Comment te dire…
Transcription
Comment te dire…
Comment te dire… fascicule 09 L e s p e r s o n n a g e s l é g e n d a i r e s La différence entre les personnages légendaires et les personnages historiques n'est pas toujours aussi claire que cela. Des personnages authentiquement historiques peuvent ainsi « amasser » tellement de traits légendaires, au cours des siècles, qu'il en deviennent des êtres mythiques. Ces personnages auraient réellement existé, mais les histoires que l'on raconte sur eux sont totalement imaginaires. À l’inverse, des êtres totalement imaginaires peuvent être dotés d'une biographie tellement vraisemblable que celà les « historicise » en quelque sorte. Tout le monde est alors persuadé qu'ils ont vraiment existé. Cela arrive avec des héros de romans comme Sherlock Holmes, des héros de légendes populaires tel Guillaume Tell mais aussi avec des dieux ... c'est du moins ce que croyait Evhémère l'athée, cet ancien Grec qui prétendait que les dieux ne sont que d'anciens hommes qui ont été déifiés par leurs compatriotes. Les Amazones étaient selon les mythes grecs, un peuple de guerrières descendant du Dieu de la guerre Arès et de la Nymphe Harmonie. On placait leur royaume sur les rives du Thermodon, dans le nord-est de l'Anatolie. Le plus ancienne narration sur les Amazones se trouve dans l’Iliade d'Homère où Priam y parle d'une armée rassemblée sur les bords du Sangarios, dans le but de repousser les Amazones. Elles auraient également tenté d'envahir l'Attique du temps de Thésée. Le problème c'est que les habitant de l'Anatolie ne semblent pas avoir connu ces Amazones. Les fées sont connues dans de nombreux pays. Ainsi, un peu partout dans le monde on les appelle FADEs, FADAs, FADETTEs ou FAIRYs. Leur nom vient du latin FATA (pluriel de FATUM, destinée). Chez les Romains, les TRIA-FATAs étaient les trois déesses du destin. Leurs noms étaient Nona, Decima et Morta. Ces trois déesses symbolisaient la destinée et étaient représentées sous les traits de trois fileuses. La première était jeune et représentait le passé. C'était elle qui filait le fil de vie de chaque homme, créant ainsi ses talents et sa destinée. Le deuxième était d'age mûr et représentait le présent. C'était elle qui mesurait le fil de vie de chaque homme, calculant ainsi la durée de son existance. Le denière était vieille et représentait le passé. C'était elle qui coupait le fil de vie de chaque homme, déterminant ainsi sa mort. Dans les légendes celtiques tardives ont retrouve aussi trois sorcières qui entrainent la mort des héros. Comment te dire… fascicule 09 : page 33 L e s e n f a n t s v e r t s Un après-midi du mois d'août 1887, deux enfants sortirent d'une grotte située aux alentours du village de Banjos en Espagne. Ils marchaient en se tenant par la main et traversèrent un champ où des paysans étaient en train de moissonner. Ils avaient l'air craintif et ils parlaient un langage incompréhensible. Leurs vêtements étaient faits d'un tissu inconnu et leur peau était complètement verte. Les moissonneurs étaient en train de se reposer après leur repas, quand le petit couple apparut à l'entrée de la grotte. N'en croyant pas leurs yeux, les paysans se précipitèrent vers les enfants qui, épouvantés, se mirent à courir pour leur échapper. Après les avoir attrapés, ils les conduisirent chez Mr Ricardo Da Calno, un magistrat qui était le plus gros propriétaire du pays. Mr Da Calno prit la main de la petite fille, la frotta énergiquement, mais la couleur verte ne disparut pas. Les enfants refusèrent de manger ce qu'on leur proposait mais ils touchèrent avec leurs doigts le pain et les fruits en paraissant très intrigués. Le magistrat remarqua que les traits de leur visage étaient réguliers et assez semblables à ceux des peuplades africaines. Leurs yeux étaient taillés en amande et très enfoncés dans les orbites. Les enfants demeurèrent six jours chez Mr Da Calno, mais ils ne mangèrent rien et s'affaiblirent. On ne trouvait pas d'aliment qui leur convînt. Un jour, on leur apporta des haricots et ils se jetèrent dessus avidement. Ils ne touchèrent jamais à autre chose comme nourriture. Ce jeûne avait tellement affaibli le garçon qu'il mourut un mois après sa sortie de la grotte. La fille elle, grandit normalement et devint domestique chez Mr Da Calno. Sa couleur verte diminua d'intensité et plus personne ne fit attention à elle. Elle finit par apprendre quelques mots d'espagnol et elle put donner de vagues explications sur elle-même. Le mystère n'en fut pas éclairci pour autant. Elle déclara quelle venait d'un endroit où il n'avait pas de soleil et où il ne faisait ni jour ni nuit donc où il y avait on suppose, un crépuscule permanent. Elle dit : « Il y a un pays éclairé pas loin de nous mais nous sommes séparés de lui par un fleuve très large. » Lorsqu'on lui demanda comment elle était arrivée ici, elle répondit : « Il y a eu un grand bruit. Nous avons été pris dans un tourbillon et nous nous sommes trouvés dans la grotte près du le champ de blé. » Elle vécut pendant cinq ans et mourut en 1892. Elle fut enterrée à côté de son frère. On peut douter de l'authenticité de cette affaire car Javier Sierra du magazine « Mâs Allâ » a fait une enquête sur l'affaire. Il en ressort que le village de Banjos n'a jamais existé en Espagne et que le seul endroit portant un nom plus ou moins similaire est Banyoles, où l'histoire n'est pas connue. Mots et expressions en italique et soulignés : vocabulaire à chercher dans le dictionnaire Comment te dire… fascicule 09 : page 34 Q u i s o n t - i l s v r a i m e n t ? Le Petit Chaperon Rouge… est, à l’époque de Charles Perrault, une coiffure féminine populaire et bourgeoise, mais déjà démodée. La chose est naturelle, le costume des enfants du XVIIe siècle des classes aisées se caractérise par son archaïsme et ses emprunts aux modes populaires. Le petit chaperon rouge serait donc la marque du désir des villageois de se distinguer socialement, un signe de l’affection de la mère et de la grand-mère pour leurs ravissantes petites filles. Le Petit Poucet… Les contes traditionnels, transmis par la tradition orale, ont une origine très ancienne, et le Petit Poucet ne fait pas exception à la règle : la misère chez le petit peuple est un fait qui traverse les siècles. La version de Charles Perrault paraît dans le contexte des grandes famines du règne de Louis XIV. Elle met plus particulièrement l'accent sur la précarité de la vie paysanne et sur la condition de l'enfant, qui était généralement le premier sacrifié en cas de malheur. Poucet est le dernier d'une famille de sept enfants, il est malingre et considéré comme un niais car il ne parle presque pas, mais il écoute. Le thème du Petit Poucet tourne autour du fait de manger ou d'être mangé : les parents ne peuvent plus nourrir les enfants et les abandonnent dans la forêt ; contrairement à ses frères affamés, le Petit Poucet sait résister à la tentation de manger son dernier morceau de pain pour retrouver son chemin, mais les oiseaux picorent les miettes ; dans les bois, les loups n'ont qu'un but : dévorer les enfants ; après la première tentative pour perdre leurs enfants, les parents se déchaînent dans la gloutonnerie : « Le bûcheron envoya immédiatement sa femme à la boucherie. Comme il y avait longtemps qu'elle n'avait mangé, elle acheta trois fois plus de viande qu'il n'en fallait pour le souper de deux ». Le Chat Botté… À son décès, un vieux meunier laisse à ses trois fils l'intégralité de ses biens. L'aîné hérite du moulin, le cadet de l'âne, et le benjamin du chat. Sans un sou en poche et ne sachant que faire d'un tel cadeau, ce dernier songe à le manger mais le Chat s'avère doué de parole. Contre un sac et une paire de bottes, et avec beaucoup de ruse, l'animal est désormais déterminé à faire la fortune de son maître. Dans ce but, le Chat capture un lapin dans la forêt et l'offre au roi comme un cadeau de son maître, le « marquis de Carabas ». Il se met à amener ainsi régulièrement du gibier au roi, pendant plusieurs mois. Comment te dire… fascicule 09 : page 35 Un jour, sachant que le roi et sa fille voyagent le long de la rivière, le Chat persuade son maître de retirer ses vêtements et d'entrer dans la rivière. Il cache les habits de son maître derrière un rocher, puis appelle à l'aide. Lorsque le roi arrive, le Chat explique que son maître, le « marquis de Carabas » s'est fait dépouiller de ses habits alors qu'il se baignait dans la rivière. Le roi offre de riches vêtements au jeune homme et l'invite à s'asseoir dans son carrosse aux côtés de sa fille qui tombe instantanément amoureuse de lui. Le Chat court en précédant le carrosse et ordonne aux gens qu'il rencontre tout au long de la route de dire au roi que cette terre appartient au marquis de Carabas. Il entre ensuite dans un château habité par un ogre qui est capable de se transformer en un grand nombre de créatures. L'ogre le reçoit aussi civilement qu'il le peut, et se transforme en lion pour prouver ses capacités, effrayant ainsi le Chat botté. Ce dernier lui demande alors s'il est capable de se changer en souris. Lorsque l'ogre s'exécute, le Chat botté lui saute dessus et le dévore. Le roi arrive au château qui appartenait à l'ogre, et, impressionné par les biens du « marquis de Carabas », offre la main de sa fille au petit meunier. Peu après, le Chat devient grand seigneur, et ne court plus après les souris que pour se divertir. Charles Perrault… naît à Paris le 12 janvier 1628 d’un père avocat au parlement de Paris. Il est le dernier d'une famille de sept enfants dont quatre frères aînés. Il entre au collège de Beauvais et mène de brillantes études. Licencié en droit, il devient avocat en 1651. Il suivra une double carrière, littéraire et politique. Charles Perrault se fait remarquer par des poésies galantes et des écrits précieux. Vers 1660, il écrit des poèmes. En 1653, il publie sa première œuvre. De 1654 à 1664, il devient commis dans l’administration Générale des finances, dirigée par son frère aîné Pierre. L’année suivante, il occupe le poste de contrôleur général des bâtiments du roi. Il est élu en 1671 à l'Académie française, où il est l'initiateur et le principal protagoniste de la fameuse querelle des Anciens et des Modernes. En 1683, il s’adonne à la littérature, dans les genres et les styles les plus variés. Les trois Contes, en vers de Perrault : Grisélidis, Peau d’Ane et les Souhaits ridicules paraissent en 1694, sous le nom de son fils, Pierre Perrault d’Armancour, alors âgé de dix ans. Histoires ou Contes du temps passé, Avec des Moralités, en prose, sont publiés en 1697. Ces Contes demeurent l’une des plus charmantes réussites de notre littérature : Le petit Chaperon Rouge, Le Petit Poucet, Le Chat Botté et bien d’autres. L’académicien meurt à Paris, à l’âge de 75 ans, le 16 mai 1703. Mots et expressions en italique et soulignés : vocabulaire à chercher dans le dictionnaire Comment te dire… fascicule 09 : page 36