HITT Inception Analysis MALI

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HITT Inception Analysis MALI
HITT Inception Analysis
MALI
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Table des matières
Page
Présentation du Mali
Sommaire
4
Première partie
Analyse de la situation du tourisme au Mali
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•
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•
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•
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Facteurs économiques
Démographie et pauvreté
Environnement politique et juridique
Environnement des affaires
Croissance économique & Potentiels
Analyse économique de la chaine de valeur tourisme au Pays Dogon
Destinations Touristiques
Structure de l'industrie du tourisme
Emploi du tourisme
Climat d'investissement touristique
Tendances de la demande touristique au niveau du pays
Segmentation du marché
6
7
8
9
16
22
24
26
29
Deuxième partie:
Evaluation des besoins de formation des bénéficiaires finaux et des
institutions de formation
•
•
•
•
•
•
Rappel des principaux objectifs du programme HITT
Sous-secteurs d’intervention du Programme
Méthodologie utilisée
Résultats de l’évaluation des besoins de formation
Analyse de la priorisation des formations par les trois Régions
Recommandation issues du dialogue privé public pour un système de
formation professionnel basé sur le marché
31
34
36
Abréviations
CAK
CSLP
DED
FCFA (XOF)
GIZ
GSTA
Hitt
MAT
OMATHO
PNUD
RAMSAR
SNV
UICN
UEMOA
UNESCO
Centre de Formation Professionnelle Aoua Keita (partenaire du programme)
Cadre Stratégique de croissance et de Lutte contre la Pauvreté
Deutscher Entwicklungsdienst
Franc Communauté Française d’Afrique (1 FCFA = 655,9€)
Fusion de DED et GTZ
Global Sustainable Tourism Alliance
High Impact Tourism Programme
Ministère de l’Artisanat et du Tourisme
Office Malien du tourisme et de l’hôtellerie
Programme des Nations Unies pour le Développement
Convention Internationale de protection des zones humides à haut potentiel ornithologique
Netherlands Development Organisation
Union Internationale pour la Conservation de la Nature
Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture
2
Présentation générale du Mali
Situé au cœur de l'Afrique Occidentale, le
Mali couvre une superficie de 1 241 000 km².
Il partage ses frontières avec 7 Etats soit au
total 7 000 km de frontières communes avec
ses voisins. Le pays subit l'influence de trois
zones climatiques du nord au sud, ce qui
offre plusieurs variétés de paysages. La
première zone est de type saharien avec
quelques précipitations. La deuxième est de
type sahélien avec une zone de steppes et
une saison des pluies de juin à septembre. La
troisième est de type soudanaise (ou
soudano-guinéenne) avec une zone de
savane et cinq mois de saison de pluies, de
juin à octobre. Deux fleuves importants, le
Sénégal et le Niger, traversent le pays.
Avec une économie encore essentiellement
rurale, le Mali, pays enclavé, fait partie des 49
pays les moins avancés en termes de
développement socio-économique.
Terre de vieille civilisation, le Mali a été successivement le berceau des empires médiévaux du Ghana, du Mali, du
Songhoy, des royaumes bamanan de Ségou et du Kaarta, des Etats théocratiques Peul et Toucouleur. Il tient son
nom de l'empire qui a le plus fasciné son époque par l'image d'un pays aux richesses en or, l'empire du Mali. Ces
longues nuits historiques ont fait du Mali un pays de contact entre le Nord Saharien et le Sud forestier et humide ;
entre noirs sédentaires, cultivateurs et nomades blancs, éleveurs.
Avec 14 517 176 habitants en 2009, la population malienne est constituée de différentes ethnies, dont les
principales sont les Bambaras, les Bobos, les Bozos, les Dogons, les Khassonkés, les Malinkés, les Minianka, les Peuls,
les Sénoufos les Soninkés (ou Sarakolés), les Sonrhaïs, les Touareg, les Toucouleurs. Le français est la langue
officielle, mais la population parle majoritairement les langues nationales, le bambara étant la plus utilisée.
Après l'invasion par la France en 1883, le Mali devient une colonie française sous le nom de Soudan français. Le
4 avril 1959, le Sénégal et le Soudan se regroupent pour former la Fédération du Mali, qui accède à l'indépendance
le 20 juin 1960. Deux mois plus tard, le Sénégal se retire de la fédération et proclame son indépendance. Le 22
septembre 1960, le Soudan proclame à son tour son indépendance sous la conduite de Modibo Keïta, tout en
conservant le nom de Mali. En 1968, Modibo Keïta est renversé par un coup d'État conduit par un groupe d'officiers
ayant à leur tête Moussa Traoré, qui instaure une dictature. En 1991, celui-ci est renversé à son tour par le général
Amadou Toumani Touré. Après une période de transition, ce dernier restaure la démocratie avec l'élection d'Alpha
Oumar Konaré en 1992. Il est réélu en 1997. En 2002, Amadou Toumani Touré, qui a quitté l'armée pour se
présenter, est élu président de la République du Mali, et réélu en 2007.
Image by Crazy Joe Devola
‘The land of the Dogon people’ is one of Africa’s most breathtaking regions. A trek here can last anywhere
between two and 10 days, and takes in the soaring cliffs of the Bandiagara escarpment inlaid with old
abandoned cliff dwellings. Dogon villages dot the cliffs and are an extraordinary highlight of the journey. The
Dogon are known for their masked stilt dancers, intricately carved doors and pueblo-like dwellings built into the
side of the escarpment.
http://www.lonelyplanet.com/australia/tasmania/travel-tips-and-articles/76228?intaffil=lpemail
3
Sommaire
Voici le rapport de l’état de situation de la chaine de valeur tourisme au Mali et des 3 destinations choisies pour la
eme
mise en œuvre du programme par le Comité de Pilotage, le Centre Aoua Keita (CAK) et la SNV Mali. La 2 partie
du rapport concerne l’analyse des besoins de formation. Elle est présentée à titre préliminaire car elle est en cours
et se poursuivra en janvier 2012 par la présentation et la validation des résultats de l’état de situation et de
eme
l’analyse des besoins de formation aux membres du Comité de Pilotage. Une 2
réunion du Comité de Pilotage
permettra d’adopter le programme de formation professionnelle qui en découlera et qui sera mis en œuvre à partir
de février 2012.
Les principales données de l’état de situation
La Mali est une destination de renommée internationale. Le pays possède des atouts considérables sur le plan
culturel, naturel, et humain. Il dispose de sites matériels classés dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO
dont : Djenné, Tombouctou, les Falaises de Bandiagara (Pays Dogon), le Tombeau des Askia à Gao. Plusieurs
évènements immatériels sont aussi classés dans la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO tel les festivités de la
traversée des bœufs du Yaaral et Dégal. Grâce à l’appui de l’UICN (Union Mondiale pour la Nature), 3 sites d’une
superficie de 1 620 km², tous situés dans le Delta du Niger, ont été inscrits sur la liste de RAMSAR. En novembre
2010, le réputé guide touristique Lonely Planet a classé le trek au Pays Dogon, troisième sur les dix des meilleurs
treks au Monde, devançant le fameux treck du Camp de Base de l’Everest au Népal.
Depuis plusieurs années, le tourisme fait l’objet d’une grande attention des autorités du Mali qui y voient un moyen
efficace de lutte contre la pauvreté et un outil de développement durable. Le tourisme pèse actuellement 3% dans
le PIB et son potentiel est largement sous exploité. Le programme Hitt s’intègre parfaitement dans le Cadre
Stratégique de Croissance et de Lutte contre la Pauvreté contribuant aux mêmes objectifs tels : <<bâtir une
cohérence entre les actions des différents intervenants dans le secteur; établir un lien de confiance entre les
professionnels privés et les représentants du secteur public et assurer la professionnalisation des agents du secteur
tant au niveau des professionnels privés que publics>>.
Les destinations retenues par le programme Hitt/Mali sont les Régions de Kayes, de Mopti et le District de Bamako.
Cette sélection effectuée au début du Programme par l’équipe et le Comité de Pilotage, ont été confirmés par les
acteurs privés et publics du niveau national pour les raisons suivantes:
•
La région de Mopti constitue la région phare du tourisme malien avec ses attraits de renommée internationale :
Pays Dogon, Djenné, Tombouctou, Gourma, Delta Intérieur du Fleuve Niger, etc. C’est la Région qui souffre le
plus de la crise sécuritaire mais c’est aussi celle où la reprise sera la plus forte lorsque la situation sera
régularisée. De plus, elle continue d’attirer les marchés asiatiques et de la diaspora qui y sont moins sensibles.
Le Mali est actuellement en campagne présidentielle et la question de sécurité y est débattue par tous les
aspirants, ce qui crée une surenchère en faveur du renforcement des mesures prises afin de solutionner ce
problème, en collaboration avec les pays voisins de la zone sahélienne ;
•
La région de Kayes constitue actuellement le pôle de croissance le plus performant et le la plus innovant en
tourisme au pays. En faisant le pari d’attirer l’importante communauté des maliens et maliennes de la diaspora
à travers l’organisation de festivals culturels de plus en plus nombreux, elle fait coup double et offre une
alternative crédible au tourisme malien applicable aux autres régions. De plus, Kayes offre de nombreux
produits éco touristiques. Elle est maintenant desservie par un aéroport international ;
•
Le District de Bamako s’avère être le centre du tourisme d’affaire qui continue de faire l’objet d’investissements
hôteliers importants. Le Centre International des Conférences fait l’objet actuellement l’objet d’un programme
de renforcement organisationnel pour une utilisation optimale par les autorités et partenaires du pays et de la
sous-région. De nouvelles compagnies aériennes internationales s’y sont installées en 2011 tel la portugaise
TAP et Brussels Air Line.
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Ces trois régions touristiques sont pauvres avec un grand nombre de jeunes garçons et filles désœuvrés lors de la
haute saison touristique. Le District de Bamako affiche le plus haut taux de chômage du pays qui touche des
centaines de milliers de jeunes garçons et filles désœuvrés en toutes saisons.
Les principales données de l’analyse des besoins des bénéficiaires et des institutions de formation
Le Programme Hitt Mali permettra le développement de curricula et de modules de formation pour :
• Environ 400 guides en situation informelle depuis 2005 et des centaines de plus, si la recommandation de
créer le métier de guide villageois est acceptée ;
• au moins 200 organisateurs de festival culturel à raison de 5 personnes par festival. Les festivals culturels
constituent un produit qui demande une planification consensuelle au niveau d’une région afin que chacune
des périodes creuses du rythme de semence et de récoltes agricoles soit exploitée;
• plus de 600 agents et agentes d’assainissement, de gestion et de récupération des déchets évoluant pour la
grande majorité dans le secteur informel actuellement. Les acteurs publics et privés nationaux ont insisté sur la
pertinence de l’introduction de l’assainissement, de la gestion des déchets comme sous-secteur, tant le
problème de l’insalubrité affecte le développement du tourisme et ce, sur toutes les destinations ;
• 7 institutions de formation professionnelle seront renforcées afin de dispenser l’ensemble de ces curricula et
des formations qui les composent.
Finalement, le nombre de personnes concernées par les curricula sélectionnés, permettra d’atteindre l’objectif des
1 200 personnes accédant à un emploi régulier et formel grâce au renforcement de capacité et d’employabilité
offert par le Programme Hitt au Mali.
Les avancées du dialogue privé-public
L’an 1 du Programme Hitt a permis de développer un partenariat de haut niveau avec les structures publiques et
privées nationales et régionales. Il a permis une dynamique participative qui a produit un début très prometteur de
dialogue privé-public tel que le démontre la liste (page 32) des recommandations déjà consensuelles au niveau des
régions. L’ensemble des partenaires ont salué la pertinence de ce Programme dont les premiers résultats seront
diffusés en conférence de presse dans les médias nationaux en janvier 2012.
Les partenariats en cours
Plusieurs partenariats entre partenaires internationaux sont en cours et se poursuivent dans le secteur. D’une
certaine manière, la crise sécuritaire devient une opportunité et même une obligation de diversifier les produits et
les marchés émetteurs. Des partenariats pour la réalisation des formations dans la Région de Mopti ont déjà été
exprimés par le GSTA/USAID, la GIZ et l’OMT. La recherche de partenariat se poursuit dans la Région de Kayes en
collaboration avec la Délégation de l’Union Européenne qui y a déjà investi dans le passé. Une table ronde des
partenaires étatiques et financiers aura lieu en 2012 afin de multiplier le budget des formations afin d’augmenter
l’impact de programme.
L’analyse de la situation a permis d’identifier les contraintes et les potentialités du secteur touristique malien. En
dépit de la crise sécuritaire qui sévit actuellement, il a été constaté que les acteurs du tourisme demeurent
optimistes sur l’avenir du tourisme au Mali et que le potentiel de création d’emploi demeure positif. Ils mettent
beaucoup d’énergie à trouver des solutions alternatives afin de conquérir de nouveaux marchés : multiplication des
festivals, vente électronique des produits artisanaux, mise sur le marché de nouveaux produits afin d’attirer les
touristes des pays limitrophes de la sous-région et de la diaspora. Dans ce contexte difficile, ces efforts méritent
d’être soutenus par un renforcement technique et professionnel des capacités des différents acteurs.
Le Programme Hitt et la formation professionnelle telle une approche transversale à la SNV
Au départ, le Programme Hitt a été vécu telle une bouée de sauvetage pour les conseillers tourisme convaincu de la
pertinence de cette chaine de valeur, face à la décision corporative de se désengager du secteur. C’est ainsi qu’il a
été considéré par les autres conseillers comme un secteur exit et qu’il s’en est suivi un certain désintéressement. Le
changement de stratégie de communication afin de présenter le Hitt d’abord comme un Programme de formation
professionnelle trouve de plus en plus d’écho parmi les collègues. En effet, la décision, et maintenant le défi de
mettre la formation professionnelle en approche transversale dans nos 3 secteurs lead, place le Programme Hitt
telle une expérimentation phare de sa mise en œuvre.
5
Première partie:
Analyse de la situation du tourisme au Mali
Introduction
Le tourisme est un moyen de développement durable et de réduction de la pauvreté. Il est un secteur transversal
mettant en synergie plusieurs acteurs économiques. Le développement de l’activité touristique constitue une
grande opportunité pour le Mali en contribuant à améliorer les revenus de ses habitants.
Le présent rapport fait un diagnostic de l’activité touristique au Mali et s’intéresse à l’évaluation des besoins de
formations des acteurs du tourisme dans un contexte difficile qui permet aux acteurs de s’adapter et d’innover afin
de développer leur destination.
Facteurs économiques
Le Mali a un revenu par habitant estimé à 1 033 dollars US. Le pays occupe le 173
classés selon l’indice de développement humain du PNUD.
ème
rang mondial sur 177 pays
Part de la consommation touristique dans le PIB (les chiffres sont en million de francs CFA)
Année
Voyage (crédit)
Transport passagers (crédit)
(Voy +Tpr) crédit
PIB
Voyage (crédit) *100/PIB (part recettes touristiques dans
le PIB)
(Voy+Tpr)©*100/PIB (part des recettes touristiques et du
transport dans le PIB)
2006
91 250
209
91 459
3 201 470
2,85%
2,86%
Source : BCEAO, DNSI Voy= Voyage ; Tpr= Transport passager ; ©= Crédit ; PIB= Produit Intérieur Brut – Traitement : CEP/OMATHO (2007)
Les voyages, transport de passagers (crédit) sont ceux qui font rentrer des ressources dans l’économie nationale. Il s’agit notamment des voyages
effectués par des compagnies nationales
Ce tableau nous permet de mesurer ce que représente la consommation des touristes dans le produit intérieur au
Mali. La part de la consommation touristique dans le PIB est estimée à 3%. C’est une part non négligeable d’autant
plus que la rubrique voyage ne prend pas toutes les transactions touristiques comme : les exportations et
importations des biens d’équipement touristique, les dépenses d’investissement, le rapatriement des salaires des
employés touristiques.
Démographie et la pauvreté
La pauvreté au Mali touche l’ensemble des huit régions administratives du pays mais à des degrés différents. Le
1
rapport du CSLP indique que l’incidence de la pauvreté, mesurée comme la proportion de la population définie
comme pauvre, est passée, au Mali, de 55,6% en 2001 à 47,4% en 2006 et 43,6% en 2010 sur la base d’un seuil de
pauvreté en termes réels de 165.431 FCFA/an (252 €) en 2010. Il est observé une baisse de la pauvreté nationale de
12 points de pourcentage entre 2001 et 2010 et de 3,8 points de pourcentage entre 2006 et 2010. Les trois régions
sélectionnées par le Programme Hitt, présentent des caractéristiques de base priorisées par le Hitt, soit un
important indice de pauvreté et une économie dominée par le secteur informel. Compte tenu de la structure par
âge très jeune et des niveaux très élevés de fécondité, la population du Mali connaîtra un accroissement
démographique sans précédent. Si la densité de la population malienne est faible à cause de l’immense superficie
du pays, les surfaces propices aux activités agro-pastorales restent limitées. La population du Mali pourrait tripler
d’ici à 2035 en cas de baisse lente de la fécondité. De toute manière, la population malienne est assurée de doubler
durant les prochains 25 ans, même en cas de baisse rapide de la fécondité.
1
http://www.unpei.depiweb.org/PDF/Mali-CSLP.pdf
6
Environnement politique et juridique
Tourisme législation et les pratiques réglementaires
Au Mali, le secteur du tourisme est bien réglementé. Le pays a signé une vingtaine de conventions sur le tourisme et
la culture. Au plan national, il existe 28 textes réglementaires, ils touchent à tous les domaines intéressant le
secteur (voir liste en annexe).
Cadre stratégique du tourisme
Depuis plusieurs années, le tourisme fait l’objet d’une grande attention des autorités du Mali qui y voient un moyen
efficace de lutte contre la pauvreté et un outil de développement durable. Cet intérêt marqué est perceptible
considérant la place de choix accordée au secteur du tourisme dans les documents officiels suivants :
• le Cadre Stratégique pour la Croissance et la Lutte contre la Pauvreté, cadre unique de référence pour les
politiques et programmes de développement 2007-2011 ;
• le Projet pour le Développement Economique et Social ;
• la Lettre de Cadrage adressée par le Président de la République au Premier ministre, Chef du Gouvernement, en
date du 13 novembre 2007 ;
• la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement.
Le Cadre Stratégique identifie cinq défis que devrait relever le secteur touristique :
• Bâtir une cohérence entre les actions des différents intervenants dans le secteur;
• Instaurer le contrôle des professions touristiques et hôtelières ;
• Aménager les sites touristiques ;
• Etablir un lien de confiance entre les professionnels privés et les représentants du secteur public ;
• Assurer la professionnalisation des agents du secteur tant au niveau des professionnels privés que publics.
Les indicateurs permettant de mesurer l’apport du tourisme à l’économie sont définis dans le Compte Satellite du
Tourisme. Ce sont :
- la consommation des touristes ;
- et la création d’emplois dans les industries touristiques.
Institutions publiques du secteur
Les principales institutions publiques du secteur sont :
•
Le Ministère de l’Artisanat et du Tourisme (MAT) est le premier responsable du tourisme malien. A ce titre, il
conçoit et gère la politique de développement touristique du pays et veille au respect du cadre législatif et
réglementaire. Il assure aussi la tutelle de l’OMATHO (Office Malien du Tourisme et de l’Hôtellerie);
•
L’OMATHO est un établissement public à caractère administratif qui est le prolongement du MAT sur le terrain.
Il a pour mission « d'élaborer les éléments de la politique du Gouvernement en matière de tourisme et
d'hôtellerie et d'en assurer la mise en œuvre ». De ce fait, il joue à la fois les rôles de l’Administration Nationale
du Tourisme et assure la promotion des produits touristiques tant au Mali qu’à l’extérieur. En tant que tel, il
doit veiller à la bonne application des textes législatifs et réglementaires en matière d’aménagement,
d’investissement, de formation et de promotion touristiques. Il perçoit des taxes touristiques formelles
découlant de l’hébergement, des titres de transports aériens internationaux et des recettes du casino à travers
le trésor public.
•
Le Centre National de Promotion de l’Artisanat, est l’instrument du MAT pour l’élaboration et la mise œuvre de
la politique de l’artisanat. Il est représenté dans 7 régions sur 8 et dans le district de Bamako.
7
•
D’autres ministères comme ceux de la Culture, de l’Environnement et de l’Assainissement, de l’Equipement et
des Transports ont une incidence directe sur le développement du tourisme. Il en est de même des collectivités
locales à travers la mise en place des syndicats d’initiative au niveau communal (plateforme des acteurs du
secteur).
•
A noter qu’un comité consultatif auprès de l’OMATHO, dont l’existence est prévue par les textes et qui est
composé d’acteurs privés, n’est pas opérationnel. Pourtant ce comité a bien sa place dans le dispositif
organisationnel du tourisme et son opérationnalisation pourrait atténuer certaines difficultés entre acteurs
publics et privés. D’ailleurs sa dynamisation de même que celle des cadres de concertation entre acteurs
publics (Ministères de la Culture, de l’Environnement et de l’Assainissement, de l’Equipement et des
Transports, de la Protection civile et de la Sécurité intérieure), figurent dans les perspectives d’évolution du
secteur.
Environnement politique
Le Mali sera en élection présidentielle en avril 2012. Le dossier de la sécurité au Mali fait régulièrement la
manchette sur la scène nationale et internationale. Elle est ainsi devenue un enjeu important de cette campagne
présidentielle. Les différentes critiques internes et externes sur le sujet de la sécurité pour les voyageurs étrangers
ont eu un effet positif sur les renforcements des mesures de sécurité par l’équipe en place. Cette question fait
également l’objet de surenchère par les autres équipes postulant pour la présidentielle, ce qui est rassurant sur la
poursuite du renforcement de la sécurité dans le prochain mandat présidentiel.
Environnement des affaires
Classement pays du Mali par Doing Business 2012
Doing Business 2012 Classement
146
Doing Business 2011 Classement
148
Variation dans le classement
2
Le rapport annuel Doing Business 2012 souligne les progrès accomplis par le gouvernement du Mali dans le cadre de
l'amélioration du climat des affaires. Les domaines concernés par ces progrès sont : la création d’entreprise,
ième
l'obtention des prêts et la résolution de l’insolvabilité. Le pays progresse de deux places en passant de la 148
à la
ième
146
place.
En dépit des progrès enregistrés, le développement touristique au Mali se heurte toujours à certaines contraintes.
Sur le plan sectoriel du tourisme, le rapport note que certains éléments structuraux se révèlent également être des
limites au développement d’un bon climat d’affaires pour le secteur touristique :
• le manque de formation professionnelle de la main d’œuvre et l’absentéisme de celle-ci ;
• les critères d’accès au financement bancaire formel pour les projets de nature privée et plus
particulièrement pour les projets de PME/PMI quand bien même des progrès soient réalisés dans ce
domaine;
• l’accès à la propriété foncière, demeure problématique pour beaucoup d’acteurs ;
• l’impôt sur les sociétés, plus élevé qu’au Sénégal (35% contre 25%) ;
• une taxe touristique parmi les plus faibles de l’espace UEMOA ;
• la taxe aéroportuaire la plus élevée de l’espace UEMOA.
Une différence de dix points entre le Mali et Sénégal peut être très préjudiciable à l’attractivité du tourisme malien.
Il en est de même de la taxe aéroportuaire. Une différence notable avec les taux pratiqués par les voisins, peut
influer négativement sur la desserte malienne.
Par contre la taxe touristique, normalement réversible aux entreprises touristiques, sans être prohibitive, doit
s’aligner sur celle des marchés concurrents, notamment ceux de la sous-région afin de ne pas priver, là encore,
l’industrie hôtelière de ressources qui lui sont nécessaires.
8
A noter cependant que des mesures allant dans le sens de l’allègement des charges fiscales liées aux
investissements privés nationaux et étrangers ont été prises. Il s’agit du nouveau Code des Investissements révisé et
de la Loi sur les avantages spéciaux aux entreprises touristiques. Le premier encourage les investissements dans
tous les secteurs à l’exception du Commerce, des mines et du pétrole. Le second exonère d’impôt sur le bénéfice et
de paiement de la patente pendant 7 à 10 ans voire pour une durée plus longue si l’investissement à lieu dans une
zone désignée.
La portée de ces mesures est limitée par la présence d’une TVA dont le taux reste élevé (18%), surtout si on la
compare à celle des destinations touristiques concurrentes de la sous région. Au Sénégal la TVA a été ramenée de
18 à 10% par souci de compétitivité et en Afrique du Nord, 7% au Maroc et en Tunisie. L’ensemble des questions
liées au climat des affaires sont abordées et seront poursuivies sereinement dans le cadre du dialogue privé – public
que permet le Comité de Pilotage Hitt au niveau national et dans les trois régions du programme.
Croissance économique & Potentiels
L’économie malienne enregistre depuis près d’une décennie, qu’un taux de croissance moyen de 5%. Cependant,
face à une croissance démographique de 3,3%, il est impératif de propulser cette croissance à 7% notamment par le
développement du tourisme et l’artisanat dans les Régions touristiques du pays.
Aujourd’hui le secteur est structuré autour d’entreprises privées, dont la plupart travaillent dans l’informel, avec un
ème
encadrement plus ou moins efficace des services centraux ou déconcentrés. Durant la 3 république, de 1992 à
nos jours, la gestion de la destination devint plus efficace avec la création en 1995 de l’Office Malien du Tourisme et
de l’Hôtellerie, un établissement public à caractère administratif, chargé de l’accompagnement des investisseurs
touristiques privés et aussi chargé de la promotion touristique du Mali tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’expansion
des activités touristiques sur toute l’étendue du territoire malien depuis 2002 avec l’avènement de la Coupe
d’Afrique des Nations, obligea l’OMATHO à créer dès 1999 des bureaux régionaux de tourisme et aussi des antennes
dans certaines localités. Pour mieux ancrer le tourisme dans l’objectif du développement local avec l’avènement de
la décentralisation, certains Syndicats d’Initiatives Touristiques furent créés dans quelques communes. Leur rôle
principal est de fédérer tous les acteurs privés dont l’activité peut bénéficier directement ou indirectement de
retombées du tourisme. Les collectivités territoriales perçoivent des taxes de façon informelle auprès des
structures d’hébergement ou même des visiteurs se rendant sur des sites touristiques implantés dans leurs
communes. Tout compte fait aujourd’hui le secteur privé joue un grand rôle dans la promotion de la destination
malienne car c’est le secteur privé qui détient les hôtels, les agences de voyages et les compagnies de transports
(aériens, fluviaux, ferroviaire, routiers).
Analyse économique de la chaine de valeur tourisme au Pays Dogon. 2
Cette analyse pro poor permet d’illustrer la structuration économique d’une chaine de valeur tourisme de la Région
de Mopti relativement applicable aux autres régions du pays.
En 2009, la SNV démarre un programme régional d’appui au secteur du tourisme avec une priorité sur la réduction
de la pauvreté (Bénin, Mali, Guinée Bissau, Ghana). L’analyse de la chaine de valeur doit surtout permettre de
récolter des données quantitatives robustes sur l’impact économique du tourisme au Pays Dogon et plus tard au
sein des autres zones géographiques d’intervention de la SNV. Ce faisant, l’analyse de la chaine de valeur du
tourisme offre aux destinations une base de données complète permettant d’identifier les opportunités existantes
et d’en comparer aussi bien la faisabilité que l’impact potentiel.
Ce travail procure ainsi une représentation de l’impact économique local du tourisme au Pays Dogon et des
éléments d’intervention pour une meilleure redistribution de la rente touristique au profit des populations les plus
vulnérables. Le développement du Pays Dogon passe avant tout par la création d’un tissu socio-économique local
2
http://www.snvworld.org/en/countries/mali/ourwork/Documents/Rapport%20final%20VCA%20Tourisme%20Dogon%20-Mali2010.pdf
9
fort, condition sine qua non à la durabilité du processus. Car si le Mali, et le Pays Dogon, souffrent actuellement des
conséquences des problèmes d’insécurité rencontrés dans le Nord du Pays, c’est également du fait de sa
dépendance au tourisme international et de la faiblesse du tourisme national et sous régional.
A l’heure actuelle, il importe donc en priorité et urgemment de regagner la confiance des touristes internationaux
pour ce qui est des zones considérées comme dangereuses. En effet, avec 353,849 arrivées enregistrées dans la
région de Mopti entre 2002 et 2009, les dépenses touristiques incluant le Pays Dogon avoisinent cinquante milliards
de Francs CFA pour cette même période. La baisse actuelle des flux touristiques n’est donc pas sans conséquences
pour les populations locales et en particulier les plus vulnérables.
En effet, si l’impact du tourisme en termes de réduction de la pauvreté avoisine aujourd’hui 18.6% au Pays Dogon,
en utilisant cette donnée comme base, le volume financier du tourisme au profit des personnes les pauvres sur la
région de Mopti se situerait aux alentours 9 milliards de FCFA pour les huit dernières années. Hors la pauvreté a
diminué au Mali et plus particulièrement au Pays Dogon signifiant que la part du tourisme aux personnes pauvres
est relativement supérieure à cette donnée. Comment dès lors, ne pas considérer le tourisme comme un puissant
facteur de réduction de la pauvreté !?
Niveau de pauvreté absolue et relative des salariés du tourisme
CATEGORIES
Pas pauvres
Moins pauvres
PAUVRETE
ABSOLUE
18.5%
Très pauvres
23.2%
0.9%
63.4%
Presque pauvres
Bien pauvres
PAUVRETE
RELATIVE
81.5%
5.4%
7.1%
La chaine de valeur du tourisme au Pays Dogon simplifiée en 2009
La figure ci-dessous propose d’isoler dans une chaine de valeur simplifiée les étapes (souligné et en rouge) où une
partie des dépenses des touristes peuvent atteindre les personnes d’origine pauvre.
Ce schéma souligne que les pauvres ne sont que rarement les premiers bénéficiaires du tourisme. Ce constat
logique fait, il reste à déterminer les bénéfices qu’ils tirent précisément du développement touristique. En ce sens,
l’analyse de la chaine de valeur offre un outil technique et statistique permettant d’évaluer à chaque niveau de la
chaine de l’offre la part des dépenses touristiques au profit des populations les plus vulnérables.
10
Le schéma simplifié de l'impact économique du tourisme au Pays Dogon en 2009
Le tourisme et les bénéfices non comptabilisés
Enfin, cette approche ne prend pas en compte la remarquable philanthropie ou l’élan de solidarité des touristes qui
a pris place au Pays Dogon. A titre d’exemple, sur la commune de Kani Kombolé, Cercle de Bankass, on compte en
termes de projets mis en place ou offerts par les touristes : six écoles, un centre de santé, vingt-quatre puits sur
quarante existants, sept motos ambulances, mille livres et des céréales pour les cantines scolaires. Aussi bénéfique
qu’elle puisse être, de par l’absence de gestion au niveau communal et régional, cette philanthropie a par ailleurs
créée de fortes divergences entre et au sein de certaines Communes.
Distribution des dépenses touristiques - impact économique local et réduction de la pauvreté
Pour les quatre principaux secteurs bénéficiaires des dépenses touristiques, le pourcentage d’impact économique
local est inversement corrélé au niveau de dépenses. Il en est quasiment de même pour l’impact local en terme de
réduction de la pauvreté. Ainsi, le secteur des transports reçoit une majorité des dépenses touristiques mais il
bénéficie pourtant moins à l’économie locale. La différence existante entre les dépenses et les recettes en transport
s’explique particulièrement par la location de voitures en dehors du Pays Dogon.
Un résultat intéressant de ce travail est l’existence de niveaux d’impact différent entre les touristes indépendants et
ceux en voyage organisé. Cette différence provient notamment de la proximité que peuvent avoir les touristes
indépendants avec les populations locales en ce sens ou, à titre d’exemple, les « touristes sac à dos » vont utiliser
11
plus régulièrement les services de porteurs ou de charretiers. De même, les chauffeurs des touristes indépendants
ont en général plus de chances d’être embauchés localement (idem pour les guides). A l’inverse, de nombreux
voyages organisés partent de Bamako pour parcourir le Mali, dont le Pays Dogon. Avec toutefois des exceptions, ces
voyages sont généralement organisés avec un seul guide et chauffeur. Par contre, cela a un effet négatif en termes
de vulnérabilité des touristes à des problèmes divers dans un environnement inconnu. Les différences observées
dans les niveaux de satisfaction reflètent justement ce point.
Evaluation des impacts relatifs des deux types de tourisme au Pays Dogon
IMPACT ECONOMIQUE LOCAL
Touriste
indépendant
79.42%
76.6%
IMPACT DIRECT SUR LA REDUCTION
DE LA PAUVRETE
Voyage organisé
Touriste
indépendant
72.37%
13.52%
IMPACT TOTAL SUR LA REDUCTION
DE LA PAUVRETE
Voyage organisé
Touriste
indépendant
5.12%
21.65%
10.2%
Voyage organisé
10.37%
18.6%
De manière générale, l’impact économique local des dépenses effectuées à l’intérieur du Mali atteint une moyenne
de 76.6%. Maintenant, si l’on considère l’ensemble des dépenses d’un touriste (billet d’avion, tour opérateur,
séjour, etc.) approximativement 50% de celles-ci devraient bénéficier à la destination touristique. Cette différence
s’explique en majorité par la gestion internationale du tourisme au Mali (compagnies aériennes, agences de
voyage…).
L’impact direct sur la pauvreté est quant à lui de 10.2% et atteint 18.6% lorsque l’on prend en compte son impact
indirect (IRP), c’est à dire le second round des dépenses des touristes au sein de l’économie locale. La mesure
utilisée pour le calcul des niveaux de pauvreté est absolue en ce sens où elle décrète un niveau de revenu par jour
et par personne en deçà duquel une personne ne couvre pas ses besoins essentiels. Une analyse comparative avec
une mesure absolue (pauvreté ressentie), i.e., prenant en compte l’accès à l’eau, à l’éducation, à la santé a
également permis d’observer le rôle joué par la philanthropie dans les villages Dogons avec la construction d’école,
de puits et de centre de santé. Ainsi on relève que la pauvreté ressentie est bien inférieure à la pauvreté absolue.
On note également que respectivement 67.5% et 45.6% des salariés et guides pratiquant une autre activité (38% et
64%) le font dans l’agriculture pendant environ cinq à six mois par an.
Distribution des dépenses et impact sur la pauvreté par secteur
Le guidage est de manière relative le secteur avec le meilleur impact en termes de réduction de la pauvreté. Cette
analyse de la chaine de valeur permet de situer où sont les personnes pauvres et peu qualifiées de la chaine
tourisme. Elle identifie également quelles dépenses des touristes ont le plus d’impact économique en terme de
réduction de la pauvreté. Comme le montre ce dernier graphique les impacts les plus importants sont localisés dans
les sous-secteurs sélectionnés par le Programme Hitt.
12
Destinations Touristiques
Ce chapitre met en exergue les principales données concernant les trois destinations sélectionnées par le
Programme.
Proportions des Arrivées et des Nuitées par régions en 2010
Régions
Arrivées
Parts en %
Bamako
Kayes
Koulikoro
Sikasso
Ségou
Mopti
Tombouctou
Gao
Kidal
Total
119 064
9 222
3 486
5 276
15 446
47 403
3 332
1 763
132
Total 205 124
58,04%
4,50%
1,70%
2,57%
7,53%
23,11%
1,62%
0,86%
0,06%
Total 100,00%
Nuitées
235 994
12 945
3 486
5 276
15 446
47 403
3 332
1 763
459
Total 354 606
Parts en %
66,55%
3,65%
2,14%
2,93%
6,14%
16,32%
1,61%
0,54%
0,13%
Total 100,00%
Source : OMATHO
13
Evolution du Tourisme dans le District de Bamako
Evolution des arrivées des touristes au Mali et au District de Bamako de 2006 à 2010
Année
Arrivées des Touristes
Nombre au Mali
Nombre District Bamako
Parts District
Bamako
2006
200 003
91 381
45,69
2007
221 328
99 762
45,07
2008
234 490
146 006
62,27
2009
204 006
127 286
62,39
2010
205 124
119 064
58,04
Les arrivées du District de Bamako représentent en 2010, 58,04% des arrivées soient plus de la moitié pour
l’ensemble du pays. L’évolution de ces chiffres démontre que le niveau d’accroissement est légèrement négatif en
2009 et tend à se stabiliser en 2010. Cette situation qui commence en 2009, est la conséquence directe de la crise
sécuritaire amplifiée par la décision des autorités françaises d’interdire aux ressortissants français (plus de 50% des
touristes visitant le Mali), tout séjour dans une grande partie du Mali. Il faut cependant noter que la baisse des
arrivées est relativement faible. Premièrement le tourisme d’affaires est peu touché par la crise sécuritaire parce
que les activités ont lieu dans des espaces bien sécurisées et deuxièmement le niveau de sécurité est plus élevé à
Bamako que dans les régions nordiques du pays qui sont en moyenne à plus de 1 000 kilomètres des zones
sensibles.
Evolution du Tourisme dans la région de Kayes
Evolution des Arrivées des touristes au Mali et en région de Kayes de 2006 à 2010
Arrivées des Touristes
Nombre au Mali
Nombre en Région Kayes
Parts Région Kayes
Années
2006
200 003
3 715
1,86
2007
221 328
2 400
1,08
2008
234 490
5 229
2,23
2009
204 006
7 412
3,63
2010
205 124
9 222
4,50
La destination Kayes représente 4,5% des arrivées du Mali. Cependant en termes d’évolution, on peut dire qu’elle
représente une valeur sûre pour l’avenir du tourisme malien. En cinq ans, la part des arrivées a plus que triplé passant
1,86 à 4,5%. La région a connu une évolution que l’on peut qualifiée de fulgurante au regard de la situation nationale.
Les arrivées de la Région de Kayes sont essentiellement imputables aux festivals culturels.
Le Festival de Kayes-Médine Tamba (Mali, Sénégal) a déjà permis de nombreuses réalisations : travaux de
restauration du bâtiment principal du Fort de Médine, avec la contribution d'experts et de compagnons spécialisés
dans la restauration des monuments historiques en France, développement de nouvelles structures hôtelières et
l'amélioration de l'existant pour mieux accueillir les touristes, inauguration du Syndicat d'initiatives de Kayes,
création de clubs "jeunesse et développement" à Kayes, Bamako et Tambacounda pour aider les jeunes à créer des
entreprises viables et lutter ainsi contre l'émigration clandestine.
14
Evolution du Tourisme dans la région de Mopti
Evolution des Arrivées des touristes au Mali et en région de Mopti de 2006 à 2010
Années
2006
2007
2008
2009
2010
Nombre au Mali
200 003
221 328
234 490
204 006
205 124
Nombre en Région Mopti
63 950
71 140
43 898
40 272
21 778
Part Région Mopti
31,97
32,14
18,72
19,74
10,62
La région de Mopti a vu la part de ses arrivées baissée tout comme au niveau national. Ce chiffre traduit une
situation imputable aux effets néfastes de la campagne du gouvernement de la France à l’endroit du Mali,
désormais interdit à ses ressortissants. Les enlèvements de Hombori et de Tombouctou viennent de recaler le début
de reprise que le secteur démontrait en ce début de haute saison.
Les artisans de Mopti quant eux, ne voyant pas les touristes venir, leur ont proposé les articles et produits
artisanaux par internet. Aujourd’hui le e-commerce est devenu à Mopti une réalité qui, petit à petit, s’installe dans
la durée. D’où le choix, par l’ensemble des acteurs du secteur touristique de la région, de la formation technique
comme priorité.
Les destinations touristiques choisies dans le cadre du Programme HITT
Sur le plan strictement touristique, le Mali a des atouts considérables sur le plan culturel, naturel, et humain. Voici
les 3 destinations retenus par le Programme :
•
Le District de Bamako est le centre du tourisme d’affaire du pays et à ce titre il est peu touché par la crise
sécuritaire. Il joue le rôle de pivot dans l’accueil des touristes au Mali grâce à son aéroport international, ces
centres de conférences et ses établissements d’hébergement de toutes catégories. Plusieurs hôtel de haut
standing sont en construction et le Centre International des Conférences fait l’objet d’un appui institutionnel et
organisationnel afin d’être plus attractif et rentables. Le potentiel de création de nouveaux emplois demeure
élevé ;
•
La Région de Mopti est la principale destination touristique du pays avec comme attraits principaux : le Pays
Dogon, Mopti, Djenné, Tombouctou, que l’on appelle le triangle touristique. Plusieurs évènements immatériels
sont aussi classés dans la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO : festivités de la traversée des bœufs du
Yaaral et Dégal ; la pêche du Sankhé Môh. En outre le delta intérieur du Fleuve Niger abrite des zones humides
d'importance internationale comme habitats des oiseaux d'eau peu exploitées qui sont pourtant répertoriées
dans la Convention Internationale RAMSAR. Ce segment comporte d’énormes potentiels de développement
dont les Pinassiers et les agences de voyages de Mopti en sont les premiers opérateurs. La Banque Mondiale
investit actuellement dans le développement de l’écotourisme dans le Gourma. Les artisans et artisanes afin de
s’adapter à la baisse des touristes développent de nouveau marchés par internet. Le potentiel de création de
nouveaux emplois est moyen et se produira surtout dans la filière artisanale. Le focus est ici sur la préparation
de la reprise et le développement de nouveaux produits et de nouvelles compétences.
•
La région de Kayes n’est presque pas affectée par la crise sécuritaire qui sévit au nord ; elle continue
d’attirer beaucoup de touristes. La dynamique du secteur est axée sur la tenue de festivals culturels
mettant en valeur les cultures des nombreuses ethnies de la Région. Son autre spécificité est que la
majorité des touristes qui y séjournent sont issues de sa diaspora qui est peu influencée par la crise
sécuritaire. Autre atout de la région est qu’elle est co organise des festivités avec les opérateurs du
Sénégal et profite de leur secteur mieux organisé et elle attire également de leurs touristes. Le potentiel de
création d’emploi est moyen. La spécificité de Kayes et son succès malgré la crise en font actuellement la
Région phare à imiter.
15
Structure de l'industrie du tourisme
L’industrie touristique du Mali est composée de plusieurs dizaines de milliers d’acteurs opérant dans les domaines
de l’hôtellerie, des transports, du guidage, de la restauration, de l’artisanat, etc.
En plus des acteurs ci-dessus mentionnés, la plupart des activités économiques et sociales sont rattachées plus ou
moins directement au tourisme du fait de son caractère transversal. Il s’agit des acteurs privés et publics opérant
dans l’hygiène et l’assainissement, le maraîchage, la production de nourriture, de boisson locale et industrielle, les
artistes, etc.
L’ensemble de ces acteurs sont regroupés en associations d’acteurs elles-mêmes regroupées en faîtières. Nous
passerons en revue chaque groupe d’acteurs animant le tourisme.
Les fournisseurs d'hébergement
En 2009, il y avait 551 établissements d’hébergement et 323 bars restaurants et espaces de loisirs. Le tableau
suivant permet d’en apprécier la répartition entre les régions du pays.
Répartition spatiale des établissements d’hébergement, de restauration et d’animation
Régions
Nombre
d’hôtel en
2009
Pourcentage
Pourcentage
(%)
Nombre de bars et restaurants,
pâtisseries et espaces de loisirs
en 2009
Bamako
297
54
253
78
Kayes
27
5
10
3
Koulikoro
35
6
16
5
Sikasso
36
7
2
1
Ségou
32
6
20
6
Mopti
85
15
15
4
Tombouctou
22
4
2
1
Gao
15
3
5
2
Kidal
2
0
0
0
Total
551
100
323
100
(%)
Il ressort de ce tableau une répartition très inégalitaire des hôtels, bars restaurants et espaces de loisirs. Plus de la
moitié (54%) des hôtels et 78% bars restaurants et espaces de loisirs sont concentrés à Bamako.
A noter toutefois que ce tableau ne fait pas ressortir les campements villageois qui constituent un maillon essentiel
du tourisme culturel, la référence de la destination Mali et le mode prédominant dans la région de Mopti et en
forte émergence dans la région de Kayes.
16
Au-delà du constat de l’évolution positive du parc hôtelier national avant la crise (7,2% de rythme annuel moyen
entre 2008 et 2009, comme le montre le tableau ci-après, on voit bien que les taux d’accroissement annuel les plus
élevés et de loin, ont été enregistrés à Kayes (12,5%, le double de celui de Bamako) et Mopti à 10,39% :
Accroissement annuel du parc hôtelier par région Source : Omatho
Régions
2008
2009
Taux d’accroissement annuel
Bamako
278
297
6,83
Kayes
24
27
12,50
Koulikoro
Sikasso
Ségou
Mopti
Tombouctou
Kidal
Total
32
36
32
77
22
2
514
35
36
32
85
22
2
551
9,38
0,00
0,00
10,39
0,00
0,00
7 ,20
La performance des activités touristique est mesurée au Mali avec quelques indicateurs clés (voir tableau cidessous). Suivant ces indicateurs, nous constatons que le secteur du tourisme a connu une croissance spectaculaire
entre 2001 et 2009. Le nombre d’hôtel a plus que quadruplé en moins d’une décennie, celui des chambres a triplé,
tandis que le nombre des arrivées dans les hôtels augmentait de 46%, et les nuitées de 41%.
A noter que ces performances très appréciables sont imputables au mouvement de fonds impulsé par la Coupe
d’Afrique des Nations (CAN) 2002, organisée au Mali. Au bout d’une décennie, ce coup de starter marque le pas, les
agrégats connaissent un net ralentissement dans leur évolution. Les investissements ont quant à eux commencé à
baissé bien avant la crise. Bien que nous ne disposions pas de chiffres sur la « période CAN » c’est-à-dire de 2001 à
2005, il est aisé de comprendre que les investissements ont été plus élevés en ce moment. Une bonne partie des 74
milliards de CFA investis lors de l’événement étaient destinés aux infrastructures sportives et d’hébergement dont
le pays était dépourvu.
17
Evolution des indicateurs de performance du secteur hébergement
2001
2002
2003
2004
2005
Régions
2006
2007
2008
2009
551
Nombre
d’hôtels
134
218
244
242
251
358
439
514
Nombre de
chambres
2.816
3.492
3.927
4.659
4.811
5.182
6.012
7.846
Nombre
d’arrivées dans
les hôtels
94.300
101.971
147.958
145.188
186.918
200.003
221.328
234.490
204.006
Nombre de
nuitées
184.500
202.825
228.711
343.114
404.874
433.215
507.810
552.784
448.093
Les
investissements
annuels
-
-
-
-
-
16 milliards
6 milliards
5.5
milliards
7.8
milliards
8.361
Source : Omatho
Agences de voyage, les guides et les transporteurs
Les agences de voyages :
En 20O9, on a dénombré 208 agences de voyages toutes spécialités confondues (tourisme, billetterie, Hajj, Omrah).
Nous donnons ci-après la répartition géographique et par type des agences de voyages.
Répartition des agences de voyages par Région au 31 Décembre 2009
Régions
Nombre d’Agences de Voyages
Bamako
168
Kayes
1
Koulikoro
0
Sikasso
1
Ségou
7
Mopti
19
Tombouctou
7
Gao
5
Kidal
1
Total
208
Source: OMATHO, novembre 2010.
Pourcentages %
80,77
0,48
0
0,48
3,37
9,13
3,37
2,40
0,48
100
Tout comme les hôtels, bars, restaurants et lieux de loisirs, la quasi-totalité des agences de voyages se concentre à
Bamako, ce qui dénote là aussi, d’une très mauvaise couverture du territoire national. Il est à noter que les
organisateurs de festivals se comportent sur le marché tel des agences de voyages et qu’on en dénombre une
dizaine dans la Région de Kayes.
Répartition des agences de voyage par type d’activités
Nature des agences
Nombre
Tourisme
61
Billetterie
9
Pèlerinage
42
Chasse
4
Multi-activités
92
Total
208
Source: OMATHO, novembre 2010
Pourcentage
29,33
4,33
20,19
1,92
44,23
100
Selon le tableau ci-dessus près d’un tiers des agences au Mali ne font que du tourisme réceptif. Cependant la
plupart d’entre elles 44,23% combinent plusieurs activités. Le Pèlerinage est la seconde activité d’importance qui
occupe les agences au Mali car plus d’un quart d’entre elles s’y consacrent.
18
Les festivals culturels
La culture est la chose la mieux partagé par l’ensemble des maliens. Chaque peuple, chaque ethnie, chaque région
défend et met en valeur sa tradition à laquelle il reste fortement attaché. C’est d’ailleurs ce qui a engendré ces
dernières années, la création de nombreux festivals à travers le pays et que le potentiel reste énorme... De Kayes, à
Kidal, en passant par Tombouctou, Gao, Koulikoro… Au début des années 2000, beaucoup de festivals ont eu lieu
dans différents endroits du Mali : Essakane, Kayes-Médine, Anderaboukan, Ténéré, Koulikoro, Siby, Ségou, Kayes,
Essouk… Une véritable manne financière pour le tourisme, l’artisanat et la culture, ces festivals contribuent au 3%
du produit intérieur. Véritables sources de revenus, ils créent des emplois directs, indirects et saisonniers dans de
multiples secteurs. Ces différents festivals ont permis au pays d’accroître ses visites touristiques et engendré plus de
6 000 emplois par an.
En plus de ceux de Kayes, voici quelques autres données sur les retombées des festivals :
•
Festival sur le fleuve Niger
Pour avoir une idée du potentiel d’un festival voici les données du Festival sur le fleuve Niger qui sont bien
documentées. Il a lieu à Ségou en février chaque année depuis 2005. Selon Mamou Daffé, directeur du festival,
l’organisation du festival est bénéfique pour l’économie locale. Ainsi, au cours des 6 premières éditions, environ
1 5 milliards de francs CFA ont été injectés dans l’économie, 150 entreprises locales ont travaillé pour le festival qui a
créé, en 2010, 95 emplois directs et 1 858 emplois indirects. En 5 ans, le nombre de touristes à Ségou a été multiplié
par 10, passant de 1 500 touristes en 2004 à 15 000 touristes en 2008. En 2010, 22 000 festivaliers venant de 29 pays
ont participé au festival.
3
Pour plus de détail voir :
•
Le Ténéré Festival
Il se tient chaque année à Tin-Aouker dans la vallée du Tilemsi (à 70 km de Gao). Le directeur et initiateur de ce festival,
le colonel Mohamed Ag Mehdi fait remarquer que depuis la première édition du festival à aujourd’hui, il y a eu des
investissements de plus de 40 millions de Francs CFA. Ces investissements concernent notamment des maisons
d’écoute, des salles de spectacle et l’acheminement de l’eau et de l’électricité dans la localité. Comme l’explique son
promoteur, le Ténéré festival bénéficie uniquement des soutiens des cadres de la localité et de la fondation pour
l’enfance. Véritable espace de diversité culturelle, le festival reçoit toutes les ethnies du pays, mais aussi les arabes et
Songhoï de pays voisins (Niger, Mauritanie, Burkina Faso) et même ceux du Nigéria. Le festival organisé par les
associations Tartit et Tanfo, est aussi l’occasion pour les artisans de se « remplir les poches ». En effet, les expositions
constituent de véritables opportunités pour les commerçants pour leur savoir-faire et le riche patrimoine artisanal du
Mali. Aussi, les 5 000 visiteurs attendus auront le plaisir d’assister à des courses de chameau.
4
•
Le Diamwari Festival
Qui signifie « le bonheur est là » en peuhl. À Mopti, la « Venise malienne », ville située aussi dans le nord sur le bord du
fleuve Niger, mais le festival a lieu sur les bords du fleuve Bani. La première édition de ce festival a eu lieu en février
2008, la deuxième en novembre 2009 et la troisième en janvier 2010. Ville fondée au XIIe siècle, Mopti, qui accueille
quelque 100 000 touristes par an, est à deux pas de la falaise Dogon et de la cité historique de Djenné. Diamwari
Festival est un festival culturel où se mêlent musique et danse et qui veut réunir tout ce qui se fait de mieux dans ces
divers domaines artistiques afin d’embrasser toutes les cultures du Mali. Au programme, les célèbres marionnettes du
Mali, des groupes de danse de différentes tribus comme la troupe Janwari (de Youvarou), Troupe Baboemba, les
Marionnettes de Djenné, Troupe Donsow (chasseurs), groupe Bozo, les Masques des Dogons, les Danseuses Bgara (de
Bankass). Mais aussi des expositions d’artistes et d’artisans potiers, orfèvres, sculpteurs, teinturiers, peintres, etc.Le
tout couronné par une course de pirogues très spectaculaire
Le guidage touristique
En 2009 le Mali comptait 491 guides touristiques accrédités par l’OMATHO dont près des deux tiers (67,4%) sont
constitués de guides locaux. Le reste 160 guides soit (32,6%) sont des guides nationaux. En plus de leur nombre
insuffisant, les guides, bien qu’autodidactes très souvent ou analphabètes ont une bonne connaissance pratique du
métier, appris sur le tas le plus souvent. Il convient de signaler que depuis 2005 aucun autre test n’a été organisé si
bien que l’OMATHO contrôle difficilement la prolifération des guides non agréés depuis 2005.
3
4
http://www.cpelsegou.org/Etude%20d%27Impact%20socio%20%C3%A9conomique%20du%20Festival%20sur%20le%20NIger%20VF.pdf
http://www.afrique-express.com/afrique/mali/mali-festivals.html
19
Suite aux recherches et analyses de la SNV dans le secteur, il y aurait plusieurs avantages de créer une nouvelle
catégorie de guide officiel, soit les guides villageois, choisis par les élites d’un village touristique sur la base de leurs
connaissances approfondies des attraits et des us et coutumes de leur terroir. Cette innovation permettrait de créer
de nombreux emplois particulièrement dans la région de Mopti et de Kayes car des dizaines de jeunes remplissent
actuellement cette fonction dans l’informel.
Les fournisseurs de transports
L’activité touristique est aussi tributaire d’une bonne organisation des activités de transport et de l’équipement du
pays en aéroports, voies routières, infrastructures ferroviaires et espaces de navigation fluviale. Car tout compte fait
les transports aériens, routiers, ferroviaires et fluviaux constituent la cheville ouvrière pour la fluctuation du nombre
de touristes. En effet le Mali, pays vaste sans accès à la mer, doit transformer le handicap de la continentalité en
avantage sous peine de perdre une partie de ses visiteurs au profit des pays côtiers (Sénégal, Côte-d’Ivoire, Benin
etc.) ou d’autres pays de l’inter land. La construction d’aéroports internationaux au niveau des pôles touristiques du
pays (Mopti et Kayes notamment), répond à ce souci. La modernisation et l’extension du réseau routier entrepris
avec le projet CAN Mali 2002, a donné un coup de fouet salvateur au taux de fréquentation de la destination Mali
comme nous l’avions vu précédemment.
• Le transport aérien
Il existe plusieurs compagnies de transport aérien effectuant des vols internationaux incluant Bamako. Les plus connues
sont le groupe Air France, Royal Air Maroc, Ethiopian Air Lines, Air Mali, Air Burkina, etc...
Les vols domestiques sont possibles grâce aux aéroports de l’intérieur comme Kayes, Mopti, Tombouctou et Gao. La
Compagnie Française Point Afrique organisait des vols charters en provenance de Paris, Lyon, Marseille en destination tant
de Bamako, de Mopti que de Gao. Ces vols charters sont très irréguliers depuis le problème sécuritaire qui affecte les
destinations touristiques phares du Mali. En 2009 et 2010, ils ont connu une baisse importante voire même des
annulations. Leur reprise était prévue pour le 20 décembre prochain à destination de Mopti, mais seront-ils maintenus
malgré la survenance des récents événements rapportés ci-dessus ? A Kayes les perspectives semblent relativement plus
optimistes car l’ouverture il y a peu du nouvel aéroport de Kayes Dag-Dag, agrandi et rénové aux normes internationales,
suscite des ambitions chez les professionnels de Kayes et de Bamako.
• Le transport routier
Bons nombres des sites touristiques sont accessibles par voies routières. Que ce soit à Bamako ou toutes les capitales
régionales ou les chefs lieux de cercle, les compagnies routières facilitent leurs dessertes. Il existe dans toutes les villes du
Mali des autogares. Les plus grandes compagnies opérant sur le réseau routier sont : Gana du Nord, Bittar Transport,
SOMATRA du groupe SIMAGA, Bani Transport, Diarra Transport, African Tours Transport, etc...
En plus de ces compagnies de bus, le touriste fortuné peut louer auprès des Agences de Voyages ou auprès des Agences de
Location de véhicules, des minibus ou des voitures tout terrain leur permettant d’agrémenter leurs séjours a Mali. Enfin le
transport intra urbain est assuré dans toutes les villes du Mali par des taxis ou des minibus. Les pinassiers interviennent
surtout à Ségou, Mopti, Tombouctou et Gao. Ils jouent un rôle essentiel dans le tourisme au niveau de ces destinations en
étant un moyen commode et pratique de déplacement et surtout de découverte pour le touriste. Les pinassiers sont
regroupés en associations à Ségou et Mopti et viennent de se doter d’une faîtière. En plus de leur fonction principale de
transport, ils secondent le guide pour expliquer souvent les sites touristiques installés dans le milieu aquatique, la faune et
la flore. Ils sont aussi cuisinier à l’occasion et secouriste au besoin.
• Le transport ferroviaire
La voie ferrée inaugurée au Mali depuis 1904 de Bamako à Dakar est longtemps restée la principale voie d’accès à Kayes.
Avec la reprise de l’exploitation du chemin de fer Dakar-Niger, par la Société TRANSRAIL, le transport des personnes n’est
que occasionnel. En effet TRANSRAIL exploite surtout les trains marchandises. Un projet de rénovation de la voie est sur la
table à dessin ce qui devrait permettre une reprise de l’affluence des passages car le tracé est particulièrement
panoramique longeant à la fois le Fleuve Niger puis le Fleuve Sénégal.
• Le transport fluvial
Le transport fluvial est surtout assuré par la COMANAV en période de crue du fleuve Niger (juillet à décembre). Lorsque le
tirant d’eau s’abaisse le transport fluvial que ce soit sur le fleuve Niger ou le fleuve Sénégal est assuré par des bateliers
exploitant des pinasses équipées de moteur. Les bateaux de la COMANAV sont à la fois des bateaux de transport de
marchandises et de personnes. Des cabines personnelles sont disponibles pour les touristes qui souhaitent faire une
croisière. La croisière de Mopti, Tombouctou Gao est particulièrement appréciée et plusieurs autres options de circuits sont
disponibles.
20
Associations professionnelles du tourisme
Les associations professionnelles répertoriées par l’industrie touristique sont les suivantes:
• Association Malienne des Agences de Voyage et du Tourisme (AMAVT) :
• Association Malienne des Professionnels du Tourisme (AMPT)
• Fédération Nationale de l’Industrie Hôtelière du Mali (ex Fédération Nationale des Hôteliers, Restaurateurs et
Espaces de Loisirs du Mali (FNHRELM)
• Réseau des femmes hôtelières
• Regroupement Professionnel des Hôteliers et Restaurateurs du Mali (GPHRM)
• Collectif des Agences pour le Hadj et la Omrha (CAHO)
• Association Malienne des Agences de Voyages pour le Pèlerinage et la Umrha (AMAVPU)
• Conseil Patronal de l’Industrie du Tourisme (CPIT)
• Association des Hôteliers et Restaurateurs de la Commune IV (AHR CIV)
• Association des Guides ;
• Association des Guides et Piroguiers de Mopti.
Le regroupement des membres par types d’acteurs est un phénomène rependu au Mali. Ces associations
permettent aux membres d’avoir plus de force pour la promotion et la défense des intérêts de ses membres. Les
activités de lobbying et de plaidoyer sont utilisées à profusion. Cependant le tissu social malien est complexe et il
est fréquent d’observer qu’un même type d’acteurs évolue en deux ou trois associations qui n’arrivent pas à se
fédérer pour leurs intérêts communs. C’est le cas des agences de voyage. Ce qui rend le dialogue privé public
(agences – OMATHO) encore plus compliqué que nécessaire. Le dialogue instauré au sein du Comité de Pilotage
National et des <<Comité de Pilotage Régionaux>> du programme HITT s’avère être une avancée notable pour
l’émergence d’un dialogue davantage productif.
Les fournisseurs de nourritures & boisson
Il s’agit des hôtels, bars, restaurants, espaces de loisirs, gargotes etc. Il existe des procédures officielles à laquelle
ces établissements doivent se conformer. Il s’agit de l’agrément délivré par l’Omatho en tant que service public
responsable de la législation en matière d’hébergement et de restauration et l’autorisation d’exercer sur le lieu
d’exercice de l’activité fournie par la collectivité territoriale dont relève l’établissement. Cependant un grand
nombre d’hôtels de bars, restaurants et lieux de loisirs ne remplissent pas les critères requis.
En remontant la chaîne de l’approvisionnement en vivres de ces établissements c’est-à-dire les maraîchers,
bouchers, pêcheurs pour la nourriture, les transformatrices voire les fabricants de boisson industrielle pour la
boisson, on s’aperçoit que la qualité de la nourriture et quelque fois de la boisson constitue une problématique
majeure. Les professionnels des nourritures et boisson proposent très souvent des produits dont la qualité
nutritionnelle ne répond pas toujours aux normes et standards internationaux.
Les acteurs de la gestion des déchets (résidus), de l’assainissement et de l’hygiène
Les opérateurs en gestions des déchets (récupération et recyclage des résidus) et en assainissement des lieux
publics ne sont habituellement pas mentionnés dans le secteur touristique, au même titre que les hôtels, bars,
restaurants et espaces de loisirs. Cependant ces fonctions ont un impact direct très élevé sur le développement du
tourisme. Au Mali et d’une façon générale dans les pays en développement, l’insalubrité constitue un problème de
santé public et d’environnement qui rebute les touristes visitant ces pays. Au Mali les enquêtes effectuées auprès
des touristes dans le pays Dogon ont révélé que le phénomène de la prolifération des déchets est mal perçu et mal
vécu par ces visiteurs étrangers. De nombreux touristes de pays développé ont clairement signifié aux enquêteurs
du Mali qu’ils n’inviteraient pas leurs concitoyens à visiter le Mali parce que les villes du Mali sont trop sales.
21
Ce constat accablant vaut pour toutes les destinations du programme. A Mopti l’insalubrité est perçue de façon
unanime par les acteurs publics et privés comme étant le frein le plus important au développement du tourisme
dans la ville. Les opérateurs de Kayes considèrent que leur ville est la plus sale du Mali. En plus des nuisances
visuelles et olfactives, ce problème est également perceptible dans l’insuffisance des pratiques d’hygiène entourant
la production, la transformation, la conservation et la commercialisation de certains aliments. Tout cela se
traduisant par la qualité médiocre de ces aliments qui sont perçus par certains touristes comme impropres à la
consommation. Ces raisons justifient la prise en compte par le Mali de la gestion des résidus, de l’hygiène et de
l’assainissement dans le développement du secteur touristique.
•
A Bamako, tout comme dans les autres régions, les acteurs de la filière gestion des déchets solides et liquides et
assainissement notamment des caniveaux sont nombreux et exercent dans l’informel. Au départ en 1992, 67 microentreprises se présentant sous la forme de Groupements d’Intérêt Economique (GIE), se partageaient le territoire du District
de Bamako pour la pré-collecte des déchets. Elles acheminaient ces déchets aux dépôts de transit à charge pour la
municipalité de les évacuer vers la décharge finale. Aujourd’hui un grand nombre de GIE ont cessé de fonctionner à cause
des difficultés d’entreposage liées à la fermeture des dépôts de transit ou à leur éloignement. Les pousse-poussiers qui ont
pris la relève sont des jeunes ruraux exerçant un travail saisonnier à l’informel et contrairement aux GIE, ne sont ni équipés,
ni formés pour cette activité.
•
Il en est de même des femmes récupératrices, un millier rien qu’en commune I du District de Bamako. Elles n’ont reçu ni
formation, ni encadrement professionnel, mais contribuent à réduire considérablement les déchets de Bamako en
récupérant plusieurs types de plastique, les ferrailles, les chiffons, les appareils usagers dont elles retirent un revenu
journalier de cinq à huit € par jour. Elles mesurent les risques sanitaires liées à cette activité et désirent bénéficier de
formation leur permettant de mieux se protéger. Elles sont très favorables au tri à la source qui serait un moyen de faciliter
la récupération tout en réduisant la dangerosité de leur travail.
•
La récupération sera suivie, dans le schéma retenu par le programme, de la transformation des déchets biodégradables en
compost, utilisé comme fertilisant naturel dans le maraîchage et la production de fourrage. Il en résultera une plus grande
salubrité de la ville. On assistera parallèlement à une transformation de la filière des déchets en chaîne de valeurs avec un
grand nombre de création d’emplois rémunérateurs au niveau de la collecte, de la récupération et de la transformation. Les
filières bétail, viande et lait et celle des fruits et légumes bénéficieront de l’utilisation d’intrants bio à la place des engrais
chimiques dont l’usage est largement répandu aujourd’hui dans les jardins maraîchers et pour la production d’aliments
bétail.
•
Concomitamment à cette série d’action, les bonnes pratiques d’hygiène seront encouragées dans les processus de
production, de transformation, de conservation et de commercialisation des produits alimentaires courants, y compris l’eau
et les autres boissons.
Emploi du tourisme
En ce qui concerne l'emploi au Mali, le Ministère estimait en 2010 à 48,8 % la population en âge de travailler. Dans
ce total, les activités agricoles absorbent la majeure partie avec 72 %. " Au Mali, dit-il, ce sont les entreprises
informelles qui fournissent la grande majorité des emplois, soit 87 %, dont 85 % pour les hommes et 88 % pour les
femmes. Les emplois dans les entreprises privées formelles ne représentent que 0,7 % au niveau national. Le
secteur public englobant l'administration publique et les entreprises publiques, ne fournit que 4 % des emplois. Le
taux de chômage est de 9,6 % et la durée moyenne du chômage est de 5 ans. 81 % des chômeurs sont à la
recherche de leur premier emploi. Il est plus crucial à Bamako (27 %) et dans la tranche 15-39 ans (15,4 %).
Profil des travailleurs du tourisme
L’analyse du secteur démontre que le tourisme crée de nombreux emplois temporaires et réguliers. En dehors du
personnel employé par l’Etat, tous les autres qui travaillent dans le secteur privé ont un cursus allant de l’employé
d’entreprise à chef d’entreprise.
Les employés du secteur touristique au Mali se répartissent en deux sous-groupes : les employés de l’Etat à majorité
en situation formelle et à plein temps et ceux du secteur privé à majorité en situation informelle et à temps partiel.
Les employés de l’Etat travaillent dans l’Administration Nationale du Tourisme c'est-à-dire à l’Office Malien du
Tourisme et de l’Hôtellerie (OMATHO) ou au cabinet du Ministère chargé de l’Artisanat et du Tourisme. Ceux-ci
22
bénéficient tous d’un traitement échelonné par les normes de l’Etat et bénéficient aussi de la protection sociale de
l’Etat. Parmi eux nous pouvons avoir des fonctionnaires relevant de la fonction publique d’Etat ou des contractuels
émargeant sur la régie de l’Etat, ou du Ministère chargé du Tourisme ou simplement de l’Office Malien du Tourisme
et de l’Hôtellerie. A cet effet, ils bénéficient d’un emploi plus sécurisé que le deuxième sous groupe.
Les employés (es) du secteur privé travaillent dans les unités hôtelières, les restaurants, les bars, les night clubs, les
pâtisseries, et les agences de voyages. Les salaires ne sont pas uniformes à diplômes et à compétences similaires
que l’on soit dans une unité hôtelière de même rang ou de même catégorie qu’une concurrente. La grande majorité
des unités hôtelières, les bars, les restaurants, les pâtisseries ou les agences de voyages sont en fait des entreprises
/écoles sur le tas. En effet, la majorité des opérateurs recrutent un personnel peu qualifié dans la couche des jeunes
diplômés ou des jeunes déscolarisés (à l’informel parmi la famille, la parenté et les relations) qui une fois dans
l’entreprise apprennent le métier auprès des plus anciens et des opérateurs. Le besoin de renforcement de capacité
des employés et des opérateurs du tourisme est généralisé et récurrent car la majorité des employés du secteur
avait un faible niveau lors de leur recrutement.
Contraintes des emplois en tourisme
L’employé (e) du secteur privé est souvent recruté plus par affinité que par compétence requise. En outre ce sont
souvent des emplois précaires et peu d’entre eux bénéficient d’une protection sociale. Ils peuvent du jour au
lendemain être souvent remerciés si le commerce fait faillite ou même pour des raisons propres au promoteur.
Néanmoins parmi eux, il y a ceux qui émergent du lot avec des salaires très importants, des emplois garantis et une
protection sociale assurée. Ce sont des gens bénéficiant d’un contrat de travail régulier auprès de la société qui les
emploient.
Une autre contrainte majeure du tourisme est précisément l’insuffisance qualitative et quantitative de la ressource
humaine. En voici quelques exemples :
• Plus de 80% des guides agréés sont autodidactes ou analphabètes ;
• Plus de 90% du personnel employé dans l’assainissement sont des jeunes ruraux analphabètes ;
• La situation est quasiment identique dans les métiers de l’artisanat ;
Une des contraintes majeures des employés (es) du secteur privé du tourisme, c’est la pression sociale car ce sont
des établissements fonctionnels de nuits où le respect des mœurs est remis en question.
La contrainte des saisons agricoles. L’économie du Mali est caractérisée par l’agriculture et l’élevage qui occupent la
grande majorité des bras valides lors des périodes de semences et de récoltes (juin à octobre), à ce moment ils très
difficile pour les jeunes de se libérer pour des emplois à plein temps. Par contre, les entre saisons de semence et de
récolte sont caractérisées par la présence de nombreux jeunes désœuvrés qui sont disponible notamment lors de la
haute saison touristique qui s’échelonne de novembre à février. Ainsi la structure du travail à temps partiel persiste
dans le temps ce qui favorise également les situations d’emplois informels.
Emploi et la création d’emplois
Traditionnellement les opérateurs touristiques craignaient de former leur personnel de peur qu’ils deviennent un
jour des concurrents qui font nuire à leurs affaires. Cette mentalité est en déclin puisque les opérateurs qui
réussissent le mieux et qui sont devenus les établissements phare du secteur sont ceux qui disposent de personnels
bien formés. Le programme HITT est d’ailleurs très bien accueilli par les opérateurs car l’offre de formation de
qualité à prix abordable est une insuffisance notable du secteur.
En 2009, le tourisme malien comptait environ 20 300 emplois (7 000 emplois directs et 13 300 emplois indirects)
Les emplois dans ces sous-secteurs ne sont pas qualifiés et demeurent informel pour la grande majorité.
23
Emplois directs créés en 2010
Régions
Hommes
Bamako
594
Kayes
22
Koulikoro
34
Sikasso
36
Ségou
20
Mopti
28
Tombouctou
0
Gao
0
Kidal
0
Total
734
%
80,93
3,00
4,63
4,90
2,72
3,81
0,00
0,00
0,00
100,00
Emplois
Femmes
308
29
19
22
12
13
0
0
0
403
%
76,43
7,20
4,71
5,46
2,98
3,23
0,00
0,00
0,00
100,00
Total
902
51
53
58
32
41
0
0
0
1137
%
79,33
4,49
4,66
5,10
2,81
3,61
0,00
0,00
0,00
100,00
Ce tableau fait ressortir la part prépondérante de la destination de Bamako dans la création d’emplois en 2010. Cela
s’explique aisément par le fait que Bamako, en plus d’être la porte d’entrée principale du pays, offre, comme nous
l’avons déjà souligné, un tourisme d’affaires relativement épargné par la crise sécuritaire.
Le défi de création d’emploi posé au programme HITT au Mali a mis une pression sur la recherche des voies, moyens
et innovations pour y parvenir dans des limites acceptables. Voici les principales opportunités de création d’emplois
qui sont supportées par le programme HITT suite aux propositions du secteur privé dans les trois destinations du
programme :
•
La principale innovation porteuses d’emploi est l’introduction dans le programme du sous-secteur
assainissement qui a lui seul permettra de former des centaines de jeunes garçons et filles dans la collecte des
déchets et leur valorisation dans plusieurs filières de récupérations et de recyclage : métaux, plastiques, bois,
compost, etc.
•
La reconnaissance et la formation des guides villageois informels, garçons et filles, qui prendront le relais des
guides locaux lors de l’arrivée des touristes dans leur village. En effet, suite aux travaux de la SNV dans le
secteur il y aurait plusieurs avantages de créer un nouveau type de guide soit les guides villageois choisis par le
village pour leur connaissance approfondi des attraits et des us et coutumes de chaque terroir. Cette innovation
permettrait de créer de nombreux emplois particulièrement dans la région de Mopti et de Kayes.
•
La formation des jeunes en organisateurs de festivals culturels, un produit porteur et applicable, à toutes les
régions du Mali.
•
La formation de gérant de petits campements des villages touristiques dans les villages touristiques où sont
organisés des festivals culturels ;
Climat d'investissement touristique
•
Situation en 2008 avant la crise sécuritaire.
A cette période la croissance de l’activité touristique était notable et laissait présager la multiplication des
emplois et d’entreprises liés au secteur.
•
Situation actuelle au cœur de la crise sécuritaire
De façon globale, les tendances en matière de croissance dans le domaine du tourisme au Mali sont moroses du
fait de la crise née de la crise sécuritaire liée à l’insécurité grandissante dans le Nord Mali. L’économie
24
touristique a chuté de plus 50% grevant l’économie des régions du Nord du fait du poids du tourisme dans ces
économies (selon des estimations, plus de 50% des revenus générés dans les régions de Mopti, Gao et
Tombouctou sont directement ou indirectement liés au tourisme).
Les pertes causées à l’économie nationale de 2009 à 2010 sont évaluées par le gouvernement à plus de 76
millions d’€. Ce chiffre global ne permet pas de se rendre compte des dégâts causés au niveau individuel auprès
des porteurs, Pinassiers, guides, poissonnières, chauffeurs, jardiniers, artisans etc. dont le repas quotidien, pour
les deux tiers, est lié à la vente de leurs produits ou services directement aux touristes ou aux hôteliers,
restaurateurs et agences de voyages.
On observe cependant des tendances moins marquées dans les autres destinations de Bamako et Kayes. A
Bamako où le tourisme d’affaires domine, les professionnels du tourisme (hôteliers et agences de voyages), ont
mené de front deux actions innovantes qui se sont avérées payantes à savoir : l’adoption d’une nouvelle
politique commerciale basée sur l’organisation de cocktails et de séminaires internationaux (2 à 3 par mois),
l’attraction de nouveaux clients autres que les français qui constituaient jusqu’ici 54% des arrivées.
Les principaux projets d’investissement en hôtel à Bamako, qui ont débuté en partenariat avec la Lybie,
semblaient compromis par le changement de régime, mais force est de constater que les travaux d’investissement
ont repris ;
A Kayes, l’extension et la rénovation de l’aéroport international de Kayes Dag-Dag vient d’être achevé, tandis que
la construction de la nouvelle route panoramique Kayes-Bafoulabé-Bamako est en voie d’achèvement. La
rénovation de la route Kayes-Diamou-Bamako démarrera bientôt permettant ainsi un circuit aller-retour Kayes –
Bamako par deux voies différentes ayant chacune leurs attraits ;
Dans la Région de Mopti des hôtels sont en rénovation : au pays Dogon « le cheval blanc », à Mopti ville « la
palmeraie » et des projets de construction chemine tel le complexe touriste de l’ADESAF comprenant un hôtel et
un centre de formation régional en tourisme ;
L’Office Mondial du Tourisme (OMT) en partenariat avec la Banque Mondiale investissent actuellement dans la
réalisation d’un plan de développement de l’écotourisme dans le Gourma où loge en particulier un troupeau
d’éléphants ;
Le GSTA financé par USAID continue d’investir dans l’appui au tourisme et à l’écotourisme au Pays Dogon ;
La GIZ à travers la Mission Culturelle de Bandiagara appuie le tourisme culturel et l’organisation de festival culturel
dans les villages touristiques moins connus ;
La Fondation Agha Khan investie dans le tourisme culturel à Mopti ;
En résumé, les investisseurs conservent leur confiance dans la destination Mali et se préparent pour la reprise. Ce
n’est qu’une question de temps.
La réduction la réduction des tarifs des nuitées a été pratiquée par plusieurs opérateurs :
• Ainsi l’Hôtel Almounia a consenti une réduction de 30% sur ces tarifs de séminaires et rencontres. Des réductions de
tarifs sont également offertes aux ressortissants des pays limitrophes. La proximité de l’aéroport de Bamako (situé à
seulement sept minutes) et l’intéressement des chauffeurs de taxis et des guides et des agences de voyages, combinés
aux tarifs réduits, ont entrainé une augmentation sensible du taux de fréquentation de cette catégorie de clientèle ;
• D’autres structures hôtelières de la capitale ont adopté une politique systématique de baisse des tarifs en basse saison
afin de pouvoir, à tout le moins, supporter les charges de fonctionnement pendant cette période ;
• Dans ce chapitre, l’hôtel Kanaga de Mopti a étalé cette mesure à toute l’année en faisant passer le tarif par nuitée pour
une chambre single de 96 à 58 €.
• Les actions décrites ci-dessus, notamment l’offre de attractifs plus intéressants, ont eu des résultats probants
également à l’hôtel Mandé, « un hôtel pour touristes » dont la directrice estime que « la situation reviendra à la
normale ». En disant cela, elle s’appuie sur le fait que le taux de fréquentation, après une chute de 33% pendant les
deux dernières années, a retrouvé des couleurs grâce au retour en masse des touristes allemands, espagnols, italiens et
anglais représentant 80% des réservations.
25
Tendances de la demande touristique au niveau du pays
Nous analyserons successivement les marchés émetteurs de demande touristiques, les segments de marchés et le
profil du tourisme
Marchés émetteurs
Les touristes visitant le Mali proviennent par ordre d’importance de la France, des pays limitrophes du Mali, du
reste de l’Europe de l’Ouest, de l’Amérique du Nord et du reste de l’Afrique. Les tableaux suivants montrent les
arrivées au Mali par pays et région d’origine.
Arrivées au Mali par pays d’origine - estimation
Pays d’origine
France
Sénégal
Côte-d’Ivoire
Burkina Faso
Etats-Unis
Espagne
Niger
Guinée
Canada
Italie
Allemagne
Afrique du Sud
Belgique
Congo
Nigeria
Total Top 15
Total
Source : estimation DAA (1)
Arrivées 2007
55 200
13 400
12 500
8 700
7 800
6 100
6 000
5 700
3 300
3 300
2 900
2 800
2 800
2 500
2 100
133 100
168 400
Poids relatif
33%
8%
7%
5%
5%
4%
4%
3%
2%
2%
2%
2%
2%
1%
1%
80%
100%
En regroupant les pays émetteurs par zones géographiques on obtient le graphique suivant :
Graphique 1: Répartition des visiteurs selon la
nationalité
Autres Africains ; 17%
Français ; 40%
Maliens non
rés idents ; 10%
Autres Européens ;
16%
Nord Am éricains ;
12%
40% des touristes visitant le Mali viennent de France. Cela s’explique par des raisons liées à l’histoire (La France est
l’ancienne métropole colonisatrice du Mali). Elle est suivie par les pays voisins du Mali à savoir le Sénégal, la Côte-
26
d’Ivoire, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger. Puis viennent dans l’ordre les pays d’Europe de l’Ouest (Espagne,
Italie, Allemagne, Belgique) et d’Amérique du Nord (États-Unis et Canada).
Le rapport introduit une singularité en faisant ressortir la part des maliens résidents à l’étranger qui est de 10%.
Cette remarque est importante car elle donne une indication précise sur l’importance numérique des maliens de
l’étranger, toutes choses qui permettront de mieux adresser les questions relatives au bassin d’émigration que
constitue la région de Kayes, troisième destination choisie par le Programme.
Saisonnalité
Le Mali étant un pays tropical, la saison touristique se répartit en deux grandes périodes. La grande saison
touristique qui coïncide avec l’hiver européen va de Novembre à Février. La petite saison touristique correspond
avec la saison de pluie au Mali et l’été en Europe, elle va de Juillet à Septembre. Cependant on note des arrivées
toute l’année même si le rythme est variable selon les saisons comme le montre le tableau ci-après.
Distribution mensuelle des arrivées
Mois d’arrivée
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
total
Source: base de données OMATHO 2007, traitement DAA.
Arrivées
14 307
14 126
11 124
10 379
9 669
10 394
13 736
15 755
7 514
10 119
10 714
4 536
132 363
Part relative (en %)
11
11
8
8
7
8
10
12
6
8
8
3
100
Durée du séjour
Selon le même rapport ci-dessus cité, les américains séjournent pendant 19 jours en moyenne au Mali, les
européens durent moins longtemps avec une durée de moyenne de 17 jours suivis des français avec 16 jours. Quant
aux africains, ils séjournent plus longtemps avec une durée moyenne de 23 jours et les maliens avec 54 jours sont
les visiteurs qui durent le plus. La durée moyenne de séjour des visiteurs internationaux est de 15 jours.
Arrivées selon la durée de séjour
Durée de séjour
Distribution des arrivées
1 à 7 jours
8 à 14 jours
15 à 21 jours
22 à 30 jours
1 à 2 mois
2 à 3 mois
3 à 4 mois
4 à 5 mois
5 à 6 mois
6 mois et plus
Total
Source: base de données OMATHO 2007, traitement DAA
45%
17%
15%
13%
5%
3%
1%
0%
0%
1%
100%
27
Durée du séjour par motif
Motif
Durée moyenne de séjour
Affaires
11,3 jours
Agrément
18,1 jours
Famille et amis
17,1 jours
Autre
14,6 jours
Source: base de données OMATHO 2007, traitement DAA
Dépenses quotidiennes
Montants dépensés pour arriver au Mali ; ensemble des visiteurs.
Nombre de visiteurs
Voyage organisé (dépenses en FCFA)
Moins de 500 000
500 000 – 1 000 000
1 000 000 – 2 000 000
2 000 000 ou plus
Total
Montant moyen
Voyage indépendant (dépenses en FCFA)
Moins de 250 000
250 000 – 500 000
500 000 – 1 000 000
1 000 000 ou plus
Total
Montant moyen
Pourcentages
14
25
77
11
127
1 340 600 FCFA
11%
20%
60%
9%
100%
49
172
164
56
441
658 506 FCFA
11%
39%
37%
13%
100%
Les visiteurs touristiques qui ont eu recours à un voyage organisé ont dépensé en moyenne 1 340 600 FCFA (2 040€)
pour arriver au Mali. Pour ce genre de voyage, certains ont toutefois payé moins de 500 000 (11%), tandis que
d’autres ont dépensé 2 000 000 ou plus (9%). Les touristes indépendants ont dépensé en moyenne 658 506 FCFA
(1 000€) pour arriver au Mali. Ils ont donc payé deux fois moins que ceux qui sont arrivés à travers un voyage
organisé. Au delà de la moyenne de 658 506 FCFA, les touristes indépendants qui ont dû payer moins de 500 000
sont aussi nombreux (50%) que ceux qui ont déboursé plus que ce montant (50%). Outre les frais engagés pour
effectuer le voyage, les visiteurs ont été interrogés sur les coûts financiers des biens et services qu’ils ont
consommés pendant leur séjour au Mali. Le tableau suivant présente un bilan global à ce propos.
28
.
Valeur moyenne des dépenses effectuées pendant le séjour, selon le motif du voyage en FCFA
1 600 000
1 400 000
1 200 000
1 000 000
800 000
600 000
400 000
200 000
0
Tourisme
D’agrément
Voyage d'affaires
Congrès/Mission
Visite parents/amis
Segmentation du marché (caractéristiques par segment en termes de motivation, d’activités, etc.)
Le tourisme au Mali est essentiellement culturel, c’est-dire basé sur la culture, les modes de vie des différents
groupes socioculturels, et les mythes qu’ils entretiennent. C’est à juste titre que le Pays Dogon demeure encore
aujourd’hui le pôle touristique le plus attractif. Il est suivi par Djenné, Tombouctou et Mopti, toutes des cités
mythiques.
A côté de ce tourisme culturel dominant, existe d’autres formes comme :
•
l’Écotourisme, (ex: visites des lieux de reproduction des oiseaux, des parcs nationaux et réserves, etc.) ;
•
le tourisme fluvial pratiqué sur les fleuves Niger, Sénégal et Bani ;
•
le tourisme de désert qui se déroule dans le Sahara au Nord Mali ;
•
le tourisme festivalier, chaque année de nombreux visiteurs prennent part à des festivals de plus en plus nombreux, mais
dont les plus prestigieux demeurent le Festival sur le Niger, le Festival au Désert d’Essakhane, les traversées de bœufs de
Diafarabé, les Festivals de Kayes, etc. ;
•
le tourisme religieux de plus en plus prisé par les populations qui trouvent là un moyen pratique de concilier la religion et la
culture cultuel et le culturel ;
•
le tourisme de chasse et de pêche et le tourisme sportif.
Le tourisme d’affaires
Il comporte le sous segment des rencontres, congrès, expositions et déplacements de reconnaissance, en anglais
MICE pour « Meetings, Incentives, Congress, Exhibitions ». Il se caractérise par sa sédentarité (la plupart des
visiteurs d’affaires restent sur leur lieu de destination), une durée de séjour relativement plus courte et une
consommation plus élevée. Ces caractères sont plus marqués en ce qui concerne le sous segment MICE dont
l’évolution est fonction de l’activité économique du pays. Ce segment est surtout dirigé sur Bamako et représente le
premier motif des touristes visitant le Mali comme le montre le tableau suivant qui montre la part relative de
chaque segment dans le total des visiteurs du Mali.
29
Visiteurs selon le motif
Motif de voyage
Affaires
Agrément
Famille et amis
Autre
Total
Part relative
41%
35%
18%
6%
100%
Part relative ajustée
44%
37%
19%
0%
100%
Source: base de données OMATHO 2007, Traitement DAA
Le tourisme d’agrément
Ce segment regroupe les vacances et loisirs, la religion et le pèlerinage, la culture et la recherche. Il a un caractère
transversal, car il peut être pratiqué par les touristes se rendant au Mali pour affaires ou visites familiales ou
amicales. Cette remarque, qui est aussi valable pour l’Afrique de l’Ouest, dénote cependant de l’existence de
marges de progression importantes pour ce segment qui est loin d’être saturé. En effet, ce segment abrite les soussegments les plus porteurs du tourisme malien, à savoir le tourisme religieux et le tourisme culturel.
Le premier est dopé par l’augmentation continue du nombre de pèlerins se rendant aux lieux saints de la Mecque,
mais aussi et surtout du développement récent et très spectaculaire des « Zihara » ces visites de recueillements sur
les lieux saints qui ont une forte connotation culturelle au-delà de la religion.
Le second est la forme touristique que prône le Mali. En effet en choisissant le positionnement qui s’exprime par la
signature « Mali, une Afrique authentique », le Mali entend mettre en valeur la profondeur et l’authenticité de sa
culture millénaire qui fait sa particularité. D’ailleurs une enquête réalisée par le Cabinet DAA montre que les
visiteurs qui se rendent au Mali en quête d’authenticité sont globalement satisfaits des produits culturels (« visites
de villages, et de sites, évènements artistiques et musicaux » qui leurs sont proposés.
Les visites à caractère familial et amical
Les visites à caractère familial ou amical sont les moins nombreuses et sont le fait des pays limitrophes du Mali et
plus généralement des pays africains. (Voir tableau ci-après).
Aujourd’hui du fait de la crise, cette forme touristique gagne du terrain. En effet les voyagistes et les hôteliers
privilégient le tourisme de proximité comme une des alternatives à la défection des touristes venant des pays
occidentaux. Les mesures incitatives sont celles dont avions parlé plus haut (réduction des tarifs, intéressement des
chauffeurs de taxi etc.). Développement de nouveaux produits et de nouveaux marchés.
30
Deuxième partie:
Evaluation des besoins de formation des bénéficiaires
finaux et des institutions de formation
Une fois dressée la situation du tourisme au niveau national et dans les 3 destinations choisies, la deuxième étape
importante du programme consiste à évaluer les besoins de formation des acteurs des sous-secteurs choisis au
niveau de ces 3 destinations. Nous verrons dans cette deuxième partie la méthodologie utilisée pour ce faire et les
résultats obtenus.
Rappel des principaux objectifs du programme HITT
Le Programme HITT dans sa conception vise plusieurs objectifs dont les principaux sont :
• Améliorer le dialogue privé public pour la dynamisation du secteur et une offre de formation professionnelle
basée sur le marché (besoin des opérateurs) ;
• Développer des curricula et des modules de formation de standard international à mettre à la disposition des
institutions de formation professionnelle publique et privée au niveau national et en région ;
• Renforcer les institutions de formation professionnelle en tourisme au niveau national et en région ;
• Renforcer les compétences de 1 200 personnes peu ou semi qualifiées du secteur informel afin de leur
permettre de trouver un emploi formel. Ils constituent les bénéficiaires finaux du Programme ;
• Développer des mécanismes de financements pérennes afin d’assurer le renforcement du système de
formation professionnel.
Les sous-secteurs d’intervention du Programme
Au Mali, les sous-secteurs présélectionnés par les concepteurs du Programme HITT au niveau global ont été adoptés
avec l’ajout du sous-secteur assainissement et gestions des déchets qui s’avèrent être un enjeu stratégique pour le
développement du secteur touristique au Mali.
Les sous-secteurs ont été regroupés et se présentent comme suit :
1.
2.
3.
4.
AGENCES - GUIDES – TRANSPORTEURS
HEBERGEMENT – RESTAURATION – TRANSFORMATION DES PRODUITS ALIMENTAIRE LOCAUX
ARTISANAT
ASSAINISSEMENT DES SITES TOURISTIQUES ET CADRE DE VIE
Les opérateurs clé de ces sous-secteurs ont été partie prenante de l’analyse de situation et de l’évaluation des
besoins de formation. Les bénéficiaires finaux du programme seront également des employés et futurs employés de
ces sous-secteurs.
La méthodologie utilisée
L’équipe Mali a expérimenté trois différentes méthodologies avant d’en arriver à la plus pertinente et la plus
efficiente.
• La première était basée sur une vaste opération de remplissage des questionnaires par des individus
appartenant à chaque sous-secteur. Elle a vite démontrée ses limites pour plusieurs raisons dont les
principales sont : manque d’intérêt des personnes à remplir encore de nouveaux questionnaires alors que
leurs attentes sont ailleurs vu la morosité du secteur dû à la crise sécuritaire ; plusieurs personnes de
niveau modeste sont craintives à répondre à des questionnaires par gêne ou par craintes diverses ; c’est
une approche qui consomme beaucoup de temps en terme de prise de rendez-vous ce qui est exacerbé
par une enquête adressée à une destination de niveau régional ;
•
La deuxième approche visait à tenir des ateliers organisée par la faitière de chaque sous-secteur. Les
principales insuffisances rencontrées se sont avérés être : des réflexions trop axées sur le sous-secteur ; un
listing exhaustifs de besoins de formation, une faible appropriation de l’ensemble des sous-secteurs bref;
31
•
La troisième approche a permis à la fois de parfaire l’état de situation, de procéder à l’évaluation des
besoins de formation des travailleurs et futurs travailleurs du chaque sous-secteur et en sus, de faire
émerger les réclamations et les recommandations du secteur privé envers le secteur public.
o
o
o
o
o
Elle a consisté à réunir d’abord à huis clos de 10 à 12 opérateurs privés de l’ensemble des 4 sous-secteurs
d’une destination lors d’un atelier de 2 jours. Les opérateurs étaient choisis en collaboration avec l’OMATHO
parmi les plus influents et les plus performants de la destination. En plénière, l’animateur de l’atelier
questionnait 1 (ou 2) représentant de chaque sous-secteur qui répondait aux questions. Le questionnaire
utilisé était une synthèse des nombreux questionnaires suggérés par le Programme global. Ses réponses
étaient ensuite complétées par les représentants des autres sous-secteurs présents dans la salle qui
validaient et/ou nuançaient ainsi les informations fournies par le répondant. Et ainsi de suite pour chaque
sous-secteur ;
Après ce recueil d’information sur l’état de situation de la chaine de valeur tourisme de leur région et
l’expression des besoins de formation, l’atelier procédait à la priorisation des besoins de formation pour
chacun des 4 sous-secteurs car chaque sous-secteur était composé de sous-sous-secteurs qui chacun avait
exprimés ses besoins ;
Parallèlement aux acteurs des quatre sous-secteurs, ceux des institutions de formation se réunissaient à part
afin de procéder à l’analyse de la situation de la formation professionnelle au niveau de la destination et à
l’évaluation des besoins des instituts de formation publique et privé ainsi qu’à leur priorisation ;
C’est ainsi que prenait fin le premier atelier du secteur privé. C’était une petite révolution de tenir un atelier
sur le tourisme où l’Omatho était invité à ne pas participer, mais que ses représentants ont accepté avec
courtoisie ;
Cet atelier de 2 jours était ensuite élargi aux autres acteurs publics (OMATHO, Directions Régionales, etc.) et
aux représentants élus des Collectivités locales de la destination pour la tenue en plénière d’un atelier multi
acteurs d’une journée afin de valiser et de nuancer les résultats de l’atelier du secteur privé. Un représentant
de chaque sous-secteur venait présenter les résultats (réclamations, recommandations et besoins de
formation du sous-secteur) qui étaient ensuite commenté par l’atelier multi acteur. Les discussions se faisant
dans le respect mais sans complaisance et tous les goulots d’étranglement du secteur ont été discutés. Des
recommandations consensuelles ont ainsi été adoptées pour être soumises au Comité de Pilotage national.
Cette méthodologie a été appliquée à chacune des 3 destinations, soit 3 trajets et rapports distincts qui sont à la
base du présent rapport. A noter que l’ouverture et la clôture des travaux étaient présidées par les autorités
administratives ou locales de la destination ou leurs représentants.
32
Résultats de l’évaluation des besoins de formation
Voici le tableau de la priorisation des besoins par Région suivi des perspectives de mutualisation des formations pour les besoins applicables à l’ensemble du pays.
REGION
AGENCES DE VOYAGES, GUIDES, ORGANISATEURS
DE FESTIVAL, TRANSPORTEUR
HEBERGEMENT – RESTAURATION –
TRANSFORMATION PRODUITS
ALIMENTAIRES LOCAUX
ARTISANAT
ASSANISSEMENT
INSTITUTIONS DE FORMATION
Kayes
1.
Formation en organisation de festival, en
conception et marketing du produit ;
Formation en guidage : attente des touristes,
code de conduite, connaissance des sites
touristiques de la région, déontologie
notamment dans la tarification et la
fidélisation des touristes ;
Formation des agents de comptoir et des
transporteurs : formation en accueil, conseil,
billetterie, information, transparence sur les
agendas de départ;
Formation en langue étrangères : français et
anglais en priorité.
1.
Formation en accueil et attentes
des touristes ;
Formation en cuisine diversifiée
avec produits locaux ;
Formation en labellisation
(hygiène, emballage), marketing
et certification des produits
transformés ;
1.
Finition des
produits en
maroquinerie et
fixation teinture
indigo ;
Gestion et
marketing pour
les chefs
d’entreprise
artisanale ;
1.
Atelier de formation multi acteurs
en gestion des déchets axée sur la
récupération et la valorisation
(famille et entreprise, etc.) ;
Formation en gestion des déchets à
la source et capacité de
communication, lobbying-plaidoyer
des GIE en assainissement à
convaincre les autres acteurs
impliqués (Mairie et agents
d’hygiène, populations, agents de
santé…) ;
Formation de formateurs en : accueil des
touristes, restauration, cuisine et en
Français et Anglais professionnels
Formation en guidage : attente des touristes,
code de conduite, connaissance des sites
touristiques de la région, déontologie
notamment dans la tarification et la
fidélisation des touristes, l’histoire et
géographie des sites touristiques du Mali, éco
tourisme et formation en langues étrangères
1.
Formation en accueil (formation
transversale concernant les
hôtels, les restaurateurs) ;
Formation en cuisine
diversifiée ;
Formation en techniques de
jardinage ;
1.
Formation
technique de
finition ;
Formation en
gestion
d’entreprise
1.
Formation en développement
institutionnel, et renforcement
organisationnel : structuration du
GIE, techniques de gestion
d’entreprises ;
Apprentissage des bonnes pratiques
d’hygiène et de sécurité;
Formation continue des formateurs surtout
en cuisine, un perfectionnement des
formateurs, en utilisation du matériel
professionnel en hôtellerie, et en formation
continue en gestion d’entreprise (stock,
facturation)
Formation en connaissance historique,
géographie, écologie, sociologie de l’ensemble
du Mali et en 2 langues étrangères et
secourisme (premier soins) ;
Compétence en marketing, formation
linguistique et montage de projets bancables
pour les agents de bureau ;
Formation en dépannage mécanique pour les
chauffeurs et montage de projets bancables
pour le renouvellement du parc automobile ;
1.
Compétence en accueil pour les
réceptionnistes, bagagistes et
liftiers;
Compétence en qualité,
hygiène, diversité culinaire pour
les cuisiniers-ères et les
serveurs,
Compétence en pratiques
d’hygiène, de fabrication et de
stockage ; diversification des
produits, emballage, étiquetage
1.
Formation sur la
pertinence de la
finition des
produits
Montage de
projets
bancables
(recherche de
financement)
1.
Formation en gestion des déchets à
la source et capacité de
communication, lobbying-plaidoyer
des GIE en assainissement à
convaincre les autres acteurs
impliqués (Mairie et agents
d’hygiène, populations, agents de
santé…) ;
Formations des formateurs en : techniques
d’accueil, techniques de guidage, validation
des acquis de l’Expérience (VAE), éco
tourisme et gestion financière
2.
3.
4.
Mopti
Bamako
1.
1.
2.
3.
2.
3.
2.
3.
2.
3.
2.
2.
2.
2.
2.
33
Priorisation des formations par les 3 Régions
Pour le sous-secteur AGENCES DE VOYAGES, GUIDES, ORGANISATEURS DE FESTIVAL, TRANSPORTEUR
Ce sont les formations en guidage et en organisation de festival culturel qui sont retenu.
La formation en guidage
Le guide est l’acteur central d’un séjour touristique et sa professionnalisation permet la satisfaction des touristes de
leur arrivée à leur départ. Les touristes satisfaits deviennent des agents de marketing les plus efficaces qui soient.
Cette priorisation cadre bien avec le programme Hitt pour plusieurs raisons. Les guides et pinassiers sont des jeunes
peu qualifiés qui travaillent à l’informel. Ils sont plusieurs centaines de jeunes à vouloir être formés et reconnus
officiellement par l’OMATHO qui n’a pas tenu de test depuis 2005. La formation Hitt sera suivie du test de
l’OMATHO qui leur permettra de travailler de façon formelle. La proposition de créer une nouvelle catégorie de
guide villageois permettrait si elle est acceptée par le Comité de Pilotage de démultiplier de plusieurs centaines les
jeunes à former. Le métier de guide fera l’objet du développement d’un curriculum avec plusieurs modules de
formation. Cette formation aura lieu dans la Région de Mopti.
La formation en organisation de festival
Cette formation est retenue pour plusieurs raisons : il s’agit du développement d’un produit spécifique pour le
marché de la diaspora malienne, et du marché sous régional moins sensible à la question sécuritaire. C’est le
produit phare de la Région de Kayes et il est applicable à toutes les régions du Mali ; une centaine de personne
seront formées soit 3 par festivals déjà existants à Kayes et en provenance de la Région de Mopti. Le métier
d’organisateur de festival fera l’objet du développement d’un curriculum avec plusieurs modules de formation. La
formation aura lieu dans la Région de Kayes.
Pour le sous-secteur HEBERGEMENT – RESTAURATION – TRANSFORMATION PRODUITS ALIMENTAIRES LOCAUX :
Ce sont les formations en accueil et attentes des touristes et deuxièmement en cuisine diversifiée à base de
produits locaux qui sont retenues.
La formation en accueil et attentes des touristes
Cette formation s’adresse à tous les personnes travaillant en tourisme qui sont en contact avec les touristes. Le
potentiel de personnes à former se compte par milliers. Les gestionnaires de petits campements villageois un
secteur en développement seront invités. Une centaine de personnes seront formées à devenir des formateurs en la
matière. Ils proviendront des 3 régions et la formations aura lieu à Bamako. Les institutions de formations
renforcées par le Hitt seront mises à contribution pour dispenser ce module de formation. Ce module pourra être
incorporé dans l’ensemble des curricula touristiques. Un curriculum en gestion de campement villageois sera
développé.
La formation en cuisine diversifiée à base de produits locaux
Cette formation permettra à une centaine d’aspirant cuisinier d’être formé en diversification des recettes locales et
internationales à partir de produits locaux. Les curricula déjà existants pour ce métier seront renforcés par ce
nouveau module de formation. Cette formation aura des répercussions sur la demande de produits locaux, un soussegment également générateur de nouveaux emplois.
34
Pour le sous-secteur ARTISANAT
Les formations retenues sont la formation en gestion d’entreprise et mobilisation de ressources financières et
deuxièmement la formation sur l’importance de la finition des produits de maroquinerie et de teinture indigo
La formation en gestion de mini entreprise et mobilisation de ressources financières
Cette formation concerne des centaines de jeunes désireux de se lancer en entreprise ou de faire émerger leur
tentative en cours avec à la clé, la création de nouveaux emplois pour les jeunes. Ce module de formation est
transversal. Il sera offert aux jeunes gestionnaires d’entreprises d’assainissement, de campement villageois et aux
organisateurs de festival. Il sera inclus dans l’ensemble des curricula où le démarrage d’entreprise est pertinent.
La formation en finition de produit artisanal
Cette formation concerne de milliers de jeunes qui cherchent à s’occuper durant les périodes creuses de l’année. En
effet au Mali on affirme que chaque famille à son artisan. L’artisanat malien est très développé et diversifié mais
selon les experts en la matière c’est la finition qui est le maillon faible. La formation sera dispensée à une centaine
de personnes qui deviendront des formateurs / sensibilisateurs. La formation prendra comme exemple pratique la
production de produits de maroquinerie et de teinture indigo. La formation aura lieu à Kayes.
Le sous-secteur ASSANISSEMENT
La formation retenue est une formation multi acteur en assainissement, en gestion des déchets à la source et
développement des filières de récupération et de recyclage.
Cette formation est pertinente pour les trois régions du programme. Elle concerne des dizaines de petites
entreprises et des centaines de jeunes intéressés à s’y investir. Ce métier fera l’objet du développement d’un
curriculum composé de plusieurs modules de formation. La formation aura lieu à Mopti et les personnes à former
seront en provenance des 3 Régions du Programme.
Renforcement de capacités pour les INSTITUTIONS DE FORMATION
Les formateurs des institutions de formation sélectionnés par le programme au niveau national et régional seront
renforcés en réalisation de formation sur les compétences suivantes priorisées par le secteur privé des 3 régions du
programme Hitt soit en: technique de guidage, techniques d’accueil et attentes des touristes, restauration, cuisine
diversifiée à base de produits locaux , en technique d’assainissement et de gestion des déchets à la source, en
gestion d’entreprise, en validation des acquis de l’Expérience (VAE) le tout avec utilisation du français et de l’anglais
professionnels
NOTE. Il importe de souligner que la formation en communication et marketing électroniques, qui s’avère très
pertinente dans le contexte actuel qui commande le développement de nouveaux marchés, n’a pas été priorisée
dans le cadre du Hitt puisse que trois formations de ce types ont été réalisées courant 2011. Il y a la formation eu
de la Banque Mondiale en direction de l’OMATHO et les formations du GSTA/USAID et de CBI/SNV en faveur des
agences de voyage du pays.
35
Recommandations issues du dialogue privé public pour un système de formation
professionnel basé sur le marché
Voici les principaux commentaires et recommandations du secteur privé en direction du secteur public. Ces
recommandations ont déjà fait l’objet de débat au niveau régional. Leur présentation au Comité de Pilotage vise à
poursuivre les débats afin de dégager les recommandations qui seront relayés aux différents Ministères pour
d’éventuels changements de politiques en faveur de la dynamisation du secteur.
Recommandations consensuelles en direction du secteur public relatives à la dynamisation du secteur :
Il est recommandé :
• De supporter davantage le secteur tourisme par un renforcement des mesures de sécurité au Nord, le
développement de nouveaux produits et de nouveaux marchés moins sensibles aux situations de crise ;
• De renforcer le dialogue privé-public afin de faire face avec efficience aux défis et enjeux du secteur,
notamment pour les questions liées au climat des affaires ;
• Que le secteur public (OMATHO) et privé (les agences de voyages) travaillent ensemble à la définition de
nouveaux circuits touristiques, à l’organisation des éductours pour de nouveaux circuits touristiques avec des
tours opérateurs sous régionaux et asiatiques et les associations de maliens résidents à l’étranger ;
• Une communication et un contrôle accru des autorités du Pays en direction de l’ensemble des organisations et
institutions du secteur public afin que tous les besoins d’hébergement et de restauration de leurs activités
soient prestées par le secteur privé afin d’éviter toutes concurrences déloyales qui sont actuellement une
pratique courante de nombreux agents du secteur public ;
• L’organisation d’un échange de haut niveau au sein des autorités et institutions du pays afin que les fonds et
autorités compétentes en formation professionnelle (FAFPA, APEJ) multiplie le budget du Programme Hitt
disponible pour la tenue des formations ;
• L’organisation d’un échange de haut niveau entre les hautes autorités et institutions du pays et les partenaires
techniques et financiers du pays œuvrant dans le secteur de la formation professionnelle afin que le fonds de
formation du Programme Hitt disponible soit substantiellement augmenté;
• Une campagne nationale de sensibilisation de la population et des entreprises pour une gestion des déchets à
la source car l’argent seul n’est pas la solution de l’assainissement, c’est avant tout une question de fierté, de
comportement et d’organisation familiale et d’entreprise à la source ;
• La tenue d’un test de qualification de l’OMATHO pour les aspirants guides en 2012 ;
• La reconnaissance d’un nouveau type de guide soit le guide villageois ;
• Un fonds de développement pour les jeunes chômeurs qui veulent entreprendre en entreprise ;
• Une campagne nationale de sensibilisation à la consommation des produits d’artisanat local ;
• Le renforcement des contrôles à l’importation qui sont en concurrence avec les productions locales ;
• Le besoin de labellisation afin d’éviter la contrefaçon de produits africains commercés à l’étranger ;
• Un support équitable de l’Etat envers les Chambres de métiers du Mali afin qu’elles profitent des mêmes
avantages que les Chambres de commerce ;
• Que les guides et chauffeurs s’inscrivent et cotisent à l’INPS (Institut National de Protection Sociale)…
Recommandations consensuelles en direction du secteur privé relatives à la dynamisation du secteur :
Il est recommandé :
• Des échanges réguliers entre les diverses associations d’agences de voyages afin de faciliter le dialogue avec le
secteur public ;
• Des échanges réguliers entre institutions de formation et les agences de voyages. Ces deux catégories d’acteurs
se sont mis d’accord pour prendre en compte les besoins de formation des agences qui, en retour leur offriront
aux institutions de formation, les moyens logistiques permettant d’assurer la phase pratique de la formation
des élèves.
36