Cuisson oxydante et cuisson r é ductrice

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Cuisson oxydante et cuisson r é ductrice
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Cuisson oxydante
et cuisson
réductrice
La cuisson
Pour qu’on puisse les cuire, les poteries
doivent avoir séché. En début de cuisson,
phase critique, l’élévation de la température sera progressive. Le contrôle d’un feu
ouvert, sur sol ou en fosse, n’est pas aisé.
Pour éviter tout éclatement des récipients,
le potier a intérêt à préchauffer ses pots.
Cuisson oxydante
Les cuissons sont dites oxydantes
lorsqu’elles sont réalisées en milieu non
clos, riche en oxygène. Elles donnent des
teintes claires, variables en fonction des terres utilisées, allant du
beige au rouge vif.
Un petit feu est allumé, et les pots placés à proximité. Ils sont tournés
et chargés progressivement de braise comme dans le cas précédent.
Lorsque le préchauffage est jugé suffisant, le feu est « écrasé ». Sur son
emplacement des branches de bois mort sont disposées, en lit. Les
pots sont répartis sur ce lit de branchage et recouverts de combustibles mis en hutte ; sur le sommet du tas sont placées des
brindilles et des herbes sèches, le feu y est communiqué.
De cette façon, les pots bénéficient de la chaleur émise par les braises
encore présente à l’emplacement du feu. Le feu communiqué au sommet du tas va descendre. En fait, des braises et de petits brandons vont
Yves Garidel : l’amour de la matière
tomber peu à peu à l’intérieur du tas qui va s’embraser progressivement. A cet effet, il sera bon de placer au contact des pots des branches de diamètre important (4-5 cm) plutôt que des brindilles qui s’enflammeraient trop rapidement.
Les pots doivent être recouverts d’une épaisseur de combustible de 30 à 40 cm environ, ce qui en fait
représente fort peu. En une heure et demie à deux heures de plein feu, la cuisson et achevée est suffisante.
A moins de vouloir obtenir des teintes particulières il n’est pas indispensable de recouvrir les poteries en
fin de cuisson.
Cuisson réductrice
Les cuissons réductrices permettent d’obtenir des teintes
sombres à noires, en réalisant la cuisson en milieu pauvre
en oxygène.
Sur le sol, après avoir préchauffé les pots et mis en place le
tas de combustible, celui-ci est recouvert de feuilles ou
d’herbes. Sur ces dernières on pose une mince couche de
terre ou de cendres.
Le feu est mis à la base du tas, sur le pourtour, puis étouffé. Il reste alors des braises, la combustion va se
communiquer au reste du bois, couver lentement à la manière des meules de charbonnier. La fumée va filtrer à travers la couverture de terre qui va se crevasser et s’effondrer par endroits. Il sera alors nécessaire
de reboucher ces lacunes qui causeraient des appels d’air et un embrasement avec flammes. La cuisson ne
serait donc plus réductrice.
Unité de Recherche et
d’Expérimentation Archéologique
UREA - UFR Lettres Arts et Sciences Humaines - Nice
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Le four
de type
"Sévrier"
S
ur un habitat du Bronze final, au bord
du lac d'Annecy, au lieu-dit Sévrier, les
archéologues découvrirent en 1975, un
curieux four constitué de deux part i e s
s'adaptant l'une sur l'autre. C'était la première fois que l'on mettait en évidence
une telle stru c t u re. Depuis cette date,
d'autres fours similaires ont été mis au jour,
notamment au Baou dou Draï (Gréolières,
A.M.) par Yves Garidel et Thierry Legros.
D'emblée, on attribua le four de Sévrier à
la cuisson des poteries. Prudemment, Yves
Garidel considéra qu'il s'agissait bien
d'une structure de cuisson mais qu'elle pouvait également convenir à
la cuisson sur braise (genre "four de campagne"), au grillage des
céréales ou au boucanage des viandes. Seule l'expérimentation permettrait de préciser la dévolution du four
Yves Garidel : l’amour de la matière
Le four de type "Sévrier" est constitué de deux parties ayant la forme
générale d'une cuvette, s'adaptant bord à bord, fabriquées en argile.
La partie inférieure est perforée de trous (les carneaux) de quelques
centimètres de diamètre : c'est la sole du four. La partie supérieure est
percée d'un unique orifice surmonté d'un cylindre d'argile faisant
office de cheminée. Posées l'une sur l'autre par l'intermédiaire d'un
joint d'argile assurant l'étanchéité de l'ensemble, les deux cuvettes
constituent le laboratoire du four. Pour être opérationnel, la structure
est placée au-dessus d'une petite tranchée creusée dans le sol, plus
longue que le four lui-même. Le feu est allumé dans la partie avant de
la tranchée : c'est l'alandier. La chaleur passe ensuite sous le four et
pénètre dans celui-ci par les carneaux de la sole. En définitive, la
structure ressemble, en plus petit, au four antique destiné à la cuisson
du mobilier céramique (vases, briques, tuiles ...)
A la suite de la découverte d'une telle structure au Baou dou Draï,
Yves Garidel en confectionna une réplique en respectant scrupuleusement les matériaux utilisés à l'Age du
Bronze et tenta plusieurs cuissons céramiques expérimentales. Il apparaît que ce type de four permet effectivement de cuire en une douzaine d'heures dix poteries de petite taille (de grands récipients seraient aussi
trop lourds), sans "coups de feu" (elles ne sont pas en contact avec les
flammes), ce qui leur confère dureté et couleur homogène.
Principe d’un four de type “Sévrier”
Cependant, agencés de façon différente, les éléments d'un tel four,
1) Alandier
permettent aussi de reconstituer une petite structure pouvant servir à
2) Chambre de chauffe
3) Laboratoire
la cuisson ou à la conservation des aliments. Cette hypothèse a été
4) Sole
envisagée par Jean Chausserie-Lapré au regard d'éléments de fours
5) Carreaux
découverts au quartier de l'Ile à Martigues (Bouches-du-Rhône). En
fait, diverses hypothèses de remontage sont plausibles et seul le contexte
archéologique permet d'opter pour une fonction plutôt qu'une autre.
Unité de Recherche et
d’Expérimentation Archéologique
UREA - UFR Lettres Arts et Sciences Humaines - Nice