Cuisson oxydante et cuisson r é ductrice
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Cuisson oxydante et cuisson r é ductrice
panneau 19/03/03 14:21 Page 4 Cuisson oxydante et cuisson réductrice La cuisson Pour qu’on puisse les cuire, les poteries doivent avoir séché. En début de cuisson, phase critique, l’élévation de la température sera progressive. Le contrôle d’un feu ouvert, sur sol ou en fosse, n’est pas aisé. Pour éviter tout éclatement des récipients, le potier a intérêt à préchauffer ses pots. Cuisson oxydante Les cuissons sont dites oxydantes lorsqu’elles sont réalisées en milieu non clos, riche en oxygène. Elles donnent des teintes claires, variables en fonction des terres utilisées, allant du beige au rouge vif. Un petit feu est allumé, et les pots placés à proximité. Ils sont tournés et chargés progressivement de braise comme dans le cas précédent. Lorsque le préchauffage est jugé suffisant, le feu est « écrasé ». Sur son emplacement des branches de bois mort sont disposées, en lit. Les pots sont répartis sur ce lit de branchage et recouverts de combustibles mis en hutte ; sur le sommet du tas sont placées des brindilles et des herbes sèches, le feu y est communiqué. De cette façon, les pots bénéficient de la chaleur émise par les braises encore présente à l’emplacement du feu. Le feu communiqué au sommet du tas va descendre. En fait, des braises et de petits brandons vont Yves Garidel : l’amour de la matière tomber peu à peu à l’intérieur du tas qui va s’embraser progressivement. A cet effet, il sera bon de placer au contact des pots des branches de diamètre important (4-5 cm) plutôt que des brindilles qui s’enflammeraient trop rapidement. Les pots doivent être recouverts d’une épaisseur de combustible de 30 à 40 cm environ, ce qui en fait représente fort peu. En une heure et demie à deux heures de plein feu, la cuisson et achevée est suffisante. A moins de vouloir obtenir des teintes particulières il n’est pas indispensable de recouvrir les poteries en fin de cuisson. Cuisson réductrice Les cuissons réductrices permettent d’obtenir des teintes sombres à noires, en réalisant la cuisson en milieu pauvre en oxygène. Sur le sol, après avoir préchauffé les pots et mis en place le tas de combustible, celui-ci est recouvert de feuilles ou d’herbes. Sur ces dernières on pose une mince couche de terre ou de cendres. Le feu est mis à la base du tas, sur le pourtour, puis étouffé. Il reste alors des braises, la combustion va se communiquer au reste du bois, couver lentement à la manière des meules de charbonnier. La fumée va filtrer à travers la couverture de terre qui va se crevasser et s’effondrer par endroits. Il sera alors nécessaire de reboucher ces lacunes qui causeraient des appels d’air et un embrasement avec flammes. La cuisson ne serait donc plus réductrice. Unité de Recherche et d’Expérimentation Archéologique UREA - UFR Lettres Arts et Sciences Humaines - Nice panneau 19/03/03 14:21 Page 5 Le four de type "Sévrier" S ur un habitat du Bronze final, au bord du lac d'Annecy, au lieu-dit Sévrier, les archéologues découvrirent en 1975, un curieux four constitué de deux part i e s s'adaptant l'une sur l'autre. C'était la première fois que l'on mettait en évidence une telle stru c t u re. Depuis cette date, d'autres fours similaires ont été mis au jour, notamment au Baou dou Draï (Gréolières, A.M.) par Yves Garidel et Thierry Legros. D'emblée, on attribua le four de Sévrier à la cuisson des poteries. Prudemment, Yves Garidel considéra qu'il s'agissait bien d'une structure de cuisson mais qu'elle pouvait également convenir à la cuisson sur braise (genre "four de campagne"), au grillage des céréales ou au boucanage des viandes. Seule l'expérimentation permettrait de préciser la dévolution du four Yves Garidel : l’amour de la matière Le four de type "Sévrier" est constitué de deux parties ayant la forme générale d'une cuvette, s'adaptant bord à bord, fabriquées en argile. La partie inférieure est perforée de trous (les carneaux) de quelques centimètres de diamètre : c'est la sole du four. La partie supérieure est percée d'un unique orifice surmonté d'un cylindre d'argile faisant office de cheminée. Posées l'une sur l'autre par l'intermédiaire d'un joint d'argile assurant l'étanchéité de l'ensemble, les deux cuvettes constituent le laboratoire du four. Pour être opérationnel, la structure est placée au-dessus d'une petite tranchée creusée dans le sol, plus longue que le four lui-même. Le feu est allumé dans la partie avant de la tranchée : c'est l'alandier. La chaleur passe ensuite sous le four et pénètre dans celui-ci par les carneaux de la sole. En définitive, la structure ressemble, en plus petit, au four antique destiné à la cuisson du mobilier céramique (vases, briques, tuiles ...) A la suite de la découverte d'une telle structure au Baou dou Draï, Yves Garidel en confectionna une réplique en respectant scrupuleusement les matériaux utilisés à l'Age du Bronze et tenta plusieurs cuissons céramiques expérimentales. Il apparaît que ce type de four permet effectivement de cuire en une douzaine d'heures dix poteries de petite taille (de grands récipients seraient aussi trop lourds), sans "coups de feu" (elles ne sont pas en contact avec les flammes), ce qui leur confère dureté et couleur homogène. Principe d’un four de type “Sévrier” Cependant, agencés de façon différente, les éléments d'un tel four, 1) Alandier permettent aussi de reconstituer une petite structure pouvant servir à 2) Chambre de chauffe 3) Laboratoire la cuisson ou à la conservation des aliments. Cette hypothèse a été 4) Sole envisagée par Jean Chausserie-Lapré au regard d'éléments de fours 5) Carreaux découverts au quartier de l'Ile à Martigues (Bouches-du-Rhône). En fait, diverses hypothèses de remontage sont plausibles et seul le contexte archéologique permet d'opter pour une fonction plutôt qu'une autre. Unité de Recherche et d’Expérimentation Archéologique UREA - UFR Lettres Arts et Sciences Humaines - Nice