Journal de la découverte - club d`astronomie Io de Val

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Journal de la découverte - club d`astronomie Io de Val
Journal de la découverte
Volume 5 numéro 3
Printemps 2015
Journal de la Corporation d’astronomie de Val-Bélair
et de ses clubs affiliés
Journal de la découverte
volume 5 no 3 Printemps 2015
Page a
Sommaire
1
Le mot de la rédaction
2
Nouvelles de la Corporation
Le mot du président
Le Club d’astronomie Io
Réunion mensuelle
L’Observatoire de la découverte
Un nouveau télescope à l’Observatoire - toute une aventure!
L’Astéroïde 2004 BL86
10
À lire
Les tortues du Québec
11
Chronique
Ciel profond
Astrophotographie : choix du télescope et de la monture
13
Articles
Éclipses et occultations des satellites galiléens de Jupiter
Une vie d’oiseau en hiver
Traitement d’une photographie numérique: quelques notions de dpi/ppi/ppp
24
Galerie de photos
Vénus, Mars et la Lune
Comète Lovejoy
25
Annonce du Souper bénéfice 2015
26
Vue d’en haut
Les Montérégiennes
Journal de la découverte
volume 5 no 3 Printemps 2015
Page b
Page couverture :
Le nouveau télescope de l’Observatoire
de la découverte
Photo : Richard Bélanger,
Astrophotographe, Club d’astronomie Io
Journal de la découverte
Volume 5, numéro 3, printemps 2015
ISSN 1929-6398
Le Journal de la découverte est le journal de la
Corporation d'astronomie de Val-Bélair. Il est publié
quatre fois par année aux mois de septembre, décembre,
mars et juin. Pour vous abonner au journal et pour
rejoindre l’équipe du journal:
[email protected]
Les anciens numéros sont disponibles sur le site suivant :
https://sites.google.com/site/journaldeladecouverte
1/
Équipe du Journal de la découverte
Comité de rédaction: Hélène Croteau, Pierre Buteau,
Daniel Beaulieu.
Révision des textes : Denis Lefebvre, Jean-Marc Dion.
Astrophotographes : Luc Archambault, Richard
Bélanger, Daniel Beaulieu.
Collaborateurs : Denis Besner, Raymond Falardeau,
Nicolas Rolland.
La Corporation d’astronomie de Val-Bélair
La Corporation d’astronomie de Val-Bélair est un
organisme à but non lucratif accrédité en vertu de la
Politique de reconnaissance et de soutien des
organismes du Service des loisirs et de la culture de la
Ville de Québec, arrondissement de la Haute SaintCharles, district 34.
Le mot de la rédaction
Hélène Croteau
Ce numéro du Journal de la découverte traitera en
grande partie de l’acquisition d’un nouveau
télescope à la fine pointe de la technologie à
l’Observatoire de la découverte, à la fin de l’année
2014. Vous découvrirez pourquoi cette belle
acquisition répondra à plusieurs besoins des
membres et du groupe d’astrophotographes du
Club Io ainsi que du public. Pourtant, cette belle
aventure a réservé bien des surprises aux membres
qui avaient bien hâte d’installer leur beau télescope
sur sa monture définitivement. Pour en apprendre
davantage à ce sujet, ne manquez de pas lire
l’article de Jean David consacré à l’achat du
nouveau télescope.
Daniel Beaulieu, vous conseillera sur l’achat d’un
télescope et d’une monture. De plus, et il vous
présente les objets célestes qui seront intéressants
à observer dans le ciel du prochain printemps.
Le Club d'astronomie Io, le Club des naturalistes de la
Laurentia, l'Observatoire astronomique de la découverte Vous êtes-vous déjà demandé comment les espèces
et le Journal de la découverte sont des entités affiliées et d’oiseaux qui ne migrent pas dans le sud passent
administrées par la Corporation d'astronomie de Vall’hiver avec nous? Hélène Croteau répondra à cette
Bélair.
question. La suggestion de lecture dans ce numéro
du Journal s’adresse aux enfants qui aiment
La corporation s’est donné comme mandat général de
découvrir la nature.
promouvoir l’astronomie et les sciences naturelles
auprès de la population dans la région de la CapitaleNationale.
Les membres du conseil d’administration sont :
Président : Jean David
Vice-président : Ghismond Martineau
Secrétaire : Alexandre Savoie-Perron
Directeur de l’Observatoire : Jean David
Directeur du Club des naturalistes de la Laurentia :
Ghismond Martineau
Directeur du groupe astro-photographie : Daniel
Beaulieu
Administrateurs : Luc Archambeault, Pierre Buteau,
Dominique Gagnon, Jean Jibouleau, René Renaud.
Nous possédons notre propre site Internet dont
vous trouverez l’adresse en page 1 du Journal, et il
vous est également possible de consulter les
volumes et numéros précédents du Journal à partir
du site Internet de la Corporation d’astronomie de
Val-Bélair : www.clubdastronomie-io.org, en bas et
à gauche de la page d’accueil dans la section
« journal - Archives ».
Bonne lecture !
© 2015 Corporation d'astronomie de Val-Bélair.
Journal de la découverte
volume 5 no 3 Printemps 2015
Page 1
Le mot du président
Nouvelles de la Corporation
Jean David
En décembre dernier, nous avons procédé à l’installation de notre nouveau télescope, avec l’aide
et la compétence de plusieurs membres du Club. Il est donc tout à fait fonctionnel. Nous l’avons
testé le 26 janvier dernier en réussissant à capter le passage de l’astéroïde 2004 BL86, malgré
des conditions atmosphériques de deuxième ordre.
Notre prochain projet, à plus long terme, est d’améliorer l’observatoire lui-même. Parmi les
priorités, il y a la performance du dôme à améliorer et cela de différentes façons, autant pour
s’assurer d’une ouverture normale en toute saison, comme possiblement son automatisation.
L’agrandissement de l’observatoire est également à l’ordre du jour, mais à long terme. Il est
important, maintenant, de revenir à nos activités habituelles d’observation du ciel et d’en faire
bénéficier le plus grand nombre possible. Nous profitons donc de toutes les occasions possibles
pour faire connaître nos clubs. Les membres ne doivent toutefois pas oublier qu’ils se doivent
d’en être les principaux utilisateurs!
Je vous rappelle que le 21 mars prochain, nous aurons notre prochaine assemblée générale,
laquelle fera le bilan de l’année 2014 et au cours de laquelle nous discuterons de nos
orientations futures. Finalement, cette année, nous aurons le grand plaisir d’entendre parler de
futures missions spatiales par l’intermédiaire de M. Jean de Lafontaine, ingénieur, professeur à
l’Université de Sherbrooke, et président d’Aérospatiale NGC, laquelle produit divers logiciels pour
des missions robotisés sur différents astres. Cette conférence aura lieu dans le cadre de notre
souper bénéfice annuel qui aura lieu le 18 avril 2015 à 17h30, au Centre culturel George-Dor.
Le Club d’astronomie Io
Réunion mensuelle de
février
Hélène Croteau et Denis Lefebvre
Lors de la réunion mensuelle
du 2 février 2015, les
membres du Club Io ont de
nouveau accueilli M. Louis
Fortier, professeur à l’UTAQ
(Université du 3e âge de
Québec) de l’Université Laval.
M. Fortier a présenté une
conférence intitulée :
« Où sont passés les
martiens? Réflexions sur ce
qu'est la vie et les indices qui
permettent d'évaluer si elle a
pu ou non apparaitre ailleurs
que sur la Terre ».
Journal de la découverte
Après avoir parlé de la
complexification de la matière
au cours de l’évolution de
l’Univers, il explique qu’on ne
sait pas encore exactement
comment la vie est apparue
sur la Terre; mais ce que l’on
sait, c’est que cela s’est fait
relativement rapidement.
Pour M. Fortier, tenter
d’évaluer les probabilités de
l’existence de vie
extraterrestre demeure
périlleux puisque nous
n’avons qu’un seul exemple
de vie, la nôtre. Cependant
certains proposent des
hypothèses optimistes de la
vie extraterrestre avec
abondance de civilisations
avancées. On peut se
demander pourquoi elles ne
nous ont pas encore
volume 5 no 3 Printemps 2015
contactées si elles sont très
avancées.
Certains autres sont
carrément pessimistes et
prétendent plutôt que nous
sommes vraiment seuls dans
l’Univers et que l’apparition de
la vie extraterrestre est
hautement improbable.
Nous remercions M. Fortier
pour cette présentation
vraiment très intéressante et
livrée avec un grand talent. Il a
capté l’attention de tous du
début à la fin et il a terminé en
répondant à toutes les
questions de l’auditoire.
Nous espérons avoir le plaisir
de l’accueillir encore pour
d’autres conférences dans les
mois à venir.
Page 2
L’Observatoire de la découverte
Photo : Daniel Beaulieu, astrophotographe Club Io
Photo : Daniel Beaulieu, astrophotographe Club Io
L’astéroïde 2004 LB86
Richard Bélanger, Denis Besner, Jean David, Raymond Falardeau
Le 6 janvier 2015, quelques enthousiastes et
pleins d’espoir se sont présentés à
l’observatoire de la Découverte à la base de
plein air de Val-Bélair. Mais, le ciel de Québec,
loin des aléas des tempêtes hivernales de l’est
de l’Amérique, a vu arriver graduellement dès
le début de la soirée des masses humides qui
ont littéralement rendu l’observation visuelle
normale de plus en plus difficile, et impossible
après 22h00.
Jusque là, aucune vue de notre bolide.
Pourtant, en Colombie, un autre enthousiaste,
plus chanceux, avait pu en faire l’observation
et ses photographies nous étaient disponibles.
Se fiant à notre technologie et à l’habileté de
Richard, une série de poses de 35 secondes a,
par la suite, confirmé la trajectoire du bolide.
Nous sommes venus, nous avons vu et nous
étions fiers. Voici une photographie avec le
moins de brouillard possible pour supporter
nos dires. Et plus tard, nous en ferons une
présentation.
Merci à tous ceux qui se sont présentés hier
soir à l’observatoire et merci à tous ceux qui
ont contribué à l’achat de cet équipement
sans lequel ce passage nous aurait
certainement échappé.
Comme tous s’attendaient à voir les conditions
se dégrader davantage, les moins persistants
ou ceux qui avaient des rendez-vous tôt en
matinée le lendemain, se sont résolus à
retourner à la maison. Même les nouveaux,
ceux qui avaient décidé de tenter le grand
coup avec nous.
Mais, finalement, à-travers l’épais brouillard,
nous étions encore capable d’apercevoir
quelques étoiles de l’amas de la ruche, M44 et
c’est là que nous avons pris la décision la plus
importante de la soirée : attendre que la
montagne vienne vers nous à cet endroit
imprécis et faire confiance aux éphémérides
tant pour la position que pour la brillance. En
effet, la brillance maximum de l’astéroïde, soit
9,11, était prévue vers minuit.
Également, il fallait faire confiance à notre
équipement, à l’habileté de notre confrère
Richard Bélanger et à l’espoir que de brèves
percées dans l’humidité, permettent à tout
notre appareillage de capter un tout petit objet
(de 600 mètres environ). À 23h48, un nouveau
cliché est apparu à l’écran et une petite
trainée toute pâle est apparue dans la rétine
expérimentée de Richard. Tout de suite, il
commanda une nouvelle pose, plus courte,
pour espérer y voir une trainée plus claire.
Et nous pûmes toute l’apercevoir.
Journal de la découverte
Photo : Richard Bélanger astrophotographe
Club d’astronomie Io
Caméra Canon EOS 6D
Temps d’exposition : 35 secondes
ISO : 1000
Longueur de focale : 35mm
Adobe Photoshop Lightroom 5.7 (Windows)
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Nouveau télescope à l’Observatoire de la découverte Toute une aventure!
Jean David, Président de la Corporation d’astronomie de Val-Bélair
Directeur du Club d’astronomie Io de Val-Bélair
État de situation en
décembre 2013
Déjà en 2013, on constatait que
notre télescope, un Meade
LX200, du type SchmidtCassegrain, avait besoin à tout
le moins d’une sérieuse mise à
jour. Il faut se rappeler que ce
télescope avait, à ce moment,
plus d’une dizaine d’années
d’usage. En décembre 2013, il a
eu un comportement imprévisible
suite à une commande donnée et
on a dû le fermer
immédiatement. D’autre part, les
membres de la section AstroPhotos de notre club
considéraient que ce télescope
ne pouvait être utilisé
avantageusement pour la
photographie. Compte tenu de
ces circonstances, il fallait
considérer la possibilité
d’acheter un nouveau télescope.
Temporairement, un membre du
club a prêté son télescope pour
toute la durée de l’année 2014
et cette solution fut
immédiatement mise en place.
Entre temps, le conseil
d’administration de la
Corporation d’astronomie de ValBélair (CAVB) a pris la décision
de remplacer le télescope sous
certaines conditions.
Ancien télescope
Photo : Jean David
Journal de la découverte
Décision de l’Assemblée Générale
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Annuelle de 2014
Le 7 juin 2014, les membres
Décision de l’Assemblée générale annuelle de 2014
Le 7 juin 2014, les membres de la Corporation d’astronomie de Val-Bélair ont voté la résolution
suivante définissant les modalités relatives à l’achat d’un nouveau télescope pour l’observatoire :
Compte tenu des sommes dont disposent actuellement la Corporation et de la nécessité de fonds
supplémentaires pour atteindre le montant requis, il est proposé que :
1. une campagne pour la recherche de commandites ait lieu et que l’objectif soit fixé à
1500 $;
2. une compagne de souscription auprès des membres des clubs affiliés, sur une base
volontaire, remboursable et dont les modalités seraient les suivantes :
a.
des montants n’excédant pas 150$ et par tranche de 25 $;
b.
la participation d’au moins 15 membres de nos clubs affiliés;
c.
aucune promesse de remboursement avant l’année 2018, sauf en cas de décès
et par la suite, selon les moyens de la Corporation;
3. une demande de subvention présentée à la Ville de Québec aussitôt que possible en
début d’automne 2014;
4. la mise en disponibilité d’une somme que le Conseil d’administration juge possible à
même les fonds actuels de la Corporation (environ 2000 $);
5. l’achat et la mise en place d’un nouveau télescope pour un montant total n’excédant pas
10 000 $, dont le besoin a été discuté et pour lequel un consensus s’est dégagé, si les
conditions ci-dessus sont réalisées sur une simple résolution du Conseil d’administration.
Cette résolution définit bien toutes les conditions pour réaliser le projet de remplacement du
télescope actuel. Il n’est donc nul besoin de les expliciter davantage.
Mise en place de la campagne de financement et réalisation des objectifs
En mai et juin 2014, un groupe de travail, mandaté par le Conseil d’administration, a jeté les
bases de la campagne de financement. Ce dernier tint sa première réunion le 28 mai 2014 et
décida, dans un premier temps, de produire un document de promotion1. Dans un deuxième
temps, un document, présenté sur une seule feuille de format lettre, donnerait un court explicatif
du projet de remplacement du télescope2, une demande de commandite, ainsi que les
coordonnées pour contacter un responsable de la Corporation.
Par la suite, il fut entendu qu’un document plus élaboré serait fait pour expliciter l’ensemble du
projet, les motivations, les coûts impliqués et le financement, qui incluait à l’origine une
demande de subvention à la Ville de Québec3. Ce document1 fut produit en septembre 2014 et fut
transmis à la Ville de Québec le 5 octobre suivant.
Quant à la campagne de financement, elle fut mise en place durant l’été et les premiers montants
furent placés dans un compte spécial et dédié à la Caisse Populaire.
1
Le document est intitulé ‘CAVB Promo’ et compte deux pages qui résument les activités et raisons d’être des clubs affiliés à la
Corporation.
2
Le nom du document est ‘Un télescope pour l’avenir’.
3
Le nom du document est ‘Demande de subvention’ et il fut transmis à M. Michel Fiset, de l’arrondissement de la Haute-SaintCharles.
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Confiance dans l’avenir
La confiance dans l’avenir s’exprime d’abord
par une revitalisation des clubs affiliés et
d’une participation accrue des membres de
ces clubs aux activités organisées par l’un ou
l’autre des clubs. Également, une
participation plus grande du grand public à
ces activités est un moyen efficace
d’améliorer les finances de la Corporation.
Dans ce contexte, les conférences du
vendredi soir ont joué et continueront de
jouer un rôle important. Déjà, il y a des
signes clairs que notre expérience de
l’automne 2014 à ce titre porte des fruits au
niveau du grand public. Des gens s’informent
à savoir si l’observatoire sera ouvert les
vendredis soirs durant l’hiver 2015.
La confiance dans l’avenir s’exprime par un
observatoire mieux adapté à nos besoins
présents et en particulier, pour le Club des
naturalistes de la Laurentia et la section
Astro-photos du Club Io d’astronomie de ValBélair. La mise en place du nouveau
télescope et l’intégration correcte de la
collection Ward de minéraux sont et seront
des pas dans cette direction.
Achat et installation du nouveau
télescope
L’achat du télescope a été marqué par
quelques péripéties significatives qu’il
convient de rappeler ici. Suite à la décision
prise le 25 novembre, la commande fut
placée le 28 novembre à la Maison de
l’Astronomie. L’achat comprenait
notamment les équipements suivants :



un télescope Célestron 11 pouces
Edge
une monture EQ8 de Skywatcher,
sans trépied
un réducteur focal F6.3
La commande fut disponible rapidement.
Toutefois, il fallut organiser la livraison des
équipements qui n’était pas compris dans le
prix d’achat. Notre confrère, Luc
Archambault, nous a proposé d’aller le
chercher à Montréal le dimanche 14
décembre suivant. Cette proposition fut
acceptée et les équipements arrivèrent à
l’observatoire le soir même. De fait, certains
équipements comme le réducteur focal et le
viseur polaire restèrent à Montréal. Et c’est
là que les péripéties commencent. Lors du
chargement des équipements, on se rendit
compte que le viseur polaire n’était plus avec
le télescope, alors que le réducteur focal s’y
trouvait toujours. On se mit à la recherche
de ce viseur et malgré tous les efforts qu’on
y mit, il fut impossible de le retrouver.
D’ailleurs, il ne fut jamais retrouvé par la
suite. Pendant ce temps, on oublia de
ramasser le réducteur focal et celui-ci
demeura à Montréal.
Nouveau télescope encore bien emballé dans sa boîte.
Des surprises attendent les membres du Club Io au
moment du déballage….
Photo : Luc Archambault, Club d’astronomie Io
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Le 18 décembre, Richard Bélanger, Jean
Bélanger, Raymond Falardeau, Roger
Baillargeon et Jean David se donnèrent rendezvous à l’observatoire pour procéder à
l’installation de l’équipement disponible. On
commença par démonter le télescope prêté, un
Célestron de 9,25 pouces et sa monture CGE
Pro, ce qui fut fait rapidement et facilement.
Par la suite, on prit les dispositions pour
installer la nouvelle monture. La présence de
Roger et de Raymond était nécessaire, car on
savait bien qu’il faudrait faire des ajustements.
Ces ajustements furent faits et la monture fut
installée. À part quelques difficultés mineures,
le tout s’est bien réalisé.
suggéré de photographier l’intérieur du
télescope et de lui faire parvenir ces photos
le plus tôt possible. Il était environ 15h00.
Richard Bélanger, qui a toujours une caméra
avec lui, a pris les photographies.
L’étape suivante consistait à fixer le télescope à
la monture. Nous nous sommes mis à la tâche
de déballer le télescope. En premier lieu, nous
avons mis de coté l’oculaire grand angle de 23
mm et le viseur qui est fourni avec le télescope
de même qu’un manuel d’instructions. Au
moment de retirer le télescope de son
emballage, nous avons entendu un bruit
suspect et nous savions immédiatement qu’il y
avait un problème majeur.
Nous avons téléphoné au vendeur et il nous a
On peut très bien voir la partie du miroir cassé sur les
photos du haut et les débris sur la photo ci-dessous.
Monture sur pied du nouveau télescope
Compte tenu des circonstances, nous avons
réemballé le télescope et avons décidé de
tester le fonctionnement de la monture.
Comme nous n’avons pas le transformateur
requis pour se brancher au courant
alternatif, Richard a utilisé son équipement
portable pour obtenir du courant compatible.
Cela nous a permis de déterminer qu’il fallait
acheter un transformateur compatible et
Raymond Falardeau fut chargé de cette
tâche. La vérification du fonctionnement de
la monture fut faite et il s’avéra qu’elle
fonctionnait de façon excellente.
Photos : Richard Bélanger, Astrophotographe, Club d’astronomie Io
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Compte tenu des circonstances, nous avons
réemballé le télescope et avons décidé de
tester le fonctionnement de la monture.
Comme nous n’avons pas le transformateur
requis pour se brancher au courant alternatif,
Richard a utilisé son équipement portable
pour obtenir du courant compatible. Cela
nous a permis de déterminer qu’il fallait
acheter un transformateur compatible et
Raymond Falardeau fut chargé de cette tâche.
La vérification du fonctionnement de la
monture fut faite et il s’avéra qu’elle
fonctionnait d’excellente façon.
De retour chez lui, Richard Bélanger
s’empressa de faire parvenir les photographies
au vendeur (vers 18h00), lequel relaya le tout
à la compagnie Célestron. Le même soir,
Richard Bélanger, Daniel Beaulieu et Jean
David avaient convenu de se rencontrer pour
discuter de différentes choses. Nous étions
donc en réunion, lorsque vers 20h30, le
cellulaire sonna. Le vendeur nous rappelait
pour indiquer que la compagnie Célestron
acceptait de remplacer l’appareil sans frais et
que la Maison de l’Astronomie avait un autre
appareil identique à nous remettre.
Nous avons convenu que Richard Bélanger
irait à Montréal le lendemain pour faire
l’échange et rapporter le réducteur focal; ce
fut fait, mais le viseur polaire était toujours
manquant. Le soir même de son retour,
Richard et Jean Bélanger procédèrent à
l’installation du nouvel appareil et une
première photo fut prise.
En date du 20 décembre, le viseur polaire était
toujours manquant. Le 30 décembre, Jean
Bélanger indique qu’il doit se rendre à la
Maison de l’Astronomie pour prendre
possession de son propre équipement. Jean
David vérifie alors si le viseur polaire ne serait
pas disponible. En effet, il l’est et Jean
Bélanger va le rapporter lors de sa visite à
Montréal.
Il ne reste donc plus que cette pièce
d’équipement à installer et à utiliser pour
aligner correctement le télescope. Le 7 janvier
dernier, Richard Bélanger a fait cette
installation pour constater que le viseur polaire
était inutilisable dans sa position actuelle. En
effet, il va falloir surélever le télescope d’environ
20 cm afin de pouvoir regarder dans le viseur.
Pour cela, il faudra faire fabriquer une pièce
spécifique et qui aura les caractéristiques du
trépied que nous n’avons pas acheté. Roger
Baillargeon s’est chargé de faire une recherche
sur Internet et a trouvé un plan pour la pièce
sur laquelle sera fixée la monture.
Le 9 janvier, la pièce fut commandée dans un
atelier d’usinage. Et le 16 janvier, le télescope
était totalement opérationnel. Ce même jour,
nous avons également vérifié certaines pièces
d’équipements du dôme, et avec une petite
réparation, le contrôle à distance des
mouvements du dôme était redevenu
opérationnel.
Le présent achat, malgré son coût relativement
élevé, est un achat d’un très bon rapport
qualité-prix. En effet, la nouvelle monture,
fabriquée par Skywatcher, a déjà une excellente
réputation de fiabilité en toutes circonstances.
De plus, elle va permettre un suivi de très haut
calibre pour la photographie.
Déjà, les observations préliminaires permettent
de voir que dans le mode « observation », le
suivi est excellent et perdure pendant un très
long moment. La technologie « EDGE » permet
l’accès à une meilleure luminosité.
La nébuleuse d’Orion (M42)
Première photo prise avec le nouveau
télescope par Richard Bélanger,
astrophotographe, Club d’astronomie Io
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Conclusion
Le nouveau télescope va nous
permettre d’atteindre nos objectifs
tant au niveau de l’observation
visuelle que de l’observation par
photographies. De simples tests
ont démontré hors de tout doute
que ces objectifs seront atteints.
Bravo à toute l’équipe qui a
participé à la mise en place de cet
équipement, et merci à tous nos
souscripteurs dont l’apport fut
une condition gagnante.
Daniel Beaulieu, responsable du groupe d’astrophographes du Club d’astronomie Io, posant fièrement près
du nouveau télescope Célestron 11 pouces bien installé sur sa monture.
Photo : Hélène Croteau
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À lire
Les Tortues du Québec, Premier livre jeunesse sur les tortues d’eau douce du Québec,
Guillaume DeBlois et Julie Boudreault, Éditions Documentaires jeunesse, 2014, 55 pages,
19,95$
ISBN : 978-2-9813711-1-9
Hélène Croteau
C’est grâce à l’initiative d’un jeune garçon
de 8 ans, Guillaume DeBlois, que fut
publié en 2014 le premier livre jeunesse
sur les tortues québécoises.
La mère de Guillaume, Julie Boudreault,
l’a aidé dans sa démarche ainsi qu’à la
rédaction de son livre qui est très
instructif et abondamment illustré.
Guillaume qui est fasciné par les tortues
a voulu nous les faire connaître dans son
livre. Une foule de découvertes vous
attendent à la lecture de ce livre. Vous
apprendrez combien il existe d’espèces de
tortues d’eau douce, où et comment les
observer, comment les identifier et
distinguer les mâles des femelles, ce qui
menace les tortues du Québec et
pourquoi les protéger.
Le très célèbre scientifique,
environnementaliste et écologiste David
Suzuki a même signé la quatrième
couverture du livre, ce qui est une très
grande maque de reconnaissance ! Voici
ce qu’il a écrit :
«Les enfants naissent avec un amour inné
pour la nature. En voyant une fleur, une
chenille ou un ver de terre pour la
première fois, un enfant n’aura pas de
dégoût ou n’exprimera pas de peur, mais
une fascination immédiate. L’enfant sera
souvent tenté de toucher ces organismes.
Nous avons besoin de la nature, un besoin
qu’Edward O. Wilson de l’Université de
Harvard, nomme «biophilia (bio – vie,
philia – amour)». Ce livre merveilleux, écrit
par un enfant et sa mère, est une
expression de biophilia envers un groupe
fascinant d’animaux, les tortues».
Journal de la découverte
Guillaume DeBlois souhaite participer à la
sauvegarde des tortues du Québec. Selon lui, la
première étape consiste à faire connaître
l’existence des tortues aux jeunes qui en
parleront ensuite à leurs parents et les
convaincront de faire attention.
Il est assez perspicace comme vous pourrez le
constater en visualisant la vidéo suivante :
http://ici.radiocanada.ca/regions/quebec/2014/10/10/009-8-ansguillaume-deblois-publie-livre-tortues-canada.shtml
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Page 10
Ciel profond
Ciel profond
PRINTEMPS – LES CARNETS D’UN OBSERVATEUR
Daniel Beaulieu
Le 20 mars à 17h45, ce sera
l’équinoxe du printemps. Une
saison qu’on accueille toujours
avec plaisir car nous pouvons
enfin dire au revoir à l’hiver qui
nous paraît trop long. Et pour
nous, férus d’astronomie, c’est
le début des belles soirées où
nous pouvons sortir nos
télescopes sans avoir à se geler
le bout des doigts. Qui plus
est, la noirceur est encore bien
présente mais attention! Dès la
fin mai, vous réaliserez que les
journées allongent car le ciel, à
ce moment-là de l’année,
s’obscurcira de plus en plus
tard. C’est donc le temps d’en
profiter, en souhaitant que
Dame Nature collabore
suffisamment. Toujours en
mars, Orion et les
constellations d’hiver se
trouvent désormais à l’ouest,
vers 20h00. Elles s’apprêtent
tout doucement à tirer leur
révérence. Et si vous vous
tournez à l’est, vous verrez
apparaître les constellations de
la Grande Ourse et l’étoile
Alkaïd, à l’extrémité du
manche de la «casserole», qui
pointe déjà vers le Bouvier.
Cette dernière semble alors
couchée si on la compare à la
position qu’elle adoptera en
août, vers 20h00, tandis que
l’étoile Arcturus sera placée à
sa base. Le ciel se présente
donc ainsi et en avril, vers la
fin du mois, le Cancer, le Lion
et la Vierge domineront le ciel
vers le sud, presqu’au zénith,
annonçant une transition
avant l’été, comme un
changement de saison. Entre le
début mars et le début avril,
c’est la période du marathon
Journal de la découverte
Messier, une compétition
entre astronomes amateurs
qui nous vient d’outreAtlantique et qui consiste à
observer le plus d’objets
possibles du catalogue
Messier en une seule nuit.
Plus vous bénéficiez d’un
instrument avec un gros
diamètre et plus vous avez des
chances de les trouver tous,
mais dans les faits, les plus
avantagés seront ceux qui
possèdent une monture
équipée d’un système goto.
Personnellement, je ne l’ai
jamais fait et je me propose
bien d’essayer un jour. Mais il
faut être rapide sur la
gâchette car déjà, au
printemps, certains objets
nous quittent très tôt en
début de soirée.
Au printemps, la constellation
de la Vierge se présente à
nous et si vous l’ignorez, celleci est la 2e plus grande de
notre ciel, venant à ce
chapitre immédiatement après
l’Hydre femelle. Sa grande
particularité est d’abriter
l’amas de la Vierge, une forte
concentration de galaxies qu’il
est toujours plaisant
d’observer dans un ciel très
noir, loin de la pollution
lumineuse des grands centres.
L’amas est distant d’environ
80 millions d’années-lumière,
ce qui vous donne une idée de
la faible luminosité des objets
qui s’y trouvent. Avec un
Dobson, un gros collecteur de
lumière, vous serez enchantés
par la vision des galaxies le
composant. Un SchmidtCassegrain jouissant d’un bon
diamètre pourrait également
volume 5 no 3 Printemps 2015
se tirer d’affaire, mais ce
n’est malheureusement pas
l’instrument idéal pour
observer des galaxies
lointaines présentant des
magnitudes allant jusqu’à
10 et plus. La formule
optique de type Newton est
sûrement plus avantagée, à
la condition de s’éloigner de
la ville. À l’Observatoire de
la découverte, il peut être
difficile d’observer des
galaxies de ce genre dès que
leur magnitude dépasse 9,4.
Je vous dis cela pour l’avoir
vu de mes propres yeux
avec l’ancien télescope.
Même la formule EdgeHD de
Celestron, qui équipe notre
nouveau télescope, aura du
mal à faire plus car celui-ci
se trouve dans un ciel
urbain et qu’il n’y a pas
vraiment de bonne stratégie
en matière de filtres pour
nous permettre de mieux les
voir. Les galaxies font partie
des objets du ciel profond
les plus difficiles à observer.
Ce sont d’ailleurs les plus
éloignés de nous. À la fin
mai, la constellation
d’Hercules apparaît
tranquillement à l’est,
exposant tour à tour deux
célèbres amas globulaires :
M13 et M92. Dans un
article, je les ai comparés
tous les deux. M92 est plus
brillant à l’oculaire que ne
l’est M13 mais, en raison de
sa taille, ce dernier lui a
toujours volé la vedette.
Page 11
Le positionnement de la constellation, à
cette période de l’année, annonce toujours
l’arrivée du Cygne et du triangle d’été,
composé de trois étoiles phares : Deneb,
Altaïr et Véga. Hercules, le Cygne, l’Aigle et
la Lyre sont parmi mes constellations
préférées, sans oublier le Cancer, le Lion et,
bien sûr, la Vierge. Cette période de l’année
est, à mon avis, la plus intéressante de
toutes et la qualité du ciel, au printemps,
est toujours au rendez-vous. Cela nous met
en condition et nous permet de débuter une
longue série d’observations d’une richesse
incomparable. Le meilleur moyen de s’y
préparer est de consulter vos logiciels
planétarium et de choisir les objets que vous
privilégierez tout au long de cette
magnifique saison. Cette année, nous
serons choyés car notre nouveau télescope
va nous permettre de goûter à la nouvelle
technologie Edge de Celestron, qui agit
comme un aplanisseur de champ.
Également, c’est le meilleur moment pour
nous rassembler, pour installer nos propres
équipements afin de prolonger ces belles
soirées. Dans cette veine, laissez-moi vous
suggérer quelques cibles qu’il vous faut
privilégier d’avril à mai, dans le ciel du
printemps.
 M104, la galaxie du Sombrero
(Vierge)
 M65, M66 et NGC 3628, un triplet
de galaxies (Lion)
 M44, l’amas de la Ruche (Cancer)
 M101, la galaxie du Moulinet Pinwheel (Grande ourse)
 M3, un amas globulaire (Bouvier)
 M13 et M92, deux amas
globulaires (Hercules)
M81 et M82, dans la Grande Ourse. Richard Bélanger, un
membre du club Io, pratique l’astrophotographie depuis des
années. Il nous livre ici la photo de deux célèbres galaxies de
la constellation de la Grande ourse : M 81 et M82. Ce sont là
des objets facilement visibles dans un instrument d’au moins
150 mm et plus.
M101, la galaxie du Moulinet (ou Pinwheel Galaxy en
anglais). Visible au printemps, cette fabuleuse galaxie est
à la limite de la visibilité dans un ciel urbain, avec sa
magnitude de 7,9. Elle est située à 22,8 millions
d’années-lumière de nous. Imaginez la distance
parcourue par les photons que Richard Bélanger a
capturés avec sa DSLR. C’est stupéfiant !
Photo : Richard Bélanger, astrophotographe,
Club d’astronomie Io
Voilà pour le ciel du printemps.
Dans la prochaine édition du Journal de la
découverte, j’espère pouvoir vous présenter
quelques photos prises par des membres du
club Io durant la période qui nous intéresse.
Vous constaterez, tout comme moi, que les
mois de mars, avril et mai n’ont rien à
envier aux autres pour ce qui est des trésors
célestes qui s’y trouvent. C’est un rendezvous que je vous donne.
Bonnes observations à toutes et à tous!
Journal de la découverte
NGC 4565, la galaxie de l’Aiguille. Dans la constellation
de la Chevelure de Bérénice, cette galaxie spirale vue par la
tranche, située entre 31 et 40 millions d’années-lumière de
nous, peut être difficile à observer dans un ciel affecté par
la pollution lumineuse, surtout avec une magnitude de
10,42. De là le plaisir de l’astrophotographie, voir des
objets que l’œil humain ne peut détecter dans un oculaire.
volume 5 no 3 Printemps 2015
Page 12
Articles
Éclipses et occultations des satellites galiléens de Jupiter
Jean David
Introduction
Les planètes, ces astres errants,
sont en mouvement constant
dans la voûte céleste. Toutefois,
il faut un œil très avisé pour
s’en rendre compte et pour
certaines planètes, le
mouvement est plutôt
imperceptible durant une même
soirée d’observation. Voilà
cependant que, dans la présente
année, de janvier à juin, les
satellites joviens vont nous
présenter un spectacle de
mouvements vifs, observables
dans un espace de temps très
courts qui se calculent en
minutes.
Mais que se passe-t-il?
Opposition de Jupiter
La révolution de la planète
Jupiter autour du Soleil
s’effectue en une période de
11,862 années terrestres. Cela
signifie que tous les six ans
environ, l’orbite de Jupiter
croise le plan écliptique formé
par le plan Terre-Soleil. À ce
moment, se produit également
l’équinoxe sur Jupiter. D’autre
part, les satellites joviens (ou
galiléens) évoluent dans le plan
équatorial de Jupiter et comme
ce plan est très peu incliné
(environ 3°) par rapport au plan
Jupiter-Soleil, il arrive, une fois
aux six ans, que le plan
équatorial de Jupiter est assez
bien aligné avec le plan de
l’écliptique.
Par comparaison, on assiste
ainsi à un phénomène qui
ressemble à ce qui se passe
Journal de la découverte
lorsqu’à tous les 15 ans
environ, les anneaux de
Saturne semblent disparaitre,
car leur plan est également
bien aligné avec celui de
l’écliptique. Jupiter passe à
l'opposition le 6 février 2015.
À cette date, elle est au plus
près de la Terre à environ 650
millions de kilomètres et
visible toute la nuit, dans
la constellation du Cancer,
à la limite du Lion. Cette
distance, bien que très
importante, a un impact
significatif sur notre
capacité à voir de plus
petits changements qui se
produiront lors des
éclipses ou occultations
des satellites galiléens.
Lors des éclipses ou
occultations galiléens, les
satellites apparaissent tous
être placés sur une même
ligne et quand il arrive qu’un
satellite passe devant un
autre, il semble occulter ce
dernier.
Image modifiée de Stellarium, version 0 .10.6.1
volume 5 no 3 Printemps 2015
Page 13
Or, cet évènement ne dure que quelques
minutes, compte tenu de la vitesse de
révolution de ces satellites autour de
Jupiter et de leur relative petite taille. En
temps normal, il est difficile d’observer le
déplacement de ces satellites, car on ne
peut percevoir le changement de position
sans avoir de référence aussi précise que ce
que l’on peut avoir en 2015.
Lorsque deux satellites joviens sont alignés
avec la Terre, le satellite le plus éloigné est
occulté par le premier, soit partiellement (si
l’alignement n’est pas parfait, ou si le premier
est plus petit que le second), soit totalement si
le premier est plus volumineux que le second.
Lorsque les deux satellites sont alignés avec le
Soleil, mais que la Terre est à angle avec cet
alignement, on parle alors d’éclipse (partielle,
annulaire ou totale).
Ce croquis est tiré du site Internet de l’IMCCE
(Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides).
http://www.imcce.fr/promenade/pages3/365html
Journal de la découverte
volume 5 no 3 Printemps 2015
Page 14
Les phénomènes des satellites de Jupiter
Pour les quatre principaux satellites de
Jupiter (Io, Europe, Ganymède et Callisto), on
peut observer couramment différents
phénomènes : passage du satellite devant la
planète, passage de son ombre sur Jupiter,
occultation par la planète ou éclipse (passage
dans l'ombre de Jupiter), et finalement en
première moitié de 2015, occultations et
éclipses de satellites joviens. Voici comment
se présente l’observation de ces phénomènes :
Passage du satellite devant Jupiter :
souvent difficile à observer (tache claire sur
fond clair).
Passage de l'ombre du satellite sur Jupiter :
plus facile à observer (tache noire sur fond
clair).
Occultation du satellite par Jupiter :
le satellite disparaît derrière la planète.
Ganymède, IV = Callisto ;
Pour les phénomènes :
E.C. et E.F. = éclipse commencement et fin
(le satellite rentre ou sort de l'ombre de
Jupiter) ;
IM. et EM. = immersion et émersion
(occultation : le satellite est caché derrière
Jupiter) ;
P.C. et P.F. = passage début et fin (le satellite
passe devant Jupiter) ;
O.C. et O.F. = passage d'ombre début et fin
(l'ombre du satellite se projette sur Jupiter).
Les prévisions sont présentées sur quatre
colonnes et mois par mois pour l’année
désirée.
Éclipse du satellite par l'ombre de Jupiter :
on voit le satellite s'éteindre.
Éclipses et occultations des satellites joviens.
Vous trouverez toutes les prévisions sur le
site de l’IMCCE à l'adresse suivante :
ftp.imcce.fr/pub/ephem/satel/phenjupiter/p
henF.2015
Voici un exemple de prévision :
Conclusion
Personnellement, j’aime observer le
déplacement des astres dans le ciel.
Toutefois, avec les conditions
atmosphériques que nous connaissons, le
suivi du déplacement d’un astre dans le ciel
sur plusieurs jours consécutifs devient une
entreprise qui a peu de chances de réussite.
Alors, voir un astre bougé en quelques
minutes est un évènement des plus
intéressants.
L’inscription « 15 2 3 039 I EM. » sur le
site signifie que
le 3 février 2015 à 00h39, le satellite Io (I) va
émerger (EM) de derrière Jupiter.
Les codes sont les suivants :
Pour les satellites : I = Io, II = Europe, III =
Journal de la découverte
volume 5 no 3 Printemps 2015
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Une vie d’oiseau en hiver
Hélène Croteau
À l’automne beaucoup d’oiseaux de
différentes espèces s’envolent vers des
climats plus chauds pour y passer l’hiver,
mais certains d’entre eux restent ici
pendant toute la saison froide et doivent
endurer le froid et la rigueur de nos hivers
ainsi que le manque de nourriture.
Comment s’y prennent-ils pour survivre?
Premièrement, il faut savoir que les
oiseaux ont le sang chaud et que leur
température corporelle est d’environ 40 °C;
mais pour maintenir suffisamment de
chaleur corporelle pendant l’hiver, ils ont
développé différentes stratégies. D’abord,
ils trouvent refuge dans les conifères ou
dans des cavités, comme les trous faits par
les pics bois dans les arbres pour se
protéger des éléments. Des oiseaux comme
les moineaux, les corneilles et les
mésanges vont se serrer en boule les uns
contre les autres pour partager leur
chaleur corporelle. En automne ils vont
augmenter la production de plumes, ce qui
agit comme isolant. Certains oiseaux ont
développé une sorte d’agitation sous forme
d’un frissonnement ou ébouriffage qui crée
des contractions musculaires les aidant à
conserver leur chaleur. Ils minimisent
aussi leur surface corporelle en rentrant la
tête et les pattes et en dressant leurs
plumes permettant ainsi à l’air d’entrer
dans le plumage constituant ainsi une
forme d’isolation très efficace.
Moineau domestique
Journal de la découverte
La mésange à tête noire va même jusqu’à
diminuer sa température corporelle de 1012 degrés la nuit. En diminuant ainsi son
métabolisme elle conserve son énergie pour
le jour. C’est un phénomène qui peut
s’approcher de l’hibernation.
Mésange à tête noire
Des oiseaux, comme le goéland,
possèdent aussi la capacité de conserver
le sang chaud circulant au niveau des
organes vitaux permettant aux extrémités
de refroidir et de rester sur la glace sans
problème.
Si les oiseaux migrent à l’automne vers
les régions plus chaudes, c’est surtout à
cause du manque de nourriture dans nos
régions froides en hiver. Ce manque de
disponibilité de nourriture est plus fatal
pour un oiseau que le froid. Comment
peut-on les aider à survivre pendant les
longs mois d’hiver alors que leurs besoins
énergétiques sont plus élevés qu’en été et
que les jours sont plus courts limitant
ainsi leur temps de recherche de
nourriture?
volume 5 no 3 Printemps 2015
Page 16
Junco ardoisé
On peut commencer à les nourrir dès
l’arrivée des grands froids à la fin
novembre. On peut leur offrir des
graines mélangées auxquelles on peut
ajouter des pépins de pommes ou des
petits morceaux de fruits séchés par
exemple.
Photo :
Hélène Croteau
Des oiseaux aimeront se nourrir de
graines au sol alors que d’autres
aimeront plutôt se nourrir dans les
mangeoires bien remplies. Les matières
grasses telles que le suif constitue aussi
une très importante nourriture pour eux
en hiver.
Pic mineur
À l’automne certaines espèces d’oiseaux
cachent de la nourriture en prévision de
l’hiver un peu comme les écureuils. Par
exemple les sitelles la cachent sous
l’écorce des arbres, les mésanges
mangeront en plus grande quantité le
jour et les geais bleus enfouiront leur
nourriture dans le sol.
En hiver les oiseaux n’ont pas
seulement besoin de nourriture, l’eau
liquide est aussi un élément très
important et même indispensable à leur
survie. On peut leur donner un petit
coup de pouce en plaçant sur le terrain
un bassin contenant de l’eau chaude
(pas bouillante!) à chaque jour et en
entrant le bassin le soir pour éviter qu’il
gèle. S’ils n’ont pas d’eau liquide les
oiseaux peuvent manger de la neige,
mais ils dépensent plus d’énergie pour
la faire fondre.
Vous pouvez cesser de nourrir les
oiseaux au printemps car ils
commenceront alors à trouver dans la
nature la nourriture dont ils ont besoin.
Toutes ces initiatives permettront
d’aider les oiseaux à passer l’hiver plus
facilement et d’arriver plus en forme au
printemps.
Mésange à tête noire à la mangeoire
Journal de la découverte
volume 5 no 3 Printemps 2015
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Les Geais bleus aiment bien les
arachides en écales qu’ils pèsent
avant de les transporter. Ils sont
bien futés, car ils choisiront les plus
grosses et les plus épaisses qui sont
susceptibles de contenir plus de gras
et de protéines.
Photos : Hélène Croteau
RÉFÉRENCES
http://ici.radio-canada.ca/emissions/medium_large/2013-2014/chronique.asp?idChronique=359211
http://journallereflet.com/la-vie-dun-oiseau-quebecois/
http://www.lapresse.ca/le-soleil/vivre-ici/oiseaux-et-cie/201101/28/01-4364970-nourrir-lesoiseaux-oui-mais.php
http://www.ofnc.ca/fletcher/your-garden/htfeeder_f.php
http://www.ornithomedia.com/pratique/conseils/comment-nourrir-oiseaux-hiver-00411.html
http://www.canadafrancais.com/Opinion/Chroniques/2013-10-29/article3405940/C%26rsquo%3Best-le-temps-d%26rsquo%3Binstaller-vos-mangeoires!/1
Journal de la découverte
volume 5 no 3 Printemps 2015
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Astrophotographie : choix du télescope et de la monture
Daniel Beaulieu
Maintenant que vous avez pris
la décision de vous lancer
dans l’astrophotographie, le
temps est venu de décider avec
quel équipement vous ferez vos
premiers pas dans ce
merveilleux loisir. Or, dans ce
domaine, deux écoles de
pensée prédominent. En effet,
il y a ceux qui croient qu’il est
préférable de se procurer un
télescope avant de l’équiper
d’un système pour l’imagerie
et d’autres qui pensent au
contraire à faire l’acquisition
d’un appareil photo avant
d’investir dans un télescope. À
vous de décider.
Personnellement, je crois qu’il
est préférable de bien
s’instrumenter avant de vous
lancer dans la prise de photos
planétaires ou stellaires,
puisque vous devrez
développer une expertise nonnégligeable en visuel qui vous
sera utile tout au long de vos
séances d’astrophoto. Ainsi,
lorsqu’un débutant me dit qu’il
ne connaît rien à l’astronomie
et qu’il souhaite se spécialiser
en astrophotographie, je lui
suggère toujours de ne pas
brûler les étapes et de
commencer là où la grande
majorité des
astrophotographes
expérimentés ont débuté, avec
un télescope souvent modeste
et quelques oculaires.
La vérité est qu’on ne peut
malheureusement rien
improviser lorsque vient le
temps de s’équiper
adéquatement en astrophoto.
Je dis cela car le choix d’un
bon télescope est déterminant
si l’on compte réussir dans la
pratique de cette discipline. Et
si vous voulez vous éviter bien
Journal de la découverte
des ennuis dès le départ, il est
souhaitable d’être bien informé
sur le sujet. C’est pourquoi je
recommande toujours à ceux
qui débutent en astronomie et
qui songent un jour à se lancer
en astrophotographie de faire
des choix judicieux, étape par
étape, pour ne pas tomber
dans le piège d’acheter et de
revendre à perte, car il vous
sera utile de faire le moins
d’erreurs possibles lorsque
viendra le temps de vous
équiper sérieusement. Et je
tiens particulièrement à vous
prévenir que si
l’astrophotographie vous
intéresse vraiment, vous devrez
vous préparer à investir du
temps et beaucoup d’argent.
Quel télescope devez-vous
choisir?
Voilà la vraie question.
Et comme toujours, la réponse
ne vient pas automatiquement.
Vous devez savoir dès le départ
qu’il n’y a pas d’instrument
complet en lui-même,
spécialisé en tout. Dans cette
optique, ce qui est vrai pour
l’observation l’est tout autant
en astrophotographie. Or, si
vous voulez par exemple
photographier de larges
champs d’étoiles, il vous
faudra un réfracteur (lunette)
d’un diamètre de 80 à 127
mm, apochromatique de
préférence pour un meilleur
contraste dans vos images. Si
vous préférez plutôt les
galaxies lointaines ou les amas
globulaires, songez à un
Schmidt-Cassegrain de 200
mm ou plus. Mais plus encore
que le tube optique, le choix de
la monture deviendra vite
l’enjeu capital de votre projet,
volume 5 no 3 Printemps 2015
l’élément le plus important
de tout votre équipement,
car c’est elle finalement qui
aura le dernier mot. Tous
les astrophotographes
d’expérience vous le diront :
vous devez posséder à la
base une monture qui ait les
qualités requises pour vous
permettre d’autoguider
adéquatement durant des
heures. Croyez-moi, les
exigences techniques en
astrophotographie sont
suffisamment nombreuses
pour que l’on prenne le soin
de choisir une monture des
plus convenables.
Vous pouvez très bien faire
de la photo d’objets
astronomiques avec un
Dobson, par exemple, monté
sur une table équatoriale,
ou utiliser une monture à
fourche équipée de la même
façon — et ça se trouve —
mais vous vous faciliterez la
tâche si vous faites le choix
au départ d’une monture
équatoriale de type
allemand, un dénominateur
commun en
astrophotographie. Et cette
monture devra être
suffisamment solide et
robuste pour supporter
l’équipement additionnel
que vous lui ajouterez, soit
une lunette guide et tout le
matériel d’imagerie que vous
utiliserez. En cette matière,
évitez surtout de faire des
compromis car sinon, vous
constaterez immédiatement
la déficience du matériel
utilisé lorsque le temps sera
venu de traiter vos images.
Une monture qui ne peut
assurer un suivi
convenable, malgré l’ajout
Page 19
d’un bon système d’autoguidage, posera vite
un problème.
Le système automatisé de type goto n’est pas
essentiel, mais votre monture se doit d’être
motorisée, c’est primordial. Encore une fois,
tout dépend des choix que vous ferez. Si
vous vous intéressez à l’astrophotographie
planétaire, ou si vous voulez photographier
des comètes, une monture équatoriale 3.2
suffira. Mais si vous envisagez de prendre en
photos des objets du ciel profond, qui
exigent des temps de pose prolongés sur
plusieurs heures, une EQ-5 s’imposera
comme un minimum acceptable. Et encore,
vous devrez idéalement choisir une monture
dotée de la fonction PEC, qui vous permettra
de mesurer et de corriger au besoin l’erreur
périodique inhérente à toute monture (nous
y reviendrons dans un futur article).
L’essentiel est d’utiliser un instrument dont
la capacité de charge pourra vous permettre
d’ajouter suffisamment d’équipement sans
dépasser 50% de cette même capacité. C’est
pourquoi, dépendamment du matériel
employé, l’EQ-5 pourrait s’avérer
insuffisante si vous ajoutez, au départ, un
tube optique comme un Schmidt-Cassegrain
de 235 mm et plus. Si vous en avez les
moyens, pourquoi ne pas opter pour une
monture de type EQ-6 avec laquelle
plusieurs astrophotographes pratiquent leur
passion. Ici, deux modèles retiennent mon
attention pour leur excellent rapport
qualité/prix : la CGEM de Celestron et l’EQ6 de Sky-Watcher. Elles ne sont pas trop
dispendieuses et sont toutes deux dotées de
la fonction PEC. Personnellement, j’utilise le
modèle CGEM qui est très robuste et répond
bien à l’autoguidage, m’assurant ainsi une
qualité de suivi impeccable. Il y a bien sûr le
haut-de-gamme, les montures comme la
Gemini G-11 de Lomansdy, sans oublier
l’EQ-8 de Sky-Watcher, celle qui équipe
l’observatoire de la Découverte. Mais ces
dernières ne sont pas à la portée de toutes
les bourses et leur poids respectif, surtout
en ce qui a trait à l’EQ-8, ne les rend pas
particulièrement transportables pour les
astrophotographes nomades. C’est le cas
également de la CGE Pro de Célestron.
Journal de la découverte
Image Catalogue Célestron 2014
CGEM de Celestron. Une monture très
robuste, capable de vous accompagner dans
tous vos projets astrophotographiques. C’est
l’équivalent de l’EQ-6 chez Sky-Watcher.
Elle coûte environ 1 999 $ avant taxes.
Image du catalogue Sky-Watcher
EQ-6 de Sky-Watcher. Cette monture, qui fait
preuve d’une grande fiabilité, est un choix
populaire chez les astrophotographes.
Elle coûte aux environs de 2 000 $ avant taxes.
volume 5 no 3 Printemps 2015
Page 20
Mais vous avez déjà là, avec mes deux
suggestions, des montures suffisamment
bonnes pour vous permettre de pratiquer
l’astrophotographie durant des années, tout en
obtenant des résultats dignes de tous vos
efforts.
Que devons-nous retenir au moment
d’acheter une monture?
Jamais je n’insisterai trop sur l’importance de
vous équiper d’une excellente monture car cette
pièce d’équipement, plus que le tube optique,
est la composante principale de toute votre
installation. Le défi étant qu’au moment où
vous tenterez la première fois de prendre des
photos d’une belle galaxie, des erreurs de suivi
apparaîtront très vite sur vos clichés si la
monture utilisée est incapable d’assurer un bon
suivi. Et ces erreurs ne pardonnent pas, croyezmoi.
Dans le prochain article, nous allons aborder le
choix des instruments photographiques, qu’il
s’agisse des caméras webcam, DSLR ou CCD.
Aujourd’hui, nous sommes choyés car l’offre est
nombreuse et les prix sont de plus en plus
abordables. Ensemble, nous ferons un tour
d’horizon des différentes possibilités. Mais en
attendant, si vous possédez déjà une DSLR et
un télescope, aussi modeste soit-il, exercezvous à photographier la Lune. Voilà un beau
sujet photographique qui peut vous donner
rapidement la piqûre. Et pourquoi ne pas
photographier des constellations avec cette
même caméra, posée sur un trépied
photographique? Plusieurs astrophotographes
expérimentés ont commencé de cette façon, je
peux vous l’affirmer…
Photo : Daniel Beaulieu, astrophotographe ,Club d’astronomie Io
Albireo, un classique.
Voilà ce que je considère être ma première vraie
astrophoto, un couple d’étoiles très célèbre dans la
constellation du Cygne. Lorsque j’ai pris ce cliché, je
débutais en astrophotographie et avais bien du mal à
prendre des photos de plus de 35 secondes de temps
d’exposition sans apercevoir de trainées d’étoiles. Les
choses ont bien changé depuis.
NGC 6819, un amas ouvert dans la
constellation du Cygne.
Cette photo a été prise cette année avec un
temps d’exposition beaucoup plus long, tout près
de cinq minutes à vrai dire. Une quinzaine de
clichés en tout, grâce à une monture (CGEM de
Célestron) qui répond bien aux ordres de
correction de l’autoguideur. Que vous choisissiez
cette monture ou l’EQ-6 de Sky-Watcher, je vous
garantis que vous ferez un bon choix.
Journal de la découverte
Photo : Daniel Beaulieu, astrophotographe Club d’astronomie Io
volume 5 no 3 Printemps 2015
Page 21
Traitement d’une photographie numérique: quelques notions de
dpi/ppi/ppp
Nicolas Rolland
L’excellente conférence de Steeve Maltais sur
l’utilisation d’un appareil photographique
numérique pour réaliser des time-lapse,
présentée le 27 février 2015 à l’Observatoire
de la découverte, a mené à une discussion
passionnante sur les notions de résolution
des images et plus particulièrement les
termes « dpi/ppi/ppp ». Afin de démystifier
ces termes et mieux les intégrer dans un flux
de traitement photographique je vous
propose cette courte description.
Les termes dpi (dots per inch), ppi (points per
inch) et ppp (points par pouces) désignent
une mesure spatiale de la densité de points
sur des supports physiques (p. ex. papier).
Ces termes permettent de connaître le
nombre de points que l’on retrouve le long
d’une ligne de 2,54 cm (1 pouce) de long. Ces
termes sont donc associés uniquement à la
résolution de l’impression de la photo sur ce
support.
Plusieurs années de surutilisation
commerciale de ces termes ont amené
beaucoup de personnes à considérer le
nombre de ppp d’une photo numérique
comme une mesure de la qualité de cette
photo. Cependant, ces termes au sein d'une
photo numérique n’ont rien à voir avec la
qualité de l'image et de son fichier.
Une photo numérique est composée d’un
ensemble ordonné de pixels dont la densité
détermine sa résolution et son poids
numérique. Prenons l’exemple d’un appareil
photo numérique dont le capteur est
constitué d’approximativement 18 millions
de pixels répartis sur 5184 colonnes et 3456
lignes. Les photos numériques brutes (RAW)
produites par cet appareil auront une
résolution de 5184 par 3456 pixels.
Journal de la découverte
Lors du traitement des photos de cet appareil
dans un logiciel dédié (p. ex. Adobe
Lightroom, Apple Aperture), le logiciel pourra
convertir les fichiers RAW en un format
standard (p. ex. JPEG, TIFF). Lors de cette
conversion, le logiciel vous demandera de
spécifier des paramètres tels que la taille en
pixels des photos et le taux de compression
des fichiers.
Parallèlement, ces logiciels vous demanderont
de spécifier une valeur de « résolution » (par
défaut elle est de 350 ppp), et éventuellement,
d’activer une fonction de redimensionnement
d’image. La confusion dans les termes
dpi/ppi/ppp provient généralement de ces
deux derniers paramètres puisque cette
valeur de « résolution » ne concerne en aucun
cas la qualité du fichier numérique des
photos, mais plutôt la taille de ces photos sur
un support papier et à une « résolution »
désirée. Ainsi, si une photo a une résolution
de 5184 x 3456 pixels, à une « résolution »
désirée de 350 ppp sur le support papier elle
mesurera 14,811 x 9,874 pouces (5184 / 350
et 3456 / 350). Si à la place de 350 ppp on
désire une « résolution » de 72 ppp sur le
support papier, alors la photo mesurera 72 x
48 pouces.
Lors de la conversion, puis sauvegarde d’une
photo, que l’on indique 350, 72 ou pourquoi
pas 1 ppp, le fichier aura le même poids
numérique, soit dans notre exemple environ
10,9 Mo. Pourquoi ? Tout simplement parce
que tous ces fichiers seront identiques et
contiendront exactement la même photo avec
le même nombre de pixels.
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De plus, si l’on imprime ces photos sur le
même type de support papier, elles auront
exactement la même qualité, car cette
dernière est uniquement basée sur le
nombre de pixels qui composent l’image.
Mais alors, pourquoi indiquer une valeur de
« résolution » lors de la conversion du fichier
RAW?
Certains logiciels (p. ex. Adobe Photoshop)
peuvent utiliser ce paramètre pour présenter
à l’utilisateur une charte de la taille
maximale d’impression d’une photo basée
sur sa dimension en pixels. De plus, cette
valeur de « résolution » servira lors d’un
processus de redimensionnement d’image à
calculer la taille nécessaire en pixels de cette
image pour obtenir une « résolution » désirée
lors de l’impression. Ainsi, si notre photo de
5184 x 3456 pixels mesure 14,811 x 9,874
pouces à une « résolution » de 350 ppp, il
faudra augmenter le nombre de pixels qui
composent cette photo pour en obtenir une
copie papier de 20 x 30 pouces à la même
« résolution » de 350 ppp. Dans ce cas la
photo sera composée de 10500 x 7000
pixels. Les termes dpi/ppi/ppp représentent
donc uniquement des facteurs de conversion
pour faciliter les calculs de la résolution des
photos lors de leurs impressions sur des
supports physiques.
écran de 4,1 x 2,3 pouces.
Cette densité permet d’obtenir une résolution
d’approximativement 325 ppp.
Le terme Retina étant basé sur une notion de
points par pouces et de distance de
visionnement par rapport à l’utilisateur, cet
écran rentre dans la catégorie Retina et l’œil
de l’utilisateur ne pourra pas distinguer les
pixels qui le composent.
Maintenant, reprenons notre exemple de
photos converties en JPEG avec une
« résolution » de 350, 72 et 1 ppp, leur
affichage sur cet écran de 325 ppp sera
identique, car l’écran interprète les images
sur la base des pixels et non des
dpi/ppi/ppp.
Voilà, alors la prochaine fois que vous
travaillerez vos photos, souvenez-vous que ce
qui importe lors de la conversion de vos
fichiers RAW est uniquement la taille en
pixels et le taux de compression de vos
fichiers.
Pour plus d’informations :
http://www.rideauinfo.com/photos/mythdpi.html
Voyons maintenant une autre utilisation de
plus en plus fréquente des termes
dpi/ppi/ppp. Plusieurs ordinateurs,
téléphones et tablettes ont maintenant des
écrans très haute définition qui leur
confèrent le nom d’écran UHD ou Retina.
Ces appareils sont généralement vendus
avec une mention que l’écran à une
résolution supérieure à 240 ppp. Par
exemple, un Apple iPhone 6 possède une
densité de 1334 x 750 pixels répartis sur un
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Galerie de photos
Magnifique trio formé par Vénus, Mars et la Lune,
le soir du 20 février 2015
Photo : Luc Archambault, Club d’astronomie Io
Québec, 20 février 2015 à 19h30
Comète Lovejoy
Photo : Richard Bélanger, astrophotographe, Club d’astronomie Io
17 janvier 2015
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Vue d’en haut
Les Montérégiennes
Cette photographie couvre la région juste à l'est de Montréal, et correspond à la partie
orientale de la Montérégie. Les trois formes circulaires que l’on observe font partie des
collines Montérégiennes. De l’ouest vers l’est, on y voit les monts Saint-Hilaire,
Rougemont, et Yamaska. La région est traversée par 2 rivières importantes, le Richelieu
à l’ouest, et la Yamaska plus à l’est.
Il s’agit d’une photographie prise le 18 avril 2007, par les astronautes de la Station
Spatiale Internationale. Le couvert de neige encore présent sur les 3 montagnes
contraste avec les tons brun et beige de la plaine environnante. Cet effet est accentué en
raison de l’absence de végétation et de saturation en eau des sols suite à la fonte
printanière. On distingue facilement le lac Hertel au sommet du mont Saint-Hilaire, de
même qu’une carrière de pierre concassée sur le flanc nord.
Référence
Photographie # ISS014-E-19807 (18 avril 2007) NASA/JSC Gateway to Astronaut Photography of Earth.
http://eol.jsc.nasa.gov/
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