L`élection départementale de 2015 dans le canton de Menton
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L`élection départementale de 2015 dans le canton de Menton
L'ELECTION DE 2015 2015 DANS DANS LE LE CANTON CANTON DE DE MENTON MENTON L’ELECTIONDEPARTEMENATALE DEPARTEMENTALE DE Sous la direction de Pascal PERRINEAU et Anne MUXEL Mémoire réalisé dans le cadre du cours « Les formes de la participation politique en Europe » par Florent CHAMPION et Dylan BABAÏ Menton, le 14 mai 2015 1 SOMMAIRE Avant propos………………………………………………………………………………………….………………………………………p. 3 I. Présentation du territoire…………………………………………………………………….………………………………………p. 6 II. Présentation des candidats………………………………………………………………………………………………..……..p. 13 III. La campagne électorale : enjeux et stratégies….…………………………………………………………..………….p. 16 IV. Résultats et analyses……………………………………………………………………………………………………………….p. 21 Perspectives………………………………………………………………………………………………………………………………….p. 26 Sources…………………………………………………………………………………………………………………………………………p. 27 Remerciements…………………………………………………………………………………………………………………………….p. 28 Annexes…………………………………………………………………………………………………………………….………………….p. 29 2 AVANT-PROPOS Le 22 et le 29 mars dernier, les Français étaient conviés aux urnes afin de renouveler les conseils départementaux (anciennement appelés conseils généraux). Le travail de recherche qui suit s'intéresse à l'élection départementale qui a eu lieu à cette occasion dans le canton de Menton. Il vise à analyser la campagne électorale, dresser les principaux enjeux du scrutin et à en présenter les résultats en proposant quelques clés de compréhension. L'élection de mars dernier est le dix-huitième scrutin de ce type sous la Vème République. Des innovations notables ont été introduites à l'occasion de cette élection par la loi de 17 mai 2013 : c'est ainsi la première fois que les Français se sont rendus simultanément aux urnes sur tout le territoire pour renouveler leurs conseillers départementaux. C'est aussi la première fois que les conseils départementaux sont entièrement mixtes. Nous y reviendrons. Cette réforme n'est cependant pas la première dont font l'objet les conseils départementaux. L'histoire des départements est ancienne, remontant à la Révolution française. Nous nous proposons dans les lignes suivantes de revenir sur les évolutions successives qu'a connu cet échelon central dans l'organisation administrative du territoire. Les départements sont créés en 1790 à la Révolution lorsqu’est repensée la géographie administrative du pays. Sous la royauté, l'organisation administrative du territoire se caractérisait par une pluralité des circonscriptions de tailles et de fonctions variables, qui ne se recoupaient que rarement. La volonté de remédier à l’enchevêtrement des échelons existe alors de longue date ; elle ne se concrétise toutefois qu’avec la chute de l’Ancien Régime. Dans les semaines qui suivent les débuts des travaux de la Constituante, plusieurs projets de redécoupage sont esquissés et soumis au débat. Peu à peu, se dessinent les contours de la nouvelle carte administrative de la France. Pour les révolutionnaires, la préoccupation est alors double : il s’agit à la fois d’améliorer en la rationalisant l’organisation administrative du pays, de supprimer les circonscriptions inutiles, mais aussi d’unifier la nation. Les anciennes provinces de France, issues des contingences de l’histoire féodale de la France, porteuses d’identités locales très fortes, apparaissent rapidement aux yeux des révolutionnaires comme un obstacle à l'unification du territoire et la décision est prise de les subdiviser. L’Alsace est scindée en deux. L'ancienne province occitane de Guyenne est remplacée quatre départements. Sur la carte, les anciens « pays » disparaissent pour faire place aux nouvelles circonscriptions, fruits du jacobinisme révolutionnaire. Dès leur création, les départements sont dotés d’une assemblée composée de trente-six membres élus au suffrage censitaire, le conseil de département. Supprimé par la loi du 14 frimaire an II (4 décembre 1793), il est rétabli sous le nom de conseil général de département par la loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800). Les membres du conseil général ne sont plus élus, mais nommés par le gouvernement. Dans le même temps sont créées les préfectures et les sous-préfectures, auxquelles Napoléon confie l’exécutif local. L'élection des conseillers généraux au suffrage censitaire n'est rétablie qu'en 1833 par la Monarchie de Juillet. Le suffrage universel masculin, d’abord institué en 1848, sera définitivement adopté à la création de la IIIème République en 1871. Cependant, le Conseil général tel que nous le connaissons aujourd’hui n'apparaît vraiment qu'avec la loi de décentralisation de 1982 que fait adopter le ministre de l'Intérieur de l'époque Gaston Defferre. La loi Defferre, qui inaugure la décentralisation, étend les compétences des conseils généraux, leur transfère l’exercice de l’exécutif, lequel était jusqu’ici détenu par le préfet de département, et donne aux départements plus de poids dans la vie économique nationale. Des réformes successives étendront les prérogatives du Département. 3 Les compétences du Département se répartissent autour de quatre grands axes : - L'action sociale, à destination de la petite enfance, des personnes âgées, des personnes en situation de handicap et des bénéficiaires du RSA. Le Département a notamment la charge de la protection maternelle et infantile, de l’adoption, du soutien aux familles en difficulté financière. Il met en œuvre les politiques d'insertion sociale pour les personnes handicapées et pourvoit aux prestations de compensation du handicap. Il crée et administre les maisons de retraite et les politiques de maintien des personnes âgées à domicile. Enfin il gère le revenu de solidarité active et la contribution à la résorption de la précarité. - L'éducation. Le Département construit, entretient et équipe les collèges - L'aménagement. Notamment : l’équipement rural, le remembrement, l’aménagement foncier, la gestion de l'eau et de la voirie rurale. Il gère les ports maritimes, de pêche et des transports routiers non urbains - La culture. Par la création et la gestion de bibliothèques, de services d'archives et de musées. Plusieurs nouveautés ont été introduites à ce scrutin par la loi du 17 mai 2013. Un redécoupage a été en outre effectué de manière à ce que les cantons aient approximativement la même population. Dans le département des Alpes-Maritimes, tous les cantons ont été redimensionnés. Le département compte ainsi vingt-sept cantons aujourd'hui au lieu de cinquante-deux auparavant. Il y a certes moins de cantons, mais il y a plus d'élus. De cinquante-deux conseillers départementaux avant la réforme, le nombre de conseillers départementaux est passé à cinquante-quatre en 2015. Désormais tous les conseillers départementaux sont élus en même temps tous les six ans et non plus renouvelés par moitié tous les trois ans comme c'était le cas avant la réforme. Le scrutin enfin devient binominal mixte majoritaire à deux tours et la parité totale est introduite dans les départements. Les candidats se présentant doivent concourir en binôme avec une personne du sexe opposé. Cette élection est la première depuis la réforme. Elle se tient dans un contexte d’impopularité persistante du couple exécutif et de montée du Front national qui enregistre des succès électoraux à chaque élection. Afin d'enrayer la montée de l'extrême droite, Manuel Valls a décidé une stratégie de confrontation avec le Front national en le désignant au cours de la campagne comme son principal adversaire. A l'approche de l'échéance électorale, chaque parti a donc des objectifs différents qui détermineront la stratégie employée au cours de la campagne, que l'on peut résumer comme suit : Pour le Parti socialiste, il s’agit avant tout de limiter l'ampleur de la défaite annoncée. Le Parti socialiste est en effet particulièrement exposé. Les élections cantonales sont une élection intermédiaire généralement défavorable à l'équipe au pouvoir. Elles se caractérisent traditionnellement par le poids important des enjeux nationaux sur le résultat du scrutin et une moindre mobilisation de l'électorat de la majorité. Aux dernières élections cantonales, le Parti socialiste avait remporté plusieurs départements in extremis. Les sondages réalisés avant le scrutin lui prédisent la perte de 20 à 40 présidences de conseils généraux. Le Front national, arrivé en tête aux élections européennes de 2014, souhaite quant à lui réitérer la percée aux départementales et s'enraciner dans le paysage électoral, et peut-être conquérir des départements. L’UMP cherche à disputer au Front national sa place de premier parti de France et se positionner pour la présidentielle de 2017. Le président de l’UMP Nicolas Sarkozy et les caciques du parti sont particulièrement conscients que les résultats de l'élection et notamment le parti arrivé en tête à la sortie des urnes seront regardés avec attention par les médias dans la perspective de la présidentielle de 2017. C'est ce qui a motivé l'UMP à conclure une alliance avec l'UDI là où aux européennes la formation de centre-droit avait opté pour une alliance avec le Modem. 4 Le Front de gauche, enfin tente d'exister à la gauche du Parti socialiste et d'incarner une alternative à la politique menée par le gouvernement, au mot d'ordre de la lutte contre l'austérité. A Menton, c'est la stratégie de la confrontation qui a été décidée. Malgré les faibles chances de succès la gauche à Menton, le Front de gauche a décidé de présenter des candidats dans le canton, ce qui a suscité des interrogations jusqu'au sein même de son camp. A priori, il n’y a pas de risque d'élection du Front national dans le canton même si celui-ci se tient en embuscade. En dépit de la forte poussée de l’extrême droite dans le pays et particulièrement dans la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, la droite classique résiste mieux dans les Alpes-Maritimes que dans les départements voisins comme le Var, et les Alpes-Maritimes ne sont pas annoncés comme un département pouvant basculer dans l'escarcelle du Front national. 5 I. PRESENTATION DU TERRITOIRE Tout d’abord, il est indispensable de contextualiser ces élections dans leur environnement local, au sein du territoire cantonal. En effet, les attributs et dynamiques propres au canton revêtent une influence toute particulière dans le scrutin et expliquent en partie les enjeux et le vote des électeurs. 1. Géographie et démographie Des nouveaux cantons ont été dessinés, redécoupés pour cette première élection départementale. a) Géographie Le nouveau canton de Menton, canton n°14 des Alpes-Maritimes, compte 45533 habitants (selon le dernier recensement de 2012) répartis sur six communes (Castellar, Castillon, Gorbio, Menton, Roquebrune-Cap-Martin et Sainte-Agnès) et s’étend sur 59,52 km². Le nouveau canton de Menton regroupe les anciens cantons de Menton-Est qui englobait Castellar et la très grande majorité de Menton (24930 habitants sur les 29073 au total) et de Menton-Ouest qui englobait Gorbio, Roquebrune-Cap-Martin, Sainte-Agnès et une petite partie ouest de la ville de Menton. Castillon, auparavant dans le canton de Sospel, a ainsi été rattachée au canton mentonnais. Carte du canton de Menton, n°14 des Alpes-Maritimes 6 b) Démographie Dès qu’on se penche sur la démographie de ce canton n°14 des Alpes-Maritimes, le poids démographique des villes du littoral (Menton principalement et Roquebrune-Cap-Martin) est flagrant. En effet, ces deux villes concentrent, à elles-seules, 92% du nombre d’habitants total sur le canton (64% de mentonnais et 28% de roquebrunois). 30000 25000 Nombre d'habitants (2012) 20000 Nombre d'inscrits (01/01/2015) 15000 10000 5000 0 Nombre d'habitants (2012) Castellar Castillon Gorbio Nombre d'inscrits (01/01/2015) Castellar Castillon Gorbio Menton Roquebrune-CapMartin 7 - Croissance démographique dans le canton : Cependant, si on s’attarde sur la croissance démographique au sein du canton entre 2007 et 2012, on s’aperçoit que la partie ouest est moins attractive que la partie est. En effet, Gorbio et Sainte-Agnès ont vu leur population stagner (respectivement moins un habitant et moins huit habitants) alors que Roquebrune-Cap-Martin, touchée plus durement, a perdu cinq-cent-sept habitants. A l’est du canton, c’est la dynamique opposée : Castillon, Castellar et Menton ont vu leur population augmenter sur la même période. Ainsi, Castillon a gagné cinquante-et-une âmes, Castellar vingt-cinq et Menton cinq-cent-quarante-et-une. Au total, entre 2007 et 2012 le gain démographique du canton est de cent-une personnes. 2. Sociologie a) Valeurs Les Alpes-Maritimes et notamment le territoire mentonnais partagent une histoire singulière. En effet, le bassin mentonnais est français depuis un peu plus de cent-cinquante ans seulement. Auparavant, il a été sous suzeraineté de la principauté de Monaco pendant plus de cinq siècles (de 1346 à 1848) avant de se mettre sous la protection de la maison Savoie du royaume de PiémontSardaigne. Il faudra attendre le règne de Napoléon III pour que les habitants de Menton jusqu’à Nice décident par plébiscite de devenir français en 1861. - Forte tradition catholique. Le bassin mentonnais a conservé une forte tradition catholique héritée de l’influence monégasque et italienne (où le catholicisme a une place très importante). Cette tradition se perçoit à travers les fêtes et processions importantes qui célèbrent les saints-patrons des communes ou les temps forts de la liturgie catholique : la Saint-Sébastien à Castellar, procession de la Fête-Dieu à Gorbio, la Sainte-Agnès à Sainte-Agnès, la procession votive à Roquebrune-Cap-Martin, la procession du Vendredi Saint, de la Saint-Pierre et de la Saint-Michel à Menton. - Attachement viscéral au territoire. Dans les mentalités des habitants du mentonnais, ce territoire est considéré comme un splendide écrin entre mer et montagne, un pays béni. Par le passé, on naissait, on vivait et on mourrait ici. Malgré l’évolution des mœurs, on constate toujours aujourd’hui une très faible mobilité de la population du bassin mentonnais. Même si certaines personnes naissent puis partent, ailleurs en France ou à l’étranger pour des raisons professionnelles, beaucoup d’entre-elles reviennent par la suite. Quand on leur demande pourquoi elles sont rentrées, ces personnes, avant de vous évoquer la présence de la famille, confient que le Campanin (le clocher de la Basilique Saint-Michel, symbole de ce territoire), leur Campanin, leur manquait. 8 Comme un cordon ombilical qu’on ne pourrait jamais vraiment couper, les mentonnais manifestent également leur attachement au territoire à travers leur langue. Le « mentounasc » parlé encore abondamment jusque dans les années 1940 (les professeurs de français durent interdire aux petits mentonnais de le parler à l’école) est présent sur l’inscription des rues et de nombreuses chansons en « mentounasc » louent les merveilles de ce territoire (cf. ci-après). Cependant, avec le renouvellement générationnel la langue mentonnaise a du mal à perdurer. Mentan, ô men belou Mentan Acouardou ma quiterra Per pourè te cantà Una cansan d’amoù ! Mentan, ô men belou Mentan N’y ese lueg s’a terra Qu’aigu’un chelou pu blu E de pu bele fioù. Menton, ô mon joli Menton J’accorde ma guitare Pour pouvoir te chanter Une chanson d’amour ! Menton, ô mon joli Menton Aucun lieu sur la terre N’a un ciel plus bleu Et d’aussi belles fleurs. A pu bella de tout’è vallade Es ou nouaish Ver de Mentan, Pien de fioù, de belle proumenade, Parfumàia a r’audoù citran. Dapertout’y è de serenade Cada topia ha sa cansan. A pu bella de tout’è valade Es ou nouaish Ver de Mentan. La plus belle de toutes les vallées C’est notre Val de Menton Plein de fleurs, de belles promenades, Parfumé à l’odeur du citron. Partout il y a des sérénades Chaque tonnelle a sa chanson La plus belle de toutes les vallées C’est notre Val de Menton. Refrain de Mentan, ô belou Mentan, François Borfiga Refrain de Ou Ver de Mentan (dit aussi : « La Mentonnaise »), François Borfiga - Rapport particulier à « l’autre ». Cet attachement viscéral au territoire induit un rapport particulier à « l’autre ». L’accueil et l’intégration d’un « autre » est particulier. Dans un premier temps, « l’autre » va être perçu comme un élément exogène qui pourrait perturber l’équilibre local. Quand nous parlons de « l’autre » nous faisons référence à toute personne qui ne serait pas du bassin mentonnais. Ainsi, même un niçois ne serait pas spécialement le bienvenu. Passé ce temps de méfiance, et le besoin de côtoyer, d’appréhender « l’autre » celui-ci est alors intégré. Comme aime le souligner le Député-maire de Menton, Jean-Claude GUIBAL, « ici les gens ne sont pas indifférents, il y a un besoin de se confronter à l’autre pour l’accepter […] il faut casser l’écorce pour arriver à l’amande » (Discours de bienvenue aux étudiants de Sciences Po, lundi 25 août 2014). b) Répartition selon les âges Par rapport à la répartition de la population selon les âges, le canton mentonnais devrait être représenté par une personne quadragénaire. Comme sur l’immense majorité de la Côté d’Azur, la proportion des plus de soixante ans y est forte (25,63% de la population totale du canton). Les villes les plus âgées du canton sont les deux villes du littoral (Menton et Roquebrune-Cap-Martin) où les personnes âgées bénéficient de toutes les structures urbaines, ainsi que Gorbio, village où le renouvellement générationnel a du mal à s’opérer. 9 c) Mouvements de la population - Villages « dortoirs » Si les villages de la couronne mentonnaise sont plus jeunes c’est parce qu’ils ont une fonction de « dortoirs ». Le prix de l’immobilier étant très élevé sur les villes du littoral, les familles modestes qui n’ont pas les moyens d’y vivre ou qui souhaitent une plus grande surface préfèrent s’installer dans les villages et afin d’être locataire ou propriétaire d’un logement plus confortable par rapport à ce qu’elles auraient pu prétendre sur Menton ou Roquebrune-Cap-Martin. Dans la journée, ces familles rejoignent bien souvent les principaux bassins d’emplois : Menton, Monaco et Nice dans une moindre mesure. - Menton, lieu de socialisation. Menton est le lieu de socialisation principal du canton. Menton est la ville la plus importante qui recouvre toutes les fonctions et infrastructures urbaines. La zone piétonne, le cinéma ou les plages sont les lieux où se retrouvent les jeunes et les moins jeunes du canton. d) Chômage On constate que le chômage est inférieur ou égal à la moyenne nationale dans toutes les communes du canton à l’exception de Menton où le chômage atteignait 12,1% au dernier trimestre 2011 et où le chômage des jeunes y est important (plus de 25%). Moyenne nationale : 9,4 10 3. Politique a) Elus locaux Les élus locaux sont ancrés depuis des années, surtout sur les villes du littoral. Les villages ont connu un renouvellement au cours des années 2000 et en particulier en 2008. Ainsi Michel ISNARD est élu maire (DVG) de Gorbio depuis 2001, Huguette LAYET est maire (DVD) de Castellar depuis 2004, Philippe RION est élu maire (SE) de Castillon en 2008 comme Albert FILIPPI maire (UMP) de Sainte-Agnès. Les élus locaux de Menton et de Roquebrune-Cap-Martin contrôlent tous les mandats locaux importants depuis les années 1990. En effet, Patrick CESARI est élu au Conseil Général en 1994 (vice-président depuis 2008), puis maire de Roquebrune-Cap-Martin depuis 1995, il est également président de la Communauté d’Agglomération de la Riviera Française (CARF) depuis 2008. De même, à Menton, Jean-Claude GUIBAL est élu maire de Menton depuis 1989, puis député à partir de 1997 et fut président de la CARF entre 2003 et 2008 ; son épouse Colette GIUDICELLI est premier adjoint à la ville de Menton de 1989 à 2009, conseiller général depuis 1994 (vice-présidente depuis 2004), premier vice-président de la CARF entre 2003 et 2009 et sénatrice depuis 2008. Dans le canton de Menton et notamment dans les deux principales villes, il ya une véritable incarnation, personnalisation de la politique (cela est aussi vrai pour certaines figures de l’opposition comme Jean-Michel CUCINELLI pour le PCF-Front de Gauche ou Pascale GERARD pour le PS mentonnais). b) Ancrage politique Quand on regarde l’étiquette politique des élus locaux du canton, on se rend compte de l’ancrage politique à droite, que la présence d’un élu DVG, Michel ISNARD (qui s’explique de part la personnalité de la personne dans un contexte villageois) ne remet pas en question. - Vote UMP Au vu des résultats au cours des scrutins nationaux, le bloc de droite arrive largement en tête. En effet, sur l’ensemble des résultats, au premier tour, des différentes élections nationales entre 2007 et 2014, l’UMP affiche des scores supérieurs (et même jusqu’à près de quinze points supérieurs à Roquebrune-Cap-Martin) à sa moyenne nationale dans toutes les communes (à l’exception de Castillon où le score est tout de même très proche de la moyenne nationale). 11 - Vote FN Malgré le fait que le canton soit un bastion de l’UMP, il n’en est pas moins une terre à succès pour le Front National. En effet, sur l’ensemble des résultats, au premier tour, des différentes élections nationales entre 2007 et 2014, le FN affiche des scores supérieurs entre cinq à dix points à sa moyenne nationale dans toutes les communes sans exception (mention particulière à Castillon où le score du FN est supérieur d’environ douze points par rapport à la moyenne nationale). - Abstention Quand on applique encore la même grille d’analyse (résultats du premier tour des élections nationales entre 2007 et 2014), on constate que l’abstention suit plus ou moins la courbe nationale. On note que les villages participent plus que les villes du littoral où l’abstention y est plus forte qu’au niveau national (d’un point à Menton et de trois points à Roquebrune-Cap-Martin). 12 II. PRESENTATION DES BINÔMES CANDIDATS Quatre binômes entièrement mixtes se présentent en 2015 à l'élection départementale dans le canton de Menton : huit candidats et leurs « remplaçants », selon la nouvelle terminologie. Procédons à un rapide tour d'horizon des binômes en présence. 1. Binôme UMP Le binôme UMP est formé des deux conseillers généraux sortants, Colette GIUDICELLI et Patrick CESARI. Patrick CESARI est maire de RoquebruneCap-Martin et conseiller général sortant de Menton Ouest, élu depuis 1994 sous l'étiquette du RPR puis de l'UMP Colette GIUDICELLI est conseillère générale du canton de Menton-Est depuis 1994, réélue depuis, d'abord sous l'étiquette de l'UDF, puis à partir de 2001 sous celle de l'UMP. Elle est depuis 2004 vice-présidente du conseil général des AlpesMaritimes en charge des Finances et de l'Administration générale. En plus de ses fonctions au Conseil général, elle siège au Palais du Luxembourg au titre de sénatrice des Alpes Maritimes, où elle est membre de la Commission des Affaires sociales. Notons qu’il s’agit là d’une candidature d'union de la droite puisque la remplaçante de Colette GIUDICELLI est la responsable de l'UDI à Menton, Martine CASERIO. L’UMP et l’UDI suivent en cela la stratégie nationale d'union de la droite dès le premier tour. 2. Binôme FN Le binôme Front national est composé en premier lieu de Thiery GAZIELLO, le plus politisé des deux candidats. C'est l'une des principales figures du Front national à Menton, il figurait ainsi en deuxième position sur la liste Front national Rassemblement Bleu Marine à la dernière élection municipale. S'agissant de son binôme, on aurait pu s'attendre à ce qu'il fasse équipe avec Lydia SCHENARDI, qui était tête de liste à Menton à la dernière élection municipale, mais celle-ci a décidé de se présenter dans le canton de Contes où le FN estime qu'il a une chance plus grande de victoire. A la place de Lydia SCHENARDI, c'est Gaëlle GUCHER, jeune candidate Front national, qui a été désignée pour représenter le Front national à Menton. Engagée au Front national seulement à la dernière municipale lors de laquelle elle a occupé la onzième position sur la liste du Front national Rassemblement bleu marine, elle a encore peu d'expérience politique. Bien qu'engagée récemment au FN, elle affirme partager les idées du parti de longue date, avant l'arrivée de Marine Le Pen à la direction du Front national. A la question de savoir si le parti de Jean Marie Le Pen a changé depuis l'avènement de sa fille, elle juge qu'il n'a pas changé en termes de contenu, mais dans la manière d'expliquer ses idées aux Français. 13 3. Binôme PS-EELV-PRG Le binôme du Parti socialiste est le binôme avec le plus grand écart d’âge. Francis LEBORGNE, 70 ans est conseiller municipal de RoquebruneCap-Martin sous l’étiquette du PS depuis 2008. Fanny VANDEN BOSSCHE étudiante de 22 ans est la plus jeune des candidats titulaires. Elle est militante au PS depuis ses 16 ans, pour qui c'est la deuxième élection. Elle était en quinzième position sur la liste de Pascale GERARD lors de la dernière élection municipale mentonnaise. Malgré le soutien d’Europe Ecologie-Les Verts aucun candidat de ce ticket ne porte ses couleurs. En revanche, Claude CALVIN en position de remplaçant, représente le Parti Radical de Gauche local. 4. Binôme PCF-FdG Le binôme Front de Gauche enfin est représenté par Jean-Michel CUCINELLI et Annie POLLERI. Leader du Front de Gauche à Menton, Jean-Michel CUCINELLI a conduit la liste Front de Gauche à la précédente élection municipale. Engagé depuis plusieurs années au Parti communiste, c’est la grande figure de l’extrême gauche à Menton. Son binôme, Annie POLLERI est également membre du Parti communiste. Elle figurait en deuxième position sur la liste Front de Gauche à la dernière municipale, et c’est la cinquième élection à laquelle elle se présente. 5. Remarques Il est dès à présent possible de formuler quelques remarques sur les candidats : - On notera en premier lieu que les candidats sont tous originaires de Menton et de Roquebrune Cap Martin, les deux principales communes du canton. Cette absence des villages tient probablement à la faiblesse démographique de ces derniers au regard des deux villes : sur les 32 718 électeurs inscrits dans le canton, les villages réunis en comptent seulement 2976 contre 20 507 inscrits pour Menton et 9235 inscrits pour Roquebrune Cap Martin. S’il a un temps été question d’intégrer un remplaçant issu des villages dans le ticket UMP, cette option a été écartée de manière à ne pas donner le sentiment de favoriser un village au détriment des autres. - Il est apparu au cours de l’entretien que les candidates féminines étaient globalement plus effacées que leurs binômes masculins. Ainsi, sauf dans le cas de Mme Giudicelli que nous avons rencontrée en l’absence de son binôme, le membre féminin du binôme prenait moins part à la discussion et restait plus souvent en retrait. - On constate en outre que le degré de professionnalisation politique a tendance à diminuer à mesure que l’on va à l'extrémité de l'échiquier politique. Par professionnalisation, nous entendons ici la « maîtrise d'un corpus de savoirs spécialisés et d'un langage et d'une rhétorique spécifique ; la 14 compréhension pratique de la logique immanente du champ politique et l'adhésion au jeu politique » 1. - Ce constat est particulièrement clivant chez les femmes. Le moindre degré de professionnalisation politique se traduit lors des entretiens par une plus faible implication dans l'échange, des réponses stéréotypées, et l’incapacité de s'extraire de sa propre situation. - Ce constat n'est toutefois pas systématique : ainsi il est évident que Mme Giudicelli, élue depuis 1989 au conseil municipal de Menton puis à partir de 1994 au conseil général, a une connaissance très précise du fonctionnement du jeu politique et en maitrise parfaitement les discours et les codes. De la même manière, nous avons pu apprécier la lucidité, la finesse et la pondération des analyses de M. CUCINELLI au cours de l'entretien, notamment son analyse des ressorts du vote Front national qui témoigne d'une véritable réflexion sur le sujet. - On peut émettre l’hypothèse que c’est l’obligation pour chaque candidat de faire campagne avec une personne du sexe opposé qui explique cette différence de professionnalisation politique entre hommes et femmes. Dans une classe politique française encore très masculine, les écarts bien connus de compétence politique entre hommes et femmes sont d'autant plus perceptibles que l’élection est locale. On peut cependant penser que la féminisation de la vie politique française imposée par l’introduction de la parité totale permettra progressivement de rééquilibrer la situation en faveur des femmes, à mesure que se constitue une nouvelle génération d’élues et de femmes politiques plus expérimentées, qui auront eu le temps de se familiariser avec le militantisme politique. 1 Définition empruntée à Gérard MAUGER, « Sur la participation des classes populaires aux nouveaux « jeux électoraux » » in Savoir/Agir, Editions du Croquant, 2007 15 III. LA CAMPAGNE : ENJEUX ET STRATEGIES 1. Enjeux locaux et nationaux Nous avons eu l'opportunité de nous entretenir avec chacun des candidats à l'élection départementale dans la semaine qui a précédé le premier tour, à l'exception de M. CESARI. Ces entretiens nous permettent d'esquisser les grands thèmes autour desquels s'est cristallisé le débat. Nous nous sommes tout d'abord attachés à recueillir les impressions des candidats sur la réforme du scrutin. La première nouveauté de ce scrutin, s'agissant du canton de Menton, est la fusion des cantons de Menton-Est et de Menton-Ouest, reformant l'ancien canton telle qu'il existait avant le tracé de 1994 et y ajoutant Castillon. S’ils saluent unanimement la réunification du canton de Menton, les candidats ont une perception globalement négative du redécoupage. Les principaux reproches adressés au redécoupage sont de ne pas tenir compte des réalités locales et de faire perdre en proximité avec les administrés en confiant des circonscriptions deux fois plus grandes aux élus. M. CUCINELLI note ainsi que, comme à chaque redécoupage, ce dernier a été réalisé de manière à favoriser le parti au pouvoir. M. GAZIELLO accuse le gouvernement d'avoir cherché en redéfinissant les limites des cantons à faire obstacle à la progression du Front national. Mme GIUDICELLI dénonce le manque de cohérence de certains découpages, à l'image de celui de Contes-L'Escarène. En ce qui concerne l’obligation de parité dans les binômes, l'impression est en revanche positive. Tous les candidats interrogés considèrent qu'il s'agit d'un progrès, à l’exception notable de Mme GIUDICELLI, laquelle estime que les femmes n'ont pas besoin de lois pour accéder aux fonctions électives. Il est frappant de constater que sur ce sujet les candidats FN rejoignent les candidats de gauche, jugeant l'introduction de la parité dans le scrutin très positive, là où au contraire Mme Giudicelli se prévaut d'une position plus « idéologique » (précisons que nous n'accordons ici ni connotation à ce terme ni ne portons de jugement de valeur) fondée sur une certaine conception de la politique et du traitement des inégalités : la loi n'a pas à discriminer les candidats en fonction de leur sexe pour favoriser l'élection de femmes. Ce n'est pas à l'Etat d'imposer « par le haut » l'égalité des sexes mais aux femmes de mobiliser leurs ressources propres pour la conquérir. La position, en apparence surprenante du binôme Front national, s'interprète de plusieurs manières. Elle témoigne en premier lieu du rajeunissement et de la féminisation du parti qui s'ouvre à de nouvelles catégories de la population, plus jeunes, moins conservatrices, ce qui le pousse à adapter ses positions. Elle est en outre l'illustration que la formation d'extrême droite, à la faveur du renouvellement générationnel qui s'opère, est capable de faire preuve d'un certain libéralisme culturel sur les questions ayant trait à la famille, aux relations entre les hommes et les femmes et à l'homosexualité, en se ralliant ici au mouvement législatif amorcé à la fin des années 1990 en faveur de l'égalité des sexes et de la parité hommes-femmes, dès lors que celui-ci ne remet pas en cause les fondamentaux du parti que sont le souverainisme, l'autorité, la critique de l'immigration et de l'Europe. L'un des autres thèmes qui a animé la campagne était l'incertitude pesant sur l'avenir du Département. En effet, tandis que la campagne suit son cours, un projet de loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) est en discussion au Parlement, tendant à revoir la répartition des compétences entre collectivités territoriales. Il vise à revoir les compétences du 16 Département pour en transmettre certaines aux Régions et aux agglomérations. Ce projet de loi fait suite à la tribune de François HOLLANDE du 3 juin 2014, dans laquelle le Président de la République a annoncé sa volonté de supprimer à terme le conseil départemental, le département demeurant une circonscription pour l'administration déconcentrée de l'Etat. Les partis de droite ont pointé du doigt au cours de la campagne l'incertitude entretenue par le gouvernement autour de l'avenir du Département, destinée selon eux à favoriser la montée de l'abstention pour justifier plus tard la suppression du département. Aussi les candidats de droite ont-ils affirmé leur volonté de transformer ce scrutin en référendum « pour ou contre le Département » Jean-Claude GUIBAL lors de la réunion publique de Colette GIUDICELLI et Patrick CESARI Menton a ainsi affirmé à l'audience « Je suis un départementaliste », témoignant de son attachement au département. Pour les responsables de l'UMP, l'échelon de trop est la Région, dont ils jugent qu'elle est trop théorique et lointaine des préoccupations des administrés et qu'elle n'accorde pas suffisamment d'argent au territoire. Le Front national dénonce quant à lui la volonté de supprimer le Département au profit de super-Régions destinées à accélérer le processus de métropolisation et la fusion du pays dans l'Union européenne. Marie-Christine ARNAUTU, cadre du Front national en charge du département des Alpes-Maritimes, invitée à s'exprimer devant les militants mentonnais voit ainsi dans la suppression des départements la volonté de démanteler une circonscription de proximité chargée d'identité afin de favoriser la dissolution de la nation dans l'ensemble européen. On voit ici que Mme ARNAUTU parvient habilement à associer dans une même critique les topos chers à l'extrême droite que sont l'identité et l'attachement à la terre, aux thèmes plus classiques de dénonciation de l'Union européenne, du processus de mondialisation et de défense des périphéries rurales et périurbaines face aux centres. Nous avons en outre eu l'occasion de revenir avec les candidats sur le déroulement de leur campagne. De l'avis général celle-ci a été très courte, commençant seulement à trois semaines du scrutin. De faibles moyens ont été engagés par les candidats. Les candidats de gauche ont pris la décision de ne pas faire de réunion publique car cela leur coutait trop cher, optant pour des moyens plus classiques de militantisme comme le tractage dans les marchés et le porte-à-porte. Cette campagne s'est surtout axée sur les enjeux locaux pour les partis de gouvernement quand les partis extrémistes se tournent vers les enjeux nationaux. 2. Stratégies A partir des entretiens, il nous est possible de dresser les grandes lignes de la stratégie et du discours déployés par chaque parti. a) UMP : Défendre un bilan Au cours de l'entretien qu'elle nous a accordés, Mme GIUDICELLI s'est essentiellement attachée à défendre son bilan, étant élue de la majorité sortante. Elle fait ainsi valoir le fait qu'elle a permis d'apporter cinquante millions d'euros sur le canton de Menton-Est au cours du dernier mandat, sans que le conseil départemental n'ait eu à augmenter 17 les impôts ni à diminuer l'aide aux communes, malgré les baisses des dotations de l'Etat. Ce bilan est rendu possible, dit-elle, grâce à la bonne gestion départementale des frais de fonctionnement et la lutte contre la fraude. Les Alpes-Maritimes ont ainsi été le premier département à créer une commission de contrôle quant à la distribution du RSA, qui a permis de récupérer vingt millions d'euros jusqu'ici détournés par les fraudeurs, une initiative pour laquelle le Conseil Général a reçu les félicitations de la Cour des Comptes. Elle met également en avant sa proximité avec les électeurs, son expérience, son écoute des élus locaux du canton et le fait qu'elle répond à leurs demandes. Pour elle, les deux enjeux principaux du scrutin sont, en premier lieu de faire comprendre aux gens à quoi sert le Conseil général car, explique-t-elle, bien souvent ils ne savent même pas ce que c'est, et d'informer les électeurs des actions du Conseil général et de son bilan. D'autre part, elle affirme que le FN représente pour elle l'ennemi numéro un. Elle dénonce au cours de l'entretien des candidats parachutés (elle cite l'exemple de Mme SCHENARDI qui se présente dans le canton de Contes-L'Escarène alors qu'elle habite Grasse) ; des candidats incompétents qui ne sont pas au fait des dossiers ; des candidats enfin qui ont des propositions aberrantes. Elle prend pour étayer son propos l'exemple de deux propositions du programme de la liste Front national à la dernière élection municipale : faire du Musée Cocteau une discothèque et proposer des moments de détente et des massages aux employés municipaux pendant la journée. De façon intéressante, comme Nicolas SARKOZY au plan national, elle établit un parallèle entre les propositions du Front national et le programme de l'extrême gauche en Grèce. Une telle rhétorique s'adresse à l'évidence à un électorat UMP que sa sociologie rend particulièrement réceptif à ce type d'argument. En effet, l'électorat UMP est majoritairement composé de retraités, de commerçants et d'artisans. Pour cette petite bourgeoisie soucieuse de son épargne la sortie de l'euro et la ligne étatiste impulsée par Florian PHILIPPOT et adoptée par Marine LE PEN représentent un obstacle au vote Front national. A cet égard, les deux sondages réalisés par l'IFOP à l'occasion des élections présidentielles de 2012 et des élections européennes de 2014 fournissent de précieux renseignements sur la structure de l'électorat de l'UMP. En 2012, la catégorie socioprofessionnelle « artisan ou commerçant » était celle qui accordait le plus massivement ses suffrages à Nicolas SARKOZY (43%), suivi des retraités (37%) et des professions libérales et cadres supérieurs (27¨%). La tendance se confirme aux européennes où 31% des artisans et commerçants, 29% des retraités et 20% des professions libérales et cadres supérieurs déclarent avoir voté ou avoir l'intention de voter pour une liste UMP. S'il ne faut bien sûr pas confondre élection locale et élection nationale, un sondage réalisé à l'occasion de l'élection municipale à Menton par le CSA paraît vérifier cette intuition: 49% des retraités déclarent avoir l'intention de voter pour Jean-Claude GUIBAL, et 33% des CSP+ soit 10% de plus que Pascal Gérard. Or, les retraités, les artisans et commerçants, les professions libérales et cadres supérieurs forment les trois catégories de la population les plus hostiles à la sortie de l'euro d'après un sondage IFOP réalisé en 2012, respectivement à 75, 71 et 85%. 18 b) Front national : capitaliser sur le rejet des partis de gouvernement et le renouvellement de la classe politique Notre entretien avec les candidats Front national a eu lieu après une réunion organisée en présence de Marie-Christine ARNAUTU lors de laquelle elle s’est adressée aux militants frontistes. Cela nous a permis d'apprécier la symétrie entre le discours national du Front national et les thèmes développés par ses candidats à Menton. En premier les candidats frontistes se sont attachés à dénoncer la déconnexion des élus UMP d'avec les électeurs. Estimant qu'ils ne sont plus au contact de la population, ils critiquent leur fonctionnement en « système » destiné selon eux à conserver leurs mandats. Ils nous font en outre part d'un fort rejet des élus sortants lors de leur campagne de terrain témoignant d'une volonté de changement dans le canton et de sanction des responsables politiques au pouvoir. A propos de l'UMP locale, ils utiliseront à plusieurs reprises le thème de « mafia » ciblant en particulier JeanClaude GUIBAL et son épouse. Ils mettent également l'accent au cours de la discussion sur la gabegie financière à laquelle se livrerait selon eux le département. Notons qu'il s'agit là d'un thème porteur dans un électorat mentonnais très ancré à droite. Ils affichent ainsi pour ambition de lutter contre les dépenses inutiles de la majorité départementale (un million d'euros à la candidature JO) pour investir davantage. Leur demandant les points forts de leur programme, les candidats frontistes mettent en avant la lutte contre le gaspillage inutile de l'argent public, le contrôle de la distribution du RSA, l'instauration d'une préférence départementale, la revalorisation des associations grâce à la fin du clientélisme et des subventions à certaines associations. On retrouve ici un certain nombre de thèmes classiques du Front national transposés sur la scène locale. Enfin, interrogés sur leur choix de reprendre le tract national, sans développer d'argumentaire s'intéressant aux problématiques proprement locales, les candidats Front national ont mis leur faible connaissance des enjeux locaux du scrutin sur le compte de ce que, ne siégeant pas au conseil départemental, ils ne peuvent pas connaître les dossiers. Ils dénoncent dans le même temps la faible communication du Conseil général, laquelle manifeste selon eux une volonté des élus sortants de tenir à l'écart les citoyens des dossiers traités en assemblée. Mais cet accent donné aux thèmes nationaux est aussi stratégique : ils se concentrent sur ces enjeux là car de leur propre aveu c'est ce qui intéresse les gens, davantage que les élections départementales. c) PS : Affirmer les valeurs républicaines Les candidats PS, interrogés sur le bilan du conseil général sortant, dénoncent également le gaspillage et la mauvaise gestion des deniers publics. Ils ne renient pas la politique menée sur le plan national par le gouvernement, mais affirment souhaiter axer leur campagne sur les thématiques locales contrairement aux candidats frontistes. Cette stratégie a pour but de se détacher du contexte national très difficile pour la majorité actuelle. D’ailleurs on peut noter que l’inscription « parti Socialiste » n’est pas clairement présente sur la profession de foi (où seul le logo est présent_cf. pages annexes) et est complètement absente du bulletin de vote (cf. pages annexes). Leurs mots à l'encontre du conseil général sont très durs, peut être les mots les plus durs sur le bilan des sortants parmi les candidats rencontrés puisqu'ils le qualifient de catastrophique. Pour autant, on constate surtout une prévalence des thèmes moraux. D'emblée lors de l'entretien, ils ont mis en avant l'étiquette rassemblement démocratique et laïc avec laquelle ils se 19 présentent. Ils dénoncent la proximité de l'UMP avec le FN dans le canton en évoquant les propos de Colette Giudicelli qui aurait comparé le mariage homosexuel au mariage avec les objets. Ils critiquent également la reprise du mot laïcité par le Front national, principe que d'après eux il dénature et transforme en instrument afin de stigmatiser et exclure les musulmans. c) Front de Gauche : Décliner la lutte contre l'austérité à l'échelle locale Si M. CUCINELLI reconnaît le bilan de Colette GIUDICELLI dans le social, il reproche à la majorité sortante des investissements trop importants et certains choix budgétaires, comme la subvention à la candidature des Jeux Olympiques d’Hiver à Nice. Interrogés sur leurs priorités s'ils sont élus, les candidats du Front de gauche affirment désirer se concentrer sur les personnes âgées, l'insertion professionnelle des jeunes et les collèges. Ils ont très rapidement mis en avant le thème de la lutte contre l'austérité, en insistant sur la nécessité du combat pour la création d'emplois et de logements sociaux qui manquent dans le canton et le département, ainsi que la création de maisons de retraite publique plus accessibles et moins chères, et le maintien à domicile des personnes âgées le plus longtemps possible. Très lucides sur la situation de la gauche à Menton, les candidats du Front de gauche reconnaissent qu'ils ont peu de chances à Menton, le bloc de gauche n'ayant, même à ses heures de gloire, que rarement dépassé les 35%-40%. Ils se fixent pour objectif de dépasser les 5% pour que les frais de campagne soient remboursés. Ils affirment en fait envisager ce scrutin avant tout dans une perspective nationale, en se plaçant en opposition avec la politique d'austérité qui est menée, qui est selon eux la même que l'ancien gouvernement, avec pour objectif de faire changer la politique gouvernementale et l'orienter vers une véritable politique de gauche. 20 IV. RESULTATS ET ANALYSES 1. Les résultats et analyse du premier tour a) Résultats Les résultats de ce premier tour ont été surprenants à plusieurs égards. Même si le tandem UMP arrive, sans surprise, en tête avec 42,63% des suffrages exprimés, il ne devance le tandem Front National que d’environ 3% soit moins de cinq cent voix sur les 14514 suffrages exprimés. Les résultats de Roquebrune-Cap-Martin, où le binôme UMP-UDI s’impose plus largement, ont permis aux sortants d’être en tête au soir du premier tour. A noter que sans le vote des roquebrunois, le FN serait arrivé en première position sur l’ensemble du canton au soir du premier tour. Le FN enregistre ainsi son plus haut score historique lors de ce type d’élection. Le binôme GAZIELLO-GUCHER arrive même en tête dans tous les villages (à l’exception de Gorbio) et est tout proche du binôme CESARI-GIUDICELLI sur Menton où cinquante-deux voix les séparent. Le ticket PS-EELV et alliés, enregistre, inversement, un de ses plus bas scores en recueillant à peine plus de 10% des suffrages exprimés. Le couple PCF-Front de Gauche est quant à lui tout proche des 8% ce qui est plutôt une bonne opération (lié à la personnalité des candidats) dans ce canton fortement ancré à droite. Il est aussi important de souligner que la participation s’élève à 46,67% des inscrits soit un peu plus de trois points de moins par rapport à la moyenne nationale. Le total des bulletins blancs (3,20%) et nuls (1,95%) dépasse les 5%. b) Analyse Si on regarde de plus près la répartition géographique du vote dans le canton, on note que le vote FN est fort dans les villages, les vallées et les marges de Menton (Careï, Borrigo, Monti ainsi que dans la Vieille ville) et dans la partie ouest de Roquebrune-Cap-Martin (bureau de vote n°11 Ange Gai, proche de Beausoleil), zones souvent moins favorables aux sortants. Le FN réalise aussi de très bons scores dans certains secteurs aux problématiques particulières comme la Vieille ville de Menton (trafic de drogue) et un score proche de sa moyenne cantonale dans le quartier résidentiel de Garavan à Menton (passage des immigrés clandestins qui arrivent de l’Italie). Les résultats dans ce quartier bourgeois, votant fortement à droite et où le tandem PS réalise un score supérieur de près de trois points à sa moyenne cantonale, voient tout de même le FN recueillir près de 38% des suffrages exprimés. La dynamique du FN est donc plurielle : elle s’articule à la fois sur le rejet des sortants, sur le malaise entre une périphérie marginalisée par rapport aux villes centres, ainsi que sur la politisation d’enjeux locaux sécuritaires et identitaires. Le binôme UMP réalise des scores particulièrement élevés dans le centre-ville, dans les quartiers résidentiels bourgeois (dans les bureaux de vote n°10 et 22) et sur tout le littoral de Menton et de Roquebrune-Cap-Martin. Enfin, on constate que les scores des tandems PS et PCF-FDG sont faibles notamment à l’ouest du canton (Gorbio, Roquebrune-Cap-Martin, Sainte-Agnès) car le bloc de gauche était très mal implanté, et parfois même inexistant (absent des cantonales de 2008) dans l’ex-canton de Menton-Ouest qui regroupait ces communes. La liste PS réalise ses meilleurs scores en centre-ville, dans la vieille ville et sur tout le littoral de Menton (comme l’UMP). On remarque que le PS a aussi beaucoup de mal à convaincre dans les vallées, les villages et les quartiers plus populaires. De même, le PCF-Front de Gauche obtient ses résultats les plus importants en centre-ville, dans la vieille ville et devance même le binôme socialiste dans les villages. On relève également que la présence d’un candidat dans un quartier peut favoriser le bon score de la liste qu’il représente au sein de son bureau de vote (même si ce n’est pas systématique). C’est particulièrement vrai pour le vote PCF-Front de Gauche qui est plus fort dans les bureaux de vote 3 et 4 (quartier où vit la candidate Annie POLLERI), dans les bureaux 26/27 (lieu de résidence de 21 Hubert PINAULT, remplaçant), dans les bureaux du secteur de la Condamine (où habite Jean-Michel CUCINELLI). Cette corrélation est aussi fondée dans le cas de l’UMP (49,68% pour le bureau de vote n°10, lieu de résidence de Colette GIUDICELLI et Jean-Claude GUIBAL) ou du FN (les bons résultats de Thiery GAZIELLO à Castellar où il est domicilié). Ainsi, on relève une fracture centre/périphérie importante sur laquelle s’articule, en partie, le vote Front National et qui arrive également à politiser et instrumentaliser à son profit les enjeux spécifiques de quelques quartiers. Réactions à l’issu des résultats du premier tour extraites de Nice Matin, édition du 24 mars 2015 : • • • Thiery Gaziello, candidat FN : « Il ne fait aucun doute que si Patrick Césari s’était allié à une autre personne moins clivante que Colette Giudicelli, nous n’aurions pas fait un tel score surtout à Roquebrune. Et parallèlement, Mme Giudicelli peut dire merci à M. Césari qui lui donne un peu d’air sur l’ensemble du canton ». Colette Giudicelli, candidate UMP : « Je note que les électeurs ont massivement exprimé leur colère. Leur ras-le-bol du gouvernement socialiste et de sa politique nationale qui entraîne le pays à la dérive et qui profite aux extrêmes. Le Front National fait d’ailleurs le plein sur cette contestation. Mais cela, je ne l’accepte pas et je serai sur le terrain toute cette semaine pour rappeler tout le travail que nous avons accompli avec le conseil général et pour dénoncer ce qu’est le FN, le vide et l’incohérence de son programme » Françis Leborgne, candidat PS éliminé : « Nous ferons barrage au Front National surtout dans une ville comme Menton où le FN s’est dangereusement approché de l’UMP ». 22 2. Campagne d’entre-deux-tours Au vu du score inattendu du FN et des déclarations à l’issue des résultats du premier tour, nous aurions pu nous attendre à une campagne d’entre-deux-tours très active et très offensive. Or, cette deuxième phase de la campagne a été assez calme : chaque camp a continué à tracter et à aller à la rencontre des gens, s’inscrivant dans la continuité de la campagne de premier tour. Il n’y a pas vraiment eu de changements de stratégies (quant à l’orientation de la campagne) ou de braquet (quant à son intensité). D’ailleurs, il n’y a pas eu beaucoup d’échange et de communication par voie de presse. a) Du côté du FN Les candidats et militants du FN ont continué à tracter dans les rues de Menton et de Roquebrune-Cap-Martin. Seule nouveauté du Front National durant l’entre-deux-tours : la mise en place d’une « FN mobile » (voiture arborant affichant le logo du parti, les affiches des candidats et des drapeaux tricolores), qui avait déjà été utilisée lors des municipales, pour sillonner le canton et aller à la rencontre des gens. Cependant, ce dispositif n’a été mis en place que dans les derniers jours de campagne. b) Du côté de l’UMP A l’UMP, le tractage dans les rues de Menton et de Roquebrune-Cap-Martin a continué. La candidate Colette GIUDICELLI, dont la fibre sociale est reconnue de tous, a fait un effort particulier en allant faire du porte à porte dans certains logements sociaux des quartiers périphériques (nord-Careï principalement) ce qu’elle n’avait pas autant fait avant le premier tour. Enfin, jeudi 26 mars, Eric CIOTTI, président sortant du Conseil Général des Alpes-Maritimes et réélu dès le premier conseiller départemental tour à Levens, est venu soutenir deux de ses vice-présidents sortants. Eric CIOTTI a donné une rapide conférence de presse à Nice-Matin depuis la permanence de l’UMP (place de la Mairie de Menton) où les militants s’étaient retrouvés. 23 3. Les résultats et analyse du second tour a) Résultats Les résultats du second tour ont consacré la victoire des conseillers généraux sortants, Patrick CESARI et Colette GIUDICELLI. En effet, les électeurs les ont placés en tête avec 55,66% des suffrages exprimés devant le couple FN qui obtient un score de 44,34%. Le FN se console en l’emportant à Castillon et à Sainte-Agnès. Il faut noter également l’augmentation non négligeable de la participation qui atteint 50,97% des inscrits soit une augmentation de plus de quatre points par rapport au premier tour. Cette hausse place le canton de Menton au dessus de la participation nationale moyenne (50,02%). Il faut également mettre en évidence le poids des votes blancs (4,82% des votants) et des votes nuls (3,08% des votants) qui représentent 7,90% des votants. b) Analyse Quand on regarde la répartition géographique des résultats, elle coïncide avec la dynamique du premier tour même si par la mobilisation accrue et une partie du front républicain, le ticket UMP a réussi à repasser devant dans certains bureaux de vote qui avaient placé le FN en tête au premier tour. La fracture centre/périphérie est toujours perceptible. On constate que le travail de Colette GIUDICELLI dans le haut Careï a eu des résultats : l’UMP arrive en tête dans les bureaux de vote n°26 et 27, même si le score du FN y est plus élevé que sur l’ensemble du canton. L’augmentation de la participation de plus de 4% montre que les électeurs se sont plus mobilisés dans le cadre d’un duel UMP-FN. Cependant, la progression des votes blancs (+1,62%) et des nuls (+1,13%) qui pèsent à eux deux près de 8% des votants est le révélateur que certaines personnes n’ont pas voulu apporter leur soutien aux élus sortants sans franchir le pas du vote Front National. On peut également s’interroger sur l’impact de la personnalité clivante de Colette GIUDICELLI (soulignée au soir du premier tour par Thiery GAZIELLO). Par exemple, nous avons pu noter que sur quelques bulletins le nom de la sortante mentonnaise était rayé. En effet, on remarque que la proportion de votes blancs ou nuls sur Menton (5,35 au premier tour et 8,41 au second) est plus forte que sur Roquebrune-Cap-Martin (4,12 et 6,74). Cependant, structurellement la part de bulletins blancs ou nuls est globalement supérieure à Menton (cf. ci-après). De même, les votes blancs et nuls ne sont pas spécialement plus élevés que lors des cantonales de 2008 (qui avaient vu un duel entre Colette GIUDICELLI et la socialiste Pascale GERARD dans le canton de Menton-Est, et la victoire au premier tour de Patrick CESARI -en l’absence de liste de gauche- dans le canton de Menton-Ouest_cf. pages annexes). L’importance de la personnalité de la candidate sortante sur les résultats, bien qu’objet symbolique de critiques par les adversaires, est à minorer. 24 Malgré tout, le FN gagne près de mille voix entre les deux tours en dépit du front républicain déclaré. Ce facteur met en évidence le caractère « référendaire » du vote par rapport aux élus sortants bien plus que l’influence d’un gaucho-lepénisme ou d’un front républicain. D’ailleurs, une électrice, qui avait voté pour le ticket socialiste au premier tour, nous faisait part de son incertitude pour le deuxième tour considérant qu’un vote FN serait contraire à ses convictions mais que l’envie et l’occasion de « dégager » les sortants la faisait hésiter. La logique de vote du second tour a donc été d’approuver ou de rejeter l’action des sortants. Réactions extraites de Nice Matin, édition du 30 mars 2015. • • Colette Giudicelli : « C’est une victoire que j’apprécie tout particulièrement puisque le premier tour avait été disputé. Mais nous avons réalisé un très beau score et c’est une très belle victoire. Ce qui m’a le plus touchée c’est que l’habitat social qui avait massivement voté FN au 1er tour s’est révolté, s’est mobilisé et au second tour a fait campagne pour nous ». Thiery Gaziello : « Nous ne sommes absolument pas déçus, car nous n’avons pas les mêmes moyens. Eux, ils ont le pouvoir. On gagne plus de mille voix sur le canton donc nous sommes très satisfaits. Il faut qu’ils se rendent compte qu’ils sont réélus de justesse, que leur bilan a été rejeté. Il faut qu’ils changent de politique. Ils ont été réélus, on les félicite mais pour eux c’est une défaite et pour nous un triomphe ». 25 PERSPECTIVES Ainsi, après analyse de l’élection départementale dans le canton de Menton nous pouvons dresser plusieurs constats. L’effondrement du socialisme local (en suivant le contexte national) depuis les municipales de 2014 s’est confirmé : le PS, qui franchit à peine les 10%, affiche son plus bas score historique. La gauche déclarée « d’opposition », PCF et Front de Gauche résiste mieux et obtient de meilleur résultats par rapport à sa moyenne nationale dans un canton ancré fortement à droite. Cette performance est liée à la personnalité reconnue des candidats. Le Front National est plus que jamais profondément ancré dans le territoire cantonal (même à Roquebrune-Cap-Martin, imperméable jusqu’alors au FN, le parti de Marine Le Pen y réalise de bons scores). Si la dynamique de progression perdure, le Front National est même en mesure de prendre le pouvoir dans plusieurs localités du canton, notamment dans les villages. Cette menace frontiste devrait inquiéter l’UMP locale dont le binôme a été le moins bien élu de tout le département. Cet indicateur met en avant l’érosion électorale de la droite républicaine dans le canton, déçue du manque de renouvellement générationnel au sein des élus. Les résultats de cette élection sonnent donc comme un avertissement. 26 SOURCES Site du ministère de l'Intérieur : http://www.interieur.gouv.fr/ Portail vie-publique.fr : http://www.vie-publique.fr/ Sondage IFOP-Fiducial « Premier tour de l'élection présidentielle 2012 : profil des électeurs et clés du scrutin » : http://www.ifop.com/media/poll/1848-1-study_file.pdf Sondage IFOP « Les Français et l'Europe Maastricht » : http://www.ifop.com/media/poll/1978-1-study_file.pdf 20 Sondage IFOP-Fiducial « Jour du Vote : profil des électeurs européen » : http://www.ifop.com/media/poll/2670-1-study_file.pdf et ans clefs du après scrutin Sondage CSA : « La situation politique à Menton » : http://www.csa.eu/multimedia/data/sondages/data2014/opi20140218-la-situationpolitique-a-menton.pdf Documents de la Mairie de Menton 27 REMERCIEMENTS Nous voulons remercier chaleureusement l’ensemble des candidats pour nous avoir reçus pour un entretien. Nous aimerions également remercier la Ville de Menton qui a bien voulu nous communiquer les documents en sa possession concernant cette élection départementale. Enfin, nous adressons nos remerciements à M PERRINEAU, professeur des universités à Sciences Po, et à Mme MUXEL, directrice de recherche au CNRS, tous les deux enseignants sur le campus de Menton qui ont assuré la direction de notre travail. 28 ANNEXES Paroles Mentan, ô belou Mentan, François Borfiga, 1931 29 Paroles Ou Ver de Mentan, François Borfiga. Cette chanson est considérée comme « La Mentonnaise », l’hymne de Menton, et est chantée pour diverses occasions culturelles, folkloriques, religieuses ou encore politiques. 30 Recto de la profession de foi de Patrick CESARI et Colette GIUDICELLI pour le premier tour du scrutin. 31 Verso de la profession de foi de Patrick CESARI et Colette GIUDICELLI pour le premier tour du scrutin. 32 Recto de la profession de foi de Gaelle GUCHER et Thiery GAZIELLO pour le premier tour du scrutin. 33 Verso de la profession de foi de Gaelle GUCHER et Thiery GAZIELLO pour le premier tour du scrutin. 34 Recto de la profession de foi de Fanny VANDEN BOSSCHE et Francis LEBORGNE pour le premier tour du scrutin. 35 Verso de la profession de foi de Fanny VANDEN BOSSCHE et Francis LEBORGNE pour le premier tour du scrutin. 36 Recto de la profession de foi de Jean-Michel CUCINELLI et Annie POLLERI pour le premier tour du scrutin. 37 Verso de la profession de foi de Jean-Michel CUCINELLI et Annie POLLERI pour le premier tour du scrutin. 38 Bulletin de vote pour CESARI-GIUDICELLI Bulletin de vote pour VANDEN BOSSCHE-LEBORGNE Bulletin de vote pour CUCINELLI-POLLERI Bulletin de vote pour GAZIELLO-GUCHER 39 Résultats du premier tour de l’élection départementale de 2008, source : Mairie de Menton. 40 Résultats du premier tour de l’élection départementale de 2015, source : Mairie de Menton. 41 Représentation graphique des résultats du premier tour de l’élection départementale de 2015 sur la ville de Menton, source : Mairie de Menton. 42 Représentation graphique des résultats du premier tour de l’élection départementale de 2015 sur le canton de Menton, source : Mairie de Menton. 43 Répartition géographique des suffrages exprimés au cours du premier tour sur la ville de Menton, source : Mairie de Menton. 44 N°Bureau de vote UMP F. Gauche PS 1-2-3-4-5-6-7 (Secteur : CentreVille) 975 208 8-9-10-11-12 (Secteur : Condamine + Corniche des serres de la Madone) 745 167 13-14-15-28 (Secteur : Borrigo) 538 122 16-17-18 (Secteur Careï) 411 74 19 (Secteur : Monti) 33 6 20-21 (Secteur Vieille-Ville) 191 79 22-23 (Secteur Garavan) 261 29 24-25 (Secteur : Carnolès) 343 50 26-27 (Secteur : Saint-Roman / Nord-Careï) 278 62 Total 3 775 797 FN 270 783 205 636 158 673 96 505 5 47 78 226 75 224 84 325 49 1 020 304 3 723 Répartition géographique des suffrages exprimés au cours du premier tour sur la ville de Menton. 45 Répartition géographique des suffrages exprimés au cours du premier tour sur le canton de Menton, source : Mairie de Menton. 46 Résultats du second tour de l’élection départementale de 2015, source : Mairie de Menton 47 Résultats par bureaux de vote 48 49 50 Représentation graphique des résultats du second tour de l’élection départementale de 2015 sur la ville de Menton, source : Mairie de Menton 51 Représentation graphique des résultats du second tour de l’élection départementale de 2015 sur e canton de Menton, source : Mairie de Menton. 52 Répartition géographique des suffrages exprimés au cours du second tour sur la ville de Menton, source : Mairie de Menton. 53 N°Bureau de vote UMP FN 1-2-3-4-5-6-7 (Secteur : CentreVille) 1 359 8-9-10-11-12 (Secteur : Condamine + Corniche des serres de la Madone) 1 038 13-14-15-28 (Secteur : Borrigo) 766 16-17-18 (Secteur : Careï) 584 19 (Secteur : Monti) 41 20-21 (Secteur : Vieille-Ville) 309 22-23 (Secteur : Garavan) 341 24-25 (Secteur : Carnolès) 464 26-27 (Secteur Saint-Roman / Nord-Careï 420 Total 5 322 961 797 782 614 62 301 246 392 361 4 516 Répartition géographique des suffrages exprimés au cours du premier tour sur la ville de Menton. 54 Répartition géographique des suffrages exprimés au cours du second tour sur le canton de Menton, source : Mairie de Menton. 55 ELECTIONS DEPARTEMENTALES ENTRETIEN AVEC MME GIUDICELLI, CANDIDATE UMP-UDI POUR LE CANTON DE MENTON, 18/03/2015 Comment voyez-vous la modification de la loi électorale ? Dans l’ensemble, je considère que le redécoupage n’est pas une bonne chose, les cantons plus grands nous font perdre en proximité. Dans les Alpes-Maritimes les élus auront plus de mal à couvrir les 163 communes du département. Certains canton comme celui de Conte-Peillon-L’Escarène sont des aberrations et ne respecte en rien la géographie locale regroupant ainsi des personnes qui n’ont pas grand chose en commun. Heureusement, sur le canton de Menton nous avons été épargnés et le redécoupage nous ramène au canton presque tel qu’il était en 1994 (seul Castillon se rattache) et reste donc cohérent. En ce qui concerne, l’obligation de la parité homme-femme, je suis contre. En tant que femme j’estime que c’est à nous les femmes de nous investir et de s’impliquer sans obligation de la législation. Je trouve que la parité parfaite à tout prix n’est pas vraiment une bonne chose. Comment avez-vous été investi ? L’investiture s’est faite naturellement, Eric Ciotti président du Conseil Général, satisfait de notre travail de vice-président nous a demandé de nous présenter ensemble. Mme Caserio représentante UDI pour la circonscription s’est également jointe à nous. En tant que conseiller général sortant, quel est votre bilan dans le canton ? Et celui du conseil général ? J’ai participé en tant qu’élue du Conseil Général a apporté 60 millions d’euros sur le canton de Menton-Est. La majorité départementale n’a pas augmenté les impôts depuis deux mandats et n’a pas diminuer son aide aux communes malgré les baisses des dotations d’Etat. Cette politique est possible grâce à une bonne gestion départementale, dans la gestion des frais de fonctionnement et dans la lutte contre la fraude. Notre département à a d’ailleurs était le premier à créer une commission de contrôle quant à la distribution du RSA, cette commission a permis de récupérer 20 millions d’euros jusqu’ici détournés par les fraudeurs. Pour cette initiative, le Conseil Général des Alpes-Maritimes a reçu les félicitations de la cour des Comptes. Le Conseil Général c’est 4500 agents pour un budget total de 1,3 milliard dont 500 millions d’euros pour le social. CF FICHE Quels sont selon vous les enjeux du scrutin dans le canton ? Dans le département ? Comment se superposent-ils aux enjeux nationaux ? L’enjeu principal de cette élection est de faire comprendre aux gens à quoi sert le Conseil Général car bien souvent ils ne savent même pas ce que c’est. Notre enjeu est de battre le FN, c’est aujourd’hui notre ennemi numéro 1. Elus parachutés à l’image de Mme Schénardi, élu de la région parisienne dans les années 1990, vivant à Grasse, conseillère municipale de Menton et candidate pour ces élections sur le canton de Conte-L’Escarène. De même ces personnes ne sont pas compétentes. Je prendrai deux propositions du programme de la liste FN aux dernières municipales mentonnaises : faire du musée Cocteau une discothèque et proposer des moments détentes et massages aux employés municipaux pendant la journée, c’est délirant ! Au niveau départemental Arnautu est pareil, sur la Voix Libre je l’entendais dire que s’ils étaient élus dans les Alpes-Maritimes ils s’occuperaient du RSA et des personnes âgées mais enfin c’est ce que nous faisons depuis des années. Les personnes du FN ne sont pas compétentes. Ils manquent de connaissance. Proposition de sortir de l’euro occasionnerait une diminution du pouvoir d’achat des français de près de 40%. 56 Comment s’est déroulée la campagne ? Avec Patrick Césari nous avons fait le tour de toutes les communes du canton où nous avons tenu à chaque fois une réunion publique. Nos documents de campagne ont été distribués dans tout le canton. Nous avons voulu faire une campagne de terrain, concentré sur les enjeux locaux en mettant tout particulièrement l’accent sur le social. Nous sommes allés à la rencontre d’habitants de HLM dans la vallée du Careï. Vous savez il y a beaucoup de difficulté aussi sur Menton. Par exemple, la fréquentation de notre banque alimentaire, les Coeurs du Campanin, ne cesse de s’accroitre : nous sommes à plus de 500 bénéficiaires aujourd’hui. En ce qui concerne la presse, la campagne a été très courte. Les premiers titres concernant les élections ne sont apparus qu’à trois semaines du scrutin. Quels sont pour vous les points forts de votre programme ? Notre proximité, notre expérience. Nous répondants aux demandes des élus locaux du canton, nous sommes en phases avec leurs besoins, et nous sommes constamment à leur écoute. Nous voulons continuer comme ça notre travail. On remarque que tous les candidats au départementales sont soit de Menton, soit de Roquebrune, aucun n'est d'un village. Est ce qu'il n'y pas une fracture entre ? Non puisque nous sommes constamment à l’écoute de tous les élus locaux. Cependant, oui c’est vrai qu’on aurait pu intégrer à notre liste un élu des villages. J’y étais favorable. Mais Patrick Cesari n’y était pas favorable craignant la une forme de rivalité et de jalousie quant aux villages qui aurait été représenté. C’est pour cela que nous sommes restés sur Menton et Roquebrune-Cap-Martin. Quel est votre ressenti par rapport au terrain, comment les électeurs perçoivent-ils cette élection ? On s’aperçoit qu’il y a une mauvaise communication par rapport aux compétences et aux actions du Conseil Général. Les hésitations de la majorité présidentielle sur l’avenir des départements n’ont pas amélioré la situation. Les gens n’ont plus confiance en la politique et dans les politiques. Aujourd’hui on sent que la République est attaquée par l’abstention et le vote FN. L’abstention sera sans doute forte dans ce contexte, n’avez-vous pas peur d’une percée du FN dans le canton ? Nous ne voulons pas d’élus FN dans les Alpes-Maritimes. L’abstention sera forte. Convaincre les gens d’aller voter. Votre pronostic pour le scrutin ? Il sera très difficile d’être élu au premier tour, cependant nous espérons l’emporter au deuxième. 57 ELECTIONS DEPARTEMENTALES ENTRETIEN AVEC MME GUCHER ET M GAZIELLO, CANDIDATS FN POUR LE CANTON DE MENTON, 18/03/2015 Présentation des candidats : Gaelle Gucher, mère au foyer, habite Menton. Je suis proche de ce parti depuis un petit moment et mais je n'avais pas envi de m'afficher publiquement à cause du regard des autres. J'ai adhéré au FN juste avant les municipales parce que j'en avais ras-le-bol de tous ces politiques qui ne comprenaient pas les préoccupations des gens. Quand Marine Le Pen parle je l'a comprend, c'est très clair et ça l'ait pour tout le monde. Thiery Gaziello, travail dans le bâtiment, j'ai adhéré au FN en 2001, habite Castellar, élu Conseiller municipal de Menton. En 2011, j’ai même réussi à batte l'UMP à l'Escarène. Ce que j'apprécie au FN c'est la vision patriote de la France, on ne se préoccupe pas de sa réélection mais du pays. Comment voyez-vous la modification de la loi électorale ? Même si le découpage électoral ne correspond pas à des réalités locales dans de nombreux cas, la canton de Menton est épargné. Gaelle Gucher trouve qu'en tant que femme la parité obligatoire est une bonne chose. Comment avez-vous été investi ? Commission départementale d'investiture. En tant que conseiller général sortant, quel est votre bilan dans le canton ? Et celui du conseil général ? Mme Giudicelli est une sénatrice fantôme. Giudicelli et Cesari se sont toujours les mêmes, les élus locaux ont marre de ce monopole. Nous ne pouvons pas en dire plus puisque nous n'avons pas les dossiers du Conseil Général en main. Il faut lutter contre les dépenses inutiles de la majorité départementale (1 million € à candidature JO) pour investir d'avantage. Quels sont selon vous les enjeux du scrutin dans le canton ? Dans le département ? Comment se superposent-ils aux enjeux nationaux ? Les enjeux du scrutin sont les enjeux nationaux. Il y a a une insatisfaction vis-à-vis de l'UMP dans le canton. Il n'y a pas d'opposition, ce sont toujours les mêmes qui s'arrangent entre eux pour conserver leurs mandats. Sur le plan plus local, nous devons aller au contact de la population pour montrer que nous sommes présents. Comment s’est déroulée la campagne ? Nous avons tenu une conférence de presse à l'hôtel Le Napoléon à Menton le … Nous avons ensuite déposer des documents dans les boites aux lettres et nous sommes allés dans la rue à la rencontre des gens. Nous avons fait cela dans toutes les villes même si nous avons mis l'accent sur Menton et Roquebrune-Cap-Martin. Nous avons fait tout ça avec un budget de 9000€ contrairement aux candidats UMP qui sont au plafond, nous on fait attention à l'argent public. 58 Quels sont pour vous les points forts de votre programme ? Les points forts de notre programme sont la lutte contre le gaspillage inutile de l'argent public, contrôler d'avantage le RSA, instaurer une préférence départementale, revaloriser les associations et mettre fin au clientélisme entretenu par des élus mafieux au pouvoir depuis des décennies dans les Alpes-Maritimes. On remarque que tous les candidats au départementales sont soit de Menton, soit de Roquebrune, aucun n'est d'un village. Est ce qu'il n'y pas une fracture entre ? Non il n'y a pas de fracture. On connaît bien les villages de la couronne mentonnaise, et nous y allons régulièrement. Menton et Roquebrune sont les deux plus grosses villes, il est logique que nous y consacrions plus de temps. Quel est votre ressenti par rapport au terrain, comment les électeurs perçoivent-ils cette élection ? Les gens ne veulent plus voir les mêmes têtes depuis des années. De plus en plus de déçus de l'UMP nous rejoignent souvent discrètement. Ils veulent mettre fin à ce système. En tant qu'élus d'opposition au Conseil municipal de Menton vous êtes très discret et vous votez souvent pour ou vous vous abstenez pour les délibérations municipales, mais vous ne votez pas contre ? Pourquoi ? Est ce le signe d'une proximité avec l'UMP local ? Nous ne voulons pas être dans l'opposition systématique, nous voulons jouer le rôle d'une opposition constructive. Après nous n'avons pas vraiment accès aux dossiers de la Ville par conséquent c'est difficile d'avoir un avis tranché dessus. Votre pronostic pour le scrutin ? L'abstention sera forte, autour de 50 %. Nous serons au deuxième tour. 59 ELECTIONS DEPARTEMENTALES ENTRETIEN AVEC MME POLLERI ET M CUCINELLI, CANDIDATS PCF-FG POUR LE CANTON DE MENTON, 19/03/2015 Comment voyez-vous la modification de la loi électorale ? Nous sommes très attachés à la conservation des départements, ils s'inscrivent dans un héritage historique napoléonien qui représente une réalité. Nous souhaitons donc le maintien des départements avec des moyens financiers suffisants afin d'assurer la pérennité de cette instance. En ce qui concerne le redécoupage territorial bien souvent il n'a pas de sens, on perd en proximité et ile ne correspond pas à une réalité par exemple le nouveau canton de Contes-L'Escarène regroupe cinq anciens cantons en coupant complètement les vallées. Idem pour certain quartier de Nice où le découpage n'est pas cohérent. Le canton de Menton est cependant épargné, on revient finalement au canton de Menton d'avant 1994 avec Castillon en plus. Ce redécoupage comme tout redécoupage favorise le gouvernement au pouvoir. Nous considérons cependant que la parité est une avancée. Comment avez-vous été investi ? A la base nous sommes tous deux adhérents au PCF, mais nous avons décidé de nous allier avec le FG comme nous le faisons depuis un moment. Commission d'investiture. En tant que conseiller général sortant, quel est votre bilan dans le canton ? Et celui du conseil général ? Nous jugeons le bilan des sortants comme contrasté. Le bilan local est plutôt bon et en particulier pour le social où Mme Giudicelli est vraiment très concerné par ce domaine. Cependant, sur le plan départemental certains choix budgétaires ne sont pas cohérents, les frais importants d'investissement ne sont pas forcément judicieux. Il faut arrêter avec le gaspillage avec par exemple des subventions pour la candidature des JO. Il faut faire un choix politique fort et ce concentrer sur les personnes âgées (maintien à leur domicile et maisons de retraite publics), l’insertion professionnelle des jeunes, la voirie, les collèges. Quels sont selon vous les enjeux du scrutin dans le canton ? Dans le département ? Comment se superposent-ils aux enjeux nationaux ? Nous sommes dans le même état d'esprit que pour les municipales. Le canton est fortement ancré à droite et ne bougera pas. Le département non plus. Nous voulons donc nous placer dans une perspective nationale, nous voulons faire changer la politique gouvernementale, nous voulons une véritable politique de gauche. Par la modification de la loi électorale, le PS veut limiter les dégâts et survalorise le FN pour brouiller les pistes et l'utiliser afin de limiter la débâcle. Comment s’est déroulée la campagne ? Nous n'avons pas beaucoup de moyens, par conséquent nous n'avons pas tenu de réunion publique. Nous avons assuré l'affichage sur les panneaux dédiés à cet effet, nous sommes allés à la rencontrer des personnes dans la rue et nous avons tracté. Nous sommes aussi allés dans les villages, même si nous nous concentrons sur Menton et Roquebrune. La campagne a été très courte (environ 3 semaines). Quels sont pour vous les points forts de votre programme ? Les points forts de notre programme sont la lutte contre l'austérité, le combat pour la création d'emplois et de logements sociaux qui manquent cruellement dans le canton et le département. Nous voulons des maisons de retraite publiques plus accessibles et moins chères, maintenir les personnes âgées le plus longtemps possible chez elles, apporter une aide plus forte à l'insertion professionnelle des jeunes. 60 On remarque que tous les candidats au départementales sont soit de Menton, soit de Roquebrune, aucun n'est d'un village. Est ce qu'il n'y pas une fracture entre ? En effet, nous sommes tous les quatre mentonnais car c'est à Menton, et dans une moindre mesure à Roquebrune, que nous avons notre force militante et notre permanence. Nous ne disposons pas d'assez de relais pour couvrir plus amplement les autres villes et villages du canton. Quel est votre ressenti par rapport au terrain, comment les électeurs perçoivent-ils cette élection ? On sent le poids du rejet du politique et de l'abstentionnisme. Il y a une désaffection de l'électorat en général. On constate peu d'engouement pour ces élections qui n'ont pas été valorisées par le gouvernement. Nous avons eu globalement un bon accueil au sens de la population mais beaucoup de refus de prendre nos tracts par exemple. On sent très clairement un ras-le-bol qui s'exprime soit par l'abstention soit par le vote FN. Les gens ne nous ont pas fait part de préoccupation particulière, c'est plus un rejet généralisé alimenté par les effets de la crise et les affaires qui touchent le milieu politique. On perçoit une prégnance du vote FN qui n'est pas un vote homogène. On peut distinguer un noyau d'extrême droite préoccupé par les thèmes de l'insécurité et de l'immigration, et un autre groupe porté sur les questions d'ordre économique. Ne regrettez vous pas que la gauche ne soit pas unie pour ce genre d'élection ? Dans le canton ? Aujourd'hui nous sommes clairement dans l'opposition face au PS qui conduit la même politique d'austérité que le gouvernement précédent. Dans certains cantons nous avons de très rares accords avec le PS pour contrer le FN. En qui concerne une alliance avec EELV les approches nationales varient fortement selon les leaders du parti c'est pour cela qu'un rapprochement global au niveau national est difficile, même si nous nous entendons avec eux dans de nombreux cantons. Nous regrettons que comme les municipales, EELV local ait préféré s'allier avec le PS. Manque de dynamique du PCF-FG comparé à Syriza en Grèce ? Le FG n'a pas réussi à créer la dynamique espérée, le mouvement marque le pas depuis l'élection présidentielle de 2012. Notre médiatisation reste assez faible, nous manquons de visibilité. De plus, nous devons faire face à une droitisation des idées. La désindustrialisation entraine la perte de syndicats qui étaient notre force. Ls luttes dans les pays marque le pas et nous n'arrivons plus à attirer la jeunesse qui préfère se tourner vers le FN. Pourquoi ? Comment expliquer vous la dynamique du vote FN ? La plupart des jeunes sont abstentionnistes car peu ou pas encore politisés. Le FN apparaît comme le mouvement qui correspond le mieux à la contestation lié à la jeunesse. Le FN se réapproprie également des symboles traditionnellement à gauche comme Jean Jaurès. Le FN s'inscrit aussi dans une tradition démagogique incarnée par de nouveaux tribuns qui apporte leur verve et leur intelligence comme Marine le Pen, Marion Maréchal-Le Pen, Philippot...Ces théoriciens savent très bien manier les formules autour des frontières et de la dénonciation ultra-libérale. Votre objectif et votre pronostic pour le scrutin ? On va essayer de dépasser les 5 % afin que nos frais de campagne soient remboursés. De manière général ce sera difficile pour la gauche ici, même à ses heures de gloire le bloc de gauche ne représentait que 35 à 40 % des voix dans les années 1980-90. L'abstention sera très forte. Le binôme UMP sera réélu au deuxième tour. 61 ELECTIONS DEPARTEMENTALES ENTRETIEN AVEC M. LEBORGNE ET MME. VAN DEN BOSSCHE, CANDIDATS PS POUR LE CANTON DE MENTON, 20/03/2015 Comment avez-vous été investi ? Nous nous présentons au titre du rassemblement démocratique, solidaire et laïc. Cela nous a permis d'obtenir l'investiture du Parti socialiste, du PRG, du MRC, du Front démocrate et d'EELV par le biais de commissions d'investiture. Nous regrettons qu'il n'y ait pas eu d'union de la gauche dès le premier tour. Plusieurs militants du Front de Gauche étaient pourtant favorables à cette union et nous ont fait part de leur incompréhension. Quels sont selon vous les enjeux du scrutin dans le canton ? Dans le département ? Comment se superposent-ils aux enjeux nationaux ? Le problème à Menton est le couple Guibal. Il y a aujourd'hui une très grande porosité entre les idées du Front national et leurs élus. Cela se traduit par des mots, des expressions, des petites phrases. Sur le plan des pratiques, les élus sont insultés, parfois privés de parole au conseil municipal. Mme Giudicelli a eu une réflexion très grave lors du débat sur le mariage pour tous. Elle a dit au Sénat que le mariage pour tous, c'était comme marier des animaux. Ce n'est pas acceptable. S'agissant de Cesari, il n'a jamais eu de candidat Front national en face de lui. Ce qui signifie que Cesari leur convient. L'incertitude porte donc sur le score que va faire le Front national à Roquebrune face à Cesari. Dans sa commune, M. Cesari a mis en place un système de vidéosurveillance pour un montant de 1 million d'euros. L'argent aurait pu être utilisé plus utilement. A l'heure actuelle, nous comptons sur le rejet du couple Guibal et sur les voix du centre de Novelli laissées orphelines. L'étiquette PS n'est-elle pas trop difficile à porter en ce moment ? En tant que militants socialistes nous assumons la politique menée par le gouvernement. Pour cette élection, nous nous présentons au nom du rassemblement démocratique et laïc. Nous avons souhaité insister sur la présence du mot laïcité par rapport au Front national. Nous tenons à afficher, revendiquer cette valeur. Le FN utilise le mot « laïcité » aujourd'hui comme « antimusulmans », et en fait un instrument contre cette religion. Le PS prend lui la laïcité au sens de 1905, comme soutien à toutes les religions. Il faut savoir qu'actuellement il n'y a pas de collège public à Roquebrune Cap Martin. Les parents qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas scolariser leur enfant dans le privé se tournent vers le collège Vento. Les classes à Vento sont surchargées. Il y a 35 élèves par classe, et 7 ou 8 classes par niveau. C'est un grave problème auquel le département doit remédier. Quels sont pour vous les points forts de votre programme ? Actuellement les élus, la démocratie élective est de plus en plus impopulaire. Une fois élus, les élus ne connaissent plus leurs électeurs. Nous nous engageons à tenir les administrés informés de l'avancement des travaux du conseil départemental par des réunions publiques Comment s’est déroulée la campagne ? 62 Nous avons fait des tractages et du boitage. Nous avons également rencontré les maires des villages sauf Saint-Agnès car nous n'avons pas eu de réponse du maire. C'est une surprise. Nous aurions voulu recueillir les préoccupations des habitants de Saint-Agnès. Ces villages sont enclavés. Ils ont besoin de route. A Gorbio, un grand manque de moyen se fait sentir. Quel est votre ressenti par rapport au terrain, comment les électeurs perçoivent-ils cette élection ? La plupart ne savaient pas qu'il y avait des élections. Ils sont étonnés qu'une jeune s'intéresse à la politique. Les gens manifestent surtout une envie de changement au Conseil général. L'accueil est très ouvert lors des rencontres. Il n'y a pas de rejet partisan, le tract étant l'occasion d'établir un contact. Les gens ne comprennent pas le rôle de ces élections. Le conseiller départemental n'est pas un élu local, il n'exerce pas directement de pouvoir exécutif. On ne leur explique pas. Vos adversaires reprochent au gouvernement d'entretenir le flou autour de l'avenir des Départements afin de faire monter l'abstention et de justifier leur suppression future. Qu'en est-il ? En réalité les gens ne savent pas qu'il était question de les supprimer. De plus, avant cette volonté, l'abstention était déjà très forte. Sur cette vote-face politique, il y a effectivement eu une incertitude due au fait que la suppression du département nécessite une modification préalable de la Constitution. La réforme actuellement discutée au Parlement prévoit la fin de la compétence générale pour éviter que les échelons administratifs ne soient en compétition sur les mêmes dossiers. Avec la réforme, le département conserve le social. Les routes ne seront plus dans les attributions du Conseil général, mais le social y reste. Comment voyez-vous la modification de la loi électorale ? A chaque fois, on accuse le parti au pouvoir de se favoriser par le découpage. La parité est l'aspect le plus important. Elle permet enfin que les femmes soient à égalité avec les hommes. Il est indispensable de passer par la loi pour imposer la parité, pour l'imposer dans les mœurs. Quel regard portez-vous sur le bilan des sortants ? Le bilan des sortants est catastrophique. Certaines promesses n'ont pas été tenues, comme la route de la Condamine, qui est proposée depuis 20 ans. La sociologie du canton est particulière avec un important segment de plus de 70 ans. On ne fait à l'heure actuelle pas grand chose pour les actifs, les jeunes. Rien non plus n'est fait pour le transport inter-urbain. Il n'y a pas de maison de retraite publique de réalisé. Nous défendons un Epad public. Il y a un manque de solidarité. L’abstention sera sans doute forte dans ce contexte, n’avez-vous pas peur d’une percée du FN dans le canton ? L'abstention sera forte. Les gens sont désabusés. C'est lié aussi au contexte national. 63 Comment analysez-vous le vote Front national dans le département ? Le vote FN est dû premièrement à la migration de la population pied-noir dans le département après l'indépendance de l'Algérie. Sur Roquebrune, ce n'est pas un FN de prolétaire, mais un FN de l'ancienne extrême-droite. Il y a enfin une dernière couche d'anciens électeurs de gauche frappés par la crise qui croit en un discours simplificateur. De nombreux jeunes votent aujourd'hui pour le Front national et les effectifs du parti se rajeunissent. Comment l'expliquez-vous ? Avant la crise d'adolescence se traduisait à l'extrême gauche. Aujourd'hui l'extrême droite incarne mieux la contestation que l'extrême gauche. Votre pronostic pour le scrutin ? Nous comptons être présent au second tour. 64