La région Nord - Pas-de-Calais cherche des partenaires

Transcription

La région Nord - Pas-de-Calais cherche des partenaires
RÉGION
Fabrice LERIQUE
(1)
LA REGION NORD-PAS
DE CALAIS CHERCHE
DES PARTENAIRES
D
errière un titre un peu provocateur, il
y a surtout la réalité que la Région,
l'Etat ou une association ne peuvent
rien faire seuls.
Depuis des années la Région NordPas de Calais, à travers la Direction
Environnement, s'est associée à la Délégation
Régionale de l'ADEME pour créer un fond commun d'aide et coordonner nos moyens humains et
financiers. Avantage pour nous : deux fois plus
d'argent donc plus de puissance d'intervention, et
une instruction commune donc un gain de temps.
Avantage pour les structures financées : un seul
interlocuteur qu'il soit Région ou ADEME, un seul
type de dossier (en deux exemplaires tout de
même), une seule notification d'aide.
(1) Direction
Environnement du
Conseil Régional
Nord-Pas de Calais.
1 CSTB : Centre
Scientifique et
Technique du
Bâtiment.
2 Centre
Départemental
d’Amélioration de
l’Habitat Rural.
30
Est-ce suffisant ? Avec le FRAMEE (Fond Régional
d'Aide à la Maîtrise de l'Energie et de
l'Environnement) doté d'un budget de 9,15
Millions € dont 1,65 Millions consacrés à la qualité de l'air, on pourrait imaginer pouvoir faire
beaucoup de choses afin "que chacun […] respire
un air qui ne nuise pas à sa santé". En effet, nous
pouvons nous permettre d'intervenir sur les
transports, l'industrie et maintenant sur l'air intérieur tant au niveau de l'évaluation que de l'incitation. Mais tout ceci est largement insuffisant et pas
seulement en terme de budget, car dans le texte
même de la loi sur l'Air et l'Utilisation Rationnelle
de l'Energie, on fait appel, par exemple, à des
notions de santé publique. "Un air qui ne nuise pas
à [la] santé", qu’entend-on par là ? Quelqu'un a-til une définition ? Quelle est la composition chimique de cet air ? La santé de qui ? D'un enfant,
d'une personne âgée ou d'un adulte en excellente
condition physique ? On le voit bien, le FRAMEE
à lui seul ne pourra pas « nettoyer » les fumées
d'usines, inciter les particuliers à prendre les
transports en communs, les entreprises à utiliser
d'autres modes de transports et évaluer les impacts
sanitaires de tout ceci. A chacun son métier.
De fait, lors de l'élaboration du PRQA en 1999, la
DRIRE qui en assurait le secrétariat, a largement
ouvert les groupes de travail favorisant ainsi la
concertation et les échanges et nous avons pu
apprécier la richesse d'un travail concerté entre
des acteurs très différents. La Région et l'ADEME
ont donc toujours souhaité associer le maximum
de partenaires tant aux démarches d'analyse qu’à
la mise en place et le suivi des orientations. En
effet, les compétences et les moyens humains et
financiers étant dispersés, notre travail consiste à
trouver et mobiliser les bons acteurs pour chacune des orientations et impulser une démarche
concertée à travers la mise en œuvre d'un réseau
d'acteurs publics ou privés travaillant dans le
même sens. C'est la seule démarche qui nous permettra de démultiplier suffisamment nos moyens
pour arriver à un résultat tangible en terme de
santé publique ou de changement climatique.
Concrètement, comment organisons-nous la mise
en œuvre de nos actions ? Dans une stratégie de
réseaux et non plus de guichet. Pour cela, nous
pouvons regarder l'exemple du programme
Habit'Air Nord-Pas de Calais.
En 2000, le CSTB1 a été chargé de mettre en
œuvre l'Observatoire de la Qualité de l'Air
Intérieur (OQAI) et la région a été l'un des trois
sites pilotes, compte tenu de la motivation du territoire et du fait que cela répondait à l'orientation
n°14 du PRQA. Toutefois, les partenaires du comité de suivi ont été frustrés par cette opération pilote qui se limitait à une vision statistique et donc ne
répondait pas à nos attentes et encore moins à
celles des volontaires.
En conséquence, la Région Nord-Pas de Calais et
la Délégation Régionale de l'ADEME ont décidé
de confier au CDHR2 62 la mise en œuvre du programme Habit'Air Nord-Pas de Calais qui se base
sur la méthodologie mise au point par l'OQAI,
mais avec une entrée par polluant ou par type de
logement, une approche de l'impact sanitaire, la
recherche des sources d'émissions des polluants
et la volonté d'en faire un terrain d'expérimentations pour de nouveaux outils de diagnostic ou
des techniques apportant des solutions simples et
peu onéreuses.
C'est le cœur du réseau et il est financé par le
FEDER, la Région et l'ADEME et le CDHR 62. Les
prélèvements sont réalisés chez des volontaires
répartis en trois catégories : logements à problèmes voire insalubres, logements de type collectifs
HLM et enfin les logements de type Haute
Qualité Environnementale (HQE). Pour la sélection des logements, les services des DDASS du
Nord et du Pas de Calais nous ont apporté leur
soutien pour la recherche des sites de la première catégorie et les offices d'HLM ainsi que les
bailleurs sociaux pour la seconde, c'est le premier
cercle de partenaires. Concernant l'impact sanitaire, le CHRU de Lille et les CHU locaux pourront assurer des consultations classiques si nécessaire et le Centre Antipoison de Lille analysera le
type de produits ménagers utilisés pour voir s'il y
a une relation entre ces produits et les polluants
mesurés ; c'est le second cercle auquel on peut
ajouter la CIRE, l'ORS et la DRASS.
Nous avons voulu qu'Habit'air soit aussi un outil
de validation ou un support pour d'autres programmes de recherche.
Le premier concerne la mise au point d'un outil
de diagnostic de la qualité de l'air intérieur car, s'il
n'est pas envisageable que chaque citoyen puisse
bénéficier d'une analyse exhaustive de la qualité
de l'air de son logement, et cela, compte tenu du
coût, il faut par contre qu'il puisse se faire une
idée générale et c'est pourquoi la Région et
l'ADEME ont demandé au CETE Nord Picardie de
mettre au point un outil de diagnostic sur la base
d'une prestation de 2 ou 3 heures effectuées par
un technicien confirmé. Cet outil sera opérationnel courant 2005 et devra être testé sur 100 ou
150 logements avant d'être largement diffusé vers
les bureaux d'étude ou de contrôle et, dans certains cas, les services d'hygiène des communes.
Ce sont donc des partenaires privés qui porteront
l'information sur la qualité de l'air auprès du
public nous permettant ainsi de couvrir rapidement tout le territoire.
Le second outil, dénommé PHYTAIR, concerne
les solutions que l'on peut apporter pour diminuer cette pollution et nous travaillons sur un
sujet original puisqu'il s'agit de surveiller et d'épurer l'atmosphère intérieure grâce aux plantes vertes que tout le monde possède chez soit. C'est la
faculté de pharmacie de Lille associée au CSTB
de Nantes qui travaille sur le sujet et celui-ci
bénéficie du soutien des Région et ADEME de
Pays de la Loire et Nord-Pas de Calais. Bien sûr,
les organisations professionnelles ont été informées de ces travaux car ce sont les horticulteurs
ou les fleuristes qui devront répondre aux questions sur les capacités des plantes à épurer ou
caractériser tel ou tel polluant. Elles doivent donc
se préparer à utiliser au mieux ce nouvel argument de vente. De même, la vision d'une plante
nécrosée devrait sensibiliser le public à la nécessaire ventilation des locaux.
Le troisième point est une association entre
Habit'air Nord-Pas de Calais et l'Ecole des Mines
de Douai qui travaille sur les éthers de glycol et
avait besoin de faire des mesures dans des logements. Habit'air Nord-Pas de Calais fournit les
logements et en échange bénéficie d'informations
complémentaires sur des polluants particuliers.
Nous voyons donc que ce seul projet regroupe
des administrations, des laboratoires de recherche, des associations, des entreprises et bien d'autres structures qui n'apparaissent pas ici, mais qui
forment un réseau dense d'acteurs. Celui-ci peut
encore s'étoffer avec d'autres partenaires comme
la Fédération ATMO Nord-Pas de Calais qui pourra nous apporter toute sa compétence dans la
mesure et la communication, ou des mutuelles de
santé dans le cadre d'opérations de prévention.
On peut aussi imaginer des croisements de
réseaux avec, par exemple, les acteurs de la
Haute Qualité Environnementale sur les matériaux à mettre en œuvre et la façon de le faire
pour éviter certains polluants.
L'approche sous forme de réseau est donc totalement différente du simple traitement d'un dossier
de demande de subvention car elle nécessite une
vision très en amont des acteurs à mobiliser pour
arriver au résultat escompté. Elle oblige à une certaine remise en question des habitudes administratives et financières avec, au minimum, une
mise en cohérence lors de financements multiples. Mais paradoxalement, elle permet un retour
médiatique plus important même s'il est partagé,
et surtout elle multiplie par 10 ou 20 l'impact d'un
euro investi et la rapidité de diffusion sur l'ensemble du territoire.
31

Documents pareils