Formulation de matériaux argileux stabilisés pour la fabrication de

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Formulation de matériaux argileux stabilisés pour la fabrication de
Formulation
de
matériaux
argileux
stabilisés pour la fabrication de blocs
constructifs extrudés
Hamid Khelifi — Arnaud Perrot — Thibaut Lecompte— Gilles
Ausias
Laboratoire d’Ingénierie des MATériaux de Bretagne, (LIMatB), Université de
Bretagne Sud – Université Européenne de Bretagne, Centre de Recherche
Rue de Saint-Maudé - BP 92116, 56321 Lorient, Cedex, France
[email protected] ; [email protected]
[email protected] ; [email protected]
RÉSUMÉ. . Dans cette étude, nous présentons l'évaluation des performances de plusieurs
mélanges ternaires de ciment, de sable et de kaolin. Le but est de valoriser par extrusion et
stabilisation au ciment des matériaux locaux et de fournir des informations sur leurs
caractéristiques mécaniques et leurs stabilités dimensionnelles. La quantité d'eau permettant
de remplir les critères rhéologiques d'extrudabilité des matériaux cimentaires et les
résistances mécaniques des éprouvettes immergées ont été étudiées. A l'instar des bétons, une
relation, dérivée de la méthode de Féret, liant la formulation à la résistance à la
compression a été établie, en considérant le kaolin comme un granulat à forte demande en
eau. Des formulations mariant des impératifs environnementaux et des caractéristiques
mécaniques intéressantes peuvent être proposées.
ABSTRACT. In this work, we study the evaluation of the properties of ternary mixes of
cement, sand and kaolin. The aim is here to develop extrudable and cement-stabilized raw
soil by providing a data bank on their mechanical properties and dimensional stability. The
water demand required to give a rheology allowing extrusion is firstly determined. Then,
mechanical strength at hardened state are measured. Such as concrete, the Feret relationship
is shown to be able to predict the compressive strength assuming that kaolin acts as a high
water demand aggregate. Eco friendly mix designs are then given and shown interesting
mechanical properties.
MOTS-CLÉS :
extrusion, ciment, kaolin, sols stabilisés.
KEY WORDS:
extrusion, cement, kaolin, stabilized soils.
XXXe Rencontres AUGC-IBPSA Chambéry, Savoie, 6 au 8 juin 2012
1.
2
Introduction
La valorisation de produits locaux et de déchets inexploités devient aujourd’hui
une nécessité. Dans le domaine de la construction, l’utilisation de la terre comme
matière première était il y a encore un siècle largement répandue. Le terme terre fait
ici référence au sol plus au moins argileux qui est largement présent à la surface du
globe et constitue le matériau local par excellence. Cette matière première, la terre,
n’a pas de composition standard. Par conséquent, chaque type de sol nécessite un
traitement spécifique afin d’obtenir un matériau répondant à tous les critères
d'utilisation dans une construction. La « qualité » d'un sol dépend, d'une part, de la
nature minéralogique des particules qui constituent le squelette du sol et, d'autre part,
de son état (porosité, teneur en eau). Les matériaux argileux, très présents dans la
composition des sols, sont très réactifs à l’eau d’où la nécessité d’un traitement pour
améliorer leur résistance et réduire leur sensibilité à l’eau et leur variation
volumique. La stabilisation à froid des matériaux argileux par du ciment mis en
forme par extrusion est un procédé promoteur permettrait de valoriser ces produits
locaux et de réduire le coût et l’énergie de production. Sous certaines conditions, il
est possible, en utilisant ce procédé, de fabriquer des matériaux de construction de
qualités comparables à celles des briques de terre cuite [MOL 89, TEM 93]. Dans ce
cas, les caractéristiques minéralogiques de l’argile sont primordiales vis-à-vis des
propriétés du produit final ; le kaolin est le plus apte à être valorisé dans cette voie
[BEN 97, TEM 98]. Pour se rapprocher du cas d’un sol, des mélanges de ciment, de
kaolin et de sable sont étudiés. L’ensemble sable + kaolin peut être considéré comme
un matériau naturel modèle traduisant le cas d’un matériau naturel "sol". L’objectif
est d’étudier la valorisation de sol riche en kaolinite dans l’industrie du bâtiment.
Après la présentation des matériaux utilisés et du protocole expérimental, la quantité
d'eau permettant de formuler le matériau répondant aux critères d'extrudabilité
établis par Toutou [TOU 05] est déterminée sur l'ensemble des mélanges ternaires
choisis. Ensuite, les résistances mécaniques (résistance à la compression et à la
flexion) sont mesurées afin de distinguer les formulations développant des
résistances adéquates. La variation dimensionnelle et la sensibilité vis-à-vis de l'eau,
principaux phénomènes entravant l'utilisation des matériaux argileux, sont étudiées.
Finalement, au vu des données recueillies, certaines formulations sont sélectionnées
pour une éventuelle utilisation comme matériaux de construction.
2.
Matériaux
Le ciment utilisé est le CEM I 52,5 N PM ES, il présente une masse volumique
de 3150 kg/m3 et une surface spécifique de 3390 cm2/g. Le kaolin provient de la
carrière "IMERYS" situé à Ploemeur (56). Elle présente une masse volumique de
2260 kg/m3. Le kaolin présente des grains d'une taille comprise entre 5 et 50 µm. Le
sable utilisé est un sable de Loire 0/2, sable roulé dont la masse volumique est de
2600 kg/m3 et le coefficient d'absorption d'eau est de 2%. Un superplastifiant
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(HRWRA) de nouvelle génération à base de polycarboxylate modifié est utilisé. Le
dosage en superplastifiant est fixé à 1,5 % (PL/C=1,5 %).
Les combinaisons étudiées se composent d’un mélange ternaire de ciment, de
sable et de kaolin (noté C, S, et K respectivement pour le ciment, le sable et le
kaolin). Les proportions des constituants sont exprimées en pourcentage massique
par rapport à la masse solide (ciment + sable + kaolin). Le comportement des tels
matériaux est régi, à l’état frais, par le caractère rhéologique plastique de la matrice
(interaction entre le ciment et le kaolin). À l’état durci, il est dicté par l'hydratation
du ciment. Les combinaisons suivantes sont intentionnellement écartées :
-
Combinaisons à forte fraction massique de sable (> 60%). Ces combinaisons
se caractérisent par une faible cohésion et ne remplissent pas les critères
d'extrudabilité.
-
Combinaisons à importante fraction massique de kaolin (> 80%). Ces
combinaisons présentent des caractéristiques mécaniques très médiocres
(faible résistance) et des fortes variations dimensionnelles.
-
Combinaisons principalement constituées de ciment (> 60%), ces
formulations ne sont pas pertinentes du point de vue économique.
L’objectif n’est pas de tester toutes les combinaisons possibles mais d’en choisir
certaines (en tout 21) fournissant une vision globale permettant la prédiction, d’une
manière quantitative, des performances d’un mélange en fonction de ses constituants.
3.
Ajustement de la teneur en eau pour obtenir un mélange extrudable
L’objectif de cette première partie consiste à ajuster la quantité d'eau permettant
l'obtention, à la fin du malaxage, de matériaux répondant aux critères rhéologiques
d'extrudabilité. La quantité d’eau ajoutée est incrémentée, à partir d’un mélange
ternaire sec, jusqu’à ce que ces critères soient remplis. Un matériau extrudable doit
être simultanément assez souple pour qu'il puisse s’écouler et assez ferme afin
d'assurer une bonne tenue de forme à sa sortie de la filière, permettant ainsi sa
manutention sans qu'il soit endommagé. Ces deux conditions, dans le cas des
matériaux cimentaires, sont satisfaites par un seuil d'écoulement de 20 kPa [TOU
05]. À la fin du malaxage, le seuil de cisaillement est mesuré au moyen d’un
rhéomètre RheolabQC (Anton Paar). Le matériau est placé dans un récipient
parallélépipédique et subit un test scissométriques qui permet d'obtenir le seuil de
cisaillement en suivant le protocole dit de « stress growth » [MAH 08] à un taux de
cisaillement imposé 0,001s-1. La teneur en eau permettant d’obtenir un seuil
d'écoulement de 20 kPa varie en fonction de la combinaison testée. La comparaison
des résultats avec et sans plastifiant montre que l’adjuvant est efficace sur le ciment
même en présence de kaolin. Ce résultat est en accord avec la littérature [LOG 09,
PAP 02, ZAM 01]. La teneur en eau permettant d’obtenir un seuil d'écoulement de
20 kPa sur du kaolin pur sans adjuvant est wk=0,42. Pour la pâte de ciment avec
adjuvant, la teneur en eau est wc=0,21. Il est à noter que, puisque le superplastifiant
ajouté est calculé seulement par rapport la masse du ciment, la teneur en eau n'a pas
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4
été déterminée sur le kaolin pur avec adjuvant et que, suivant le protocole défini
précédemment, on n'a pas pu formuler une pâte de ciment sans adjuvant de 20 kPa
de seuil d'écoulement. Notre hypothèse a été que la quantité d’eau à ajouter à la pâte
(moins l’eau absorbée par le sable) est la moyenne pondérée par les fractions
massiques des quantités d’eau à ajouter pour obtenir un seuil de 20 kPa pour du
ciment et du kaolin pur. Donc dans ce cas, la teneur en eau, pour un seuil
d'écoulement de 20 kPa, pourrait être exprimée comme suit :
W=wc C+ws S+wk K
[1]
W-wcC-wsS
Où wc et wk sont les teneurs en eau respectives permettant d'obtenir un seuil
d'écoulement de 20 kPa pour le ciment et le kaolin, ws est le coefficient d'absorption
d'eau du sable et C, S et K sont les fractions massiques respectives de ciment, de
sable et de kaolin. Cette hypothèse est confirmée par la figure 1 qui représente
l'évolution de "W-wc C-ws S" en fonction de la fraction massique de kaolin des
formulations avec et sans adjuvant. Les résultats forment une ligne quasi droite
passant par l'origine, et à laquelle la méthode des moindres carrés attribue une pente
de 0,42 (R²=0,98), ce qui est en parfaite corrélation avec l’équation précédemment
proposée. Pour les formulations sans adjuvant, comme il a déjà été noté, la valeur de
wc n'a pas pu être déterminée expérimentalement. Cependant, ce paramètre peut être
déterminé par extrapolation. Le meilleur ajustement des données expérimentales
fournit un paramètre wc= 0,26 (R²=0.97).
K
Figure 1. Teneur en eau des formulations avec adjuvant (wc=0,21; ws=0,02) et
sans (wc=0,26; ws=0,02) adjuvant assurant un seuil d'écoulement de 20 kPa en
fonction de la fraction massique de kaolin.
4.
Résistance mécanique
La résistance mécanique est mesurée, à 28 jours, sur des éprouvettes
prismatiques 4x4x16 cm3 conservées dans un bain thermique à 20 C° (norme EN
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5
216-1). Les pâtes, relativement fermes, sont compactées dans les moules en quatre
couches. Chacune des couches reçoit 60 coups d’un pilon de section 4x4 cm2.
4.1. Résistance à la compression (résultats expérimentaux)
La résistance à la compression notée fc28 est mesurée pour les formulations avec
et sans adjuvant. La résistance mécanique des matériaux cimentaires est acquise
grâce à l’hydratation du ciment. De ce fait, la résistance à la compression diminue
avec le rapport massique E/C. De ce fait les formulations adjuvantées, de moindre
teneur en eau, présentent de meilleures résistances (+ 5 à 20%). La figure 2 présente
les résistances à la compression des formulations testées. Malgré l’utilisation de
kaolin, l'allure de la courbe de résistance à la compression en fonction du rapport eau
/ciment (E/C) est typique d'un mortier ou béton classique. Dans ces conditions de
conservation (bain thermique à 20±1°C), le kaolin agit comme un granulat de forte
demande en eau et n'interagit pas avec le ciment. Des modèles prédictifs classiques
peuvent être testés pour prédire la résistance à la compression comme la relation de
Bolomey ou la méthode de Féret [VAL 69]. Le modèle de Féret utilisé dans notre
étude, prédit la résistance à la compression à 28 jours en fonction du rapport E/C et
se présente, en négligeant l’air occlus, sous la forme suivante :
2
[2]
fc28 (MPa)


1
f c 28 = K F .σ C 28 

 (1 + W / C)(ρ c / ρ w ) 
E/C
Figure 2. Evolution de la résistance à la compression à 28 jours en fonction de
E/C. Comparaison entre le modèle de Féret et les résultats expérimentaux.
kf est un coefficient dépendant de la qualité des granulats, σc28 est la résistance
normale du ciment à 28 jours et ρc et ρe sont les masses volumiques respectives du
ciment et de l'eau. Le meilleur ajustement est obtenu avec le modèle de Féret pour un
coefficient de granulat kf = 5,312, correspondant à un granulat de bonne qualité. La
figure 2 présente l'ensemble des résultats expérimentaux (avec et sans adjuvant) et la
courbe du modèle de Féret obtenue par la méthode des moindre carrée sur tous les
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points (R2=0,975). Ainsi, le mélange de sable et de kaolin peut être considéré
comme un granulat équivalent. Le rapport des fractions massiques sable/kaolin est le
principal facteur régissant la quantité d'eau nécessaire à assurer une rhéologie
adéquate et, par conséquent, la résistance à la compression. En combinant l'équation
1 et 2, on peut établir une relation prédictive de la résistance à la compression des
mortiers à forte fraction de kaolin.
f c28




1

= K F .σ C28 

S
K  ρc 
1
w
w
w
+
+
+


c
s
k

C
C  ρ w 

2
[3]
4.2. Résistance à la flexion
ft28 (MPa)
Conformément aux prescriptions de la norme EN 216-1, la résistance à la flexion
à 28 jours est déterminée par flexion trois points sur des éprouvettes prismatiques
4x4x16 cm 3 conservées dans un bain thermique à 20 C°. La figure 3 montre que la
résistance à la flexion est directement liée au rapport E/C et s'étend de 1,5 MPa à 21
MPa. L'évolution est similaire à celle de la résistance à la compression. Le rapport
des résistances à la flexion sur les résistances à la compression s'échelonne
linéairement entre 0,2 pour mortiers et la pâte de ciment (sans kaolin) et 0,8,
correspondant aux formulations à forte fraction de kaolin (80 %). Les rapports de
résistances flexion/compression des mortiers sans kaolin sont proches de celui prédit
par l’Eurocode 2 et ceux de bétons obtenus dans des récents travaux [ACH 08]. La
structure feuilletée du kaolin explique sa plasticité et sa capacité, relativement à sa
résistance à la compression, de développer une bonne résistance à la traction ou à la
flexion [VAS 95] [AL 99].
E/C
Figure 3. Evolution de la résistance à la flexion de l'ensemble des formulations
testées en fonction de E/C.
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5.
7
Retrait de séchage (variation dimensionnelle)
Retrait (%)
Le retrait est évalué jusqu'à la stabilisation, conformément aux prescriptions de la
norme (NF P 15-433), sur des éprouvettes prismatiques 4 x 4 x16 cm 3, munies à
leurs deux extrémités des plots, conservées, après démoulage, dans une chambre
climatique sous une température de 20° ± 1°C et une humidité relative de 50± 5%.
La figure 4 montre l'évolution du retrait à la stabilisation en fonction de la fraction
volumique de kaolin. Le retrait à la stabilisation, dans la gamme de notre étude,
évolue linéairement avec la fraction volumique de kaolin. Cette augmentation
s'explique par la forte demande en eau du kaolin et ses répercussions durant le
séchage. Les valeurs de retrait s'étendent de 0,2 %, correspondant aux formulations
ne contenant pas de kaolin, à 0,75 % pour les formations à forte fraction de kaolin.
Des résultats qui sont en parfaite corrélation avec d'autres travaux, tout en demeurant
inférieures au retrait du kaolin pur [ARO 06, BAH 04, WAL 95]. Le retrait mesuré
reste proche de celui des matériaux cimentaires conventionnels et ne prohibe pas
vraiment l’emploi des formulations comme matériaux de construction.
Fraction volumique de kaolin
Figure 4. Evolution du retrait du séchage à la stabilisation de l'ensemble des
formulations testées en fonction de la fraction volumique de kaolin.
6.
Sensibilité à l’eau
Les briques d'argile stabilisées par du ciment sont très réactives à l'eau. Plusieurs
études ont montré que ces matériaux, à l'état durci, étaient très affectés par leur
teneur d'humidité. Par conséquent, la résistance à la compression dépend de leur
mode de conservation. Pour des éprouvettes conservées à l'air, l’évaporation de l’eau
contenue dans la matrice argileuse crée un effet de succion qui a tendance à
précontraindre la matrice granulaire et à augmenter la cohésion des grains et des
hydrates [DEX 88, IBR 05, PAN 96]. Au contraire, l'immersion des éprouvettes dans
l'eau provoque un développement de la pression interstitielle et la dissolution
d'hydrates liés au kaolin dans les matériaux stabilisés, induisant une diminution des
résistances mécaniques [ARO 06, BAH 04]. Les éprouvettes conservées à l'air
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8
fc28 (air)/fc28 (eau)
présentent donc de meilleures résistances à la compression et à la flexion que celles
immergées dans l'eau. Le rapport des résistances à la compression des éprouvettes
conservées à l'air à celles des éprouvettes immergées augmente avec la fraction
volumique de kaolin [DEX 88]. La perte de résistance mécanique par immersion est
presque complètement récupérée après le séchage [DEX 88]. Ceci est confirmé par
les tests mécaniques réalisés pour la présente étude, sur des éprouvettes conservées
dans deux environnements différents (Figure 5). Le rapport des résistances des
éprouvettes conservées à l'air à celles conservées immergées s'échelonne entre 1 et 3,
dépendant du rapport de la fraction kaolin/ciment. On note que la durée d'immersion,
entre 7 et 28 jours, n'a pas eu d'influence sur la résistance à la compression. Le
rapport de résistance tend vers 1 lorsque la fraction volumique de ciment est
supérieure à celle de kaolin. Pour de telles formulations, l'immersion n'a quasiment
aucun effet et le comportement est similaire à celui d'un mortier ou d'un béton
classique. Le rapport des résistances des éprouvettes conservées à l'air par rapport à
celles immergées augmente avec le rapport K/C. Ceci conduit à la conclusion que, si
les réseaux d’hydratation du ciment n’a pas atteint la percolation, l'immersion dans
l'eau a une influence très néfaste sur l'argile stabilisée par du ciment.
K/C
Figure 5. Rapport de la résistance à la compression des éprouvettes conservées
à l'air à celles conservées immergées de l'ensemble des formulations testées en
fonction du rapport des fractions massiques "kaolin/ciment".
Dans le but d'éviter l'effet néfaste de l'immersion sur les bloques d'argile
stabilisées par du ciment, deux stratégies peuvent être adoptées. La première
consiste, afin de s'affranchir de la perte de résistance, à ne prendre en considération
que les résistances mécaniques obtenues sur des matériaux immergées dans l'eau
[WAL 95]. La deuxième stratégie consiste à protéger les surfaces de ces matériaux
pour empêcher toute exposition à l'eau [BAH 04]. La deuxième solution nous
permettra d'opter pour la formulation à 10, 60 et 30 % de fraction massique
respectives de ciment, de sable et de kaolin, dont le dosage en ciment est équivalent
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à celui des blocs constructifs de type parpaing. Elle présente une résistance à la
compression de 8 et 17 MPa respectivement après immersion et après séchage à l'air.
7.
Conclusion
L’étude de l’influence des différents constituants a permis d’aboutir à des
combinaisons optimales susceptibles d’être utilisés pour la fabrication de matériaux
de construction alternatifs. Un modèle a été proposé pour prédire la résistance à la
compression des mortiers à forte fraction argileuse en fonction de la teneur en eau
satisfaisant les critères rhéologiques d'extrusion de kaolin (argile), du coefficient
d'absorption du sable, la résistance caractéristique du ciment et la fraction massique
de kaolin et ciment. Les formulations développées, permettant de respecter des
impératifs environnementaux et en particulier l’utilisation d’une part importante de
matériaux argileux (matériaux locaux), manifestent des caractéristiques mécaniques
intéressantes en terme de résistances mécaniques. Toutefois, les variations
dimensionnelles et la sensibilité à l’eau, qui sont imputables à l'affinité à l’eau de
l'argile, restent des paramètres à améliorer.
8.
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