GenèveSociété

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JEUDI 25 MARS 2010
TRIBUNE DE GENÈVE
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Il redonne une âme et un
look aux vélos meurtris
Spécialiste de «bike custom», un Genevois retape des cycles avec originalité.
«Frankie». Le Genevois passe plusieurs heures à peaufiner ses vélos dans les moindres détails, de la peinture qui fera la différence aux petits signes qui attireront l’œil. Ses créations sont toutes plus belles
les unes que les autres, mais il n’en fera jamais son métier.
TEXTE: ARNAUD CERUTTI
PHOTOS: MAGALI GIRARDIN
I
l peut errer pendant des
heures dans les marchés
aux puces ou sur le Web
afin de dénicher la pièce
qui lui manque ou celle qui lui
permettra d’ajouter à ses créations «la» petite touche qui fera
sensation.
Puis il démonte, dessine, repeint, bichonne et transforme.
Jusqu’à l’obsession, avec l’application d’un professionnel et
une extrême minutie collées
aux basques. Menuisier de formation et ancien compétiteur
de VTT, Frankie, 28 ans, est l’un
des pionniers genevois du «bike
custom» – appelé aussi «bike
cruising» ou «bike tuning». Il a
créé le CBCB, initiales de Chêne-Bourg Custom Bicycle.
Sa passion? Redonner, avec
originalité, une âme à des vélos
meurtris ou offrir un look d’enfer à des cycles jugés «trop
classiques». Loin de ce qu’on
trouve dans le commerce, «car
c’est ce qu’on ne voit pas
ailleurs qui intéresse», martèlet-il. Un loisir qui lui a valu les
honneurs d’un reportage de
Mise au point. «Depuis, je reçois beaucoup de commandes»,
précise-t-il en sirotant un café.
Coup de foudre en 1995
Et ce n’est certainement pas
terminé! Le soleil pointant le
bout de ses rayons, chacun tient
maintenant à donner un coup
de jeune à sa monture, histoire
d’attirer les regards durant l’été.
A l’image de l’intéressé qui,
lorsqu’il enfourche son deuxroues au bord du lac, fait toujours sensation.
Bien que rejeté dans l’ombre
par l’émergence du vélo fixie –
le vélo à pignon fixe – le «bike
custom» a ses adeptes. Révélée
dans les années 30 aux EtatsUnis, cette technique de «retape» de cycles de «détente» a
trouvé une seconde jeunesse il y
a de cela moins d’une décennie.
Frankie a eu le coup de foudre
en 1995. «A l’époque, je réparais
moi-même les vélos que j’utilisais en compétition, dit-il. M’intéressant de près à la mécanique, j’ai constaté que les Américains modifiaient tout à
l’extrême. J’ai même aperçu des
cadres qui avaient des allures
de vaisseaux spatiaux.»
Grâce au bouche à oreille
Ses créations sont heureusement moins kitsch mais font
«tilt» au premier coup d’œil,
tels une lampe multicolore, un
guidon qui rappelle une HarleyDavidson, des symboles incrustés dans la roue ou des pneus
venus d’ailleurs… En bon auto-
didacte, il s’est fait connaître
par le bouche à oreille. «Les
personnes, parfois hallucinées
par ce qu’elles voient, viennent
spontanément me parler pour
savoir ce que je fais», glisse-t-il.
Afin de mieux se faire connaître, ce Genevois originaire de
Satigny s’est notamment rendu
au slowUp, où ses vélos ont fait
un tabac. «Je me promène aussi
dans un maximum d’endroits
pour me faire voir», confie-t-il.
Son box ressemble à une caverne d’Ali Baba. «J’adore chiner et je lorgne partout des
pièces me permettant d’assouvir ma passion, reprend-il. Lorsque des clients me rendent visite, j’essaie de les initier un peu
à cet art, mais je veux d’abord
leur rendre un produit qui tient
la route.» Et qui, surtout, colle à
leurs désirs. «Parfois, ils viennent avec une idée très précise
de ce qu’ils veulent et d’autres
me laissent carte blanche!»
Frankie qui retape et fabrique de A à Z, répète qu’il n’y a
«aucune manœuvre commerciale» dans sa démarche. «Je ne
le fais que par passion, car
chaque nouveau vélo résonne
comme une aventure, comme
un nouveau défi. Une caisse à
outils me suffit, mais je ne veux
pas me laisser dépasser par les
sollicitations. A aucun moment
je n’ai songé à faire de ce loisir
mon métier.»
Son atelier reste une bonne
alternative aux magasins traditionnels. «Pour eux, de tels
montages ne seraient pas rentables.» Argent ou pas, lui s’en
fiche. Il veut garder son moteur,
soit continuer de démonter,
dessiner repeindre, bichonner
et transformer. «Je lance même
un appel, car si des gens ont des
vélos en rade, ils peuvent sans
autre me contacter.»
Pratique
❚ Vous pouvez prendre contact avec Frankie à l’adresse
e-mail [email protected]. La
gamme de prix est large, de
quelques centaines de francs
à plus.
❚ En Romandie, HotBike, à
Lausanne, et OkoBike, à
Neuchâtel, font aussi du «bike
custom».
❚ A l’étranger, d’autres sites
Internet, tels Chopperdome
(www.thechopperdome.nl) ou
Classic Cycle (www.classic-cycle.de), sont également des
spécialistes en la matière et
regorgent de différentes
pièces.
❚ Le slowUp des Fêtes de
Genève 2010 aura lieu le
8 août. Franck Sauthier espère y être présent. (ACE)
QU’EST-CE QU’ILS FABRIQUENT?
Un week-end de films dédié à la place des femmes dans la guerre
Laurence Deonna, reporter,
écrivaine, photographe et
présidente de l’association Etre
femme aujourd’hui, et Ali
Agraniou, président de l’association Diversités, organisent
ce week-end un minifestival
intitulé «Ma guerre à moi…
racontent-elles», avec le soutien de l’Office des droits humains du canton de Genève.
On en parle avec eux.
Qu’est-ce que vous fabriquez?
Ali Agraniou et Laurence Deonna, organisateurs du week-end
sur le thème des femmes dans la guerre. (STEEVE IUNCKER-GOMEZ)
Nous mettons sur pied un
week-end de films documentaires et de débats portant sur le
thème des femmes dans la
guerre. S’il existe des centaines,
voire des milliers de films sur la
guerre, bien peu évoquent spécifiquement l’expérience des
femmes. Pire, elles sont trop
souvent réduites à des clichés:
dames de fer ou pleurnicheuses
qui attendent le retour du
héros.
Pourquoi maintenant?
C’est une façon pour nous de
terminer en beauté ce mois de
mars qui a vu se succéder la
Journée des femmes, le Festival
international du film sur les
droits humains et la Semaine
contre le racisme.
Pourquoi avoir choisi ce thème?
C’est un thème difficile.
Nous ne parlons pas des conflits en tant que tels, mais de
leurs conséquences. Les femmes représentent la force, leur
expérience constitue une richesse. Elles apportent un
message d’espoir, celui de la
sagesse. Et c’est ce message-là
que nous souhaitons faire passer.
Dans le détail, comment se
déroulera ce week-end?
Nous verrons quatre films
documentaires traitant de la
guerre en Tchétchénie, en Algérie, en Irak et au Moyen-Orient.
Il s’agit de Paroles de femmes de
Mylène Sauloy (2005), Algériennes de Djamel Sellani (2008),
Loin d’Irak de Delphine Dhilly
(2008) et Douleur et révolte,
Moyen-Orient de Lucienne Lanaz et Laurence Deonna (2003).
La comédienne Anne-Shlomit
Deonna lira des poèmes. Enfin,
dimanche, à 18 h, un débat
animé par Laurence Bézaguet
(ndlr: journaliste à la «Tribune
de Genève»), en présence de
Rama Mani et Mylène Sauloy,
deux femmes de terrain, clôturera le week-end.
Christiane Pasteur
❚ Samedi 27 mars dès 18 h et
dimanche 28 mars dès 15 h,
Maison des associations, salle
Gandhi, 15, rue des Savoises.
Entrée: 15 francs (25 francs
pour tout le week-end). Infos
par tél. au 022 346 38 53.