Ce qui nous anime VERBATIM Jean Charest

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Ce qui nous anime VERBATIM Jean Charest
VERBATIM
Jean Charest
Ce qui nous anime
Le premier ministre Jean Charest a obtenu un vote de confiance de 97 p. 100 de la
part des délégués réunis le mois dernier au congrès du Parti libéral du Québec,
première rencontre du genre depuis l’élection en mars 2007 de son gouvernement
minoritaire. Nous proposons ici un extrait du discours qu’il a prononcé devant
2 500 délégués à la veille de ce vote de confiance.
Premier Jean Charest received a confidence vote of 97 percent of delegates to the
Quebec Liberal Party policy convention last month, the first such meeting since the
March 2007 election returned a minority Liberal government. We offer an excerpt
of the Premier’s speech to 2,500 delegates on the eve of the leadership vote.
C
e 30e congrès des membres du
Parti libéral du Québec a lieu
à un moment où plusieurs
défis convergent sur notre route. Le
Québec a besoin de nous. Qui peut,
mieux que nous, guider le Québec à
travers ces défis ?
Notre force à nous, les libéraux du
Québec, ce sont nos valeurs.
Ce qui nous anime, c’est la justice
sociale, ce principe qui est derrière la
création de notre système de santé et
notre système d’éducation fait par Jean
Lesage. C’est le principe qui nous amène
aujourd’hui à refuser de taxer la maladie.
Ce qui nous anime, ce sont les libertés individuelles. Pour nous, toutes
les personnes sont égales et ont droit à
la même considération. C’est le
principe qui animait Adélard Godbout,
premier ministre du Québec, lorsqu’il a
accordé le droit de vote aux femmes.
C’est le principe qui m’a amené à faire
le premier Conseil des ministres avec
autant de femmes que d’hommes dans
toute l’histoire du Québec.
Ce qui nous anime, c’est le
développement économique, c’était la
maîtrise de l’énergie du Nord de Robert
Bourassa. Aujourd’hui, c’est le plus
grand chantier de notre histoire avec le
développement de l’énergie renouvelable et la modernisation de nos infrastructures.
Ce qui nous anime, c’est l’attachement au Québec. Défendre le Québec,
c’est parler avec son cœur. C’est le
français comme langue officielle au
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OPTIONS POLITIQUES
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Québec depuis 1974, grâce à un gouvernement libéral, celui de Robert
Bourassa. Et sous mon gouvernement,
c’est la reconnaissance du Québec
comme nation.
Ce qui nous anime, c’est l’équité
intergénérationnelle. C’est la Commission-Jeunesse qui a ajouté cette valeur
fondamentale à la constitution de notre
parti. Nous avons écouté les jeunes en
créant le Fonds des générations pour
réduire le poids de notre dette.
Ce qui nous anime, c’est l’ouverture
sur le monde et l’adhésion à de grands
ensembles. C’est le Canada. C’est
l’Amérique du Nord, la Francophonie et
c’est l’Europe. Parce que nous concevons l’avenir à travers un nouvel
espace de prospérité pour le Québec,
parce que nous concevons l’avenir à travers des alliances nouvelles.
P
arce que notre action repose sur des
valeurs, nous rejetons le dogmatisme
qui est l’essence même du Parti québécois. Parce que notre action repose sur des
valeurs, nous avons une direction qui a
toujours été celle du progrès économique
et social. Et ce que nous voulons, nous,
les libéraux du Québec, au sommet de
l’Assemblée nationale, c’est notre drapeau du Québec, c’est notre fleurdelisé, ce
n’est certainement pas une girouette.
Parce que notre action repose sur
des valeurs, le Parti libéral du Québec
demeure la grande force de changement du Québec. Nous sommes capables de réunir les Québécois de toutes
les générations, de toutes origines et de
toutes les régions. C’est cette volonté
commune qui nous rassemble.
Cette volonté de construire un
Québec meilleur, avec une économie
plus forte et plus prospère pour mieux
partager nos richesses. Avec une
économie plus moderne, qui nous
donne les moyens de mieux soigner,
de mieux éduquer et de mieux vivre en
famille. Avec une économie que nous
préparons pour la prochaine génération de Québécois, pleinement orientée vers le développement durable.
P
our réussir, pour réussir le Québec,
ça prend du leadership.
En préparant ce congrès, ce
moment qui est important pour nous,
qui est important pour moi, j’ai
réfléchi sur la question du leadership.
Ça m’a rappelé un poème qui est
souvent cité, que j’aime beaucoup, un
poème de Rudyard Kipling. Je veux
partager avec vous quelques passages
de ce poème :
If you can keep your head when
all about you Are losing theirs and
blaming it on you; If you can dream
and not make your dreams your master; If you can think and not make
your thoughts your aim; If you can
meet with triumph and disaster; And
treat these two impostors just the
same; You’ll be a man my son.
Il est vrai que souvent nos victoires et nos défaites sont des imposteurs. Il y a des victoires qui cachent
Ce qui nous anime
VERBATIM
On a ouvert les premières clides déceptions, et il y a des défaites qui
niques privées affiliées au système de
nous appellent à devenir meilleur. J’ai
santé pour mieux soigner. On a fait ce
appris. J’ai beaucoup appris. Le leaderchangement qui représente une révoship, tel que je le conçois, c’est de faire
lution à l’intérieur d’un système de
face à l’adversité. C’est être capable de
santé public, dans lequel le privé est
se relever. Et la force pour y arriver,
appelé à jouer un rôle. Pour y arriver,
c’est vous qui me la donnez.
on a redoublé d’efforts afin qu’on
Le 26 mars 2007, les Québécois
puisse mieux soigner les Québécois.
ont livré un message fort à toute la
À cela s’ajoute l’ouverture de deux
classe politique. En démocratie, le peufacultés de médecine satelJe veux lever les barrières qui nuisent au commerce entre le
lites, une à Trois-Rivières et
Québec et l’Ontario. Je veux pour chaque Québécois et chaque
l’autre à Ville de Saguenay.
Cela permettra la formation
famille une meilleure qualité de vie. Je veux que le Québec soit
de plus de médecins, de plus
reconnu pour la force de son économie. Mon ambition, pour les
d’infirmières, tout en réordix à quinze prochaines années, c’est que nous soyons une société ganisant le travail pour
de référence et que les gens partout ailleurs disent : « On veut
qu’on puisse justement donfaire comme eux, on veut s’ouvrir comme les Québécois l’ont fait, ner à notre système de santé,
ainsi qu’aux hommes et aux
on veut attirer les meilleurs talents comme ils ont su le faire. »
femmes qui le soutiennent,
les moyens pour mieux soigner.
Québécois nous on lancé, on a réalisé
ple n’a jamais tort. J’ai accepté le jugeOn a resserré le Code de la sécurité
quoi ? Nous avons adopté au cours de
ment des Québécois. J’ai accepté cette
routière pour sauver des vies. Il a même
la dernière session autant de projets de
décision des Québécois, et j’ai travaillé
fallu se battre pour ça à l’Assemblée
loi que lors de la meilleure des sessions
dans un Parlement de cohabitation.
nationale étant donné l’existence d’un
où nous étions majoritaires. Pourtant,
J’ai écouté. J’ai changé.
gouvernement de cohabitation. On a
dans un Parlement de cohabitation :
À travers tout ça, vous, les militants
également sorti la malbouffe des écoles
On a baissé les impôts d’un milliard
du Parti libéral du Québec, vous ne
pour que nos enfants mangent mieux.
de dollars en 2008, ça peut représenter
m’avez jamais laissé tomber. Vous aussi,
On a introduit le congé de compassion
jusqu’à 2 000 dollars dans les poches
vous avez accepté la décision des
dans les relations de travail pour les vicdes familles de la classe moyenne du
Québécois avec moi. C’est une des
times d’actes criminels et leur famille.
Québec. On a livré un plan de rénovagrandes forces de notre parti. C’est cette
Voilà notamment quelques-unes de
tions de nos infrastructures de trente
faculté qui nous a permis de traverser les
nos réalisations de la dernière année. À
milliards de dollars qui va transformer
époques en dessinant l’avenir du Québec.
tous les niveaux, notre gouvernement a
le Québec. Ajoutez à cela notre stratégie
Nous nous sommes remis au traété capable d’améliorer la qualité de vie
énergétique. Ensemble, ça représente
vail. J’ai parcouru à nouveau chacune
des Québécois.
des investissements de soixante mildes régions du Québec. Je l’ai fait dans
liards de dollars dans les régions du
un esprit, je l’admets, différent. J’ai
Québec pour créer de l’emploi et pour
beaucoup, beaucoup écouté. Pour
n a relevé ensemble le défi de la
se donner des outils qui structurent
mieux agir et pour mieux décider.
cohabitation.
notre économie, nous permettant ainsi
J’ai compris que nous devions nous
J’ai relevé le défi que les Québécois
d’accélérer la croissance et d’améliorer
rapprocher des Québécois. J’ai compris
m’ont lancé le 26 mars dernier.
notre qualité de vie.
que chaque décision que nous prenons
Et aujourd’hui, j’ai le goût, plus
On est devenu le premier gouvernedoit être un geste de rapprochement.
que jamais, d’aller encore plus loin
ment au monde à imposer une redeavec vous et de faire grandir le
vance
sur
le
carbone
pour
lutter
contre
Québec. C’est à nous, en ce congrès
ous avons réussi à faire marcher ce
les gaz à effet de serre. Nous avons fait
des membres, de dessiner le chemin
nouveau Parlement de cohabitapreuve de leadership. Nous avons fait la
qu’empruntera la prochaine génération, qui est en soi un événement rare
démonstration qu’il est possible de
tion de Québécois. Nous amènerons
dans notre vie parlementaire. Pour les
respecter le protocole de Kyoto. Qu’il est
le Québec dans un nouvel espace de
trois partis politiques à l’Assemblée
aussi possible de construire une
prospérité.
nationale, chaque décision est un test de
économie qui sera reconnue, partout sur
La concurrence est plus forte que
maturité. L’équipe libérale a été à la haula planète, comme étant un leader monjamais. L’économie américaine ralentit.
teur de ce que les Québécois attendaient
dial de l’énergie renouvelable. Ça, c’est
Le prix du pétrole augmente. Mais
de nous. Nous avons agi dans la droite
la signature du Québec, c’est nous.
notre volonté, elle, celle des militants
ligne des engagements que nous avions
pris devant les Québécois. Nous avons
réussi à faire marcher ce Parlement en
mettant en œuvre nos priorités.
Ce que nous avons démontré dans
les derniers mois, c’est que même si
nous sommes minoritaires, nous
sommes avant tout le gouvernement
de tous les Québécois, sans exception.
Retournons un an en arrière.
Placés devant ce grand défi que les
O
N
POLICY OPTIONS
APRIL 2008
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Jean Charest
VERBATIM
The Gazette, Montreal
Le premier ministre Jean Charest avec son épouse, Michelle Dion, lors de son discours au congrès du PLQ, le 7 mars dernier.
du Parti libéral du Québec, est plus
forte que jamais. Il nous faut plus que
jamais un leadership capable de
rassembler les Québécois.
Il nous faut un leadership capable
de redéployer nos forces, pour que le
Québec
puisse
mieux
grandir,
s’épanouir et réussir.
Je veux ouvrir des marchés à nos
entrepreneurs et faire du Québec la
grande porte d’entrée de l’Europe en
Amérique du Nord. Je veux attirer au
Québec des femmes et des hommes
de talent de partout au monde parce
que la voie de l’avenir pour une
économie comme celle du Québec,
c’est d’être une force d’attraction. Le
vrai test, le vrai défi, c’est d’attirer les
meilleurs qui viennent des quatre
coins de la planète. Ils doivent pouvoir se dire : « C’est là où je veux
vivre, c’est là où je veux travailler. »
C’est au Québec que ça va se passer à
l’avenir. C’est ça notre défi à nous. Il
ne faut surtout pas fermer les fron8
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tières, il faut ouvrir le Québec à la
prospérité et l’ouvrir aux autres.
Je veux lever les barrières qui
nuisent au commerce entre le Québec et
l’Ontario. Je veux pour chaque
Québécois et chaque famille une
meilleure qualité de vie. Je veux que le
Québec soit reconnu pour la force de
son économie. Mon ambition, pour les
dix à quinze prochaines années, c’est
que nous soyons une société de
référence et que les gens partout ailleurs
disent : « On veut faire comme eux, on
veut s’ouvrir comme les Québécois l’ont
fait, on veut attirer les meilleurs talents
comme ils ont su le faire. »
Je veux continuer ce virage vers le
développement durable qui est source
de fierté et de prospérité pour les
Québécois. Je veux persévérer pour
que ce virage soit pour nous une marque de commerce.
Plus que jamais, je veux faire de
notre langue française un objet de
fierté. Sous les libéraux du Québec,
notre langue française sera également un instrument d’inclusion.
C’est la différence entre nous et le
Parti québécois.
Finalement, je veux avec vous
défendre la vision libérale d’un Québec
ouvert sur le monde, d’un Québec qui
grandit. Je veux, comme vous et avec
vous, le meilleur pour le Québec, le
meilleur pour nos familles, le meilleur
pour la prochaine génération de
Québécois.
Nous nous engageons ensemble, à
partir d’aujourd’hui, dans une nouvelle
période qui est fascinante sur le plan
politique, mais surtout très importante
pour l’avenir de nos enfants. Les
Québécois nous ont posé ce défi le
26 mars 2007 et à ce jour, nous avons été
à la hauteur. À nous maintenant de leur
poser un défi. À nous maintenant d’agir.
Extrait du discours prononcé au 30e congrès du Parti libéral du Québec, à
Québec, le 7 mars 2008.

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