PROGRAMME - Opéra de Saint

Transcription

PROGRAMME - Opéra de Saint
FESTIVAL
du 25 mai
au 1er juin
12e édition
Le piano
fait son cinéma
programme
établissement de la Ville de Saint-étienne, l’Opéra Théâtre bénéficie du soutien
du Ministère de la Culture et de la Communication ( Direction Régionale des Affaires
Culturelles ), du Conseil régional Rhône-Alpes et du Conseil général de la Loire
L’Opéra Théâtre remercie l’ensemble de ses partenaires pour leur confiance et leur fidélité
12e édition
3 questions à vincent bergeot,
directeur artistique et général
Comment évolue le festival Piano Passion pour sa douzième édition ?
Vincent Bergeot : C'est un festival emblématique qui aujourd'hui a pris
ses marques. Il est très suivi par le public et peut donc désormais prendre
son envol. C'est pour ça que nous avons choisi de le placer sous le signe
d'une thématique. C'est une façon d'aborder le répertoire pianistique de
façon moins conventionnelle que par la chronologie ou la musicologie.
C'est aussi une façon d'inviter à la musique à partir d'œuvres populaires,
de tirer en quelque sorte les fils de l'imaginaire collectif du cinéma pour
faire découvrir des œuvres de piano. On peut avoir entendu un extrait dans
un film et vouloir découvrir l'œuvre complète le temps d'un concert, en se
souvenant du film.
Est-ce aussi une façon de décloisonner le monde de la musique classique ?
Oui, on espère faire naître de nouveaux publics. Il s'agit d'inverser l'équilibre
entre l'image et la musique. Les images sont partout aujourd'hui. C'est
assez original de les évoquer à partir des musiques qui leur correspondent.
Il s'agit aussi de mêler différents styles, du classique au jazz qui accompagne
en direct les films muets...
Oui, on va pouvoir traverser le répertoire du piano de la façon la plus
large possible. Les spectateurs qui suivent le festival en entier pourront
ainsi goûter à des genres différents sans avoir un sentiment de redite.
Le piano permet ainsi de passer des Variations Goldberg de Bach à
l'accompagnement en direct d'une comédie de Buster Keaton, du baroque
au jazz. Un festival, c’est avant tout une fête !
Propos recueillis par Luc Hernandez
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Lundi 27 mai - 20h
Projection au cinéma Le Méliès
du film La Leçon de piano de Jane Campion
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Voilà très exactement 20 ans que Jane Campion remportait la Palme d'or
au festival de Cannes pour La Leçon de piano. L'image mythique du piano d'une
ancienne famille écossaise échoué sur une plage de Nouvelle-Zélande lors d'un
déménagement improbable est depuis restée dans l'imaginaire collectif. Tout comme la
musique ensorcelante de Michael Nyman, uniquement composée sur les touches blanches
de l'instrument, que tous les pianistes en herbe de l’époque ont voulu apprendre. Peu de
films ont été aussi puissamment dédiés à un instrument. L'obsession de la musique irrigue
tout le long métrage et se transforme en véhicule de la passion entre deux handicapés
des mots : une femme muette et un illettré. C'est Holly Hunter, l'actrice principale, qui
interprète elle-même la musique de Michael Nyman, renforçant les liens charnels entre
un personnage isolé par son handicap et l’instrument qui va lui permettre de s’accomplir
et de s’inventer un monde. Ode à l'élévation de soi par l'expression artistique dans un
environnement hostile, éveil sensuel aussi au milieu de paysages aussi somptueux
qu'inédits, La Leçon de piano est devenu le film de toute une génération, déployant un
charme unique resté aujourd'hui sans descendance dans le cinéma contemporain.
Une génération, c'est justement ce qui nous sépare aujourd'hui de sa création. C'est
le moment de redécouvrir ce joyau célébrant les noces entre un cinéma qui a
soif des grands espaces et la musique des sentiments.
Tarif réduit sur présentation d'un billet de l'Opéra
Théâtre : 5€ au lieu de 8.70 €
en partenariat avec
Samedi 25 mai
20h
Alexandre Tharaud p.5
Grand Théâtre Massenet
Dimanche 26 mai
Buster Keaton Grand Théâtre Massenet
15h
p.11
Lundi 27 mai
20h
La leçon de piano - Jane Campion
Cinéma Le Méliès
p.2
Mardi 28 mai
20h
Adam laloum p.15
Grand Théâtre Massenet
Mercredi 29 mai
20h
Trios de légende ! p.23
Grand Théâtre Massenet
Samedi 1er juin
20h
Grande soirée de concertos Grand Théâtre Massenet
p.31
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Alexandre Tharaud
Récital
Variations Goldberg
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Piano Alexandre Tharaud
Jean-Sébastien Bach
Variations Goldberg BWV 988
Grand Théâtre Massenet
Samedi 25 mai : 20h
Durée 1h 10 sans entracte
Alexandre Tharaud est en résidence à l'opéra Théâtre de Saint-Étienne
Alexandre Tharaud
Né à Eisenach en 1685, Johann Sebastian Bach, après avoir connu, depuis
1703, plusieurs statuts comme musicien, est recruté en 1723 à Leipzig où il
devient le cantor de l’église Saint-Thomas. Les Variations Goldberg BWV 988,
de leur vraie désignation Aria mit verschiedenen Veraenderungen (air avec
différentes variations), composées en 1740, ont été publiées à Nuremberg
par Balthasar Schmidt en 1741-42. Elles constituent le quatrième et
dernier volume de la série intitulée Clavier-Übung (exercice pour le clavier)
imprimée du vivant de Bach sous son entière autorité. D’un point de vue
du travail de composition et des artifices inhérents à la construction même
de l’ensemble, cet ultime volume est à considérer comme la clef de voûte
des quatre recueils dont le premier édité en 1726 inaugurait l’installation
à Leipzig.
En 1740, Bach aborde la maturité d’un style qui ne vise plus qu’à l’essentiel.
Les trente variations qu’il propose s’organisent entre elles autour d’une
aria. En réalité c’est la partie de basse qui va, comme pour une passacaille,
fournir le matériau de ses variations. Le style encore très virtuose de
l’écriture pose des difficultés techniques d’interprétation que seul Bach
semble avoir été capable de maîtriser en son temps. S’il n’avait pas
réellement composé de recueils de variations aussi conséquents avant
cette date, peu après, en 1747, suivront les Variations canoniques pour orgue
et L’Offrande musicale, puis, en 1748-1749, L’Art de la fugue, suprême éloge
de l’art de varier par le contrepoint.
Dans la première biographie de Bach (1802), le musicographe Johann
Nikolaus Forkel rapporte que les Variations avaient été commandées à
Bach par le très insomniaque comte Kayserling dont le claveciniste attitré,
Johann Gottlieb Goldberg, alors brillant élève du cantor, devait pouvoir à
toute heure lui interpréter la musique. La critique actuelle rejette ce récit
qui transpose à la musique le topos poétique des Nuits de Young, car, aussi
doué qu’il fût, Goldberg avait 13 ans en 1740 !
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Alexandre Tharaud
La partition suit un plan à l’admirable complexité. De multiples affinités
numériques règlent son architecture, véritable reflet abstrait des artifices
contrapuntiques qui se jouent dans les sons. Ainsi le plan ternaire : aria
– trente variations – aria, se lit aussi comme deux parties rétrogrades
enchaînées : I] Aria + 15 variations ; II] 15 variations + aria. Les 30 variations
suivent une progression dont la 15e est le centre. De 3 variations en 3
variations intervient un canon, soit 10 canons aux variations 3, 6, 9, 12,
15, 18, 21, 24, 27, 30. Bach poursuit ainsi de façon organisée le cycle de
cercles concentriques amplifiés puis se dénouant. Chaque canon construit
un lien avec le suivant. Le 1er est à l’unisson, le 2e à la seconde, le 3e à la
tierce, jusqu’à parvenir pour le 9e canon à l’octave. Le 10e canon devrait
naturellement revenir à l’unisson, mais Bach propose de sortir du système
prêt à se refermer sur lui-même, en introduisant un quodlibet, c’est-à-dire
un jeu en imitation sur le matériau de deux chansons populaires très
connues à l’époque et dont les paroles annoncent la fin des réjouissances
et la lassitude des musiciens à jouer pour l’assemblée. Après cette facétie
l’ultime retour de l’aria originelle transfigure le travail accompli.
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Alban Ramaut
Ancien élève du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, Alban
Ramaut est professeur de musicologie à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne.
Alexandre Tharaud
« Les Variations Goldberg sont proches de la transe »
C’est le pianiste qui vend le plus de disques en France. Le Bœuf sur le toit qu’il
est venu jouer en début de saison lui a valu une nouvelle Victoire de la musique
classique. Habitué de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne, il revient cette fois-ci
pour jouer une œuvre fleuve, ensorcelante, qu’il ne joue que rarement pour
mieux la préserver : les Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach.
3 questions à Alexandre Tharaud
Vous vous produisez rarement avec les Variations Goldberg. C’est une
œuvre que vous avez mis longtemps à aborder ?
Alexandre Tharaud : Oui, la première fois que je les ai jouées, j’avais arrêté de
me produire durant sept mois pour me plonger dans cette œuvre qui reste
pour moi totalement à part. C’est une œuvre qui nous dépasse tous, proche de
la transe. Elle provoque une forme de méditation particulière, presque sacrée.
Je n’ai pas voulu l’aborder pendant des années. Je trouvais qu’il existait
des versions magnifiques comme celle de Zhu Xiao Mei que je trouve
particulièrement réussie. Je pense l’enregistrer un jour mais en attendant je
veux la jouer dans très peu d’endroits pour mieux préserver ce lien particulier.
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Son ampleur vous porte-t-elle au moment du concert, ou au contraire vous
procure-t-elle un trac supplémentaire ?
C’est une œuvre très étrange, particulièrement périlleuse en concert. Elle
garde une fragilité paradoxale eu égard à son incroyable architecture. C’est
un roc, comme une montagne à gravir. Mais je n’ai jamais l’impression de la
jouer seul en concert. Il se passe à chaque fois une sorte de communion entre
le public, l’instrument, le compositeur et l’interprète. Comme si on était peu à
peu enivrés par le procédé de la variation jusqu’à lâcher prise. C’est vraiment à
chaque fois un moment privilégié.
Vous avez beaucoup interprété de musiques baroques sur piano moderne.
Comment travaillez-vous l’ornementation ?
Chez Bach, l’ornementation reste parcimonieuse, elle n’a rien à voir avec
celle de Rameau ou Couperin par exemple. Elle reste discrète et n’est
donc pas indispensable. Elle ne s’impose pas à l’interprète que je suis.
En revanche, la difficulté réside dans le fait de reproduire la richesse du
clavecin à deux claviers pour lequel les Goldberg ont été composées. Et là,
c’est un véritable challenge…
Propos recueillis par Luc Hernandez
Alexandre Tharaud
Alexandre Tharaud
Après Rameau, Couperin et Bach au piano,
Alexandre Tharaud a renoué avec le monde baroque
pour son nouvel enregistrement dédié à Scarlatti
paru chez Virgin Classics.
Alexandre avait auparavant enregistré pour
harmonia mundi la musique de Ravel, Chopin
(Intégrale des Valses, Vingt-Quatre Préludes et Journal
Intime, ce dernier pour Virgin Classics) et Satie. Alexandre a été invité à se
produire en récital dans les plus grandes salles internationales en Europe,
au Japon, en Amérique du Sud et du Nord, et se produit également dans
les meilleurs festivals dont les célèbres BBC PROMS à Londres. Il est
le soliste des grands orchestres français, et étrangers, sous la direction
de Lionel Bringuier, Bernard Labadie, Rafael Frühbeck de Burgos, Jean
Fournet, Georges Prêtre, Yukata Sado, Stefan Blunier, Marc Minkowski,
Stéphane Denève et Claus Peter-Flor.
Dédicataire de nombreuses œuvres, il crée le cycle Outre-Mémoire de
Thierry Pécou ainsi que son concerto L’Oiseau Innumérable et donnera en
première mondiale, dans le cadre du Festival d’Automne, le Concerto de
Gérard Pesson avec la Tonhalle de Zürich et le RSO Frankfurt en décembre
2012. Après les Hommages à Rameau, faisant alterner les mouvements
de la Suite en la du compositeur baroque avec les hommages à des
compositeurs vivants et Hommage à Couperin, Alexandre prépare un
PianoSong sur le même principe, mais s’inspirant de la musique populaire
qu’il aime tant. Alexandre Tharaud est "artiste résident" de la Maison de la
Culture de Grenoble (MC2) et de l’Opéra Théâtre de Saint-Étienne.
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Alexandre Tharaud
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Buster Keaton
Ciné-Concert
Steamboat Bill, jr.
États-Unis, 1928 (Cadet d’eau douce)
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Improvisation au piano Thibaud Saby
En lever de rideau, projection d’un irrésistible cartoon où Tom et Jerry se
battent autour d’un piano : The Cat concerto (de Joseph Barbera et William
Hamma, 1946)
Grand Théâtre Massenet
Dimanche 26 mai : 15h
Durée 1h20 sans entracte
Buster Keaton
Mississippi Slapstick
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Buster Keaton
Le fils idiot et chétif d'un marinier tombe amoureux de la fille d'un
banquier. Manque de pot, le banquier en question n'est rien moins que
le concurrent direct de son père pour prendre le contrôle du marché des
bateaux à vapeur (Steamboats) qui traversent le Mississippi...
Rien que la série de gags millimétrés où Buster Keaton désespère son
rustre de père alors qu'il voudrait le convaincre de sa force et de sa
virilité ferait déjà de ce film un classique. Tout comme la célèbre scène
d'ouverture où une simple séance d'essayage de chapeau devient un
sommet de délicatesse et d'humour émerveillé. Mais si Steamboat Bill Jr
est considéré comme le meilleur film de Buster Keaton avec Le Mécano
de la General, c'est parce qu'il contient la scène la plus spectaculaire de
toute sa filmographie : la fameuse séquence de la tornade finale, tournée
sans trucage, où lorsque la façade de la maison s'écroule sur Buster
Keaton le menaçant de l'écraser, il traverse une lucarne et continue sa
course effrénée. Tout un symbole de l'art du slapstick, ce comique hyperphysique où le personnage de Keaton, digne de Charlot, se remet de
toutes les calamités que la vie prend la peine de mettre sur son chemin.
Une façon d'élever le burlesque au rang des beaux-arts, avec la même
intensité et la même précision que dans l'art dramatique. À l'époque, le
vent était produit par six gros moteurs d'avion, capables à plein régime
de soulever un camion. La moitié de l'équipe avait quitté le tournage
de peur d'un accident et une gigantesque grue soulevait les maisons...
Cette séquence d'anthologie est devenu le symbole de l'art millimétré et
du sens de la composition selon Keaton. Sa plus grande comédie.
« C’est l’image qui me parle »
C’est un tout jeune pianiste qui s’est spécialisé dans l’accompagnement
athlétique des films muets en direct : Thibaud Saby. Entretien avec un
pianiste qui crée ses propres notes à partir des images.
4 questions à Thibaud Saby
Comment avez-vous attrapé le virus pour accompagner les films ?
Thibaud Saby : J’ai fait ma formation de pianiste jazz au Conservatoire de
Vienne puis à celui de Lyon avec Manu Sanchez. En 2009, le festival Lumière
à Lyon a monté un partenariat avec le Conservatoire pour accompagner les
films muets. C’était la première année, et je me suis retrouvé à accompagner
La Comtessa Sara de Roberto Roberti, le père de Sergio Leone, un film
muet à l’atmosphère très particulière. J’ai commencé en m’aidant d’autres
collègues puis j’ai pris de l’assurance et me suis mis à travailler en solo.
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L’accompagnement des films est-il toujours basé sur l’improvisation ?
Oui, j’essaie de perpétuer une certaine tradition. Je m’inspire de Count Basie
ou Duke Ellington qui ont beaucoup apporté à l’histoire du jazz en créant
des musiques pour accompagner les films.
Comment travaillez-vous en amont un film pour pouvoir ensuite improviser
en direct ? J’ai une sorte de palette, un peu comme les peintres, à partir de
laquelle je dessine d’abord des atmosphères en regardant les images. Je note
aussi quelques mots-clés et les grandes séquences du film pour avoir une sorte
de trame. Je pratique ce qu’on appelle le « Mickey Mousing » hérité des Tex Avery
qui consiste à associer des sons à certains objets ou certaines scènes précises.
À partir de là, l’improvisation peut se déployer au moment de la projection,
mais c’est avant tout l’image qui me parle. Quel est le plus difficile pour vous : vous caler techniquement sur le film
ou vous en inspirer ? C’est un tout. Il faut être attentif à la fois au film et à ce
qu’on joue. Le film ne nous attend pas, il faut donc rester dans une certaine
maîtrise. Mais le plus difficile, c’est sans doute l’endurance. Même si les
films d’époque qu’on accompagne ne sont pas très longs, rester concentré
avec les doigts qui suivent pendant 1h20, c’est vraiment du sport !
Propos recueillis par Luc Hernandez
Buster Keaton
Thibaud Saby
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Buster Keaton
Né en 1989, Thibaud grandit à Vienne (Isère),
ville célèbre pour son festival Jazz à Vienne, de
réputation internationale. C'est dans le cadre de ce
festival qu'il découvre le jazz à travers des stages,
concerts, jam sessions...
En 2002, un département jazz ouvre sous la
direction de Philippe Khoury au Conservatoire
Municipal de Vienne. Thibaud y étudie le piano jazz, ainsi que l'harmonie
et participe à de nombreux ateliers. Après l'obtention de son baccalauréat,
il décide d'aller étudier le piano jazz avec Mario Stantchev. Il entre au
Conservatoire à Rayonnement Régional de Lyon en 2007 et obtient 3 ans
plus tard un DEM de jazz à l'unanimité avec les félicitations du jury.
Aujourd'hui, Thibaud étudie au Pôle d'Enseignement Supérieur de Musique
de Bourgogne et se destine à une carrière de musicien/professeur.
Musicien éclectique, il fait partie de formations de styles musicaux variés
et a pu jouer pour les premières parties de Macéo Parker, IAM, Israel
Vibration, Tété...
Récital
Chopin, Schubert
Piano Adam Laloum
Frédéric Chopin
5 Préludes opus 28 : n°4, n°5, n°6, n°7 et n°8
5 Mazurkas : opus 6 n°1, opus 17 n°2 et n°4,
opus 30 n°4, opus 59 n°3
3e Impromptu opus 51
4e Ballade opus 52
...
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Franz Schubert
Sonate n°20 D 959
I. Allegro
ii. Andantino
III. Scherzo : Allegro vivace
IV. Rondo : Allegretto
Grand Théâtre Massenet
Mardi 28 mai : 20h
Durée 2h entracte compris
Adam Laloum
Adam Laloum, du Pianiste à La Pianiste
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Adam Laloum
Deux ans après avoir été élu jeune interprète préféré par le public
stéphanois, Adam Laloum revient pour jouer deux musiques intimistes
comme il les affectionne. D'une part, les préludes et mazurkas de Chopin
qui habitaient Le Pianiste de Roman Polanski, grand mélo autour du ghetto
de Varsovie, qui a obtenu la Palme d'Or au festival de Cannes en 2002 des
mains de David Lynch. D’autre part, l'avant-dernière sonate de Schubert,
au centre des rapports tumultueux entre Isabelle Huppert et Benoît
Magimel dans La Pianiste du trouble Michael Haneke, réalisateur multiprimé. Le film valut en prime un double prix d’interprétation à Cannes aux
deux acteurs.
Pianiste parmi les plus en vue de la nouvelle génération même s'il reste
d'une discrétion à toute épreuve, Adam Laloum ne se voit pas (encore)
jouer "les musiques extraverties à la Russe". Il n'aime rien tant qu'habiter
ces airs menus qu'on dit de salon mais qui ont souvent plus de coffre
que des partitions plus spectaculaires. Le sublime adagio de la Sonate en
la majeur de Schubert, avec sa mélodie déchirant le cœur en une seule
note vibrante devrait aller comme un gant, de velours, à ce pianiste racé
et élégant. Après un premier disque consacré à Brahms qui lui a valu les
éloges de la critique, c'est d'ailleurs un programme Schubert qu'il prépare
pour son prochain enregistrement dont il livre ici en quelque sorte une
avant-première. Mais s’il a encore peu enregistré, c’est qu’Adam Laloum
n'est jamais aussi bon que dans le moment impromptu du concert. C'est
bien le moins, pour du Schubert.
Michael Haneke, l'amour du piano
Il fait partie du club très fermé des doubles palmés du festival de Cannes,
en plus d’avoir obtenu l’Oscar du Meilleur film étranger. Avec Amour dont
le premier titre était Quand la musique s'arrête, c'est sa passion pour la
musique et plus particulièrement le piano qui se montre enfin au grand
jour. Pour dépeindre cet amour ultime entre deux professeurs de musique
à la retraite, Michael Haneke a supervisé l'ensemble des choix musicaux,
à commencer par celui des œuvres de Schubert qu'il avait déjà utilisées
dans La Pianiste. Dans son livre d'entretiens avec Michel Cieutat et Philippe
Rouyer qui vient de paraître*, il déclarait : « Bach, Mozart et Schubert sont
indéniablement mes trois compositeurs préférés. Mais il m'est difficile d'en
mettre un devant les deux autres. » S'il a mis en scène Don Giovanni à
l'Opéra de Paris et tout récemment Così fan tutte à Madrid et Bruxelles, il a
gardé son amour du piano et de Schubert pour le cinéma. Même dans un
film sans musique comme Caché avec Juliette Binoche et Daniel Auteuil,
il faisait dire à Annie Girardot, esseulée dans sa maison de famille :
« le son du piano me manque ». Avec La Pianiste, il avait choisi pour la
bande originale son « Scherzo préféré » de Schubert, le court mouvement
virevoltant et taquin, loin des clichés mélancoliques sur le compositeur
viennois, de l’avant-dernière sonate. Pour Amour, il a choisi Alexandre
Tharaud, fidèle compagnon de l'Opéra Théâtre de Saint-Étienne, pour
interpréter la musique du film et donner la réplique à Emmanuelle Riva et
Jean-Louis Trintignant, rien que ça. « De tous les pianistes que j'ai auditionnés,
il s'est révélé être le meilleur acteur », confiera le réalisateur*. Entre la sonate
de Schubert tirée de La Pianiste que viendra interpréter Adam Laloum, et le
concert exceptionnel d'Alexandre Tharaud consacré aux Variations Goldberg
de Bach, plane aussi sur Piano Passion l'ombre d'un grand réalisateur, fin
mélomane, dont les images marquantes pourront aussi vous revenir en
écoutant les plus grands musiciens partager son amour du piano.
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*Haneke par Haneke, entretiens avec Michel Cieutat et Philippe Rouyer (éditions Stock, 2012)
Adam Laloum
Frédéric Chopin Préludes / Mazurkas /3e Impromptu /
4e Ballade
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Adam Laloum
On ne connaît que trop l’aura imaginaire et les anecdotes qui entourent la
composition des Préludes : le caractère inhospitalier de l’île de Majorque,
l’apparition des premiers signes de maladie, la cellule de Chopin dans la
Chartreuse de Valldemosa, l’écriture du Prélude dit "de la goutte d’eau"
– dont on ne sait encore aujourd’hui s’il s’agit du 15e – en un moment
d’hallucination... S’il n’est pas nécessaire de renoncer entièrement à la
représentation quelque peu romancée et ultra-romantique que nous
livre Sand, il convient également d’être prudent quant à la définition
esthétique des Préludes, dont par ailleurs un tiers seulement a été
composé à Majorque. Schumann comme Liszt rattachent clairement
l’op. 28 au Romantisme. Pour Schumann en effet, les Préludes « sont des
esquisses, des commencements d’études, ou, si l’on veut, des ruines, des ailes
d’aigles détachées, tout pêle-mêle dans sa bigarrure et sa sauvagerie. […] Le
cahier contient aussi du morbide, du fiévreux, du farouche ; que chacun y
cherche donc ce qui peut lui profiter, et que le seul Philistin reste à l’écart. »
Si le compositeur souligne ici la diversité stylistique et expressive des
Préludes, il met également en exergue l’étrangeté du choix d’un tel titre.
Si les Préludes de Chopin sont comparés au fragment ou à l’aphorisme,
ils échappent aux exigences du genre. Le modèle en est, sans conteste,
le Clavier bien tempéré de Bach, dont Chopin emporte un exemplaire lors
de son voyage. Certes, les principes fondamentaux en sont respectés :
les cycle des 24 tonalités, la concision, l’unicité du matériau thématique.
Pourtant, Chopin déroge à l’une des règles les plus évidentes du genre. Car
les Préludes op. 28 ne préludent à rien. Autonomes, ils seraient selon Liszt,
« des préludes poétiques, analogues à ceux d'un grand poète contemporain
[Lamartine], qui bercent l'âme en des songes dorés, et l'élèvent jusqu'aux
régions idéales ». Par conséquent, au-delà de toute question esthétique,
générique ou historique, Liszt nous invite à écouter les Préludes en
redonnant à l’imagination sa juste place. Peut-être alors devrions-nous, à
nouveau, convoquer les récits de Sand ? À vous d’en juger…
Avec les quatre mazurkas, c’est un tout autre aspect de l’œuvre de Chopin
qui s’offre à nous. Publiées en 1832 pour l’op. 6, en 1834 pour l’op. 17, en
1837 pour l’op. 30 et en 1845 pour l’op. 59, elles attestent de l’attachement
du musicien à son pays natal. Danses stylisées, les mazurkas de Chopin,
de l’aveu du compositeur lui-même, ne sont pas faites pour être dansées.
Si Chopin respecte les caractéristiques génériques de la danse comme la
rythmique ternaire, l’accentuation du 3e temps ou les carrures de 4 mesures,
les mazurkas dépassent cependant largement le cadre de la danse de
salon. Leur élégance mélodique, la richesse de leur ornementation, leur
subtilité harmonique et rythmique doivent nous amener à reconsidérer
leur importance et leur valeur face à des œuvres plus imposantes.
De l’Impromptu op. 51, publié en 1842, on retiendra le rythme quasiment
immuable de triolets, les modulations inattendues, les chromatismes, et
l’allure improvisée. De structure tripartite, elle met en opposition différents
types d’écritures pianistiques. À la volubilité mélodique de la main droite et
au contrepoint duquel émergent tierces et sixtes dans la 1ère partie, répond,
dans la 2e, un thème en mi bémol mineur, confié à la main gauche, dans
les registres médium et grave du piano : c’est là la confrontation du chant
et du geste pianistique.
Composée à la fin de l’été 1842, la Ballade op. 52 est l’un des monuments
de l’œuvre de Chopin. D’un point de vue formel, elle pourrait être analysée
comme une forme sonate. Cependant, le titre de l’œuvre et le témoignage
de Schumann selon lequel les Ballades sont inspirées de poèmes de
Mickiewicz, la complexité structurelle de l’œuvre et le jeu des tonalités,
nous incitent à écouter l’op. 52 comme une œuvre narrative. Une logique
dramatique préside à son déroulement. Après une courte introduction est
énoncé un premier thème – sorte de valse mélancolique – qui est très
rapidement soumis à une variation de type ornementale. Le second thème
quant à lui, avec son rythme de barcarolle et ses couleurs modales, refait
son apparition, métamorphosé, à la fin de l’œuvre. Cinq accords et un long
silence mettent fin à cette apothéose lyrico-dramatique, pour laisser place
au déchaînement de la coda. D’une virtuosité époustouflante, elle s’achève
brutalement, dans un déferlement de doubles croches.
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Adam Laloum
Franz Schubert Sonate D 959
20
Adam Laloum
En septembre 1828, deux mois avant sa mort, Schubert achève de
composer la Sonate en la majeur (D 959). Après les puissants accords qui
ouvrent le 1er mouvement, triolets, anapestes et rythmes iambiques nous
amènent, au gré de marches harmoniques – l’ombre de Beethoven n’est
pas loin – vers le second thème. Une allure de mélodie accompagnée,
une nuance pianissimo, un lumineux mi majeur, puis une brève incursion
en sol majeur : nous changeons de monde. La fin de cette exposition est
plus déroutante. Elle nous fait entendre un tout nouveau motif, sorte de
miroir du 2e thème, dans lequel apparaissent pour la première fois des
doubles croches. Ébauché seulement dans l’exposition, ce motif devient
le matériau principal du développement. Accompagné d’accords rebattus,
passant du grave à l’aigu, du majeur au mineur, il se dissout peu à peu
dans un mouvement descendant qui se termine abruptement par la
réexposition. Enfin, la coda, après une mesure de silence, énonce un
1er thème métamorphosé, mystérieux, à la limite du silence. Même la
stabilité d’une cadence nous est refusée. Après un silence prolongé, on
attend en vain un accord de dominante. La majeur prend sa place, scellant,
par une ellipse harmonique, le 1er mouvement.
Dans l’andantino de la Sonate, le thème en fa dièse mineur, répétition
obsessionnelle de l’intervalle de seconde, semble nous plonger dans
l’univers du lied. Chant sans parole, il s’oppose radicalement, par sa
lenteur et son quasi-statisme, à la section médiane ; là, il n’y a ni chant
ni mélodie, mais un tourbillon continuel de rythmes contrariés, de trilles,
d’arpèges, de gammes diatoniques et chromatiques et d’accords, du grave
à l’aigu, dans des tonalités attendues (do dièse mineur) ou improbables
(do mineur). La violence de ces figurations purement pianistiques finit
par laisser place au retour du 1er thème, agrémenté d’une ponctuation
rythmique, sorte de seconde voix qui semble ajouter encore à la noirceur
du mouvement.
Après les tourments de l’andantino, le scherzo, en la majeur, n’est que
légèreté – voire espièglerie –, et énergie rythmique. Accords arpégés,
accents, gammes fulgurantes, brusques passages du fortissimo au
pianissimo se succèdent dans un esprit de plaisanterie musicale. Joué un
poco più lento, le trio pourrait être un clin d’œil à la valse… mais l’appui sur
le deuxième temps lui donne un aspect curieusement bancal.
Enfin, le finale de forme rondo-sonate fait écho, par certains aspects, au
premier mouvement. On y retrouve notamment des rythmes similaires –
des triolets et, dans le 1er couplet, l’anapeste. L’épisode central au contraire
(2e couplet) rappelle l’andantino. Ses sforzandos intempestifs et la qualité
de son écriture pianistique, de même que la tonalité de do dièse mineur
ne peuvent en effet qu’évoquer la partie médiane du mouvement lent.
Lorsque le refrain est de nouveau énoncé, en fa dièse majeur cette fois-ci,
il semble que le douloureux souvenir de l’andantino soit définitivement
oublié. Dans les dernières mesures enfin, après un presto énergique aux
allures beethoveniennes, apparaît, en filigrane, l’un des motifs du tout
1er thème de la sonate. Ma fin est mon commencement…
21
Inès Guittard
Ancienne élève de l’ENS de Lyon, agrégée et titulaire de plusieurs prix du CNSMDP,
Inès Taillandier-Guittard prépare une thèse de doctorat sur Alfred Cortot, interprète de
Frédéric Chopin, à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne.
Adam Laloum
Adam Laloum
22
Adam Laloum
Né le 25 février 1987, Adam commence le piano à
l'âge de dix ans. Il poursuit ses études musicales
au Conservatoire de Toulouse avant d'intégrer
le Conservatoire National Supérieur de Musique
et de Danse de Paris en 2002 dans la classe de
Michel Béroff. Durant ces années d'études à Paris,
il a la chance de travailler avec des personnalités
musicales telles que Daria Hovora, Jean Mouillère, Claire Désert, Christian
Ivaldi, Ami Flammer ou Vladimir Mendelssohn. Durant sa scolarité,
Adam a pu rencontrer dans le cadre de masterclasses des personnalités
comme Dmitri Bashkirov ou Paul Badura-Skoda. Il obtient son Diplôme
de formation supérieure de piano en juin 2006 et poursuit un cycle de
perfectionnement au CNSMD de Lyon dans la classe de Géry Moutier.
Musicien de chambre passionné il participe à l'Académie Maurice Ravel en
septembre 2007 et aborde le grand répertoire avec Jean-Claude Pennetier.
Il y remporte le Prix Maurice Ravel qui lui permet de se produire en musique
de chambre à Saint-Jean-de-Luz lors du festival de Printemps. Début 2011
sort son premier CD entièrement consacré à Brahms (MIRARE).
Adam vient de recevoir une reconnaissance internationale en remportant
tout récemment le 1er Prix du prestigieux concours Clara Haskil et a rejoint
la classe Hambourgeoise d’Evgeni Koroliov, Prix Clara Haskil 1977.
Il s’est produit en musique de chambre et en soliste dans de nombreux
festivals en France et à l’étranger dont le Festival de Verbier, le Klavier
Festival Ruhr, l’Auditorium du Louvre, et le Festival de la Roque d’Anthéron.
Il se produit également en récital à la Tonhalle de Zürich, au Palais des
Beaux-Arts de Bruxelles, aux Folles Journées de Nantes, etc.
Il est le soliste de l‘Orchestre Philharmonique de Strasbourg sous la
direction de Jesus Lopez Cobos mais aussi du Hamburger Symphoniker
dans le 2e Concerto de Brahms sous la direction de Muhai Tang.
Il est lauréat de la Fondation de France et lauréat boursier de la Fondation
Groupe Banque Populaire.
Musique de chambre
Beethoven, Ravel, Schubert
Piano Jean-Claude Pennetier
Violoncelle Roland Pidoux
Violon Régis Pasquier
Ludwig van Beethoven
Trio n°4 opus 11
I. Allegro con brio
II. Adagio con espressione
III. Tema con variazioni
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Maurice Ravel
Trio avec piano
I. Modéré
II. Pantoum
III. Passacaille
IV. Final : Animé
...
Franz Schubert
Trio n°2 opus 100 D929
I. Allegro
II. Andante con moto
III. Scherzo : Allegro moderato
IV. Alegro moderato
Grand Théâtre Massenet
Mercredi 29 mai : 20h
Durée 2h entracte compris
Trios de légende !
Kubrick et le trio légendaire de Barry Lyndon
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Le piano pour musique de chambre a accompagné nombre de films
intimistes, de l’univers feutré du Coeur en hiver de Claude Sautet utilisant
le Trio avec piano de Ravel pour une intrigue amoureuse dans le monde
des musiciens et des luthiers, rarement montré au cinéma, à la meilleure
comédie de Coline Serreau, La Crise, utilisant un trio de Beethoven cette
fois pour une scène de concert poignante. Mais c’est Stanley Kubrick qui,
avec 2001 L’Odyssée de l’espace fut le premier à créer des bandes originales
de films à partir de musiques classiques, en les popularisant. Il avait le
génie d'associer une séquence à un morceau de musique pour le faire
entrer dans l'imaginaire collectif. Pour son film d’époque Barry Lyndon en
1975, il avait choisi de travailler en décor et lumière naturels pour figurer le
mieux possible le XVIIIe siècle. Grand mélomane, il avait raconté à Michel
Ciment* dans une anecdote savoureuse comment il avait finalement
choisi le Trio de Schubert :
« Pour la scène de séduction, je n’ai pensé au trio de Schubert qu’au montage,
expliquait le réalisateur. J’avais d’abord voulu m’en tenir exclusivement à la
musique du XVIIIe siècle, quoiqu’il n’y ait aucune règle en ce domaine. Je crois
bien que j’ai chez moi toute la musique du XVIIIe siècle sur microsillons. J’ai tout
écouté avec beaucoup d’attention. Malheureusement, on n’y trouve aucune
passion, rien qui, même lointainement, puisse évoquer un thème d’amour :
il n’y a rien dans la musique du XVIIIe siècle qui m’ait donné le sentiment
tragique du Trio de Schubert ! J’ai donc fini par tricher de quelques années en
choisissant un morceau écrit vers 1814. Sans être absolument romantique, il a
pourtant quelque chose d’un romanesque tragique. »
Il ne s’était pas trompé. La scène est devenue culte. Aujourd’hui, impossible
d'entendre ce Trio qu'il a popularisé plus que tout autre sans penser au jeu
de regards qui l’accompagne.
*
Trios de légende !
Kubrick par Michel Ciment (Calmann Lévy)
Ludwig van Beethoven, Trio op.11
Ludwig van Beethoven (1770-1827) est souvent considéré comme le
musicien le plus important du xixe siècle, car un très grand nombre
de compositeurs ultérieurs ont été influencés par son œuvre. À la fois
dernier grand représentant du classicisme viennois et premier des
romantiques, il a composé un grand nombre de pièces de musique
de chambre pour des formations diverses incluant le piano. Le Trio
avec piano n° 4 en si bémol majeur, opus 11, est ainsi écrit pour piano,
violoncelle, et une partie supérieure qui peut être exécutée soit par une
clarinette, soit par un violon. Composé en 1797 et publié l’année suivante,
il fut surnommé « Gassenhauer » (terme allemand pour « rengaine » ou
« chanson populaire ») en référence au thème emprunté dans le troisième
mouvement, extrait de l’opéra L’Amor marinaro du compositeur autrichien
Joseph Weigl (1766-1846), alors à l’affiche à Vienne. Le trio comporte trois
mouvements et son exécution dure environ 19 minutes.
Le thème principal qui ouvre l’Allegro con brio se caractérise par un unisson
général : trois valeurs longues suivies d’une descente en notes piquées.
La nuance forte et le caractère péremptoire de cette courte mélodie donnent
certainement son aspect brillant à la pièce, dont les passages suivants sont
plus dialogués. L’Adagio, en mi bémol majeur, s’ouvre par un magnifique
cantabile au violoncelle, dont le caractère calme et serein contraste avec
le passage central du mouvement (en mineur). Le « thème et variations »
qui clôt l’œuvre est très enjoué, presque humoristique par endroits.
Après une présentation du thème partagée entre le piano et le violon, une
première variation est réservée au piano solo, tandis que la deuxième fait
entendre uniquement les deux instruments monodiques. Les contrastes
sont vifs et les changements d’atmosphère rapides : la troisième variation,
brillante, s’oppose au caractère sombre de la quatrième, comme la marche
funèbre de la septième s’oppose au chant enjoué de la huitième. Le thème
revient sous forme de canon dans la dernière variation, avant une coda aux
rythmes assez surprenants.
25
Trios de légende !
Maurice Ravel, Trio avec piano
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Trios de légende !
Maurice Ravel (1875-1937) est un compositeur français de la première
moitié du xxe siècle, souvent associé à Debussy et Fauré. Reconnu comme
un maître de l’orchestration, il est l’auteur du célèbre Boléro, qui reste l’une
des œuvres musicales les plus jouées dans le monde actuel. Il composa le
Trio avec piano en août 1914, alors qu’il était engagé dans la Première Guerre
mondiale. L’œuvre, qui dure une trentaine de minutes, fut créée le 28 janvier
1915 à Paris. Le premier mouvement, qui reprend un thème populaire
basque, installe une atmosphère assez éthérée, dans laquelle des éclats
plus dramatiques fusent çà et là. Plus vif, le deuxième mouvement alterne
deux thèmes principaux, selon les règles de la forme poétique orientale
indiquée dans son titre, Pantoum. Le thème de la Passacaille, très lent, est
une large phrase au caractère recueilli, qui se répète durant l’ensemble
du mouvement. D’abord énoncée dans l’extrême grave du piano, elle
est reprise successivement par le violoncelle et le violon, subissant une
montée dans les registres qui s’accompagne d’un fort accroissement de
la tension. Cette progression aboutit à un point culminant, situé environ
au milieu du mouvement, avant un retour progressif au calme. Le Finale
enfin, plus joyeux, fait entendre un travail très fin sur les registres et les
modes de jeu, notamment autour des interactions entre les timbres des
trois instruments.
Franz Schubert, Trio op. 100
Franz Schubert (1797-1828), compositeur viennois, est aujourd’hui
reconnu pour ses œuvres symphoniques et sa musique de chambre, mais
ce sont surtout ses lieder et danses pour piano qui l’ont rendu célèbre de
son vivant. Une exception cependant : le Trio opus 100, composé à la fin de
sa vie en novembre 1827, et dont le deuxième mouvement, Andante con
moto, acquiert aussitôt une grande popularité. Publiée en 1828, l’œuvre
comporte quatre mouvements et son exécution dure une cinquantaine de
minutes. Le premier Allegro au thème franc et majestueux fait entendre les
nombreux changements de couleurs caractéristiques du style schubertien.
Aujourd’hui encore très célèbre, le magnifique mouvement lent a été utilisé
dans de nombreux films, dont le fameux Barry Lyndon de Stanley Kubrick.
Le Scherzo à l’atmosphère insouciante et l’Allegro final, bien que moins
souvent entendus que les deux premiers mouvements, sont à l’image de
l’ensemble du trio : des chefs-d’œuvre de grâce et d’expression.
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Céline Carenco
Céline Carenco est doctorante à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne où elle
travaille sur les relations entre les œuvres de Berlioz et de Liszt. Elle est l’auteur d’un
article sur la transcription de la Symphonie Fantastique de Berlioz (Quaderni dell’Istituto
Liszt, numéro 7, décembre 2008).
Trios de légende !
Jean-Claude Pennetier
Roland Pidoux
Régis Pasquier
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Trios de légende !
Trois grands solistes français complices, par l'amitié et la musique, depuis
leurs études au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris,
où ils obtiennent respectivement les 1ers Prix de violon et de musique de
chambre pour Régis Pasquier – piano, musique de chambre et analyse
pour Jean-Claude Pennetier qui élargira ensuite ses études dans les classes
de composition et de direction d'orchestre - trois 1ers Prix également pour
Roland Pidoux dans les classes d'André Navarra, Jean Hubeau et Joseph
Calvet. Encore adolescents, Jean-Claude Pennetier et Régis Pasquier (qui
n'a alors que 13 ans) font ensemble leur première tournée en Belgique
et en Hollande. Quelques années plus tard, ils seront de nouveau réunis
pour une tournée de plusieurs semaines aux États-Unis. Mais c'est surtout
sa rencontre avec Zino Francescatti, qui lui demandera d'enregistrer le
Concerto pour 2 violons de Bach, qui propulse Régis Pasquier à l'avantscène des jeunes violonistes français. Pendant ces mêmes années, JeanClaude Pennetier obtient plusieurs Prix internationaux : le 2e Grand Prix
Marguerite Long, le 1er Prix du Concours de Montréal, 1er nommé au
Concours de Genève, 1er Prix Gabriel Fauré. Parallèlement à sa carrière
de pianiste, ses activités musicales se développeront dans le domaine
du théâtre musical et de la composition. Roland Pidoux fonde en 1968,
avec Jean-Pierre Wallez, l'Ensemble Instrumental de France. Violoncelle
solo, super soliste de l'Orchestre National de France de 1978 à 1987,
l'expérience de l'orchestre marquera une période de son itinéraire.
29
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Depuis de nombreuses années, les routes de ces trois grands interprètes
se rejoignent régulièrement, en concert en France et à l’étranger. De 1983
à 1985, ils enregistrent pour harmonia mundi les trios de Schubert puis les
trios de Brahms. Ils firent leurs débuts en Amérique du Nord en 1990 sous
le nom du « Paris Piano Trio ». Chaque saison, ils s’y produisent dans les
séries les plus prestigieuses ainsi que dans les grands festivals (environ 30
concerts dans une année). Ils ont enregistré pour la firme Lyrinx, les Trios de
Tchaïkovsky et de Chostakovitch. Chez Saphir Productions, ils ont enregistré
un CD consacré à Ravel et un autre dédié à Rachmaninov. Devrait paraître,
en 2013, un enregistrement de l’intégrale des Trios de Beethoven.
Trios de légende !
30
Grande soirée de concertos
Symphonique
Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire
Direction Laurent Campellone
Piano Roger Muraro
Bernard Herrmann
Psychose, suite pour cordes
George Gershwin
Rhapsody in blue (orchestration Ferde Grofé)
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Gustav Mahler
Adagietto de la 5e Symphonie
Richard Addinsell
Concerto de Varsovie (Orchestration Roy Douglas)
...
Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano n°5 en mi bémol majeur «L’Empereur» opus 73
I. Allegro
II. Adagio un poco mosso
III. Rondo : Allegro ma non troppo
Grand Théâtre Massenet
Samedi 1er juin : 20h
Durée 2h entracte compris
Retrouvez Roger Muraro la saison prochaine pour le Festival Piano Passion avec
l'integrale des œuvres pour piano seul de Ravel.
Pour être sûr de bénéficier des meilleures places, réservez dès à présent vos
billets en vous abonnant pour la saison 13/14 à la billetterie de l'Opéra Théâtre,
au 04 77 47 83 40 ou sur www.operatheatredesaintetienne.fr.
Grande soirée de concertos
Ciné-concertos
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Comment mieux terminer un festival dédié au piano au cinéma que par
une grande soirée de concertos ? Fut un temps, pas si lointain, où des
œuvres de musique classique étaient encore composées pour les films
eux-mêmes. C’est le cas du fameux Concerto de Varsovie d’Addinsell,
hollywoodien en diable, créé en 1941, pour le film Dangerous Moonlight de
Brian Desmond Hurt. Un film d'aventures à grand spectacle dans lequel un
pianiste polonais, officier de l’armée de l’air pendant la Deuxième Guerre
Mondiale, part en tournée pour recueillir des fonds. Pianiste lyonnais,
Roger Muraro viendra l’interpréter avec sa fougue habituelle pour un derby
amical aux côtés de Laurent Campellone et de l’Orchestre Symphonique
Saint-Étienne Loire.
Tout aussi majestueux, mais beaucoup plus subtil, le plus célèbre concerto
de Beethoven, l’« Empereur », a connu des emplois multiples sur le grand
écran. Après avoir baigné l’atmosphère romantique du Cercle des poètes
disparus, splendide succès de Peter Weir, ce sont les Frères Dardenne,
dont la plupart des films ne comportent pas de musique, qui en ont fait
un usage étonnant dans Le Gamin au vélo. La lente vague de cordes du
sublime adagio sert de motif tout au long du film pour accompagner les
escapades du garçon à bicyclette, avant que le piano ne se déploie sur le
générique de fin, comme une coda.
Last but not least, les grandes orgues pianistiques de la Rhapsody in Blue
de Gershwin, composant l'ouverture inoubliable du Manhattan de Woody
Allen complèteront le programme de cette grande soirée festive.
Grande soirée de concertos
Bernard Herrmann, Psychose
Bernard Herrmann (1911-1975), compositeur de musiques de film et chef
d’orchestre américain, est né à New York. Inscrit dès 1929 aux cours de
composition et de direction d’orchestre à l’Université de New York, il entra
en 1930 à la Juilliard School of Music, puis commença sa carrière à partir de
1934 en composant les musiques de nombreuses séries radiophoniques.
Il se fit connaître à Hollywood en 1941, grâce à son travail sur la musique
de Citizen Kane d’Orson Welles. Suivirent plusieurs collaborations avec
Alfred Hitchcock, entre 1955 et 1966 (parmi lesquelles le célèbre Psychose),
puis avec François Truffaut (Fahrenheit 451, La mariée était en noir).
Modèle du genre, la partition de Psychose (1960) reste la plus célèbre
d’Herrmann. Elle est écrite uniquement pour orchestre à cordes (en raison
du petit budget dont disposait la production), mais les différents modes de
jeux des instruments à cordes sont exploités au maximum, allant jusqu’à
produire de nombreux effets de percussion. Psychose est un film à suspens
dont la musique est un des éléments moteurs : construite sur des motifs
répétitifs incessants, la bande-son nous tient en haleine de bout en bout.
L’atmosphère, inquiétante dès l’ouverture en raison de la présence d’intervalles dissonants, devient rapidement haletante. Le thème lancinant des
violons dans l’aigu reste inachevé jusqu’à la fin.
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Grande soirée de concertos
George Gershwin, Rhapsody in Blue
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George Gershwin (1898-1937) est né à New York au sein d’une famille
modeste d’origine russe. Génie du piano dont il a pourtant commencé
l’étude assez tardivement, il acquit une renommée rapide, avant sa mort
soudaine à l’âge de 38 ans (il était atteint d’une tumeur au cerveau). Outre
ses talents de pianiste, il fut également reconnu pour ses capacités de chef
d’orchestre et de compositeur ; il est notamment l’auteur de nombreuses
comédies musicales données à Broadway et dont son frère, Ira, écrivait les
textes. Un grand nombre de leurs chansons sont devenues des standards
de jazz. Gershwin est également considéré comme le créateur du jazz
symphonique, dont Rhapsody in blue, sorte de concerto qui combine des
éléments de musique classique et de jazz, est un exemple.
Composé au début de l’année 1924 en seulement quelques semaines, en
réponse à une commande du chef Paul Whiteman (1890-1967) pour son
orchestre, Rhapsody in blue fut orchestré par Ferde Grofé (1892-1972) et
créé le 12 février 1924 à New York, lors d’un concert intitulé An Experiment
in Modern Music. L’œuvre, assez brève, est en un seul mouvement.
Elle rencontra un succès immédiat, et devint l’une des pièces orchestrales
américaines les plus populaires à travers le monde. Le célèbre solo de
clarinette initial, débutant par une longue montée chromatique qui se
transforme en glissando, laisse place à une pièce au caractère enjoué et
dynamique, dont la structure repose essentiellement sur une juxtaposition
d’épisodes aux rythmes dansants.
Gustav Mahler, Adagietto de la 5e Symphonie
Gustav Mahler (1860-1911), compositeur et pianiste autrichien, fut surtout
connu de son vivant comme chef d’orchestre, mais il est aujourd’hui
célèbre pour ses dix symphonies et ses nombreux cycles de lieder.
Ses compositions, souvent amples et majestueuses, reposent toujours
sur un langage musical très riche, dans la lignée de musiciens comme
Wagner ou Bruckner. Cette caractéristique fait de ses œuvres des pièces
emblématiques de la musique savante, parfois difficiles d’accès.
Grande soirée de concertos
Mahler composa la 5e Symphonie en deux étés, entre 1901 et 1902.
Elle fut entendue pour la première fois le 18 octobre 1904 à Cologne,
sous la direction du compositeur. L’Adagietto, quatrième et avant-dernier
mouvement de l’œuvre, en est l’extrait le plus célèbre. Écrit pour cordes et
harpe, il dure une dizaine de minutes et son tempo est très lent. Reposant
sur une texture sonore assez épaisse, faite de nombreuses tenues sur
lesquelles s’égrènent des arpèges de harpe, de longues phrases musicales
sont échangées aux cordes. Sont ainsi construites d’amples progressions
aboutissant à plusieurs reprises sur des points culminants dont la tension
est très expressive. L’aspect lyrique du mouvement, ainsi qu’un poème que
Mahler aurait noté en marge de la partition, ont permis de supposer que
cet Adagietto était une déclaration d’amour du compositeur à sa fiancée
Alma, qu’il épouse en mars 1902. La forte charge émotionnelle de cette
musique a en tout cas conduit Luchino Visconti à l’utiliser dans son film
Mort à Venise (1971).
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Richard Addinsell, Concerto de Varsovie
Richard Addinsell (1904-1977), né à Londres en 1904, est un compositeur
anglais qui a écrit majoritairement des musiques de films. Il étudia d’abord
le droit à Oxford avant de s’intéresser à la musique et d’entrer en 1925 au
Royal College of Music de Londres. La pièce pour piano et orchestre qu’il a
composée pour le film Dangerous Moonlight (1941), et qui a été appelée
Concerto de Varsovie, est la plus célèbre de ses œuvres. Ce concerto, écrit
dans le style de Rachmaninov, dure une dizaine de minutes, et il a été
enregistré plus d’une centaine de fois. Cette musique très expressive
propose des thèmes dont les envolées lyriques sont par moments presque
sirupeuses. L’action se déroule pendant la Deuxième Guerre Mondiale :
le film raconte l’histoire d’amour entre un pianiste virtuose polonais réfugié
aux états-Unis, qui est également pilote de combat, et une journaliste
américaine. Après un début très dramatique annoncé par un roulement de
timbale, l’atmosphère se fait tour à tour inquiétante, romantique, flamboyante.
Roy Douglas (né en 1927), auteur de l’orchestration du Concerto de Varsovie, a
collaboré avec Addinsell pour plusieurs films entre 1937 et 1943.
Grande soirée de concertos
Ludwig van Beethoven Concerto pour piano n°5 en mi bémol
majeur, « L’Empereur » opus 73
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Ludwig van Beethoven (1770-1827) est souvent considéré comme le
musicien le plus important du xixe siècle, car un très grand nombre de
compositeurs ultérieurs ont été influencés par son œuvre. À la fois dernier
grand représentant du classicisme viennois et premier des romantiques, il a
composé cinq concertos pour piano et orchestre. Le dernier, qui est le seul
à porter un sous-titre, ne fut pas nommé « L’Empereur » par Beethoven
lui-même, mais par l’éditeur de la partition, Johann Baptist Cramer (17711858). Composé entre 1809 et 1811, le Concerto pour piano n°5 fut créé le 28
novembre 1811 à Leipzig. Très virtuose, écrit dans la tonalité associée aux
œuvres héroïques de Beethoven (mi bémol majeur), il dure une quarantaine
de minutes. L’Allegro initial, qui est le plus long des trois mouvements,
s’ouvre directement par une cadence de piano. Le thème principal est ensuite
donné par l’orchestre : présenté forte aux cordes, très dynamique, il est
fondé sur un court motif mélodique constitué d’un énergique saut de quarte
sur un rythme pointé, suivi d’une broderie puis d’un arpège descendant. Il
contraste fortement avec le second thème du mouvement, dont le caractère
est beaucoup plus doux. Le deuxième mouvement, Adagio, laisse s’exprimer
un piano assez lyrique dans une atmosphère sereine. Il s’enchaîne avec le
Rondo final, vif, qui est l’occasion de jeux d’écho entre le soliste et les divers
instruments de l’orchestre.
Céline Carenco
Céline Carenco est doctorante à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne où elle
travaille sur les relations entre les œuvres de Berlioz et de Liszt. Elle est l’auteur d’un
article sur la transcription de la Symphonie Fantastique de Berlioz (Quaderni dell’Istituto
Liszt, numéro 7, décembre 2008).
Grande soirée de concertos
« En musique comme au cinéma, j’aime le spectacle !»
Il aime la musique à programme, et le cinéma à grand spectacle. La grande soirée de concertos avec l’Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire était donc
faite pour lui. Entretien avec un pianiste qui aime que la musique déborde.
3 questions à Roger Muraro
Quels rapports entretenez-vous avec le cinéma ?
Roger Muraro : En parcourant le monde pour donner des concerts, j’ai forcément moins le temps d’y aller. Mais je garde une passion totale par exemple
pour Psychose d’Alfred Hitchcock. La musique est saisissante. Le rythme
et l’ambiance sont formidables. Je suis très bon public au cinéma. Je pleure
facilement. Mais j’aime avant tout les films spectaculaires, non pas ceux
avec beaucoup d’effets, mais des films qui provoquent un enchantement,
qui m’emmènent ailleurs. Comme en musique.
Vous venez interpréter un classique du cinéma à grand spectacle
hollywoodien qui vous va bien, le concerto d’Addinsell…
Oui, c’est vraiment le sentiment hollywoodien dans toute sa splendeur !
Je l’ai joué très jeune, je devais avoir 17 ans. Je pense que je m’en souviens
encore par cœur. C’est une sorte de Rachmaninov en plus populaire.
Je ne le jouerais peut-être pas tous les jours, mais c’est une musique
particulièrement sincère qui touche par sa simplicité.
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Vous venez aussi interpréter un peu le roi des concertos, l’« Empereur » de
Beethoven. Comment l’abordez-vous ?
C’est une œuvre splendide, brillante, mais ce n’est pas un concerto royal
comme peuvent l’être ceux de Liszt où le pianiste peut se mettre en avant.
Ce n’est pas un concerto dédié au pouvoir. C’est une œuvre dédiée à un
homme qui avait toujours aidé et soutenu Beethoven. Le piano y est constamment sublimé. Le pianiste et l’orchestre doivent poursuivre le même idéal.
Il ne s’agit donc pas pour le soliste de s’exhiber. Je vais devoir me réprimer !
(rires) Le mouvement lent est particulièrement miraculeux en termes de dialogue (celui qu'on entend dans Le Gamin au vélo des frères Dardenne, ndlr).
Ce qui m’a toujours fasciné chez Beethoven, c’est que sa musique est si bien
construite et pensée qu’elle est toujours belle, même quand elle n’est pas
très bien interprétée. Elle contient quelque chose d’irrépressible. Mais nous
essaierons quand même de la jouer pour le mieux, tant qu’à faire ! (rires)
Propos recueillis par Luc Hernandez
Grande soirée de concertos
Roger Muraro
Piano
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Né à Lyon en 1959, Roger Muraro entreprend des
études de saxophone avant de faire ses gammes
au clavier en autodidacte. À 19 ans, il entre au
Conservatoire de Paris. Il a été lauréat des Concours
Internationaux Tchaïkovski de Moscou et Liszt de
Parme. Son art à la fois onirique et lucide, imaginatif
et rigoureux s’applique tout autant à Moussorgski, Ravel, Albeniz,
Rachmaninov, Debussy, qu’à Beethoven, Chopin, Liszt, Schumann dont il
sait dégager l’émotion, les couleurs, le romantisme à fleur de peau et les
ambiances sonores. Après avoir enseigné à Lyon, il dispense désormais
son expérience de pianiste et son savoir de pédagogue aux étudiants du
Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.
Le Figaro
« Moment de pure magie où se révèle un artiste simple et sincère, dont la
technique éblouissante se double d'un bon sens de l'humour. »
Christian Merlin
France Inter
« Son art à la fois onirique et lucide, imaginatif et rigoureux s’applique
tout autant à Moussorgski, Ravel, Albeniz, Rachmaninov, Debussy, qu’à
Beethoven, Chopin, Liszt, Schumann dont il sait dégager l’émotion, les
couleurs, le romantisme à fleur de peau et les ambiances sonores. »
Frédéric Lodéon
Concert Classic
« Il empoigne la musique avec autant de passion fiévreuse que de vibrante
poésie. Une performance digitale hallucinante, transcendée par une imagination sonore et un plaisir du son contagieux et exaltant. Avec Roger
Muraro, le temps des grands virtuoses n'est pas fini. Plutôt que de sangloter d'émotion sur de vieilles cires d'aucuns seraient bien avisés de venir
écouter là où elle vit. »
Alain Cochard
Grande soirée de concertos
Laurent Campellone
Direction
Après avoir étudié chant, violon, tuba, percussions
et philosophie, Laurent Campellone se tourne vers
la direction d’orchestre. Talentueux et hyperactif,
Laurent Campellone a été invité à diriger près de
250 œuvres symphoniques et plus de 50 partitions
lyriques en Europe et dans le Monde. Nommé
Directeur musical de l’Opéra Théâtre et de l’Orchestre Symphonique
Saint-Étienne Loire depuis 2004, il entreprend un travail en profondeur sur
la qualité artistique de cet ensemble qui lui a permis de s’engager dans
une nouvelle phase de développement et de s’élever au rang des grands
orchestres français.
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L'Orchestre Symphonique Saint-Étienne Loire
Créé en 1987, l’Orchestre Symphonique SaintÉtienne Loire (OSSEL) a su s’élever au rang des
grands orchestres français. La critique, toujours
attentive aux évolutions des institutions musicales,
salue de façon enthousiaste cette phalange,
considérant désormais que la Ville de Saint-Étienne
possède un très bel instrument, capable de servir
tant les grandes oeuvres du répertoire que la création contemporaine.
En 2004, Laurent Campellone devient Directeur musical de l’orchestre et
instaure une véritable complicité avec ses musiciens ; il entreprend un
travail en profondeur sur la qualité artistique de cet ensemble, permettant
d’engager l’OSSEL dans une nouvelle phase de développement. À SaintÉtienne et dans la Loire, l’OSSEL est un acteur culturel incontournable qui
accomplit une mission essentielle d’éducation et de diffusion du répertoire
symphonique et lyrique. Sur le plan national, l’OSSEL a su acquérir une
solide réputation, en particulier dans le répertoire romantique français. En
septembre 2010, le Conseil général de la Loire confirme son attachement à
l’orchestre en signant avec la Ville de Saint-Étienne une convention visant
notamment à développer l’action artistique et pédagogique sur l’ensemble
du département.
Grande soirée de concertos
orchestre symphonique saint-étienne loire
Violons I
Violoncelles
Bassons
Lyonel Schmit soliste
Françoise Chignec soliste
Élisabeth Gaudard
Isabelle Reynaud
Agnès Pereira
Tigran Toumanian
Virginie Fioriti
Louis-Jean Perreau
Sanda Boac
Mathieu Schmaltz
Florence Auclin soliste
Romain Hugon
Marianne Gaiffe
Louis Bonnard
Blandine Odin
Pierre-Michel Rivoire soliste
Charles Villard
Violons II
40
François Vuilleumier soliste
Caroline Bréchet
Christophe Gerboud
Alain Meunier
Hubert Zrihen
Solange Becqueriaux
Marie-Noëlle Villard
Béatrice Meunier
Altos
Caroline Donin soliste
Anne Perreau
Marc Rousselet
Aurélie Métivier
Geneviève Rigot
Fabienne Grosset
Contrebasses
Jérôme Bertrand soliste
Daniel Romero
Marie Allemand
Dominique Rochet
Harpe
Lucie Berthomier soliste
Banjo
Anthony Greco
Flûtes
Frédéric Hechler soliste
Serge Badol
Thierry Gaillard
Philippe Constant
Trompettes
Didier Martin soliste
Jérôme Prince
Gilles Peseyre
Trombones
Nicolas Vazquez soliste
Gilbert Bonnet
Joël Castaingts
Denis Forchard soliste
Christine Comtet
Tuba
Hautbois
Timbales
Sébastien Giebler soliste
Mylène Coïmbra
Philippe Boisson soliste
Clarinettes
Nicolas Allemand soliste
François-Xavier Plancqueel
Patrick Gagne
Bernard Gaviot-Blanc soliste
Yin Nan Wang
Clarinette basse
Taeko Yokomichi soliste
Grande soirée de concertos
Cors
Éric Varion soliste
Percussions
Locations / réservations
du lundi au vendredi de 12h à 19h
04 77 47 83 40
[email protected]
Conception graphique : Et d’eau fraîche / Opéra Théâtre de Saint-Étienne
Réalisation : Opéra Théâtre de Saint-Étienne - Licences n°1028383-1028384-1028385
Opéra Théâtre de Saint-étienne
Jardin des Plantes – BP 237
42013 Saint-étienne cedex 2
www.operatheatredesaintetienne.fr

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