Management : Motiver les agents des services hospitaliers

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Management : Motiver les agents des services hospitaliers
Management : Motiver les agents des services hospitaliers.
Dans la première partie de cet article, l’auteur a étudié la motivation d’un échantillon d’ASH. Une
série d’entretiens construits selon un corpus théorique ont permis de recenser les facteurs
influençant la motivation et la démotivation au travail.
Par Anne-Marie Vergnory, Cadre infirmier au centre hospitalier de Vesoul.
in Objectif Soins, n° 23 et 24, mai-juin 1994.
J’EN AI RAS LE BOL... On me prend pour la bonne... Je suis au bas de l’échelle... Je n’ai jamais
droit à la parole »... Fréquents chez les agents des services hospitaliers, ces propos mettent en
évidence un sentiment de dévalorisation et de démotivation au travail... Mais la motivation au
travail n’est pas une entité à part. Elle n’est que la manifestation de la motivation globale.
S’intéresser à la motivation des salariés, c’est s’intéresser à leur personnalité dans sa totalité, c’est
considérer l’individu comme quelqu’un d’autonome, capable de choix.
Gérer les motivations, c’est essayer de concilier le projet de l’entreprise et le projet de chacun des
individus qui la composent. Les salariés passent une grande partie de leur vie au sein de leur
entreprise, et leur stimulation au travail est donc importante pour leur propre épanouissement, mais
elle n’est pas une nécessité. En effet, certains trouvent leur motivation au travail, d’autres en dehors.
Les seconds peuvent, malgré tout, trouver une certaine satisfaction au travail, mais on ne peut pas
pour autant parler de comportement motivé...
LA MOTIVATION AU TRAVAIL
D’après S. Michel (1), deux notions interviennent dans la motivation au travail le sens et la
reconnaissance.
Le sens
Le sens est le sentiment que les choses ont une raison d’être. C’est le point essentiel pour la gestion
des motivations au travail. On ne peut attendre d’un salarié qu’il soit motivé par son emploi que si
son rôle dans l’entreprise est clairement défini. Si celui-ci apparaît comme dénué de sens par
l’entreprise, OU si le salarié lui-même le considère comme dénué de sens, alors il ne pourra y avoir
de comportement motivé.
La reconnaissance
Elle est de deux types :
-
la reconnaissance à ses propres yeux (image de soi) ;
-
la reconnaissance aux yeux des autres (réelle ou imaginaire).
Ces deux types sont liés car c’est au travers des autres que l’on se forge une image de soi. La
reconnaissance est en rapport direct avec le besoin d’identité et le besoin de vie relationnelle en
général. La reconnaissance est donc la consolidation du sentiment d’identité. D’après Super, « c’est
l’identité de l’individu, c’est la cohérence, qui fondent et qui organisent les informations qui vont
servir à l’élaboration du projet professionnel. La capacité à élaborer un projet professionnel suppose
donc d’abord l’existence et la permanence d’une identité personnelle, autrement dit, d’une
connaissance, conscience de soi » (2).
Adopter un comportement motivé dans un emploi, c’est attendre une reconnaissance soit pour
« autoconfirmer » l’image de soi, soit pour confirmer la reconnaissance de soi par les autres. Pour
qu’il y ait identification au groupe, il faut que ce dernier se constitue autour de valeurs, d’objectifs
communs de rapports sociaux et d’une finalité du travail bien définie.
Conséquences pour l’organisation
Plus un salarié considère que les buts et les projets de l’organisation coïncident avec les siens, plus
il s’impliquera dans celle-ci, avec un dynamisme propre à la motivation. Il y aura donc meilleure
performance individuelle et intégration des règles de la structure. Les répercussions en termes de
comportement sont importantes adaptation accrue, responsabilisation, curiosité, créativité,
innovation, recherche de communications et d’informations à l’intérieur et à l’extérieur de
l’organisation. Mais tenir compte des motivations individuelles, c’est donner les moyens de les
réaliser. En conséquence, il est nécessaire que s’instaure un dialogue entre l’individu et
l’organisation. Vouloir un travailleur motivé, c’est le considérer comme un être autonome, capable
de choix, comme un individu impliqué et responsable.
LA DÉMOTIVATION
La démotivation se définit comme un trouble de la personnalité dont la cause se trouve dans
l’organisation du travail ou dans l’histoire individuelle. Elle touche au noyau central intérêt/plaisir
au travail, ce qui entraîne une diminution de la performance du salarié mais également une baisse de
son épanouissement personnel. Le mécanisme principal de la démotivation est l’atteinte à la notion
de choix. Si un individu ne peut pas faire de choix, il ne peut bâtir ni but, ni projet, ni scénario. Ce
phénomène correspond à une non-reconnaissance de l’individu. La démotivation va petit à petit
toucher la confiance en soi et la capacité à agir de façon autonome.
Démotivation douce
Au départ, l’individu est sollicité par l’organisation pour proposer des choix. Mais pour différentes
raisons, ces choix ne sont pas entendus. Cette non-reconnaissance va entraîner un comportement
agressif envers le pouvoir en place. Cette attitude peut s’exprimer de deux manières
-
suivant un mode actif : adhésion à un syndicat, opposition...
-
suivant un mode passif : démotivation douce.
Pour vivre son potentiel motivationnel, l’individu trouve une échappatoire en se motivant pour sa
vie sociale, familiale, associative...
Démotivation censure
Si le processus de négation se poursuit ou se généralise, la non-reconnaissance va s’intérioriser. Le
salarié lui-même ne croit plus en sa propre capacité à poser des choix. La démotivation devient donc
une censure intérieure à toute initiative ou idée personnelle. L’individu fait son métier suivant une
ligne tracée, ne donne jamais son avis, tout en respectant parfaitement les règles. On observe une
détérioration de l’image de soi et une non-reconnaissance des facultés de choix qui paralysent tout
geste innovateur et toute curiosité. La seule solution pour lui est la répétition de capacités prouvées.
Démotivation dure
Elle apparaît si le processus de démotivation se poursuit. À la non-reconnaissance s’ajoute la perte
de sens. L’individu ne peut plus poser de choix, mais surtout ne voit plus l’intérêt d’en poser. Il n’y
a plus de désirs, d’aspirations, de scénarios. L’individu n’attend plus rien de son travail, même s’il
le fait bien ou qu’il en trouve de la satisfaction. Il ne prend aucune initiative, son travail a
uniquement une nécessité économique. Cette démotivation est l’aboutissement de négations
répétées. L’individu a une image de soi complètement négative.
Une compensation le dépassement de tâches
Cela revient à dire que chaque individu «met du sien » dans son travail, quelque chose de son désir,
de ses aspirations. Les individus font alors « de leur propre chef» des ajustements qui ne sont ni
connus, ni reconnus par leurs supérieurs hiérarchiques, et d’ailleurs peu faciles à connaître tant il est
difficile de traduire par des mots la réalité du travail
ÉTUDE DE LA MOTIVATION DES ASH
Cette étude se divise en deux parties :
-
La première consiste en une étude de la motivation des ASH réalisée en novembre 1992 ;
-
La seconde partie évalue l’impact de l’analyse qualitative et prospective du groupe métier
ASH et du plan d’actions qui en a découlé chez un certain nombre d’agents, suivi pour
certains d’une formation de requalification.
Pour réaliser cette étude, j’ai choisi de pratiquer des entretiens qui permettent d’avoir une relation
privilégiée avec la personne interrogée et non des questionnaires qui me paraissent trop
impersonnels pour un thème comme la motivation.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
LE GUIDE D’ENTRETIEN
Les différents thèmes abordés ont été :
-
La scolarité et l’entrée dans la vie active
-
Le cursus professionnel
-
Le projet individuel et son évolution;
-
Le vécu professionnel
-
Les motivations extraprofessionnelles
-
Le dialogue avec l’administration.
POPULATION INTERROGÉE
Huit ASH ont été sélectionnés suivant leur service d’appartenance, de manière à constituer un
éventail le plus large possible des différents services médecine, chirurgie, bloc opératoire, urgence...
Le corpus d’informateurs a été identifié au moyen d’un questionnaire indiquant : sexe, âge, situation
familiale, nombre d’enfants, profession des parents, profession du conjoint (par catégorie socioprofessionnelle), domicile, niveau d’études, ancienneté dans la vie active, dans l’hôpital, dans le
service, et lieu de l’entretien. La majorité a souhaité faire l’entretien en dehors de l’hôpital. Par
crainte que d’autres membres du service les entendent ? En tous cas, le contenu des entretiens est
beaucoup plus riche lorsqu’il est fait en dehors de l’hôpital, où les personnes se montrent moins
tendues.
DIFFICULTÉS RENCONTRÉES
Sur les dix entretiens initialement prévus, huit seulement correspondaient aux critères d’inclusion de
l’enquête. Parmi ceux-ci, il faut noter un refus. L’argumentation que cette personne m’a fournie,
d’un ton très convivial d’ailleurs, présente des éléments très significatifs : « Non, pas d’entretien.
Après, si je dis quelque chose, ça va me retomber dessus dans le service. De toute façon, on ne nous
a jamais demandé notre avis, alors on ne va pas commencer à le donner. »
RESULTATS
Dans la population ASH interrogée, il existe une nette dominance des femmes (75 %). La moyenne
d’âge est de 40,75 ans. La majorité est mariée, père ou mère de famille. Les ASH interrogés sont
issus
de
milieux
socialement
équivalents,
et
se
marient
dans
la
même
catégorie
socioprofessionnelle. La plupart, sauf pour la génération des 20-25 ans, ont un niveau de certificat
d’études primaires, ou de CAP. Ils sont entrés très tôt dans la vie active (entre 14 et 16 ans) et, après
plusieurs expériences professionnelles, sont entrés à l’hôpital où ils pensent finir leur carrière. Leur
mobilité dans l’hôpital est moyenne.
ANALYSE DES RÉSULTATS
Cette enquête n’a pas la prétention de bâtir un portrait type d’ASH. Elle a plutôt pour but de
découvrir s’il existe des points communs dans le vécu et le ressenti de leurs expériences familiales,
sociales et professionnelles.
SCOLARITÉ ET ENTRÉE DANS LA VIE ACTIVE
On trouve trois cas de figures en ce qui concerne l’entrée dans la vie active:
-
la scolarité se passait sans problème ;
-
la scolarité était un échec ;
-
la personne a choisi elle-même de quitter l’école.
Scolarité sans problème
Le départ pour la vie active est alors dû à deux causes principales :
-
Le contexte familial présentait à ce moment-là des défaillances (deux personnes sur huit)
-
Les habitudes socioculturelles voulaient qu’après le certificat d’études primaires, les
individus quittent le système scolaire pour travailler (deux personnes sur huit).
Situation d’échec scolaire
Cette situation concerne deux ASH sur huit. Elle a en général été très mal vécue et a laissé des
cicatrices liées à la contrainte de sortir du circuit normal des études, de ne pas avoir le choix. Même
s’il n’y a pas eu à proprement parler d’échec scolaire, les huit ASH interrogés décrivent les mêmes
types de problèmes, à savoir problème de mémoire et problème de raisonnement en mathématiques.
Tous se décrivent comme des manuels et non des intellectuels. Jamais ils ne parlent de leurs points
forts, mais uniquement de leurs points faibles, et évoquent avec un certain ressentiment cette
inégalité des chances dans les études.
Décision volontaire
C’est le cas de deux personnes sur huit : « A l’école, j’ai été mal orientée. Je me suis retrouvée en
G3 à cause de lettres arrivées trop tard. Alors j’ai pris G3 (commerce et vente), ce qui restait quoi...
Mais après la terminale, rien ne m’intéressait, alors j’ai cherché du travail. »
CURSUS PROFESSIONNEL
Tous les agents interrogés ont exercé des activités salariées avant d’entrer à l’hôpital. Ces emplois
concernaient les mêmes catégories socioprofessionnelles : ouvriers, employés, ouvriers en usine,
femmes de ménage... Deux personnes sur huit décrivent une période de chômage de courte durée
précédant l’entrée à l’hôpital. Il est tout à fait étonnant de constater que six agents sur huit sont
arrivés par hasard à l’hôpital, ou, plus exactement, ont saisi une opportunité (proposition de
l’ANPE). Pourquoi l’hôpital ? La solution semble être purement économique, puisqu’à l’époque où
les agents cherchaient du travail, l’hôpital était le plus gros employeur de la ville. Une fois entrés à
l’hôpital, les agents ne cherchent plus d’autres emplois.
Le déroulement de leur carrière présente des similitudes. Tous ont commencé par faire des
remplacements dans beaucoup de services en attendant qu’on leur propose un poste fixe. Aucun
n’avait postulé un emploi, ou s’il y a eu choix, c’était uniquement entre deux services. Ce qui est
étonnant, c’est que même s’ils disent qu’ils auraient aimé travailler dans un autre service, aucun
n’en a fait la démarche officielle.
EVOLUTION DU PROJET INDIVIDUEL
Mis à part le projet professionnel de madame A., 20 ans (E. n0 7), qui pense devenir infirmière
depuis longtemps et qui a fait des démarches en ce sens, aucun des agents interrogés n’a essayé de
réaliser son projet idéal. De plus, ces projets idéaux sont très vagues. Ils ciblent des secteurs
d’activités comme le commercial, un emploi proche des enfants, les langues, le domaine artistique...
Après plusieurs années de travail dans le monde hospitalier, on peut constater que la moitié des
agents (quatre sur huit) ont bâti un projet professionnel et ont fait des démarches pour le réaliser.
Ces projets sont les suivants :
-
aides-soignantes chez trois personnes sur quatre ;
-
infirmière pour une personne sur quatre.
L’échec aux différents concours, survenu parfois après plusieurs tentatives, a modifié les projets de
certains ASH :
-
deux ASH ont baissé les bras et renoncent à devenir aide-soignant. Seul l’un d’eux se
représente au concours en 1993 ;
-
un ASH tente à nouveau le concours d’entrée àl’institut de formation en soins infirmiers ;
-
un ASH n’a aucun projet particulier ;
-
quatre ASH sur huit vont finir leur carrière et partir en retraite.
VÉCU PROFESSIONNEL
Le contact
C’est un thème que l’on retrouve dans tous les entretiens. Il est en fait toujours présenté comme une
nécessité par les ASH. La recherche de contact humain avec des collègues de travail est un besoin
pour cinq personnes sur huit, mais pour des raisons tout à fait différentes d’un agent à l’autre.
Certaines aiment côtoyer des professionnels, des gens qui ont « réussi » dans la vie, ce qu’euxmêmes n’ont pas pu réaliser à cause d’un échec scolaire. Le contact avec les malades donne un sens
à la fonction de l’ASH, où le travail en lui-même est décrit comme peu motivant. Le fait de côtoyer
les malades, d’entrer en contact avec eux, de leur apporter du confort devient un objectif valorisant
« Quand tu t’occupes des malades, quand tu leur donnes à manger... quand ta arrives, qu’ils te font
un beau sourire, ta te sens utile. »
Les relations dans l’équipe
Bien que la majorité des ASH viennent à l’hôpital pour avoir des contacts avec d’autres personnes,
les relations sont loin d’être aussi simples. Les ASH souffrent de n’être pas intégrés à l’équipe
soignante. Étant le dernier grade dans la hiérarchie, ils se trouvent sous les ordres de tout le monde
et se décrivent comme des exécutants. Les relations avec les aides-soignantes semblent être les plus
délicates. Ces dernières paraissent « mépriser », en tout cas « diriger » les ASH qui font un métier
qu’elles ont elles-mêmes exercé pendant quelque temps.
Dans les mêmes proportions, les ASH pensent avoir quelque chose à dire par rapport aux malades
en particulier. Des informations à donner, mais également à recevoir sur ces patients qu’elles
côtoient en permanence. L’autre point qui ressort de ces extraits est l’attitude de soumission que
décrivent les ASH dans leur comportement. Ils n’osent pas donner leur opinion, suggérer une idée,
soit parce qu’on leur a clairement fait savoir qu’ils n’avaient pas le droit à la parole, soit parce qu’ils
s’autocensurent du fait de leur position hiérarchique.
Les tâches des ASH
Le ménage est la première activité décrite dans tous les entretiens, « faire du ménage », si je
reprends exactement la terminologie utilisée par les ASH. La notion de désinfection n’apparaît pas
spontanément associée au ménage, mais, on le verra plus tard, comme une tâche bien définie. Le
principal reproche que font les ASH dans six cas sur huit, c’est qu’on ne reconnaît pas et qu’on ne
respecte pas leur travail, que ce soit l’équipe, le malade dans certains cas, ou ses visites.
La distinction entre l’hygiène et le ménage est nettement faite, bien que les deux activités soient
liées. Seulement quatre personnes sur huit pensent que l’objectif du ménage réside dans la
désinfection des locaux. Deux ASH sur huit ont suivi la formation en hygiène. Ils la décrivent
comme intéressante mais se plaignent de ne pas pouvoir à leur tour informer le reste de l’équipe et
mettre en application ce qu’ils ont appris. De plus en plus dans les services, ce sont les aidessoignantes qui assurent la distribution des repas, ce qui est mal vécu par les ASH « On ne donne
plus les petits déjeuners aux malades le matin. On se sent déjà moins en contact, on sent qu on nous
rejette petit à petit, qu’on nous laisse de côté... Ça me blesse. » Les ordres que reçoivent les ASH
sont de deux types :
-
Conduire des malades dans différents secteurs de l’hôpital ;
-
Faire selon leur dire « le sale boulot » que les infirmières ou les aides-soignantes ne veulent pas
faire « Quand elles laissent un plat-bassin sale et qu’elles t’envoient le nettoyer, c’est un
manque de respect de ton travail. Ça me met hors de moi ! »
Cette notion de faire « le sale boulot » est un ressenti que l’on retrouve dans tous les entretiens. Les
ASH sont sollicités soit sur le ton d’une demande de service, soit sur le ton de l’ordre, ce qui est
relativement fréquent. Dans l’un ou l’autre cas, ils font ce qu’on leur demande, mais avec le
sentiment de n’être pas respectés au sein de l’établissement.
Initiative et autonomie
Les avis sont relativement partagés, puisque trois personnes sur huit répondent qu’ils n’ont aucune
autonomie et quatre personnes sur huit affirment le contraire. L’autonomie, pour ceux qui la vivent,
est ressentie comme primordiale. C’est la preuve incontestable qu’on leur fait confiance et qu’on les
reconnaît. Ceux qui disent n’avoir pas d’autonomie n’avaient pas fait de démarches auprès du cadre
infirmier pour aborder ce problème.
L’information
À l’unanimité, les ASH pensent qu’ils ne sont pas informés, quel que soit le type d’informations:
-
informations sur les malades ;
-
informations spécifiques au service ;
-
informations sur la vie de l’hôpital ;
-
informations plus administratives.
Tous l’expriment en termes de regrets et assimilent la non-information comme la non-
reconnaissance de leur personne.
La formation
Sur huit ASH, trois ont participé à des formations, mais cinq n’ont jamais demandé ou n’ont jamais
été sollicités pour des sessions de formation. Il ne s’agissait pas d’un désintérêt mais plutôt d’une
conviction que la formation s’adressait aux infirmières et aux aides-soignantes mais pas aux ASH.
Le fait de les informer que la formation s’adresse à tous a souvent entraîné chez eux une réaction de
colère et de déception : « On ne nous a rien dit. C’est vexant, finalement les autres partent en stage
et pas nous. Mais je ne me permettrais pas de dire, “moi, je veux y aller”. » Pour les trois personnes
qui ont fait des formations, deux étaient des formations imposées par le cadre infirmier du service :
hygiène et manutention du malade. Une seule personne a fait des demandes et a participé à trois
formations : phoning, accueil, hygiène. Mais là encore se retrouve le problème de ne pas pouvoir
appliquer sur le terrain les acquis de la formation. Il est à remarquer qu une personne sur huit suit
des formations personnelles extrahospitalières: « J’ai eu tellement de déboires que je préfère
m’épanouir tout seul. Comme ça, si je me ramasse, personne ne le saura. Je crois que je me suis
tellement ramassé de gamelles dans ma vie, que maintenant j’essaie de cacher tout ça. »
LES MOTIVATIONS EXTRAPROFESSIONNELLES
Foyer familial et enfants
C’est la motivation extrahospitalière principale pour quatre agents sur huit. C’est même une priorité
absolue. L’objectif final d’une action est de donner un plus aux enfants.
Sport
Pour deux personnes sur huit, les activités sportives sont une véritable passion. Mais l’hôpital garde
une place importante dans leur vie. Il reste la priorité si par exemple on les sollicite pour des
remplacements.
Travaux manuels
Pour une personne sur huit, réaliser quelque chose de ses propres mains est une priorité qui passe
avant l’hôpital. « Mon atelier, c’est mon coin de paradis. C’est l’endroit où je m’épanouis, où je
réalise des choses. Y a des gens qui peuvent pas faire ça. »
S’instruire
Pour une personne sur huit, cette motivation est décrite comme une priorité : être instruit est
primordial pour vivre dans la société : « Avoir de l’instruction, c’est primordial. Ma mère s’est
instruite uniquement en lisant, alors si elle a réussi, pourquoi est-ce que moi je ne réussirais pas ?
C’est mon modèle, ma mère. »
L’hygiène
Pour une personne sur huit, l’hygiène est une priorité absolue, à la maison comme à l’hôpital : « J’ai
la manie de la désinfection. Quand quelqu’un vient chez moi et que je ne le connais pas trop, je
passe le verre à l’eau de Javel. J’ai une “trouille” des microbes, je me dis s’il a le sida, ou
ceci ou cela...»
LE DIALOGUE AVEC L’ADMINISTRATION
Ce thème n’a jamais été abordé spontanément. Il a fallu que je pose la question. Seuls trois agents
ont souhaité s’exprimer sur le sujet. Les autres considèrent « l’administration» comme un univers
extérieur à l’hôpital. Ce qui est frappant dans les commentaires sur l’administration, c’est l’emploi
du « ils » anonyme. Aucune personne n’est ciblée, ni même une fonction. Seule pour un agent
actuellement sous contrat, l’administration est symbolisée par l’infirmière générale: « On prend
rendez-vous quand on veut avec l’infirmière générale. Elle nous reçoit toujours, on peut discuter. »
DISCUSSION
LE CONTEXTE SOCIOCULTUREL
Les contextes familiaux et sociaux ne sont pas des milieux stimulants par rapport à la scolarité. On
peut conclure, sauf pour la génération des 20-25 ans que l’école est vécue comme une obligation
jusqu’à 16 ans, et que dès qu’on peut, on en sort par nécessité financière, par habitude sociale ou par
obligation (après un échec scolaire). Les parents n’interviennent pas dans la scolarité. Pour les
personnes interrogées, le travail est symbole de survie. C’est ce que les individus décrivent sous
forme de « besoins alimentaires ». L’hôpital répond également à un autre besoin décrit dans la
pyramide de Maslow : le besoin de sécurité.
LE PROJET
On a vu précédemment que l’individu bâtissait, en fonction du contexte, de son vécu, de son image
de soi, des buts et des projets. On retrouve là encore l’influence du contexte familial qui souvent
met en avant comme projet celui de survie. Il n’est donc pas étonnant que l’ASH qui a été « bercé »
dans une ambiance familiale lui rappelant que travailler, c’est gagner de l’argent pour vivre, prenne
ce projet à son compte. Ce qui explique pourquoi les ASH n’ont en général pas de projet à l’entrée à
l’hôpital. Par contre, le rôle de l’expérience prend ici toute sa mesure puisqu’elle permet à
l’individu de bâtir un projet. Le rôle de l’environnement professionnel et son influence sur le
scénario est évident. On passe donc d’un individu ne posant pas de choix à un adulte capable de
choix et de priorités. Mais l’expérience peut modifier en sens inverse les projets et les buts, puisque
des vécus d’échecs à des concours, par exemple, ont « bloqué » certains ASH et les ont conduits à
baisser les bras.
L’EXPÉRIENCE
Comme on a pu le voir dans le paragraphe précédent, l’expérience conditionne les buts et les
projets, modifie un scénario dans un sens positif, comme dans un sens négatif. Au travail, l’individu
cherche trois éléments :
-
du sens à son action ;
-
de la reconnaissance à ses propres yeux, qui renvoie à une image positive de lui-même ;
-
de la reconnaissance aux yeux des autres.
Le sens
Le sens de Faction recherchée par l’ASH est principalement le contact avec le malade. Une autre
notion importante est celle d’« être utile ». Notions dont il faut tenir compte dans l’organisation du
travail, et qui ne doivent pas être enlevées aux ASH, car cela aurait pour effet de retirer tout sens à
leurs actions, et donc de les démotiver. On peut remarquer que la relation qui s’établit entre le
malade et l’ASH est une aide mutuelle. L’ASH amène bien-être et réconfort au malade. Mais
celui-ci, pour des raisons qui dépendent du vécu de l’ASH, apporte également une aide (par
exemple, rompre la solitude, oublier son malheur, ses problèmes...).
La reconnaissance
C’est le « maillon faible » dans la chaîne de la motivation, puisque sept personnes sur huit décrivent
une non-reconnaissance aux yeux des autres. Au travers de quelles actions, pensées, remarques ou
attitudes des personnes de leur environnement, les ASH ont-elles eu ce sentiment ? Ce phénomène
s’inscrit dans tous les domaines de leur vie quotidienne au travail :
ƒ La relation avec l’équipe :
-
avec le médecin, qui peut ne pas dire bonjour le matin en arrivant, qui les ignore,
-
avec les aides-soignantes (pas d’entraide),
-
avec les infirmières, qui sollicitent les ASH pour faire un travail qu’elles n’ont pas envie
de faire, ou qu’à un moment précis elles ne peuvent pas faire, sans prendre le temps de
leur expliquer pourquoi elles ne le font pas,
ƒ
Le non-respect de leur travail : si l’on doit marcher sur un sol qui vient d’être nettoyé, pourquoi
ne pas prendre le temps de s’en excuser auprès de l’ASH ?
ƒ
La non-communication : c’est ne pas répondre quand ils sollicitent une explication, un
renseignement, sans justification du refus de réponse. Mais c’est aussi la manière de s’exprimer
sous forme d’ordres impératifs, et non pas sur un ton de sollicitation, ou sans remerciement
après un service rendu.
Ces exemples, loin d’être exhaustifs, peuvent être considérés comme anodins. Cependant, leur
caractère répétitif dans le temps conduit à un sentiment de non-reconnaissance. Après un certain
nombre d’années, les ASH ont complètement intériorisé un comportement de soumission,
s’excluent eux-mêmes de l’équipe, comme des plans de formation, par exemple. Il est donc
important que chaque membre de l’équipe soit vigilant et se pose la question : « Quelle place est-ce
que je laisse à l’autre ? »
L’autonomie
L’importance de l’autonomie et de l’initiative est indéniable, comme le remarque une ASH ; elle
constitue une « preuve de confiance et de reconnaissance ». C’est un maillon défaillant dans trois
cas sur sept, chez des personnes qui ont déjà un sentiment de non-reconnaissance, ce qui contribue
grandement à accentuer le phénomène.
L’information
Un autre élément de reconnaissance est l’information. Informer quelqu’un, c’est l’intégrer dans une
structure (l’hôpital, par exemple) et dans une équipe (le service). C’est donner un sens à son action,
autour d’un objectif. Or, à partir des entretiens effectués, on note que ce « maillon » est
systématiquement manquant.
L’image de soi
C’est un élément important puisque cinq personnes sur huit se décrivent de façon globalement
négative. Image négative qui s’est construite autour de deux phénomènes :
-
L’échec scolaire, cause d’une frustration indélébile. Ce ressenti constitue un blocage dans la
capacité du sujet à évoluer. L’ASH s’interdit des choix pensant qu’il n’en est pas capable ;
-
Après intériorisation d’une non-reconnaissance aux yeux des autres.
MOTIVATION EXTRAPROFESSIONNELLE
Chez les ASH, la motivation s’exprime principalement hors du travail, et concerne en particulier la
cellule familiale, les enfants. Mais certains compensent une image négative d’eux-mêmes en
réalisant de leurs propres mains quelque chose, pour prouver qu’ils sont « capables de »...
L’individu peut satisfaire sa motivation au travail. La force « motivationnelle » d’une personne est
la lutte contre les microbes. Or, son travail à l’hôpital lui offre justement la possibilité de réaliser ses
projets au travers de l’expérience.
LES RELATIONS AVEC L’ADMINISTRATION
L’administration propose des stages de formation. Mais, des personnes qui les ont suivis évoquent
la frustration de ne pas pouvoir appliquer sur le terrain ce qu’elles ont appris. Cette contradiction
entre « ce que je sais » et « ce que je fais », et par-là même cette contradiction entre l’administration
et le service, ne fait qu’accentuer le sentiment de non-reconnaissance de l’ASH par l’équipe, et en
conséquence, augmente l’intériorisation d’une image de soi négative.
CONCLUSION
De cette étude de la motivation des ASH, on peut conclure que sur huit ASH interrogés, on a trouvé
une personne motivée, car il y a concordance entre ce qui meut l’individu et la raison d’être de son
travail. Les autres ASH peuvent être considérés comme démotivés à des degrés différents :
-
soit après un échec scolaire qui peut entraîner une image de soi négative ;
-
soit après une non-reconnaissance par les autres, intériorisée au fil des années, qui à son tour a
entraîné une image de soi négative. Elle est donc l’aboutissement de négations répétées. C’est
ce que l’on appelle une démotivation censure.
Six agents sur huit sont démotivés par leur travail, mais ils y trouvent malgré tout une satisfaction,
et le font de façon correcte. Tous déclarent avoir une « conscience professionnelle ». Mais leur
force « motivationnelle » s’exprime dans un domaine extra professionnel : c’est ce que l’on appelle
la dé-motivation douce.
Par contre, la démotivation dure n’a été retrouvée que chez un agent sur huit. Celui-ci ne trouve plus
de sens à son action (il a même le sentiment de mal travailler), ce qui le conduit aujourd’hui à
travailler comme « un robot ». Le dépassement de tâches ne se retrouve pas de façon constante dans
le travail quotidien, mais plutôt de façon ponctuelle (le dimanche, par exemple), ce qui produit un
effet dynamisant pour l’individu. Le dépassement de tâches est souvent à l’origine de la
construction de projets, comme celui de devenir aide-soignant(e).
IMPACT SUR LA MOTIVATION DES ASH
L’impact sur la motivation des ASH d’un plan d’action mené dans le cadre d’une gestion
prévisionnelle et préventive des emplois et des compétences (GPPEC), en soulignant le rôle du
cadre infirmier.
Pour les agents de services hospitaliers (ASH), le centre hospitalier de Vesoul a mené deux actions
en parallèle : une analyse qualitative et prospective du métier d’ASH, menée dans le cadre d’une
gestion prévisionnelle et préventive des emplois et des compétences (GPPEC) ; une formation de
requalification des ASH, imposée par le protocole Durafour du 9 février 1992 et la circulaire du
13juin 1991. La formation de requalification avait déjà débuté avant l’analyse qualitative et
prospective du métier d’ASH, mais cette formation s’insérait parfaitement dans l’optique d’une
démarche de GPPEC.
LA DEMARCHE DE GPPEC
La GPPEC est la conception, la mise en œuvre et le suivi de politiques et de plans d’action
cohérents visant à réduire de façon anticipée les écarts entre les besoins et les ressources humaines
de l’entreprise (en termes d’effectifs et de compétences) en fonction de son plan stratégique (ou au
moins d’objectifs à moyen terme identifiés). Elle implique le salarié dans le cadre d’un « projet
d’évolution personnelle ».
La GPPEC permet donc d’anticiper les capacités dont un agent devra faire preuve demain, en
fonction des différentes évolutions. La mise en place de cette démarche au centre hospitalier de
Vesoul concerne l’ensemble du corps social. L’analyse du groupe métier ASH au centre hospitalier
a été effectuée par un groupe plurifonctionnel, auquel les ASH du terrain ont été associés.
Cette analyse précède généralement la mise en place d’une gestion prévisionnelle et préventive des
emplois et des compétences. Elle constitue la photographie du fonctionnement du centre hospitalier
de Vesoul et a été menée en collaboration avec l’ANFH, en particulier pour le financement. En ce
qui concerne les ASH, les résultats de l’analyse sociologique et la première série d’entretiens
montrent que :
-
Les ASH présentent une identité professionnelle centrée sur l’hygiène, avec une
conscience forte de leur rôle. Mais ils déplorent que, dans les services, les équipes ne
tiennent pas suffisamment compte de l’hygiène ;
-
La relation aux malades est primordiale dans leur fonction. Mais les ASH regrettent de ne
pas avoir d’informations sur ceux-ci ;
-
Les ASH n’ont pas de relation avec les médecins. Avec les infirmières et les aidessoignantes, il existe de fortes tensions dues au resserrement de tâches ;
-
Le cadre infirmier est bien perçu s’il se présente comme une personne de dialogue,
soucieuse de résoudre les problèmes, mais ce n’est pas le cas s’il exerce uniquement une
relation d’autorité ;
-
Les ASH attendent de lui un rôle d’information et de communication ;
-
Les ASH ressentent un sentiment de déconsidération et de dévalorisation quotidiennes
dans leur travail ;
-
Les ASH décrivent une charge de travail importante, augmentée par la nécessité d’assurer
le brancardage des patients.
LA POPULATION ASH EN AOÛT 1992
-
Nombre : 96 ASH et ASH qualifiés titulaires et stagiaires
-
Age: 9 % ont atteint l’âge de la retraite, 51 % ont plus de quarante ans, 36 % ont entre
trente et quarante ans, 12,5 % ont moins de trente ans.
-
Ancienneté : 25 % ont au moins cinq ans d’ancienneté dans l’établissement, 44 % ont
plus de quinze ans d’ancienneté.
-
7 % travaillent à temps partiel
-
Les hommes représentent 4 % de l’effectif.
NB : Aucune information n’a été recueillie sur le niveau d’études, l’expérience professionnelle ou la
formation permanente.
ANALYSE QUALITATIVE DU MÉTIER D’ASH
Le concept d’emploi type correspond à « un ensemble de postes ou de situations de travail donnant
lieu à des activités comparables, supposant un ensemble de compétences identiques ou du moins
proches ». Pour le groupe métier ASH, deux emplois types sont identifiés :
-
brancardier
-
agent des services de soins.
Une description analytique permet d’établir des fiches d’emplois types, centrées sur le contenu réel
de l’activité. L’emploi type est décrit selon quatre axes :
-
technicité : « Qu’est-ce que je fais ? »
-
flux d’informations : « Avec quelles informations ‘? »
-
relations de communication: « Avec qui ? »
-
contribution économique: «Pour obtenir quels résultats ? ».
A partir de la fiche d’emploi type sont déduites les compétences actuelles nécessaires pour tenir cet
emploi dans les domaines du savoir; savoir-faire, savoir-être. À partir de l’identification des
compétences, on peut mesurer les écarts entre les exigences de l’emploi et les compétences des
individus. Pour cela, on identifie leurs points faibles, et les points forts sur lesquels on peut
s’appuyer. Une fois cette mesure des écarts effectuée, l’analyse qualitative est terminée : l’analyse
prospective peut alors débuter.
ANALYSE PROSPECTIVE DU MÉTIER D’ASH
Elle s’effectue en trois parties :
1) Identifier les facteurs de changement (c’est-à-dire les événements qui risquent de modifier le
contenu de l’emploi type)
2) Mesurer leur impact sur le contenu de l’emploi (quelles seront les modifications sur l’activité
quotidienne ?)
3) Évaluer les exigences futures (ce qui permet de définir les compétences nécessaires pour adapter
les exigences à l’évolution des besoins).
À partir de cette analyse, un plan d’action de gestion des ressources humaines est mis en place.
PLAN D’ACTION
Lors de cette nouvelle phase, le plan d’action de gestion des ressources humaines est soumis à
l’accord du directeur de l’établissement concerné.
Objectifs
1) Développer l’information et la communication sur les métiers d’agent des services de soins et de
brancardier;
2) Améliorer l’organisation du travail
3) Élaborer des projets professionnels individuels avec les ASH/ASH qualifiés :
ƒ
organisation de séances d’informations sur les métiers d’aides-soignants et d’infirmiers
ƒ
instauration d’une base de données informatiques de la direction des ressources humaines
indiquant le niveau d’études et les formations suivies
ƒ
développement de la promotion professionnelle pour suivre des études d’aides-soignants et
d’infirmiers en sachant que :
-
il y aura huit élèves aides-soignants en 1993, 1994 et 1995,
-
il y aura quatre étudiants en soins infirmiers de première année chaque année à partir de
1993, étudiants choisis parmi les ASH/ASH qualifiés et aides-soignants.
ƒ
Développement de la formation continue :
-
par la formation de requalification des ASH,
-
par les préparations aux sélections organisées pour les formations d’aides-soignants,
-
par les préparations aux concours d’entrée aux instituts de formation en soins infirmiers.
Le portefeuille de compétences
Le portefeuille de compétences est un excellent outil qui permet de négocier le projet professionnel
individuel, car tout le parcours professionnel y est noté. Il se présente sous la forme d’une pochette
plastique comprenant :
-
la fiche métier
-
la fiche de poste, qu’il remplira avec le cadre infirmier de son service
-
les feuilles d’identification de compétences.
LA REQUALIFICATION DES ASH
OBJECTIFS DE LA FORMATION
Les ASH qualifiés sont chargés de l’entretien et de l’hygiène des locaux de soins et participent aux
tâches permettant d’assurer le confort des malades. Ils ne sont pas impliqués dans les soins
prodigués aux malades et aux personnes hospitalisées ou hébergées. Ainsi, l’ASH qualifié doit être
capable :
-
d’assimiler les règlements fondamentaux (économiques, administratifs) de l’institution
hospitalière dans laquelle il travaille et de développer un esprit d’équipe ;
-
de respecter les règles élémentaires de savoir-vivre dans son environnement (malades,
familles, équipe) ;
-
d’utiliser les moyens de communication actuels disponibles dans son établissement
(téléphone, interphone, bip...) et de savoir prendre et transmettre un message ;
-
de développer ses capacités de raisonnement, de réflexion afin d’être acteur dans son
équipe ;
-
de respecter les règles élémentaires d’hygiène personnelle ;
-
d’utiliser les protocoles destinés à l’entretien des locaux ;
-
de comprendre et respecter les circuits existants des repas, du linge et des déchets ;
-
de participer à la politique d’économies menée par l’établissement (gestion des produits
d’entretien du linge, du matériel, etc.) ;
-
de connaître les informations élémentaires liées aux pathologies des usagers/clients du
service dans lequel il exerce son activité.
CONTENU DE LA FORMATION
La formation est répartie en six modules :
-
module 1 : connaissance de l’hôpital (durée : 4 h)
-
module 2 : techniques d’accueil et de relation aux malades (8 h)
-
module 3 : techniques d’entretien et d’hygiène (8h);
-
module 4 : techniques de distribution des repas et du linge
-
module 5 : information spécifique au service (durée à définir)
-
module 6 : les ateliers de raisonnement logique ou ARL.
NB. Le module « ARL » est réparti tout au long de la formation et s’articule avec les modules
hospitaliers
ÉVALUATION
Analyse qualitative du métier d’ASH
Que l’on analyse le contenu réel de leur emploi constitue pour les ASH une forme de
reconnaissance : ils se sentent acteurs à part entière dans la structure hospitalière, ce qui représente
une source de motivation. Cette reconnaissance est d’autant plus importante qu’elle s’effectue au
plus haut niveau hiérarchique, c’est-à-dire avec le directeur, et en public lors de la réunion
d’information.
Le fait de l’avoir concrétisée en produisant des documents écrits a permis d’officialiser, de
« légaliser », comme cela a été dit par les agents eux-mêmes, cette reconnaissance aux yeux des
autres. Cette reconnaissance a permis également la consolidation d’un sentiment d’identité
professionnelle que l’on perçoit à travers la volonté de ne plus accepter les glissements de tâches.
Le principe des réunions d’information et de la diffusion de documents écrits, entre autres du plan
d’action, montrent bien la volonté de la direction d’inclure les ASH/ASH qualifiés dans les équipes
de soins, mais aussi sa volonté de jouer la transparence quant aux projets d’évolution des ressources
humaines.
Le fait d’informer un individu sur son avenir permet de créer un environnement sécurisant qui
facilite l’apparition de comportement motivé. La volonté d’instaurer un dialogue, grâce aux groupes
plurifonctionnels, aux différentes réunions, va dans le même sens. L’analyse qualitative a permis
également la reconnaissance d’aptitudes et de compétences, ce qui est important, puisqu’on a vu
que les ASH avaient une image globalement négative d’eux-mêmes. Cette reconnaissance a donc un
effet valorisant et remotivant, ce qui a bien été décrit dans les entretiens avec les agents.
Le point faible de cette démarche concerne le terrain, où les ASH décrivent une difficulté à faire
évoluer les mentalités et les attitudes du reste des équipes. Mais le comportement de celles-ci tient
peut-être au fait que le plan d’action de gestion des ressources humaines a mis en évidence pour
elles la nécessité d’une réorganisation, après étude des métiers d’aide-soignant, d’infirmière et de
surveillante. Les équipes se trouvent donc devant un avenir sur le point d’évoluer sans qu’elles
sachent encore comment, ce qui n’est guère sécurisant.
Cette peur de l’avenir entraîne chez elles une résistance au changement se manifestant par la
négation de l’analyse « du groupe métier » ASH et de ses résultats. Mais ces attitudes sont à
replacer dans le temps. Depuis, l’analyse des « groupes métiers » s’est poursuivie et d’autres
informations ont été diffusées. L’analyse prospective est une façon d’aider les agents à se projeter
dans le futur, c’est-à-dire qu’elle permet aux ASH/ASH qualifiés de bâtir des scénarios dans un
contexte donne. Elle a été dans un sens positive car elle a mis en évidence le potentiel de ressources
non exploitées de chaque individu. Mais elle a été aussi source d’angoisse dans l’esprit de ces
mêmes personnes, car elle a laissé des points d’interrogation, principalement par rapport à l’avenir
des ASHIASH qualifiés qui ne pourront pas faire l’école d’aide-soignant(e).
On peut donc conclure que l’analyse qualitative et prospective du métier d’ASH a permis d’avoir
une action sur le « maillon » faible de la chaîne de la motivation, à savoir la reconnaissance aux
yeux des autres. Cette reconnaissance n’a été que partielle puisqu’elle a été faite par la direction et
qu’elle n’a pour l’instant pas eu d’impact sur les attitudes des autres membres des équipes de soins,
mais il est beaucoup trop tôt, à l’heure actuelle, pour en tirer une conclusion définitive, puisque le
plan d’action de gestion des ressources humaines n’en est qu’à son début d’application.
Par contre, l’analyse du groupe-métier ASH n’a eu que peu d’action sur le deuxième « maillon »
faible de la chaîne de motivation, à savoir l’image négative que les ASH ont d’eux-mêmes.
Evaluation de la formation
Par rapport au contenu des cours, les agents ont beaucoup apprécié la séquence «connaissance de
l’hôpital », qui correspond chez eux au besoin de se situer. Se situer soi-même dans l’organisation,
mais aussi situer les autres : cela leur a permis de cerner d’une part, la contribution de l’ASH à la
« structure » hôpital, mais également celle des autres acteurs et l’articulation entre les deux. Ce
besoin de se situer dans un système de référence, appelé « besoin social d’appartenance », a été très
bien décrit dans les entretiens. Cela a permis également de mettre en valeur la finalité de l’hôpital,
autour d’objectifs communs : le malade et la qualité des soins.
Les ARL, quant à eux, ont été ressentis comme le point fort de la formation. Les acquis décrits sont
tous très positifs et se situent surtout à un niveau personnel, l’image de soi. Ce travail dans les ARL
est donc très intéressant puisqu’on a vu dans la première série d’entretiens que l’autre « maillon »
faible de la motivation était une image de soi globalement négative. Les acquis décrits en termes de
confiance en soi, d’ouverture d’esprit, renvoient tous à une image de soi positive.
La confrontation au groupe est très importante puisqu’on a vu dans la première partie de cet article
que la difficulté des ASH était de « ne pas oser ». Cette confrontation a permis de mettre en valeur
leur capacité de raisonnement et d’argumentation, et leur a permis de voir qu’ils étaient tout à fait
capables de se confronter à d’autres personnes.
Enfin, la formation dans sa globalité a été très valorisante car elle est devenue un symbole de réussite en termes de capacité. Capacité très importante par rapport à la reconnaissance aux yeux des
autres, mais aussi par rapport à la reconnaissance à leurs propres yeux, surtout pour les agents qui
avaient été en situation d’échec scolaire. Cela permet un renforcement positif de l’image de soi et
renvoie à une image active d’eux-mêmes.
Le sens
Chez chaque individu, toute action a un sens, en particulier au travail. Mais le sens peut être
« cassé » lorsque sont tenus en même temps deux types de messages contradictoires, ce qui entraîne
un blocage dans l’expression des comportements motivés. Au moment où les entretiens ont été
effectués, on peut dire que les ASH/ASH qualifiés étaient dans cette situation.
D’un côté, la direction met en place une démarche de GPPEC avec une analyse du groupe-métier
ASH, produit des fiches-métiers effectuant un descriptif des tâches qui sont du ressort de l’ASH et
entreprend une action de requalification qui donne des compétences supplémentaires à certains.
Avec ces deux actions, on peut dire que la direction donne un sens à l’action, aux relations et aux
investissements des ASH/ASH qualifiés dans l’hôpital. En effet, de telles initiatives vont dans le
sens d’une évolution de leur profession.
D’un autre côté, il y a le « terrain », c’est-à-dire le service, avec sa spécialité, ses individus, ses
valeurs qui orientent le sens du travail, des relations des ASH/ASH qualifiés vers un conservatisme
sécurisant. Cette résistance au changement se manifeste fréquemment dans les équipes par un
désintérêt quant aux actions menées au sein du «groupe métier» ASH. Ces deux « messages » sont
dissonants. Ils entraînent chez les ASH/ASH qualifiés un blocage de la motivation. La seule
solution pour faire disparaître ce blocage est une réorganisation du travail revendiquée par les
agents, et prévue dans le plan d’action de gestion des ressources humaines, pour que chacun ait une
place clairement définie et respectée dans l’équipe.
ALLER PLUS LOIN !
L’hypothèse de départ était que la démarche de GPPEC, articulée pour certains avec une action de
requalification, permet aux ASH de retrouver une motivation au travail. La première série
d’entretiens a mis en évidence deux « maillons » défaillants dans la dynamique de la motivation des
ASH, à savoir :
-
la reconnaissance aux yeux des autres,
-
une image de soi négative.
La deuxième série d’entretiens montre que la démarche de GPPEC, concernant le « groupe métier »
ASH, a favorisé la reconnaissance aux yeux des autres et le sentiment d’identité professionnelle,
mais n’a eu que peu d’influence sur l’image de soi négative des agents. La raison principale en est,
on l’a vu, la résistance au changement dans les services. Mais, ce résultat n’est, je le rappelle,
qu’une photographie à un moment précis. La mise en application depuis 1993 du plan d’action de
gestion des ressources humaines, et en particulier la réorganisation du travail, va permettre de faire
évoluer les équipes.
Par contre, l’articulation avec l’action de requalification a permis de faire évoluer positivement
l’image de soi des agents. Cette formation doit donc impérativement se poursuivre en même temps
que l’application du plan d’action afin de permettre à la motivation des ASH/ASH qualifiés de
s’exprimer.
LE RÔLE DU CADRE INFIRMIER
Vouloir faire de la gestion des compétences et de la gestion des motivations, ce n’est plus voir le
cadre infirmier uniquement comme un gestionnaire de matériel ou de personnes, mais comme un
animateur mettant en place des conditions pour que ses collaborateurs se motivent, et pour tirer un
meilleur parti des ressources et des potentiels disponibles de ceux-ci. Dans une action de GPPEC, il
devient ainsi le pivot entre la direction et les unités fonctionnelles. Je ne me limiterai pas ici à
étudier le rôle du cadre infirmier concernant le « groupe métier » ASH, mais j’élargirai le débat à
l’ensemble de l’équipe et de l’organisation en général.
RÔLE DANS LE RECRUTEMENT
Deux types de recrutements :
-
le recrutement externe : les personnes viennent de l’extérieur de l’hôpital ;
-
le recrutement interne : les personnes viennent d’autres services de l’hôpital.
Dans les deux cas, la démarche est la même. La mise en place du portefeuille de compétences est
une aide précieuse dans la présentation du poste à pourvoir, lors de l’entretien d’embauche : quel
profil est désiré pour ce poste ? Le portefeuille de compétences suppose donc qu’il y ait eu au
préalable une analyse de tous les emplois types présents au centre hospitalier (ce qui est
actuellement fait à Vesoul). L’analyse des « groupes métiers » est, on l’a vu dans le chapitre
précédent, faite avec le concours du personnel d’encadrement, compte tenu de leur connaissance des
hommes et des emplois.
Le cadre infirmier trouve également sa place dans la rédaction de la fiche de poste, qu’il effectuera
avec l’agent occupant le poste concerné. À ce portefeuille, je proposerais que soit associée une fiche
motivationnelle, remplie avec l’aide du cadre infirmier par des personnes présentant des profils
psychologiques très dissemblables et ayant réussi pour des raisons différentes. Ces fiches serviraient
de base à l’entretien d’embauche, en permettant une comparaison entre ce que le candidat « imagine
» de motivant dans ce poste et ce qui est dit par ceux qui l’ont tenu. L’entretien d’embauche permet
également d’insister sur les projets individuels : c’est le candidat lui-même qui fixe ses limites, ce
qui permet de prévoir l’adaptation à ce poste et l’évolution du candidat, à l’intérieur et à l’extérieur
du poste.
RÔLE DANS LES ÉVALUATIONS
C’est l’appréciation du personnel de façon régulière pour asseoir un certain nombre de décisions de
gestion du personnel (prime, promotion, mobilité...). Là encore, le moyen le plus utilisé est
l’entretien. Le cadre infirmier peut pratiquer deux types d’entretiens :
-
l’appréciation de performance ;
-
l’appréciation visant à l’orientation de carrière.
Le premier apprécie une tâche exécutée, donc passée. Le deuxième apprécie le potentiel de
l’intéressé, confronté aux possibilités offertes par l’hôpital. Il est donc tourné vers le futur. Les deux
types d’entretiens ne doivent pas être faits ensemble. L’état d’esprit dans lequel se présente l’agent
est très différent dans l’un et l’autre cas.
L’appréciation de performance
Là encore, le portefeuille de compétences se révèle d’une aide précieuse, grâce à l’identification des
compétences nécessaires. Il permet de mesurer les écarts entre les exigences du poste et ce que fait
effectivement l’agent. Cet entretien est important, car :
-
Un agent veut savoir ce qu’on attend de lui (sens et reconnaissance) ;
-
Il a besoin de participer aux décisions le concernant directement dans son travail
(reconnaissance) ;
-
Il a besoin de « feed-back » sur la qualité de son travail (reconnaissance). Pour cela, il
faut toujours commencer par les points forts et ne pas énoncer que les points négatifs ;
-
Sa performance est améliorée quand son supérieur manifeste de l’intérêt pour ses
résultats (reconnaissance) ;
-
L’agent souhaite à quelque niveau que ce soit de la reconnaissance pour la contribution
qu’il apporte par son travail.
L’entretien d’orientation de carrière
Gérer des projets individuels, c’est permettre à un agent d’obtenir une promotion, c’est-à-dire passer
à un niveau supérieur de responsabilités, en favorisant par exemple la mobilité interne sur laquelle
je reviendrai un peu plus loin. Cet entretien a pour but également de permettre l’expression des
projets individuels de l’agent, d’analyser où il en est, lui faire prendre conscience de son potentiel,
pour élaborer avec lui des projets professionnels qu’il pourra s’approprier.
L’entretien doit respecter un certain nombre de règles :
-
Cet entretien n’est un contrat pour aucun des deux participants. Il n’y a aucune
obligation d’un côté comme de l’autre. L’individu n’est pas tenu d’avoir un projet
professionnel. Le cadre infirmier (et donc la direction dont il est le pivot) n’est pas tenu
de le réaliser. Si, à cette occasion, un contrat (en termes d’accord) est conclu entre le
cadre et l’agent, le portefeuille de compétences permettra de voir si l’objectif fixé a été
atteint ;
-
Le cadre infirmier doit respecter le rythme d’évolution de l’individu. Certains ont besoin
de plus de temps que d’autres pour mûrir un projet ;
-
Les informations récoltées sont strictement confidentielles ;
-
Le rôle du cadre infirmier est de maîtriser et d’informer sur l’évolution qualitative et
quantitative des emplois, sur le contenu actuel et futur des emplois, sur les différentes
filières possibles.
Son rôle est de donner suffisamment d’éléments pour permettre à l’individu d’intégrer à sa logique
personnelle un cadre précis, c’est-à-dire obliger la motivation à prendre forme dans ce cadre. La
nomenclature des emplois types est un outil permettant la gestion des projets individuels dans la
mesure où elle permet l’identification des filières possibles à l’hôpital. La diffusion de toutes ces
données peut donner lieu à des réunions d’équipes afin de livrer des informations sur les projets de
l’organisation et l’orientation de celle-ci.
RÔLE DANS L’ORGANISATION DU TRAVAIL
L’information-communication
Garant du moral de l’équipe, l’information est un facteur d’efficacité. C’est un rôle important du
cadre infirmier que de permettre l’accessibilité des informations sur les postes, et au niveau plus
général, sur la vie de l’organisation que représente l’hôpital. Car savoir est source de sécurité et
«être informé »est signe de considération et de reconnaissance, donc source de motivation au
travail. La carence des informations entraîne désintérêt, frustrations et favorise l’apparition de
rumeurs avec tout son cortège de réactions émotionnelles.
Le contenu de l’emploi
Le cadre infirmier doit favoriser l’initiative, la créativité et l’autonomie, sources de motivation. Ceci
bien entendu après avoir évalué le désir et la capacité des agents. L’entretien d’évaluation ou
orientation de carrière permet cette approche. Il permettra d’apprendre, par exemple, que tel agent
est responsable d’une association, ou élu dans un conseil municipal... De là, on pourra en conclure
qu’il a un potentiel créatif, des capacités d’initiative et d’autonomie. Une autre action importante
pour favoriser la participation est la délégation. Il est important que le cadre infirmier délègue ce
qu’il peut déléguer (cela sous-entend qu’il ait au préalable analysé ce qu’il désire déléguer) à des
agents dont il aura reconnu la compétence et surtout le désir d’évoluer.
Si le cadre infirmier décide de déléguer, il devra donner à l’agent les informations nécessaires, mais
il devra également fixer des moyens de contrôle car il reste de toute façon responsable des échecs
du délégataire. La délégation implique une certaine confiance et donne au délégataire un sens des
responsabilités. En déléguant, le cadre doit également veiller à éviter les conflits, les antipathies et
les tensions négatives qui peuvent apparaître.
Les acteurs
Le cadre infirmier doit être conscient que le groupe formé par son équipe est détenteur d’une
identité, indispensable aux individus qui le composent. Le groupe favorise le sentiment d’identité
personnelle, renforce le sentiment de sécurité nécessaire à l’affirmation de soi et permet ainsi
l’émergence de projets individuels. Le groupe est l’intermédiaire entre l’individu et l’organisation.
il peut donc négocier à l’intérieur de celle-ci, échanger des informations, travailler sur un rythme,
répartir différemment ses tâches. Encore faut-il que le cadre infirmier soit suffisamment ouvert et
permette ainsi aux membres de l’équipe de s’exprimer.
Parler de groupe, c’est donner aux tâches à accomplir une unité, un sens, un contexte. C’est le faire
évoluer autour de valeurs et d’objectifs communs, d’où l’importance pour le cadre de faire des
réunions d’équipe pour définir les objectifs, les valeurs, faire une carte d’identité du service
favorisant également l’adaptation de nouvelles recrues. Le cadre et le groupe doivent donc
constituer un ensemble cohérent pour discuter, innover dans différents domaines. La seule finalité à
respecter étant la qualité des soins donnés aux patients.
ROLE DANS LA FORMATION
C’est une des responsabilités du cadre infirmier envers son équipe que de tirer le meilleur parti de
ses ressources et des potentiels disponibles, en favorisant le développement de compétences
nouvelles. Là encore, le portefeuille de compétences et les fiches de poste en particulier, sont des
outils qui lui permettent de faire un bilan avec l’agent.
Le cadre devient alors coprescripteur dans la mise en œuvre des actions de formation en
concertation avec les agents qu’il encadre, mais aussi comme coréalisateur, chaque fois que ces
actions sont greffées sur la pratique professionnelle (exemple: les formations en hygiène
hospitalière). Élaboré par le cadre infirmier et les différents acteurs de l’équipe, le plan de formation
vise à reconnaître la valeur des personnes, remarquer les réussites et les progrès, identifier les points
forts, mais aussi les points faibles à améliorer par des actions de formation.
Toutes les actions de formation sont répertoriées dans le portefeuille de compétences que possède
l’agent (il peut également être employé par un(e) ASH/ASH qualifiée ou un(e) aide-soignant(e)
dans son dossier de validation d’acquis pour les concours d’entrée en institut de formation en soins
infirmiers).
RÔLE DANS LA MOBILITÉ
La mobilité se fait dans deux sens : par rapport aux gens que l’on veut accueillir dans le service ;
par rapport aux agents qui quittent le service.
Par rapport aux arrivants
Il est important de pouvoir « jouer la transparence », de présenter les fonctions de chacun au sein du
service (fiche de poste) par rapport aux postes vacants, de définir les objectifs du service...
Par rapport aux partants
Le cadre infirmier ne doit plus tenir compte de son seul service, mais élargir sa vision à l’hôpital
tout entier, en favorisant la mobilité interne, pour permettre ainsi à l’agent de réaliser son projet
professionnel (JFSI, écoles d’aides-soignants). La mobilité devient dans les deux cas un moyen
privilégié d’assurer par le jeu du parcours professionnel la progression du patrimoine de
compétences de chaque agent. Là encore, le portefeuille de compétences qui suit l’agent durant
toute sa carrière mettra en évidence sa mobilité et les compétences acquises dans les différents
services. S’il est bien rempli, ce portefeuille de compétences constitue donc une aide précieuse pour
le cadre infirmier. Il lui fournit une multitude de renseignements qui l’aideront à évaluer l’agent,
identifier ses compétences, favoriser l’émergence d’un projet professionnel, voir quels moyens s’est
donné l’individu concerné pour le réaliser.
UNE GRANDE CONSCIENCE PROFESSIONNELLE
Dans une démarche de GPPEC, tous les acteurs hospitaliers sont impliqués. C’est à partir d’une
connaissance réelle des emplois, de leur contenu et de leur évolution que l’on sera à même d’aider
un agent à confronter son projet individuel à la réalité. La prise en compte des motivations devra
toujours se concevoir dans un cadre précis qui lui donne un sens et une spécificité. La GPPEC
permet de définir des objectifs communs, un but final commun, de parler un langage commun. En
quelques mots, de créer une « culture d’entreprise
En outre, une constante se retrouve chez tous les agents ASH/ASH qualifiés, et on peut l’affirmer,
chez tous les acteurs hospitaliers : la conscience professionnelle. C’est un atout majeur. Tous ont
très fortement conscience du fait que la finalité de leur travail, c’est la qualité optimale des soins,
c’est le malade. Faire appel à quelque niveau que ce soit à leur conscience professionnelle, c’est une
garantie de qualité et de fiabilité.
La GPPEC stimule cette implication de tous, dans la recherche de cette qualité optimale. Il faut
donc rechercher la responsabilité à tous les niveaux par des démarches participatives, garantes de
« l’esprit qualité. Cela engage particulièrement le cadre infirmier dans un style de management
participatif, tel que décrit dans le chapitre « Rôle du cadre ». Mais c’est aussi la nécessité pour le
cadre infirmier d’avoir en permanence «le souci du détail » dans le vécu quotidien au travail, car
c’est avec ces «détails » que chacun se sentira reconnu. On l’a vu, la reconnaissance est une notion
clé de la motivation.

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