antiquaires du sud-ouest

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antiquaires du sud-ouest
LE CANARD GASCON
LES TRACTEURS
d’hier à aujourd’hui !
N°12 - janvier - février 2007 - 3,90 €
ANTIQUAIRES
DU SUD-OUEST
La passion
des objets anciens
en Gascogne
POL
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LES AUT-I MIQU
VID L LI E :
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p.8 EN
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Eve Joanin, antiquaire à Pau
présente une pièce rare de l’orfèvre Debain
Entrepreneurs, artisans, artistes... ils font vivre la Gascogne !
Michael Ehman :
roi du Pop-Corn !
Marie-Françoise Lair :
relieuse de talent
Michel Dubau :
ébéniste original...
Jacky Gaglione :
peintre du vert
Michel Gomez
défend les antiquaires !
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Le Canard Gascon n°12
Sommaire n° 12
Numéro Spécial
Antiquaires du sud-ouest
Les antiquaires du Sud-Ouest - Page 5
Les salons à ne pas manquer - Page 7
Polémique : les vide-greniers - Pages 8-9
Un antiquaire près de chez vous - Page 10
Evelyne et Philippe Fauroux - Page 11
Gilles Hubert Collin - Page 12
Philippe Brunel - Page 13
Viviane Vitrant - Page 14
Eve et Eric Joanin - Page 15
La galerie Lhoste - Page 15
Joël Cassagnaud - Page 16
Aude Gabard - Page 16
Christophe Yvernot - Page 17
Maryse Diano - Page 17
Philippe Decap - Page 19
Eugénie Galeraud - Page 21
Marie-Françoise Lair, relieuse - Pages 22-23
Jackie Gaglione- Pages 24-25
Michel Dulau ébéniste - Pages 26-27
Michael Ehmann et le pop corn - Pages 28-29
La foire de Barcelonne du Gers - Page 31
Les tracteurs d’hier à aujourd’hui - P. 32
Philippe Duvignau - Massey - Page 33
Raymond Nogues - Claas - Pages 34-35
Se chauffer au bois - Pages 36-37
Les chevaliers du pruneau - Page 38
Les éditions des 2 encres - Page 42
Livres, CD-DVD - Page 46
English Pages
Antiques in the day of globalization - Page 39
L’industrie alimentaire sur la sellette - p.40
The wages of agribusiness - page 41
Bulletin d’abonnement
Page 44
Photo de couverture
Eve Joanin au salon de Toulouse présentant une pièce de l’orfèvre Debain.
(photo Jean-Louis Le Breton)
Au printemps, on fait peau neuve !
V
ous tenez entre les mains le dernier numéro de la
première formule du Canard Gascon. Au printemps,
nous faisons peau neuve : le magazine va développer
ses enquêtes et ses reportages, doubler sa pagination,
faire évoluer sa maquette, multiplier son tirage par
cinq et couvrir les deux régions Aquitaine et MidiPyrénées.
Les raisons de cette évolution sont multiples. Il
existe une véritable identité commune dans ce
quart sud-ouest de la France qui va de Bordeaux
à Agen et de Toulouse à Biarritz : un esprit de bien
vivre fait de traditions et de modernité, mais aussi
un souci de préserver une qualité d’environnement et de paysage qui constitue la richesse de
ces régions.
Plus que jamais le Canard Gascon veut vous
aider à mieux connaître ce territoire et les
gens qui y travaillent, qui créent, qui discutent et réfléchissent à leur présent et leur avenir.
Nous savons bien que la Terre va mal et nous avons
conscience d’être privilégiés dans ce pays si beau et souvent
épargné par les catastrophes humaines ou naturelles. Pour autant tout n’est pas rose autour de nous.
Le climat se dérègle (nous avons vu des champs de tournesol refleurir au mois de décembre !) et
ceux qui refusent d’y croire devraient faire un tour au pôle pour constater la fonte irréversible de
la banquise. La pollution nous entoure, souille nos sols, notre eau et notre air (voir dans ce numéro
l’article de Nina de Voogd sur l’industrie agro-alimentaire).
Mais nous n’allons pas sombrer dans la dépression, loin de là. Notre credo est de mettre en valeur
les filières qualité et ceux qui les animent. Nous pensons par exemple qu’en France l’agriculture
bio n’est pas assez développée. Pour autant nous ne jetons pas la pierre à ceux qui pratiquent
l’agriculture intensive. Ont-ils vraiment le choix de faire autrement ? Il faut en parler. Et comme
nous ne sommes affiliés à aucun parti ou aucun groupe, notre parole et celle de nos interlocuteurs
est libre. Nous pensons que l’artisanat, la production locale et le tourisme raisonnés sont une
chance pour cette région. Encore faut-il savoir qu’à quelques kilomètres de chez soi il existe tel ou
tel artisan ou producteur de qualité. C’est notre rôle de vous apporter cette information. De tisser
des liens entre tous ces gens qui, trop souvent, ne se connaissent pas.
Nous allons franchir une étape importante dans la vie du magazine. Merci à
ceux qui nous ont suivi depuis deux ans. Qu’ils se fassent les ambassadeurs
du Canard Gascon auprès de nouveaux lecteurs afin que nous puissions continuer longtemps ce passionnant travail journalistique régional.
Jean-Louis Le Breton
Attention changement de formule
pour le prochain numéro !
Abonnez-vous dès à présent !
Le Canard Gascon, 2, av. du Général Leclerc - 32110 - Nogaro.
Tél. : 05 62 09 03 61 - Fax : 05 62 69 03 69. www.le-canard-gascon.com. Mail : [email protected]
Rédaction
Directeur de la publication et rédacteur en chef : Jean-Louis Le Breton. Maquette et conception graphique : Pierre Giès.
Ont collaboré à ce numéro : Jean-Paul Amic, Héloïse Boursinhac, Pierre Giès, Sophie Lefloch, Nina de Voogd. Le personnage du Canard Gascon est de Elger.
Impression : Dauba, Nogaro (l’ami Dalex) - Publicité et diffusion : Caroline Le Breton (06 81 84 29 24) et André Tauzin.
Crédit Photos : Jean-Louis Le Breton, Jean-Paul Amic.
Editeur : Anyware sarl, 2, av. du Général Leclerc - 32110 - Nogaro. Dépôt légal, 1er trimestre 2007.
Service des ventes au journal (05 62 09 03 61) - Numéro de commission paritaire : 0207 I 86098. ISSN 1772-6573.
Abonnement : 36 euros pour 12 numéros – France métropolitaine. Autres régions, nous consulter.
Il y a toujours des coins de Gascogne où l’Internet rapide n’est pas arrivé. Des sacrés trous noirs dans la toile. On voit vraiment qu’on n’est pas égaux devant les télécommunications. Tiens, même là où j’habite,
en campagne pas loin de Nogaro, je paie 29,90 € à Orange pour l’ADSL mais sans la télévision alors que pour le même prix en ville ils ont la télé et un débit plus rapide. Vous trouvez ça juste ? Hé FranceTélécom, dites tout de suite que vous vous en tapez le combiné des pauvres pèlegrus qui vivent en cambrousse. Et puis la dernière (je l’ai trouvée bonne) : j’ai voulu appeler mon agence locale pour changer mon
téléphone portable... hé ben non, les agences locales Orange ne répondent plus au téléphone (zont pas que ça à faire) !! Déjà qu’on n’arrive plus à joindre sa banque non plus sans passer par un service délocalisé,
je trouve que le secteur tertiaire se déshumanise vachement ma bonne dame...
Le Canard Gascon n°12
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Le Canard Gascon n°12
Antiquaires
Dossier
Les antiquaires du sud-ouest
La passion des vieux objets en Gascogne
Nous vivons dans un monde industrialisé où les biens sont fabriqués à la chaîne et commercialisés dans
les grandes surfaces. Il en résulte une forte dépersonnalisation de notre environnement. Une réaction à ce
phénomène est la recherche de l’objet unique, ancien et qui témoigne d’un temps révolu. Les antiquaires
jouent un rôle important dans cette double quête de mémoire et d’identité et c’est pourquoi nous avons voulu
leur consacrer un dossier.
Comme toujours, dans le Canard Gascon, nous aimons à rencontrer des
personnes et s’il était impossible, faute de place et de temps, d’aller voir
personnellement tous les antiquaires du sud-ouest, la galerie de portraits que nous vous proposons nous semble représentative des styles et
tendances de la région.
Nous évoquons aussi la polémique qui oppose antiquaires et associations à propos des vide-greniers. Ceux-ci forment un phénomène social
et économique si important qu’il était impossible de ne pas l’évoquer
dans un tel dossier. Et c’est sans parler des sites d’enchères sur Internet
qui connaissent une formidable explosion. Bref, comme beaucoup de
professions, celle d’antiquaire est touchée par la mondialisation. Reste
que pour bien acheter un bel objet, il faut le voir, le toucher, le sentir
et aller chez un antiquaire c’est comme fouiller dans un vieux grenier.
Une sensation irremplaçable…
Jean-Louis Le Breton
Le Canard Gascon n°12
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Le Canard Gascon n°12
Antiquaires
Antiquités : des salons
à ne pas manquer dans le sud-ouest...
Avec un véritable engouement pour les antiquités, les salons se multiplient dans le sud-ouest.
curiosités attirent beaucoup les gens également comme les petits objets de vitrines et les
petits meubles.
L.C.G. : Le salon est-il exclusivement réservé
aux antiquaires ?
Claude Jary : Le salon est organisé en trois
halls : un hall prestige, un hall antiquités et un
hall brocante. Ceux qui préfèrent du meuble
rustique régional iront plutôt dans le hall brocante. Pour un investissement plus important,
un bijou, un tableau ou un meuble 18ème on va
plutôt dans le hall prestige.
Claude Jary, Présidente du Salon
des Antiquaires de Toulouse.
A
le salon de Toulouse
vec près de trois cents antiquaires venus de
tous les coins de France, mais aussi d’Espagne ou d’Italie, le Salon des Antiquaires de
Toulouse est l’une des grandes manifestations
de sa catégorie en France. Chaque année en
automne, il définit les grandes tendances du
marché. La 45ème édition se tiendra en novembre 2007. Rencontre avec la présidente du Salon, Claude Jary.
L.C.G. : Vous recevez beaucoup de visiteurs ?
Claude Jary : Sur les dix jours du salon, nous
recevons près de 80 000 visiteurs. C’est le
salon le plus important en France depuis très
longtemps tant par la fréquentation que par
le nombre d’exposants réunis. De nombreux
visiteurs étrangers fréquentent le salon. Avant
l’ouverture deux journées sont réservées uniquement aux antiquaires professionnels. En ce
moment on voit passer des Américains, des
Espagnols, des Italiens et d’autres venus de
toute l’Europe.
L.C.G. : A-t-on une idée du chiffre des transactions générées par un tel salon ?
Claude Jary : Aucune ! Les antiquaires sont
des gens assez secrets et il est impossible de
savoir quel chiffre d’affaires est généré par le
salon. Mais compte tenu du fait que ce salon
existe depuis 44 ans et que les exposants y sont
fidèles à 80%, on peut supposer que chacun y
trouve son compte.
Le Canard Gascon. : D’où viennent les antiquaires qui exposent au Salon de Toulouse ?
Claude Jary : Une grande partie de ces antiquaires viennent du Grand Sud, depuis l’Aquitaine jusqu’à la région PACA, en passant par le
Midi-Pyrénées, bien entendu. Chacun propose
plutôt des meubles de sa région : les antiquaires de Gironde proposeront plus facilement
des commodes bordelaise et ceux de Provence
des meubles peints.
L.C.G. : Quel est, selon vous, le pourcentage
des visiteurs qui viennent de la région ?
Claude jary : Je pense qu’environ 60% de nos
visiteurs viennent du Grand Sud. Les autres
viennent du reste de la France et de l’étranger, en particulier nos voisins Espagnols qui
sont tout proches. Et avec plus de 20 000 m²
d’exposition, il faut plus d’une journée pour
tout voir !
Propos recueillis par Pierre Giès.
Quelles sont les tendances de l’antiquité
en 2007 ?
Claude Jary : Je crois que le style des années
quarante a toujours la cote. Ensuite on revient
sur les grands classiques du 18ème siècle. Les
Salon de Toulouse : organisation, Sforman SA
27, rue de Metz - 31 000 Toulouse
Tél.: 05 61 21 93 23
www.sforman.fr
[email protected]
Le salon d’Eauze
Le salon d’Eauze va fêter en 2007 sa 37ème
édition. Celle-ci se déroulera du 12 au 19 mai.
Ce joli salon accueille des professionnels du
grand sud-ouest venus présenter des meubles,
de l’argenterie, de la dentelle et des bibelots.
Le salon est labellisé par le Syndicat National
du Commerce et de l’Antiquité d’Occasion et
il bénéficie de la présence d’un expert.
Présidente : Mme. Rolandeau au 05 62 09 83 65
D’autres salons à voir en 2007…
Le salon des antiquaires de Bordeaux,
du 26 janvier au 4 février 2007
Organisation : Expo Media
([email protected]) 05 59 31 11 66
Le salon des antiquaires de Condom,
les 24 et 25 février 2007.
Président : Mr. Gayraud au 05 62 28 32 04
Les salons des antiquaires de Biarritz,
du 7 au 12 avril 2007,
et du 16 au 20 août 2007
Organisation : Expo Media
([email protected]) : 05 59 31 11 66
Le salon des antiquités de Samatan,
du 18 au 20 août 2007.
Organisation : 05 62 62 30 46
Le salon du Château de Terraube,
les 1 et 2 septembre 2007
Organisatrice : Madame Andrée Beze
Une belle pièce au salon d’Eauze
en Armagnac
Le Canard Gascon n°12
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Antiquaires
Polémique : faut-il limiter
la prolifération des vide-greniers ?
Pour mettre un frein a ce qu’ils appellent du « para-commercialisme » les antiquaires tentent de limiter la
prolifération des vide-greniers. Tollé chez les associations qui trouvent là d’importantes subventions pour
leur existence.
POUR LA LIMITATION : la position des Antiquaires
l’interdiction des vide-greniers, ça n’a jamais
été notre propos. On l’a interprétée dans ce
sens là très souvent, mais à tort, car ce n’est
pas notre objectif. Les vide-greniers sont une
réalité qui mérite d’être respectée à condition
que ceux qui participent à ces manifestations
le fassent dans la plus totale légalité : c’est-àdire des particuliers qui vendent leurs objets
personnels dans les limites de leur commune
et à raison de deux fois par an. C’est en gros
ce que dit la loi. Nous, nous réagissons contre
le para-commercialisme qui s’est développé et
qui représente environ 70 à 80% des gens qui
participent aux vide-greniers !
Michel Gomez, Président du SNCAO veut
lutter contre le para-commercialisme
L
e Syndicat National du Commerce et de
l’Antiquité d’Occasion (SNCAO) regroupe
trois mille adhérents (antiquaires, brocanteurs,
galeristes, experts) et se montre très actif sur la
réglementation concernant les vide-greniers.
Son président, Michel Gomez, antiquaire à
Montauban, a participé à l’élaboration de la
loi avec le ministre Renaud Dutreil.
Le Canard Gascon : Quelle est la position du
SNCAO face au problème de la prolifération
des vide-greniers ?
Michel Gomez : La profession que nous représentons est gênée dans son ensemble par la
prolifération des vide-greniers. On considère
aujourd’hui qu’il y en a à peu près cinquante
mille en France. Le chiffre peut paraître énorme. Mais y a trente six mille communes en
France et pratiquement toutes en organisent au
moins un dans l’année, voire plus comme Paris qui peut en organiser jusqu’à deux cents !
L.C.G. : Que dit la loi à propos des vide-greniers ?
Michel Gomez : Il faut savoir que c’est le
SNCAO qui est à l’origine de la loi actuelle.
Notre position officielle n’est pas de demander
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Le Canard Gascon n°12
L.C.G. : Qui sont ces personnes ?
Michel Gomez : Ce sont des gens qui achètent pour revendre sur les vide-greniers. Avec
le profit de leurs ventes, ils rachètent le lendemain pour faire un vide-grenier le week-end
suivant. Entre Pâques et octobre ils en font
trente à quarante par an. Si ça n’est pas du
commerce, expliquez-moi ce que c’est ! Or les
professionnels disent : nous payons des impôts,
nous avons des contrôles parce qu’on touche
une marchandise sensible et une multitude de
gens qui représentent au moins un million et
demi de personnes et qui souvent ont un métier
par ailleurs, font du para-commercialisme sur
ces vide-greniers donc une concurrence absolument déloyale. La frange la plus modeste de
notre profession en souffre énormément.
L.C.G. : Mais les antiquaires ne vendent pas
le type de marchandise qu’on trouve dans les
vide-greniers…
Michel Gomez : C’est une interprétation qu’on
peut avoir quand on porte un regard rapide. Il
est vrai que cette marchandise peut paraître
modeste et même sans valeur pour sa partie la
plus visible. Mais par ce canal, et de façon plus
discrète, circule une marchandise dont l’origine est très douteuse voire volée. Par ailleurs, il
y a en France quinze mille professionnels – antiquaires, brocanteurs, galeristes, experts – qui
participent à environ dix huit mille manifestations officielles et reçoivent environ trois
millions de visiteurs. Dans le même temps, un
à deux millions de personnes participent à cin-
quante mille vide-greniers entre les fraudeurs
et ceux qui le font légalement, et qui reçoivent
plus de vingt-cinq millions de visiteurs. Jugez
de la différence ! A cause de cette synergie formidable, les professionnels ont de bonnes raisons de penser qu’il y a une grande déperdition
de clientèle chez eux.
L.C.G. : Dans une société où la pauvreté se développe à grande vitesse les vide-greniers ne
sont-ils pas aussi une économie de survie pour
beaucoup de personnes ?
Michel Gomez : Si cette argumentation était
bonne les professionnels y seraient sensibles.
Mais elle ne représente qu’un très faible pourcentage de la population. Ceux que nous dénonçons au travers de la loi que nous avons voulu
voir apparaître sont ceux qui possèdent de la
marchandise, qui pratiquent cette activité régulièrement, qui sont quelquefois mieux équipés que des professionnels et qui ne présentent
pas du tout les symptômes de la précarité.
L.C.G. : Finalement, que dit la loi et est-elle
appliquée ?
Michel Gomez : Nous sommes en contact permanent avec le ministère des PME/PMI. J’ai
commencé à présenter le problème en novembre 2002 à Renaud Dutreil. Nous nous sommes vus de nombreuses fois depuis. Il a pris
conscience de la situation et a convenu qu’il
fallait faire quelque chose. La loi a été votée
le 2 août 2005. Chaque mot, chaque phrase
ont été pesés. En résumé, la loi dit qu’un particulier qui participe à un vide-grenier ne peut
présenter que des objets personnels et usagés.
Elle définit ensuite l’espace dans lequel il a le
Dans les salons d’antiquaires
l’entrée est le plus souvent payante...
Antiquaires
droit de vendre : grosso modo c’est sa commune et son canton. Il y a une tolérance, ça
n’est pas d’une rigueur absolue. Enfin, il peut
y participer à raison de deux fois par an. Par
ailleurs les communes ne devraient pouvoir
organiser qu’un vide-grenier par an. Certains
ont souhaité que cette loi ne paraissent pas
parce que – disaient-ils – elle portait préjudice
aux associations. En bon politicien, le ministre
a freiné un peu la parution du décret. Mais je
pense que ceux qui portent préjudice aux associations sont ceux qui travaillent au noir.
L.C.G. : En attendant le décret, vous n’êtes pas
satisfait…
Michel Gomez : Oui ça continue… Nous sommes demandeurs de contrôles. Il y en a quelques-uns mais il ne leur est pas toujours donné
suite du fait que le décret n’est pas sorti. Tou-
tefois, c’est plus complexe qu’il n’y paraît. Le
ministère a fait passer une information auprès
des préfets pour leur demander d’être attentifs à ce qui se passait dans leur département
et de tenir compte du fait que la loi existait.
Nous avons également écrit à tous les préfets
qui nous ont répondu. La moitié nous a dit «
le décret n’est pas sorti, nous ne pouvons rien
faire ». L’autre moitié nous a répondu « très
bien, nous nous chargerons de procéder à l’application de la loi ».
L.C.G. : Certains ont-ils déjà été verbalisés ?
Michel Gomez : Une procédure a été engagée
à Périgueux à l’encontre de quatre personnes
repérées comme des habitués des vide-greniers. Le SNCAO s’est porté partie civile. Les
personnes ont été condamnées.
L.C.G. : Et quelle est votre position à propos
de la vente sur Internet et du phénomène E-bay
en particulier ?
Michel Gomez : On pourrait dire que c’est un
gigantesque vide-greniers virtuel. Les choses
évoluant très vite, la vente sur Internet n’apparaît pas dans les termes de la loi. Mais nous
réfléchissons au para-commercialisme sur Internet et bien évidemment E-Bay est dans la
ligne de mire de tout le monde. Mais ce sera
difficile : E-Bay est américain et le point de
chute bancaire pour tout ce qui se passe sur le
territoire français est en Suisse. En 2005, deux
millions sept cent mille objets ont été déposés sur Internet, pour la France et un million
trois cent mille ont été vendus. Vous voyez que
c’est énorme…
Propos recueillis par Jean-Louis Le Breton
CONTRE LA LIMITATION : la position des Associations
fessionnels, les organisateurs et les maires afin
de prendre certaines décisions comme limiter
le nombre de métrage linéaire des exposants
par exemple.
Paul Mumbach, Président de la FFBA veut
préserver les revenus des associations.
C
réée en 1983, la Fédération Française du
Bénévolat Associatif regroupe 10 000
associations et mène un combat engagé pour
la défense des vide-greniers. Paul Mumbach
en est le Président très actif et pense que la
limitation des vide-greniers porterait un tort
considérable aux associations.
Le Canard Gascon : l’un des points de votre
contestation par rapport à la loi sur les videgreniers est la limitation géographique qui empêcherait de participer comme exposant à un
vide-grenier en dehors de sa commune.
Paul Mumbach : Effectivement. Si on devait
appliquer cette réglementation cela réduirait
de plus de 60% l’organisation de vide-greniers
en France faute d’exposants. Par ailleurs le fait
de limiter les vide-greniers à un seul par commune et par an est un vœu pieux du SNCAO
mais n’est pas dans le texte de la loi. Nous
nous sommes mis d’accord avec le cabinet du
ministre Renaud Dutreil et ce paragraphe sera
en principe supprimé. On ajoutera dans la loi
un autre paragraphe donnant pouvoir au préfet, pour les cas d’exception, de réunir les pro-
L.C.G. : Pensez-vous que les vide-greniers développent une économie parallèle ?
Paul Mumbach : C’est une optique sociale à ne
pas négliger. Pouvoir vendre des objets aide de
nombreuses familles qui se trouvent dans une
période difficile à un moment de leur vie. Et
cela marche dans les deux sens. Pour les familles en difficulté c’est important de pouvoir
acheter des habits ou des objets de nécessité à
moindre coût.
L.C.G. : Vous représentez de nombreuses
associations. Quelle importance ont les videgreniers pour elles ?
Paul Mumbach : Pour les associations c’est un
moyen de financement économique très important. Il n’y a plus ou très peu de sources
de financements possibles pour les associations, en France comme les bals, les lotos, etc.
Les vide-greniers aident les associations de la
commune et animent la cité. Sur le plan économique c’est aussi une bonne affaire pour les
commerçants locaux qui sont ouverts pendant
les vide-greniers.
L.C.G. : Quelle est votre estimation du nombre
de fraudeurs qui ont fait des vide-greniers une
véritable activité commerciale non-déclarée ?
Paul Mumbach : Nous estimons qu’il y a au
maximum 5% de fraudeurs. Nous nous basons
sur des contrôles qui ont été effectués dans divers départements. Dire qu’il y en a plus est du
baratin. C’est le point de vue des gens qui ne
vont pas sur le terrain.
Propos recueillis par Jean-Louis Le Breton
Les vide-greniers se multiplient et sont plutôt des brocantes à ciel ouvert...
Le Canard Gascon n°12
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Antiquaires
Un antiquaire près de chez vous ?
Vous recherchez des antiquités ou vous voulez vendre des objets ? Il existe un antiquaire ou un brocanteur
près de chez vous dans le sud-ouest. En voici une liste (presque) exhaustive dans quatre grands départements de la Gascogne. Nous les avons classés par ordre alphabétique de lieux.
Gers
Aignan Brocanthé
place du Cl Parisot
32290
Auch
Joseph Béranguer
7bis rue Blazy
32000
Auch
Joël Cassagnaud
Trouettes Embats
32000
Auch
Christophe Yverneau Monplaisir Landon
32000
Auch
Antiquités Bohard
6 rue Amiral Péphau 32000
Augnax Bernard Château
Au village
32120
Barcelone du Gers Stop Affaires 13 r. des Pénitents
32270
Castéra-Verduzan Un coin du Passé av. Bordenave
32410
Condom Le Chineur Gascon 6 bd St Jacques
32100
Condom Jacques Julia
1 quai Buzon
32100
Condom Boos Antic Sud-Ouest 16bd Pasteur
32100
Condom Hélène Carlier
10 av d’Aquitaine
32100
Condom Eric Fénestra
Monteléone
32100
Condom Histoires de familles 7 av. d’Aquitaine
32100
Condom Jacqueline Montariol 17 rue Gaichies
32100
Condom Christiane Salis
allée Canal
32100
Estang
Nicole Paschal
Place Roger Bon
32240
Fleurance Michelle Huguet
Route d’Auch
32500
Fleurance Luc Teyssandier
Esparbes
32500
Fleurance Antony Daniel
Le Roucho
32500
Fourcès Philippe Braem
place du village
32250
Fourcès Raymond Raigné
Au village
32250
Gimont L’atelier du patrimoine Rte de Samatan
32200
Gondrin Philippe Braem
16 P. de la Liberté
32330
Larressingle Geneviève Musin Au village
32100
Lectoure La porte rouge
12 rue Diane
32700
L’Isle Jourdain Brocante Deu Païs 30 av. Lombez
32600
L’Isle Jourdain Frédéric Ribeyrols 2 r. Marcel Taillandier32600
Manciet Viviane Vitrant
Place du Pesquerot 32370
Marambat Norbert Blum
Au village
32190
Mirande Jean Ténat
6 rue Gambetta
32300
Mouchan La Maison des Antiquités Bordeneuve
32330
Nogaro Pierre Pesquidous 10 rue Nationale
32110
Pavie
Brocante de la FenièreDomaine Besmaux
32550
Terraube Christian Galipon-Bachette
Au village 32700
Vic Fezensac Autrefois en Gascogne
N 124
32190
Vic Fezensac Philippe Fauroux 1, av de Lorraine
32190
Landes
Aire sur l’Adour Eric de Brégeot Pourin
40800
Aire sur l’Adour Christophe Broca 12 r. Henri Labeyrie 40800
Cap Breton Robert Olivier
22 av. de Verdun
40130
Cap Breton La Chine du Port
quai Bonamour
40130
Dax Les Clés de Saint Pierre
1 av G. Clémenceau 40100
Dax Henri Gayan-Sourgen
161 av St V. de Paul 40100
Dax Antiquités Subes 305 r. Château St-Pandelon
40180
Herm
Troc 40 3927 route Cluqelardit
40990
Hossegor Les Clés de Saint Pierre651 av. Touring Club 40150
Hossegor Le Fouineur 169 av Tisserands Soorts
40150
Labastide d’Ac. La Grange Notre Dame rue Notre Dame40240
Labenne Antiquités La Branère Quartier de La Branère40530
Léon Carpe Diem
121 Grande Rue
40550
Mont de Marsan Daniel Nahmani 521 rue Croix Blanche 40000
Parentis en Born La Mansard
10 rue St Barthélémy 40160
Peyrehorade Catherine Fleuraux 705 route de Bayonne 40300
Saint Sever Patrick Loupret
r. Gradin de l’Epervier 40500
10
Le Canard Gascon n°12
0562081523
0562630622
0687127675
0562050973
0562054875
0562651669
0562084459
0562681073
0681874840
0562291270
0562682816
0562684667
0608425137
0562291983
0562080782
0608862024
0562096179
0562061215
0562066771
0562060977
0562295091
0562294753
0562678087
0562295091
0562683984
0562689807
0562055717
0562652556
0562037042
0562064678
0562665398
0562280517
0562090109
0562055717
0683002381
0562644582
0562065646
Saint Sever Philippe Brunel
ZI Rte de Tartas
40500
Saint Sever Garance
28 rue Lafayette
40500
Saint Vincent de Tyrosse Les oliviers 108 av. Nationale 40230
Soustons Brocante Soustons
route des Lacs
40140
St Martin de Seignanx Broc Adour Bourg
40390
Lot-et-Garonne
Agen Arts Antic & Vieilles dentelles 20 rue Emile Santini 47000
Agen
Antiquités Bareyre
12 rue de Garonne
47000
Agen Brigitte Milliard 22 r. Richard Cœur de Lion
47000
Agen
Trouvailles etc.
10 place du Mal Foch 47000
Agen
Antiquités Chapoulié 44 rue Belfort
47000
Agen
Au bon vieux temps 2 r. Doct. Louis Brocq 47000
Agnac
Francis Cherrier
route de Bergerac
47800
Artigues Foulayronnes Annick Gâteau 40, av. de Paris 47510
Aubiac
Jacques Charaire
57 route de Moulins 47310
Bias
Nicole Dubois Lalandette
47300
Casteljaloux Ph. Gurelotté
18 place Gambetta
47700
Castelmoron sur Lot Cl. Dupeyron Les Vergnes
47260
Duras
Michèle Ponticq
Moulin de Monsieur 47120
Fumel
Edmonde Andrieu-Bourelly 12 rue Sully
47500
Lafitte sur Lot Xavier Lugan
Saint Philippe
47320
Lafox
Roland Martini
Terrefort
47240
Lavardac Jean Zagni29 rue du Port
47230
Le Passage E. & C. Habert 36 av. des Pyrénées 47520
Monbalen Christophe Menges Lagarrigue
47340
Monflanquin Marie-Agnès Lanteiron place des arcades 47150
Nérac
Antiquités Verdier
Lot et Larrousset
47600
Nérac
Sarl Abos 12 allée Albret
47600
Nérac
Michel Salis
65 rue Gambetta
47600
Nérac
Brocante du Château
47600
Saint Hilaire de Lusigna Antiq. Marrassé La Tuilerie 47450
Ste Colombe en Bruilhois Antiq. D. Sauveau «Pichard» 47310
Thezac Maggy Wang
Clauseris
47370
Tournon d’Agenais Gallery Bastide rte de Cahors
47370
Villeneuve sur Lot Antiquités Philipot
47300
Villeneuve sur Lot Les trois joursroute de Bergerac
47300
Villeneuve sur Lot Antiq. Edera 21 bd Bernard Palissy 47300
Villeneuve sur Lot Antiquités François Bohl Le Bourg 47370
Villeneuve sur Lot Au plaisir du Passé Toulos Sud47300
Villeneuve sur Lot Michel BellinoFrontignac Sud
47300
0558719414 Villeneuve sur Lot Jean-Pierre Bertran Calvétie Ouest 47300
0558718066 Villereal Lucette Bouché
rue Saint Roch
47210
0558726162 Villereal Gérard Deguilhem
château Ricard
47210
0558726834
0558741592
0558740544
0558740617
0558915360
0558435643 Château de Bazet La conciergerie 13 rue de d’Eglise 65460
Olivier Mouliet
38 route d’Artigues
65100
0558437316 Jarret
La Grange aux meubles 49 route de Lourdes 65290
0558446666 Juillan
65310
0559454283 LaloubèreBrocant’Oc4, rue du Moulin
15 rue Bagnères
65100
0558492437 Lourdes José Castillo
Galerie Ariane
10 rue Massey
65000
0558859260 Tarbes
Antiquités Garay-De Lafitole 12 rue Massey 65000
0558789545 Tarbes
65500
0558731610 Vic en Bigorre Vic Antic 14 r. Barrère de Vieuzac
65500
0558762449 Vic en Bigorre Lucienne Bourrut 2 av. de Tarbes
0558760370
0558761809
0558770100
0686168223
0608642255
0553956016
0553669645
0553660973
0553478500
0553668186
0553669261
0553830380
0553956888
0553678078
0553702898
0553935780
0553849746
0553837402
0553710122
0553799818
0553685097
0553652613
0553966485
0553016920
0553364458
0553654811
0553654376
0553651662
0685078058
0553676983
0675491749
0553407926
0553413692
0553403982
0553702798
0553704399
0553407848
0553704746
0553700291
0553706075
0553360093
0553366102
Pyrénées-Atlantiques
0562334966
0562429654
0562326943
0562452812
0562944853
0562346434
0562930696
0562967368
0562968090
Antiquaires
Evelyne et Philippe Fauroux
antiquaires : une passion, un métier !
Pour Philippe et Evelyne Fauroux, installés à Vic-Fezensac, le métier d’antiquaire est une passion depuis
vingt-huit ans. Ils l’ont d’ailleurs transmise à leur fils Mathieu.
Philippe et Evelyne Fauroux : antiquaires par vocation !
E
velyne Fauroux fait remonter son amour du beau à la plus petite
enfance. « Récemment, je suis allée dans l’église d’Aureilhan, ville
dont je suis originaire. Mais pendant la cérémonie, je n’entendais rien.
Je regardais autour de moi et j’ai pris conscience que mon enfance
s’était passée dans cette harmonie, dans ces dorures et ces peintures qui
m’ont toujours apporté du plaisir. J’ai compris que je n’avais jamais
vraiment écouté la messe et que je n’avais fait que regarder autour de
moi. »
Meuble régional et rustique
Installés à Vic-Fezensac depuis 1978, Evelyne et Philippe vendent et
restaurent principalement des meubles régionaux et rustiques. « Mon
mari a appris la restauration de meubles anciens avec un compagnon à
Tarbes. Il avait vingt deux ans et s’intéressait déjà aux beaux objets. Je
me suis aussi rendue compte que ça pouvait m’apporter et j’ai pris des
cours d’histoire de l’art par correspondance. Nous avons travaillé très
rapidement ensemble. Mais comme la restauration n’était pas vraiment
viable en raison du temps passé, de la recherche des essences de bois,
etc., on y a ajouté petit à petit l’activité commerciale pour les antiquités. Nous avons eu la chance de pouvoir démarrer avec monsieur
Lasportes qui était antiquaire-brocanteur à Vic et qui nous a donné les
premiers meubles à réparer, puis c’est venu tout seul car nous avions foi
en notre travail. » Très passionnés par leur métier, ils partent toujours
du principe qu’il y encore beaucoup à apprendre, même si – au fil des
ans – ils ont acquis une véritable expertise. « Mais les bouquins ne suffisent pas » précise Evelyne Fauroux. « La mémoire de nos clients nous
amène aussi énormément et nous effectuons toujours des recherches. »
Ils n’achètent pas leurs meubles en salles des ventes et ne courent pas
non plus dans toute la France. « On vient nous vendre parce qu’on nous
connaît, pour des successions de maisons bourgeoises, rurales et aussi
pour des châteaux. Il y en beaucoup dans la région. Ils ont été souvent
pillés à la Révolution et on retrouve des meubles de châteaux dans des
fermes. »
gorre. Philippe et Evelyne Fauroux ne sont pas vraiment sensibilisés aux
meubles du vingtième siècle et on ne trouvera pas d’objets ‘arts déco’
chez eux. « Nous avons commencé avec le 17ème et le 18ème siècle. Depuis une quinzaine d’années nous vendons aussi des meubles du 19ème…
pour le 20ème il faudra encore attendre quelques années ! »
L’arrivée des Anglais et des « néo-ruraux » a beaucoup amené à la
profession. « Ils ont envie de bien rénover et d’acquérir des meubles
de la région ! » Lorsqu’on évoque le prix parfois élevé des antiquités,
Evelyne Fauroux s’insurge : « C’est lorsqu’on achète de la brocante
mal restaurée ou qu’on va dans les vide-greniers que l’on jette son argent par les fenêtres. Chez un antiquaire, un meuble restauré du 18ème
repart pour deux cents ans. Vous augmentez votre patrimoine, celui de
vos enfants et de vos petits enfants ! »
Antiquaire : une place pour les jeunes ?
A vingt trois ans, Mathieu Fauroux a les mêmes goûts que ses parents. A Paris, il a étudié
l’expertise des marchés de l’art (1) et le fait
d’avoir baigné depuis son enfance dans ce milieu a favorisé son goût pour l’antiquité, même
si ses parents se défendent de l’avoir poussé
dans ce sens. « Il apprend la restauration avec
son père et depuis un an il s’est installé à son
compte. Une situation viable pour lui car il bénéficie des acquis de notre entreprise et de sa
Mathieu Fauroux ,
la relève
logistique : les camions, les murs, etc. » précise Evelyne Fauroux.
Jeunesse et modernité sont aussi synonymes d’Internet et à ce propos
leur position est assez claire : « C’est une bonne vitrine publicitaire
pour se faire connaître, mais on ne peut pas acheter un meuble sans
le voir, le toucher ou le respirer ! Et le contact avec le client est très
important. »
J.-L. L. B.
Antiquités Fauroux
1, av. de Lorraine – 32190 Vic-Fezensac
Tél. : 05 62 06 56 46
(1) A l’IDETH : Institut d’études techniques et historique des objets d’arts.
www.groupeeac.com
« Les néo-ruraux ont envie de bien rénover… »
Pour Evelyne Fauroux, les meubles du Gers sont « élégants, bien proportionnés, très joliment moulurés et souvent très peu sculptés, ce qui
leur confère une légèreté. » Les bois les plus courants sont le cerisier et
le noyer alors que le chêne est plus caractéristique du Béarn et de la Bi-
Le magasin à Vic-Fezensac
Le Canard Gascon n°12
11
Antiquaires
Gilles-Hubert Collin : le décolonisateur !
Gilles-Hubert Collin s’est fixé pour tâche de récupérer des matériaux et des meubles des anciennes colonies
françaises, anglaises et espagnoles.
Balustrade coloniale
C
Gilles-Hubert Collin, antiquaire et grand voyageur !
’est à Buzet-sur-Baïse que Gilles-Hubert Collin entrepose les
merveilles qu’il ramène de ses différents voyages dans le monde.
« Je suis en déplacement permanent. Pour les ex-colonies anglaises
et françaises je vais en Inde du sud et pour les espagnoles en Inde
du nord. Nous achetons les vieilles demeures des colons et
nous récupérons les matériaux et le mobilier qui les
composent. »
Avec ses équipes ils démontent tout ce qui concerne la construction et l’aménagement : « les colonnes, les portes, les fenêtres, les impostes, les
têtes de chapiteaux, les frises, les charpentes,
les carrelages. » Tout est emballé dans des
containers et ramené en France par bateau.
« Tout ceci provient des anciens colons
mais aussi des collaborateurs de ces pays
qui avaient fait fortune sous les protectorats français et anglais ! »
« Je connaissais les bons endroits… »
Gilles-Hubert Collin a travaillé plus de vingt ans en Asie et l’idée de récupérer des matériaux lui est venue lorsqu’il a voulu restaurer lui-même
une maison en France et que les matériaux trouvés chez les grossistes
Une chaise d’époque
ne lui convenaient pas et manquaient d’originalité. « Je me suis dit que
je connaissais dans le monde les endroits où trouver ces matériaux intéressants. Et mon amour des belles choses m’a poussé a entreprendre
cette activité. J’aime rapatrier ces matériaux nobles qui ont été utilisés
par nos ancêtres. »
Ces biens ne sont pas considérés comme des objets culturels ou religieux et il n’a donc aucun problème pour les sortir de ces pays. « Au
contraire, les gens sont contents que l’on détruise ce genre de maisons
qui leur rappellent de mauvais souvenirs. Bien sûr ce travail nécessite
de gros moyens financiers, une logistique importante et des moyens
de surveillance sur place. Nous sommes une quinzaine de personnes à
travailler. »
Matériaux nobles et bois précieux
C’est le hasard qui a amené Gilles-Hubert
Collin dans le sud-ouest. « Je cherchais
une maison dans cette région depuis longtemps. Je suis originaire de la région parisienne. Mes clients viennent de la France
et de toute l’Europe. Professionnellement
nous travaillons beaucoup avec des décorateurs, des restaurateurs et des architectes d’intérieur. Un point intéressant
est que les colons utilisaient les matériaux nobles et les
bois précieux qu’ils trouvaient sur place. De temps en temps ils ajoutaient une petite touche personnelle comme les Basques ou les Bretons,
etc. ce qui nous permet de repérer l’origine des meubles. Sur place, les
gens qu’ils soient indiens ou autre participent activement et apprécient
que l’on détruise ces biens… D’ailleurs nous commençons à avoir des
concurrents indiens. Contrairement à ce que l’on pense l’Inde est un
pays pauvre mais en voie de développement très rapide. »
Jean-Louis Le Breton
Gilentik
Le Coustet
47160 Buzet-sur-Baïse
Tél. : 05 53 89 09 28
Un ensemble de colonnes ramenées des indes :
une aubaine pour les décorateurs
12
Le Canard Gascon n°12
Un chapiteau en bois sculpté
Chaque maison est démontée
Antiquaires
Philippe Brunel : de Landes et Chalosse !
Depuis trois générations, la famille Brunel s’occupe de meubles et d’antiquités. Aujourd’hui Philippe Brunel vend à Saint-Sever du meuble neuf, de l’occasion… et des antiquités ! C’est pour cette troisième activité
que nous l’avons rencontré.
C
’est le père de Philippe Brunel qui a mis en place une activité d’antiquaire dès 1959. « Aujourd’hui, elle ne nous suffit pas pour vivre
» commente son fils Philippe. Il définit son métier comme un travail
de mémoire sur le passé. « Nous essayons de sélectionner et de restaurer les meubles pour les restituer dans leur état d’origine. Nous avons
d’ailleurs un atelier pour les remettre en état . » Il explique qu’il n’a
pas de problème pour s’approvisionner en antiquités : « puisque nous
en sommes à la troisième génération, les gens commencent à bien nous
connaître et viennent d’eux-mêmes nous voir lorsque telle ou telle maison est à vendre ! »
Philippe Brunel : trois générations de marchands de meubles...
Entre Landes et Chalosse
Philippe Brunel apprécie les meubles de sa région : « Chaque endroit a
ses spécificités. Ici nous avons de magnifiques tables de ferme qui servaient aux vignerons pour les vendanges et venaient en complément des
tables traditionnelles. Nous avons de beaux égouttoirs et également de
très belles armoires typiques du mobilier landais et chalossais. Il y a une
différence entre les deux. Les
premières étaient plutôt dans
des maisons de gemmeurs et
donc en pin, alors qu’en Chalosse la campagne était plus
vallonnée, on utilisait du bois
de chêne et de châtaignier et
les gens étaient plus riches. »
Les Landes sont aussi un pays
de chasseurs et on trouve assez
souvent chez Philippe Brunel
des trophées de chasse ou des
objets rappelant cette activité.
Pour lui, la tendance actuelle
est à la décoration. « Le coup
d’œil compte énormément.
On est séduit par l’aspect d’un
meuble et par sa couleur plus
que par le style. De toute manière nous vendons essentielDes meubles régionaux
lement du meuble campagnard
et du meuble rustique. » Il fait
la différence entre son métier
d’antiquaire et celui de brocanteur : « le brocanteur va
tout prendre, alors que l’antiquaire fait une sélection. »
Le prix des salons
S’il dispose d’une très grande
surface d’exposition à SaintSever (il est aussi le patron du
Monsieur Meuble…) cela ne
l’empêche pas de participer à
des salons d’antiquaires comme celui d’Eauze par exemple.
« Nous avons fait jusqu’à cinq
salons par an, mais cette année je ne suis allé qu’à Eauze.
Certains salons durent jusqu’à
Un superbe vaisselier rustique
dix jours et je trouve qu’il y a
trop peu d’entrées par rapport
au nombre de jours d’ouverture. Il faut une personne sur place en permanence plus deux gars pour installer et défaire le stand et ça engage
trop de frais. Si je calcule tout ce que je dépense pour un salon d’une
dizaine de jours, ça me revient environ à trois mille euros. Il faut donc
être sûr d’avoir la bonne marchandise pour vendre. »
Chez Philippe Brunel, on
trouve de belles armoires dans
une gamme de prix s’étalant
de 750 à 2500 euros. « Je
suis plutôt spécialisé dans le
meuble utilitaire : armoires,
Des trophées de chasse
vaisseliers, tables, guéridons,
sièges, etc. »
Jean-Louis Le Breton
Philippe Brunel
Route de Tartas - ZI - 40 500 Saint-Sever
Tél. : 05 58 76 03 70
Vaisselle d’époque...
Une chaise... très utile !
Le Canard Gascon n°12
13
Antiquaires
Viviane Vitrant : l’art d’encadrer...
Viviane Vitrant, élève de Jean Cadre, s’est spécialisée dans l’encadrement. Une activité qu’elle pratique en
plus de son métier d’antiquaire à Manciet dans le Gers.
Viviane Vitrant dans son atelier d’encadrement : un vrai savoir-faire !
V
iviane Vitrant pratique l’encadrement depuis cinq ans. Elle a suivi
des cours avec Jean Cadre, pseudonyme humoristique derrière
lequel se cache Monsieur Khaifas, longtemps antiquaire à Nogaro et
grand maître de l’encadrement. « C’est un vrai métier » raconte Viviane
Vitrant, « il ne s’agit pas simplement de mettre quatre morceaux de bois
autour d’une œuvre. Il faut faire des lavis d’aquarelle, savoir tracer à
l’encre de Chine, créer des biseaux dans du carton, etc. Et on ne travaillera pas de la même façon si on veut encadrer une lithographie, une
pointe sèche ou une sanguine. Il faut savoir mettre l’œuvre en valeur.
Tout est fait à la main. »
La main à 45° !
Le biseau, qui donne l’effet de cuvette à l’encadrement, est réalisé dans
un carton bois d’une épaisseur variable. « En biaisant plus ou moins, on
obtient plus de profondeur. On peut également superposer des biseaux
pour accentuer encore cet effet. Généralement le biseau est découpé
avec un angle de 45° et tout est fait à la main avec une règle plate. Il
faut donc avoir une bonne maîtrise et de l’expérience pour ne pas rater
son biseau car on n’a pas droit à l’erreur. »
La boutique est un vrai grenier à cadres que Viviane Vitrant déniche un
peu partout et qui serviront à donner une nouvelle vie à des toiles. Si
elle-même encadre des gravures qu’elle sort de son fonds d’antiquaire
pour les proposer à la vente, des clients viennent également la voir avec
leur tableaux à encadrer sous le bras. « Parfois encore, ils choisissent
Sur cet encadrement on note le lavis d’aquarelle réalisé à main levée
14
Le Canard Gascon n°12
Une multitude de baguettes moulurées et dorées pour l’encadrement
une gravure dans la boutique et nous demandent de l’encadrer… Certains veulent réaliser eux-mêmes l’encadrement, mais lorsqu’on leur
explique dans le détail tout le processus qui demande de la patience et
de la dextérité, la plupart renonce. »
De la dorure aussi…
Son activité d’antiquaire amène aussi Viviane Vitrant à encadrer des
objets rares comme des éventails ou des pages d’herbiers anciens. Elle
pratique aussi la dorure à la feuille d’or pour la restauration de cadres
ou de miroirs anciens. Enfin elle dispose d’un large éventail de baguettes dorées et moulurées pour créer ces encadrements. « Quelqu’un qui
possède un très beau tableau du 17ème siècle doit lui mettre un encadrement de valeur et plutôt utiliser l’or fin que le cuivre. On estime que
dans une belle œuvre d’art, l’encadrement peut représenter entre 20 et
30% du prix de l’œuvre. »
L’encadrement d’une gravure peut coûter environ 50 euros. Il comprend
le verre, la baguette, le biseautage, la carte verger, le travail des filets,
le cloutage, l’assemblage, les chutes, l’anneau, les bandes collées pour
cacher les clous, etc. « Tout un travail dont les gens n’ont pas forcément
conscience… »
Jean-Louis Le Breton
Viviane Vitrant
32370 Manciet
Tél. : 05 62 03 70 42
Dans le magasin : un grand choix de cadres et de miroirs anciens
Antiquaires
Eve et Eric Joanin : la belle orfèvrerie !
Pendant vingt ans, Eve et Eric Joanin ont animé un atelier de remise en état d’orfèvrerie à Pau. Après avoir
formé quelqu’un pour reprendre cette activité ils se sont lancés dans le commerce d’objets anciens .
E
ve Joanin : «Nous proposons
beaucoup d’objets en argent
massif qui datent principalement du
19ème siècle, mais aussi des objets de
la période art nouveau et arts déco.
Ce sont principalement pour les arts
de la table. Nous recherchons tout
ce qui va embellir la maison. Ce
peut être une paire de candélabres
qui finira la décoration d’une table,
une belle jardinière, un joli légumier
avec son plat ou l’objet de charme
qui donnera une finition à un intérieur. L’argenterie s’accorde bien
avec tous les bois et tous les meubles
dans une maison.»
Eve Joanin
Le Canard Gascon : quels styles sont les plus prisés dans le domaine
de l’orfèvrerie ?
Eve Joanin : Chacun choisit selon ses goûts. Certains aimeront de l’art
déco ou du Louis XVI car ce sont des modèles dépouillés ou sobres,
d’autres aimeront des modèles plus baroques. Il y a eu beaucoup de
production au 19ème siècle et c’est la raison pour laquelle nous trouvons
plus d’objets de cette époque, où l’argenterie faisait partie du patrimoine familial, que de la précédente.
Le Canard Gascon : qui sont les orfèvres les plus célèbres ?
Eve Joanin : Certains sont connus du grand public comme Jean-Baptiste Odiot, Emile Puiforcat ou Ernest Cardeilhac. Mais des orfèvres
moins connus ont fait
des choses fabuleuses et ne demandent
qu’a être découverts.
Récemment
nous
avons eu beaucoup
de plaisir à posséder
quelques temps un
magnifique service
à thé de Falkenberg Ce service à thé exceptionnel de Debain pèse
3,8 kilos d’argent ! Valeur estimée : 4500 €
d’esprit Louis XIV. Il
y a eu une formidable
créativité dans l’orfèvrerie à toutes les époques.
Le Canard Gascon : où trouvez-vos votre argenterie ?
Eve Joanin : Nous voyageons beaucoup en France et lorsque nous ne
sommes pas sur des salons nous sommes dans notre boutique à Pau.
Nos clients viennent aussi des quatre coins de France et nous les retrouvons sur les différents salons car ils se déplacent comme nous. C’est un
virus d’aimer l’ancien !
Le Canard Gascon : êtes-vous collectionneurs vous-mêmes ?
Eve Joanin : Nous sommes nos premiers clients. Lorsque nous achetons
c’est en général sur des coups de foudre et de façon passionnelle parce
que l’objet nous parle. Mais après, il faut vite s’en détacher, sinon ce
n’est pas la peine de faire du commerce.
J.-L.L.B.
Joanin Antiquités
20, rue Henri IV - 64000 Pau - Tél. : 05 59 98 42 91 – 06 07 95 81 78
Peinture : la galerie Lhoste
L’antiquité est aussi une affaire de peinture. A Pau, la galerie Lhoste propose un grand choix de tableaux
anciens ou plus récents.
Madame Lhoste
Le Canard Gascon : Quelle est
votre spécialité ?
Madame Lhoste : Nous sommes spécialisés dans la peinture depuis le 17ème siècle
jusqu’aux années quarante.
Nous fonctionnons aux coups
de cœur en proposant des portraits, des paysages, des scènes de genre. Notre magasin
existe depuis seize ans. Il faut
du temps pour se constituer un
fond.
L.C.G. : Quels sont les sujets les plus recherchés dans la région ?
Madame Lhoste : Ce qui est très recherché par ici, ce sont les aquarelles
de Blanche Odin (1). Elle a passé ses derniers instants à Bagnères et est
très connue dans la région.
L.C.G. : Pour un galériste, je suppose que l’encadrement est important…
Madame Lhoste : Oui, nous disposons d’un stock de cadres et il faut
savoir marier les toiles nues avec le bon cadre.
L.C.G. : Quelles sont vos plus belles pièces actuellement ?
Madame Lhoste : Nous avons une belle collection de peinture de Nicolas Wacker (2), un peintre d’origine ukrainienne qui a fait toute sa
carrière comme professeur des Beaux-Arts en France. Ce sont des tableaux des années trente.
Propos recueillis par Pierre Giès
Galerie Eric Lhoste
32 r Emile Garet 64000 Pau
Tél. : 05 59 27 75 50
(1) Monique Pujo-Monfran a
écrit un livre sur les aquarelles de Blanche Odin : Passion
aquarelles (Editions Equinoxe).
(2) Nicolas Wacker est né en
1897 à Kiev et mort en 1987 à
Paris.
Le Canard Gascon n°12
15
Antiquaires
Joël Cassagnaud fait dans la dorure !
Installé à Embats, près d’Auch, Joël Cassagnaud est un amoureux de la dorure.
Q
ue ce soit autour de miroirs ou pour des cadres de tableaux,
Joël Cassagnaud a une passion pour les dorures. Il réhabilite
ainsi de nombreux objets, leur donnant une seconde vie. « J’aime
tout ce qui est doré, mais aussi les antiquités traditionnelles lorsqu’il s’agit de pièces exceptionnelles. Mais notre spécialité est de
travailler à l’or fin dans l’atelier de la maison. Le travail de dorure
est très particulier, long et fastidieux.. » Pour s’approvisionner en
miroirs anciens, qui est sa spécialité principale, Joël Cassagnaud
doit parcourir toute la France. « Souvent les gens les conservent ou
les transmettent à leurs enfants et ce
sont des objets que nous avons plus
de mal à chiner comme on dit qu’à
vendre ! »
Pierre Giès
Joël Cassagnaud s’est spécialisé dans la dorure
Joël Cassagnaud
Embats - 32000 Auch -Tél.: 06 87 12 76 75
Des miroirs remis à neuf
Aude Gabard : Autrefois en Gascogne...
Cyril Pias et Aude Gabard sont de jeunes antiquaires à Vic-Fezensac. Ils ont déniché, entre autres
objets, une belle collection de corozos !
d’une sorte de noix qu’on trouvait aux Antilles et qui était travaillée
sous forme d’œufs pour mettre du parfum solide à l’intérieur. Ces corozos datent du 18ème et 19ème siècles, époques durant lesquelles on ne
se lavait pas beaucoup et en contrepartie on se parfumait énormément !
C’est magnifiquement travaillé, on dirait de la dentelle ! » Précisons que
les corozos servaient à fabriquer de multiples objets comme des pipes,
des tabatières, des coquetiers ou même des cages à grillons !
Pierre Giès
Autrefois en Gascogne
RN 124, Lagraulas - 32190 Vic-Fezensac - Tél. : 05 62 64 45 82
Aude Gabard devant une armoire hollandaise
C
yril Pias et Aude Gabard sont installés depuis plus de trois ans à VicFezensac sous l’enseigne « Autrefois en Gascogne ». Ouverts 365
jours par an ils prouvent que la profession d’antiquaire est aussi un débouché pour les jeunes pour peu que l’on soit animé d’une vraie passion
pour les vieux objets. « Grâce
à cet emplacement situé sur
l’axe Toulouse-Biarritz, nous
recevons des clients de toute
la région. Nous proposons
des meubles et des antiquités
mais aussi des curiosités originales comme cette splendide collection de corozos.
C’est à la fois le nom de la
matière et de l’objet. Il s’agit
Un corozo finement travaillé
16
Le Canard Gascon n°12
On les utilisait pour se parfumer...
Antiquaires
Christophe Yvernot : le noir à la mode !
Originaire d’Auch et fervent amateur de rugby (il soutient à fond le FC Auch), Christophe Yvernot est aussi
un passionné d’objets anciens.
Le Canard Gascon : depuis combien de temps pratiquez-vous le
métier d’antiquaire et comment y
êtes-vous venu ?
Christophe Yvernot : Je le pratique
depuis vingt-cinq ans. J’ai été guidé par ma passion pour l’antiquité.
Puis c’est le hasard des rencontres
qui a fait que je me suis lancé dans
ce métier.
Le Canard Gascon : Quelle est vo-
Christophe Yvernot court l’Europe tre spécialité et y-a-t-il des objets
à la recherche d’objets originaux que vous préférez à d’autres ?
Christophe Yvernot : J’aime à être
généraliste car il y a énormément d’époques passionnantes. Je m’approvisionne non seulement en France mais dans l’Europe entière. Je
ramène beaucoup de mobilier suédois ancien, mais aussi des pièces
venant d’Italie, d’Espagne ou de Belgique. J’ai beaucoup de meubles
en bois teinté noir qui sont l’une des grandes tendances en ce moment.
C’est la mode du mobilier noir.
Le Canard Gascon : Trouvez-vous encore
des affaires intéressantes dans la région ?
Christophe Yvernot : Oui, il y en a toujours. Un vieil adage dit que la France
est le grenier des antiquités du monde.
D’ailleurs il ne faut pas rêver, les trois
quart de nos clients sont étrangers. Beaucoup de décorateurs et de professionnels
La mode est aux
meubles noirs.
viennent se fournir chez nous. Nous avons un show-room et nous ne
recevons que sur rendez-vous. Mais tout est cyclique car si beaucoup de
choses partent à l’étranger, nous allons également nous fournir là-bas…
c’est un cercle infernal !
P.G.
Une curiosité : les tableaux en coquillages !
Christophe Yvernot : Ces compositions en coquillages se sont faites sur
toute la façade Atlantique en partant de la Bretagne jusqu’à la côte espagnole. On pourrait les comparer à des ex-voto. Elles étaient réalisées par
les femmes des pêcheurs. Certains tableaux sont faits avec un mélange
d’épines d’oursins, de morceaux
de corail et de coquillages. Les
compositions florales sont entièrement en coquillages… C’est
classique de l’époque entre 1820
et 1850. Les cabinets de curiosité
consistaient à décorer des pièces
avec des univers de voyage : tableaux de coquillages, herbiers,
squelettes d’animaux ou animaux
empaillés. Ca a démarré au 18ème
siècle puis il y a eu une forte recrudescence au 19ème siècle.
Pro YCM
Allée Camille Claudel
32000 Auch
Tél. : 05 62 05 09 73 – 06 85 20 58 37
D’étonnantes compositions
en coquillages
Maryse Diano : d’une région à l’autre...
Maryse Diano pratique le métier d’antiquaire depuis les années 90. Elle fréquente principalement les
salons et fait des affaires dans toute la France…
M
aryse Diano : « Le salon me permet d’avoir des contacts dans les
deux sens : tant pour vendre que pour
acheter. Ce qui fait que mes meubles
viennent de toute la France. J’ai eu
très jeune la passion des antiquités, je
pense que c’était dans les gènes. Nous
sommes généralistes et nous vendons
des meubles depuis le 17ème jusqu’au
19ème siècle et qui
peuvent venir de
Maryse Diano : on la trouve
sur les salons professionnels régions différentes. Sur le salon
de Toulouse j’ai
présenté une magnifique armoire qui venait de la
région de Nîmes. L’an dernier à Arcachon, j’avais
un superbe radassier provençal avec des chaises
18ème . C’est en fait un très beau canapé quatre
places qu’on appelle localement un ‘radassier’. En
Provence personne ne l’a acheté et finalement je l’ai vendu à Lyon !
Vous voyez que c’est un métier où l’on voyage beaucoup et où les meubles circulent d’une région à l’autre ! Il y a en France une quantité et
une qualité de meuble extraordinaire… L’antiquité est aussi un placement intéressant que je conseille aux gens. Mais il faut savoir patienter
quelques temps pour que ça prenne de la valeur. »
Pierre Giès
Maryse Diano
505, route de Michard
Artigues
47150 Foulayronnes
Tél. : 06 07 13 68 92
Tableau : un Gabriel
Griffon, peintre né en
1866 à Toulouse et
mort en 1938. Il a partagé sa vie entre Nice
et Agen.
Le Canard Gascon n°12
17
Antiquaires
Philippe Decap : antiquités anglaises !
C’est sur le tard que Philippe Decap a pu se consacrer à sa passion : les antiquités anglaises qu’il commercialise aujourd’hui à Grenade-sur-l’Adour.
nels comme des grosses commodes. Mais elle s’est étendue sur une
centaine d’années et il y a eu des variations. Au début du 20ème, le style
edwardien reprend les styles anciens mais dans des bois de très bonne
qualité par des ébénistes de talent. Ce sont donc des meubles plus récents mais d’excellente facture.
Les Anglais ont inventé le métal argenté…
Philippe Decap et son épouse sont passionnés d’antiquités anglaises
« Les Anglais ont inventé le métal argenté avec le Sheffield qui était de
l’argent plaqué sur du cuivre » rappelle Philippe Decap. « Les arts de
la table sont également importants. Il y a eu énormément de fabriques
de porcelaines en Angleterre pour produire des objets très colorés avec
beaucoup de motifs de fleurs. » Au 19ème siècle, la chasse à courre était
le mode de chasse préféré de la ‘gentry’ anglaise et de nombreuses et
très belles gravures datent de cette époque.
P
hilippe Decap a passé la plus grande partie de sa vie professionnelle comme cadre chez IBM. « J’ai profité d’une offre de départ
pour me reconvertir dans les antiquités anglaises à cinquante cinq ans.
C’était déjà une passion que je partageais avec mon épouse, professeur d’anglais. Nous étions collectionneurs et nous nous rendions très
souvent en Angleterre pour chiner et effectuer des achats. C’est encore
le cas aujourd’hui puisque nous achetons 90% de notre marchandise
outre-Manche. »
Périodes victorienne et edwardienne…
Une grande partie des meubles anglais se caractérisent par le fait qu’ils
sont en bois d’acajou. « La forte histoire coloniale des anglais leur permettait d’avoir ce bois pour fabriquer des meubles de qualité à des prix
raisonnables » explique Philippe Decap. « Au 18ème et au 19ème siècles,
une grande quantité de meubles a été fabriquée Nous vendons aussi
des meubles du 20ème siècle comme ceux de la période edwardienne
par exemple. »
La période la plus connue est l’ère victorienne qui marque le début de
l’industrie au 19ème siècle. Elle se caractérise par des meubles fonction-
Des meubles utiles en acajou
…ils ont aussi inventé le dressing !
On sait que de très nombreux Anglais se sont installés dans le sudouest. Pour autant ils ne sont pas nécessairement des clients de Philippe
Decap : « ils ont souvent acheté de vieilles fermes qu’ils décorent plutôt avec des meubles régionaux un peu rustiques et quelques meubles
qu’ils ont ramené d’Angleterre. Donc nos clients sont des Français. Il
y a eu un engouement pour les meubles anglais il y a de cela une trentaine d’années. Mais il y en eu trop et trop de copies et cela a créé un
phénomène de ras-le-bol. Du coup le nombre de vendeurs de meubles
anglais a considérablement diminué. Mais il reste un certain nombre de
personnes qui sont des passionnés du meuble anglais. Il faut dire que
celui-ci est très fonctionnel. Les Anglais ont inventé le dressing par
exemple. »
Pierre Giès
La porcelaine anglaise : une réputation méritée
18
Le Canard Gascon n°12
Mahogany
61, rue du Casse 40270 Grenade-sur-Adour
Tél. : 06 12 54 34 19
Le Canard Gascon n°12
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20
Le Canard Gascon n°12
Antiquaires
Eugénie Galeraud
restauratrice... de toiles !
Eugénie Galeraud est spécialisée dans la restauration de peintures de chevalet. Une activité à la fois passionnante et à haut risque pour la santé…
Des conditions de travail
difficiles…
E
Eugénie Galeraud devant une toile en cours de restauration
ugénie Galeraud pratique la restauration de ‘peintures de chevalet’.
« Cela comprend les peintures à l’huile sur toile, bois et cuivre. Je ne
restaure pas les papiers, c’est un autre métier… » Elle pratique tous les
soins de conservation et de restauration en fonction des altérations que
l’œuvre a subies soit par le temps, par des accidents extérieurs, ou des
erreurs techniques. Eugénie a suivi quatre ans de formation dans une
école de restauration de tableaux à Paris avant de s’installer à Saint Puy
dans le Gers. « On demande
d’avoir des connaissances
d’histoire et de technique de
l’art, mais surtout une base
de chimie et de physique assez importante. » La restauration d’une œuvre répond
à des principes déontologiques dont le principal est la
réversibilité des matériaux
utilisés pour pouvoir ré-intervenir plus tard sur un tableau qui a déjà subi une restauration. « On doit pouvoir
ôter l’ancienne restauration
Un bel exemple des résultats
sans modifier la nature prode la restauration
pre de l’œuvre. »
Une polémique ancienne oppose deux écoles : l’une - la
charte de Venise - dit que
les restaurations doivent être
visibles et apparentes, l’autre
dit le contraire. « Je pense
qu’il faut minimiser les interventions sur une œuvre. La
charte de Venise défend la lisibilité de l’intervention mais
on ne peut pas l’appliquer à
toute œuvre. »
Pour restaurer des tableaux,
Eugénie Galeraud doit utiliser de nombreux produits
toxiques comme des solvants
Eugénie Galeraud au travail
qui peuvent s’avérer dangereux pour sa santé à terme.
« Dans les premières années
de nos études on nous enseigne les réactions que les solvants peuvent
amener sur le corps humain. J’essaye de prendre un maximum de précautions mais en inhalant à longueur de journées ces produits nocifs,
cela créé une fragilité. »
Pour une qualité parfaite des couleurs, elle doit travailler dans une lumière qui reproduit la lumière du jour. « C’est capital pour la qualité au
niveau des tonalités et pour une bonne lecture de l’œuvre, surtout dans
la partie réintégration culturelle. »
Eugénie Galeraud travaille à la fois pour les particuliers et pour les
monuments historiques. C’est par l’entremise de Monsieur Dubarry de
Lassale, expert renommé dans la profession, qu’Eugénie Galeraud, originaire de Normandie, s’est installée dans le Gers depuis une dizaine
d’années. Mais elle travaille dans toute la France, se déplace énormément et ne reçoit que sur rendez-vous !
J.-L. L.B.
Eugénie Galeraud
Rue Beau Soleil, 8 lots la Tourette - 32310 Saint Puy
Tél. : 05 62 28 52 59
Les Compagnons du Patrimoine
Eugénie Galeraud fait partie
d’une association de restaurateurs d’art dans le sud-ouest : les
Compagnons du Patrimoine.
En voici les adhérents.
Peintures de chevalet
Eugénie Galeraud
Rue Beau Soleil, 8 lots la Tourette
32310 Saint Puy
Tél. : 05 62 28 52 59
Mobilier, marqueterie
Porcelaine, biscuit, faïence
Livres anciens, reliure
15, rue Alsace Lorraine – 47000 Agen
Tél. : 06 80 73 73 88
10, impasse du Lac Bleu
31240 l’Union
Tél. : 05 61 74 78 51
11, rue Fermat – 31000 Toulouse
Tél. : 05 61 52 07 07
Jean-François Caillon
Bois dorés, polychromies
Françoise Worms
109, chemin de la Lande
82170 Canals
Tél. : 06 75 93 86 74
Séverine Decamus
Encadrements
Michèle Marrot
4, rue Bouquières – 31000 Toulouse
Tél. : 05 62 26 01 13
Garic-Bouville
Œuvres sur papier
Christian Olive
Château de Bernadets
64160 Bernadets
Tél. : 06 88 41 19 26
Le Canard Gascon n°12
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Artisanat
Marie-Françoise Lair, la reliure à l’ancienne !
Récemment installée à Saint-Sever dans les Landes, Marie-Françoise Lair pratique son métier de relieuse
avec talent. Une profession qui tend à disparaître mais qui est indispensable pour la sauvegarde du patrimoine culturel… et pour le plaisir du livre en tant qu’objet.
L
connu : « c’est le Beatus, qui se trouve
’atelier de Marie-Françoise Lair
actuellement à la Bibliothèque National
est situé sur la jolie petite place de
de Paris. » Réalisé au milieu du 11ème
Verdun à Saint-Sever. Il est décoré avec
siècle, cet ouvrage unique en France tégoût, montrant à quel point l’esthétique
moigne du savoir-faire de l’atelier gascon
est importante pour celle qui pratique
et présente de magnifiques enluminures.
un métier de tradition en manipulant
« Nous avons formé une association*
des matières nobles comme le cuir ou
destinée à recueillir des signatures afin
les beaux papiers. Un fond de muside faire revenir le Beatus à Saint-Sever
que classique achève de vous plonger
au moins quelques mois dans l’année. »
dans une atmosphère de détente. C’est
Lorsqu’elle s’est installée en ville, Mad’abord en touriste qu’elle a découvert
rie-Françoise Lair avait entendu parSaint-Sever et elle est tombée sous le
ler d’un projet de la mairie autour des
charme de cette ville dont l’abbatiale a
métiers d’art et dont elle souhaitait être
été construite pour des moines copistes.
partie prenante. « Finalement, ça ne s’est
« J’ai tout de suite pensé que mon mépas fait. Heureusement des amis landais
tier de relieur correspondait tout à fait
m’ont aidé à m’installer. J’ai donc déau site… ».
cidé de tenter l’aventure seule et à mon
Elle avoue avoir toujours eu la passion
compte. Dans les Landes, il y a encore
des mots, des livres et de la lecture deune tradition d’héritage et le seul relieur
puis sa petite enfance. Originaire du
du département, Monsieur Truquès à
Pas-de-Calais, elle a pratiqué une reDax, prenait sa retraite – même s’il garconversion professionnelle, suite à un
de encore une petite activité. Etant donné
licenciement économique, il y a une
l’importance des familles landaises et le
quinzaine d’années. « J’ai commencé
patrimoine transmis, il y aura toujours
la reliure en amateur, puis j’ai suivi une
des biens à restaurer. »
formation, j’ai passé des examens et j’ai
continué à prendre des cours avec des
Des cours de reliure…
grands relieurs, en particulier à l’école
Marie-Françoise Lair participe à des exEstienne de Paris. » Après avoir trapositions pour présenter son métier et
vaillé comme prestataire de services,
compte sur le bouche à oreille pour se
elle décide finalement de s’installer à
Marie-Françoise Lair a installé son atelier à Saint-Sever,
faire connaître. « Monsieur Truquès et
Saint-Sever il y a environ deux ans. « Je
ville de tradition des moines copistes
moi-même sommes les deux seuls recherchais un lieu convivial, esthétique,
lieurs du département inscrits à la chamfonctionnel et rationnel où chaque personne venant chez moi se trouve bien dans une atmosphère plaisante. » bre des métiers. Je sais que certaines associations pratiquent la reliure,
mais elles ne sont pas formées par des professionnels. Ce sont donc des
amateurs qui forment des amateurs et je trouve que ce travail va plus
Le Beatus de Saint-Sever
dans le sens de la destruction du livre que de sa conservation. » C’est
Saint-Sever est d’ailleurs le lieu où a été écrit le plus vieux manuscrit aussi pourquoi Marie-Françoise donne elle-même des cours de reliure
Dans cet étau, le livre est maintenu solidement
et son dos sera martelé pour créer un arrondi.
22
Le Canard Gascon n°12
Le choix des papiers et des cuirs est primordial
pour la qualité et l’esthétique de la reliure.
« Quand on me confie un livre,
on me raconte son histoire... »
dans son atelier. « Je formais déjà des
gens dans le Nord. J’avais une soixantaine d’élèves à Lille et j’ai présenté
plusieurs personnes au CAP. »
La reliure est un métier long à apprendre et il faut de nombreuses années
pour atteindre la perfection technique.
Les compétences sont variées : il faut
savoir choisir les papiers, les cuirs,
connaître les techniques de couture, de
martelage, de dorure… « On ne fait pas
de reliure par hasard comme on fait de
l’encadrement ou du cartonnage. Relier est un acte profond. C’est un apprentissage de patience et d’humilité. Le papier a eu une vie avant nous
et nous ne sommes pas son maître. C’est tout un chemin intérieur. »
Les travaux qui l’ont marquée
Elle aime beaucoup travailler pour les particuliers. « Quand on me
confie un livre, on me raconte son histoire, d’où il provient et pourquoi le choix de cet auteur. Cela me permet de mettre beaucoup d’âme
dans mon travail. Certaines reliures m’ont beaucoup marqué : j’ai relié
le journal intime d’une personne qui était atteinte d’un cancer et qui
voulait transmettre un souvenir à son mari et ses enfants. Elle a écrit
jusqu’à tomber dans le coma. On ne relie pas ce genre d’ouvrage sans
émotion. J’ai aussi relié des lettres qu’un prisonnier de guerre envoyait
à sa fille qui avait cinq ans. Chaque lettre était accompagnée d’un dessin retraçant sa captivité. J’ai également relié des lettres qu’un jeune
homme envoyait à sa bien-aimée pendant la guerre d’Algérie. Mais
les parents les interceptaient et elle croyait qu’il l’avait abandonnée.
Elle les a retrouvées bien plus tard. Entre temps elle s’était mariée avec
quelqu’un d’autre puis était devenue veuve. Elle a pu alors revoir son
amoureux de l’époque et m’a fait relier les lettres pour les lui offrir lors
de leur premier dîner. » Comme on le voit, la reliure ne s’arrête pas aux
livres mais elle concerne aussi des papiers plus personnels comme des
courriers ou des manuscrits.
La presse est l’outil indispensable du relieur : un mécanisme
très ancien mais toujours utilisé de nos jours.
Des outils anciens
Dans son atelier, Marie-Françoise Lair dispose d’une batterie de vieux
outils qui font aussi le charme de sa profession. La presse en est l’un des
instruments principaux. « Le papier respire et a tendance à gonfler. La
presse permet de faire un vide d’air mais aussi de maintenir les collages
ou de redonner des formes. » Elle pratique, entre autres, la reliure de
type Bradel, du nom de son inventeur, qui se présente sous forme d’un
emboîtage avec le dos qui n’est pas collé aux cahiers. L’ouvrage peut
dès lors s’ouvrir complètement et sans risque de cassure. Elle possède
aussi un outil de dorure à balancier dont elle vient de faire l’acquisition
et qu’elle n’a pas encore utilisé mais qui lui ouvre de nouvelles perspectives.
L’atelier d’un relieur se caractérise enfin par les matières premières.
Marie-Françoise Lair expose – et commercialise – une grande variété
de papiers de textures et de coloris différents. Bref, si vous êtes amateur
de beaux livres et de jolis cartonnages, ne manquez pas de lui rendre
visite. Vous apprécierez son talent, son sens de l’accueil et l’aménagement de son lieu de travail.
Jean-Louis Le Breton
Marie-Françoise Lair
7, place Verdun 40500 SAINT SEVER
05 58 76 35 22
* Association Saint-Sever 2010
Le papier respire et a tendance à gonfler. La presse permet de
faire le vide d’air et aussi de maintenir les collages.
Classique ou moderne, chaque reliure peut être personnalisée
en fonction de l’ouvrage et de son propriétaire.
Le Canard Gascon n°12
23
Jacky Gaglione
E
lle a le charme discret et réservé des dames bien élevées mais sa
peinture de la nature éclate de couleurs et de mouvements. Jackie
Gaglione est née à Marseille. Elle a vécu dans le village de Roquevert
près d’Aubagne jusqu’à l’âge de 16 ans. Son père marin naviguait sur
les bateaux qui effectuaient des aller-retours entre Alger et Marseille.
Son adolescence s’est d’ailleurs déroulée entre l’Algérie et la France
jusqu’à l’indépendance qui a fixé la famille une fois pour toutes dans
la cité phocéenne.
Enfant, elle était déjà douée pour le dessin et ses professeurs la poussaient dans cette voie. Mais ses parents n’ont pas accepté qu’elle
entre aux beaux-arts. Amère déception pour cette artiste en herbe.
Elle s’est donc formée seule au fil des ans. Et il faudra attendre les
années quatre-vingts pour voir ses premières expositions à Antibes,
Menton ou Saint-Jean Cap-Ferrat. Elle gagne des prix, obtient la
reconnaissance de la critique et son travail original plaît. Mariée à
Claude Sintès, un fonctionnaire des douanes, elle quitte les bords de
la méditerranée pour vivre deux ans en Guyane. Dans la luxuriance de
la végétation tropicale, elle ressent une émotion encore plus forte pour
la couleur et sa peinture devient éclatante.
Elle n’a découvert la Gascogne que récemment au hasard d’une promenade touristique. Claude étant un jeune retraité, ils s’installent sur
un coup de cœur en Armagnac. Jackie plante son chevalet dans les
bois et les vallons, au bord des lacs et près des forêts. Les paysages
verdoyants sont pour elle une source d’inspiration et elle réalise une
série de toiles où son coup de pinceau, son sens de la couleur et sa
vision du ciel font merveille.
Jean-Louis Le Breton
Jackie Gaglione
Tél. : 06 77 69 65 56
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Le Canard Gascon n°12
Photos de Serge Lafourcade
Lafo- 03
Jacky Gaglione
Le Canard Gascon n°12
25
Artisanat
Michel Dulau : un ébéniste à part...
Michel Dulau est créateur de commodes originales. Artiste plus qu’artisan, c’est aussi une forte personnalité que la vie n’a pas toujours ménagé mais qui continue opiniâtrement son travail dans l’atelier hérité de
son père. Têtu, il a décidé de ne fabriquer que ce qui lui plaît et refuse toute commande. Rencontre avec un
personnage hors du commun.
M
ichel Dulau est né à Paris
d’un père landais - ébéniste - et d’une mère parisienne.
Il travaille aujourd’hui à Montde-Marsan dans l’atelier bâti
par son père et vit dans la maison adjacente avec sa mère et sa
compagne. « Pendant la guerre,
la maison où habitaient mes parents dans la capitale a été réMichel Dulau : beaucoup de
quisitionnée par les Allemands.
passion chez cet ébéniste pas
Comme toute la famille de mon
toujours... commode !
père habitait encore les Landes,
nous sommes revenus sur Montde-Marsan. Finalement mes parents ont acheté un terrain et construit
dessus une petite maison. »
A cette époque Michel Dulau n’était qu’un gamin. « Mon père a rapidement retrouvé du travail comme ébéniste aux établissements Chenou.
C’était en plein centre ville, et ils employaient une dizaine d’ouvriers.
Ils ont disparu maintenant… Et moi-même j’y ai travaillé avant de partir en Algérie. Ensuite, dans les années cinquante, mon père s’est mis à
son compte. »
Un tournant dans sa carrière
Le mal de vivre issu de ces années difficiles fini par se traduire par des
difficultés dans sa vie de famille, encore accentuées par la perte de sa
fille. Michel Dulau est un écorché vif, mais il s’accroche à son métier.
Sorti de l’influence de son père au caractère bien trempé, il développe à
son tour ses propres qualités. « A un certain moment, je me suis dit que
je devais prendre un tournant et faire ce dont j’avais envie. Je me suis
spécialisé dans les commodes. Et j’ai décidé de ne plus fabriquer que
ça. Avant, nous produisions de tout avec mon père : des salles à manger,
des bonnetières, des fauteuils, des sommiers, etc. J’aimais travailler,
mais je n’aimais pas fabriquer sur commande. Aujourd’hui je créé mes
commodes, je fais ce que je veux. Les gens les voient et les achètent si
elles leur plaisent. »
Le plaisir de créer
Peut-être avait-il lui-même été frustré de création puisqu’à une certaine
époque, son père s’occupait des meubles et Michel Dulau ne faisait
De l’Algérie à l’établi…
Le petit Michel apprend alors son métier en regardant travailler son
père. « J’ai aussi suivi quatre années d’école, près des arènes pour passer mon CAP de menuisier et d’ébéniste. J’étais d‘ailleurs le seul en
ébénisterie…. On apprenait aussi à travailler le fer. C’était une école
très importante qui n’existe plus aujourd’hui. » Son père, une forte personnalité, a récolté de nombreux diplômes et médailles. Il a participé à
plusieurs concours dont celui de meilleur ouvrier de France. « Il avait
du caractère et moi aussi. Il m’a placé deux ans chez Chenou, puis après
je suis parti pour l’Algérie : Oran, Alger, Mostaganem… j’ai fait toute
la côte et heureusement, je n’ai tué personne. Mais même aujourd’hui
je ne comprends pas ce que j’ai été faire là-bas ! » En rentrant, il a du
mal à se réadapter la vie normale. Son père l’embauche pour travailler à
l’atelier. « Il est décédé en 1982, mais j’ai continué l’affaire. »
Michel Dulau dans l’atelier hérité de son père :
tout commence par du dessin !
26
Le Canard Gascon n°12
Un remarquable travail du bois : « plus il y a de difficulté et plus c’est
intéressant. Si c’est pour faire du ‘droit’, c’est nul ! »
plus que la tapisserie, en particulier celle des fauteuils et des canapés.
Une technique dans laquelle il excelle et qu’il utilise encore parfois
aujourd’hui pour certains de ses modèles originaux de commodes. Car
Michel Dulau est un créateur. Il ne crée jamais deux fois le même meuble et s’applique à fabriquer des objets qui lui procurent un véritable
plaisir d’artiste. Si certaines de ses commodes peuvent paraître classiques dans leur facture, d’autres sont carrément sorties d’une imagination à la limite du surréalisme comme les livres à tiroir, les « valisescommode » ou la paire de jambes à tiroirs. « Elles sont toutes signées et
numérotées. Il n’y a pas de style… c’est du Dulau ! »
La majorité de ses créations se font dans du merisier, mais il travaille
parfois le chêne. « Tout est fait à la main, chantourné à la main, travaillé
à l’ancienne. » Chaque tiroir est doté de poignées originales qui sont
parfois en cuivre, en bronze ou en verre. « Je vais jusqu’à Orthez pour
dénicher des poignées originales, mais c’est de plus en plus dur à trouver. On me dit d’aller à Saint-Ouen, mais vous n’imaginez pas que je
vais me déplacer jusque là pour ça ! »
« Tout est fait à la main, travaillé
à l’ancienne... »
Ce ne sont pas des livres... c’est une commode à tiroirs.
Une création originale de Michel Dulau !
Difficile d’en vivre…
La contrepartie de cette indépendance d’esprit et de création se traduit
dans son chiffre d’affaires. « Aujourd’hui, heureusement, je n’attends
pas après cela pour vivre. Je n’ai pas de magasin. Je présente mes modèles dans le hall de ma maison et je participe à quelques salons. La
plupart des ébénistes font de tout : des placards de cuisine, des tables
etc. Moi je ne fais que du ‘beau’, en tout cas j’essaye. Et là, on ne
peut pas en vivre. Je défie quiconque d’en vivre ! » Mais il fourmille
d’idées. « Si c’est pour faire des meubles comme tout le monde, personne ne viendra chez moi. Les gens se déplacent parce qu’ils veulent
voir quelque chose d’original. Je dessine beaucoup avant de travailler.
On m’invite pour exposer mes modèles. Je suis allé au Palais des papes
en Avignon et plus récemment à Mirepoix en Ariège. Nous étions cinq
ou six invités, c’était formidable il y avait de tout : des meubles en
béton, des meubles de hippies des années soixante… mais des gars qui
savent bosser ! C’était sur le thème du fou… (rires). J’ai amené mes
pièces les plus originales. »
Il peut passer jusqu’à trois mois pour fabriquer une commode. Il adore
les arrondis et toutes les difficultés de fabrication. « Pour les pieds c’est
taillé dans la masse. D’autres panneaux sont mouillés et galbés avec des
gabarits. Plus il y a de difficultés et plus c’est intéressant. Si c’est pour
faire du droit… c’est nul ! » Ses prix sont très raisonnables (à partir de
1500 euros) pour des créations originales. « Vu le temps que j’y consacre, je ne gagne même pas le smic… Mais c’est un plaisir. » Il faut
savoir que le merisier coûte environ 2000 euros le mètre-cube.
Encore une commode originale : trois fausses valises...à tiroir !
Des caches et des petits mots...
Sur chaque commode il applique sa signature et un symbole personnel.
Pour rester dans la tradition des ébénistes, il dispose des caches, des
doubles fonds pour que l’utilisateur puisse y placer des effets personnels. Mais il va plus loin en dissimulant des petits mots écrits sur du papier puis roulés à l’intérieur d’un trou rebouché. « Je parle du temps, de
comment s’est déroulée la journée et de mes états d’âme. Après j’oublie
où je les ai mis et je ne suis pas fichu de les retrouver », commente-t-il
en riant. « Moi-même, lorsqu’il m’est arrivé de réparer certains meubles, j’ai retrouvé des lettres très anciennes ! Dans le temps on faisait
beaucoup de caches et ça m’a inspiré. C’est un petit plus qui donne une
valeur au meuble. »
Michel Dulau est une personnalité attachante, un ébéniste comme
on n’en fait plus beaucoup. Alors
si vous passez par Mont-de-Marsan, ne manquez pas de lui rendre
visite !
Jean-Louis Le Breton
Chaque meuble est signé...
Michel Dulau, 672 rue Péglé
40 000 Mont-de-Marsan
Tél.: 05 58 75 10 48
Marqueterie, style épuré, recherche de poignées originales :
tout le savoir faire de Michel Dulau, créateur inclassable.
Chaque commode contient une ou plusieurs caches. Ici un coffret
habilement dissimulé sous le plateau et uniquement accessible si
l’on retire le tiroir du haut. !
Le Canard Gascon n°12
27
Economie
Michaël Ehmann :
pionnier du Pop-Corn européen !
A 41 ans, l’Allemand Michaël Ehmann est devenu le leader européen du maïs à pop-corn avec sa société
Nataïs. Une activité qu’il a développé dans le Gers à Bézéril, près de Gimont et qui connaît un succès
croissant grâce au pop-corn « micro-ondable » ! En 2005, Nataïs a réalisé 12 millions d’euros de chiffre
d’affaires dont 85 % à l’export.
France à cultiver du maïs à éclater
Le Canard Gascon :
de façon significative et à proposer
Comment vous est venue
en Europe une alternative au popl’idée de produire du maïs
corn américain.
à pop-corn ?
Le Canard Gascon : Le pop-corn
Michael Ehmann : Lors d’un voyaest-il aujourd’hui un débouché intége aux Etats-Unis, d’où est origiressant pour des agriculteurs ?
naire mon épouse, j’ai découvert la
Michael Ehmann : On peut le dire.
culture du maïs pour le pop-corn.
Cela permet de sécuriser un revenu
J’ai ramené des semences et j’ai
intéressant. Ici, 120 agriculteurs trafait des tests sur mon exploitation
vaillent déjà pour nous et représenagricole. Je suis plutôt curieux et
tent une surface de 2500 hectares.
j’avais envie d’essayer de nouEn 2007 nous allons encore nous
velles choses. Le maïs à éclater
développer et les surfaces devraient
est une variété très particulière. Il
avoisiner 3000 hectares. Il y a des
est vitreux avec un grain très dur.
aides de la PAC sur ce type de maïs.
J’ai d’abord démarré par une petite
surface. J’ai trouvé mon premier Michaël Ehmann a hissé Nataïs au premier rang des producteurs euro- Et malgré les variations du marché,
ça reste une culture plus intéressante
client, puis nous avons augmenté péens de pop-corn. Il mise aujourd’hui sur le pop-corn micro-ondable.
que le maïs de consommation. En
les surfaces. Ensuite j’ai cherché
contrepartie, nous avons des exigences envers nos producteurs pour ce
d’autres agriculteurs qui désormais produisent pour nous.
qui est de la traçabilité, par exemple.
Le Canard Gascon : Pourquoi vous êtes-vous installé dans le sud-ouest ?
Michael Ehmann : Mon père avait acheté une exploitation agricole en Le Canard Gascon : Sur quel type de marché êtes-vous présent ?
1981 ici dans le Gers entre Gimont et Samatan, à Bézéril. Il faisait du Michael Ehmann : Actuellement nous travaillons sur deux marchés.
maïs de consommation, du tournesol, du colza et du blé. Nous avons D’abord le pop-corn à éclater en tant que matière première que nous
fondé la société en 1991 avec Robert Millet, un agriculteur installé dans fournissons à différentes sociétés : des cinémas ou des industriels qui
le Gers. Elle s’appelait « Pop-Corn Midi-Pyrénées ». En 2005, nous le commercialisent eux-mêmes. Ensuite, le pop-corn que l’on utilise
avons séparé nos activités. Robert Millet produit désormais du maïs avec un four micro-onde et que nous commercialisons directement.
doux. J’ai continué seul avec le pop-corn et la société a été rebaptisée C’est cette seconde activité que nous souhaitons développer de façon
intensive. Aux Etats-Unis, 60 à 70% du pop-corn est commercialisé
Nataïs.
sous forme micro-ondable et nous sommes convaincus qu’il y aura la
même évolution en Europe. Ce pop-corn a deux avantages : au niveau
Le Canard Gascon : Votre premier client était français ?
Michael Ehmann : Non, c’était un client allemand. Il était décidé à créer logistique il est plus facile à transporter car il prend moins de place que
du pop-corn à éclater pour l’Europe car jusque là, tout le pop-corn était le pop-corn éclaté mais surtout quand on l’éclate chez soi il est plus frais
importé des Etats-Unis. Nous avons donc été la première société en et meilleur qu’un produit déjà éclaté à l’avance. C’est donc un concept
tourné vers l’avenir et qui va prendre la place du produit standard.
Située à Bézéril près de Gimont, l’entreprise s’est engagée
dans une démarche de développement durable.
28
Le Canard Gascon n°12
Nataïs a développé un outil industriel spécifique et unique en Europe
pour ensacher du pop-corn à passer au micro-onde.
« L’avenir est au pop-corn
micro-ondes ! »
La tour de tri : le maïs y est déposé par les camions puis hissé au sommet afin de passer par les différents tamis.
Grâce à des moyens électroniques sophistiqués, chaque grain
est calibré et évalué avant d’être sélectionné.
Le Canard Gascon : Traditionnellement, on le faisait éclater dans une
poêle avec un peu d’huile. Au micro-onde, retrouve-t-on la même qualité gustative ?
Michael Ehmann : C’est mieux encore. La qualité est parfaitement maîtrisée car le produit a été étudié. C’est amusant à faire, pratique et en
plus on ne salit pas de casserole.
Le Canard Gascon : Quelle est votre production ?
Michael Ehmann : 15 000 tonnes de maïs à éclater. Le marché global de
l’Europe est d’environ 50 000 à 60 000 tonnes.
Des hangars servent à stocker le pop-corn. Ici, environ deux mois de
production d’avance...
Le Canard Gascon : Vous avez des concurrents ?
Michael Ehmann : Sur la matière première, nous avons des concurrents
en France, en Espagne et en Hongrie. Sur le pop-corn micro-ondable
on a des concurrents en Espagne. Mais le dynamisme commercial et le
fait qu’on soit les premiers en Europe à l’avoir fait nous place comme
leaders sur ce marché.
Le Canard Gascon : Utilisez-vous du maïs OGM ?
Michael Ehmann : Non. Nos semences viennent des Etats-Unis mais
sont garanties sans OGM. Il n’y a pas en Europe de semenciers qui fassent des recherches sur le maïs à éclater. C’est une niche. Les volumes
sont faibles et la recherche sur ce domaine n’est pas rentable en Europe.
Mais nous avons des partenariats avec des semenciers aux Etats-Unis
pour faire évoluer le produit. Pour nous il est très important que nos
clients soient sécurisés sur le fait que notre maïs est sans OGM.
Le Canard Gascon : L’usine est relativement importante et en pleine
campagne. Etes-vous aussi animé par un souci environnemental ?
Michael Ehmann : L’entreprise est engagée dans une démarche de développement durable. Je suis absolument convaincu que nous avons une
responsabilité sur le plan environnemental et social. Nous allons donc
commencer à mettre en place de l’agriculture raisonnée avec un certain
nombre de nos producteurs : on ne traite les cultures que lorsque c’est
vraiment nécessaire, on établit des seuils, on fait une fertilisation sur
chaque parcelle en fonction de l’analyse des sols. C’est à mi-chemin
entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique.
Le Canard Gascon : Aujourd’hui, vous vous sentez Gascon ?
Michael Ehmann : Je suis définitivement installé en France, mais je
me sens Européen. Je n’ai pas encore demandé la nationalité française,
mais je me sens parfaitement intégré ici.
Propos recueillis par Jean-Louis Le Breton
(1) Salon International de l’Alimentation
Le Canard Gascon : Votre équipe est-elle importante ?
Michael Ehmann : Nous sommes cinquante personnes en tout. Cinq
d’entre elles travaillent au commercial, sept travaillent pour la partie
administrative et le reste en production. Nous participons à beaucoup
de salons internationaux agro-alimentaires. Par exemple en participant
au SIAL (1) à Paris en octobre nous avons reçu des visiteurs d’une
trentaine de pays différents.
Pour le consommateur, les produits Nataïs apparaissent sous la marque Maxi-Pop,
essentiellement dans les grandes surfaces.
Le Canard Gascon : Peut-on imaginer que votre pop-corn se vende un
jour aux Etats-Unis ?
Michael Ehmann : C’est comme si des Américains voulaient vendre du
foie gras en France. On peut toujours l’imaginer, mais nous ne serions
pas compétitifs. Leur marché est très développé et donc la concurrence
est particulièrement rude.
Le Canard Gascon n°12
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Le Canard Gascon n°12
Agriculture
La 34ème Foire au Matériel Agricole
de Barcelonne-du-Gers
Du 9 au 11 février 2007, la foire agricole de Barcelonne-du-Gers fêtera sa 34ème édition. Organisée par de
jeunes agriculteurs elle accueille plus de 500 exposants et on y attend plus de 120 000 visiteurs !
I
ls sont aujourd’hui plus
d’une soixantaine de jeunes
agriculteurs, sous la houlette
du président Bruno Ducom,
pour organiser ce qui est bien
plus qu’une foire au matériel
agricole d’occasion. En effet,
au fil des ans, cette manifestation s’est considérablement
développée et l’on y vient pas
seulement pour y trouver un
tracteur.
Lors de sa création en 1973,
ils n’étaient que 13 exposants !
Avec désormais plus de 500
Bruno Ducom, le Président de la Foire. stands et un montant de transactions estimé en 2006 à plus
de 8 millions d’euros on voit que cette foire est une réussite financière.
Bien sûr, les ventes de matériel d’occasion sont le cœur même de la
manifestation, mais aussi un élément économique important sur la région. En effet, la révision et la préparation du matériel exposé génère en
cumul 30 emplois à plein temps !
Des débats sur le monde agricole
Au-delà de la foire elle-même, chaque année est l’occasion pour les
agriculteurs d’organiser un grand débat en collaboration avec le quotidien Sud-Ouest. Les grands sujets de l’actualité de l’agriculture et de
l’environnement y sont évoqués sans tabous : OGM, bio-carburants et
l’avenir des agriculteurs ont été les grands thèmes de ces trois dernières
éditions. A l’heure où nous mettons sous presse, le thème de 2007 n’a
pas encore été décidé. Chacun de ces
dossiers attire une
foule
nombreuse
mais aussi des personnalités importantes : ministres, chercheurs, représentants
syndicaux, responsables
politiques,
acteurs industriels et
économiques.
La foire s’étend sur plus de 4 hectares
Une équipe de jeunes agriculteurs dévoués et bénévoles
Les autres activités…
La foire qui s’étend sur une surface quatre hectares accueille également
les concessionnaires de matériel agricole neuf. Pas moins d’une centaine d’entre eux sont représentés. Les animaux sont aussi présents puisque de nombreux éleveurs viennent présenter leurs bêtes, en particulier
les races blondes d’Aquitaine et charolaises l’an passé. Dans les rues
de Barcelonne, 500 camelots venus de la France entière exposent des
produits du terroir et des objets en tous genres (vêtements, quincaillerie, meubles, ustensiles, etc.). Enfin un marché de la voiture d’occasion
complète ce dispositif. Vous l’avez compris : la foire de Barcelonne-duGers est devenu un événement incontournable du grand sud-ouest et
pendant trois jours elle intéressera tous les habitants de la région, agriculteurs ou non !
Jean-Louis
Le Breton
Comité de Foire des
Jeunes Agriculteurs
BP 6- 32720
Barcelonne-du-Gers
Tél. : 05 62 09 49 06
www.
foiredebarcelonne.com
Un formidable marché de matériel agricole !
Le Canard Gascon n°12
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Agriculture
Les tracteurs d’hier à aujourd’hui !
En plus d’un siècle, les machines agricoles ont considérablement évolué. Le tracteur en est le symbole le
plus éclatant. Il est aussi le premier outil de travail de l’agriculteur. Si le tracteur d’aujourd’hui n’a rien à
envier aux berlines de luxe (voir articles pages suivantes), les machines d’antan restent dans nos mémoires
et témoignent d’un passé révolu.
L
e tracteur a été inventé au 19ème siècle
au début de l’ère industrielle. Il devait
remplacer le cheval ou le bœuf pour tracter
les machines agricoles toujours plus lourdes. Les surfaces à cultiver ne cessaient de
s’agrandir et il fallait donc songer à mécaniser. Un premier modèle à vapeur fut créé
par le français Barat en 1849 (le premier
véhicule à vapeur a été inventé par NicolasJoseph Cugnot en 1769 !). Mais ce sont
les Anglais Aveline et Porter qui, en 1870,
mettent au point une machine capable de
tirer 33 tonnes à la vitesse de 7,5 km/h.
Vingt ans plus tard aux Etats-Unis, Benjamin Burger réalise le premier tracteur fonctionnant au pétrole. En 1904, un autre américain, Benjamin Holt, a l’idée de remplacer
les roues par des chenilles permettant ainsi
au tracteur de se déplacer sur tout type de
terrain. Si la chenille ne connu pas un grand
succès dans le monde agricole, l’idée fut
cependant reprise à des fins militaires pour
créer les premiers chars d’assaut !
Le Français Gougis, en 1906, imagine d’utiliser une partie de la puissance du tracteur
pour actionner une lieuse. En 1930, les frères allemands Fendt commercialisent un
tracteur à moteur Diesel d’une puissance de
6 chevaux vapeur. C’est après la guerre que
le tracteur connut un formidable essor aux
Etats-Unis et en Europe.
Toujours plus gros...
Aujourd’hui, le monde agricole change.
Souvent les enfants d’agriculteurs ne reprennent pas les exploitations des parents
qui sont cédées à celui qui possède le plus
de terres. En conséquence les machines sont
donc devenues beaucoup plus grosses et
peuvent traiter de grandes surfaces.
Sophie Lefloch
Modèle Case 1918
© Lisa F. Young - Fotolia
Tracteur Ford 1917
Machine John Deere 1934
Le tracteur est le premier outil de l’agriculteur qui reste attaché à ses machines anciennes
Les dates importantes dans l’histoire du tracteur
· 1849 premier tracteur à vapeur : Barat, France
· 1870 premier tracteur à vapeur capable de tirer
33 tonnes : Aveline et Porter, Grande Bretagne
· 1890 premier tracteur au pétrole : Benjamin
Burger, Etats-Unis
· 1892, premier tracteur à essence : John
Froelich, Etats-Unis 1904, premier tracteur à
chenilles : Benjamin Holt, Etats-Unis
· 1906, premier tracteur pouvant actionner une
lieuse : Gougis, France
· 1917, premier tracteur à chassis de fonte,
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Le Canard Gascon n°12
4 roues acier : Ford, Etats-Unis
· 1924, Farmhall tractor, premier tracteur à usages multiples (labour, hersage...) (International
Harvester, USA)
· 1928, premier tracteur à pneus de caoutchouc
en Floride. Il fut perfectionné par les sociétés
F.B. Goodrich (1931) et Firestone Tire & Rubber
(1932)
· 1939 premier tracteur à outils portés opérationnel (Harry Ferguson, Etats-Unis)
Massey Harris 1950
Agriculture
Philippe Duvignau :
le tracteur selon Massey-Ferguson !
A Beauvais dans l’Oise, le constructeur Massey-Ferguson fabrique des tracteurs pour le monde entier. Il en
produit 18 000 par an. Rencontre avec Philippe Duvignau, concessionnaire dans les Landes à Aire-sur-l’Adour
et dans le Gers à Vic-Fezensac. Pour lui, la vente de machines agricoles est une affaire de famille !
Philippe Duvignau : depuis trois générations la famille est spécialisée
dans la fourniture de machines agricoles...
est bourré d’électronique.
Les ordinateurs de bord
calculent la consommation
en fonction des superficies
à travailler et des régimes
à utiliser. Ils gèrent aussi
le taux de patinage. Et très
bientôt ces tracteurs fonctionneront avec le GPS. Sur
La cabine du tracteur moderne
le plan confort, les cabines
est bourrée d’électronique !
sont spacieuses et climatisées. Les sièges ont des
compresseurs intégrés, il sont chauffants et protègent parfaitement les
lombaires.
Le Canard Gascon : Vendre des tracteurs, c’est une affaire de famille ?
Philippe Duvignau : Oui ! Je représente la troisième génération ! Mes
grand-parents ont démarré l’affaire en 1930. Ils étaient à la fois agriculteurs et entrepreneurs. Mon grand-père possédait plusieurs machines de
battage et il allait moissonner chez les clients. Pour le blé on utilisait la
batteuse à l’ancienne comme on en voit encore de temps en temps avec
la grande courroie. J’ai vu mon père et mon oncle travailler sur ce type
de machine. En 1956 mes parents et mon oncle ont pris la concession
Massey-Ferguson. Cette marque a été créée par deux Anglais, Daniel
Massey et Alanson Harris qui se sont installés au Canada en 1847 puis
qui ont fusionné leurs activités en 1891. Et en 1956 ils se sont unis avec
l’Irlandais Harry Ferguson.
L.C.G. : Combien coûte un tracteur, hors options ?
Philippe Duvignau : On va de 10 000 à 90 000 euros. Massey Ferguson
propose des solutions de financement qui s’étalent la plupart du temps
de cinq à sept ans. Le tracteur peut durer jusqu’à vingt ans, mais généralement dès que l’agriculteur l’a amorti il renouvelle le matériel. Les
produits évoluent sans cesse au niveau des moteurs et du confort. Pour
l’agriculteur, c’est le principal outil de travail !
Propos recueillis par Jean-Louis Le Breton
L.C.G. : Vous-même, quand avez-vous commencé ce métier ?
Philippe Duvignau : Mes parents étaient originaires d’Aire-sur-l’Adour.
J’ai intégré l’affaire en 1976. Mon épouse Mado travaille avec moi. Notre fils Thierry nous a rejoint au commercial il y a trois ans et notre fille
Valérie, depuis début octobre, s’occupe de secrétariat et de comptabilité.
En une génération, le métier a considérablement évolué. Mes parents
recevaient leurs premiers tracteurs en kits dans des caisses en bois et
devaient les assembler entièrement ! Désormais tout est différent. Les
machines sont plus importantes, plus performantes et depuis une vingtaine d’années l’électronique est arrivée sur les tracteurs et gère toutes
les commandes.
Elu « machine de l’année 2006 » à Agritechnica, le MF 6400 est décliné en 12 modèles de 90 à 215 chevaux. Les moteurs sont gérés
électroniquement pour une consommation adaptée. Le volume sonore
dans la cabine a été ramené à 71 db. Il dispose d’une climatisation
automatique en option. Le siège pivotant comporte un soutien lombaire. Le couple reste élevé, même à des régimes descendant jusqu’à
1000 tours/minute.
Le MF 6400
L.C.G. : Comment expliquer l’augmentation impressionnante de la
taille des tracteurs ?
Philippe Duvignau : Dans les années soixante il y avait beaucoup de
petites fermes avec des surfaces de vingt à trente hectares. Les tracteurs
étaient petits. Aujourd’hui ces fermiers ont pour la plupart disparu et ont
été racheté par des voisins qui ont agrandi leur surface d’exploitation.
On a donc moins de personnes qui travaillent sur de plus grandes surfaces et les tracteurs sont beaucoup plus gros. On vend donc maintenant
moins de tracteurs mais avec des puissances plus importantes.
L.C.G. : Quel est le ‘top’ du tracteur chez Massey-Ferguson ?
Philippe Duvignau : C’est actuellement un tracteur de 300 chevaux. Il
Avec le coût du carburant qui augmente sans cesse, les constructeurs
ont développé des systèmes pointus de gestion de la consommation.
Le Canard Gascon n°12
33
Agriculture
Raymond Noguès :
il vend des tracteurs... de Claas !
Originaire du Lot-et-Garonne, Raymond Noguès a toujours vécu dans le monde agricole. Il est aujourd’hui
le concessionnaire de la marque Claas qui a repris les activités de machines agricoles de Renault.
naude en 1989, l’affaire faisait 15 millions de francs de chiffre et l’année suivante nous avons doublé en gardant le même personnel. Et il
s’est passé la même chose lorsque j’ai repris tout en 2004 : l’année
suivante nous avons encore doublé le chiffre d’affaires ! Mais nous
avons été obligés d’embaucher du personnel en plus…
L
Raymond Noguès et sa fille Marina
animent la concession Claas à Eauze.
es parents de Raymond Noguès étaient des ouvriers agricoles.
Lui-même a commencé comme conducteur d’une pelle mécanique avant de trouver sa place dans le monde des fournisseurs
de matériel agricole. Autodidacte, il est aujourd’hui à la tête de la
concession Claas à Eauze. Cette entreprise allemande fondée en
1913 par August Claas en Westphalie, est devenue l’actionnaire
majoritaire de Renault Agriculture en 2003. A Eauze, c’est sous le
nom de « Darnaude » que la concession a été créée.
Le Canard Gascon : Pourquoi votre société s’appelle-t-elle
« Darnaude » et non pas « Noguès » ?
Raymond Noguès : C’est Marius Darnaude qui a fondé la société. Je
suis entré comme vendeur en 1988, puis en 1989 je me suis associé
avec lui avant de reprendre complètement l’affaire en 2004 et j’ai souhaité conserver le nom. Ma fille Marina m’a rejoint il y a trois ans et
mon fils de 21 ans devrait bientôt entrer dans l’entreprise. La maison
mère est à Eauze, mais nous avons une succursale à Condom, une
autre à Montréal-du-Gers et nous employons vingt-huit personnes..
L.C.G.: L’affaire s’est donc considérablement développée…
Raymond Noguès : Oui, lorsque je me suis associé avec Marius Dar-
L’Allemand Claas a repris les activités de
Renault Agriculture
34
Le Canard Gascon n°12
L.C.G.: Pourquoi Claas a-t-il remplacé Renault ?
Raymond Noguès : La société Claas est numéro Un mondial des
moissonneuses-batteuses et des ensileuses. De son côté, Renault avait
fait l’effort de monter un réseau de concessionnaires proches des agriculteurs. Je pense que c’est ce qui a incité Claas a racheter Renault
Agriculture. Aujourd’hui les usines et le personnel Renault ont été
conservés et ils fabriquent pour Claas. Au travers de Claas, les tracteurs s’exportent dans toute l’Europe et dans le monde entier. Claas va
rivaliser avec John Deere, le numéro Un mondial. Claas a des usines
en Allemagne mais pas pour les tracteurs. Le tout nouveau tracteur qui
vient de sortir et qui s’appelle l’Axion nous a été présenté à Evreux et
il est fabriqué en France.
L.C.G.: Le design est-il important pour les tracteurs ?
Raymond Noguès : Oui, c’est devenu un point important. Il y a des
codes couleur qui sont pour nous le vert et le rouge. Ça démarre à la
façade et ça s’étend jusqu’à l’atelier avec les combinaisons des gars,
les cartes de visite, le papier à en-tête : tout est pensé ! Nous avons la
chance d’être concessionnaire exclusif et on ne travaille qu’avec une
seule marque.
L.C.G.: Votre travail est-il semblable à celui d’un concessionnaire de
voitures ?
Raymond Noguès : Il s’en rapproche de plus en plus. La méthodologie est très semblable, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques
années. Et comme pour les voitures, nous sommes obligés de former
des gars de façon spécifique pour qu’ils puissent aller dépanner les
tracteurs. On touche évidemment une catégorie spécifique de clients
qui sont les agriculteurs et certains industriels. Mais on achète de plus
en plus les tracteurs sur des critères variés. Les jeunes sont friands de
L’Axion est le dernier né de la gamme Claas
Agriculture
établit le diagnostic. Et on ne peut intervenir que si les mécanos ont été
spécifiquement formés. D’ailleurs nous les envoyons une à deux fois
par an en stage à Evreux.
L.C.G.: Quelles sont les caractéristiques de l’Axion ?
Raymond Noguès : Ce tout nouveau tracteur sera livré en mars. Il va
jouer dans la cour des grands avec des possibilités intéressantes comme
celle de pouvoir faire varier la puissance du moteur avec 30% de réserve de couple en permanence. Cela permet une économie de carburant
que personne n’a actuellement sur le marché français. C’est une façon
de lutter contre la pollution. D’ailleurs Claas investit énormément dans
la recherche.
Les cabines de pilotage : un look de capsulte spatiale !
nouveautés et de tout ce qui va faciliter leur travail. Par exemple tout est
automatisé et robotisé dans les nouvelles machines. Si on programme
« route » au lieu de « champ », le tracteur sait qu’il circule sur une route
et se comporte différemment. Un petit joystick sert à changer les rapports, c’est impressionnant !
L.C.G.: Et pour l’entretien ?
Raymond Noguès : Chaque mécano travaille avec un ordinateur. Avant
toute intervention, on branche l’ordinateur dans la cabine. C’est lui qui
L.C.G.: Peut-on faire rouler ces machines avec de l’huile végétale ?
Raymond Noguès : Nos clients ne le font pas encore mais je souhaite
que ça vienne. J’aimerais qu’à l’avenir les jachères soient ensemencées pour produire du biocarburant. Si l’agriculture va dans ce sens,
ça aidera tout le monde. D’ailleurs les moteurs sont déjà prévus pour
tourner avec des biocarburants.
L.C.G.: Quel prix faut-il compter quand on veut investir
dans un tracteur ?
Raymond Noguès : Pour la vigne le prix de départ d’un tracteur oscille
entre 35 000 et 40 000 euros. Pour les champs, ça démarre vers 40 000
euros et ça peut monter jusqu’à 100 000 euros ! Le taux de renouvellement d’un tracteur est d’environ cinq ans.
Propos recueillis par Jean-Louis Le Breton
Le Canard Gascon n°12
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Habitat
Se chauffer au bois !
Le bois redevient en France un mode de chauffage très prisé grâce à des innovations technologiques…
souvent dues à l’imagination de nos voisins ! Son succès est aussi une conséquence de l’augmentation
démesurée des prix du fuel et du gaz. Sans oublier le côté écologique et le charme de pouvoir regarder de
jolies flammes tremblotantes.
Q
ue demander de plus ? s’interroge Paul
Gee, un Britannique installé à Auch,
dont le magasin, rue Victor Hugo (l’ancienne
route de Condom et Vic-Fezensac) propose
toutes sortes de cuisinières, poêles et chaudières à bois. « Le bois, c’est moins cher. C’est
écologique. Cela sent bon, chauffe très bien.
C’est beau à regarder. Et en plus l’Etat vous
rembourse 50% du montant de votre investissement au titre de l’utilisation des énergies
Paul Gee
renouvelables avec des matériels à haut rendement ! »
Aujourd’hui, nous sommes très loin du simple poêle « Godin » de nos
grands-parents. Les matériels sont maintenant très beaux, très performants, avec de moins en moins de contraintes. Les marques viennent
de pays où le bois a toujours été un chauffage de tradition : Allemagne,
Autriche, Finlande. Mais aussi de pays dans lesquels la notion d’écologie est plus profondément ancrée que chez nous : Grande-Bretagne, Danemark, Italie. Les appareils ? On peut les diviser en quatre catégories.
Des cuisinières en fonte émaillée
leur douce. Mais on peut aussi chauffer
l’eau sanitaire de la maison dans un ballon approprié, voire utiliser la cuisinière
comme la chaudière de tout un système de
chauffage central à circulation d’eau. Pour
l’été, on ne va quand même pas allumer le
feu quand il fait 35°, le chauffage de l’eau
sanitaire peut alors être assuré par une
installation de panneaux solaires. Dans le
même style, on, remarque les cuisinières
de la marque autrichienne « Lohberger ».
On obtient des puissances atteignant 250
kw, de quoi chauffer toute une maison de
250 m². Et, au ralenti, la charge de bois
peut durer aisément toute la nuit. Pas besoin de se lever pour recharger.
Des poêles britanniques ou scandinaves
Ces poêles ressemblent aux appareils que nous avons vus dans notre
enfance. Mais maintenant, ils sont dits « à double combustion ». Cela
se traduit par un rendement proche de 95%. Il n’y a presque plus de
cendres ni de fumée. Tout se consume. Avec un poêle de la taille d’une
petite machine à laver (mais beaucoup plus beau), on peut chauffer un
espace non cloisonné de 100 m², même avec de très hauts plafonds. Les
appareils sont toujours vitrés et permettent d’admirer le ballet des flammes. Les marques sont anglaise comme « Clearview Stoves » au design
retro inimitable ou danoise comme « Scan » avec un look très contemporain. Certains de ces appareils peuvent servir de base à un système de
chauffage central à circulation d’eau chaude.
Le poêle-masse, merveille écologique
Des cuisinières au design et au charme à l’ancienne
Pour la campagne, les cuisinières nous rappellent notre enfance. Elles sont bleues, pain brûlé voire d’autres couleurs pastels. La marque
anglaise « Rayburn » (filiale de AGA, label bien connu) est présentée
comme la « Rolls » des cuisinières. C’est beau, massif, solide, efficace
et cher ! Mais quel objet de décoration ! Les prix ? A partir de 3 000
Euros.
La cuisinière sait maintenant être « à haut rendement », c’est-à-dire que
la combustion du bois est optimisée à 80% minimum. On peut faire la
cuisine (à l’ancienne) sur la plaque de cuisson ou dans le four à la cha-
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Le Canard Gascon n°12
Le charme du bois...
Le summum est atteint avec ce que l’on appelle le « poêle-masse ».
Etes-vous allés en Autriche ou en Bavière voire en Alsace ? Des pays
réputés froids ! Vous avez vu dans les auberges de village une énorme
construction arrondie ou cubique en céramique, en partie encastrée dans
le mur de façon à chauffer plusieurs pièces
à la fois. Et bien, c’est cela un « poêle-masse ». Les Finlandais (un pays où on atteint
facilement les moins 30 ou moins l’hiver)
ont optimisé le système avec l’emploi d’une
pierre appelée « stéatite » (aussi nommée
« pierre à savon »). Les poêles de la marque
« Tulikivi » pèsent plusieurs tonnes. Durant deux heures, on chauffe cette masse de
pierre en allumant, à l’intérieur, un bon feu
de bois. Puis, plus besoin de flamme. Durant une bonne vingtaine d’heures, la masse
de pierre - véritable accumulateur de chaleur - va agir par rayonnement et conserver
la pièce (ou la maison tout entière) dans une
agréable température ; même s’il gèle audehors. Avec 30 kilos de bois par jour, on
peut chauffer toute la maison.
« C’est moins cher, écologique, ça sent bon et ça
chauffe bien... »
Le prix ? A partir de 11 000
euros. C’est un moyen extrêmement économique, terriblement écologique, superbe
sur le plan esthétique ; cher
à l’achat mais après, que
d’économies. Par contre, cela
prend de la place et le plan
de la maison est extrêmement
La petite taille des granulés
important. C’est d’ailleurs ce
(ici à côté de gélules)
plan que vous demandera la
marque pour tout devis d’installation. Si vous construisez une maison nouvelle, on peut dire qu’elle
peut être calculée « autour du poêle ». Deux heures de chauffe au bois
par jour et une maison chaude le reste du temps. Quel rêve !
Les chaudières à granulés de bois
Enfin, dernier système à étudier : une chaudière classique de chauffage
central à installer dans votre cave ou votre buanderie, là encore dite « à
haut rendement ». Le combustible ? Du bois en granulés, comparables
à des gélules pharmaceutiques. L’alimentation est automatique, par vis
sans fin. Plus besoin de recharger le feu. Par contre, il faut un espace
de stockage des granulés à proximité de la chaudière. La régulation se
fait automatiquement par thermostat. Deux systèmes sont possibles :
les radiateurs traditionnels « à haute température » ou bien un plancher chauffant « à basse température ». Les granulés coûtent à ce jour
environ 250 euros la tonne mais les prix ont tendance à baisser car la
Tradition et modernité : se chauffer au bois est sain, et c’est beau !
demande est toujours plus forte et de nouvelles usines sont en cours
d’implantation, dans les Landes notamment. Pour chauffer une maison
bien isolée de 100 m², il faut prévoir environ 3 tonnes de granulés pour
la saison. Vous l’avez compris, le bois est très certainement un mode
de chauffage de grand avenir. Et quel plaisir de sentir cette odeur si
agréable dans votre maison.
Jean-Paul Amic
Etablissements Paul Gee, 159 rue Victor Hugo, 32000 Auch
Tél.: 05 62 63 37 84
A voir : le site internet www.tulikivi.com pour mieux comprendre.
Le Canard Gascon n°12
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Confrrie
Les Chevaliers du pruneau d’Agen
Le Lot-et-Garonne a rendu les fameux Pruneaux d’Agen célèbres dans toute la France (et même en dehors
de nos frontières)! Une confrérie a donc été créée pour vanter leurs qualités !
Une tenue couleur prune !
«
Les Chevaliers du pruneau d’Agen
Tout a commencé en 1969 » déclare M. Roncari, le Grand Chancelier de la Compagnie des Chevaliers du Pruneau d’Agen « avec un
groupe de commerçants qui s’occupaient de la Foire du Pin (qui se tient
le deuxième dimanche de septembre sur la Place du Pin à Agen, d’où
son nom). C’était l’époque de la récolte des prunes et ils étaient à la
recherche d’une idée d’animation. Aucun d’entre eux n’avait un rapport
avec la culture ou le négoce des pruneaux ! Mais le pruneau, c’est le
renom d’Agen ! » De cette équipe des premiers Compagnons, il ne reste
aujourd’hui qu’une seule personne. Mais la confrérie s’est pérennisée et
elle tient son chapitre annuel le premier week-end de septembre. Durant
trois jours, c’est la grande fête du pruneau.
Un fruit venu des Croisades
Mais comment fait-on un pruneau ? A partir des prunes d’ente que l’on
fait déshydrater doucement (en 3 séchages successifs ou par passage
dans un tunnel à séchage continu). Pour obtenir 1 kilo de pruneaux, il
faut entre 3 et 3,5 kilos de prunes d’ente.
Et cette prune dite « d’ente » ce sont les Croisés qui l’ont ramenée du
Moyen-Orient au 12ème siècle. Il s’agissait d’une espèce greffée, originaire de Syrie probablement. La récolte a lieu entre le 25 août et le 25
septembre.
38
Le Canard Gascon n°12
Evidemment, la tenue des Compagnons du
Pruneau d’Agen se devait d’être de couleur prune ! La chemise, la cape et le béret
ont donc les tonalités de ce fruit. Le panLa clisse et le blason
talon, quant à lui, est rayé gris et noir. Le
Grand Conseil arbore un cordon prune et
vert auquel est suspendu une clisse miniature supportant le blason de la
ville d’Agen. C’est cet objet vestimentaire qui sera remis aux nouveaux
promus, lors de chaque intronisation. La clisse ? C’était une sorte de
clayette en bois, en forme de raquette, sur laquelle on faisait, autrefois,
sécher les pruneaux.
Le Grand Conseil compte un Grand Maître (le doyen), un Grand Chancelier, un Grand Connétable, un Grand Argentier, un Grand Chambellan, un Grand Echevin, un Grand Intendant, un Grand Prévost, un Grand
Officier de bouche et un Grand Trouvère. Comme dans les armées sudaméricaines de légende, il n’y a que des généraux ! Ces membres se
réunissent à Agen tous les premiers mardis du mois autour d’un dîner.
Mais, comme à ses débuts, la direction de la confrérie ne compte aucun
professionnel du pruneau ! Bien qu’elle soit toute dévouée à la cause
du pruneau.
Plus de 300 chevaliers intronisés à ce jour
La confrérie a déjà intronisé environ 340 personnes depuis sa création.
Au nombre de celles-ci, on compte des ministres, des parlementaires,
des grands noms du rugby, des préfets, des vedettes de la télévision
d’hier et aujourd’hui, des jockeys célèbres, etc.
Tous les impétrants s’engagent, bien sûr, à défendre de leur mieux le
renom et la consommation des pruneaux d’Agen ! Ce fruit ramené des
Croisades.
Jean-Paul Amic
Compagnie des Chevaliers du Pruneau d’Agen, 29 rue Neuve, 47000 Agen
Antiques in the days
of… globalization !
Copies of French antique objects made in Eastern
Europe and the Far East for a Belgian company
are being sold in Gascony by a Dutch antique
dealer. Antiques have gone global too, in short.
Antiquaire et…
mondialisation !
 
Une antiquaire hollandaise vend, en Gascogne, des copies d’objets français anciens commanditées par une société belge et réalisées en Europe de l’Est et en Asie. Le marché des « antiquités »
est lui aussi au siècle de la mondialisation !
Steffi Stevens lives in a lovely old farmhouse in
Steffi Stevens habite une jolie ferme traditionnelle en Haute-Gathe Haute-Garonne area in the village of Péguilronne, dans le village de Péguilhan, à quelques kilomètres de Bouhan, a mile or so from Boulogne-sur-Gesse, at the
logne sur Gesse, là où ce département jouxte ceux du Gers et des
confines of the Haute-Garonne, Gers and HautesHautes-Pyrénées. Une impression de confort « cosy » émane de
Pyrénées districts. The place could not be more
Steffi Stevens
l’ensemble et elle a su respecter les murs en pisé laissés à nu et les
comfortable and cozy, and she has had the good
colombages intérieurs. Le visiteur, tombé sous le charme du lieu se
sense to leave the old mud-covered walls and indit : « Quelle belle maison »… Et pourtant tout ici est à vendre ! Et
door half-timbering the way the way they were. A visitor is struck
la plupart des objets et meubles « anciens » sont des copies récentes
by the beauty of the place, yet everything in it is for sale ! Most of
« made in Romania » ou « made in India » via la Belgique…
the “antiques” are in fact recent copies, made either in Romania or
India, and have come here via Belgium.
Steffi est hollandaise, originaire de la région de
Steffi is Dutch, a native of the region of
Tilburg, dans le sud des Pays-Bas où elle posTilburg in the South of Holland, where
sédait un haras ; épouse de businessman, elle
she used to own a stud farm; married to
s’occupait beaucoup de décoration. Un vrai
a businessman, she did a great deal of dehobby pour elle, amoureuse d’objets insolites.
corating, as a way of indulging her love
Puis, il y a 8 ans, le couple vient s’installer en
of unusual objects. Eight years ago they
France et achète ensuite cette ferme gasconne
both moved to France, and bought the faril y a maintenant 4 ans. Notre Néerlandaise démhouse in question some four years later.
cide alors de se lancer dans un petit commerce
That is when Steffi decided to start a small
de copies (légales) d’objets régionaux français
business selling (altogether legal) copies
anciens. Elle connaît, en Belgique flamande,
of French regional antiques, working with
une société spécialisée dans la commandite et
Everything is for sale...
a Flemish company that specializes in the
la commercialisation de tels objets, réalisés - il
commissioning and marketing of these
faut le dire - avec une minutie remarquable.
(truly well made) items.
« Ma maison n’est pas un magasin mais je reçois volon“My house is not a shop, but I am happy to welcome
tiers les personnes qui me téléphonent au préalable. Chez
people who call me for an appointment. In my house
moi, on peut tout acheter ! Imaginez que la majorité des
everything is for sale ! Just think how most couples have
couples vont manger durant 40 ou 50 ans sur la même
their meals on the same table for 40 or 50 years ! Do you
table ! Ma table vous plaît ? Je vous la vends ! J’aime
like this table ? I will sell it to you ! I like to change the
changer régulièrement mon cadre de vie ! »
things around here !”
The things Steffi Stevens sells are truly good-looking
Steffi Stevens propose notamment de très beaux objets en
cast-iron objects, such as bowls, decorative tassels
fonte : vasques, glands décoratifs (d’une cinquantaine de
(some fifty kilos’ worth), chandeliers, wall lamps, and
kilos), chandeliers, lanternes murales, etc. Egalement de
the like. Also such attractive small items of furniture as
très beaux petits meubles tels que porte-manteaux, casiers
coat racks, magazine racks, benches, etc. The door handles are hià revues, sièges, etc. A signaler aussi de très originales poignées
ghly original as well. Her prices ? A mere fraction of “genuine”
de portes. Les prix ? Cinq à dix fois moins chers que de « vraies
antiques ! Copies of a Boulle chest
» antiquités ! Bien sûr, il n’est pas question
of drawers would of course be out of
de copier une commode Boulle mais pour de
the question, yet every one of these
petits objets décoratifs, vous serez agréablesmall decorative objects come as a
ment surpris ! Alors, un coup de téléphone,
wonderful surprise, so do not hesiune visite à Péguilhan et peut être un coup
tate to call and make an appointment
de foudre pour un objet ! Probablement une
at Péguilhan for a visit to the most
bonne affaire !
wonderful of treasure troves.
Jean-Paul Amic
Jean-Paul Amic
Trad. Nina de Voogd
Robert et Steffi STEVENS, Busquet d’En Bas,
Robert and Steffi STEVENS,
Busquet d’En Bas, 31350 Péguilhan.
Tél.: 05 61 94 19 03
31350 Péguilhan. Tél : 05 61 94 19 03
Le Canard Gascon n°12
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L’industrie agro-alimentaire sur la sellette
Un DVD intitulé The Future Of Food (Quel Avenir pour notre Assiette ?) vient jeter une lumière sans
complaisance sur l’industrie agro-alimentaire, ses buts et ses stratégies.
C
e documentaire d’environ une
heure et demie produit aux EtatsUnis par Deborah Koons Garcia
avec la collaboration de responsables
américains, canadiens et mexicains
de la santé publique, de la justice,
l’agriculture et l’économie vient
d’être publié en version française par
mk2 Editions.
Il retrace l’histoire de l’agriculture des 19ème et 20ème siècles,
l’introduction de la biogénétique, les
raisonnements qui ont sous-tendu
cette introduction, les résultats qui
en ont découlé et l’opposition que
celle-ci suscite à travers l’hémisphère
nord-américain. Un des aspects les
plus controversés de l’industrie de
la biogénétique est le brevetage de
semences, pratique inédite jusqu’en
1978 qui non seulement rend obsolète
le savoir de générations d’agriculteurs ayant oeuvré pour la sauvegarde
de la biodiversité indispensable à
l’équilibre de la planète, mais qui,
par une série d’effets pervers et de
calculs mercantiles, s’est avérée
hautement néfaste pour le consommateur, le contribuable, l’agriculteur, en
matière de santé publique et d’économie, ainsi que pour l’environnement
et sa biodiversité.
Après avoir posé la question de
savoir s’il est bien rationnel et raisonnable de breveter des organismes
vivants, le documentaire s’étend,
avec force détails, sur le fait que la
somme de savoir traditionnel des
agriculteurs est en passe de se perdre
et ne bénéficie d’aucune protection
au regard du droit international sur
les brevets.
Au 19ème siècle 5 000 variétés de
pommes de terre étaient cultivées de
par le monde. Les seuls Etats-Unis
produisaient plus de 7 000 variétés de
pommes. 97% des variétés de plantes
cultivées au début du 20ème siècle
pour l’alimentation ont aujourd’hui
disparu. Légèrement modifiés, les gaz
toxiques utilisés dans l’armement de
la Seconde Guerre mondiale sont devenus les premiers engrais chimiques
pesticides à base de nitrates pour
l’agriculture de l’après-guerre. Cette
innovation a stimulé la course à un
système de production homologuée à
meilleur rendement, moins laborieux
et à plus grande échelle, apte à nourrir la terre entière et, bien entendu,
40
Le Canard Gascon n°12
moins cher. Cela a donné lieu à la
monoculture, et son corollaire, un
vide écologique avec ses invasions
de parasites et de maladies. Ainsi
les agriculteurs ont été pris au piège,
car plus ils utilisaient de pesticides,
plus il fallait en diffuser. Cet usage
grandissant de pesticides et d’herbicides a augmenté les coûts, pollué les
eaux et s’est révélé dangereux pour
la santé humaine. En 1970 la société
Monsanto a mis sur le marché son
produit Roundup, l’herbicide le plus
vendu dans le monde.
La quête d’un système d’agriculture
standard valable pour la terre entière
a mené à des recherches en laboratoire dans le domaine de la modification
génétique, fortement encouragées
aux Etats-Unis par le gouvernement
ultra-libéral du Président Reagan. En
1978 l’agriculture du 20ème siècle
prit un véritable tournant lorsqu’un
ingénieur employé par la société
General Electric a soumis à l’Office
des Brevets un gène de son invention
capable de digérer le pétrole. La demande fut refusée pour des raisons de
principes constitutionnels et éthiques,
mais la firme insista et fit monter
l’affaire jusqu’à la Cour Suprême,
où elle fut approuvée par cinq voix
contre quatre. Bien que par la suite ce
brevet n’ait jamais été exploité, cette
autorisation a été la porte ouverte au
brevetage de gènes de semences de
blé, de colza, de maïs et de coton. Il
faut noter au passage que la question
du brevetage sur le vivant n’a jamais
été soumise à un référendum auprès
de la population américaine, ni à un
vote au Congrès des Etats-Unis.
La course au brevetage des semences
ayant été lancée, les grands producteurs de pesticides et d’herbicides tels
que Monsanto et autres ont pendant
les années 90 acheté des brevets à
tour de bras, ce qui fait dire à un des
personnages interviewés dans ce documentaire qu’en fait “les fabricants
de pesticides ont acheté le secteur des
semenciers”. A elle seule, la société
Monsanto serait aujourd’hui propriétaire de quelque 11 000 brevets,
pour un prix total de 8 milliards de
dollars. Le jeu en valait évidemment
la chandelle, car celui qui contrôle la
production des graines est maître de
la chaîne alimentaire.
L’autorisation de breveter le vivant
a amené la société Monsanto à une
interprétation selon laquelle elle est
propriétaire de tout organisme dans
lequel se trouve un gène breveté
par elle. Cette interprétation est très
lourde de conséquences, comme
en témoigne le cas de l’agriculteur
canadien Percy Schmeiser poursuivi
par Monsanto pour avoir replanté
sur ses terres quelques plants de
colza contaminés à son insu par des
semences transgéniques Monsanto. A
la suite de plusieurs procès qui l’ont
ruiné, M. Schmeiser a été condamné
par la Cour Suprême du Canada, qui
a estimé que le brevet de Monsanto
avait été enfreint en dépit du fait que
l’agriculteur, lui, n’y était pour rien.
Le cas de M. Schmeiser est loin
d’être un cas isolé au Canada et la
partie occidentale des Etats-Unis,
où de nombreux agriculteurs ont été
poursuivis pour des raisons identiques. Contrairement à M. Schmeiser,
la plupart d’entre eux ont payé des indemnités à Monsanto pour échapper à
des poursuites judiciaires coûteuses,
mais ont été contraints de signer des
accords les obligeant à garder le silence. Sur le conseil de leurs avocats,
ils s’abstiennent désormais de ressemer les graines qu’ils ont passé leur
vie à sélectionner, sous peine de se
heurter à de nouvelles revendications
de la part de Monsanto. Ainsi, la mort
dans l’âme, M. Schmeiser a brûlé une
demie tonne de ses propres semences,
le résultat de cinquante ans de travail
réputé pour sa grande qualité.
Une telle perte d’autonomie pour
l’agriculteur américain, canadien et
mexicain soumis à la toute-puissance
des brevets constitue une menace tout
aussi redoutable pour le monde agricole dans le reste du monde, grâce
aux règles de l’OMC. L’agriculteur
dit conventionnel, tout autant que
celui qui aurait succombé au chant
de sirène des grandes multinationales et accepté de cultiver leurs
semences transgéniques, risquent fort
de se retrouver, à l’instar de leurs
homologues nord-américains, réduits
à l’état d’employés de Monsanto et
Cie. sur leurs propres exploitations.
Constatation qui contredit le discours
selon lequel les deux types de culture,
conventionnel et transgénique,
peuvent co-exister, mais comme
l’observe un des témoins interviewés
dans ce documentaire, les multinatio-
nales en question n’en sont pas à une
contradiction près : elles évoquent le
caractère inédit de leurs trouvailles en
matière de gènes nouveaux pour les
faire breveter, alors que pour imposer
ces mêmes semences au monde
agricole elles les présentent comme
de simples variétés.
THE FUTURE OF FOOD se penche
par ailleurs sur les nombreux effets
pervers que subit le marché de l’agroalimentaire, tant aux Etats-Unis et en
Europe que dans les pays émergeants,
par un système standardisé et hypercentralisé régenté par une poignée de
grands groupes qui enregistrent des
bénéfices records, tandis que de nombreux petits agriculteurs américains
sont contraints d’aller chercher des
emplois hors de leurs fermes dans le
seul but de pouvoir faire face au coût
des semences, engrais et pesticides,
c’est-à-dire, de financer Monsanto et
compagnie.
Il démontre également que dans le
domaine de la recherche scientifique,
seuls les chercheurs et universités
acquis à la pensée unique du même
nombre restreint de grands agro-industriels sont financés par eux. Un
chercheur de l’Université de Californie à Berkeley note le manque de
diversité intellectuelle qui en résulte,
aussi dangereuse, à ses yeux, que la
perte de biodiversité qui, elle, est exposée à des risques incalculables par
des cultures basées sur des variétés
uniques prônées par ceux qui aspirent
à devenir les maîtres du monde.
Le documentaire conclut son exposé par des images d’exemples de
résistance de la part d’agriculteurs
et de consommateurs, notamment
dans l’ouest des Etats-Unis, où se
sont créés de petites coopératives ad
hoc pour la vente directe de produits
locaux, dans un esprit de partage
et convivialité. Le narrateur nous
rappelle qu’en fin de compte c’est
tout de même le consommateur qui
est roi, mais que c’est à lui qu’il
appartient d’être bien informé.
A bon entendeur...
Nina de Voogd
DVD – THE FUTURE OF FOOD
Mk2Editions 2006
www.thefutureoffood.com
The wages of agribusiness
A DVD produced in the United States under the title The Future Of Food takes agribusiness to task and
sheds light on its goals and strategies.
A
documentary that runs for
about an hour and a half, it was
produced by Deborah Garcia Koons
in collaboration with a number of
American, Canadian and Mexican officials in the domain of public health,
science, agriculture and economics.
It retraces the history of 19th and
20th century American agriculture
all the way up to the introduction of
biogenetics, the reasoning that informed this innovation, its consequences
and the resistance it is encountering
throughout the North American
continent.
Among the most controversial
features of the biogenetics industry is
the practice of patenting grain seeds,
something that until 1978 had been
unheard of. Not only has it sidelined
the know-how handed down by
generations of farmers, but due to
its market distortions and relentless
focus on profitability, it has proved
to be a disaster for consumers,
taxpayers and farmers alike, both
where public health and the economy
are concerned, to say nothing of the
environment and the biodiversity
essential to the planet’s survival..
The documentary raises the question
of the wisdom and sanity of patenting
living organisms, and goes on to spell
out the many ways in which the traditional know-how and experience of
farmers is being lost, unprotected as
these are by the reach of international
patent law.
In the 19th century some 5.000
varieties of potato were cultivated
all over the world. The United States
alone produced over 7.000 varieties
of apple. 97% varieties of plants
cultivated in the early 20th century
for food consumption have now
disappeared. In slightly modified
form, the toxic gases used to make
World War II bombs became the
first chemical pesticide fertilizers
used in postwar agriculture, which
in turn entailed a search for a more
standardized, less labor-intensive but
high-yield system of agriculture that
would feed the population of the entire planet at less cost. The next step
was the development of single crops,
with their inevitable consequence,
veritable invasions of parasites and
diseases. This proved to be a trap
for farmers, for the more pesticides
they used, the more spraying they
needed to do. The rise in the use of
pesticides and herbicides thus raised
costs, polluted ground waters and has
been shown to affect human health.
Monsanto first marketed its product
known as Roundup, the best-selling
herbicide, in 1970.
The notion of a world-wide standard
agricultural system led to laboratory research in the field of genetic
modification of grain seeds, a trend
that was strongly encouraged in the
United States by the Reagan administration. In 1978 agriculture took an
altogether new turn when a chemical
engineer on the payroll of General
Electric submitted to the U.S. Patent
Office a gene he had created that
was capable of digesting petroleum
products . His application was turned
down on ethical and constitutional
grounds, but General Electic stood
its ground and took the matter all the
way up to the Supreme Court, where
the application was approved by
five votes to four. While the patent
in question was subsequently never
used, this decision opened the door to
the patenting of other genes, namely
genetically modified seeds of wheat,
canola, corn and cotton. It may be
worth noting that the mere notion of
patenting living organisms was never
submitted to a referendum among the
American population at large, nor to
a vote in the U.S. Congress.
Once the race for patents was under
way, mayor pesticide and herbicide
producers like Monsanto et. al. spent
the nineties buying up seed patents
right and left, which leads one of
the officials interviewed here to say
that, in a word “the pesticide industry
bought up the grain industry”. Today,
the Monsanto company alone is said
to own some 11.000 patents, and to
have spent about 8 billion dollars, but
then, whoever controls the production of grains also controls the entire
food chain.
The authorization to patent living
organisms has led the Monsanto
company to claim that it is the legal
owner of any organism containing a
gene on which it holds the patent, an
interpretation that has far-reaching
consequences. A Canadian farmer
named Percy Schmeiser was sued
by Monsanto for having replanted
on his own land some canola seeds
that, unbeknownst to him, had been
contaminated by Monsanto’s genetically modified seeds. After several
years of legal procedures that left Mr.
Schmeiser a ruined man, Canada’s
Supreme Court ruled against him,
arguing that Monsanto’s patent had
been infringed, no matter what Mr.
Schmeiser’s motives had been.
The case of Mr. Schmeiser is not
unique in Canada or the western
United States, where many farmers
have been sued for similar reasons.
Unlike Mr. Schmeiser, however,
most of them chose to pay damages
to the Monsanto company rather than
face lengthy legal procedures they
could not afford, but have had to
sign agreements committing them to
abstain from comment of any kind.
Their lawyers have advised them to
refrain from replanting their own
seeds, which they have spent years
to improve, for fear of being taken
to court all over again by Monsanto
and company. Mr. Schmeiser actually
burnt half a ton of his own store
of seeds known for their premium
quality, the result of fifty years of
hard work.
The loss of independence inflicted
on American, Canadian and Mexican
farmers by the primacy of patents
also spells trouble for farmers elsewhere in the world, given the rules
of the World Trade Agreement. Both
traditional farmers and the ones who
are lured into switching to genetically
modified crops risk ending up as
mere employees of Monsanto et. al.
on their very own lands, just as their
North American brethren have. A
state of affairs that is at odds with the
claim that both types of crop, traditional and genetically modified, can
exist side by side, but as one of the
officials speaking his mind for this
documentary puts it, contradictions
do not bother multinational giants :
they will claim highly innovative
features for the modified seeds they
want to have patented, while marketing the same seeds as just one more
variety.
Europe as well as the developing
world, due to the standardization and
overly centralized system run by a
handful of large and powerful groups
tallying up huge profits, while a good
many small American farmers must
look for employment on the outside
to help them pay for their seeds, fertilizers and pesticides, which is to say,
to finance Monsanto and company.
It also demonstrates how, when it
comes to scientific research, only
those scientists and universities
who go along with the theories
and philosophy of the same small
group of agribusiness giants will
receive their financial backing. This
leads a scientist at the University of
California at Berkeley to say that the
resulting lack of intellectual diversity
is in his view at least as dangerous as
the dwindling degree of biodiversity,
for as he puts it, damage of any sort
to crops based on the few varieties
relentlessly promoted by those who
hope to dominate worldwide food
production would entail incalculable
consequences..
The documentary ends by illustrating instances of resistance to this
system put up by groups of farmers
and consumers, in particular in the
western part of the United States,
where small informal cooperatives
have sprung up that sell local produce
directly to the consumer, thereby
creating a convivial form of trade that
benefits all concerned. The narrator
reminds the viewer that, when all is
said and done, the consumer is still
king, after all, and that it is up to him
to make sure he is well informed.
Caveat emptor, in other words...
Nina de Voogd
DVD – THE FUTURE OF FOOD
Mk2Editions 2006
www.thefutureoffood.com
THE FUTURE OF FOOD also discusses at some length the economic
distortions suffered by the food
market, both in the United States and
Le Canard Gascon n°12
41
Librairie
Les éditions des 2 encres
Nous avons mis en place un partenariat avec la maison d’édition Les 2 Encres pour proposer à nos lecteurs
des titres récents issus de ses différentes collections : essais, romans, témoignages de vies, etc. Alors que la télé
et le multimédia ont envahi nos existences, la lecture reste un moment d’évasion personnel pour beaucoup
d’entre nous. Vous pouvez commander les ouvrages présentés en utilisant le bulletin de bas de page.
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Au travers des dix nouvelles qui composent ce recueil,
un parfum de terroir et d’authenticité nous conduit sur
les chemins de traverse des campagnes du Sud-Ouest,
notamment celles du Gers, terre d’histoire et de gastronomie, aux personnages parfois hauts en couleur.
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Format : 14,5x20,5 - pages : 134 Prix : 13,00 euros
Sauveteurs de la dernière chance
Thierry Velu
Plus qu’un métier, c’est une vocation qui anime Thierry
Velu, sapeur-pompier et président d’une ONG, le GSCF
(Groupe de Secours Catastrophe Français). Au cours du
récit, nous découvrons l’action d’un homme à la tête d’une
organisation de secouristes bénévoles qui interviennent
dans le monde entier.
C’est aussi un SOS que lance Thierry Velu pour que
vive le GSCF et que perdure son implication dans l’aide
humanitaire.
Collection lignes de vie
Gencod : 9782912975560 - ISBN : 2-912975-56-5
Format : 14,5x20,5 - pages : 272
Prix : 19,00 euros
Journal d’un lâcher prise
Les tribulations d’une chercheuse
d’emploi
de Angèle Zangari
Humour, autodérision. C’est avec ces ingrédients-là
que l’auteur nous apporte le témoignage de son expérience quand, à l’âge de quarante-six ans, elle vient
grossir le flot des demandeurs d’emploi. Le coup est
rude. Déstabilisée, Angèle sombre. Entre démarches
administratives, recherche d’un travail, et nouveaux
repères à poser et reposer, son moral joue au yo-yo.
Collection lignes de vie
Gencod : 9782351680261 - ISBN : 2-35168-026-X
Format : 14,5x20,5 cm - pages : 162
Prix : 16 euros
Méthode de relaxation consciente
de Jean-Pierre Niaulon
Cet ouvrage didactique, conçu pour être pratique et
applicable au quotidien, rassemble douze années de
travaux sur la relaxation. Il a pour objectif de mener le
lecteur à une autonomie vis-à-vis de la pratique, mais
aussi de lui faire percevoir la fragilité de l’instant présent et de l’impermanence. Respect, Refuge, Réminiscences, trois « R » pour se donner de l’air, pour ne
plus se donner l’air d’être, mais enfin pour Être.
Collection comment réussir au quotidien
Gencod : 9782912975485 - ISBN : 2-912975-48-4
Format : 13x20 - pages : 160 Prix : 14,00 euros
L’injure de vivre
de Brigitte Daunay
Issu d’une famille juive aisée Izak Adjoubi se destine à la
carrière de médecin. En 1937, il rencontre Élisabeth, une
jeune femme d’origine russe au douloureux passé dont il ne
tarde pas à tomber amoureux. Deux ans plus tard, la guerre
éclate, entraînant Izak et son entourage dans la tourmente.
Avec L’injure de vivre, Brigitte Daunay nous brosse le
portrait d’une époque en proie au racisme, au préjugé et à
l’indifférence.
Collection manuscrit
Gencod : 9782912975355 - ISBN : 2-912975-35-2
Format : 14,5x20,5 - pages : 242
Prix : 16,00 euros
Mosaïque de cuisines
Mosaïque des cultures
Secours Populaire Français de Tournefeuille
(Haute-Garonne)
Comment favoriser l’intégration dans notre ville de familles venant d’horizons différents tout en préservant leur
identité culturelle ? Comment leur permettre de communiquer, de partager, de devenir solidaires ? Au travers de
repas particulièrement conviviaux, nous furent proposées
des recettes en provenance de Lituanie, du Cambodge, du
Paraguay, de Bosnie, d’Espagne, de Tchétchénie, d’Algérie, du Maroc, de différentes régions de France.
Collection culture sans frontière
Gencod : 9782912975836 - ISBN : 2-912975-83-2
Format : 17x24 - tout quadri - pages : 88
Prix : 15,00 euros
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Le Canard Gascon n°12
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Livres, cd...
ô moun païs qué parlan de tu !
Les fêtes sont terminées... mais les bons livres, les bons CD et les bons DVD sont toujours là ! En voici
quelques uns que nous n’avons pas eu la place de vous présenter dans notre dernière édition...
Du côté des livres
j’adore ce genre de musique fait de traditions mais on ne
peut pas dire que cela renouvelle le genre. Là encore, la
nostalgie a du bon !
GASCOGNE – UN PAYS, UNE IDENTITÉ
Editions Pyrémonde – Princi Negue (Pau)
Un petit ouvrage collectif, signé
par 7 auteurs, qui essaie de définir
tout ce qui fait la Gascogne et sa
réalité.
Son histoire, des premiers âges
à Henri IV. Sa langue, ses nuances, sa littérature. Qui sont les
Gascons ? Leurs origines ? L’économie de la Gascogne au 21e siècle. Enfin, un chapitre est consacré aux Gascons célèbres.
Ce livre à prix modique (moins
de 15 euros) se doit de figurer
dans votre bibliothèque comme un ouvrage de référence.
Peut être un point de départ pour une nouvelle affirmation
de la culture gasconne, hélas beaucoup moins développée
aujourd’hui que celle de régions voisines comme le Pays
Basque ou la Catalogne. A lire absolument, à faire connaître. Diu Biban !!!
LES GRANDES AFFAIRES CRIMINELLES
DE GASCOGNE
de Sylvain Larue. Editions De Borée.
Ce livre de 300 pages est publié à la
suite des « Grandes
Affaires Criminelles
du Gers » du même
auteur. Il relate une
trentaine de crimes,
d’enquêtes et de jugements les ayant suivis,
entre 1854 et 2003, à
la fois en Aquitaine et
Midi-Pyrénées. C’est
passionnant comme
un « polar » ! Des histoires rurales (réelles)
empreintes de méchanceté et de bêtise,
de jalousie et de vil
intérêt. Tous les bas
instincts du monde et
leur évolution à travers les décennies. Une « comédie humaine » plus vraie que nature.
PYRENÉES – BERGER DANS LES NUAGES
Editions Cairn (Pau)
Un ouvrage essentiellement photographique (de Jean-Marc de Faucompret) aux images d’une beauté
et d’une poésie extraordinaires.
L’objectif suit un couple de bergers
et son troupeau à travers les saisons
et ses transhumances, dans la haute
vallée d’Ossau, au cœur du Parc
National des Pyrénées, dominé par
le Pic du Midi du même nom. Une
qualité d’impression époustouflante.
Un des plus beaux hommages qu’il
soit à nos chères Pyrénées. Encore un « must » !
SUR LES TRACES DE D’ARTAGNAN
Texte de Dominique Le Brun. Photographies de Richard Nourry. Editions Privat (Toulouse).
Le pari de ce livre est de suivre les itinéraires réels ou imaginaires du grand héros gascon, à la fois personnage de roman
cher à Alexandre Dumas et mousquetaire de chair et de sang
ayant affronté des faits historiques.
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Le Canard Gascon n°12
DÉCALAGE HORAIRE
de Marcel Amont – Editions Le Verger
Tout commence bien sûr du côté de Lupiac, dans le Gers,
et se poursuit vers les bord de Loire, Paris, La Rochelle, la
Picardie, les Flandres. De très belles photos. Un texte précis
dans ses descriptions géographiques mais qui mêle volontairement imaginaire romanesque et vérité historique à la
plus grande gloire du héros gascon et de ses trois complices.
Un vrai régal.
TROIS CENTS RECETTES
DE BUFFETS DE GARES
de Bernard Bathiat. Editions Cheminements.
www.cheminements.fr
Un beau livre de format presque
carré offrant 180 pages de recettes
retrouvées dans diverses archives.
Le rappel de toute une époque.
Quand le chemin de fer était un
moyen d’évasion qui faisait rêver
et quand on avait le temps de manger un cassoulet entre deux trains
en correspondance. Quand buffet
de gare rimait avec gastronomie.
Notre Sud-Ouest est bien représenté avec Bordeaux, Agen, Toulouse, Rodez, Pau, Bayonne, Hendaye. Un seul regret : Qu’il n’y ait pas de photos
anciennes de l’intérieur de ces buffets de gare pour nous
faire pleinement revivre cette époque comprise entre 1900
et 1960. Nostalgie quand tu nous tiens…
Du côté des CDs
PASSEYADO AU PAÏS
par les Chanteurs-Vignerons du Vic-Bilh
Editions Agorila
Voici le 2e cd de ce groupe très
proche des caves de St Mont
et de Crouseilles puisque composé d’une douzaine d’anciens
vignerons de la région du VicBilh et du Madiran. Il anime
d’ailleurs régulièrement les
événements organisés par ces
groupements viticoles. Quelques nouvelles chansons et
de grands classiques tels « Là
haut sur la montagne », « Dus
Pastous », « La Dacquoise », « Montagnes Pyrénées » ou
encore le célèbre « Beth Ceü de Pau ». Personnellement
Et oui, tout comme Henri Salvador il y a quelques années,
notre cher Marcel Amont de la vallée d’Aspe fait son retour
sur le devant de la scène à plus de 75 ans ! Et plein d’humour avec ça avec un titre comme « Démodé » dans lequel
il déclare « les branchés m’prennent pour un plouc ». Notre
grand Gascon nous offre une bouffée d’oxygène, de l’air
pur récupéré en haut de ses montagnes. Douze nouvelles
chansons. A ne pas manquer. Merci Marcel ! Et longue vie
à toi !
Du côté des DVDs
SUR LA ROUTE DES BASTIDES
de Dominique Laffitte – Editions Cinematica Media. En
vente dans les bureaux de poste de
Midi-Pyrénées et Aquitaine.
Après le Lot et Garonne, voici le volume 2 de « La Route des Bastides »
consacré au Gers. Un film de 52 minutes qui relate la saga de la création
de ces villes nouvelles à la fin du
moyen-âge : Castelnaux, sauvetés et
bastides. Tout un pan de l’histoire de
la Gascogne et de très belles images
de Larressingle, Fourcès, Montréal
du Gers, Nogaro, Lupiac, Lectoure,
Beaumarchès, Bassoues, Marciac, Mirande, Barran, Gimont, Cologne, Mauvezin, Solomiac, Monfort, St Clar,
Fleurance, Lavardens. Pour mieux comprendre notre patrimoine local.
L’ART ET LA FÉMINITÉ
de Cécile Argela. Editions C.art Prod à Lectoure.
Tel 05 62 68 71 17
Un DVD de 30 minutes regroupant
l’interview de 5 jeunes femmes
vivant dans notre région : Frédérique Nanjod, artiste-peintre ; Soizig
Lenormand, créatrice de bijoux ;
Guylène Dousse Lieca, professeur
de danse ; Rosi Garrido, chanteuse
d’origine brésilienne ; Christel Gonzalez, danseuse. Chacune de ces artistes essaie de raconter les rapports
entre féminité et création artistique.
Une approche très intéressante.
Jean-Paul Amic
Le Canard Gascon n°12
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COUSSO
Mécanique de précision
N O G A R O
Photos : Anyware - Alain Alquier
Daniel Cousso
Etudes et réalisations
Montages de sous-ensembles
Cousso - Cassou de Herre - BP25 - 32110 Nogaro - Tél.: (0)5 62 09 12 17 - Fax: (0)5 62 09 05 83
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Le Canard Gascon n°12

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