GÉRARD MORDILLAT - Page des libraires
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GÉRARD MORDILLAT xenia roman PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE5 (P01 ,NOIR) DU MÊME AUTEUR Vive la Sociale !, Mazarine, 1981 Les Cinq Parties du monde, Mazarine, 1984 ; Livre de Poche, 2012 Célébrités poldèves, Mazarine, 1984 Zartmo, Calmann-Lévy, 1984 (éd. hors commerce) ; Calmann-Lévy, 2004 Vive la Sociale ! revu et corrigé, Seuil, « Point virgule », 1987 À quoi pense Walter, Calmann-Lévy, 1987 ; Seuil, « Point virgule », 1988 L’Attraction universelle, Calmann-Lévy, 1990 ; Le Livre de Poche, 2007 Béthanie, Calmann-Lévy, 1996 ; Livre de Poche, 1998 Corpus Christi, enquête sur les Évangiles (en collaboration avec Jérôme Prieur), Mille et une nuits/Arte éditions, 1997 Le Retour du permissionnaire, La Pionnière, 1999 La Grande Jument noire – Les cheminots dans l’aventure du siècle, La Martinière, 2000 Jésus illustre et inconnu (en collaboration avec Jérôme Prieur), Desclée de Brouwer, 2000 Jésus contre Jésus (en collaboration avec Jérôme Prieur), Seuil, 1999 Vichy-Menthe, Éden, 2001 L’Ombre portée (dessins de Patrice Giorda), La main parle, 2002 Madame Gore (dessins de Bob Meyer), Éden, 2002 ; Grand Prix de l’humour noir Rue des Rigoles, Calmann-Lévy, 2002 ; Livre de Poche, 2004 Les Rudiments du monde (photographies de Georges Azenstarck), Éden, 2003 Yorick, Éden, 2003 Comment calmer M. Bracke, Calmann-Lévy, 2003 ; Livre de Poche, 2004 C’est mon tour, Éden, 2003 Jésus après Jésus, essai sur l’origine du christianisme (en collaboration avec Jérôme Prieur), Seuil, 2004 Les Vivants et les Morts, Calmann-Lévy, 2005, Grand Prix RTL-Lire 2005 ; Livre de Poche, 2006 Scandale et Folie, neuf récits du monde où nous sommes, Seuil, « Points », 2007 Jésus sans Jésus, la christianisation de l’Empire romain (en collaboration avec Jérôme Prieur), Seuil/Arte éditions, 2008 De la crucifixion considérée comme un accident du travail (en collaboration avec Jérôme Prieur), Demopolis, 2008 Notre part des ténèbres, Calmann-Lévy, 2008 ; Livre de Poche, 2009 Les Invisibles (photos de Joël Peyrou), L’Atelier, 2010 Rouge dans la brume, Calmann-Lévy, 2011 ; Livre de Poche, 2012 Le Linceul du vieux monde, Le Temps qu’il fait, 2011 Jésus le Naze, Colophon, 2012 PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE4 (P01 ,NOIR) Ouvrage publié avec le concours de Jean-Étienne Cohen-Séat © Calmann-Lévy, 2013 COUVERTURE Maquette : [email protected] Photographie : •••• ISBN 978-2-7021-5443-4 PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE6 (P01 ,NOIR) « Quand sera brisé l’infini servage des femmes… » Arthur RIMBAUD, Lettres du voyant. PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE7 (P01 ,NOIR) Dans les jours de l’année 2014… alors que la crise mondiale de la finance a réduit des millions d’hommes et de femmes au chômage, à la précarité, à la misère ; alors que les nationalismes, les intégrismes, les fascismes alimentent chaque jour la marée montante du crime et de la bêtise ; alors que les guerres civiles déchirent les pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique du Sud, que le MoyenOrient est à feu et à sang ; alors que l’Europe est au bord d’une insurrection générale ; alors que les États-Unis se replient sur leur bigoterie native et leur militarisme à tout va ; alors que l’illettrisme, la faim, l’épidémie, la peur chevauchent toutes les sociétés, tels les quatre cavaliers de l’Apocalypse, en France, sur le parking de la cité des Proverbes, dans la banlieue parisienne, une jeune femme claque la portière de sa voiture et se dirige, courant presque, vers l’entrée de la tour où elle habite, au septième étage, bâtiment C. Il faut que ça tombe le jour de ses vingt-trois ans ! 9 PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE9 (P01 ,NOIR) Mais, anniversaire ou pas, tous les jours elle doit se dépêcher comme si le monde entier était lancé à ses trousses. En rentrant, elle fera manger Ryan, le changera, le couchera avant de repartir dare dare pour tout briquer chez Cyclone après la réunion mensuelle des cadres commerciaux. Sa vie, c’est sa montre. Elle se souvient qu’à l’école, quand elle était petite, on leur lisait Alice au pays des merveilles. Il y avait un lapin blanc qui répétait sans cesse : « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Je vais être en retard ! » Rien que d’y penser, ça la fait ricaner. Si elle avait su ! Le lapin blanc, c’est elle. Sa vie est chronométrée en permanence. Jamais une minute pour vivre, toujours dans l’angoisse d’être à la bourre, de ne pas arriver à tout faire. Après plus de huit mois de chômage, elle a enfin trouvé un poste « d’agent d’entretien » à la POP (« Propre en Ordre Partout ») une petite société de nettoyage qui la paye en dessous du SMIC. Au mieux 700 euros par mois. Mais elle préfère ça au vide des jours sans rien. L’ascenseur est en panne depuis trois semaines. Tout en montant l’escalier quatre à quatre, Xenia calcule qu’en donnant à manger au petit, elle aura le temps d’avaler un yaourt et une banane avec du pain si cet abruti de Jipé a pensé à en acheter. Le matin, c’est vraiment la course : de 4 à 6, elle est au centre-ville pour faire les bureaux de L’Éternelle, une compagnie d’assurances ; puis le temps de sauter dans sa Twingo, elle file à l’institution Sainte-Cécile où, de 7 à 11 h 30, elle nettoie le réfectoire et installe la cantine. Quand elle peut, elle en profite pour grignoter quelque chose sur place avant de repartir en vitesse. D’ordinaire, elle ne reprend qu’à 18 heures dans les bureaux du Crédit Bancaire 10 PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE10 (P01 ,NOIR) pour finir, au mieux, vers 20 heures, 20 h 30. Mais, aujourd’hui – comme tous les mois ! – il y a cet extra chez Cyclone. C’est sa plaie, une vraie corvée qu’elle n’a pas les moyens de refuser : deux heures de boulot. D’ici là, chaque minute compte. — Jipé ? Pas de réponse. Xenia referme la porte et fonce dans la chambre, râlant contre ce taré qui doit encore traîner au lit avec ses magazines de cul. — Jipé ! Les draps et la couverture sont défaits mais il n’y a personne dans le lit. Elle pousse la porte de la salle de bains. Jipé serait en train de changer le petit ? Non, il ne faut pas rêver. La pièce est aussi vide que la chambre et le salon. Elle se met à crier comme s’ils logeaient dans un château de dix-huit pièces. — Jipé, merde ! Merde ! Où vous vous planquez ? Je n’ai pas le temps de jouer à ça ! Elle revient dans le salon, va jusqu’à la fenêtre, jette un coup d’œil derrière le bar qui marque la séparation avec la cuisine, personne, ni Jipé ni Ryan. Personne. Encore une fois, elle appelle en s’étranglant un peu. — Jipé ? Elle remarque alors que la lampe qu’elle tient de sa grand-mère, un ange en bronze, n’est plus sur le petit guéridon près de l’entrée. Un ange ? Son ange. Elle se précipite, ouvre d’un coup le tiroir du meuble au risque de tout renverser. Les 50 euros qu’elle gardait dans une enveloppe cachée au milieu d’un tas de fouillis ne sont plus là. Toutes ses économies… 11 PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE11 (P01 ,NOIR) Comme aspirée de l’intérieur par l’angoisse qui monte en elle, Xenia se fige sur place. Sans bouger les lèvres, elle bredouille dans un sanglot sec : — Mon bébé… Une pichenette la réduirait à rien, comme une statue de sel ou un château de cartes. Soudain, ce qui n’était qu’un bredouillement à peine audible se transforme en rugissement, un cri capable de faire tomber les murs de n’importe quel Jéricho. — Ryan ! Et, plus fort encore : — Ryan ! On frappe à la porte, bam ! bam ! bam ! — Xenia ! Xenia ! Il faut que Xenia entende encore une fois appeler son nom pour qu’elle revienne à la réalité ; qu’elle comprenne qu’on ouvre la porte et que quelqu’un entre. C’est Blandine, sa voisine. — Pas d’affolement, j’arrive… Elle tient Ryan dans ses bras. Xenia l’attire contre elle et le couvre de baisers. — Mon bébé ! Mon bébé ! — Il est tout propre et je l’ai fait manger… Tiens, vois comme il sent bon ! dit Blandine, embrassant elle aussi le petit. — Jipé pouvait pas le faire ? Blandine passe d’un pied sur l’autre, paralysée par une vision qui l’effraye. Elle transpire, elle frissonne, sa poitrine se soulève et s’abaisse avec effort. Ses yeux vont de Xenia à l’autre bout de la pièce, puis d’un coin à un autre comme si elle ne savait plus où arrêter son 12 PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE12 (P01 ,NOIR) regard. Elle se racle la gorge, tousse dans sa main, ouvre la bouche stupidement, la referme. Elle tente d’empêcher les mots de sortir mais ils se ruent sur ses lèvres, agiles et audacieux : — Jipé s’est tiré, avoue-t-elle en hochant la tête comme une marionnette de fête foraine. Il m’a laissé le gosse et sa clef en me disant : « Que Xenia ne me fasse pas chier, c’est class’, j’en ai plein le cul de garder le môme. Je me tire, ciao ! » Xenia la dévisage, les yeux vagues, flottant à la surface d’elle-même. Ce que vient de dire Blandine n’a aucun sens. Elle éprouve l’impression que l’on ressent lorsqu’un dentiste vous anesthésie avant de vous soigner une dent. Un goût de javel dans la bouche et la langue comme une chair morte, inutile. Elle est sonnée, livide, mais c’est indolore. — Il s’est tiré où ? — Il s’est tiré, répète Blandine, grimaçant, le visage douloureux. Il s’est tiré, c’est tout ce que je sais. Xenia se souvient de ses premières tristesses. Elles apparaissaient sans crier gare. C’était soudain, un torchon sale et humide qui tombait sur ses yeux, et un couteau qui s’enfonçait dans son ventre, là où ça fait mal. Aujourd’hui, c’est pareil. Tout semble subitement plongé dans un blanc total, très étrange, très confus. — Il m’a piqué 50 euros, constate-t-elle. Blandine la secoue, parlant fort. — T’es sûre que c’est tout ce qu’il a embarqué ? Il trimballait un gros sac… Xenia semble reprendre conscience, le halo de brume qui l’enserrait se dissipe. À nouveau, elle distingue 13 PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE13 (P01 ,NOIR) le canapé en cuir vert, le meuble bas qui supporte la télé, les trois chaises noires autour de la table d’un jaune clinique, la reproduction minable de L’Annonciation de Fra Angelico pendue au mur près de la fenêtre. — Il a dû prendre mon ange aussi… dit-elle après un long regard circulaire. Blandine s’inquiète, la voyant pâlir. — Ça va ? — Faudra bien… Xenia repasse Ryan à Blandine. — Prends-le moi une seconde, je dois manger quelque chose, sinon je tiendrai pas le coup. Elles vont jusqu’à la cuisine où l’œil de cyclope de la pendule fixée au-dessus de l’évier les menace de ses gros chiffres et de ses deux aiguilles. Mis à part quatre petits pots pour Ryan, il n’y a rien dans le frigo. — T’as que ça à bouffer ? constate Blandine, consternée. — Oui. De toute façon, j’ai plus faim. — Tu reprends quand ? — Je vais chez Cyclone. Un extra… — J’ai du poulet et des tomates à la maison, je vais te faire un sandwich. Xenia sort son grand paratonnerre contre les larmes. Ce n’est pas le moment de pleurer. Ce n’est pas la première fois qu’elle se fait larguer. Ce ne sera sans doute pas la dernière. Si Jipé n’avait pas été le père de Ryan, il aurait déjà fichu le camp depuis longtemps, elle en était sûre. Pourquoi est-il resté ? Pourquoi est-il parti ? Xenia ne veut pas le savoir. Elle n’y a jamais réfléchi, certaine que ça devrait s’arrêter un jour comme 14 PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE14 (P01 ,NOIR) ça avait commencé, sans signal d’alerte, sans manifestation particulière. Ce jour est arrivé, il aurait pu arriver plus tôt ou dans un an. Avec Jipé, c’est fini, réglé, classé. — C’est tout… murmure-t-elle. — Qu’est-ce que tu dis ? — Rien… Xenia est incapable de savoir si entre elle et Jipé il y avait eu de l’amour ou si c’était quelque chose d’autre qui les tenait. Une solidarité de naufragés, condamnés à rester ensemble, apeurés, enragés, prêts à tout et à n’importe quoi pour survivre. Si Jipé était mort, ce serait plus facile, pense-t-elle, je serais une veuve. Cette idée la réconforte un instant. C’est vrai, s’il était mort, elle pourrait le pleurer ou faire semblant, se montrer dans la cité avec un visage de deuil et chacun compatirait à son malheur, la respecterait. Aujourd’hui, personne ne l’aidera, ne fera rien pour elle, ne dira rien. Pire, on s’en moquera. Après tout, Xenia n’est qu’une conne qui s’est fait larguer par son mec comme ça arrive tous les jours dans le coin. Circulez, il n’y a rien à voir… Au prix d’un énorme effort, Xenia demande à Blandine : — Tu bosses cet après-midi ? — Pourquoi ? — Tu peux me garder le petit ? Blandine tient une des caisses de l’hyper sur l’avenue Gabriel-Péri. Un sale boulot à horaires « flexibles » qui la prend toute la semaine, certains dimanches et les jours fériés. 15 PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE15 (P01 ,NOIR) — Tu sais que ça me ferait vachement plaisir, ditelle avec tristesse, c’est mon toto, ma petite crotte, mais là vraiment je ne peux pas : on a une nocturne. Je reprends le collier à 16 heures jusqu’à 22. T’as pas quelqu’un qui peut… ? — Non… — La dame du quatrième, Mme Fitoussi, elle en garde. — Avec quoi je la paye ? demande Xenia. Si je la paye, je ne peux plus payer le reste, déjà que… Clefs Jipé a vidé l’armoire. Toutes ses affaires, même le linge sale. Il a embarqué aussi l’autoradio, les CD qu’ils écoutaient le soir au lit et sa collection de filles sur papier glacé, comme s’il voulait effacer toutes ses traces derrière lui. Faire place nette. Xenia s’assoit sur le bord du matelas, étourdie, nauséeuse, dans le cercle de la faim qui vient, qui s’en va. Le temps s’est arrêté, pourtant il lui semble voir clignoter les secondes du radio-réveil en forme de fleur qu’elle traîne avec elle depuis des lustres. Mais il n’y a plus de radio-réveil, Jipé l’a pris aussi. Elle, toujours si pressée, se sent soudain hors du temps, hors du monde. L’idée que Jipé a dérobé ses minutes, ses heures lui arrache un petit gloussement amer. Son ange s’est envolé aussi. Elle n’a plus rien à garder ni personne pour la garder. Son menton tombe sur sa poitrine et ses yeux se ferment, le choc, la fatigue… 16 PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H3--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE16 (P01 ,NOIR) Photocomposition Facompo Achevé d’imprimer en décembre 2013 par CPI Bussière pour le compte des éditions Calmann-Lévy 31, rue de Fleurus 75006 Paris PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H4--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE381 (P01 ,NOIR) Nº d’éditeur : 5132659/01 Nº d’imprimeur : xxx Dépôt légal : janvier 2013 Imprimé en France PSW32-INSERT GRAPHIQUES-C5.04.03-P5.04.00-2/10/2013 16H4--L:/TRAVAUX/TEXTES/CALMANN/XENIA/TEXTE.136-PAGE382 (P01 ,NOIR)