les lettres portugaises - Kanibal Films Distribution
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les lettres portugaises - Kanibal Films Distribution
CINÉMA CINÉMA LES LETTRES PORTUGAISES D’après l’œuvre de Mariana Alcoforado, traduite par le comte de Guilleragues Sortie en salles 13 mai 2015 Une actrice contemporaine s’apprête à interpréter le rôle de Mariana Alcoforado, jeune religieuse portugaise du couvent de Beja, qui écrivit au XVIIème siècle des lettres enflammées à son amant français, l’Officier de Chamilly. Pour mieux s’imprégner de son personnage, elle se rend au Portugal, dans le couvent où a vécu la religieuse. Peu à peu, l’actrice s’identifie à Mariana Alfocorado et revit l’histoire de la religieuse à Beja, les moments où elle écrit à son amant et la passion qui la dévore. L’actrice, devenue Mariana, nous emmène dans un voyage en dehors du temps et qui dépasse les frontières de son imaginaire. LES PARTIS PRIS DU FILM ET DU RÉALISATEUR Concernant l’attribution du texte, le film ne se pose pas la question de cette attribution, et prend le parti de présenter ces Lettres portugaises comme tirées d’une histoire vraie. Il ne peut d’ailleurs pas faire autrement, car en se proposant d’évoquer cet échange épistolaire à travers l’histoire de Mariana Alfocorado, il atteste forcément de l’existence de cette dernière en tant qu’auteur de ces Lettres. LA PASSION : LE VÉRITABLE SUJET DU FILM Mariana Alcoforado développe dans ses lettres une passion amoureuse pour un homme qu’elle a très peu connu et qu’elle ne reverra jamais. Dans ses cinq lettres, elle décrit avec une remarquable clairvoyance, son état et sa fougue passionnelle. Mais qu’est-ce que la passion et est-elle une force positive ou négative pour l’homme ou la femme ? Pour les philosophes classiques, peu ou prou, l’homme peut et doit être maître de lui-même. Ils reconnaissent cependant que des « forces occultes » - nos « passions » peuvent s’emparer de nos esprits et nous faire perdre le contrôle de nous-même. Ce sont pour eux des « maladies » qu’il faut combattre. Pour Kant par exemple (1724 – 1804) : « être soumis aux émotions et aux passions, est toujours une maladie de l’âme, puisque toutes deux excluent la maîtrise de la raison. ». Pour les précurseurs de la philosophie contemporaine, cette vision quelque peu manichéenne de la passion et de la raison ne permet pas de rendre compte de toute la complexité de l’âme humaine. En effet, si la raison permet de comprendre les phénomènes rationnels, elle n’est pas le bon « outil » pour aborder l’irrationnel et l’absolu qui se cachent derrière nos actes et notre comportement. Ils considèrent que l’homme se détermine aussi par sa sensibilité et que c’est par cette dernière qu’il peut se rapprocher de l’absolu. Ils voient aussi dans la passion une force active et non passive au point que Hegel (1770 – 1831) peut ainsi déclarer : « rien de grand ne s’est fait dans le monde sans passion. ». Mais il y a un autre aspect de la passion et qui touche au plaisir. Peut-il y avoir de plaisir sans passion ? Voilà comment Mariana Alcoforado elle-même considère cette question dans l’une de ses cinq lettres : « Il fallait que dans ces moments trop heureux j’appelasse ma raison à mon secours pour modérer l’excès funeste de mes délices, et pour m’annoncer tout ce que je souffre présentement : mais je me donnais toute à vous, et je n’étais pas en état de penser à ce qui eut pu empoisonner ma joie, et m’empêcher de jouir pleinement des témoignages ardents de votre passion. ». ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR (extraits) Bruno François-Boucher L ‘ŒUVRE LITTÉRAIRE 4 Dès sa parution en 1669, le succès des Lettres de la Religieuse Portugaise traduites en français est immédiat dans toute l’Europe. L’ouvrage devient le modèle, sans cesse imité mais jamais égalé, de la lettre amoureuse. Il suscite, à toute époque, l’admiration des plus grands auteurs à l’instar de la marquise de Sévigné et Stendhal et inspire les artistes les plus prestigieux, d’Amedeo Modigliani à Henri Matisse. Les Lettres préfigurent la mode du roman sensible et du roman épistolaire au XVIIIème siècle. Elles annoncent également les thèmes et l’esthétique du Romantisme par leur lyrisme, leur tonalité élégiaque et leur expression singulière du sentiment. Leur intensité, leur profondeur psychologique et leur forme introspective sont reconnues comme pionnières dans l’histoire littéraire. En France, l’œuvre est inscrite au programme du Bac Français dans les années 2000. « En lisant ces lettres d’amour passionnées et désespérées qu’écrit cette jeune femme abandonnée par son amant, j’ai immédiatement été touché par son courage, sa lucidité. Elle analyse avec une précision exemplaire sa passion qui se perd en déraison. C’est de cet amour fou avec son cheminement douloureux dont le film parle, mais aussi de la capacité de cette femme à transcender ses propres sentiments en un amour universel. Pour raconter ce destin exceptionnel, le film se propose de remonter le temps et l’histoire. Le début est conçu presque comme un documentaire. On suit une actrice contemporaine qui doit interpréter le rôle de Mariana Alcoforado. Pour mieux s’imprégner de son rôle, elle se rend au couvent où a vécu la religieuse, et le film bascule dans le temps et la fiction. La comédienne a des visions de ce qu’a pu être la vie de Mariana, sa solitude, et sa passion pour l’écriture. L’actrice du film est tour à tour une comédienne de théâtre interprétant le rôle de la religieuse, et Mariana Alcoforado elle même, enfermée dans son couvent et écrivant ses lettres à un amant parti qui ne lui répond jamais. On passe de la scène de théâtre à des décors réels ou plutôt « réalistes » de cinéma qui nous replonge dans l’époque du XVIIème siècle. ». Bruno François-Boucher, scénariste et co-réalisateur. 5 CINÉMA CINÉMA LES ACTEURS Ségolène Point Rôle de MARIANA 2014 CLIMBING STEEL de Jean-Michel Casanova LES LETTRES PORTUGAISES de Bruno François-Boucher et Jean-Paul Seaulieu ÉLÉGIE (CM) de Ségolène Point SUR LE PLUS HAUT TRÔNE (CM) de Rémi Beaubelicoux RENAISSANCE (CM) de Nicolas Cailloux T EDDY BEAR, INC. (CM) de Benjamin Nekrouf AU NOM DE LA VÉRITÉ, série, saison 4, épisode d’Olivier Chapelle PETITS SECRETS ENTRE VOISINS, série, saison 2, épisode de Jean-Luc Mathieu 2013 INTENTIONS (CM) de Raya Abdelwahed AUDACIEUSE ET COMPARATIVE RENCONTRE PICTURALE (CM) de C. Vandendriessche LE JOUR OÙ TOUT A BASCULÉ, série, saison 3, épisode de Joyce Edhor PARTIES DE BOULES, série, saison 1, 3 épisodes de Jean de Loriol SI PRÈS DE CHEZ VOUS, série, saison 1, épisode de Camille Barbé 2012 BEAU RIVAGE de Julien Donada LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE (MM) de Bruno FrançoisBoucher ENQUÊTES RÉSERVÉES, série, saison 2, épisode de Bruno Garcia Nicolas Herman Rôle de L’OFFICIER DE CHAMILLY 2014 FOURBERIES (CM) de Nicolas Herman et Laurent Jumeaucourt LES LETTRES PORTUGAISES de Bruno François-Boucher et Jean-Paul Seaulieu CLEM, série, saison 4, épisode de Joyce Buñuel 2013 6 ESSORAGE (CM) de Fabrice Daucourt AMITIÉS SINCÈRES de Stéphane Archinard et François Prévot UN JOUR SANS (CM) de Yzabel Dzisky M. Alcoforado par Modigliani LE TEXTE D’ORIGINE Les Lettres portugaises sont d’abord un texte paru sous forme de livre en 1669. À cette époque, Guilleragues, écrivain français peu connu, prétend avoir traduit cinq lettres d’amour d’une religieuse portugaise, Mariana Alcoforado, que lui aurait confiées l’Officier de Chamilly, l’amant de la religieuse. Le texte est magnifique, brûlant et lucide quant à la description de la folie passionnelle que suscite un amour impossible. Le livre a un succès immédiat. Mais une polémique se fait aussi jour quant à la véritable identité de l’auteur : Les lettres ont-elles été écrites par Guilleragues lui-même ? Aurait-il tout « inventé » de cette relation amoureuse ou sont-elles l’œuvre authentique d’une religieuse portugaise enfermée dans un couvent ? L’enjeu est de taille car le texte lance la mode d’un genre littéraire qui fait rapidement son chemin : Le roman épistolaire ; c’est à dire une histoire racontée par les lettres qu’échangent certains des protagonistes ou témoins des évènements relatés. Un film de Bruno François-Boucher et Jean-Paul Seaulieu - Drame 1h15 - Avec Ségolène Point, Nicolas Herman - Production : KapFilms Distribution : Kanibal Films Distribution Plusieurs éléments viennent enrichir l’une ou l’autre des hypothèses. Au XVIIème siècle, très rares étaient les femmes qui faisaient œuvre d’écriture, ce qui renforce certains dans leur conviction que ce ne peut être qu’un homme qui soit l’auteur d’un tel texte : Guilleragues lui-même. Mais Mariana Alfocorado n’est pas un personnage de fiction. La religieuse a bel et bien existé et elle aurait vraiment rencontré de Chamilly. De plus, elle faisait office d’écrivain public au couvent de Beja, ce qui pourrait expliquer sa maîtrise de l’expression littéraire. La polémique dure encore aujourd’hui. Au XVIIIème siècle, Jean-Jacques Rousseau déclare à propos de ce texte : « Je parierai tout au monde que ces lettres ont été écrites par un homme ». En 2009, Philippe Sollers écrit dans la préface d’une récente édition des Lettres portugaises : « Il y a encore des controverses sur les origines et l’authenticité de cette correspondance unilatérale. Je la tiens, moi, pour authentique, car aucun homme (et certaine- ment pas le pâle Guilleragues) n’aurait pu aller aussi loin dans la description de la folie amoureuse féminine. » LE CONTEXTE HISTORIQUE La partie historique du film se situe à l’époque de l’immédiate après-guerre de la restauration du Portugal (1640 – 1648). Le Portugal se bat contre la domination espagnole qu’il subit et retrouve son indépendance avec l’aide militaire discrète et assez réduite que lui avait promise la France. C’est ce contexte qui a permis la rencontre à Beja de la religieuse portugaise Mariana Alcoforado et de l’Officier français Noël Bouton de Chamilly. Ce dernier est retourné en France après la guerre et ne revint jamais à Beja, malgré la promesse qu’il avait faite à son amante. Texte pédagogique par Laurent Hébert. Jean-Paul Seaulieu CO-RÉALISATEUR / DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE 2014 LES LETTRES PORTUGAISES (co-réalisateur, directeur de la photographie) 2012 1, 2, 3 VOLEURS, téléfilm de Gilles Mimouni (directeur de la photographie) 2011 Exposition Katzen - Musée d’art contemporain de Washington – TEMPS MORT, film d’art (35 mm + vidéo) et installations sur feuilles d’acétates 80 x 100 et 100 x 200 7 7