et au développement de nouveaux marchés. Avec le café et les fruits, l’artisanat fut l’un des premiers secteurs à bénéficier du commerce équitable. L’attention
apportée par les grandes organisations du secteur aux savoir-faire traditionnels et
aux patrimoines ancestraux a longtemps permis de soutenir des initiatives solidaires
dans les pays en développement.
Mais le marché de l’artisanat équitable évolue et, avec moins de 20% des parts de
marché, les artisans africains souffrent d’une baisse continue de leurs revenus tandis
que ceux des producteurs d’Asie et d’Amérique latine connaissent une croissance
régulière. Tel est le constat dressé par COFTA qui pointe, parmi les causes spécifiques de cette crise, les difficultés rencontrées par les producteurs africains pour
répondre aux standards de qualité et de prestations (délais, volumes et prix) exigés
par les importateurs ainsi que l’inadaptation des principaux systèmes de certification
équitable eu égard aux réalités africaines.
COFTA et le WFTO Fair Trade System
Commerce équitable à Saint-Louis du Sénégal
Crédit : Ho Visto Nina Volare
En réponse aux demandes de nombre de ses membres à travers le monde (notamment en Afrique), la WFTO développe depuis peu son propre système de certification,
le WFTO Fair Trade System, présenté comme «un système de certification global, efficace et léger conçu pour transformer n’importe quelle activité économique en activité
durable et équitable»7.
Cette nouvelle certification présente certains avantages évidents pour les coopératives, filières, entreprises et associations de producteurs des pays en développement.
En effet, à la différence du label Fairtrade Max Havelaar (par exemple), elle s’applique
à toute l’organisation et à l’ensemble de ses produits et services. Elle doit permettre
de viser tant les marchés locaux que ceux d’exportation. Concrètement, le fait d’être
en conformité avec cette norme volontaire WFTO Fair Trade System atteste qu’une
organisation a mis en place un ensemble de pratiques et de procédures démontrant
sa bonne gestion sur les plans social, économique et environnemental. Au terme d’un
audit fructueux, mené par une tierce partie indépendante, le produit vendu par l’organisation certifiée peut être revêtu d’un label attestant que sa provenance et sa production respectent les principes et les pratiques du commerce équitable.
L’Organisation Mondiale du Commerce Equitable a lancé une procédure de concertation internationale pour préciser les critères de ce nouveau système de certification
(qui en est à sa deuxième mouture). La finalisation du WFTO Fair Trade System dépendra des recommandations formulées à l’issue d’études pilotes qui sont menées dans
différents pays d’Asie, d’Europe, d’Afrique et d’Amérique latine.
16
Stand de COFTA au SIAO - Crédit : Shared
Interest (Licence Creative Commons)
En Afrique, c’est COFTA qui pilote ces travaux de conception de la nouvelle certification équitable WFTO Fair Trade System. Pour ce faire, l’organisation équitable
a développé un programme de travail intégré qui a pour objectifs de sensibiliser
les producteurs africains aux enjeux du projet, de contribuer aux expérimentations
voulues par l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable et d’accompagner les
premières organisations qui souhaiteront s’engager dans ce processus.
Le programme de COFTA est d’abord mis en place dans cinq pays d’Afrique (Afrique
du Sud, Tanzanie, Ouganda, Rwanda, et Sénégal) dans le cadre d’études de cas qui
permettront à terme de qualifier les besoins des artisans et producteurs.
Avec le soutien du Trade for Development Centre de la CTB
La réalisation de cette mission d’envergure confiée à COFTA s’inscrit dans le cadre d’un projet soutenu
par le Trade for Development Centre de la CTB, l’Agence belge de développement. Les enjeux sont d’importance. Il s’agit en effet pour l’organisation continentale de veiller à «soutenir les producteurs africains qui,
sans un programme volontaire d’amélioration de leur compétitivité, seront laissés loin derrière, et connaitront un
déclin encore plus important de leur part de marché. Qui plus est, les exigences de la certification impliquent pour
les producteurs d’investir des ressources dont ne disposent pas de nombreux petits producteurs en Afrique»8.
L’objectif du projet porté par COFTA est donc clair : veiller à ce que les producteurs africains s’approprient ce nouveau système de certification. Pour ce faire, COFTA doit donc assumer un important travail
de sensibilisation et veiller à identifier les besoins spécifiques des producteurs africains afin que ceux-ci
soient pris en compte par la WFTO lors des étapes finales. Ceci fait, COFTA devra déployer et animer sur
tout le continent les structures techniques d’appui pour les petits producteurs qui voudront s’engager
dans cette démarche de certification.
Le soutien financier de la CTB permet à COFTA de réaliser l’ensemble des actions programmées : identification des organisations d’artisans et de producteurs désireuses d’évaluer le nouveau système de
certification, animation des ateliers dans les cinq pays retenus, synthèse des travaux, présentation des
recommandations formulées par les producteurs lors des conférences de la WFTO, préparation et mise
en place d’un premier cycle de formation des groupements intéressés.
Le projet est à la hauteur de ses enjeux. Il s’agit de donner aux artisans et producteurs africains les instruments techniques et commerciaux qui leur permettront de participer au vaste mouvement de maturation
que connaît le commerce équitable aujourd’hui.
Crédit : CTB / Dieter Telemans
«Notre vision est celle d’un continent que le commerce
équitable rend plus fort. COFTA considère le commerce
équitable comme un mouvement dans lequel les artisans
et paysans africains peuvent s’engager ensemble pour
accéder à une vie digne et durable».
COFTA
Pour en savoir plus :
www.cofta.org
www.befair.be
www.btcctb.org
17
FAIRTRADE AFRICA
Réunion Fairtrade Africa à Dakar
Crédit : Fairtrade Foundation
Créé en 2004 à Addis Abeba en Ethiopie sous le nom de Africa Fairtrade Network
(AFN), Fairtrade Africa est l’organisation indépendante qui représente l’ensemble des producteurs certifiés Fairtrade (FLO Max Havelaar) en Afrique.
A ce titre, Fairtrade Africa a pour fonction essentielle de rapprocher les producteurs des
instances dirigeantes et des organisations de certification de Fairtrade International.
Fairtrade Africa est membre de Fairtrade International, l’instance mondiale qui associe trois réseaux continentaux de producteurs (Fairtrade Africa, CLAC Latin America
and the Caribbean et NAP Asia) et 21 initiatives de labellisation à travers l’Europe, le
Japon, l’Amérique du Nord, le Mexique, l’Australie et la Nouvelle Zélande.
Fairtrade Africa opère à travers trois réseaux régionaux : le Réseau Fairtrade d’Afrique de l’Est (Eastern Africa Fairtrade Network - EAFN) basé à Moshi en Tanzanie, le
Réseau Fairtrade d’Afrique de l’Ouest (West Africa Fairtrade Network - WAFN) basé
à Accra, Ghana et le Réseau Fairtrade d’Afrique Australe (Southern Africa Fairtrade
Network - SAFN) basé au Cap (Cape Town) en Afrique du Sud. Un nouveau réseau
régional devrait être bientôt mis en place en Afrique du Nord.
Pour en savoir plus :
www.fairtradeafrica.net
WEST AFRICAN FAIR TRADE NETWORK - WAFN
LE RÉSEAU DE COMMERCE EQUITABLE D’AFRIQUE DE L’OUEST
Attentifs au fait d’adopter des positions communes dans le cadre des comités de certification et soucieux
d’encourager les initiatives nationales, les producteurs certifiés Fairtrade en Afrique de l’Ouest se sont retrouvés au Ghana en octobre 2005 pour créer le Réseau de Commerce Equitable d’Afrique de l’Ouest (West
African Fair Trade Network - WAFN) avec l’appui financier et technique de Fairtrade International.
Le Réseau de Commerce Equitable d’Afrique de l’Ouest (WAFN) fait partie du réseau Fairtrade Africa qui
mobilise ses membres à l’échelle du continent africain.
Cueilleuse de coton équitable - Crédit : Fairtrade Foundation
18
L’ÉCONOMIE SOLIDAIRE
ET LE COMMERCE
ÉQUITABLE AU SÉNÉGAL
L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE
ALDIANAWO
«Développer les pratiques du commerce équitable»
UNE DÉMARCHE CONCRÈTE, OPÉRATIONNELLE
ET PARTICIPATIVE
VERS UNE CERTIFICATION AFRICAINE
DU COMMERCE ÉQUITABLE
19
Université d’été 2007 de l’organisation PEACE - Crédit : Liz Cooper / PEACE
La société civile sénégalaise se distingue par le nombre et l’importance des organisations
(associations, mouvements sociaux, ONG, etc.) qui s’impliquent dans le développement
économique et social du pays, et tout particulièrement dans la sphère paysanne.
L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE
Héritage de l’histoire, ce dynamisme du troisième secteur sénégalais a longtemps
souffert d’un manque de coordination des différents intervenants qui, pendant longtemps, n’ont pas su adopter des positions communes dans leurs relations avec les
institutions internationales.
Les choses évoluent considérablement depuis le milieu des années 2000, à l’occasion en particulier de la IIIème Rencontre Internationale sur la Globalisation de
la Solidarité organisée à Dakar en novembre 2005. Avec pour ambition de donner
l’occasion à «l’Afrique de partager sa vision de l’Économie Sociale et Solidaire»9, cet
évènement a marqué une étape importante pour les organisations sénégalaises qui
se sont structurées au niveau national et se sont montrées plus présentes au sein des
organisations de coopération et de coordination internationale.
Le Forum Social Mondial de Dakar de février 2011
Organisé en février 2011, le Forum Social Mondial de
Dakar a été l’occasion d’échanges importants sur
les questions d’économie solidaire et de commerce
équitable. Les débats qui se sont succédés sur ces
thèmes ont en particulier confirmé la volonté des
acteurs sénégalais de construire «une économie
sociale, solidaire, émancipatrice, avec des modèles
soutenables de production et de consommation et
un système de commerce équitable, qui mette au
cœur de ses priorités les besoins fondamentaux des
peuples et le respect de la nature, garantissant une
redistribution globale avec une fiscalité internationale et sans paradis fiscaux»10.
20
Malgré des conditions difficiles, le Forum de Dakar a
permis aux nombreux invités de découvrir les coopératives sénégalaises engagées dans ce mouvement.
Ces rencontres ont surtout permis d’aborder une
thématique chère aux opérateurs du pays : la mise
en place de systèmes de certifications équitables et
de réseaux de commerce équitable Sud-Sud. A cette
occasion, les participants ont reconnu «la nécessité
de renforcer les échanges locaux et régionaux dans
les pays du Sud pour réduire leur dépendance aux
marchés du Nord, trouver de nouveaux débouchés,
préserver une production locale qui répond à une
culture et à des besoins locaux»11.
ALDIANAWO
«Développer les pratiques du commerce équitable»
Les rencontres des acteurs africains de l’économie
solidaire ont réellement permis aux organisations
continentales (associations, producteurs, ONG, etc.)
de donner leur vision du commerce équitable et de
ses enjeux pour le continent.
Les raisons d’être de ce projet s’inscrivent clairement
dans la volonté des acteurs sénégalais et africains de
s’approprier le concept de commerce équitable en
pointant l’inadéquation des systèmes existants avec
les réalités africaines, ainsi que l’expliquent les représentants d’Enda : «Au Sud, et notamment en Afrique,
le commerce équitable reste mal connu, non seulement
des producteurs, mais aussi des pouvoirs publics, alors
Récolte de coton équitable - Crédit : Fairtrade Foundation
qu’il est sensé offrir ‘de meilleures conditions commerciales en garantissant les droits des producteurs et
des travailleurs marginalisés’. Tel est le paradoxe relevé par une grande variété d’acteurs nationaux (associations,
fédérations, GIE, ONG, pouvoirs publics) impliqués -en compagnie d’Enda et de la coopérative conseil Tukki-, dans la
démarche visant à «développer des pratiques de commerce équitable au Sénégal». Les échanges qui ont eu lieu au
cours des deux dernières années entre la quarantaine d’acteurs réunis au sein de cette dynamique nationale permettent de penser que les systèmes actuels de certification excluent de fait les petits producteurs les plus démunis. En
effet, les producteurs impliqués dans des démarches de commerce équitable, qui s’inscrivent principalement dans
des démarches Sud/Nord, doivent faire face à des coûts de certification élevés, et avoir la capacité de répondre aux
exigences liées au respect des procédures de certification»13.
«Pour l’Afrique et particulièrement pour
le Sénégal, la voie offerte par le commerce équitable est la réponse adéquate à la
réussite des projets visant à développer
l’artisanat local mais aussi l’agriculture et
par conséquent le commerce intérieur».
Alioune Diouf, Directeur du Commerce intérieur du Sénégal12
Près d’un an et demi de travail furent nécessaires
pour mener à bien les premières phases de ce projet
qui ont abouti à l’élaboration d’une Plateforme des
Valeurs et d’une Charte d’Engagement au commerce
équitable qui furent officiellement présentées lors du
Forum Social Mondial de Nairobi au Kenya en janvier
2007 et du Forum Social Mondial de Dakar en 2011.
La Plateforme des valeurs permet de mieux cerner les
valeurs du commerce équitable telles qu’elles sont envisagées au Sénégal. Elle traite de questions sociales, environnementales, économiques et éthiques, et explicite
les notions de prix juste, de travail des enfants, de prime
au développement et de genre.
La Charte d’engagement au commerce équitable vise
à promouvoir les valeurs locales africaines dans et par
le commerce équitable. Conçue comme un outil devant
permettre de promouvoir la justice, elle comprend un engagement pour le commerce équitable, une base éthique, un engagement social, un engagement pour l’environnement et des pratiques économiques14.
Association des Villageois de N’Dem
Crédit : Fédération Artisans du Monde / David Erhart
21
Ces documents fondateurs furent validés par l’ensemble
des acteurs du commerce équitable réunis à Ndayane
en janvier 2008.
UNE DÉMARCHE CONCRÈTE,
OPÉRATIONNELLE ET PARTICIPATIVE
VERS UNE CERTIFICATION AFRICAINE DU
COMMERCE ÉQUITABLE
L’expérimentation menée par les
organisations
sénégalaises
est
d’autant plus ambitieuse qu’elle se
veut une contribution importante
au projet plus global d’élaboration
d’un programme africain de certification du commerce équitable en
tant qu’alternative aux systèmes
existants conçus et formalisés par
les Européens et les Américains.
Pour ce faire, les partenaires du projet «continueront à œuvrer au rapprochement des différents processus développés au Sud pour montrer
qu’il serait possible d’instaurer des
relations équitables au niveau SudSud et Sud-Nord, et de donner à ces
démarches un certain impact en matière de commerce international»17.
Les avancées de ce projet ont fait
l’objet de diverses présentations
en Afrique à l’occasion desquelles ont été étudiés «le processus au
22
Sénégal, les acteurs, la méthodologie utilisée pour arriver à l’élaboration
d’une charte d’engagement au commerce équitable, les activités menées
jusqu’ici, les résultats obtenus et enfin
les perspectives sur les plans national
et international». Ce fut en outre l’occasion de «montrer que les Africains
sont dans une dynamique de repenser
le commerce équitable dans sa globalité pour se l’approprier et l’adapter
à leurs réalités socio-économiques
et culturelles»18.
Interrogé sur la question de la mise en
cohérence de l’initiative sénégalaise
avec les projets des organisations
internationales du commerce équitable, Abdourhamane Gueye, l’un des
responsables d’Enda estime qu’ «il
faut aller plus loin. On repense les bases, on amène les forces et bases qui
nous sont propres. Cependant, nous
sommes allés voir Fairtrade. Non pas
avec des attentes mais avec des
propositions»19.
Le projet «Développer des pratiques du commerce équitable au
Sénégal» se présente donc comme
une contribution importante des
acteurs sénégalais à l’élaboration
des nouveaux systèmes de certification qui sont en cours d’élaboration par les organisations internationales du commerce équitable.
Le Sénégal tient ainsi à affirmer ses
positions sur ces questions.
Aujourd’hui, le projet «Développer
des pratiques du commerce équitable au Sénégal» est dans sa phase
de réalisation des initiatives pilotes
mises en place dans les quatre secteurs d’activité retenus. Certaines
des initiatives de commerce équitable
qui participent à ce programme sont
présentées dans les pages suivantes.
Unité de transformation de fonio - Crédit : Fédération Yakaar Niani Wulli
Une fois cette validation collective menée à bien, fut lancée la seconde phase du projet avec pour objectif ultime l’élaboration d’un système local de
certification équitable.
La méthode adoptée pour mener à bien cet ambitieux chantier illustre la
maturité des organisations sénégalaises impliquées. En effet, les partenaires impliqués se sont appuyés sur «la mise en œuvre de projets pilotes de
production dans quatre grappes d’activités (coton/textile ; agroalimentaire;
métiers du feu/recyclage ; plantes médicinales). Cette deuxième étape
consistera à initier un travail pour la définition d’un cahier des charges dans
le cadre de ces quatre projets pilotes de production, et à mettre en place un
système local de labellisation compatible avec les systèmes internationaux.
Le travail des années à venir devrait aboutir à une certification de démarches
et d’acteurs présents à toutes les étapes de la production : de la matière
première au produit fini par filière, et devrait permettre de rassembler de
nouveaux partenaires afin de passer d’une dynamique impliquant un groupe
de concertation à la constitution d’une plateforme nationale du commerce
équitable»15.
Ainsi que l’expliquent les responsables du projet, il s’agit donc d’initier une méthode de travail qui permettra de
favoriser une réelle appropriation de ces enjeux par l’ensemble des intervenants. L’ensemble des données collectées
lors des actions expérimentales donnera alors lieu à un travail de capitalisation avec en projet la création d’un Centre
de Ressources au service des producteurs, transformateurs et structures d’appui. A terme, ce Centre de Ressources
aura vocation à produire les outils nécessaires à l’élaboration d’un système local de garantie16.
LES ACTEURS DU
COMMERCE ÉQUITABLE
AU SÉNÉGAL
ENDA TM
PEACE ACTION SOLIDAIRE
23
Environnement et Développement du Tiers Monde (Enda TM) a été initialement mis en place en 1972 au
Sénégal en tant que Programme conjoint des Nations-Unies pour l’Environnement, de l’Institut Africain
de Développement Economique et de Planification et de l’Organisation Suédoise pour le Développement
International, avant d’être constitué en 1978 comme organisation internationale à caractère associatif et
à but non lucratif (ONG).
ENDA TM
Environnement et Développement du Tiers Monde
Enda TM a pour mission principale la lutte contre la pauvreté et déploie
pour cela des moyens importants dans différents domaines qui vont du
soutien à l’entreprenariat à la sensibilisation des décideurs politiques.
Les activités d’Enda TM sont réparties à peu près pour moitié en actions
directes sur le terrain (santé, agriculture, assainissement, éducation alternative, jeunes travailleurs, etc.), et pour moitié en recherches, conseils,
consultations, formation, publication et information20.
En 1982, Enda TM fonde Enda Pronat, une nouvelle entité chargée
d’assumer spécifiquement les missions suivantes :
Pour en savoir plus :
www.enda.sn
www.endapronat.org
www.enda-europe.org
La promotion de systèmes de production agricole alternatifs
La mise en place et l’animation d’organisations paysannes
La protection du patrimoine génétique
La souveraineté alimentaire
L’éducation environnementale
La commercialisation et la transformation de produits agricoles
L’accès aux facteurs de production
Au niveau sous régional, Enda Pronat et ses partenaires animent le projet de conception d’un modèle local de
certification du commerce équitable et assurent le suivi des projets-pilotes mis en œuvre dans les quatre filières
retenues. Fondée à Dakar, Enda TM est aujourd’hui présente dans 6 pays d’Afrique, en Amérique latine, en
Europe et en Asie.
PEACE ACTION SOLIDAIRE
Rencontre solidaire à Dakar
Crédit : ARDES Basse Normandie
Réseau présent dans 7 pays d’Afrique (Sénégal, Burkina Faso, Bénin,
Mali, Cameroun, Gabon et Ghana), la Plateforme des Etudiants Africains
pour un Commerce Equitable (PEACE) / Action Solidaire est une association de jeunes qui a pour objectif de «rapprocher les jeunes au niveau
national, régional et international, de créer un engouement autour
du commerce équitable et du développement durable, de tisser des
liens avec les acteurs de la société civile et d’ouvrir les portes du
leadership aux membres adhérents»21.
Pour en savoir plus :
www.peaceactionsolidaire.org
www.au-senegal.com
24
LES INITIATIVES DE
COMMERCE ÉQUITABLE
AU SÉNÉGAL
LE COMMERCE ÉQUITABLE DU COTON ET DU TEXTILE
LE PROJET PILOTE «COTON / TEXTILE» ÉQUITABLE
LA FÉDÉRATION YAKAAR NIANI WULLI
L’UNION SYNDICALE DES GROUPEMENTS DE
PRODUCTEURS DE COTON (US-GPC) DE KÉDOUGOU
INTERFACE TRADING
LE «RÉSEAU VENDRE AUTREMENT»
ET LES PRODUCTRICES DE PLANTES MÉDICINALES
L’ ASSOCIATION DES VILLAGEOIS DE NDEM (AVN)
25
Cultivé dans plus de 100 pays sur environ
2,5% des terres arables de la planète, le coton
est l’une des cultures de base les plus répandues
dans le monde.
Il fournit emplois et revenus à des centaines de
millions de personnes à travers le monde.
LE COMMERCE ÉQUITABLE
DU COTON ET DU TEXTILE
AU SÉNÉGAL
Des enjeux très importants
En tant que culture de rente, la production du coton
a des effets très directs sur la sécurité alimentaire des
populations, en particulier en Afrique francophone.
Intégré dans les systèmes de production traditionnels,
il contribue à leur modernisation et à la réalisation d’investissements productifs (achat de bovins et de matériel agricole, diffusion de fumure organique) dont profitent les cultures venant après le coton (généralement
des céréales).
Or, depuis les années 1980, le commerce international du coton connaît une crise importante qui affecte
en particulier les producteurs des pays en développement. Les causes de cette déstructuration du marché mondial sont liées pour l’essentiel aux politiques
de soutien mises en place dans les pays industrialisés
(en particulier aux Etats-Unis, en Europe et en Chine).
Leurs producteurs subventionnés peuvent ainsi proposer
Producteur de coton équitable
Crédit : Frederic Raevens / Max Havelaar Belgique
des prix inférieurs à ceux de leurs concurrents des pays
du Sud (pourtant très compétitifs22). Aux problèmes que
posent ces pratiques injustes des pays industrialisés (qui
feraient perdre près de 200 millions d’euros par an aux producteurs africains23) s’ajoutent la concurrence des textiles
synthétiques et le déséquilibre monétaire qui affaiblit les
exportations de nombreux pays africains souffrant de la
faiblesse du dollar par rapport à l’euro auquel est rattaché
le Franc CFA24.
Cette crise est d’une importance majeure pour les producteurs de nombreux pays en développement, en particulier
en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Mali, Cameroun et Burkina
Faso). De fait, la baisse des cours (de près de 60% entre
1981 et 200125) a affecté des millions d’exploitations familiales avec des conséquences dramatiques sur le niveau
de vie des populations.
Au Sénégal, ce sont près de 500 000 personnes qui vivent de la production et du commerce de coton.
Le coton équitable du Sénégal
En réponse à cette crise et aux menaces qu’elle fait peser sur des millions de familles en Afrique de l’Ouest,
les organisations du commerce équitable ont initié dès 2003 la mise en place d’une filière coton équitable
dans la région.
Il s’agissait non seulement de proposer une réponse économique innovante et crédible aux problèmes posés par la
crise du coton, mais aussi de lutter contre les dommages environnementaux et sanitaires causés par cette culture
qui «endosse le triste record de nocivité pour l’environnement et les cultivateurs à cause des produits chimiques
qu’elle nécessite»26. La culture du coton utilise 24% des pesticides vendus dans le monde pour seulement 2,5%
de la surface agricole mondiale. Or, des études approfondies sur les effets de ces pesticides ont montré que
«l’accumulation des oganochlorés dans les graisses est responsable de diverses maladies : cancers, infertilité,
diabète, problèmes neurologiques»27.
Au Sénégal, c’est à Koussanar, dans la région de Tambacounda au centre du pays, qu’ont été lancées dès les années
1990 les premières expérimentations en matière de production de coton biologique. C’est donc vers les producteurs
de cette région que l’organisation Enda Pronat s’est tournée pour mettre en place le projet-pilote «coton/textile» mené dans le cadre du programme «Développer des pratiques du commerce équitable au Sénégal».
26
Jusqu’en 2008, l’essentiel du coton sénégalais certifié était exporté sous forme brute pour être transformé
ailleurs. Le bénéfice de la certification équitable et biologique se limitait alors à la culture du coton brut tandis
que la valeur-ajoutée liée à la fabrication de produits finis équitables et biologiques revenait aux entreprises de
transformation et de commercialisation situés à l’étranger, en Europe en particulier 29.
LE PROJET PILOTE «COTON/TEXTILE» ÉQUITABLE
Initié par Enda Pronat dans le cadre du programme «Développer des pratiques du commerce équitable au Sénégal», le projet-pilote «coton/textile» vise non seulement à soutenir
la culture de coton équitable et biologique mais aussi à développer une filière de production
de produits finis qui doit permettre aux producteurs locaux de tirer profit des bénéfices (et
des revenus) des étapes de production à haute valeur-ajoutée que sont la transformation
du coton en fibres textiles et la fabrication de produits finis prêts à être commercialisés.
Par ailleurs, le projet doit contribuer à la sensibilisation des populations aux bénéfices du
commerce équitable et durable tout en permettant l’élaboration et la structuration d’une
filière de production intégrée. L’étude de celle-ci donnera lieu à la formalisation de procédures susceptibles de répondre aux objectifs du programme «Développer des pratiques
du commerce équitable au Sénégal».
Les processus mis en place dans le cadre du projet sont les suivants30 :
Le coton est cultivé par les producteurs de Koussanar dans le respect des règles de l’agriculture
biologique et du commerce équitable
Après la récolte, l’égrenage (élimination des graines) est effectuée par la SODEFITEX, la société cotonnière
qui gère l’ensemble du processus de traitement et de commercialisation du coton sénégalais.
La fibre de coton est ensuite filée par les femmes dans les villages pour produire des pelotes qui seront ensuite tissées en étroites bandes de tissus
Pour teindre les tissus, les femmes utilisent de l’indigo naturel également produit par la Fédération
Yakaar Niani Wulli.
Les bandes de tissus beiges ou indigos sont cousues à la main ou à la machine pour fabriquer des
couvertures, des housses de coussin ou des accessoires. Les prototypes sont réalisés à Dakar en
collaboration avec les tailleurs locaux puis la production en quantité est réalisée à Koussanar.
Les revenus pour chaque maillon de la chaîne sont répartis pour répondre aux principes du commerce équitable.
Les produits finis sont alors clairement étiquetés «fait main», biologiques, équitables et teints à partir
de colorants naturels de manière à rendre les bienfaits sociaux et environnementaux de cette production explicites pour le consommateur.
Initié par Enda Pronat, ce projet associe en tant que partenaires la Fédération Yakaar Niani Wulli et l’entreprise CSM SARL (Micamisa).
27
Tisserands de la Fédération YNW
Crédit : Fédération Yakaar Niani Wulli
«Au Sénégal, tout a commencé avec les producteurs de coton qui
en avaient assez d’exporter seulement leur matière première. Ils se
sont réunis avec d’autres sénégalais pour réinventer un commerce
plus équitable. Ensemble, ils ont créé la première filière textile coton
bio-équitable 100% sénégalaise» 28 .
LA FÉDÉRATION YAKAAR NIANI WULLI
Filature traditionnelle - Crédit : Fédération Yakaar Niani Wulli
Durant la période coloniale, les
cultures de rente (arachide et
coton) ont été imposées aux
paysans sénégalais au détriment
des cultures vivrières.
L’agriculture traditionnelle (qui
reposait sur une gestion rationnelle de la fertilité des terres)
a été abandonnée au profit de
pratiques censées multiplier les
rendements.
Après une période productive de quelques
années, les sols ont commencé à s’épuiser, les producteurs se sont endettés pour
faire face à la crise agricole mondiale et les
problèmes de santé liés aux pesticides sont
apparus évidents (intoxications, dermatoses, etc.). Pour expliquer la perte
de productivité de l’agriculture sénégalaise, l’Organisation des Nations
unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) évoque des origines climatiques (chute de la pluviométrie de 30% en moyenne causée par la
déforestation), ainsi que la baisse de fertilité des sols liée à la pression
démographique (augmentation de l’intensité culturale) et surtout la mauvaise gestion des ressources naturelles.
Forts de ces constats, les producteurs de Tambacounda, soutenus par
Enda Pronat, ont créé en 1997 la Fédération Yakaar Niani Wulli qui rassemble des producteurs engagés dans une vision agroécologique du développement de leurs terroirs. Lors de sa création, la Fédération comptait une
centaine de producteurs de coton biologique soutenus financièrement et
techniquement par Enda Pronat.
Entre 2003 et 2004, la Fédération a connu une crise importante liée à
la saturation du marché et à des problèmes internes qui ont abouti à sa
réorganisation et à une implication plus importante des producteurs dans
son fonctionnement.
En 2004, l’organisation s’engage dans une démarche de certification qui
lui permet, un an plus tard, d’obtenir sa reconnaissance juridique sous
forme d’association puis, en 2006, de se voir accorder la certification équitable (Fairtrade, coton uniquement)31.
La Fédération Yakaar Niani Wulli est ainsi historiquement la première organisation sénégalaise a produire du coton biologique (Ecocert) et équitable.
Elle compte aujourd’hui près de 2000 producteurs dans plus de 85 villages
du Département de Tamba. Outre sa participation au projet d’élaboration
d’un système de certification commerce équitable local, la Fédération Yakaar Niani Wulli a mis en place de nombreuses actions qui répondent à la
vision agroécologique de ses fondateurs :
Développement et promotion des cultures biologiques
(coton, fonio, sésame, indigotier, etc.)
Transformation artisanale du coton
(filature, tissage, taille et teinture naturelle)
Protection du patrimoine génétique (conservation/diffusion des
semences locales et lutte contre l’introduction des OGM)
Mise à disposition de banques de céréales dans les villages
Formation des producteurs et mises en place de champs-écoles
Jouissant d’une reconnaissance internationale pour sa participation au
projet de certification équitable locale, mais aussi pour ses performances
en termes de suivi des cultures biologiques, de gouvernance démocratique
et de gestion efficiente et transparente, la Fédération Yakaar Niani Wulli
cherche aujourd’hui à atteindre une autonomie financière plus importante,
gage d’indépendance et de pérennité32.
28
Optimiser la production, développer la commercialisation avec l’appui de la CTB
Aujourd’hui, la filière de production est pleinement opérationnelle. Il convient maintenant de viabiliser
son fonctionnement en assurant la commercialisation de ses produits sur les marchés internationaux.
Pour ce faire, un projet a été conçu avec le concours d’Enda Pronat et le soutien financier du Trade for
Development Centre de la CTB, l’Agence belge de développement, avec pour objectifs le renforcement
des capacités de la Fédération en gestion, la conception et le développement de nouveaux produits et la
multiplication des partenariats commerciaux équitables.
Refonte complète des outils de communication (site web, brochures, etc.), participation aux salons et
foires équitables et bio en France, prospection ciblée vers les boutiques des réseaux solidaires,… le
programme intégré que soutient le Trade for Development Centre a clairement pour ambition la mise en
place de partenariats commerciaux solides et multiples.
Pour en savoir plus :
www.yaniwulli.org
http://ynw.jarinio.sn
http://lizcooper.blogspot.com
Micamisa
Liz Cooper
Fondée en 2005 à Dakar dans le cadre d’une coopération
sénégalo-allemande, Micamisa est la marque commerciale de l’entreprise CSM SARL de fabrication de chemises sur mesure et d’accessoires vestimentaires qui allie
«le goût pour la perfection technique des allemands
au savoir faire reconnu des artisans sénégalais»33.
Designer et styliste anglaise, Liz Cooper parcourt le
monde pour étudier les méthodes traditionnelles de
fabrication textiles et «mettre ses compétences et sa
créativité au service de projets de développement».
Liz Cooper, les stylistes et l’équipe de Micamisa
Crédit : Fédération Yakaar Niani Wulli
Le positionnement de l’entreprise est clair : il vise à proposer «des chemises sur mesure, faites manuellement,
à des prix très compétitifs» en inscrivant cette démarche
dans le cadre du commerce équitable.
Engagée dans une démarche de soutien à l’économie
locale, CSM SARL participe au projet-pilote «coton/textile» initié par Enda Pronat en collaborant (sur les aspects
commerciaux) avec les producteurs de Koussanar.
Membre agréé de l’Organisation Mondiale de Commerce Equitable, CSM SARL a obtenu son adhésion de
manière autonome en procédant à une auto-évaluation,
marquée par une forte participation de ses employés.
De janvier 2008 à mars 2010, en tant que designer et
chargée de communication pour Enda Pronat, elle suit,
accompagne et soutient les producteurs de la Fédération Yakaar Niani Wulli dans leurs projets de fabrication
de textiles équitables. Elle assure ainsi la création de
prototypes, contribue à la communication de la Fédération et assure la formation des tailleurs, aux côtés de
Babacar Sow, un styliste dakarois.
Membre du groupe de travail sur le projet-pilote «coton/textile» initié par Enda Pronat dans le cadre du programme «Développer des pratiques du commerce équitable au Sénégal», elle raconte, explique et illustre son
expérience dans la région de Koussanar sur son blog : http://lizcooper.blogspot.com.
Pour en savoir plus :
www.micamisa.com
http://ynw.jarinio.sn
29
Les premiers résultats
Très vite, le projet piloté par Enda a produit des résultats économiques,
sociaux et environnementaux visibles et significatifs pour les producteurs
de coton de la Fédération Yakaar Niani Wulli :
La certification Fairtrade garantit
des revenus plus élevés pour les
producteurs (cf. tableau)
KOST VOOR 1 ZAK
Conventioneel
= 150g katoen
F CFA
Euro
La place des femmes évolue dans
le sens d’une plus grande égalité
et celles-ci occupent des positions
plus importantes dans la Fédération.
Producent
Des actions d’alphabétisation et
d’accompagnement social sont
mises en place grâce aux primes
spécifiques
Les traditions locales sont entretenues (pour le tissage, la teinture à
l’indigo et la fabrication artisanale)
Onze eerlijke
Senegalese handel
F CFA
Euro
45
0,07
90
0,14
Spinster
450
0,69
750
1,14
Weefster
300
0,46
750
1,14
Schilder
900
1,37
1500
2,29
Kleermaker
1500
2,29
2500
3,81
Stylist
5500
8,38
2500
3,81
Organisatie
800
1,22
1400
2,13
Commerciële
3500
5,34
2500
3,81
Marge/onvoorzien
2500
3,81
2500
3,81
0
0,00
1000
1,52
15495
23,62
15495
23,61
Ontwikkelingspremie
TOTAAL
Bron : http://ynw.jarinio.sn/pages/Impacts
Le recours aux techniques de
l’agriculture biologique permet d’éliminer les risques sanitaires liés à l’utilisation des pesticides
La production locale intégrée réduit considérablement la pollution liée aux transports.
Par ailleurs, en tant qu’organisation, la Fédération Yakaar Niani Wulli a su profiter du projet pour améliorer
son fonctionnement et adopter des pratiques et des structures plus transparentes, plus démocratiques et
plus efficaces.
Ceci étant, ce projet a permis de mettre en évidence un
certain nombre de problèmes importants liés en particulier à la certification, qui pourraient constituer des
obstacles à la dissémination des pratiques vertueuses
mises en place dans la région de Koussanar.
En effet, ainsi que le relève Liz Cooper, «les coûts élevés
de certification et la nécessité de disposer de connaissances spécialisées et d’une réelle expertise signifient
qu’un partenaire de soutien est indispensable pour les
groupes de petits producteurs. L’adoption telle quelle
d’un système de certification n’est donc pas une solution envisageable pour tous les agriculteurs. Avec la
mise en place d’un système de certification local plus
abordable et l’accroissement de la demande mondiale
de coton équitable et biologique, nous pouvons espérer
que ces méthodes et pratiques deviendront plus largement applicables, à l’avenir»34.
30
Ces premiers résultats semblent sur le point de confirmer le diagnostic initial posé au démarrage du projet.
Outre les problèmes de coûts (liés notamment au financement des inspections externes), il apparaît en effet
que «certains des critères fixés par les organismes européens de certification ne sont pas adaptés aux réalités
africaines»35.
La mise en place et la formalisation d’un système
de certification local adapté (et reconnu au niveau
international) s’impose donc pour que les bénéfices
du commerce équitable puissent être effectivement
étendus à d’autres communautés au Sénégal et en
Afrique.
Pour en savoir plus :
www.yaniwulli.org
http://lizcooper.blogspot.com
L’UNION SYNDICALE DES GROUPEMENTS DE
PRODUCTEURS DE COTON (US-GPC) DE KÉDOUGOU
Localisé en Casamance dans l’extrême Sud-est du Sénégal, dans le département de Kédougou (l’un des plus
pauvres du Sénégal), l’Union Syndicale des Groupements de Producteurs de Coton (US-GPC) de Kédougou
regroupe aujourd’hui plus de 4000 membres répartis dans 122 Groupements de Producteurs de Coton (GPC).
L’engagement de l’US-GPC de Kédougou dans la démarche de commerce équitable remonte à 2004 quand les
trois premiers Groupements de Producteurs de Coton ont été certifiés par Fairtrade. Depuis, le nombre de certifiés
ne cesse d’augmenter. Aujourd’hui, parmi les 122 Groupements de Producteurs de Coton, près de la moitié est
certifiée commerce équitable.
L’US-GPC ne peut pas vendre son coton directement aux clients. En effet, le négoce du coton au Sénégal reste
sous monopole de la SODEFITEX. Sur ces 20 000 tonnes commercialisées par ce biais, près de 2000 tonnes sont
produites et vendues dans le cadre du commerce équitable. En assurant un prix stable et élevé et des débouchés
sûrs au coton produit dans la région de Kédougou, le commerce équitable permet aux petits paysans d’augmenter leurs revenus, d’investir sur le long terme dans leur exploitation36 et de renforcer leur place dans le marché en
ayant une relation plus étroite avec leurs acheteurs et de contribuer au développement des communautés rurales
appauvries.
Pour en savoir plus :
www.altereco.com
www.laboequitable.fr
INTERFACE TRADING - DISTRIBUTEUR D’INTRANTS AGRICOLES
31
En 2000, Interface Trading devient
le distributeur principal d’intrants
agricoles au Sénégal. D’autres projets ont suivi dans le domaine de la
production de légumes et de fruits
pour le marché local et pour l’exportation vers les marchés européens
(France, Belgique, Pays-Bas).
Interface Trading est une entreprise
fondée sur des principes éthiques
forts qui s’est fixée pour «mission
d’aider les petits producteurs dans
leurs efforts quotidiens pour sortir
de la pauvreté en renforçant leurs
capacités de production et en leur
apportant des opportunités commerciales».39
Dans le domaine du commerce
équitable, Moctar Fall appuie et
représente les producteurs et artisans dans la production et l’exportation vers l’Europe, les États-Unis et
l’Australie. Il est par ailleurs membre
fondateur de la section nationale de
Transparency International au Sénégal et aussi membre du Conseil
d’Administration de l’Organisation
Mondiale du Commerce Equitable
(WFTO, anciennement IFAT) au sein
duquel il représente l’Afrique et
COFTA.
«Les problèmes inhérents aux
systèmes de certification du
commerce équitable ne peuvent
être résolus que dans le cadre
d’une consultation large qui
associe toutes les parties
prenantes, en particulier les
producteurs, qu’il faut impliquer
dans l’élaboration des normes,
des stratégies de mise en œuvre
et des mesures de soutien.
Le commerce équitable est une
approche de partenariat et doit
le rester»40.
MoctarFall-Fondateur d’Interface Trading
Foire aux semences au Sénégal - Crédit : USAID / Richard Nyberg
Pour avoir été pendant sept ans le
Directeur Commercial du Réseau
Africain pour le Développement
Intégré (RADI), une ONG de développement panafricain, Moctar Fall
connaît bien le fonctionnement des
négociations commerciales multilatérales (OMC, UNCTAD, Accords
régionaux, etc.)37 et les injustices
qu’elles engendrent.
Dans le cadre de ces fonctions, il fut
témoin des pratiques très contestables des grandes entreprises transnationales qui détenaient au Sénégal un monopole de fait en matière
de fourniture d’intrants agricoles
aux petits producteurs. Ces compagnies pratiquaient des tarifs de
détail prohibitifs pesant lourdement
sur les potentiels de croissance des
paysans. Pour contrer ces pratiques
et présenter un modèle alternatif,
Moctar Fall décide de créer Interface
Trading en 1994 pour fournir des intrants agricoles (semences, produits
phytosanitaires, engrais) à des tarifs
plus justes (35% moins cher) aux
groupements de petits producteurs
sénégalais. L’entreprise leur propose
en outre des conseils, des formations et des outils de recherche38.
LE «RÉSEAU VENDRE AUTREMENT»
ET LES PRODUCTRICES DE PLANTES MÉDICINALES
Paysanne de Mbentiky - Crédit : Trees for the Future
La médecine traditionnelle au service de la lutte
contre la pauvreté
«Pendant les mauvaises
campagnes agricoles de
2002-2003, c’est avec
le revenu de la culture du
Laydour (Cassia Italica)
de ma femme que notre
famille a pu faire face à
nos besoins de première
nécessité».
Témoignage du chef d’un
des villages bénéficiaires du
programme
Fondée en 1987 en tant qu’entité spécialisée de l’ONG Enda, Enda Santé
Plantes Médicinales intervient plus spécifiquement dans la coordination de
programmes de santé et le développement de filières économiques dans
les domaines des plantes médicinales issues de la médecine traditionnelle,
de la recherche phytosanitaire et de l’herboristerie.
A partir de 1995, Enda Santé Plantes Médicinales a initié un partenariat
avec l’Université de Dakar pour évaluer l’efficacité de plantes utilisées dans
le cadre de la médecine traditionnelle sénégalaise pour le traitement des
pathologies les plus courantes. Il a donc fallu identifier, expérimenter et sélectionner des médicaments à base de plantes spécifiques pour en étudier
les vertus thérapeutiques41.
Afin d’exploiter les résultats de ces recherches et d’assurer leur appropriation par les populations, des communautés villageoises ont été impliquées
dans le processus de valorisation de ces plantes. Des groupements de
producteurs, pour l’essentiel des femmes, ont été choisis pour cultiver ces
plantes médicinales traditionnelles aux propriétés reconnues (en priorité
les plus menacées). Les premières expérimentations ont permis d’identifier
les obstacles à lever pour mettre en place une activité viable (approvisionnement, conditionnement, formation) et de souligner l’intérêt économique
et social du projet42.
Le programme est mis en place progressivement. Enda Santé Plantes Médicinales accompagne les participantes
et les encadre durant tout le processus de mise en culture en équipant les champs de clôture, en fournissant le
matériel approprié et en organisant des formations. Aussi la culture des plantes médicinales est-elle devenue une
activité économique importante au sein des populations des zones concernées par ces projets. L’expérience a
montré que la culture de Cassia Italica, récoltée et vendue tout au long de l’année, permet aux femmes d’assurer
les dépenses quotidiennes auxquelles elles doivent faire face pour l’achat de produits de première nécessité.
Des herboristeries équitables
En parallèle à cette action menée auprès des femmes
productrices, Enda Santé Plantes Médicinales a soutenu dès 2002 la mise en place d’un réseau d’herboristeries avec pour objectif de soutenir la commercialisation des herbes et plantes cultivées et préparées
dans les villages et les communautés. Dotés d’équipements adéquats pour la conservation et le stockage, formés aux techniques de conditionnement et
de commercialisation, ces herboristes sont regroupés
aujourd’hui au sein d’une association baptisée «Réseau
Vendre Autrement» qui compte plus de 80 membres à
Dakar et près d’une centaine à Touba.
L’impact de cette initiative est perceptible à plusieurs
niveaux :
Renforcement de capacités financières des producteurs et productrices
32
Valorisation et qualification des méthodes et plantes
de médecine traditionnelle
Meilleure protection de l’environnement
Création d’emplois dans les communautés rurales
(en particulier pour les femmes et les jeunes) et, par
voie de conséquence, diminution de l’exode rural
Mise à disposition pour les populations d’une pharmacopée validée et accessible
Ceci étant, les herboristes du Réseau Vendre Autrement
sont conscients des obstacles qu’ils doivent affronter
pour développer la commercialisation de leurs produits
à une échelle plus large que le niveau local. C’est notamment pour cette raison que le Réseau a rejoint le
projet-pilote «herbes médicinales» mis en place par
Enda dans le cadre du programme «Développer des
pratiques du commerce équitable au Sénégal».
L’ ASSOCIATION DES VILLAGEOIS DE NDEM (AVN)
Au milieu des années 1980, la région de Djourbel au
Nord-Ouest du Sénégal traverse une crise majeure liée
à la détérioration des conditions climatiques et économiques qui entraine un exode rural important.
La sécheresse empêche les paysans de cultiver leurs
terres, les laissant sans ressources. Les hommes sont
contraints de quitter femmes et enfants pour chercher
du travail dans les grandes villes côtières.
C’est dans ce contexte particulièrement difficile que
Babacar et Aïssa Cissé Mbow arrivent dans la région
en 1984 après des années passées en France. A leur
retour, ils ne trouvent que «des villages qui s’éteignent,
vidés de leurs populations qui, poussées par les conditions de vie devenues trop rudes, ont migré vers les centres urbains du pays»43. Il n’y a presque plus rien dans le
village, quelques maisons, des femmes et des enfants
vivant dans la misère. Tous les hommes étaient partis
travailler à Dakar44.
En mobilisant les communautés villageoises, le jeune
couple franco-sénégalais initie la mise en place dans
le village de projets collectifs destinés à améliorer les
conditions de vie des populations locales et à leur permettre de profiter de leurs terres en créant des emplois
et des services sociaux de base.
La priorité est donnée à l’éducation, à la santé et à l’accès
à l’eau potable45. Ainsi nait en 1985 l’Association des
Villageois de Ndem (AVN) dont le projet de développement s’inscrit dans le cadre d’une recherche spirituelle
héritée des traditions sénégalaises, ainsi que l’explique
son fondateur et président, Babacar Mbow : «Notre religion (le courant Baye Fall) prône des valeurs de tolérance, de travail, de respect et nous a guidés dans nos
actions. Nous avons constitué cette communauté autour
de ces croyances et de ces valeurs, et elles sont le moteur
de l’association, elles nous ont permis d’avancer malgré
les conditions difficiles»46.
Après des années d’efforts, un premier forage permet
enfin aux villageois d’accéder à l’eau potable en 1996,
libérant ainsi des gains de temps et de travail importants grâce auxquels les hommes et les femmes du village peuvent s’investir dans de nouvelles activités.
Les actions de l’Association des Villageois de Ndem,
devenue ONG en 2006, s’intègrent dans le cadre d’un
projet de développement intégré et structuré autour
d’un objectif global : permettre aux populations de retrouver, localement, des conditions de vie satisfaisantes
et freiner ainsi l’exode.
Pour atteindre cet objectif, sept grands pôles d’action ont été mis en place47 :
L’accès à l’eau : Dès le début, l’association s’est fixée pour objectif de parvenir à alimenter durablement les villages
de la zone en eau potable. Aujourd’hui, 2 forages alimentent 11 villages et permettent l’irrigation de champs collectifs
en saison sèche.
La santé : Dans cette région pauvre, l’accès aux soins de base a vite été considéré comme une priorité. Au fur et à
mesure des années, les infrastructures et les équipes nécessaires à la surveillance et aux soins des populations ont
pu être mises en place. Ainsi, un dispensaire et une maternité ont été créés et des campagnes de santé publique
sont régulièrement menées sur le terrain. L’ONG a en projet la mise en place d’une mutuelle pour diminuer encore
les frais de santé des villageois.
L’éducation : Considérée comme un moyen essentiel pour freiner l’exode rural et générer des activités économiques,
l’éducation est un domaine dans lequel l’Association des Villageois de Ndem a beaucoup investi en créant des
classes allant de la maternelle à la fin du primaire. Durant les premières années, ce furent des enseignants bénévoles
qui donnèrent cours, remplacés depuis peu par des instituteurs d’état.
La production agricole : Très vite, les forages réalisés pour accéder à l’eau potable ont permis de développer et
de diversifier la production agricole dans les villages de la région de Ndem. Aujourd’hui, les infrastructures mises en
place permettent non seulement d’assurer la subsistance des populations mais ils constituent aussi une source de
revenus supplémentaires pour les villageois.
Le microcrédit : De manière à encourager la création d’activités économiques nouvelles, l’Association des Villageois
de N’Dem s’est dotée de fonds pour constituer une caisse d’épargne grâce à laquelle des microcrédits peuvent être
proposés aux villageois.
L’énergie alternative : Pour freiner le déboisement, les responsables de l’ONG ont mis en place un projet innovant,
le projet «Bioterre» pour fabriquer un nouveau type de combustible écologique composé d’argile naturel et de résidus
de coques.
La création d’emplois : Le projet global de l’Association des Villageois de Ndem a clairement pour finalité le développement économique et social du territoire, ce qui implique la création d’activités génératrices d’emplois. C’est
ainsi qu’a été créé le Centre des Métiers de Ndem qui regroupe une douzaine d’ateliers artisanaux où sont fabriqués
plus de 400 types de produits. Cette entreprise sociale permet à près de 300 artisans et salariés de travailler à Ndem
et dans les environs en bénéficiant de rémunérations suffisantes pour vivre dans de bonnes conditions et bénéficier
des services mis en place dans le cadre des autres axes du projet.
33
Une part significative de la production de l’Association
des Villageois de Ndem est vendue sur les marchés du
commerce équitable grâce à l’organisation Artisans du
Monde dont les responsables ont découvert l’ONG sénégalaise par leur boutique parisienne où travaillait la
mère d’Aïssa Cissé Mbow. Au milieu des années 1990,
séduits par le projet et le volontarisme des dirigeants de
l’association sénégalaise, ils leurs proposent d’intégrer
le circuit Artisans du Monde.
Atelier cuir de l’Association des Villageois de N’Dem
Crédit : Fédération Artisans du Monde / David Erhart
Les deux principales filières d’activité sont aujourd’hui
l’artisanat et le textile. La filière textile comprend des
ateliers de tissage, de teinture, de confection de vêtements, de confection d’accessoires et de confection
pour ameublement (draps, nappes, …).
La filière artisanat regroupes les ateliers du cuir, du métal et de la récupération, de la vannerie, de la calebasse
et du bois, des figurines, des colliers et des poteries.
Il intègre également la réalisation de broderies et patchworks. La majorité des artisans travaille dans la filière
textile et dans la vannerie et près de 60% des artisans
sont des femmes.
Le Centre des Métiers situé à Ndem regroupe tous les
ateliers sauf ceux de poterie et vannerie qui permettent
aux femmes des villages plus éloignés de travailler chez
elles.
Aujourd’hui Vice-présidente de l’Association des Villageois de Ndem, Aïssa se souvient : «Nous avions choisi
de faire travailler les artisans dans de bonnes conditions
de rémunération, dans le cadre d’un projet concerté
pour atteindre nos objectifs initiaux. Nous ne savions
pas que nous faisions du commerce équitable. On est
venu nous le dire !»48.
Si les commandes d’Artisans du Monde et, en Belgique,
d’Oxfam-Magasins du monde contribuent effectivement à sécuriser l’emploi dans les filières artisanales et
textiles, elles ne sont pas considérées comme une voie
exclusive par les responsables de l’association dont
l’un des objectifs est de développer les ventes localement afin de ne pas dépendre entièrement du marché
international.
Bien que parfaitement adaptées au filières du commerce équitable et conçues dans le respect le plus profond de
ses valeurs, les productions de l’Association des Villageois de Ndem ne sont pas certifiées. Les responsables ne
souhaitent d’ailleurs pas particulièrement obtenir cette certification.
«La notion de solidarité est une valeur importante mais les rapports
commerciaux doivent être complétés par des échanges culturels et
spirituels, car c’est ce qui fait la richesse et l’intérêt des échanges
internationaux».
Babacar Mbow, fondateur et président de l’ONG Association des Villageois de Ndem 49
Projet maraichage de l’Association des Villageois de Ndem - Crédit : Fédération Artisans du Monde / David Erhart
Pour en savoir plus :
www.oxfammagasinsdumonde.be
www.planete-responsable.com
34
LES AUTRES
CERTIFICATIONS
LE COMMERCE DURABLE, C’EST QUOI ?
L’Institut International pour l’Environnement et le Développement a défini ainsi le commerce durable en 2000 :
Le commerce durable prend place lorsque les échanges
internationaux de biens et de services génèrent des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux en
conformité avec les quatre principes fondamentaux du
développement durable :
1. Il crée de la valeur économique ;
2. Il réduit la pauvreté et l’inégalité ;
3. Il régénère les ressources environnementales ;
4. Il est mené dans le cadre d’une gouvernance caractérisée
par l’ouverture, la transparence et l’imputabilité.
Le commerce équitable et le bio sont des modèles
spécifiques de commerce durable.
Situé dans une zone géographique de transition entre la zone sahélienne et la zone
tropicale humide, confronté à des déséquilibres démographiques importants, le
Sénégal doit faire face à une multitude de défis environnementaux. Pesticides
dans le delta du fleuve Sénégal, pollution au plomb des rivières, déboisement
des régions intérieures, crise des ressources halieutiques, recul du littoral,… les
menaces sont nombreuses et pèsent lourdement sur l’avenir du pays.
Mais, ainsi que nous allons le voir, de nombreux projets innovants sont initiés au
Sénégal pour développer des activités économiques respectueuses de l’environnement et des hommes.
35
Pirogues à Saint-Louis-du-Sénégal - Crédit : Ji-Elle
LA GESTION DURABLE DES RESSOURCES
HALIEUTIQUES AU SÉNÉGAL
«Avec un littoral de 700 km de côtes et un plateau continental large de 23 000 km², la mer et ses ressources
constituent la première richesse du Sénégal. Avec 70%
des protéines consommées provenant du poisson, le
secteur de la pêche joue un rôle fondamental pour assurer la sécurité alimentaire des Sénégalais. La pêche
occupe une bonne place dans l’économie nationale et
représente une source de revenu importante pour les
populations les plus pauvres, en particulier les femmes,
traditionnellement actives dans la transformation et la
commercialisation des produits de la pêche»50.
Depuis près de 40 ans, les eaux sénégalaises sont
surexploitées par les pêcheurs locaux mais surtout
par les flottilles européennes, américaines et asiatiques qui sillonnent les côtes d’Afrique de l’Ouest.
Evoquée dès les années 1990, la crise des ressources
halieutiques a mis en évidence les responsabilités des
flottes des pays du Nord mais aussi l’iniquité des relations commerciales de l’Union Européenne avec les pays
tiers africains qui, non seulement mettent en péril la
biodiversité marine, mais menacent aussi la sécurité
alimentaire d’une part importante de la population.
Le gouvernement sénégalais a décidé en 2006 de
privilégier la sécurité alimentaire de sa population et de
ne pas renouveler ses accords de pêche avec l’Union
Européenne estimant que «ses inquiétudes et la dimension développement des accords avaient été largement
mises de côté par la Commission européenne»51.
Mais cette décision n’empêche malheureusement pas
les flottilles européennes de piller les ressources halieutiques sénégalaises.
Pour maintenir leur présence dans ces eaux, les opérateurs du Nord recourent à des pratiques abusives (telles
que la rachat de licences et de quotas, la création de
sociétés-écrans ou la «sénégalisation» des navires) et
se lancent même parfois dans la pêche pirate en profitant de la faiblesse des moyens de contrôle dont dispose l’Etat sénégalais52.
«En 25 ans, les ressources halieutiques du Sénégal ont diminué de trois quarts. Les jeunes pécheurs sont
de plus en plus contraints à l’exil sur les mêmes pirogues qui faisaient vivre leurs ancêtres»53.
La question des ressources halieutiques et marines est vitale pour l’économie du
Sénégal. Confronté à cette crise, le pays s’est engagé depuis les années 2000 dans
un certain nombre d’actions visant à assurer la sécurité alimentaire de sa population, à protéger la biodiversité et à engager l’économie sur la voie du commerce
durable.
36
LES AIRES MARINES PROTÉGÉES ET LES AIRES
DU PATRIMOINE AUTOCHTONE COMMUNAUTAIRE
La notion d’Aire Marine Protégée
(AMP) a été initiée en 1995, lors de
la Convention sur la Diversité Biologique, pour protéger par des mesures spécifiques les zones marines et
côtières menacées et assurer une
forte réduction du rythme actuel de
perte de biodiversité54. Présentées
comme un rempart à la surexploitation de la ressource, ces Aires
Marines Protégées se définissent
comme des «espaces délimités par
la loi où les animaux, les plantes et
les ressources culturelles et historiques sont protégés»55.
Cependant, les Aires Marines Protégées telles que conçues à l’origine ont fait l’objet de critiques
d’experts car «fondées sur (…) une
très grande défiance envers les premiers occupants des lieux, pour ne
pas dire au total mépris de leurs intérêts légitimes»58.
Les premières évaluations ont, en
effet, mis en évidence une certaine
mise à l’écart des populations locales alors même que la gestion des
écosystèmes côtiers et la protection
de l’environnement sont ancrées
dans les habitudes ancestrales des
communautés littorales.
fondées sur une approche de la
conservation participative, équitable
et efficace qui «permet aux communautés locales de reprendre en main
leurs espaces naturels menacés.
Elles constituent une alternative aux
aires protégées établies et gérées
par les États»59. Face aux résultats
parfois mitigés des cinq Aires Marines
Protégées, les communautés de pêcheurs sénégalais fondent beaucoup
d’espoir dans ces Aires du Patrimoine
Autochtone Communautaire.
En réponse à ces critiques, sont mises en place les Aires du Patrimoine
Autochtone Communautaire (APAC)
L’AIRE MARINE PROTÉGÉE DE BAMBOUNG,
UN SANCTUAIRE POUR LA BIODIVERSITÉ
D’une superficie de 7 000 hectares, l’Aire Marine Protégée Communautaire du Bamboung, est située au sud
de Dakar dans le delta du Siné Saloum, sur les terres des Serere, un peuple de marins. Portée par Océanium,
une ONG environnementaliste sénégalaise, sa création résulte d’une réelle volonté des populations locales
de mieux gérer les ressources et de préserver la biodiversité. Depuis le mois d’avril 2003, l’aire est balisée
et surveillée par des éco-gardes bénévoles des villages périphériques qui se sont organisés pour créer un
Comité de Gestion et de Surveillance.
Véritable sanctuaire pour les espèces menacées, elle permet à de nombreuses espèces de poissons, d’oiseaux et de
mammifères marins (dauphins et lamantins) de grandir et de se reproduire en toute harmonie dans l’enchevêtrement
de racines des palétuviers de la mangrove qui bordent les rives des chenaux ou bolons (canaux marins). Des sources
souterraines réduisent la salinité tout en rendant les eaux plus transparentes60.
Ces conditions spécifiques sont particulièrement favorables au développement de la flore et de la faune. Depuis la
création de l’Aire Marine Protégée Communautaire, les espèces rencontrées se sont multipliées et la taille moyenne
des individus augmente ainsi que le soulignent les scientifiques en charge du suivi du peuplement de poissons qui
ont, en outre, observé l’apparition de 23 nouvelles espèces et une augmentation du nombre des grands prédateurs.
Pour en savoir plus : www.oceanium.org - www.lafiba.org - www.terre-citoyenne.org
37
Pêche au mulet - Crédit : Isabelle CONTARD
Au Sénégal, le gouvernement, sensibilisé par les ONG environnementalistes (le WWF et Océanium en
particulier), a adopté en novembre
2004 un premier décret qui a créé
cinq Aires Marines Protégées à
Saint-Louis, à Kayar, à Joal-Fadiouth, à Abène et à Bamboung56.
Acte politique fondateur, ce décret affirme que «la promotion des
Aires Marines Protégées constitue un avantage certain pour la
conservation de la structure, du
fonctionnement et de la diversité des
écosystèmes; de leur reconstruction
en cas de dégradation ; l’amélioration du rendement de la pêche et des
retombées sociales et économiques
pour les communautés locales»57.
APROVAG - Crédit : Vredeseilanden / Chris Claes
AGRICULTURE BIOLOGIQUE ET DÉVELOPPEMENT
Si en Europe (et en Occident en général), la production biologique est surtout
considérée pour ses vertus sur la santé des consommateurs, il convient de souligner les multiples incidences positives de ces modes de production agricole sur
les populations qui les adoptent, sur leur développement et leur environnement.
APROVAG - Crédit : Vredeseilanden / Chris Claes
Selon la définition de la Fédération Internationale des Mouvements de l’Agriculture
Biologique (IFOAM), l’agriculture biologique «englobe tous les systèmes d’agriculture
qui font la promotion d’une production d’aliments ou de fibres environnementalement,
socialement et économiquement saines. Ces systèmes s’attachent à considérer la
fertilité du sol comme la clé d’une bonne production. En respectant les besoins et les
exigences des plantes, des animaux et du paysage, ils visent à améliorer la qualité de
l’agriculture et de l’environnement, dans tous leurs aspects. L’agriculture biologique
réduit considérablement les intrants en se refusant à utiliser des produits chimiques
de synthèse : engrais, pesticides et produits pharmaceutiques. Au contraire, elle permet aux puissantes lois de la nature d’améliorer à la fois les rendements et la résistance aux maladies»61.
Des labels et des normes complémentaires
Le commerce équitable, le commerce durable et l’agriculture biologique se fondent sur des approches voisines les
unes des autres. Les principales différences concernent
surtout l’importance accordée aux dimensions sociales ou
environnementales de l’activité économique et à la mise
en avant de tel ou tel critère dans ces différents domaines.
Globalement, si les systèmes de certification durable et
biologique mettent l’accent sur la dimension environnementale du projet à labelliser, ils intègrent aussi pleinement la volonté de développer le bien-être des producteurs. Ainsi, pour l’IFOAM, la justice sociale et les droits
sociaux font partie intégrante de l’agriculture biologique.
Ces différents types de certification ont d’ailleurs tendance à se rapprocher en cherchant à valoriser leurs
38
complémentarités. Ainsi, l’IFOAM, Fairtrade International
et le Réseau d’Agriculture Durable (SAN) ont œuvré ensemble à la fondation en 1999 de l’Alliance Internationale
pour l’Accréditation et l’Etiquetage Social et Environnemental (ISEAL) qui a par ailleurs servi de cadre de
référence pour l’élaboration de la nouvelle norme Fair
Trade System de la WFTO, l’Organisation Mondiale du
Commerce Equitable.
Cette initiative a notamment permis de préciser les critères sociaux des certifications durables et de mettre en
place les conditions «d’une promotion mutuelle des systèmes complémentaires agriculture biologique et commerce équitable entre les membres»62.
INITIATIVES DE PRODUCTION BIOLOGIQUE
APROVAG, LA BANANE BIO
Le bio, un modèle productif
Dans de nombreux pays du sud, la dégradation de l’environnement affecte en profondeur les conditions de vie des populations et hypothèque leurs perspectives de développement. C’est notamment le cas au Sénégal où, depuis 15 ans, la productivité agricole souffre d’une baisse constante causée pour l’essentiel par les activités humaines.
Confrontées à cette situation, les organisations paysannes redécouvrent les vertus de
l’agriculture biologique et se réapproprient ces modèles productifs abandonnés il y a
des décennies sous la pression des autorités coloniales françaises.
Depuis une quinzaine d’années, on assiste au Sénégal à un désengagement de l’Etat
des structures de production au profit des organisations paysannes qui recourent aux
techniques de l’agriculture biologique pour lutter contre les baisses de rendements
constatés dans la plupart des filières. Contraints de s’endetter en début de campagne
pour acquérir des semences, des engrais et des pesticides de plus en plus chers,
confrontés à la mort lente de leurs terres, les paysans se sont organisés avec le soutien d’agences internationales pour briser ce cercle vicieux et s’engager sur la voie du
développement durable en produisant biologique.
Quid de la banane
Avec une production mondiale estimée à environ 100 millions de tonnes, la banane
est le fruit le plus produit au monde. Près de 90% de la production est consommée
localement, ce qui fait de ce fruit aux nombreuses vertus nutritives l’aliment de base
dans de nombreux pays en voie de développement où il contribue à la sécurisation
alimentaire des populations.
Au Sénégal, la filière banane connaît, depuis les années 1970, une croissance continue en terme de volumes mais la demande est telle sur le marché national qu’une
part importante des quantités consommées est importée, principalement de Côte
d’Ivoire63. Le développement de la filière sénégalaise se heurte à des problèmes de
qualité, de commercialisation, de conservation, de transformation, de transport et de
stockage du produit.
Organiser la filière
L’Association des Producteurs de la Vallée de la Gambie (APROVAG) a été créée dans
la région de Tambacounda en 1988 dans un contexte difficile marqué par des sécheresses récurrentes, un couvert végétal en disparition et des pénuries alimentaires
chaque jour plus menaçantes. Pour faire face à cette situation, les communautés
paysannes rurales de Missirah, Dialacoto et Nétéboulou, soutenues par des agences
de développement africaines et canadiennes, ont fondé l’APROVAG pour permettre
aux producteurs locaux de bénéficier de nouveaux revenus par un investissement
massif dans la culture de la banane. Pendant des années, l’organisation paysanne
s’est employé à structurer la filière locale en renforçant les mécanismes de gouvernance participative, en sensibilisant les producteurs à la gestion communautaire des
ressources naturelles et en transformant les coopératives locales en Groupements
d’Intérêt Economique (GIE).
39
La banane bio du Sénégal
Soutenues par Veco Vredeseilanden, une organisation belge d’aide aux communautés
rurales, les équipes de l’APROVAG ont aidé leurs 1250 membres (répartis en 11 GIE)
à s’approprier les techniques de l’agriculture biologique. L’adoption de ces nouvelles
pratiques s’est faite difficilement, compte tenu de l’hétérogénéité des situations, des
infrastructures fragiles et des faibles ressources des producteurs. A chaque étape,
il a fallu faire preuve de créativité pour trouver des alternatives naturelles pour renforcer les sols et lutter contre les nombreux parasites qui menacent les plantations.
Aujourd’hui, l’essentiel de ces objectifs ont été atteints et les 4000 tonnes de bananes produites par les planteurs de l’APROVAG répondent aux critères de l’agriculture
biologique. Il reste maintenant à valoriser ce travail. En effet, bien que cultivée dans
le respect des normes biologiques, la production bananière de l’APROVAG n’est pas
certifiée. En outre, des efforts restent à réaliser en termes de qualité du produit et,
surtout, au niveau de sa commercialisation sur les marchés nationaux (face à son
concurrent ivoirien) et pour l’exportation vers l’Europe.
Accéder aux marchés
Depuis la création de l’organisation, les équipes de l’APROVAG ont réalisé un
travail remarquable pour fédérer des communautés paysannes menacées par
la misère, l’épuisement des terres et les désordres climatiques. En un peu plus
de 20 ans, une filière agricole a été organisée, des structures collectives ont
été mises en place et de nouveaux modèles de production ont été implantés et
adoptés.
«La promotion d’une
agriculture durable par
une production biologique
est un positionnement
commercial et politique
de qualité. Le respect de
la nature et de l’environnement participe au bien
être de l’homme par la
consommation d’aliments
sains et exempts de
pesticides très nocifs».
APROVAG
Pour enfin récolter les fruits de ces efforts, l’APROVAG et l’ONG belge Veco Vredeseilanden ont initié au début de l’année 2011 un nouveau projet qui a pour objectifs le
renforcement de la filière bananière de Tambacounda, la certification de sa production
et l’amélioration de la qualité du produit. Un programme d’actions intégré est mis en
place avec le soutien financier du Trade for Development Centre de la CTB, l’Agence
belge de développement, avec comme finalités une hausse significative des revenus
des producteurs et l’insertion de la filière dans les circuits européens de commercialisation biologique (puis équitable). Pour ce faire, des moyens sont mobilisés pour
accroître les rendements des exploitations et mettre en place les équipes techniques
et les infrastructures qui permettront de gérer cette montée en puissance. En parallèle,
une action de fond est menée pour accéder à la certification : information des producteurs, formalisation des procédures, préparation et organisation des audits (Bio et
FLO-Cert), etc. Afin de réaliser ces objectifs, des modules de renforcement des équipes de l’APROVAG sont mis en œuvre, en particulier dans les domaines commerciaux,
marketing et logistique. Cette approche globale permettra de doter l’organisation paysanne sénégalaise des ressources grâce auxquelles les producteurs de Tambacounda
pourront reconquérir des parts du marché national et investir les segments de marché
à haute valeur ajoutée que représente la banane biologique en Europe.
In fine, l’approche retenue par l’APROVAG et ses partenaires est la seule qui ait des
chances de succès.
Pour soigner la terre sénégalaise et lui rendre sa richesse et sa fertilité, la responsabilisation des populations locales est la seule voie possible. Il importe donc de
soutenir ces communautés rurales qui cherchent à améliorer leurs conditions de vie
en adoptant durablement de nouveaux modèles de développement plus respectueux
des ressources naturelles et humaines.
Très concrètement, le véritable enjeu du XXIème siècle.
Pour en savoir plus :
www.aprovag.org
www.vredeseilanden.be
40
APROVAG - Crédit : Vredeseilanden / Chris Claes
41
42
CONCLUSION
Entre déperdition des ressources halieutiques, déséquilibres démographiques et désertification, les menaces qui pèsent sur le Sénégal sont nombreuses et complexes.
Pour faire face à ces périls, la société civile de ce grand Etat d’Afrique de l’Ouest
s’organise, se mobilise et affirme des positions à la fois originales et volontaristes
avec l’ambition de bâtir des solutions africaines pour le continent.
Le commerce équitable et le commerce durable sont aujourd’hui pleinement intégrés
dans ce modèle de développement africain que défendent avec courage les Sénégalais.
Des voix fortes s’élèvent du Sénégal pour dessiner un avenir plus juste et plus vert
pour le continent.
Projet Trees for the Future - Crédit : Trees for The Future
43
SOURCES ET RÉFÉRENCES
1 Source : Wikipédia - http://fr.wikipedia.org/wiki/Senegal
2 Source : Wikipédia - http://fr.wikipedia.org/wiki/Senegal
3 Source : Jean-Frédéric Lemay sous la direction de Louis Favreau, «Rapport exploratoire de recherche sur les pratiques économiques de commerce équitable au Burkina Faso et Sénégal - Pour le Projet de recherche : Le commerce équitable comme innovation
sociale et économique», Co-publication de la Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC) et de la
Chaire de responsabilité sociale et de développement durable (CRSDD) de l’UQAM, décembre 2004
4 Source : Compte-rendu de l’Assemblée Nationale, Séance du 23/10/1998 - Cité dans Wikipédia - http://fr.wikipedia.org/wiki/Senegal
5 Source : Jean-Frédéric Lemay sous la direction de Louis Favreau, «Rapport exploratoire de recherche sur les pratiques économiques de commerce équitable au Burkina Faso et Sénégal - Pour le Projet de recherche : Le commerce équitable comme innovation
sociale et économique», Co-publication de la Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités (CRDC) et de la
Chaire de responsabilité sociale et de développement durable (CRSDD) de l’UQAM, décembre 2004
6 Intégré aujourd’hui à WFTO Europe
7 Source : www.wfto.com
8 Source : COFTA Application Form - BTC - August 2009
9 Source : «Le commerce équitable : la parole aux Africains», document du Ministère français des Affaires étrangères et européennes, Juillet 2007
10 Source : Forum Social Mondial de Dakar - http://fsm2011.org/fr/note-conceptuelle-pour-le-forum-social-mondial-fsm-2011
11 Source : Oxfam-Magasins du Monde « Le commerce équitable au Forum social mondial», 4 février 2011 - www.oxfammagasinsdumonde.be/2011/02/forum-social-mondial-un-commerce-equitable-au-sud-pour-le-sud
12 Source : Sidy Dieng, «Plaidoyer pour le commerce équitable : Les acteurs sénégalais mettent au point un programme commun»
Jeudi 19 novembre 2009, Walfadjri l’Aurore - www.walf.sn
13 Dominique Ben Abdallah /Enda Tiers monde, «Une vision africaine du commerce équitable», AGRIDAPE, volume 24, Issue 1- Vers
un commerce plus juste, Avril 2008
14 Source : Idem.
15 Source : Idem.
16 Source : «Le commerce équitable : la parole aux Africains», document du Ministère français des Affaires étrangères et européennes, Juillet 2007
17 Dominique Ben Abdallah /Enda Tiers monde, «Une vision africaine du commerce équitable», AGRIDAPE, volume 24, Issue 1- Vers
un commerce plus juste, Avril 2008
18 Source : «Le commerce équitable : la parole aux Africains», document du Ministère français des Affaires étrangères et européennes, Juillet 2007
19 Extrait de la brochure «Le commerce équitable Sud-Sud», téléchargeable gratuitement sur www.befair.be
20 Source : www.enda.sn
21 Source : www.peaceactionsolidaire.org
22 Source : « Questions / Réponses - Le coton certifié Max Havelaar» disponible sur www.maxhavelaarfrance.org
23 Juliette Jowit, «Cotton subsidies costing west African farmers £155m a year, report reveals», The Gardian, 15 novembre 2010
24 Source : « Questions / Réponses - Le coton certifié Max Havelaar» disponible sur www.maxhavelaarfrance.org
25 Source : Idem
26 Source : www.ekieko.eu/projetcoton.htm
27 Source : www.enda.sn/koussanar.html
28 Source : http://ynw.jarinio.sn
29 Source : http://lizcooper.blogspot.com
30 Source : Idem
31 Source : www.yaniwulli.org
32 Source : www.progresonetwork.org
33 Source : www.micamisa.com
34 Source : http://lizcooper.blogspot.com
35 Source : Idem
36 Source : www.altereco.com
37 Source : Répertoire des Entreprises Artisanales au Sénégal - Réalisé dans le cadre d’un projet conjoint de Aid to Artisans, de l’Organisation pour le Développement International des Nations Unies (ONUDI) et du Programme USAID de Croissance Économique
38 Source : www.cofta.org
39 Source : Idem
40 Moctar Fall, « Fair Trade must be a partnership approach» - executive summary - Fifth ‘Brussels Development Briefing’ – Part of
a series of discussion meetings on ACP-EU development issues - Focused on the issues: ‘Does Fair Trade contribute to sustainable
development?’ - 16 avril 2008 - http://brusselsbriefings.net
41 Source : « L’action d’Enda Santé Plantes Médicinales» - D’après un texte de l’entité Enda Santé Plantes Médicinales, Enda Tiers
Monde, Dakar, Sénégal - Février 2008 - www.afrique-demain.org
42 Source : Idem
44
43 Source : «Face à Face : Serigne Babacar Mbow, co-fondateur de l’ONG N’dem, Sénégal» - www.planete-responsable.com
44 Source : www.planete-responsable.com
45 Source : www.artisansdumonde.org
46 Source : «Face à Face : Serigne Babacar Mbow, co-fondateur de l’ONG N’dem, Sénégal» - www.planete-responsable.com
47 Source : Idem
48 Source : «Zoom sur : L’ONG N’Dem»- www.planete-responsable.com
49 Source : «Face à Face : Serigne Babacar Mbow, co-fondateur de l’ONG N’dem, Sénégal» - www.planete-responsable.com
50 Source : Mariano Iossa, Papa Ndary Niang et Alexandre Pollack, «Touche pas à mon poisson - Comment les Accords de Partenariat Economique (APE) peuvent aggraver la baisse des stocks de poisson et la crise alimentaire au Sénégal» ActionAid,Mai 2008
51 Source : Idem
52 Source : Idem
54 Source : Regard sur la pêche et l’aquaculture - http://aquaculture-aquablog.blogspot.com
55 Source : «Importance des animaux et des plantes - l’Aire Marine Protégée de Joal-Fadiouth» Présentation de Assane Ndoye,
Conservateur de l’AMP de Joal-Fadiouth - Accessible sur www.comitedespeches-guilvinec.fr
56 Source : Décret portant création d’aires marines protégées, Dakar, le 4 novembre 2004
57 Source : Idem
58 Source : IUCN. Les Aires du Patrimoine Communautaire (http://cmsdata.iucn.org/downloads/cca_jlariviere.pdf) - Rapporté sur
http://aquaculture-aquablog.blogspot.com
59 Grazia Borrini-Feyerabend. 2009. Engager les peuples autochtones et les communautés locales dans la gouvernance des aires protégées en environnement marin et côtier: options et opportunités en Afrique de l’Ouest. Rapport pour le projet Sirenes. IUCN/PRCM/
CEESP - Rapporté sur http://aquaculture-aquablog.blogspot.com
60 Source : www.saiga-voyage-nature.fr
61 Source : IFOAM - International Federation of Organic Agriculture Movements - www.ifoam.org / Aurélie Carimentrand et Denis Requier-Desjardins, «Stratégie de qualification des produits, des filières et des territoires, commerce international & intégration Nord-Sud :
Le cas des filières agroalimentaires biologiques et équitables en Amérique Latine», Colloque «Intégrations régionales et stratégies de
développement : les relations Nord-Sud dans l’Euromed, les Amériques et l’Asie» (RINOS/CEIM) - Montréal, juin 2005
62 Aurélie Carimentrand et Denis Requier-Desjardins, «Stratégie de qualification des produits, des filières et des territoires, commerce
international & intégration Nord-Sud : Le cas des filières agroalimentaires biologiques et équitables en Amérique Latine», Colloque
«Intégrations régionales et stratégies de développement : les relations Nord-Sud dans l’Euromed, les Amériques et l’Asie» (RINOS/
CEIM) - Montréal, 2-4 juin 2005
63 Source : www.vredeseilanden.be
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Crédit : CTB Dieter TELEMANS
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QUE FAIT LE TRADE FOR DEVELOPMENT CENTRE ?
Pour le Trade for Development Centre, programme de la CTB (l’Agence belge de développement), les commerces équitable et durable peuvent être des outils de réduction de la pauvreté, et des leviers de développement.
Le centre a pour objectif l’émancipation économique et sociale des petits producteurs du Sud, à travers leur professionnalisation et l’accès aux marchés, que ces derniers soient locaux, régionaux ou internationaux.
Pour se faire nous avons développé les activités suivantes :
> Appui aux producteurs
Programme d’appui financier
Le Trade for Development Centre soutient les producteurs marginalisés, les micro et petites entreprises ainsi que
les projets d’économie sociale actifs dans le commerce équitable ou durable.
Il finance différentes activités permettant d’augmenter leurs capacités et leur accès au marché : création de nouveaux produits, introduction de systèmes de contrôle de la qualité, obtention d’une certification, formations (en
gestion, marketing…), participation à des foires commerciales,...
Activités d’appui à la commercialisation
Le TDC est un centre d’expertise en « marketing & ventes » et un organe d’appui concret aux projets de la CTB
liés directement ou indirectement à la commercialisation de produits et/ou services :
• Conseil stratégique en business et marketing
• Information et analyse de marchés
• Coaching en marketing & ventes
> Diffusion d’information et plate-forme d’échange
Via son site Internet, sa newsletter et différentes publications, le Trade for Development Centre veut apporter aux
consommateurs, pouvoirs publics, producteurs et autres acteurs économiques, une information la plus objective
possible sur les différents labels, systèmes de garantie de commerce équitable et durable. Il contribue aussi aux
débats pour une gestion des ressources naturelles et un commerce plus respectueux de l’Etre humain et de son
environnement.
Le Centre participe activement à différentes plates-formes d’échange entre acteurs concernés, notamment la
plate-forme belge d’appui au secteur privé « Entreprendre pour le développement ».
> Sensibilisation
Le TDC met en place des campagnes de sensibilisation à destination des consommateurs (Semaine du commerce
équitable), des acteurs économiques et des pouvoirs publics belges.
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CTB - agence belge de développement
TRADE FOR DEVELOPMENT centre
rue haute 147
1000 Bruxelles
T +32 (0)2 505 19 35
www.btcctb.org
www.befair.be
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