AMÉLIE NOTHOMB, Métaphysique des Tubes

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AMÉLIE NOTHOMB, Métaphysique des Tubes
AMÉLIE NOTHOMB, Métaphysique des Tubes
Comment devenir Dieu ou qu’est-ce que le plaisir?
Le début et la fin d’un livre sont souvent très révélateurs. Métaphysique des tubes s’ouvre
sur : « Au commencement il n’y avait rien. » et se termine par : « Ensuite il ne s’est plus rien
passé. » C’est ainsi que le livre nous donne l’impression bizarre de se dérouler entre deux
riens, entre deux néants. Comme si la vie s’arrêtait aux frontières de la province japonaise
du Kansai, comme si la vie s’arrêtait à trois ans. Mais entre ces deux frontières, c’est l’Éden.
Ni plus. Ni moins.
Amélie Nothomb nous ouvre, dans ce roman, les portes de son enfance divine, les portes de
son Paradis régi par des principes fondamentaux tels que : « A quoi bon se tuer à naître si ce
n’est pour connaitre le plaisir ? » ou « La vie commence là où commence le regard. Dieu
n’avait pas de regard. » En ce qui concerne l’histoire, il ne se passe pas grand-chose en fait.
En même temps, je pense que vous me direz certainement que c’est difficile de broder une
histoire entre deux riens…
La narratrice nous fait découvrir la vie d’une enfant prodige de zéro à trois ans, la vie d’une
enfant (elle ??) qui se prend tantôt pour Dieu (et oui, rien que ça!), tantôt pour une Plante,
tantôt pour un tube digestif. Cette jeune demoiselle se retrouve alors, au fil du livre,
confrontée à de méchantes carpes (Jésus, Marie et Joseph), à une gouvernante qui la
déteste et à une grand-mère qui lui fera découvrir la vie. Outre une tentative de suicide (et
oui, la jeunesse n’est plus ce qu’elle était), et un frère qu’on apprend à haïr très vite, la
Plante nous fait ainsi entrer dans un univers très touchant.
Malgré ses propos parfois très philosophiques, on peut déceler l’insouciance enfantine qui
se cache derrière ces « pourquoi ? » auxquels les adultes répondent invariablement par
« parce que ! ». En fait, ce livre nous présente l’univers étrange d’une petite autodidacte qui
apprend très vite à parler, à lire et à répondre à ses propres questions. Encore une fois, la
Dame au Chapeau nous emmène dans un univers décalé et intrigant.
Ensuite il ne s’est plus rien passé.
Nina Ranisavljevic

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