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COULISSES | AGENDA
COULISSES 21
Humour. Le Montreux Comedy Festival a 25 ans. Du 4 au 8 décembre, stars et jeunes talents
du rire se donnent rendez-vous au bord du lac Léman. Toujours en phase avec son époque, le
sanctuaire de l’humour francophone joue plus que jamais la carte de la découverte, de l’innovation
numérique et de l’ouverture au monde.
Entre
120 150
et
artistes invités.
11 000
spectateurs attendus.
40 millions de vues sur Internet.
Montreux, capitale européenne
du rire
— D’une saison à l’autre, Montreux passe
du rire au jazz, de l’ombre à la lumière.
Lovée contre les rives alanguies du lac
Léman, l’élégante station balnéaire suisse
tire son épingle du jeu en conviant chaque
année la crème des musiques actuelles
et de l’humour. Cet été encore, le my­
thique Montreux Jazz Festival célébrait
de concert Herbie Hancock, Stevie
Wonder­, Massive Attack, Pharrell Williams
et Agnès Obel. Cinq mois plus tard, chan­
gement de registre, mais même volonté
d’éclectisme. L’ambitieux Montreux
Comedy Festival soufflera ses vingt-cinq
bougies en grande pompe début dé­
cembre. À l’affiche ? Des grosses poin­
tures (Laurent Gerra, Anne Roumanoff,
Stéphane Guillon et Pascal Légitimus),
quelques valeurs sûres (François-Xavier
Demaison, Jean-Luc Lemoine et Jérémy
Ferrari), une pluie d’étoiles (Nawell
Madani­, Baptiste Lecaplain et Olivier De
Benoist) et de jeunes pousses (Constance,
Bun Hay Mean et Artus). Comme autant
de miroirs de nos sociétés modernes.
MAGSACEM # 91
Retour vers le futur
— « Je voulais que cette édition soit le point
de départ des vingt-cinq prochaines années
plutôt qu’une rétrospective des vingt-cinq
dernières. Elle mettra l’humour à l’honneur
sous toutes ses formes », promet son pré­
sident, Grégoire Furrer. « Les artistes d’aujourd’hui s’expriment à la fois sur scène, sur
le Web, à la télévision ou au cinéma. Ils ne
sont plus attachés à un seul support, mais à
un contenu déclinable à l’infini. » En marge
des trois grands galas télévisés à l’Audi­
torium Stravinski, plus de soixante-dix
comiques émergents se produiront au
Comedy Club. « Dénicher des talents que
personne ne connaît est inscrit dans l’ADN
du festival depuis sa création. Anthony Kavanagh, Shirley et Dino ou Jonathan Lambert
ont été découverts ici. Éric et Ramzy y ont
fait leur première grande scène, tout comme
Laurent Ruquier… » Innovante et défri­
cheuse, l’édition 2014 prend l’allure d’une
bouillonnante pépinière d’artistes. Au
programme : un best of des vidéos co­
miques qui ont « buzzé » sur le Net en
2014 (le Montreux Comedy @You), une
scène ouverte à toutes les générations (le
Lab by Montreux), ainsi qu’un grand
concours international de jeunes talents
sur le Web (le Montreux Comedy Contest)
accessible en français et en anglais, aux
continents européen, africain et nordaméricain.
Tremplin de rêve
— Pour participer, rien de bien sorcier.
« DÉNICHER DES TALENTS QUE PERSONNE
NE CONNAÎT EST INSCRIT DANS L’ADN
DU FESTIVAL DEPUIS SA CRÉATION. »
— GRÉGOIRE FURRER, PRÉSIDENT DU MONTREUX COMEDY FESTIVAL
Il suffit d’être drôle et de savoir poster
une vidéo en ligne… « Ce contest offre à
tout un chacun la possibilité d’exprimer son
potentiel comique. Nul besoin d’avoir écumé
les festivals ou les scènes ouvertes pour y
accéder », confirme Grégoire Furrer. En
décembre 2013, le lauréat de la grande
finale était un jeune inconnu – pas pour
longtemps – du nom de Vincent De­
dienne. Trois mois plus tard, ce comédien
issu du théâtre classique débarquait chez
Laurent­Ruquier, dans l’émission On va
s’gêner ! (Europe 1). Pour ne rien gâcher,
il remplace désormais l’excellent Stéphane
de Groodt comme chroniqueur au Supplément de Maïtena Biraben (Canal+). Un
pari risqué, mais gagné haut-la-main…
Gentiment décalée, sa Bio interdite prend
un malin plaisir à titiller les politiques.
En outre, Vincent Dedienne joue S’il se
passe quelque chose au Théâtre du Petit
Hébertot, jusqu’en janvier 2015. « C’est
un autoportrait biographique interrompu
par des trucs qui n’ont rien à voir. Ça va de
Marguerite Duras à Muriel Robin, en pas-
sant par Alice Sapritch et Louis-Ferdinand
Céline », s’amuse ce fan de François Rollin,
qui a lui-même coécrit le spectacle. « Je
rêve depuis toujours d’un seul-en-scène.
Aujourd’hui, j’ai l’impression de récompenser l’enfant que j’étais. Je ne touche plus trop
terre, depuis Montreux. » Il n’est pas le
seul comblé.
Révolution numérique
— « Vincent Dedienne est un extraordinaire
exemple de l’aura du Montreux Comedy »,
se réjouit Grégoire Furrer. Le festival a
pourtant vu le jour de bric et de broc, en
1990. À l’époque étudiant en économie,
son fondateur considérait déjà l’humour
« comme un art majeur ». Mais le jeune
homme avait une petite longueur
d’avance sur son temps… D’année en
année, à force de dévotion, son bébé va
grandir pour devenir LA référence euro­
péenne de l’humour. Budget annuel :
12,8 millions d’euros. Depuis l’explosion
du Web et des réseaux sociaux, ce genre
autrefois marginal s’est largement démo­
novembre 2014-janvier 2015
cratisé. « Quand j’avais 20 ans, les jeunes
qui voulaient rentrer dans le show-business
pensaient à la musique et non à l’humour »,
se souvient Grégoire Furrer. « Aujourd’hui,
il est plus facile de poster sa vidéo sur le Web
que de monter un groupe rock et passer des
semaines à répéter en studio. » D’ailleurs,
au même titre que les musiciens, les
humoristes bénéficient du statut d’auteur.
Ils sont actuellement plus de trois cents
à confier la gestion de leurs droits à la
Sacem, qui soutient en parallèle, via son
action culturelle, le Montreux Comedy­
Festival. Si le spectacle vivant, la radio et
la télévision lui reversent chaque année
près de 6 millions d’euros, elle a mis en
place un dispositif de répartition flexible
qui fait bénéficier les auteurs humoristes
de taux de collecte adaptés. Quelle que
soit leur notoriété.
Le rire, un métier d’avenir… •
Page de gauche, au centre : Grégoire Furrer,
fondateur du Montreux Comedy Festival.
Ci-dessus, au centre : l’humoriste Vincent
Dedienne.
© LOUISE ROSSIER – OLIVIER WAVRE
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