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JEUDI 25 MARS 2010 TRIBUNE DE GENÈVE GenèveSociété 27 Il redonne une âme et un look aux vélos meurtris Spécialiste de «bike custom», un Genevois retape des cycles avec originalité. «Frankie». Le Genevois passe plusieurs heures à peaufiner ses vélos dans les moindres détails, de la peinture qui fera la différence aux petits signes qui attireront l’œil. Ses créations sont toutes plus belles les unes que les autres, mais il n’en fera jamais son métier. TEXTE: ARNAUD CERUTTI PHOTOS: MAGALI GIRARDIN I l peut errer pendant des heures dans les marchés aux puces ou sur le Web afin de dénicher la pièce qui lui manque ou celle qui lui permettra d’ajouter à ses créations «la» petite touche qui fera sensation. Puis il démonte, dessine, repeint, bichonne et transforme. Jusqu’à l’obsession, avec l’application d’un professionnel et une extrême minutie collées aux basques. Menuisier de formation et ancien compétiteur de VTT, Frankie, 28 ans, est l’un des pionniers genevois du «bike custom» – appelé aussi «bike cruising» ou «bike tuning». Il a créé le CBCB, initiales de Chêne-Bourg Custom Bicycle. Sa passion? Redonner, avec originalité, une âme à des vélos meurtris ou offrir un look d’enfer à des cycles jugés «trop classiques». Loin de ce qu’on trouve dans le commerce, «car c’est ce qu’on ne voit pas ailleurs qui intéresse», martèlet-il. Un loisir qui lui a valu les honneurs d’un reportage de Mise au point. «Depuis, je reçois beaucoup de commandes», précise-t-il en sirotant un café. Coup de foudre en 1995 Et ce n’est certainement pas terminé! Le soleil pointant le bout de ses rayons, chacun tient maintenant à donner un coup de jeune à sa monture, histoire d’attirer les regards durant l’été. A l’image de l’intéressé qui, lorsqu’il enfourche son deuxroues au bord du lac, fait toujours sensation. Bien que rejeté dans l’ombre par l’émergence du vélo fixie – le vélo à pignon fixe – le «bike custom» a ses adeptes. Révélée dans les années 30 aux EtatsUnis, cette technique de «retape» de cycles de «détente» a trouvé une seconde jeunesse il y a de cela moins d’une décennie. Frankie a eu le coup de foudre en 1995. «A l’époque, je réparais moi-même les vélos que j’utilisais en compétition, dit-il. M’intéressant de près à la mécanique, j’ai constaté que les Américains modifiaient tout à l’extrême. J’ai même aperçu des cadres qui avaient des allures de vaisseaux spatiaux.» Grâce au bouche à oreille Ses créations sont heureusement moins kitsch mais font «tilt» au premier coup d’œil, tels une lampe multicolore, un guidon qui rappelle une HarleyDavidson, des symboles incrustés dans la roue ou des pneus venus d’ailleurs… En bon auto- didacte, il s’est fait connaître par le bouche à oreille. «Les personnes, parfois hallucinées par ce qu’elles voient, viennent spontanément me parler pour savoir ce que je fais», glisse-t-il. Afin de mieux se faire connaître, ce Genevois originaire de Satigny s’est notamment rendu au slowUp, où ses vélos ont fait un tabac. «Je me promène aussi dans un maximum d’endroits pour me faire voir», confie-t-il. Son box ressemble à une caverne d’Ali Baba. «J’adore chiner et je lorgne partout des pièces me permettant d’assouvir ma passion, reprend-il. Lorsque des clients me rendent visite, j’essaie de les initier un peu à cet art, mais je veux d’abord leur rendre un produit qui tient la route.» Et qui, surtout, colle à leurs désirs. «Parfois, ils viennent avec une idée très précise de ce qu’ils veulent et d’autres me laissent carte blanche!» Frankie qui retape et fabrique de A à Z, répète qu’il n’y a «aucune manœuvre commerciale» dans sa démarche. «Je ne le fais que par passion, car chaque nouveau vélo résonne comme une aventure, comme un nouveau défi. Une caisse à outils me suffit, mais je ne veux pas me laisser dépasser par les sollicitations. A aucun moment je n’ai songé à faire de ce loisir mon métier.» Son atelier reste une bonne alternative aux magasins traditionnels. «Pour eux, de tels montages ne seraient pas rentables.» Argent ou pas, lui s’en fiche. Il veut garder son moteur, soit continuer de démonter, dessiner repeindre, bichonner et transformer. «Je lance même un appel, car si des gens ont des vélos en rade, ils peuvent sans autre me contacter.» Pratique ❚ Vous pouvez prendre contact avec Frankie à l’adresse e-mail [email protected]. La gamme de prix est large, de quelques centaines de francs à plus. ❚ En Romandie, HotBike, à Lausanne, et OkoBike, à Neuchâtel, font aussi du «bike custom». ❚ A l’étranger, d’autres sites Internet, tels Chopperdome (www.thechopperdome.nl) ou Classic Cycle (www.classic-cycle.de), sont également des spécialistes en la matière et regorgent de différentes pièces. ❚ Le slowUp des Fêtes de Genève 2010 aura lieu le 8 août. Franck Sauthier espère y être présent. (ACE) QU’EST-CE QU’ILS FABRIQUENT? Un week-end de films dédié à la place des femmes dans la guerre Laurence Deonna, reporter, écrivaine, photographe et présidente de l’association Etre femme aujourd’hui, et Ali Agraniou, président de l’association Diversités, organisent ce week-end un minifestival intitulé «Ma guerre à moi… racontent-elles», avec le soutien de l’Office des droits humains du canton de Genève. On en parle avec eux. Qu’est-ce que vous fabriquez? Ali Agraniou et Laurence Deonna, organisateurs du week-end sur le thème des femmes dans la guerre. (STEEVE IUNCKER-GOMEZ) Nous mettons sur pied un week-end de films documentaires et de débats portant sur le thème des femmes dans la guerre. S’il existe des centaines, voire des milliers de films sur la guerre, bien peu évoquent spécifiquement l’expérience des femmes. Pire, elles sont trop souvent réduites à des clichés: dames de fer ou pleurnicheuses qui attendent le retour du héros. Pourquoi maintenant? C’est une façon pour nous de terminer en beauté ce mois de mars qui a vu se succéder la Journée des femmes, le Festival international du film sur les droits humains et la Semaine contre le racisme. Pourquoi avoir choisi ce thème? C’est un thème difficile. Nous ne parlons pas des conflits en tant que tels, mais de leurs conséquences. Les femmes représentent la force, leur expérience constitue une richesse. Elles apportent un message d’espoir, celui de la sagesse. Et c’est ce message-là que nous souhaitons faire passer. Dans le détail, comment se déroulera ce week-end? Nous verrons quatre films documentaires traitant de la guerre en Tchétchénie, en Algérie, en Irak et au Moyen-Orient. Il s’agit de Paroles de femmes de Mylène Sauloy (2005), Algériennes de Djamel Sellani (2008), Loin d’Irak de Delphine Dhilly (2008) et Douleur et révolte, Moyen-Orient de Lucienne Lanaz et Laurence Deonna (2003). La comédienne Anne-Shlomit Deonna lira des poèmes. Enfin, dimanche, à 18 h, un débat animé par Laurence Bézaguet (ndlr: journaliste à la «Tribune de Genève»), en présence de Rama Mani et Mylène Sauloy, deux femmes de terrain, clôturera le week-end. Christiane Pasteur ❚ Samedi 27 mars dès 18 h et dimanche 28 mars dès 15 h, Maison des associations, salle Gandhi, 15, rue des Savoises. Entrée: 15 francs (25 francs pour tout le week-end). Infos par tél. au 022 346 38 53.