n°99 : Boxe, culture et société
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n°99 : Boxe, culture et société
Africultures n°99 : Boxe, cultureet société Ouvrage à paraître en septembre 2014 En 1974, avait lieu à Kinshasa, le « combat du siècle », un match de championnat du monde des poids lourds opposant Georges Foreman à Mohamed Ali. Sur le plan sportif, cet événement a sans doute été l’un des plus marquants du vingtième siècle. Il est peut-être le plus important de toute l’histoire de la boxe anglaise. Ce « Rumble in a jungle » sous le signe de la revanche – celle de Don King, le promoteur qui veut inscrire son nom dans l’industrie de la boxe ; celle de Mohamed Ali, le pugiliste militant qui cherche à reconquérir son titre de champion du monde ; enfin celle de Mobutu, le dirigent du zaïre, pour qui le sport est le principal atout diplomatique et qui n’hésite pas à faire inscrire sur les affiches : « un cadeau du président Mobutu au peuple zaïrois et un honneur pour le peuple noir » – ne fut pas uniquement une rencontre sportive. En amont du combat avait lieu un festival de musique qui réunissait les plus grandes étoiles des Amériques et d’Afrique. Un phénoménal plateau d’artistes où se sont succédé Célia Cruz, B.B. King, Myriam Makeba, TabuLey Rochereau, Bill Withers, Franco LwamboMakiadi et la tête d’affiche, James Brown. À Kinshasa, les enjeux sportifs et culturels se rejoignaient et se complétaient. Comme s’il fallait au plus grand match de boxe, un événement culturel au faste équivalent. Pour des raisons commémoratives notamment, l’expérience kinoise servira de point de départ à la réflexion sur l’interdépendance entre la boxe et la culture que celle-ci soit élitiste ou populaire. Celui que l’on nomme le « plus littéraire des sports » est également le plus mythologique. La filiation entretenue avec le pugilat grec, les descriptions que nous trouvons dans les récits de Théocrite, d’Homère ou ceux de Virgile nous ramènent vers ce passé tumultueux où les hommes et les dieux partageaient les mêmes destins. Et si l’on ose dresser la liste d’illustres personnages historiques ayant un quelconque rapport à la Boxe, elle partirait, presque sans discontinuer de Pythagore, le savant de l’Antiquité à Nelson Mandela, le Prix Nobel de la Paix. Les écrivains auraient une bonne place dans ce panorama tant il est vrai que « la petite bibliothèque portative des choses de la boxe » [Claude Meunier] regorge de célèbres noms et parfois inattendus. On peut citer Lord Byron s’instruisant auprès de Peter Jackson, Artur Cravan défiant Jack Johnson, l’infatigable Ernest Hemingway, Fx Toole, pseudonyme de Jerry Boyd, ancien entraineur de boxe converti à la littérature, mais aussi Joyce Carol Oates etc. Mais c’est également un grand sujet de cinéma : depuis Les lumières de la ville de Chaplin (1931) jusqu’au Match retour (2014)avec Sylvester Stallone et Robert de Niro dans ce qui a l’air d’être une refonte de Rocky et de Raging bull, la conjugaison entre les noble et septième arts a souvent été d’une grande intensité [Gentleman Jim, Raoul Walsh (1942) ; L’As des As,GerardOury (1982) ; Million Dollar Baby, Clint Eastwood (2004), ou encore Victor Young Perez, Jacques Ouaniche (2013)]. C’est que les boxeurs sont des figures héroïques au sens plein du terme, et la vie des plus fameux d’entre eux est quasiment transposable de la réalité à la fiction sans n’y rien changer. Avec eux nous sommes dans la réécriture permanente des splendeurs et misères ; l’indigence qui succède au faste insolent, les morts tragiques, assassinats ou accidents, accentuent le processus de mythification et de fixation dans l’imaginaire. Dans ce numéro, en plus du dossier spécial réservé au phénomène “rumble in a jungle”, nous nous proposons de réfléchir de manière générale, sur ce que les « cultures » doivent au noble art. Nous analyserons, entre autres, les interactions possibles entre divers productions culturelles (littérature, cinéma, peinture, sculpture, théâtre, danse, etc.) et l’univers de la boxe. Les contributions devront mettre en lumière (ou s’interroger sur) l’importance de la boxe dans le processus de création artistique. Dans le même ordre d’idée on se demandera s’il est possible de parler d’une « philosophie » et/ou d’une « poétique » de la boxe. Il serait pertinent, dans une autre perspective, d’aborder la dimension politique de ce sport. Ici, comme dans le domaine proprement culturel, les frontières sont poreuses. Il serait inconséquent d’affirmer que Jack Johnson, Joe Louis, Max Schmeling, Amadou M'BarickFall et Mohamed Ali sont uniquement pugilistes. Pour les mêmes raisons de contiguïté, une analyse phénoménologique de la boxe permettra peut-être de comprendre cette perméabilité. Serait-ce anodin que le signe par excellence de contestation, contre l’Europe fasciste, l’Amérique ségrégationniste, ou l’Afrique du Sud de l’Apartheid, soit un poing levé ? Quelques pistes indicatives à suivre : La boxe dans la littérature La boxe dans le cinéma Y a-t-il une dimension esthétique à la boxe ? Calendrier et protocole : Tous les membres de l’équipe Africultures peuvent soumettre une proposition Les contributions proposées à la revue Africultures ne sont pas rémunérées • Les propositions de contributions sont à envoyer à Ramcy [email protected] avant le 23 mai 2014 – réponse le 30 mai 2014. KABUYA Elles doivent être accompagnées d’une notice biographique qui n’excèdera pas 300 signes et d’une photographie de l’auteur ainsi que de ses coordonnées téléphoniques postales. • Les articles retenus sont à envoyer à Ramcy KABUYA [email protected] au plus tard le 31 juillet 2014 - parution de la revue en septembre 2014. A envoyer pour le 31 juillet 2014 : 1. L’article de 20.000 signes maximumavec les notes et références bibliographiques en fin de document. 2. Deux ou trois visuels au format jpeg exploitable (300 dpi minimum)accompagnés de leurs copyrights et droits. 3. Le contrat de cession de droits d’auteur dûment rempli et signé : http://www.africultures.com/php/index.php?nav=contrat-cession