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les nouvelles des ✒ LOISIRS 67 HUMOUR David Bosteli lauréat du Rocquencourt 2014 André-Malraux était presque comble, vendredi soir, pour la désormais sacro-sainte dernière soirée festivalière, qui voit le sacre du Piolet d’or, récompensant le meilleur des neuf artistes passés sur scène pendant les trois soirées que dure le rendez-vous. Dessiné par le sculpteur Maud, décerné par un jury de professionnels, le trophée vient confirmer un début de carrière prometteur pour le récipiendaire et constitue une jolie carte de visite pour se produire ensuite dans les salles de l’Hexagone. L E THÉÂTRE Bête de scène Certains artistes ont le culot d’empocher aussi le Prix du public, lors de cette soirée de clôture. David Bosteli a ainsi fait le grand chelem, vendredi soir, c’est le nom à retenir, qui devrait réapparaître rapidemment aux frontons des grandes salles de spectacle, si l’artiste continue sur sa lancée. Accompagné de sa guitare, David Bosteli bâtit son show autour d’interprétations mouvementées de standards de la chanson, française ou anglo-saxonne, pop ou rock. Corrosif, monté sur 100 000 volts, David Bosteli s’essaie aussi au rap, avec son faciès de mauvais garçon au charme ravageur. Piolet d’or 2014, l’homme n’est est pas moins un artiste exaspérant, martyrisant sans pudeur les premiers rangs de l’assistance. Ses victimes le lui pardonnent néanmoins, le talent vaut bien quelques piques, si désagréables soient-elles. Et puis, dans l’absolu, il suffit d’aller s’asseoir derrière pour jouir tranquillement du Rocquencourt. «Quand on est seul sur scène, le partenaire c’est le public», affirme celui qui n’hésite pas à plier bagages si les réactions de la salle ne lui plaisent pas. Insupportable, vous dit-on. «Il a un dynamisme incroyable, déjanté. On a l’impression qu’il lâche prise du festival cette année. Son écriture nous a séduits, son accent américain aussi. Sébastian Marx est un fort potentiel de la future scène du café-théâtre», estime Philippe Davis, administrateur de l’académie Alphonse-Allais et président du jury cette année. Sébastian Marx (à g.), Les Glandeurs nature et David Bosteli, récompensés samedi soir. et pourtant son spectacle est directrice et programmatrice show qui relate son expérience très structuré. J’aime bien du théâtre D.Cardwell, à Dra- de New-Yorkais à Paris lui a son humour, sans vulgarité veil. Les voies des jurés étant pourtant valu les faveurs des et il a une belle relation avec décidément impénétrables, professionnels présents. «C’est le public. Sa performance c’est Sébastian Marx qui dé- un artiste qui est tout à fait scénique est convaincante, croche le Prix spécial du jury. dans l’esprit d’humour déil a un fort potentiel comi- Soporifique à souhait, casse- calé d’Alphonse Allais, dont que», précise Ariane Le Bellec, pieds, presque ridicule, son la mémoire guidait l’esprit Ouf! l’honneur est sauf, avec le Prix du mécène, qui équivaut à une seconde place. C’est le duo “Les Glandeurs nature” qui s’offre ce trophée, mérité. Néné et Bichoko en sont les protagonistes. Avec leur costume flashy de loosers tendance beaufs, ils font mouche chez ceux qui aiment l’univers du cirque. Et c’est de celui-ci qu’ils viennent, endossant à merveille leurs habits de clowns un peu décalés avec la réalité. Ils projettent notre propre moi sur leurs personnages empreints de sensibilité. Chapeau messieurs. Emmanuel Fèvre Ouverture du festival, mercredi soir Un deuxième jour plein de promesses Heureusement, le trio Musi’colle fait le show Glandeurs nature : deux rouleaux compresseur Jean Lagadec, président de l’association du festival de Rocquencourt, Victor Rossi, Nadia Roz et Sébastian Marx. A JEUNESSE était au ren- quencourtois a goûté juste dez-vous lors de quelques prémices. Nadia l’ouverture du 18e Fes- Roz, vainqueur ce soir-là, a tival de Rocquencourt, sauvé les meubles, lors de 25 ans d’âge en moyenne, deux passages sur scène. La pour les trois candidats au jeune femme, issue du théâPiolet d’or. Si ce pedigree tre, a montré une bonne réussit bien au whisky, nos maîtrise de l’espace scénique, trois humoristes vont devoir du chant, essayant de placer eux prendre un peu de bou- quelques zestes d’humour sur teille pour parfaire leurs le thème de la remise en talents, dont le public roc- forme ou sur celle du couple. L Ce dernier thème permettant quelques notes plus graves sur les violences faites aux femmes. Sébastian Marx et son expérience de New-Yorkais à Paris est resté gentillet, tout comme Victor Rossi, plein d’entrain, mais aux sketches pas convaincants, notamment au sujet des traders. Les grands vainqueurs sont les invités de ce Rocquencourt. Le trio Musi’colle, malheureusement hors concours, a séduit avec trois jeunes frangins qui allient jonglages et percussions musicales, dans une performance menée à un rythme effréné. «C’est notre premier spectacle, dont le public a découvert des extraits. C’est notre petit frère, Clément, batteur, qui nous a conduits sur la voix du jonglage musical», détaillent Stéphane et Cyril. E. F. incompétent sûr de lui et un gros abruti qui s’excitent pour n’arriver à rien… sauf à nous faire rire aux éclats. Voilà comment on pourrait décrire « Glandeur nature ». Un duo qui renoue avec le vrai comique: des différences physiques bien exploitées (un gros et un maigre), un texte envoyé à la mitraillette, des situations improbables. Les voilà devant Pôle emploi, bien décidés à ne pas trouver de travail, tout en donnant le change… et très vite on tombe dans l’absurde lorsqu’ils se lancent dans la réalisation d’un CV en vidéo, pour être engagés dans un théâtre… Un vrai délire qui se poursuit lorsqu’ils répêtent la scène du balcon de Cyrano de Bergerac. Absolument hilarant ! Le public lui a d’ailleurs donné ses suffrages jeudi soir. U N BAVARD Simplement hilarants ! Face à ce rouleau compresseur, Les Dézingués du vocal avaient peu de chances. Pourtant cette plongée dans l’univers du music-hall, leurs chansons drôlatiques, fines, pleine d’humour, alliées à de véritable qualités vocales et musicales valent le coup d’être vu. Et plus que cela. Une mise en place impeccable, un jeu de scène parfaitement huilé, un goût pour la dérision parfaitement assumé, comme lorsque les quatre compères s’attaquent à un Lac des cygnes, qui se transforme vite en Lac des signes, où donnent dans le contrepet en faisant chanter à une pure jeune fille « Mourir et naitre pour la paix ». On vous laisse réfléchir à ça. P.W.