N°1062 - LeJSD

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N°1062 - LeJSD
N°1062 1,00 €
Du 25 novembre au 1er décembre 2015
Des attentats au Stade de France à la traque des terroristes…
Douze pages de reportages et d’images au cœur de notre ville meurtrie. p. 2 à 13
Yann MaMbert
2 chocs
en 6 jours
2
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
2 CHOCS EN 6 JOURS
Les évacués du 48 de la Rép’
« Si on part à l’hôtel,
on nous oubliera à l’hôtel »
Sur les tapis de sol installés au
centre du gymnase Maurice-Baquet, des jouets ont été éparpillés
par les enfants. Un camion a les
faveurs d’un petit bonhomme de
6 ans, mais il fait aussi l’admiration de plus petits. « Ils veulent
mon camion », assure le garçon,
en repoussant une fillette de 1 an
qui proteste à en perdre sa tétine.
Quel réconfort dans le chaos ambiant que ces enfantillages, que
ces mômes qui se courent après
en criant un peu fort ou qui profitent de la présence de paniers
pour se faire un basket sans prêter attention aux gobelets de café
qu’ils vont finir par renverser. Ils
ont les traits tirés, le teint blafard,
les yeux rougis. Cette nuit, la première, il y a eu beaucoup de cauchemars, de sanglots et de cris.
Au lendemain de l’opération des
plus guerrières qui s’est abattue
sur leur immeuble, la plupart des
rescapés du 48, rue de la République sont dévastés. Au fond du
gymnase, transformé en coin
dortoir, certains sont prostrés sur
leur lit de camp, calfeutrés sous
une couverture de survie.
Un homme de 46 ans est assis,
le dos voûté, le regard vide. C’est
le père du petit garçon. «Qu’est-ce
qu’ils ont pleuré, lui et ses frères. »
Ils ont 3, 6 et 13 ans et il a cru ne jamais pouvoir les consoler, que les
tremblements du plus jeune ne
cesseraient jamais. Sa famille,
comme les autres, a vécu l’assaut
de l’intérieur. « On a été réveillé
vers 4 h, il y avait des tirs, des explosions. Ça a duré jusqu’à 7 h 30.
On était tous allongés par terre, on
a cru mourir. » Et à ses dires, « ça
fait très mal au ventre». Quand les
hommes du Raid ont fini par venir les chercher à 10 h 45, il leur a
crié de faire attention, qu’il y avait
des enfants. Mais ils ont défoncé
la porte, pointant leurs armes sur
ses fils, obligeant même les petits
à soulever leurs vêtements et à
ouvrir la bouche. «Les enfants ont
eu encore plus peur, ils n’ont pas
compris… Ce n’est pas une façon
d’évacuer les gens », se désole cet
homme qui aurait aimé que
quelqu’un s’excuse pour cette
brutalité.
« J’ai cru qu’on allait
éclater »
Chez chacun de ces habitants,
le traumatisme est flagrant, mais
comment pourrait-il en être autrement ? « On n’est pas des survivants, on est des morts-vivants »,
bafouille une femme. Elle est
épuisée. «Je ne peux pas fermer les
yeux. J’ai peur de dormir, du
moindre bruit. J’étais couchée par
terre avec mes enfants. À chaque
seconde, j’ai cru qu’on allait écla-
ter. » Elle fond en larmes. On s’en
veut de l’avoir fait pleurer. « C’est
pas vous… Je préfère parler. » Car
dans sa tête, le silence fait un boucan d’enfer. « Dès que je suis seule,
je revois tout, j’entends tout, c’est
horrible, je souffre à en devenir
folle.» Non loin d’elle, une femme
s’inquiète, elle attend des nouvelles de ses proches. Son téléphone n’a plus de batterie et, bien
sûr, elle n’a pas son chargeur.
Tous ont dû quitter précipitamment leur logement, sans
change, sans aucun papier ni médicament, certains au milieu des
tirs, d’autres juste après ou dans
les heures qui ont suivi l’assaut. Et
peu sont ceux qui envisagent de
retourner sur place, ne serait-ce
que pour récupérer leurs affaires.
« Le 48, pour nous tous, c’est fini,
jure une maman de trois enfants.
On n’y retournera plus jamais. On
n’a même pas les mots pour raconter ce qu’il s’est passé. Personne ne
peut sentir cette douleur, à part
nous. » Aussi grande soit leur détresse, elle est d’abord passée inaperçue dans la couverture mé-
Ici, « l’état d’urgence,
c’est l’absence d’État »
Bras de fer. La Ville
demande à l’État de
reloger les rescapés
de l’assaut.
« L’État nous laisse carrément
tomber. » Le verdict sans appel
sort de la bouche d’une des habitantes du 48 rue de la République,
mise à l’abri par la Ville dans le
gymnase Maurice-Baquet,
comme 70 autres personnes.
Lundi 23 novembre à 15 h 30, elle
fait face aux journalistes avec
d’autres compagnes d’infortune
et des parentes d’élèves de l’école
Jules-Guesde solidaires. La
conférence de presse a été convoquée à la hâte par la municipalité.
Didier Paillard et Stéphane Peu
expliquent la situation. « L’État a
décrété l’état d’urgence mais localement on constate l’absence
d’État », résume l’adjoint au
maire à l’urbanisme et président
de Plaine Commune Habitat. Le
maire présente en préambule
deux revendications communes
aux locataires évacués et à la municipalité : un relogement pérenne par l’État, dans de brefs délais, et le statut de victimes du terrorisme pour celles et ceux qui
ont vécu sept heures d’effroi lors
de l’assaut des hommes du Raid
et de la BRI. Cette conférence de
presse ponctue une fin de se-
maine et un week-end tendus entre la municipalité et les représentants de l’État.
Dimanche, dans son bureau
qui accueille une énième réunion de crise, Didier Paillard n’en
revient pas de l’attitude de la préfecture en ces temps douloureux : « Soixante-dix personnes
choquées, soixante-dix victimes
collatérales des terroristes sont regroupées dans un gymnase et
n’ont reçu la visite d’aucun membre du gouvernement, n’ont pas
vu le préfet.Il n’est pas possible que
celles et ceux qui étaient au plus
près du choc soient traités ainsi. »
Autour de la table, on compare
avec les inondations dans le Var
« où la moitié du gouvernement a
fait le déplacement ». L’adjoint au
maire Stéphane Privé ne dit pas
autre chose quand on le rencontre un peu plus tard : « François
Hollande est allé au Bataclan,
mais pas à Saint-Denis. » L’élu y
voit « une forme de mépris ».
Manuel Valls
s’engage…
Dans une mairie où l’ambiance n’a rien de dominicale, les
oreilles des représentants de
l’État dans le département sifflent. « Quand il y a eu l’incendie
dramatique au 39 Péri, le préfet
Lambert campait là », se sou-
vient-on. Pour inverser la pente,
Didier Paillard envoie le 20 novembre un courrier en forme
d’appel au secours à Manuel
Valls. « Devant l’état des bâtiments du 48 rue de la République,
suite à l’intervention policière,
écrit le maire, la Ville a immédiatement pris un arrêté interdisant
l’accès à l’immeuble pour des raisons de sécurité et mis à l’abri les
familles dans un gymnase municipal. […] Au vu de l’urgence de la
situation et de l’état de fragilité
des personnes, une prise en
charge immédiate par l’État de
l’hébergement et du relogement
des familles est indispensable. »
Or « à ce stade, aucune proposition ne nous a été faite », constate
l’édile. Le ton diplomatique de
cette dernière phrase édulcore
l’exaspération ressentie : selon la
mairie, l’autorité préfectorale a
d’abord expliqué aux élus qu’ils
devaient se débrouiller. Manuel
Valls réagit au courrier dans les
heures qui suivent. Il appelle le
maire et « s’engage à mobiliser les
services de l’État pour héberger et
reloger les familles », explique M.
Paillard.
Dimanche soir, fort de cette
intervention, les élus locaux sont
optimistes pour la réunion du
lundi matin en préfecture. Ils ne
le restent pas longtemps. La proposition du préfet à l’égalité des
chances Didier Leschi se résume
à « un hébergement pérenne en résidence hôtelière à Saint-Denis »,
puis « un diagnostic social » effectué par la Ville et « un point sur les
démarches engagées pour aboutir
à un relogement définitif »…
M. Leschi explique à des traumatisés qui, pour certains, sont prêts
à loger dans d’autres départements, qu’il « n’y a malheureusement pas de possibilité d’accès direct et immédiate dans un logement ». Mieux encore, il dit aux
personnes évacuées lors d’un
passage au gymnase tardif que
certaines pourraient peut-être
regagner ce bâtiment, pourtant
notoirement identifié insalubre,
où elles ont vécu l’horreur…
« Quand le gouvernement dit
vouloir lutter contre l’apartheid
urbain, on ne peut qu’être d’accord. Mais il faut des actes pas des
discours pour les trois missions
régaliennes de l’État : la justice,
l’éducation et la police », expliquait M. Peu en marge de la
conférence de presse. Les propositions préfectorales montrent qu’il y a du travail en la matière. Didier Paillard aura tout
loisir d’aborder le sujet avec le
Premier ministre s’il répond favorablement à la demande de
rendez-vous en urgence qui lui
est adressée. Dominique Sanchez
Vu, lu
et entendu
Sans-papiers blessé,
la France veut l’expulser
Encore une belle leçon
d’humanité. Ahmed, un
Égyptien de 63 ans Sans-papiers,
qui logeait sur le même pallier
que les terroristes, a été blessé
par les hommes du Raid qui l’ont
visé par erreur durant l’assaut.
Plutôt que des excuses, ce
peintre en bâtiment qui vit
depuis neuf ans sur le sol
français a reçu son avis d’expulsion du territoire sur son lit
d’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.
diatique de l’événement qui a fait
la part belle à leur témoignage,
pour ce qu’il avait de sensationnel. La presse a aussi parlé d’eux
comme de squatteurs, et de leur
immeuble comme d’un repère
de toxicomanes et de prostitués,
sans donner à voir la réalité de
ces gens, qui, bien que mal-logés et en proie à la précarité,
sont des Dionysiens comme les
autres, qui locataire, qui propriétaire occupant.
Quand on les retrouve le lendemain vendredi dans leur hébergement de fortune, on les découvre en proie à une nouvelle
descente aux enfers. Au soir de ce
troisième jour, ils ont pris
conscience de n’être que d’insignifiantes victimes collatérales
que la société s’est empressée
d’oublier. Comme ils ont pris
conscience aussi de l’indifférence et du mépris de l’État à
l’égard de leur situation. « Tout le
monde s’en fout de nous. On a
perdu nos logements, on a vécu
l’enfer et aujourd’hui on est à la
rue avec nos enfants », fustige une
mère de famille, qui ne laisse plus
rien paraître de son chagrin.
Comme les autres, elle est en colère et ne trouve pas les mots pour
exprimer sa rage. Ce vendredi
soir, un représentant de la préfecture a enfin daigné venir les voir.
Mais là où elles s’attendaient légitimement à recevoir de l’État la
garantie d’un relogement, elles
n’ont eu droit qu’à de lénifiantes
réponses, sur la base « d’un examen de leur dossier au cas par cas»
et ne se sont rien vues proposer
d’autres que des nuitées d’hôtel.
Oups
C’est ce qui s’appelle une
boulette. Alors que l’ensemble
de l’immeuble du 48, rue de la
République avait été soi-disant
intégralement vidé de ses
occupants, un homme seul et
une famille avec enfants ont dû
quelque peu décontenancer les
forces de l’ordre – pourtant
présentes en nombre dans le
bâtiment – en se manifestant
spontanément dans la soirée du
jeudi 19 novembre après s’être
enfin décidés à quitter leurs logements. Privées d’eau, d’électricité et d’infos, ces innocentes
victimes dionysiennes étaient
restées terrées chez elles près de
36 heures après l’intervention
policière, mais aussi surprenant
que cela puisse paraître, il aurait
aussi pu s’agir de complices
terroristes restés en planque…
S’il y avait des armes
de guerres, où sont-elles ?
C’est une information aussi
troublante qu’inattendue
révélée lundi 23 novembre par
RTL, qui rapporte qu’après
presque une semaine de fouille
de l’immeuble où se trouvait
Abdelhamid Abaaoud, aucune
arme de guerre n’a pour l’heure
été retrouvée par les experts de la
police technique et scientifique
qui ont pourtant ramassé,
tamisé et passé aux détecteurs
de métaux tous les gravats. Dans
les décombres, ni Kalachnikov,
ni munition de Kalachnikov.
En plus des lambeaux du gilet
explosif rempli de boulons
actionné durant l’assaut par un
kamikaze, seul un pistolet de calibre 9 mm a été découvert ainsi
qu’une dizaine de cartouches.
Jeudi 19 novembre, dans le gymnase Maurice-Baquet, où la Ville a mis
à l’abri les familles de l’immeuble évacué.
« Ce monsieur nous
a pris pour des cons »
Loin de se laisser berner par
ces promesses qui ne sont rien de
plus qu’une déclaration d’intention, les familles ont fait acte de
résistance en décidant de rester
au gymnase plutôt que de suivre
ces directives plus que douteuses. « Ce monsieur nous a pris
pour des cons.On sait très bien que
ce demain ne va jamais venir.Si on
part à l’hôtel, on nous oubliera à
l’hôtel. » Les gens le savent d’autant plus qu’ils ont déjà vécu cette
situation après l’incendie de leur
immeuble en 2005. « On nous
avait mis à l’hôtel, soit disant
qu’on allait être relogé. Au final,
on a dû réintégrer nos appartements. Là, ils seraient bien capables d’en faire autant… » Cette
femme ne croyait pas si bien dire.
Tant attendue, la réunion organisée lundi matin en préfecture,
loin de les rassurer, n’a fait que
confirmer leurs craintes les plus
sombres, les services de l’État envisageant sans complexe que certaines familles puissent retourner vivre dans des appartements
qui jusqu’à la fin de leur vie peupleront leurs cauchemars. Linda Maziz
Abaaoud a-t-il fait
du shopping rue Péri ?
Début d’une longue attente, après
une première nuit passée à Baquet.
Lundi 23 novembre, conférence de presse en mairie avec Didier Paillard,
Stéphane Peu et des habitantes évacuées.
Yann MaMbert
Hébergés au gymnase Maurice-Baquet. Ils ont vécu l’assaut de l’intérieur.
Tous disent la violence
des tirs, des explosions, la peur de mort
imminente. Et leur
crainte de ne pas être
relogés. Ailleurs que
dans ce cauchemar.
3
Plusieurs personnes affirment avoir aperçu Abdelhamid
Abaaoud, le commanditaire
présumé des attentats du
13 novembre, à divers endroits
de Saint-Denis. Dans le lot
des témoignages fournis, ces
employés d’une boutique
d’articles de sport affirment
avoir reconnu le terroriste sur
les caméras de vidéosurveillance. Sur les images, on aperçoit
un jeune homme aux cheveux
longs, avec une barbe de
quelques jours, essayant un sac
à dos. « Il l’a essayé de plusieurs
façons et sans sa veste, se rappelle
un vendeur. Sur le dos, mais aussi
sur le côté et sur le ventre… C’était
bizarre.» La caissière qui dit avoir
reconnu le terroriste, encore
sous le choc, n’est pas revenue
travailler depuis. Un autre
habitant affirme, lui, avoir croisé
Abbaoud dans une salle de
restauration rapide.
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
2 CHOCS EN 6 JOURS
Rassemblement
« Être ici, c’est une
manière de résister »
Jeudi 19 novembre.
Environ 3 000 personnes ont répondu
à l’appel de la municipalité pour rendre
hommage, devant
le Stade de France,
aux victimes du
13 novembre et affirmer leur volonté de
ne pas céder à la peur.
Peu avant 18 h, jeudi 19 novembre, la passerelle qui mène
au Stade de France est empruntée par plus de monde qu’un
jour ordinaire, hors soirs de
match. La foule, clairsemée
d’abord, marque un temps d’arrêt devant le Quick et la gerbe
déposée dimanche par la municipalité, puis devant la brasserie
l’Events où un kamikaze s’est
fait sauter le 13 novembre. Les
élus sont là, les caméras aussi, et
de nombreux habitants qui ont
tenu à participer à cet hommage. « Je suis là pour les familles des victimes, bien sûr,
mais aussi pour dire que je n’ai
pas peur, que la vie ne doit pas
s’arrêter, pour montrer qu’on résiste », lance Virginie. Viviane,
qui vit à La Courneuve, se dit
très touchée par ce qui est arrivé. « Je vais souvent au Quick
avec ma fille de 16 ans, après le
cinéma. Là, elle est trop émue.
On est tous frères et sœurs à La
Courneuve, comme à Saint-Denis, même si on n’a pas la même
couleur et la même religion… »
Hayriye veut dire sa colère.
« À Saint-Denis, ces attentats ont
touché tout le monde. Il faut ref u s e r l e s a g re s s i o n s , l a v i o lence ! » Elles sont plusieurs à
être venues d’Aubervilliers,
« pour soutenir les familles des
victimes », disent ensemble Awa
et Martine. « Il n’y a pas de mot
pour dire notre douleur, ajoute
la première. Il faut dire non, non
et non à toute cette violence ! »
« Depuis le 13 novembre, j’ai du
mal à dormir. Plus jamais ça… »,
ajoute Martine. C’est la colère
qui habite Thierry, ce « Dionysien depuis quarante ans, à
Franc-Moisin. Il ne faut surtout
pas baisser les bras, laisser détruire ce qu’on a l’habitude de vivre ici. »
« Il ne faut pas
s’arrêter de vivre »
Le rassemblement, jusque-là
informel, s’ébranle et se dirige à
présent vers le virage sud du
stade, au dos duquel une estrade
est dressée. Tout en marchant,
Najima prévient : « Il faut garder
un œil sur nos enfants, et faire attention : il y a des prêcheurs dans
la cité. Moi, j’ai sorti mon fils de
ça », dit-elle en parlant du fanatisme et en joignant le pouce et
l’index pour montrer qu’il s’en
est fallu de peu qu’il bascule. « Je
suis musulmane et je lui ai dit :
c’est moi qui vais t’expliquer ce
que c’est l’islam. Il faut dialoguer,
parler, clarifier les choses. » La
foule d’environ 3 000 personnes
s’arrête pour écouter Didier
Paillard (lire ci-dessous) et observer une intense minute de silence. À sa suite, une Marseillaise éclot, mezzo voce mais
claire et étonnamment légère.
Comme une douce renaissance.
Chacun dépose alors une rose
blanche le long des grilles du
stade. Le rassemblement
s’achève mais nombreux sont
ceux qui restent, comme un besoin d’être encore ensemble,
unis, soudés. « Il ne faut pas entrer dans la peur. Être ici, c’est
aussi une manière de résister »,
dit Alejandro. Alima est musulmane, porte le foulard et a les
yeux embués. « Je pense à toutes
ces victimes. Je suis choquée.
Quand on est musulman, on ne
fait pas ça ! Ça fait mal, je me sens
trahie dans ma religion. » Elle habite rue Gabriel-Péri et, le matin
du 18 novembre, a bien sûr entendu les rafales de tirs lors de
l’assaut du Raid. « J’ai eu si peur,
j’ai cru que ça recommençait. J’ai
pris ma fille dans mes bras… »
Caroline aussi est restée. Elle
reconnaît être ébranlée, traumatisée. « C’est ma génération qui a
été visée. Il y a un vrai besoin de
faire le deuil mais il ne faut pas
s’arrêter de vivre,se laisser manger
par la peur. » Elle est inquiète
aussi : « Je pense qu’il y en aura
d’autres, souffle-t-elle, mais je
suis aussi préoccupée par les mesures qui sont prises. On ne doit
pas restreindre les libertés. » Marina est aussi émue que révoltée.
« Après ce moment de recueillement, important, il faudra se battre pour refuser la guerre. Les
bombes ne servent à rien. » Un peu
plus loin, Roger a tenu à venir
avec son fils de 11 ans, Esdras. Ils
vivent à Franc-Moisin et regardaient le match ensemble, ce
vendredi. « On a senti l’immeuble
bouger lors de l’explosion », se
souvient Esdras. « Il faut vivre ensemble, dans la liberté », affirme
son père.
Dans la foule aussi, une silhouette caractéristique, celle de
Jacques-Antoine Granjon, le
PDG de vente-privee.com. « Dionysien de cœur depuis 1988, il est
normal d’être là. Mon entreprise
représente la France de demain,
avec sa diversité de métiers,de cultures, de nationalités, de religions… » Il ajoute : « Je suis venu
soutenir Didier Paillard et je suis
content que la maire de Paris soit
là. » Patron d’une entreprise où
nombre de salariés sont jeunes, il
précise qu’« à vente.privee, beaucoup ont perdu des amis ». La
foule est désormais réduite, il se
fait tard. Avant de quitter les lieux,
Gaëlle, les yeux encore humides,
lance : « Il faudra se souvenir des
victimes, mais aussi résister, montrer qu’on n’a pas peur : je vais
aussi courir au théâtre et aux
concerts.Vivre ! » Benoît Lagarrigue
Paillard, Hidalgo, Cosse,
Laurent et les autres
Hommage. Plusieurs
personnalités
politiques locales,
départementales
et nationales participaient au rassemblement organisé par
la mairie aux portes
du Stade de France.
« Liberté, j’écris ton nom. » La
voix de Didier Paillard est solennelle, grave. Citant Paul Éluard, il
rappelle que c’est en 1942 que « le
poète dionysien scandait ces mots
en réponse à l’oppresseur nazi ».
Le maire de Saint-Denis les déclame à son tour aux portes du
Stade de France. « 73 ans plus
tard, je souhaite les faire miens. En
tuant 129 personnes vendredi soir
à Paris et à Saint-Denis, en blessant 352 femmes et hommes, les
barbares de Daesh ont attaqué
une jeunesse éprise de libertés,
une jeunesse métissée et tolérante,
une jeunesse dont la rage de vivre
ne s’éteindra jamais.»L’édile rend
hommage aux victimes, à Djamila, Raphaël, Asta, Olivier, Aurélie, Alberto, Marie, Amine, Lola,
Victor et tant d’autres. Il parle de
toutes les personnes blessées
dont Yassine, Gwendoline,
Imane et Sarah, ces jeunes de
Saint-Denis qui servaient dans
des bars de l’avenue Jules-Rimet.
Et il a évidemment « une pensée
particulière pour Monsieur Manuel Colaço Dias tombé à
quelques mètres de là vendredi 13
novembre ».
Sur l’estrade, le conseil municipal fait bloc à ses côtés. Anne
Hidalgo et Patrick Braouezec
sont côte-à-côte. Les députés
Mathieu Hanotin et Bruno Le
Roux, le président du conseil départemental Stéphane Troussel
sont là aussi. Comme, au pied de
l’estrade, les conseillères départementales Sylvia Capanema et
Nadège Grosbois ou les maires
voisins d’Aubervilliers, Pascal
Beaudet, et de Stains, Azzedine
Taïbi.
« L’honneur
de la République »
Plusieurs personnalités politiques nationales participent à
l’hommage. Pour l’écologiste
Emmanuelle Cosse « c’est une évidence d’être là ce soir, dans ces moments tellement difficiles à vivre,
il est important que la classe politique soit rassemblée. En plus j’ai
entendu tellement de bêtises sur la
Seine-Saint-Denis que ça a encore
renforcé mon envie d’être solidaire avec cette ville, ce département dans lequel je viens souvent
et où j’ai beaucoup d’amis ». Le
communiste Pierre Laurent vient
exprimer sa « solidarité totale
avec Saint-Denis, sa population,
son maire, ses élus ». Parlant de
« cette ville populaire qui a fait
preuve d’un sang froid incroyable
lors de la traque des terroristes », il
considère qu’elle est « l’honneur
de la République ». Didier Paillard
s’adresse directement à Anne Hidalgo. Il parle des « attentats qui
ont cherché à porter atteinte à nos
villes, à une jeunesse solidaire et
cosmopolite, à des quartiers où le
brassage culturel, où la mixité sociale ne sont pas que des mots ».
Quelques minutes plus tôt, pendant la déambulation menant au
lieu du rassemblement, la maire
de Paris parlant d’une « communauté de destin entre Saint-Denis
et Paris » ajoutait émue : « C’est
souvent pour de belles choses
comme la candidature pour les
Jeux Olympiques et c’est parfois
dans des drames comme ceux que
nous vivons ensemble. » Dominique Sanchez
Le Front
national en
campagne
pendant
l’assaut
Le pâtissier meurtri
Franck Lannois, blanc
comme un linge, n’en dort plus.
C’est un article publié sur le site
du journal Le Monde qui met
dans cet état le pâtissier bien
connu. Samedi 14 novembre,
au lendemain des attentats, il
discute dans sa boutique avec
une cliente qu’il connaît et qui
lui achète des chocolats. « Je ne
savais pas qu’elle était journaliste
et à aucun moment elle ne me l’a
dit.» Résultat, « la pâtisserie chic
de la rue Gabriel-Péri » sert de
conclusion à un reportage
réalisé en centre-ville après
les attentats. M. Lannois, dont le
nom était cité avant d’être retiré
de l’article de Sylvia Zappi, y est
présenté comme n’appréciant
guère les musulmans et les
jeunes des cités. Son avocat, qui
a adressé un droit de réponse au
Monde, parle d’un « amalgame
sévère pour une journaliste de ce
calibre ». Le commerçant réagit
avec force : « Mounir, que j’ai eu
en stage trois ans, faisait le ramadan et je lui servais à ma table
de la nourriture halal. Sankoun,
un autre stagiaire, a perdu un
petit frère dans l’incendie d’un
appartement et j’ai mis toutes
mes forces pour qu’il retrouve un
logement.» Très affecté, Franck
Lannois conclut : «Voilà les
vraies valeurs de la pâtisserie
chic qui est à Saint-Denis depuis
soixante ans et qui n’est pas
près de quitter sa clientèle
multiethnique.»
Le jour même où le centre-ville
était transformé en camp retranché, le Front national demandait la
mise sous tutelle de Saint-Denis.
Une attitude condamnée par les
politiques locaux.
Le 18 novembre, alors que la population de Saint-Denis vivait un
traumatisme dont elle se souviendra longtemps, le Front national
envoyait aux rédactions, en fin
d’après-midi, un communiqué de
presse signé Wallerand de SaintJust et Jordan Bardella. Les deux
candidats aux Régionales y réclament « compte tenu du caractère
gravissime des événements de ce
matin et de la débâcle de ces responsables locaux, la mise sous tutelle
immédiate de la ville de Saint-Denis par l’État ».
Le lendemain, lui aussi via un
communiqué, Didier Paillard réagissait : « Le FN a-t-il demandé la
mise sous tutelle de Paris à propos de
la filière des Buttes Chaumont, de
Lunel, de Béziers, de Lyon, de Roubaix ? » Avant de conclure : « SaintDenis, ville populaire, jeune, métissée, riche d’une histoire millénaire,
d’une mémoire ouvrière tenace.Ville
de tolérance, de culture et de travail
où vivent 110 000 Dionysiens de
toutes origines, ne peut être que la cible du FN. » Le maire dénonçait
aussi « l’opération électorale abjecte » du parti d’extrême droite.
« C’est du Donald Trump
en pire ! »
Une opinion partagée par le député PS Mathieu Hanotin, choqué
par cette demande et « encore plus
par un tweet de Marion Maréchal-Le
Pen parlant de vivier du terrorisme à
propos de Saint-Denis, alors que les
policiers étaient encore en train
d’échanger des coups de feu pour
contenir les terroristes. C’est du Donald Trump en pire ! ». Pour les élus
du groupe EELV, « profiter du malêtre national pour faire campagne
relève de l’indécence. Ce parti, qui ne
recherche jamais la cohésion sociale,
essaie de dénigrer le travail municipal pour gagner des voix et joue ainsi
avec le feu ».
Au Parti socialiste de gauche
(PSG), Stéphane Privé, son référent
local, additionne les adjectifs pour
dire son dégoût face à une telle demande qu’il juge « totalement inacceptable, irresponsable et scandaleuse », pendant qu’Evelyne Nicol
fait remarquer que « la mise sous tutelle est encadrée par des lois et les
événements que nous venons de vivre ne s’y rapportent pas ». L’ancienne conseillère municipale LR
renvoie aussi les parlementaires
frontistes à leurs récents votes sur
les dossiers sécuritaires : « Ils auraient mieux fait de ne pas s’opposer
au fichier européen PNR des passagers aériens et de voter la loi sur le
renseignement suite aux attentats de
janvier ». Si le FN « n’a pas de leçon à
donner en la matière », Mme Nicol espère que ce qui vient de se passer incitera la Ville à « s’investir davantage
pour la sécurité et à travailler pour
empêcher la radicalisation des
jeunes ». D.Sz
5
Vu, lu
et entendu
Policier de Lyon
Jeudi 19 novembre, les roses
blanches du Stade de France.
Le policier a les traits du
visage creusés et les cernes sont
profondes. Il est en service
depuis 5 h du matin, rue de la
République. Ce jeudi, avec ses
collègues, il bloque l’hypercentre pour éloigner les curieux
du bâtiment pris d’assaut par
les forces spéciales, juste en face
des locaux du JSD. Il nous
accompagne jusqu’à la porte de
notre immeuble. Il vient de Lyon
avec sa compagnie, en renfort
depuis les attentats. « On dort
à l’hôtel. Il n’y a plus de place dans
les casernes.» Il est bientôt 15 h.
La fin de son service est proche.
Mais comme souvent
la relève va tarder à arriver.
« Pas grave… Cela nous fera des
heures supplémentaires ! »,
relativise-t-il.
Les élus rassemblés rendent hommage aux victimes des attentats.
Le 48, rue de la Rép’ en détail
3 000 personnes unies lors du rassemblement.
Yann MaMbert
4
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
L’immeuble du 48, rue de la
République, théâtre de l’assaut
pour déloger les terroristes, est
une copropriété. L’ensemble est
organisé autour de 2 bâtiments
principaux numérotés de A à E.
Cet immeuble rassemble 38
logements et 6 commerces.
La dégradation importante de
cette copropriété, les impayés de
charges conséquents, ont justifié
l’inscription de cet immeuble
dans le dispositif d’Opération
programmé d’amélioration de
l’habitat (OPAH) mis en œuvre
entre (2011-2015). Deux incendies se sont déclenchés, un dans
les parties communes, l’autre
dans un logement, sans faire
de victime. Huit arrêtés d’insalubrité ont été pris et deux signalements adressés au procureur
en 2012 pour non-respect de
l’interdiction de l’habitation à
l’encontre de deux propriétaires.
6
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
2 CHOCS EN 6 JOURS
Parents en colère
« C’est la sécurité
de nos enfants
qui est en jeu »
« Cazeneuve est venu, il a
parlé de la rue, mais il n’a pas eu
un seul mot pour l’école. » Le
constat revient chez les parents
d’élèves des écoles Corbillon et
Jules-Guesde qui sont à
quelques dizaines de mètres de
là où a été donné l’assaut, mercredi matin, à l’aube. Les parents
se désolent que la rue des écoles
de leurs enfants ait été aussi
longtemps abandonnée aux trafics en tout genre. « Il y a des
squats, du mal-logement, des
commerces pas clairs, des types
qui zonent, qui dealent… », témoigne le père de deux garçons
scolarisés rue du Corbillon de-
puis cinq ans. « On a un sentiment de colère contre la mairie.
On a fait des courriers, des réunions… Le 6 novembre, on évoquait encore la question de la sécurité dans cette rue, avec les élus,
au conseil d’école. Ça fait des années qu’on alerte. En 2014, on
avait déjà fait une manifestation,
avec un slogan : “Rue dégradée,
enfants en danger”. On n’avait
même pas été reçu. »
Il ajoute, « je n’ai pas l’impression qu’il y ait énormément de
candidats au djihad à Saint-Denis. Mais que des types comme ça
[les terroristes] viennent trouver
refuge ici, ce n’est pas très étonnant. Saint-Denis, c’est une villemonde et, dans cette rue, tout le
monde fait ce qu’il veut. C’est une
bonne planque : des squats dans
une rue où la police n’intervient
jamais. » Il renchérit : « On en a
assez des discours lénifiants, de
la politique de l’autruche ! Doiton attendre à chaque fois qu’un
événement grave se produise ?
Va-t-il falloir une deuxième
équipe de kamikazes pour faire
quelque chose ? »
Il y avait bien eu une descente
de police importante suite à des
tirs de paintball et de pistolet à
grenaille contre les murs de
l’école en 2014 qui avaient entraîné le droit de retrait des enseignants. « On avait eu quelques
mois de calme, raconte une ancienne présidente de l’association des parents d’élèves. Mais
quelques semaines après l’intervention des policiers, une nouvelle
équipe de dealers avait repris le terrain, ils se sont un peu retranchés,
les lieux sont bien gardés. La ZSP, ça
n’a rien apporté, on a eu un car de
CRS quelquefois : à quoi ça sert ? »
« Une maman s’est fait
agresser et menacer »
Elle poursuit : « Ce ne sont pas
des gamins qui vendent un peu de
shit, il y a des drogues dures, des
toxicos, de la prostitution, des
marchands de sommeil qui tiennent les immeubles. » (Les propriétaires de celui où se sont réfugiés les terroristes avaient été
signalés comme tels au procureur.) « On se doute un peu qu’il y a
d’autres trafics encore, continuet-elle. Et une maman s’est fait
agresser et menacer il y a une dizaine de jours. »
Un autre père raconte son angoisse : « J’ai deux enfants, ils sont
traumatisés. Hier [mercredi],
j’étais en déplacement professionnel à Nancy, je ne vous raconte pas
la panique quand j’ai appris ce
qui se passait. » Il dit lui aussi ses
attentes et ses déceptions : « On a
demandé deux policiers –pas 200,
juste deux, pour quinze minutes –
le temps de la sortie de l’école. Surtout l’hiver, quand la nuit tombe
vite. On a demandé poliment,
gentiment… Est-ce qu’ils attendent le pire ? Si quelque chose arrive à mes enfants, je ne serai plus
gentil. Si je ne trouve personne
dans la société pour me défendre,
ce sera la vengeance tout seul ! » Il
se reprend, combat la colère qui
déborde : « C’est la sécurité de nos
enfants qui est en jeu. Celui qui
dit : on n’a pas les moyens, on ne
peut rien faire, qu’il mette ses enfants dans cette école, et qu’il me
dise ce qu’il ressent. » À la suite des attentats dits
du « RER B » à Paris en 1995, des
cellules psychologiques d’un
nouveau genre voyaient le jour.
L’objectif était de venir en aide
aux victimes – témoins directs et
rescapés – souffrant de traumatismes psychologiques et ainsi
soigner des maux invisibles mais
bien réels : les blessures psychiques. Vingt ans plus tard, la
cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) tient un rôle
majeur dans la gestion des catastrophes. Elle opère en tant
qu’unité d’inter vention du
Samu. Le soir des attentats au
Stade de France, le dispositif avait
accueilli une dizaine de patients
déjà. La semaine dernière, après
les assauts du Raid rue du Cor-
billon, les équipes de la CUMP
étaient sur le qui-vive avec à leur
tête Richard Lopez, directeur du
service santé à Saint-Denis. Psychologues, infirmiers et médecins ont reçu spontanément les
patients au Centre municipal de
santé du Cygne. « Il leur faut un
cadre sécurisant où ils peuvent extérioriser ce qu’ils ressentent, explique le docteur Richard Lopez.
Il en ressort une très grande incompréhension, ils ont vécu les
événements comme une agression personnelle.»
Des enfants prostrés
Les soignants échangent leurs
points de vue quant au suivi des
victimes mais, pour le Dr Lopez, il
n’existe pas de méthode universelle pour traiter ces patients.
« C’est toute l’expérience de nos
équipes qui compte, chaque situation est unique. Il peut y avoir
de l’agressivité, des blocages physiques, certains enfants étaient
prostrés, d’autres pleuraient tout
simplement. » Parmi les riverains
évacués, on compte beaucoup de
familles monoparentales, en
grande fragilité déjà. Sur les centaines de personnes prises en
charge au Cygne, un tiers sont des
enfants. Difficile pour eux
d’aborder le sujet. « Le rôle des pédopsychiatres est d’une importance capitale. Il faut savoir analyser, décrypter et aiguiller la parole de l’enfant.Si l’on passe à côté
d’une information,on peut perdre
leur confiance. » Des habitants
ont déjà connu ce type de drame
dans leur pays d’origine mais
pour le Dr Lopez il y a une règle à
observer dans ce cas précis :
«Avec ces patients, nous ne faisons
pas de lien avec leur passé. »
Outre les contraintes physiques, le médecin généraliste
pointe les probables difficultés
budgétaires d’une mise en place
continue de ce dispositif. Pour
l’heure, les soins sont pris en
charge par la Ville, mais jusqu’à
quand ? Ajoutées à cela, les lourdeurs et subtilités administratives risquent de compliquer la
tâche des soignants. « Pour établir une fiche de soins, il faut un
motif à la gratuité. Ces personnes
ont vécu un assaut mais n’ont pas
été la cible d’un attentat… »
Lacunes. L’ignorance et le manque d’éducation
des jeunes djihadistes sont pointés, tout comme
le manque de structures et d’écoles coraniques,
à la manière du catéchisme.
C
Sébastien Banse
Des blessures psychiques
à panser
Cellule d’urgence
médico-psychologique. Des centaines
de personnes traumatisées à différents
degrés ont été prises
en charge au CMS
du Cygne.
Fidèles. Dans la mosquée Bilal et dans celle du
centre Tawhid, les attentats sont fermement et
unanimement condamnés. Et jettent l’opprobre
sur toute une communauté.
D’autres éléments extérieurs
troublent le travail de la CUMP,
comme la surmédiatisation de
l’événement. La course à l’exclusivité de nombreux titres de
presse entretient l’ambiance
anxiogène qui règne en ville. « Des
journalistes ont harcelé nos patients, confie le Dr Lopez, qui a dû
mettre à la porte des journalistes
de TF1 entrés sans autorisation
dans le centre de santé, caméras à
la main. Cette compétition entre
les médias est oppressante, c’est de
l’intrusion. Je conseille à nos patients de ne se confier que
lorsqu’ils se sentiront bien dans
leur tête. » Les détonations puissantes entendues lors des opérations de déminage de la semaine
dernière n’ont pas non plus facilité le retour au calme.
Depuis dimanche soir, le centre médico-psychologique situé
rue Franklin a pris la relève. « Dès
le début nous construisons le relais avec le service de consultation
post-traumatique, c’est essentiel
pour la suite», assure Richard Lopez avant de rejoindre ses
équipes au centre de santé. Maxime Longuet
« Il y a plus d’un milliard de musulmans dans le monde. Eux,
les terroristes, n’en représentent même pas 0,0001 %. »
Mercredi 18 novembre, l’arrivée à la cellule d’urgence
médico-psychologique est protégée de l’intrusion des caméras.
Yann MaMbert, DoMinique Sanchez
Écoles Corbillon et
Jules-Guesde. Dans
ces établissements
situés à quelques
mètres de l’assaut de
mercredi, l’émotion est
grande. Les divers
trafics qui gangrènent
le secteur sont connus
depuis des années.
« Les musulmans sont
les premières
victimes »
omme chaque vendredi, à la mi-journée, la mosquée Bilal, non loin du
stade Auguste-Delaune, est pleine le
20 novembre. Mais contrairement à d’habitude, l’atmosphère
est pesante. Les attentats sont
dans les esprits. Dans la salle réservée aux hommes, devant plus
de deux cents fidèles de différentes générations et nationalités, Ahmed Jamaleddine les critique fermement. « L’islam
condamne évidemment ces
actes », dit le trésorier de l’association Amal qui gère le lieu de
culte, exprimant sa « compassion
pour les victimes » et rappelant
que « tout le monde a été touché ».
Dans son prêche en langue
arabe, l’imam Mohammed Bendada enfonce le clou en dénonçant la «barbarie» des terroristes.
«Cela donne une mauvaise image
et réputation à l’islam », se désole
un fidèle de 74 ans, originaire de
Saint-Denis de La Réunion. Ce
sentiment est largement partagé
parmi les fidèles.
« Les musulmans sont les premières victimes, soutient Ahmed
Jamaleddine. Il y a plus d’un milliard de musulmans dans le
monde. Eux, les terroristes, n’en représentent même pas 0,0001 %. »
« Le plus grand ennemi, c’est
l’ignorance, répète-t-il. Les
jeunes, qui ont commis les attentats, ont subi un lavage de cerveau
par des personnes qui savent manipuler les textes religieux et les
sortir de leur contexte. Ils ciblent
des jeunes qui n’ont pas d’éducation morale, civique, religieuse.
Ceux qui n’ont pas de travail, qui
sortent de la délinquance, du banditisme. On leur dit : “Tu veux te
racheter de tes péchés ? Pour la
bonne cause, viens faire le djihad” », poursuit le trésorier.
« Des gens les instrumentalisent, leur promettent le paradis»,
rajoute Hassan, un père de famille. Pour lui, le pays a une
lourde responsabilité dans le
parcours de ces jeunes « perdus ». « Si on allume un feu, il ne
faut pas s’étonner de se brûler,
s’inquiète-t-il. Les jeunes vivent
dans des quartiers défavorisés
avec des inégalités. Il y a ensuite
des dingues qui peuvent les manipuler pour les envoyer en Syrie
ou en Irak. Normalement, ils devraient penser à l’intérêt de notre
pays, la France, à y vivre leur religion. » Le père de famille s’insurge contre des responsables
politiques qui ciblent des lieux
de culte comme lieu de radicalisation. « On a déjà du mal à leur
apprendre l’arabe. On ne va pas
leur apprendre à tuer. Ce n’est pas
dans les mosquées que l’on fabrique des terroristes ! »
Le lieu de culte se situe entre
deux bâtiments dans un local en
sous-sol, trop exigu. Un chapiteau, protégé par des bâches en
plastique, a été installé en surface. Mais cela ne suffit pas pour
accueillir tous les croyants, en
particulier pendant les périodes
de fête, qui sont obligés de prier à
l’extérieur, provoquant la plainte
des riverains. Les jours de pluie,
comme ce vendredi 20 novembre, le lieu de culte sent fortement
l’humidité. De l’eau goutte dans
la salle de prière.
« Le jeune va chez
cheikh Google »
La grande mosquée, actuellement en construction, devrait
ouvrir en 2016 mais la communauté musulmane l’attend depuis près de vingt ans. «La France
est en retard. On manque de structures et d’écoles coraniques pour
donner des cours, à la manière du
catéchisme, afin d’éviter les dérives», explique Ahmed Jamaleddine. Sinon « le jeune va chez
cheikh [sage, savant religieux en
arabe] Google ». Le trésorier reconnaît qu’avec certains de la
mosquée, le dialogue est quasiment rompu. Après la prière, un
jeune fidèle est venu à notre rencontre, tenant un discours ambigu et complotiste. Tout en
condamnant les attentats, il assure que «la France déteste l’islam
et les musulmans ». Les dernières
attaques sont l’œuvre « des services secrets français et du gouvernement ». « C’est la même chose
depuis le 11 septembre », poursuit-il en faisant référence aux attentats aux États-Unis en 2001.
Si ce discours est rare, la défiance envers les médias et les
partis politiques est forte, accusés de relayer « la haine de l’islam ». Certains sont convaincus
d’être victimes d’une conspiration. « À chaque attentat, c’est un
musulman ! Il y a un complot
contre l’islam. Pour casser
quelque chose, il faut le salir »,
confie Imen, mère de famille de
54 ans, à la mosquée du centre
Tawhid dans le centre-ville. « On
met toujours en avant le mal. On
ne parle jamais des bonnes
choses », reproche Myriam (1).
« Il y a des fous
partout »
Leur réprobation des attaques est totale. « Il est hors de
question de considérer les tueurs
comme des musulmans. La vie est
trop précieuse dans l’islam pour
pouvoir assassiner ou se suicider», poursuit Imen. «Mais ils ont
quand même tué au nom de l’islam », la coupe Sabrina. Imen a
déjà été comparée à une «traître»
parce que convertie à l’islam. « Ils
veulent attiser la haine et diviser
les musulmans du reste de la société.» «Ils veulent aussi diviser les
musulmans entre eux», renchérit
Sabrina (1). Les trois femmes,
voilées, sentent monter un climat hostile aux musulmans. Les
regards dans la rue ou les transports en commun se font plus pesants. « On n’est pas tranquille »,
avoue Myriam qui, avant les attentats, dit avoir été victime
d’actes islamophobes. « On m’a
déjà craché dessus. Il y a des fous
partout. Maintenant, on ne sait
pas comment les gens vont réagir », s’inquiète la jeune aide soignante. « Moi, je n’ai pas peur.
Mais les autres ont peur pour moi,
confie Sabrina, dionysienne de
19 ans qui porte un foulard noir. Je
me suis disputé avec mes parents
parce qu’ils veulent que j’enlève
mon voile.»
« On n’a pas à se justifier, affirme Ahmed Jamaleddine. J’essaye de ne pas changer mes habitudes. Demain, je pourrais enlever ma djellaba, venir en jeans,
raser ma barbe pour passer incognito. Mais non ! Nous sommes
dans une République laïque, un
pays de liberté où s’exerce la liberté de religion. Si on me craint,
que les gens viennent me voir
pour discuter. » Aziz Oguz
(1) Ces prénoms ont été modifiés.
Débat ouvert à tous intitulé « Tous
unis contre le terrorisme » organisé
par l’UFP (Union Fraternelle de la
Plaine). Samedi 28 novembre de
12 h 30 à 14 h 30 à la Maison de quartier Plaine (5, rue Saint-Just). Il s’agit
notamment pour les organisateurs de
renforcer les liens entre les habitants,
de refuser les amalgames et la peur.
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Vu, lu
et entendu
Le centre Tawhid
appelle à l’unité
La direction du centre Tawhid
rappelle que « notre religion est
une religion de partage, d’honnêteté et de paix ». Les responsables
du centre soulignent que,
« à travers ces actes odieux, les
auteurs ont voulu salir l’Islam ».
« La communauté musulmane
de Saint-Denis n’a pas à avoir
peur ou honte car nous n’avons
rien à voir avec ces actes »,
poursuit la direction du centre
Tawhid, qui rappelle son implication « depuis plusieurs années
dans un travail citoyen et de
dialogue interreligieux ».
Appel solennel
des Musulmans de France
Le Conseil français du culte
musulman a diffusé un appel
condamnant les attentats et
demandé qu’il soit lu pendant
la prière de vendredi dernier :
« Nous, Musulmans de France,
réaffirmons notre rejet catégorique de toute forme de violence
ou de terrorisme qui sont la négation même des valeurs de paix et
de fraternité que porte l’Islam.
Nous, Musulmans de France,
sommes des citoyens français
à part entière, faisant partie
intégrante de la Nation, et
solidaires de l’ensemble de la
communauté nationale, [nous]
proclamons notre attachement
indéfectible au pacte républicain
qui nous unit tous [et] notre
adhésion totale aux valeurs de
la République. Les Musulmans
de France élèvent leurs prières
vers Dieu, le Très Clément
et Très Miséricordieux, pour
qu’il préserve et qu’il bénisse
la France [et] formulent tous
leurs vœux de Paix, de Sécurité
et de Prospérité pour leur patrie,
la France.»
Jawad le logeur
Jawad Bendaoud est le nom
de cet homme qui, devant
les caméras de télévision, avait
affirmé avec aplomb avoir
simplement « rendu service »
et ne rien savoir des terroristes
qu’il a hébergés dans un appartement, rue du Corbillon.
Pourtant, le jeune homme est
connu du voisinage. En 2008, il
avait été condamné à huit ans de
prison pour des violences ayant
entraîné la mort, sans intention
de la donner, d’un adolescent de
16 ans, dans cette même rue du
Corbillon. Des sources proches
de l’enquête attribuent à Jawad
Bendaoud – qui au terme de son
sixième jour de garde à vue a été
déféré – des liens organisationnels avec des marchands
de sommeil notoires.
Retraités, des poèmes
en réunion
Choqués comme tout
le monde par les attentats,
les retraités qui avaient prévu
de participer, à la Plaine, lundi
23 novembre, à une réunion
préparatoire à un séjour en
Alsace, sont tous venus. Une
femme a lu des poèmes de son
choix sur le thème de la paix.
Par contre, alors qu’ils sont
d’habitude une quarantaine
à se rendre au Rendez-vous du
cinéma, ils n’étaient que douze,
vendredi 20 novembre, pour
voir Avril et le monde truqué.
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N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
2 CHOCS EN 6 JOURS
Après le choc
Le cœur de ville bat,
doucement
Centre-ville. Après
la sidération, l’émotion, la peur, les habitants et les commerces
ont repris leurs
activités. La librairie
Folies d’encre est
devenue samedi un
lieu de retrouvailles.
« L’ambiance est lourde, les
gens sont tristes », ne pouvait que
constater jeudi 19 novembre la
boulangère d’une pâtisserie
orientale, située à l’extrémité de
la rue de la République, qui a ouvert ce matin-là comme d’habitude, sauf que dans les faits, rien
n’était habituel. « Il n’y a personne
dans la rue. C’est pesant. » « Les
gens ne sortent pas de chez eux,
notait un vendeur de Macadam.
En plus,ils ne peuvent pas circuler,
une zone est encore bouclée. » Et
quelle zone ! La rue de la République, ironie du sort, ironie du
nom, touchée en son milieu, décrite par les habitants comme « le
cœur » de Saint-Denis, son « artère principale », son « centre névralgique ». « La rue de la Rep’, c’est
là où ça se passe. C’est nos
Champs-Élysées à nous », résumait Ahmed, 17 ans, sorti pren-
dre l’air et la température. Son
diagnostic était sans appel, « c’est
mort ». Partout, les commerçants
attendaient le client.
« Ils évitent le sujet »
On espérait voir un peu de
monde au café Le Week-end et
engager la discussion au comptoir, mais là aussi, le barman
n’avait personne en face et rien
d’autre à dire que la morosité.
« Les gens n’ont pas envie de parler
de ce qui s’est passé. Ils évitent le
sujet », observait-il. Ce n’était pas
le premier à faire la remarque.
Comme ce n’était pas le seul non
plus à dire « la vie continue ». Loin
de résonner comme une banalité, c’est un mot d’ordre, comme
un mantra collectif, répété à
l’unisson, entendu chez des
amis, au bureau, à l’école, dans la
rue ou le milieu associatif. « Mercredi, on s’est arrêté, mais dès
jeudi, on a repris nos ateliers. Tout
le monde aspire à un retour à la
normale », témoigne ainsi Rachida Hamdan, directrice de l’association Artis Multimedia, qui
appelle à « un sursaut citoyen ».
C’est d’ailleurs à cette fin que
la librairie Folies d’Encre conviait
les Dionysiens samedi 21novembre autour d’un buffet partagé.
« Après la sidération, l’émotion, la
peur, nous avons plus que jamais
besoin de nous retrouver. Partageons, échangeons, construisons,
pleurons, rions ensemble. » L’invitation disait vrai. Autour de la table, des gens de tous les âges et de
toutes les couleurs bavardent et
rient. Chacun raconte à l’autre
son vécu des événements. Les
conversations prennent aussi
une tournure politique. Ici, on
s’en prend au système patriarcal
et on rêve d’une éducation « qui
forme des libres-penseurs ». Là, on
dénonce le discours sécuritaire
dominant qui va « susciter encore
plus de peurs ». D’autres rappellent qu’« avec l’art, on peut faire
changer les choses » ou encore
qu’« il faut questionner la place de
l’Occident dans son rapport au
monde ». Avouons-le, dans l’assistance, il n’y avait pas que des débats de haute volée. On a aussi entendu parler des exploits sportifs
du petit dernier, de la cuisson du
poulet et de projets de vacances.
« Besoin de se rassurer »
« Après un tel choc, qu’est-ce
que ça fait du bien de revoir des
gens, d’être avec eux », se réjouit
Marie, comédienne de la compagnie du Théâtre d’Or. L’artiste La-
myne M. explique sa présence ici
par une envie de tourner la page.
« J’en avais marre de voir SaintDenis caricaturée dans les médias
et envie de partager ce que j’ai vécu
avec des gens qui connaissent cette
ville et peuvent la comprendre. »
Une communauté de destin et
beaucoup d’espoir aussi. « La solidarité, c’est comme l’amour et
l’amitié, ça se renouvelle. Là, en
quelque sorte, on a tous besoin de
se rassurer et de faire face ensemble », remarque le réalisateur dionysien Kamal El Mahouti qui a
soufflé l’idée de cette rencontre à
la librairie. Une initiative pour
mettre du baume au cœur, prendre le contre-pied de la peur, des
discours anxiogènes et du repli
sur soi. C’est ainsi que l’a pensée
la libraire Sylvie Labas : « Nous
étions tous très secoués. Comme
une énorme gueule de bois.
Comme si tout Saint-Denis était
endeuillé. » Et Kamal El Mahouti
d’insister : « Les monstres voudraient qu’on devienne des monstres. Et Saint-Denis représente
tout ce qu’ils détestent : une ville
populaire, vivante, métissée. Face
à ces horreurs, c’est important que
nous population, on prenne notre
histoire à notre compte et qu’on
l’écrive comme on en a envie. » Vu, lu et entendu
Les bornes de la journée
particulière
Les bornes, mercredi
18 novembre jour de l’assaut,
ont connu un fonctionnement
fluctuant. Totalement baissées,
au moment où une bonne partie
du centre-ville était bouclée,
pour laisser circuler facilement
la police, l’armée ainsi que les
véhicules de secours, elles sont
revenues à une marche normale
à la fin de l’assaut. Vers 17 h,
les bornes ont été bloquées
pour tous, et même pour des
élus municipaux. L’un d’eux
a été obligé de faire appel
à la police municipale pour se
rendre en mairie. Cela n’a pas
empêché les habituels contrevenants de prendre le chemin
du centre en sens interdit,
en attendant qu’un véhicule
sorte pour y pénétrer.
Ensemble et « les valeurs
de cette ville »
Ensemble, formation
politique du Front de gauche,
estime que « face à cette terreur,
nous avons encore plus besoin
de faire vivre les valeurs de cette
ville : solidarité, fraternité,
justice, combat pour l’égalité.
Nous avons besoin de parler,
d’échanger, de partager, de nous
rassembler et de faire face ensemble. Nous avons aussi une pensée
particulière pour le peuple
du Mali qui vient de subir une
attaque de la part des mêmes
criminels. Nous condamnons
les discours haineux qui visent
à stigmatiser la ville de SaintDenis et ses habitant-e-s ».
Mathieu Hanotin refuse
les amalgames
Jeudi 19 novembre, le lent retour à la vie dans la rue de la République.
Le député écrit aux habitants.
Il exprime sa « plus grande admiration et [ses] remerciements
à la population de Saint-Denis
et Paris qui a fait preuve d’un
grand calme, de sang-froid
et d’une grande solidarité dans
ces moments très éprouvants ».
L’élu ajoute : « Ceux qui tentent
de rendre responsables de ces
actes odieux l’ensemble des
musulmans ne font qu’instrumentaliser l’horreur pour tenter
de récupérer quelques voix.
De même, ceux qui essayent
de stigmatiser les habitants
des banlieues font un amalgame
insupportable, considérant
qu’une ville dans laquelle il existe
des difficultés serait forcément
un nid pour les terroristes.
C’est faux. La filière démantelée
à Saint-Denis n’était pas
originaire de la ville.»
Linda Maziz
Sur les réseaux sociaux
Les jeunes défendent « le
Saint-Denis DES cultures »
Désormais, la France entière, et même une partie du
globe, connaît la minuscule rue
du Corbillon à Saint-Denis.
Cette rue adjacente à celle de la
République a été le théâtre
d’opérations menées par les
différents services des forces
spéciales (RAID, GIGN, BRI…)
qui sont intervenues dans la
nuit du mercredi 18 novembre.
Interventions dont l’objectif
était de déloger des terroristes
présumés en lien avec les attentats du vendredi 13 novembre
dont le commanditaire des attaques, Abdelhamid Abaaoud.
Depuis, les télés du monde entier ont braqué leurs caméras
sur Saint-Denis et ses habitants.
Comme on pouvait le craindre, après les attentats qui ont endeuillé la France et les assauts
menés rue du Corbillon, les réseaux sociaux ont été les vecteurs
de rumeurs et de polémiques
nauséabondes, notamment
concernant la mort d’Abdelhamid Abaaoud et la Ville de SaintDenis… À l’opposé, de nombreux messages de solidarité ont
circulé de manière spontanée.
Fiers de leur ville, des habitants
de la Cité des Rois se sont lâchés
sur leur clavier d’ordinateur.
Non, Saint-Denis n’est pas l’arrière base du djihadisme en
France. Non, Saint-Denis n’est
pas livrée à l’islam radical. Non,
Saint-Denis n’est pas en état d’urgence depuis dix ans comme le titrait le quotidien Le Figaro. Et non
le maire de Saint-Denis, Didier
Paillard, n’est pas complice des
terroristes comme l’écrivait le
site JSSNews.
Ainsi, beaucoup de jeunes
dionysiens n’ont pas reconnu
leur ville décrite par certains médias. Un Molenbeek bis. Vraiment ? Laurianne dans un post
publié sur sa page Facebook s’exprime en ces termes : « Ce que
vous devez garder en tête, c’est que
Saint-Denis, c’est la ville de la culture avec tous ses équipements
culturels, ses festivals, ses artistes ;
c’est la ville DES cultures, de notre
enfance, une ville historique. » Et
de rappeler : « La ville de Paul
Éluard, Pierre Degeyter, de NTM,
de Grand Corps Malade, ville par
laquelle sont passés Claude Monet, Maurice Utrillo, Elsa Triolet,
entre autres. »
« Je viens de là »
Certains utilisent les réseaux
sociaux comme moyen d’information. Dans la journée de jeudi,
Leïla, une jeune dionysienne,
prévenait les habitants des opérations de déminage en cours :
« La police vient d’avertir les parents à la sortie de l’école Jean-Vi-
lar qu’un gros boum va retentir
d’ici dix minutes dans le centreville. Il ne faut surtout pas s’inquiéter. » On ne compte plus les
appels des Dionysiens à la mobilisation sur les réseaux sociaux,
notamment jeudi, jour du rassemblement au Stade de France.
Julien Meneau les invitait ce
même jour à venir s’exprimer sur
son blog « jhabitesaintdenis.
blogspot.fr » ainsi que sur la page
Facebook du site. La guerre de
l’intox fait rage sur le Web et des
Dionysiens, eux, se déploient sur
la Toile.
À l’échelle nationale, d’autres
pages, comme celle de l’émission
de Canal +, Clique TV, diffusaient
des messages de soutien via la
publication de titres emblématiques d’artistes dionysiens dont
le groupe de rap NTM avec SeineSaint-Denis style ou le titre Je
viens de là de Grand Corps Malade, le slameur originaire du
centre-ville. Maxime Longuet
À la rencontre des parents
traumatisés
Samedi 21 novembre, moment convivial à la librairie Folies d’encre.
Yann MaMbert, Linda Maziz
Toile. Via Facebook
ou leur blog, ils sont
nombreux à prendre
la parole pour
s’opposer aux détracteurs de leur ville.
9
Lundi 23 novembre, les
écoles de la rue du Corbillon ont
rouvert. Le maire Didier Paillard
(et ses adjoints Laurent Russier,
Slimane Rabahallah, Stéphane
Privé) et les représentants
de l’Éducation nationale ont
accueilli les parents. La plupart
habitent à proximité, tous ont
vécu le même cauchemar,
et les larmes surgissent quand
ils évoquent cette nuit. La même
angoisse les prend quand ils se
posent la question : « Que dire
à nos enfants ? » La psychologue
scolaire leur a donné des pistes :
« Ne regardez pas en boucle les
images à la télévision. Parlez à
vos enfants simplement, ne vous
taisez pas en pensant les protéger.
Dites que vous avez eu peur, mais
que la police a mis les méchants
en prison et qu’on est en sécurité
dans l’école.» Une cellule
psychologique est à leur
disposition et les médecins
scolaires vont passer dans
les classes. Les représentants
de parents d’élèves de l’école
Jules-Guesde ont adressé une
lettre ouverte aux pouvoirs
publics, que l’on trouve
en intégralité sur notre site
www.lejsd.com.
Dur aussi dans les écoles
de la Plaine
« Le directeur a ouvert
l’école », raconte cette mère
d’élève de l’école Robespierre,
à la Plaine, « mais certains
enseignants n’ont pas pu venir
ou ont galéré pour atteindre
Saint-Denis. Le directeur a essayé
d’accueillir les élèves, mais il a dû
demander à des parents
de remmener leurs enfants
à la maison. C’était un peu
la panique. Une petite fille
en pleurs a dit à sa mère : “Tu
m’avais dit que c’était fini !”.
Je ne jette pas la pierre, la situation était très compliquée à gérer,
mais il aurait mieux valu fermer
toutes les écoles de la ville. On
n’est pas loin du Stade, là où les
kamikazes se sont faits exploser.»
Réunions de parents
Depuis plusieurs années,
la municipalité de Saint-Denis
convie les représentants des
parents d’élèves à une réunion
d’information et d’échange sur
le fonctionnement de l’école
et sa politique éducative. Cette
rencontre aura lieu samedi
28 novembre, à 9 h 30, à l’école
Jean-Vilar, (17-19, rue des
Boucheries, dans le centreville). Ce sera également l’occasion en préambule d’aborder
les événements récents et leurs
répercussions sur les écoles.
Elle va vivre comme avant
Elle a la trentaine et fait partie
de ce qu’on appelle « la génération visée ». À la question de
savoir si ce qui s’est passé va
modifier sa façon de vivre, elle
prend un temps de réflexion,
puis, le regard droit : « J’ai beaucoup plus de chance de mourir
dans un accident de voiture que
lors d’un attentat. Et je continue
bien à prendre ma voiture. Alors,
non, je ne vais pas m’arrêter
de vivre comme avant ! »
La vie continue au bar
Mercredi midi, non loin
du Théâtre Gérard-Philipe,
les militaires et policiers, fusils
à la main, bloquent l’accès au
boulevard Carnot. Il faut remonter la rue, faire tout le tour pour
rejoindre l’hôtel de ville. Sur
la route, un bar ne manque pas
de clients. Tous sont rivés à la
télévision accrochée au mur. Les
visages sont nerveux. L’assaut
inhabituel du Raid contre les
terroristes à quelques centaines
de mètres a de quoi faire peur.
Arrivant à leur niveau, apparaît
enfin l’écran. Et là, surprise : ils
ne suivent pas les événements
dans la ville sur une chaîne
d’info. Ils sont concentrés,
tickets à la main, sur une course
de chevaux. Attentat ou pas, la
vie continue dans le bar PMU.
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N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
2 CHOCS EN 6 JOURS
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6 jours qui
ébranlèrent
Saint-Denis
Images. Entre vendredi 13 et mercredi 18 novembre, Saint-Denis était
à l’épicentre traumatique de l’actualité terroriste et anti-terroriste.
De la première explosion à proximité de la porte D du Stade de France
à l’assaut des forces d’intervention rue du Corbillon. Yann Mambert,
le photographe du JSD, a pris des centaines d’images de ces temps
douloureux dont les cicatrices sont profondes et durables. Il a sélectionné
quelques instantanés de ces journées particulières.
Lundi 16, 12 h 04. Les larmes pendant la minute de silence à l’hôtel de ville.
Lundi 16, 15 h 37. Stigmates de l’horreur. Brasserie l’Events.
Lundi 16, 15 h 28. Hommages et témoignages d’une ville. Brasserie l’Events.
Dimanche 15, 9 h 26. Stade de France, là où tout a commencé le vendredi 13 novembre 2015.
Dimanche 15, 9 h 31. Le matin au Stade de France.
Samedi 14, 10 h 14. Les forces de l’ordre quadrillent les lieux.
Yann MaMbert
Dimanche 15 novembre, 9 h 27. Le drapeau tricolore à terre. Stade de France.
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N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
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2 CHOCS EN 6 JOURS
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Mercredi 18 novembre, 9 h 13. Assaut à Saint-Denis vu de l’église de l’Estrée.
Mercredi 18, 8 h 25. Pendant l’assaut, rue Auguste-Delaune.
Mercredi 18, 11 h 50. Devant la mairie, les médias du monde entier.
Jeudi 19, 9 h 07. Le 48, rue de la République le jour d’après.
Jeudi 19, 16 h 50. L’hébergement d’urgence des personnes évacuées rue du corbillon au gymnase Baquet.
Jeudi 19, 18 h 29. La jeunesse unie au rassemblement au Stade de France.
Yann MaMbert
Mercredi 18, 12 h 13. Fin de l’assaut à Saint-Denis. Présence du ministre de l’Intérieur.
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
ACTUALITÉS
La semaine du 25 novembre 2015
Bel-Air/Franc-Moisin Mercredi
25 novembre, visite du maire dans la cité avec
pour lieux de rendez-vous à partir de 15 h 45
l’association Femmes de Franc-Moisin,
l’antenne jeunesse, la Place Santé, les Enfants
du jeu, et enfin la PMI.
COP 21 à l’Écran. L’élevage
gros réchauffeur de climat
Cité Péri
Pour le lancement d’une
pétition contre l’insécurité à
la cité Gabriel-Péri, une
rencontre s’y tiendra mardi
1er décembre à 18 h 30
à l’antenne jeunesse.
Contraignants ou pas, les accords de la COP21 pour réduire
les émissions des gaz à effet de serre (GES) auront-il un impact sur le
réchauffement du climat ? Parmi les observateurs les plus sceptiques,
l’association Attac sera à Saint-Denis pour le dernier film au
programme d’Images mouvementées, le festival de cinéma dont
elle organise la 13e édition depuis le début novembre à travers l’Île-deFrance. Cowspiracy, titre de ce documentaire réalisé aux États-Unis
en 2014, en fait une démonstration implacable au fil de l’enquête
menée par Kip Andersen sur la conspiration du silence dont se font
les complices les grosses ONG «écologistes». Ce ne sont pas les
énergies fossiles qui émettent le plus de GES, mais l’élevage, autant
pour la consommation de viande que de produits laitiers. La part en
est même effarante. 51 % ! Car le bétail, souligne encore le journaliste,
n’émet pas seulement du méthane. L’élevage est la principale cause
de déforestation pour les besoins en pâturages et cultures de
fourrage. Jusqu’à un demi-hectare par seconde en Amazonie.
Biologique ou pas, cette activité économique, parmi les plus
polluantes, à laquelle est sacrifiée la faune sauvage, n’est pas
compatible avec un développement durable, comme l’expliqueront
tour à tour des experts indépendants. Face à ce grand saccage, au
bénéfice des lobbies de l’agro-industrie, le documentaire conclut à
la seule somme des solutions individuelles : le régime végétalien. M.L.
Annulations
Franc-Moisin.
Rassemblement jeudi
pour la famille Coulibaly
La mobilisation citoyenne continue autour de la famille Coulibaly,
expulsée avec ces six enfants le 5 octobre dernier du logement
qu’elle occupait depuis 2007 à Franc-Moisin. Devant l’inaction des
pouvoirs publics, un rassemblement citoyen réunissant des voisins,
parents d’élèves, enseignants et associations avait été organisé
le 9 novembre devant la mairie, permettant l’obtention d’un
hébergement pour la famille dès le soir même. Problème, celui-ci
se trouve à Montévrain dans le 77, à plus d’une heure en transport
des écoles des enfants et du quartier où la famille a tous ses repères.
Parce qu’ils estiment que cette solution n’en est pas une, les soutiens
ont lancé une pétition disponible sur le site change.org et appellent
à un nouveau rassemblement le jeudi 26 novembre à 16 h, sur la place
Rouge à Franc-Moisin. L.M.
Quinzaine. Femmes
du monde et de culture
Trois rendez-vous sont programmés par la mission Droits
des femmes à l’occasion de la quinzaine des « Femmes du monde
en Seine-Saint-Denis » : Le Zoom des Zôtesses, spectacle turbulent
et drôle du collectif Sangs mêlés, mercredi 25 novembre à 14 h,
Maison de quartier Plaine (5, rue Saint-Just), table ronde sur «Molière
et les femmes savantes» avec Macha Makeïeff, Hélène Marquié,
Aline César et Chantal Aubry, le jeudi 26 à 17 h au TGP (59, boulevard
Jules-Guesde), et rencontre sur les violences faites aux femmes
dans la littérature, le 26, de 12 h à 14 h à la librairie Folies d’encre
(14, place du Caquet). M.L.
collecter produits de première nécessité,
d’hygiène et de puériculture.
Loto à Dionysia Pour les fêtes de Noël,
la résidence Dionysia organise un loto vendredi
11 décembre. Inscriptions jeudi 26 novembre
de 10 h à 12 h et de 14 h à 16 h. Tarif 4,50 €.
La COP21 fédère
les religions
Conseils
citoyens
VÉRONIQUE LE COUSTUMER
L’Association pour l’accueil
des voyageurs en banlieue,
lance un appel aux particuliers pour héberger des participants à la COP21. Les hébergeants sont rémunérés
15€ par nuit et pour chaque
personne à laquelle ils fourniront petit-déjeuner, draps
et serviette. Mail : accueil
[email protected]
Tél. : 06 31 02 28 94.
Eloquentia
Lundi 30novembre, ce sera
la soirée de lancement
d’Eloquentia, le grand
concours de rhétorique et
d’éloquence de SeineSaint-Denis. Ça se déroulera à l’université Paris 8, à
19 h. Eloquentia Saint-Denis y donnera notamment
toutes les informations
pour s’inscrire aux auditions de sa classe de formation à l’expression publique : http://eloquentiasaintdenis.fr/
Noël
La Maison de quartier
Franc-Moisin/Bel-Air
organisera une boutique
éphémère de Noël les vendredi11 et samedi 12décembre. D’ores et déjà, les
personnes susceptibles de
proposer objets, cadeaux et
déco de type artisanal doivent déposer leur candidature à la Maison de quartier. Infos au 01 83 72 22 45
ou 06 15 70 88 07.
Laïcité
«Pas de progrès social sans
laïcité.» C’est le thème de la
conférence-débat organisée par l’Observatoire de la
laïcité, avec l’historien Guylain Chevrier, Jean-François
Chalot, secrétaire général
du CNAFAL, et Gilbert
Aberjel, vice-président du
Comité Laïcité République.
La tenue de cette rencontre
avait été empêchée le
27mai par des perturbateurs. Jeudi 3décembre
à 18 h 30 à l’hôtel de ville.
dIOCèSE dE SaINT-dENIS
Prochaine réunion pour
mettre en place ces
Conseils : pour Floréal-Allende-Mutuelle, mercredi
25novembre à 18 h, Maison de quartier Floréal, et
pour le Grand Centre-ville,
samedi28 à 10 h en mairie.
Accueil COP21
L’installation des illuminations de Noël se fait en ce moment
dans la ville. L’inauguration, qui marque l’entrée dans la période
des fêtes, aura lieu dimanche 29 décembre à 11 h dans la halle
du marché. V.L.C.
participé aux dispositifs de secours auprès des
familles évacuées du 48, rue de la République,
les bénévoles de la Croix-Rouge se préparent
à la collecte des banques alimentaires qui aura
lieu les vendredi 27 et samedi 28 novembre.
Ils seront à l’hypermarché Carrefour pour
En raison de l’état d’urgence, les réunions publiques ne peuvent se tenir
dans les établissements
scolaires. D’où l’annulation de celle du 26novembre pour le Conseil citoyen
du Grand Centre-ville. Annulé aussi l’après-midi de
Dons et d’échanges, dont
la préparation a été très
perturbée, se tiendra à une
date qui reste à préciser.
Cowspiracy samedi 28 novembre, au cinéma l’Écran (14, passage de
l’Aqueduc). Projection à 20 h, suivie d’un débat (lire page 21).
Noël illuminé
Banque alimentaire Après avoir
Mgr Pascal Delannoy, évêque du diocèse de Saint-Denis.
Samedi 28 novembre. À l’avant-veille de
la COP21 au Bourget,
Mgr Pascal Delannoy
accueille à Saint-Denis
des pèlerins pour
le climat. L’évêque
nous explique
la portée pour l’Église
de cet engagement.
initiatives sur la voie publique, la
dernière étape, attendue en centre-ville, du pèlerinage pour le
climat a été annulée pour raisons de sécurité. Mais les pèlerins seront au rendez-vous. Allemands, Scandinaves, Néerlandais, Belges, Britanniques, Philippins, et cyclistes venus
d’Afrique de l’Est, ils seront accueillis par Mgr Pascal Delannoy,
évêque du diocèse de Saint-Denis. En tant que vice-président
de la Conférence épiscopale, il
est aussi l’un des signataires
d’un appel pour le climat remis
en juillet dernier à François Hollande. Le texte en était élaboré
dans le cadre de la Conférence
des responsables de culte en
France, qui réunit les représentants des six principaux cultes.
L’évêque nous explique le sens
de cet engagement.
Du 30 novembre au 11 décembre, la Seine-Saint-Denis
focalisera une nouvelle fois
l’attention des médias du
monde entier. Maintenue malgré les attentats, la 21 e conférence des parties sur le climat
ou COP21 se tiendra au Bourget
sous l’égide des Nations Unies.
Déployée sur les 18 hectares du
site de l’aéroport, elle sera ouverte en présence de quelque
140 chefs d’État et de gouvernement. Et plus de 40 000 personnes, délégués et observateurs, y convergeront quotidiennement pendant deux semaines. Les hôteliers de SaintDenis s’en frottent les mains.
Pour le reste, les retombées de
l’événement pour la ville seront
plus modestes que prévu.
La Journée interreligieuse
pour le climat qui y était projetée
le samedi 28 novembre s’y résumera à une matinée entre basilique et salle de la Légion-d’honneur (1). Comme l’ensemble des
Le JSD : Jamais l’Église
ne s’était tant impliquée
à la veille d’une conférence
pour le climat. Peut-on parler
d’une prise de conscience ?
Monseigneur Delannoy :
Avec l’Encyclique Laudato si
(Loué sois-tu), le pape François
nous propose une réflexion intégrale, en nous rappelant que
tout est lié. On ne peut pas s’intéresser à une écologie environnementale en nous désintéressant
d’une écologie humaine. Si nous
voulons y apporter les réponses
les plus adaptées, nous sommes
YaNN MaMbERT
À noter
cette semaine
15
« Tous nos gestes sont
importants, trier nos
ordures, prendre
les transports en
commun… La création
est un don qui nous
est fait […] qu’il faut
transmettre aux
générations futures. »
obligés de réfléchir au développement économique que nous
choisissons, à l’inégalité entre
les peuples, au style de vie que
nous voulons adopter. C’est un
tout. De plus, le pape tient un raisonnement général sur le fonctionnement de notre monde
tout en ayant un discours qui invite chacun à se responsabiliser.
Il nous conseille par exemple de
baisser notre chauffage… Tous
nos gestes sont importants, trier
nos ordures, prendre les transports en commun… La création
est un don qui nous est fait, mais
dont nous ne sommes pas propriétaires, qu’il faut transmettre
aux générations futures. François dénonce l’esprit de consumérisme qui a envahi nos vies,
encombre nos cœurs et nous
renferme sur nous-mêmes dans
une attitude très égoïste. C’est
une révolution de nos comportements à laquelle nous invite
François.
Le JSD : L’Église n’a pas
toujours été ainsi en phase avec
les défis de son temps.
Mgr D. : On appelle dimension
prophétique cette capacité de
l’Église à savoir dire ce qui est en
jeu pour les hommes dans les
changements que nous sommes
en train de vivre. Elle a tenu ce
rôle de manière inégale, parce
qu’il y a eu des moments de l’histoire où elle était trop liée à un
pouvoir politique. Elle avait
donc perdu une partie de sa liberté. Il faut toujours s’interroger : à quel moment je perds ma
liberté ? Recueilli par Marylène Lenfant
(1) De 10 h à 11 h 30, temps spirituel
à la cathédrale basilique.
De 11 h 45 à 12 h 30, remise des
messages des organisations
chrétiennes à des représentants
de l’ONU à la salle de la Légiond’honneur.
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
ÉLECTIONS RÉGIONALES
6 et 13 décembre 2015
17
Une campagne électorale
au point mort
État d’urgence
Les militants du NPA,
formation qui ne présente
pas de listes aux
Régionales, disent « Non
à la guerre et à l’état
d’urgence ». Le NPA écrit :
« Nous n’avons aucune
raison de nous plier
à l’interdiction des
manifestations, bien
au contraire.» Ensemble,
organisation du Front
de gauche, estime aussi
dans « La tulipe rouge »
qu’une « révision de la
Constitution visant à créer
un véritable état d’urgence
permanent constitue
une rupture politique
dangereuse ».
Lutte ouvrière
Dans le cadre des
élections régionales,
Lutte ouvrière organise
une réunion publique
le samedi 28 novembre
à 16 h 30 à la bourse du
travail (9, rue Génin) pour
présenter les idées de
la liste « Faire entendre
le camp des travailleurs »,
conduite par Nathalie Arthaud en Île-de-France et
par Jean-Pierre Mercier en
Seine-Saint-Denis.
Philippe Julien (3e sur
la liste) évoquera aussi
les attentats et la situation
politique qu’ils ont
engendrée. Quatre
Dionysiens sont engagés
sur les listes LO : Philippe
Julien, Agnès Renaud,
Viviane Rongione et
Abdelkader Benramdane.
La conseillère municipale
Front de gauche et militante
communiste Mathilde Caroly
suggère également que « notre
campagne va être modifiée, encore plus à Saint-Denis qu’ailleurs, parce que nous étions en
première ligne ». Deux choses lui
viennent immédiatement en tête
quand on lui demande quels arguments elle va mettre en avant
dans un contexte si douloureux :
« Notre liste s’appelle Nos vies
d’abord. Ce beau titre sonne encore plus juste après les drames. Il
va être encore plus important de
porter les valeurs de la fraternité et
du vivre ensemble quand nous reprendrons la campagne. Et puis,
nous allons dénoncer le Front national qui vient d’insulter les Dionysiens en demandant que SaintDenis soit mis sous tutelle par pur
Dominique Sanchez
« Ne pas passer pour
des vendeurs de soupe »
L’affichage, légal comme sauvage, est en stand-by.
calcul électoraliste. Ce parti ne
respecte pas le deuil national et divise la Nation.» Mme Caroly, avant
de reprendre le chemin des distributions de tract, reconnaît
«qu’après ce qui s’est passé, cela va
être dur de ne pas passer pour des
vendeurs de soupe ».
Cette difficulté, Europe Écol o g i e L e s Ve r t s e n a a u s s i
conscience. « Le climat ne sera
pas favorable pour parler des
Régionales et si les gens ne veulent discuter que des attentats et
de la situation après, il faudra le
faire », expliquent de concert
Za ï a Bo u g h i l a s, Fo d h i l Ha moudi, Kader Chibane et Cécile Ranguin. Ces élus municipaux veulent aussi angler l’ar-
gumentaire en appelant à se
désinvestir sur les énergies fossiles et en rappelant que « le financement de l’État islamique,
c’est le pétrole vendu clandestinement à des États ». Les milit a n t s a va i e n t d é j à d u m a l à
donner de l’enthousiasme à
des électeurs qui n’en avaient
guère avant le 13 novembre. Ils
sont maintenant face à une inconnue : ces Régionales vontelles sombrer dans l’anonymat
d’élections de seconde zone,
ou au contraire, comme l’espère Kader Chibane, connaîtront-elles « un sursaut de participation au nom de notre système démocratique ». Dionysienne candidate
Sofia Boutrih, 19e sur
la liste Front de gauche
Dionysien candidat
Damien Martineau,
11e sur la liste
« Je suis née à Saint-Denis, à la clinique de l’Estrée. » Sofia Boutrih, 26 ans,
vit cité Péri depuis dix-huit ans après
que ses parents venus du Maroc ont pu
s’extraire de l’insalubrité locative.
Seule fille au milieu de trois frères, elle a
longtemps eu envie d’être avocate pénaliste. Licence de droit et diplôme de
l’ENS Cachan en poche, elle change finalement d’avis après deux stages dans
le célèbre cabinet parisien Cohen Sabban. « Ça ne correspondait pas du tout à
la vie que je voulais avoir. L’approche est
trop pécuniaire. » Après, il y a une parenthèse d’un an. « Mon petit frère a eu
un cancer, j’ai choisi de m’en occuper. »
Quand elle se relance, c’est pour la
géopolitique. Elle intègre l’école des
Relations internationales et la quitte
avec un master, « promotion Rama
Yade », sourit-elle. « C’était cher, toute la
famille m’a aidé pour que je puisse l’intégrer », explique celle qui a fait son cursus scolaire de base à Saint-Denis. Ce
nouveau bagage universitaire lui ouvre
alors la porte du cabinet du député
Braouezec. « Ça a été ma première expérience politique. » Depuis, elle en fait
sur le terrain.
En 19 e position sur la liste Front de
gauche, cette adhérente communiste
de fraîche date enchaîne marchés, trac-
Côté boulot, Damien Martineau est
aide soignant à domicile dans le 15e arrondissement de Paris. Côté logis, ce
Dionysien de 34 ans vit quartier SaintRémy depuis une décennie. D’abord en
coloc, au sortir d’un logement insalubre
de L’Île-Saint-Denis, puis seul. Fabriqué
dans l’Anjou par des parents paysans,
« je suis né à la ferme » précise-t-il, il se familiarise à la chose politique vers 11-12
ans au conseil municipal des enfants. Il
s’éloigne de son village en intégrant le lycée : « Je n’ai pas eu une enfance heureuse.
J’étais un homosexuel présumé. J’ai demandé à ce qu’on m’envoie en internat
pour goûter aux joies de l’anonymat. »
À la fin du siècle dernier, il taille la
route plus loin. Direction l’Île-deFrance où il intègre une communauté
religieuse, qu’il quitte au bout d’un an :
« Je voulais avoir une vie auprès des pauvres et je trouvais les gens avec qui j’étais
trop riches, trop bourgeois. » Avant de rejoindre un 9.3 plus conforme à ses aspirations de vie, Damien Martineau fait
étape dans le 9.2, à Puteaux… « C’est là
où je me suis mis à la politique », là qu’il
prend sa carte en 2004 quand Les Verts
muent en Europe Écologie. Eva Joly, il
est séduit. « J’aime ce qu’elle écrit. Son
style je suis une vieille ménopausée, votez pour moi me plaît beaucoup. »
Sofia Boutrih.
tages et porte-à-porte. Son cheval de
bataille, c’est « l’égalité femme-homme,
le changement de mentalités nécessaire
pour que les femmes se sentent à l’aise à
Saint-Denis dans l’espace public ». Une
fois finie son travail à Plaine Commune
Habitat où elle est aujourd’hui chef de
projet après avoir suivi un ultime master à Paris 8, elle essaie de convaincre
les électeurs qui lui disent « la gauche
c’est devenu n’importe quoi » de ne pas
voter FN « pour provoquer un électrochoc ». Sofia ne le cache pas, c’est un sacré boulot… D.Sz
Les autres Dionysien(ne)s sur la liste :
Jaklin Pavilla, Kaïda Kroziz et Bally Bagayoko.
Dominique Sanchez
Dominique Sanchez
Des panneaux électoraux
vierges d’affiches. Des tracts
distribués sur le marché dimanche 22 novembre qui ne
traitent pas des élections régionales mais du terrorisme et de
l’état d’urgence ou de la COP21.
À deux semaines d’un vote,
c’est du jamais vu. Daech s’est
invité dans la campagne électorale et l’a rendue atone. Le Parti
socialiste, le Front de gauche et
EELV, formations politiques les
plus en vue localement à l’approche des rendez-vous électoraux, ont laissé la propagande
p r o Ba r t o l o n e, L a u re n t o u
Cosse dans le local de leurs comités locaux respectifs depuis
le 23 novembre. Mathieu Hanotin nous l’annonçait dès la fin
de la semaine dernière juste
après la fin de la traque des terroristes à l’angle des rues de la
République et du Corbillon :
« Nous interrompons la campagne jusqu’à l’hommage national aux victimes qui sera organisé vendredi 27 novembre
aux Invalides. » Le député PS
sait que la campagne sera expresse, un week-end et une semaine, avant le 6 décembre
date du premier tour. « Nous
voulions organiser plusieurs
réunions pour parler de notre
programme, nous n’en tiendrons finalement qu’une seule.»
Et le parlementaire sait aussi
que les bouleversements ne
concerneront pas seulement
l’agenda : « Les attentats changent de fait la nature du débat et
sans doute durablement. »
Dominique Sanchez
Militants. C’est
d’ordinaire le rush
final pour les encartés.
Au lieu de cela, les
attentats perpétrés
ont mis en sommeil les
initiatives politiques
locales.
Damien Martineau.
L’écologie, il n’est pas tombé dedans
grâce aux paysans de son enfance. « Ce
sont des patrons adhérents au FNSEA qui
n’ont rien à faire de l’environnement. » Il
se souvient par contre de son adhésion
« à 16 ans, dès que j’ai eu ma carte bancaire » à la Ligue de protection des oiseaux. Le candidat d’aujourd’hui n’est
pas bourreur de crânes. « Ce qui compte,
c’est de savoir ce que les gens vivent et
pensent », dit-il. Avant de lâcher qu’il
parle surtout des pollutions de l’A1 et de
l’A86 qui nous impactent au quotidien.
« On veut changer tout ça », dit-il. D.Sz
Autre Dionysien sur la liste : Laurent
Servières.
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
Tous les résultats sur www.lejsd.com
SPORTS
19
Calendrier
Basket-ball
Saint-Denis US
Nationale 3 masculine
Samedi 28 novembre, à 20 h 30,
US Maubeugeoise/Sdus.
Football
Saint-Denis US
Senior DSR
Dimanche 29 novembre, à 15 h,
Plessis-Robinson/Sdus.
Cosmos FC
1re division 93
Dimanche 29 novembre, à 15 h
à Delaune, Cosmos FC/
Coubronnais FC.
Rugby
Saint-Denis US
Fédérale 2
Dimanche 29 novembre, à 15 h,
Club OL Creusot Bourgogne/Sdus.
Tennis de table
Saint-Denis US
Nationale 2 dames
Samedi 28 novembre, à 15 h
à La Raquette, Sdus 2/Nantes.
Dimanche 29 novembre,
Angoulême 1/Sdus 2.
Résultats
Athlétisme
AlexAndre rAbiA
Saint-Denis Émotion
Championnats
départementaux en salle
FFA à Eaubonne (95)
Dimanche 22 novembre, à Lillers, Éric Akoun coache les footballeuses du Racing.
Football féminin
Le Racing reste
dans la course
Maintien. Promu
en D2 pour la première
fois de sa jeune
histoire, le club vit
un début de saison
compliqué. La victoire
de ce week-end
à Lillers arrive à point.
Dimanche 22 novembre,
8 h 30. Alors que le froid s’abat sur
la cité dionysienne, les premières filles arrivent au stade Auguste-Delaune. Comme pour
chaque rencontre à l’extérieur, le
Racing se déplace en car, emmenant les joueuses, le staff… et
trois supporters. «On y va en petit
comité, ça permet aux filles de rester concentrées du départ
jusqu’au coup d’envoi du
match », explique l’entraîneur
Éric Akoun. Il faut dire qu’avant
ce déplacement, les coéquipières de Madina restent sur 3
défaites consécutives et 14 buts
encaissés. « On ne va pas se men-
tir, le début de saison était chaud
dans le vestiaire, confie la capitaine. On s’est peut-être vues trop
belles. » Éric abonde dans son
sens. « Les anciennes ne se sont
pas remises en question. Ce
qu’elles faisaient en DH, elles pensaient pouvoir le reproduire en
D2. Et puis quelques conflits sont
venus perturber le vestiaire. » Du
coup, cet ancien professionnel
passé par Reims s’est attaché les
ser vices de trois nouvelles
joueuses, dont l’expérimentée
Kheira Bendiaf, qui a déjà évolué
au plus haut niveau national.
Une victoire
et des sourires
Après une halte dans un restaurant local, la formation rejoint
le stade. Dans le vestiaire, la
concentration se lit sur le visage
des joueuses. « On sait l’importance de cette rencontre. Que cela
vous plaise ou pas, qu’il y ait du
beau jeu ou pas, je veux la victoire
et rien d’autre. » En début de
match, la réussite qui fuit le Racing ces derniers temps semble
enfin revenir : après un sauvetage
sur la ligne d’Aissatou, cette dernière ouvre le score quelques instants plus tard à la suite d’un joli
mouvement collectif. Malheureusement, le Racing se fait rejoindre juste avant la pause, sur
Samedi 21 novembre, Sarah
Bikindou (SEF) 1re de la finale B du
60 m en 8”16. Anaïs Gervinet (JUF)
3e en finale du 400 m en 71”09.
Christelle Tie (ESF) 2e de la finale B
du 60 m en 8”25. Jahni Joisin (CAF)
1re de la finale du 400 m en 67”.
Carole Lim (SEF) 1re du concours du
saut à la perche avec 3 m 40.
Cédric Traore Lamine (SEM) 1er de
la finale C du 60 m en 7”33. Kévin
Sylvestre (SEM) 1er du concours
de saut en longueur avec 6 m 91.
Cedrick Aexandre (SEM) 2e du
concours de saut en longueur avec
6 m 67. Lorenzo Omari (JUM) 1er de
la finale du 400 m en 51”70. Antony
Soufflet (ESM) 2e du concours de
saut en longueur avec 6 m 56.
Kevin Pompee (ESM) 2e en finale du
400 m en 55”70. Souleymane Keita
(ESM) 2e du concours de saut en
longueur avec 5 m 90. Logan Goth
(ESM) 1er de la finale du 400 m en
53”09.
Cross national à SaintPierre-lès-Nemours (77)
Dimanche 22 novembre, Vanessa
Roy (SEF) 8e (sur 98) du cross des
AS féminine en 21’45” (5.820m).
Football
Saint-Denis US
DSR
un coup franc mal négocié par la
défense dionysienne. Dans le
vestiaire, Éric Akoun, gonflé à
bloc, harangue ses troupes. « On
fait un bon match mais faut s’imposer physiquement. Arrêtez de
vous faire bouger ! »
Le message est parfaitement
compris. Trente secondes après
ÉCLAIRAGE
Une réforme
qui ne passe pas
« La réforme nous met la pression, chaque match est une finale. »
Par cette phrase, la capitaine Madina exprime le ressenti général des
joueuses. Placé dans une poule de douze, le Racing doit finir dans les
six premiers pour ne pas être relégué en fin de saison. Une anomalie
selon Éric Akoun. « Il y a une pétition qui va être lancée sur cette réforme que tout le monde trouve absurde et ridicule. On souhaite que la
fédération lance dès la saison prochaine la D3, et n’attende pas une année supplémentaire. » Actuellement 8 e avec un match en retard,
Saint-Denis redescendrait virtuellement au niveau régional. « Les
amateurs existent dans le foot masculin, il faut que cela soit la même
chose pour le foot féminin », conclut le coach dionysien. A.R.
la remise en jeu, le Racing double la mise par l’intermédiaire
de Macoura sur penalty. Dix minutes plus tard, Ophélie prend
de vitesse la défense adverse et
inscrit le troisième but de son
équipe. Lillers ne reviendra
plus. « Mathématiquement,
cette victoire nous fait énormément de bien, souffle Éric au
coup de sifflet final. L’objectif du
maintien est toujours jouable et
on reste au contact de la 5e place.»
Soulagé, le président Paul Mert
s’empresse de fêter ce succès
dans le vestiaire, où les cris de
joie se multiplient. Victorieux
d’un concurrent direct et revigoré par l’arrivée de sang neuf, le
Racing va donc pouvoir aborder
les prochaines échéances avec
u n peu plu s de sér éni t é. Et
continuer son apprentissage du
haut niveau.
Alexandre Rabia
Plus d’images
du Racing sur
www.lejsd.com
Sdus/Paris Saint-Germain 3 : 1-1.
Cosmos FC
1re division 93
Montreuil RSC 2/Cosmos FC : 1-1.
Football féminin
RC Saint-Denis
D 2 féminine
Lillers FC/RC Saint-Denis : 1-3.
Rugby
Saint-Denis US
Fédérale 2
Sdus/ CS Beaunois : 34-24.
Tennis
Saint-Denis US
Masculin + 45 ans
Sdus/TC Tremblay : 1-2.
Tennis de table
Saint-Denis US
Critérium fédéral individuel
Nationale 1
Célia Silva et Prithika Pavade
terminent 3es.
Pré-régionale messieurs
Rosny JA 3/Sdus 3 : 15-27.
Départementale 1
messieurs
Livry-Gargan 8/Sdus 4: 16-26.
Livry-Gargan 7/Sdus 5 : 20-22.
Neuilly-sur-Marne 6/Sdus 6 : 22-20.
Livry-Gargan 9/Sdus 7 : 26-12.
Cultures
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
21
La semaine du 25 novembre au 1er décembre 2015
Agenda
14, rue Saint-Just
Tél. : 01 49 98 39 20
14/19, La
Mémoire nous
joue des tours
La compagnie Jolie
Môme présente reprend
son spectacle, en
contre-pied de la
commémoration
officielle de la Première
Guerre mondiale, ici
abordée sous l’angle
de l’internationalisme
à travers un drôle
de voyage dans le temps
d’une lycéenne
d’aujourd’hui…
Jusqu’au 20 décembre : vendredis 27 novembre et 4 décembre
à 20 h 30, samedis
28 novembre, 5, 12 et
19 décembre à 20 h 30,
dimanches 29 novembre, 6, 13 et 20 décembre à 16 h. Tarifs : 18 et
12 €. Restauration
légère sur place. Réservations conseillées.
Dimanche 29 novembre
à 15 h, rencontre avec
Didier Daeninckx.
Le 6b
6/10, quai de Seine
Exposition
Le collectif La Rage
expose une série
d’affiches féministes
contemporaines venues
d’Europe et des Amériques, avec la volonté
de partager des
inspirations graphiques
différentes sur les droits
des femmes et l’anti
sexisme. Trouvées sur
le Web, vues dans la rue,
envoyées par des
militantes, ces affiches
ont été sérigraphiées
par le collectif La Rage,
à l’atelier du 6b.
Jusqu’au 28 novembre. Ouvert le week-end
de 10 h à 18 h, les
mercredis, jeudis
et vendredis de 14 h
à 19 h 30. Entrée libre.
TGP
59, boulevard
Jules-Guesde
Tél. : 01 48 13 70 00
Exposition
Le TGP présente dans
son espace cafétéria
une exposition d’œuvres de l’artiste syrien
Omar Ibrahim. Diplômé
des Beaux-Arts de
Damas, il est réfugié en
France depuis 2014.
Jusqu’au 29 novembre. Entrée libre.
Basilique
Saint-Denis
1, rue de la Légiond’honneur
Tél. : 01 49 21 14 87
Les Grandes
robes royales
de Lamyne M.
L’artiste styliste Lamyne
M. expose ses grandes
robes créées en lien
avec les gisants de la
nécropole. Une œuvre
Bourse
du travail
magnifique, qui fait
écho au monument et
à la ville de Saint-Denis,
où il vit et travaille.
Jusqu’au 30 avril
2016, de 10 h à 17 h 15,
dimanche de 12 h à
17 h 15. Tarifs : 8,50
et 6,50 € (gratuit pour
les moins de 18 ans
et les 1ers dimanches
du mois).
9/11, rue Génin
Tél. : 01 55 84 41 13
Projection
Les unions locales CGT
de Saint-Denis et d’Aulnay organisent la projection du film Une jeunesse
parisienne en résistance,
de Mourad Lafitte et
Laurence Karsznia,
consacré à l’histoire
de jeunes gens engagés
dans la Résistance en
suivant le parcours de
l’un d’eux, Henri Krasuki.
Vendredi 27 novembre à 18 h 30,
salle Marcel-Paul.
Musée d’art
et d’histoire
22 bis, rue Gabriel-Péri
Tél. : 01 42 43 05 10
Exposition
Otto Dix
Le peintre allemand
Otto Dix (1891-1969)
rend compte de son
expérience sur le front
de la guerre entre 1915
et 1918 par des cartes
postales.
Jusqu’au 21 décembre, les lundis,
mercredis, vendredis
de 10 h à 17 h 30,
le jeudi jusqu’à 20 h, les
samedis et dimanches
de 14 h à 18 h 30.
Tarif : 5 et 3 €.
Exposition
de bois gravés
Toujours en lien avec
les commémorations de
la Grande Guerre, le
musée propose une
exposition de 16 images
sur bois gravés
réalisées par André
Deslignères lorsqu’il
était au front.
Jusqu’au 30 juin
2016.
Trissotin
ou Les femmes savantes
Médiathèque
Ulysse
37, cours du Ru-deMontfort
Tél. : 01 71 86 35 20
TGP
Il reste cinq jours pour aller savourer la pièce de Molière mise
en scène par Macha Makeïeff. Au-delà de la grande qualité de
ce spectacle (voir JSD n°1061 du 18 novembre), aller au théâtre
prend aujourd’hui un sens particulier. « La peur ne doit pas nous
empêcher de nous réunir, au théâtre, au cinéma, à la médiathèque, au stade, aux terrasses des cafés, au square. Ce sont
ces espaces de rencontre, d’échanges, de pensée, de poésie,
de bien-être, qui fondent notre culture », écrivait Jean Bellorini,
le directeur du TGP, le soir de l’assaut du Raid à Saint-Denis.
« Plus que jamais, nous sommes convaincus de la nécessité de
nous retrouver dans ces lieux de pensée et de poésie que sont
les théâtres. Nous serons heureux et fiers de vous y accueillir ! »
Que son message soit entendu. B.L.
Jusqu’au 29 novembre, de mercredi à samedi à 20 h,
dimanche à 15 h 30. 59, boulevard Jules-Guesde. Durée : 2 h.
Tarifs : de 6 à 23 €. Réservations : 01 48 13 70 00 ;
www.theatregerardphilipe.com
Projection
La médiathèque du quartier Franc-Moisin Bel-Air
propose la projection
du film Le Sel de la terre,
de Wim Wenders et
Juliano Ribeiro Salgado.
Vendredi 27 novembre à 18 h 30. Entrée
libre.
Médiathèque
Centre-ville
LoLL wiLLems
Théâtre de
la Belle étoile
4, place de la Légiond’honneur
Tél. : 01 49 33 92 40
Exposition
À l’occasion de la
COP21, la médiathèque
présente une exposition
de portraits engagés
pour le climat, de
Philippe Monges.
Jusqu’au 31 décembre. Entrée libre.
Projection
La médiathèque
propose la projection
du film Le Sel de la terre,
de Wim Wenders
et Juliano Ribeiro
Salgado.
Samedi 28 novembre
à 15 h. Entrée libre.
Parazar
Projet
de comédie
musicale
L’association Parazar
propose une rencontre
autour de son projet de
comédie musicale jeudi
26 novembre à 18 h
à la Maison de la vie
associative (19, rue
de la Boulangerie).
Ouvert aux associations menant des
ateliers de pratiques
amateurs et aux artistes
dionysiens pros
ou amateurs.
Paris
La Note
enchantée
La chanteuse lyrique
dionysienne Diane
Gonié (soprano) est à
l’affiche, avec la pianiste
Raphaëlle Crosnier,
de La Note enchantée
au Théâtre de Nesle
(8, rue de Nesle, 75006
Paris). Un spectacle
en forme de parcours
dans le monde de
l’opéra avec des airs
de Mozart, Gounod,
Offenbach… Le samedi
à 17 h jusqu’au
26 décembre (sauf le 5).
Réservations
au 01 46 34 61 04.
Suivez-nous
sur lejsd.com,
sur Facebook
et sur Twitter !
Cinéma
8 rue du Mondial-1998. Tarif plein
10,40€ (adulte); Tarifs réduits*: 4€
(–14 ans); 8,60 € (étudiants, lycéens,
collégiens); 8,80€ (+de 60 ans); +2€
pour les séances en 3D et +1€ pour
l’achat des lunettes 3D. Tarif Imagine R
du lundi au jeudi: 6,50€, Imagine R du
vendredi au dimanche: 7,50€. Matin
avant 12h: 7,40€. Carte 39,50€(5
places valable tous les jours partout en
France pendant 3 mois; maximum 3
places par séance). Info: 0892 696696
code #193/ 0,34€/mn.
* Sur présentation d’un justificatif.
Babysitting 2
VF, 1 h 32
lun : 20 h, 22 h 15.
Le voyage
d’Arlo
VF, 1 h 34
mer, jeu, ven, sam, lun,
mar : 13 h 20, 15 h 40 ;
dim : 10 h 35, 13 h 15,
15 h 40. En relief (3D)
TLJ : 17 h 40, 20 h 25,
22 h 25.
Strictly
criminal
VF, 2 h 02, int. – 12 ans
TLJ : 13 h 45, 16 h 20,
20 h, 22 h 15 + dim : 11 h.
Docteur
Frankenstein
VF, 1 h 42
mer : 13 h 30, 16 h 05,
18 h 15, 19 h 30,
21 h 50 ; jeu, ven, sam,
lun, mar : 13 h 30,
16 h 05, 18 h 15, 20 h,
22 h 05 ; dim : 10 h 45,
13 h 30, 16 h 05, 18 h 15,
20 h, 22 h 05.
Hunger games
la révolte :
partie 2
VF, 2 h 16
TLJ : 13 h 25 + dim :
10 h 40.
En relief (3 D)
mer, jeu, ven, sam, mar :
14 h, 15 h 30, 17 h,
18 h 15, 19 h 45, 21 h,
21 h 45 ; dim : 11 h 15,
14 h, 15 h 30, 17 h,
18 h 15, 19 h 45, 21 h,
21 h 45 ; lun : 14 h,
15 h 30, 16 h 45, 18 h 15,
19 h 30, 21 h, 21 h 55.
À vif
VF, 1 h 40
TLJ : 20 h, 22 h 10.
Le dernier
chasseur
de sorcières
VF, 1 h 47, int. – 12 ans
mer, jeu, ven, sam :
13 h 40, 18 h 45 ; dim,
lun, mar : 17 h 45.
Le labyrinthe :
terre brûlée
VF, 2 h 13
mer, jeu, sam : 16 h,
21 h 15 ; ven : 21 h 15.
COP21
et Valérie Donzelli
Nous trois
ou rien
VF, 1 h 43
mer : 17 h 15 ; jeu, ven,
sam, : 13 h 30, 15 h 40,
17 h 50 ; dim : 15 h ; lun,
mar : 13 h 30, 15 h 40.
Les soirées de l’Écran
007 Spectre
VF, 2 h 28
TLJ : 14 h 15, 17 h 30,
20 h 45 + dim : 10 h 50.
Paranormal
activity
VF, 1 h 28, en relief (3D)
mer, jeu, ven, sam, dim,
mar : 19 h 45, 22 h 30.
Hôtel
Transsylvanie
VF, 1 h 29
mer : 13 h 20, 15 h 15 ;
dim : 10 h 30, 13 h.
Les nouvelles
aventures
d’Aladin
VF, 1 h 45
TLJ : 13 h 25, 15 h 40,
17 h 50 + dim : 10 h 45.
L’Écran
Place du Caquet. Répondeurprogramme: 0149336677. Site:
www.lecranstdenis.org Tarifs: 7€,
6€(réduit), 4, 50€(abonnés),
4€ (–14 ans), 3,50€ (films «f»).
Anina
d’Alfredo Soderguit,
Changeons le système, pas le climat ! À l’occasion de la COP21,
l’Écran consacre une soirée, samedi 28 novembre à 20 h
et en partenariat avec ATTAC, à cet événement. Après la projection
de Cowspiracy, le secret du développement durable, de Kip Andersen
(États-Unis, 2014, lire page 15), une table ronde réunira différents
acteurs de la transition écologique sur le thème de la réduction
du CO2 dans nos assiettes.
Le lendemain, dimanche 29 novembre à 16 h, l’Écran propose
une rencontre avec Valérie Donzelli à l’issue de la projection
en avant-première de son dernier film, Marguerite et Julien. B.L.
Notre petite sœur
Le film de la semaine
Trois sœurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à
Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur
père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années
auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur,
Suzu, âgée de 14 ans. D’un commun accord, les jeunes femmes
décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale… « Bien qu’inspirée d’un manga, cette chronique familiale
sur quatre saisons fait irrésistiblement penser au cinéma d’Ozu.
Des quatre merveilleuses actrices, Haruka Ayase (la sœur aînée)
se détache par la beauté de son sourire et sa sérénité presque
stoïque qui rappellent la grande Setsuko Hara. Le cadre très
composé, fait d’imperceptibles recadrages qui nous rapprochent doucement des personnages, se libère dans la scène
finale par un travelling sur la plage qui scelle le lien entre
les quatre héroïnes, en évoquant la promenade d’Eté précoce.
Des personnages secondaires apportent une précieuse note
d’émotion à ce récit mélancolique. » (Positif). C.H.
Uruguay/Colombie,
2013, 1 h 22, VF
mer : 14 h (f) ; sam :
16 h 30 (f) ; dim : 14 h 30
(f).
mer : 14 h 15, 16 h 15,
18 h 30 ; ven : 12 h ;
sam : 18 h ; dim : 14 h ;
lun : 14 h 15, 20 h 45 ;
mar : 18 h 30, 20 h 45.
20 h 45 ; ven : 17 h 45,
20 h 30 ; sam : 14 h 30 (VF),
17 h 30, 20 h 30 ; dim : 16 h
(VF), 18 h 45 ; lun : 17 h 45,
20 h 30 ; mar : 18 h.
Notre petite
sœur
Le Fils de Saul
Changeons
le système,
pas le climat
de Hirokazu Kore Eda,
Japon, 2015, 2 h 08,
VOSTF
mer : 20 h 30 ; ven :
18 h 15 ; sam : 14 h ;
dim : 19 h ; lun : 16 h 15.
L’Hermine
D.R.
Gaumont
de Christian Vincent,
France, 2015, 1 h 38
de László Nemes, Hongrie, 2015, 1 h 47, VOSTF
ven : 14 h 15, 16 h 15,
20 h 45 ; lun : 18 h 45 ;
mar : 20 h 30.
007 Spectre
de Sam Mendes, ÉtatsUnis/Grande-Bretagne,
2 h 30, VF et VOSTF
mer : 15 h 30 (VF) ; 18 h,
sam : 20 h (+ rencontre).
Marguerite
et Julien
de Valérie Donzelli,
France, 2015, 1 h 50,
en avant-première
dim :16 h.
N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
CULTURES
Ligne 13
yann mambert
Depuis 2011, l’association
Aphrika-Beat organise tous les
ans un festival reggae avec,
pour chaque édition, une thématique liée à ses engagements en matière de défense
de l’environnement et de développement durable. Avec la
proximité de la COP 21, l’édition 2015 du Universal Reggae
Festival, samedi 28 novembre
à la Ligne 13, porte d’autant
plus ces idéaux. « Ce que nous
voulons dire, c’est que chacun
de nous, et pas seulement les
politiques, doit agir pour l’avenir de notre planète », lance
Romy.K, chanteur et organisateur du festival. Celui-ci débutera dès 19 h 30 avec des pro-
Un fils de notre temps donné dans la salle Jean-Marie Serreau du TGP en janvier 2015.
Reprise
Un fils ô combien
de notre temps
Une logique infernale
est démontée
« Ce texte magnifique est
plus que jamais visionnaire »,
lance Jean Bellorini. En effet.
La sinistre actualité récente
nous rappelle s’il en était besoin la monstruosité à laquelle
peuvent aboutir le fanatisme et
la négation de l’autre.
yann mambert
Un jeune homme, sans perspectives ni avenir, s’est engagé
dans l’armée. « Et ça me plaît
d’être soldat, dit-il. Ma vie a retrouvé un sens. » Fanatisé à l’extrême jusqu’à nier la notion
même d’individu, aveuglement
prêt à toutes les exactions, il est
soudainement et brutalement
renvoyé de l’armée à la suite
d’une blessure, se retrouve au
chômage, exclu, mis au ban de la
société, entraîné dans une chute
sans fin.Voilà la trame d’Un fils de
notre temps, roman du dramaturge allemand Ödön von Horvath (1901-1938), qu’a mis en
scène Jean Bellorini. Écrit en
1938, donc peu avant sa mort,
alors que von Horvath est en exil
à Paris pour échapper au régime
« J’ai choisi quatre comédiens pour incarner
ce personnage qui sont
aussi musiciens, car à
mes yeux la musique
contribue à la force
d’un récit pour le partager avec les spectateurs », dit J. Bellorini.
jections de films réalisés en
Éthiopie, en Côte d’Ivoire et au
Sénégal auprès d’initiatives de
rastas, nombreux en Afrique,
qui ont travaillé sur ces sujets.
Un débat avec le public suivra cette projection avant que
la musique soit au centre de la
soirée. Un grand concert réunira Romy.K, bien sûr (qui prépare son troisième album
pour l’été 2016), Serges Kassy,
Pablo U Wa, Pablo Anthony et
Queen Sheeba. « Il y aura aussi
plusieurs artistes invités », annonce Romy.K. Ainsi que de la
restauration bio et végétarienne et des expositions d’artisanat rasta. B.L.
Elles sont deux sœurs jumelles, nées sous le signe des
pinceaux. Delphine et Élodie
Chevalme exposent, avec une
troisième plasticienne, BauBô,
d u 1 e r a u 6 d é c e m b re a u 6 0
Adada. Les sœurs Chevalme
ont leur atelier au 6b depuis
août 2014 et travaillent en lien
étroit avec le Café culturel.
D’où leur contribution active à
la prochaine Fabrique Macadames du 13 décembre au TGP.
Nous y reviendrons. « Cela fait
dix ans que nous travaillons en-
Universal Reggae Festival
samedi 28 novembre à la Ligne 13
(12, place de la Résistance).
Tarifs : 15 €, 12 € en prévente.
« Et BauBô, artiste
féministe engagée »
Avec elles, donc, une troisième artiste, BauBô. « C’est
une plasticienne dont le travail
s’apparente au street art. Elle
travaille à Paris et est une artiste féministe engagée », précise Delphine. BauBô participera elle aussi à la Fabrique
Macadames puisqu’elle s’immiscera dans la scénographie
de Jean-Matthieu Fourt. « Au 60
Adada, comme elle intervient
Delphine et Élodie Chevalme devant l’affiche qu’elles ont réalisée pour la Fabrique Macadames.
beaucoup dans la rue, elle présentera son travail sous la forme
d’une installation », précise
Delphine. À noter que lors du
d é c r o c h a g e d e l ’ e x p o, d i manche 6 décembre à 18 h, un
concert acoustique réunira
Nathalie Ahadji (saxo), Samia
Diar (chant), Naïssam Jalal
(flûte). Comme un prologue à
la Fabrique Macadames… Benoît Lagarrigue
Exposition du 1er au 6 décembre au
60 Adada (60, rue Gabriel-Péri).
Ouvert tous les jours de 15 h à 19 h.
Vernissage mardi 1er décembre à
17 h 30 ; décrochage dimanche 9 décembre à 18 h. www.60adada.org
Interphonie
Antenne TV
D.r.
Un fils d’un autre temps du
25 novembre au 11 décembre au
TGP (59, boulevard Jules-Guesde,
salle Mehmet-Ulusoy), du lundi
au samedi à 20 h 30, sauf le samedi
5 décembre à 18 h, dimanche à 16 h,
relâche le mardi. Durée : 1 h 45.
Tarifs : de 6 à 23 €.
Réservations : 01 48 13 70 00 ;
www.theatregerardphilipe.com
et blanc, jusqu’à l’image finale,
qui seront présentées au 60
Adada. « Mais nous montrerons
aussi la première toile d’un
nouveau projet que nous entamons à Saint-Denis, sur la
place des femmes dans l’espace
public », annonce Delphine.
« C’est pour nous intéressant de
travailler sur un territoire, de s’y
intégrer », ajoute Élodie.
Courants faibles,
« Parce que le droit à la culture et à la liberté n’est pas
négociable, parce que nos enfants ont droit à l’imaginaire et
aux rêves, nous faisons le choix de maintenir le Salon du livre
et de la presse jeunesse de Montreuil », indiquent les organisateurs de cette manifestation annuelle qui a rassemblé en 2014
plus de 160 000 visiteurs. Le Salon aura donc aura bien lieu
du 2 au 7 décembre, et toutes les dispositions ont été prises
pour répondre totalement aux consignes de sécurité. B.L.
Espace Paris-Est-Montreuil (128, rue de Paris à Montreuil).
Benoît Lagarrigue
semble », annonce Delphine.
Elle a débuté dans l’architecture avant de se tourner vers les
arts déco alors que sa sœur,
g ra p h i s t e, a é v o l u é d a n s l a
communication événementielle. Après avoir travaillé déjà
ensemble au sein d’un collectif
pour des lieux comme le Batofar, elles se décident à davantage poursuivre leurs projets
personnels.
Au d é p a r t , l e u r t r a v a i l à
Saint-Denis était une commande. « Cristina Lopès, la directrice du Café culturel, nous
avait demandé une affiche
pour la Fabrique Macadames,
raconte Élodie. Petit à petit, ce
fut un véritable projet qui s’est
développé, autour d’une progression et d’une évolution de
l’image. » L’affiche est ainsi devenue, à l’instar du spectacle,
une création en cours. Ce sont
ces différentes étapes, depuis
les premières esquisses en noir
La Salon du livre
jeunesse aura lieu
Montreuil
Dans une scénographie
poétique et splendide et une
mise en scène où la musique est
plus que présente, ce spectacle
est non seulement une formidable réussite formelle mais
une belle matière à réflexion.
C’est une logique infernale qui
est démontée, celle de l’intolérance qui se nourrit de l’ignorance. « Quel menteur j’étais ! »,
dit ce fils de notre temps. « Que
c’est facile de couvrir ses méfaits
du drapeau de la patrie, comme
si c’était un blanc-manteau
d’innocence ! Comme si un méfait n’était pas un crime, qu’il ait
été commis au service de la patrie ou d’une quelconque autre
société… » Des années 1930 à
aujourd’hui, le message est
toujours pertinent. Exposition
Artistes
de sœurs
60 Adada. Élodie et
Delphine Chevalme
sont jumelles et
ont réalisé une affiche
pour la Fabrique
Macadames. Ce sont
les différentes étapes
de cette création qui
seront présentées.
Sonorisation
Sécurité
véronique Le coustumer
départ pour le théâtre. Ce qui fut
largement fait depuis, entre autres à Saint-Denis dans les Maisons de quartier Floréal et Sém a rd . C ’ e s t c e t r è s b e a u e t
émouvant spectacle qui est
donc repris du 25 novembre au
11 décembre, cette fois-ci dans
la salle Mehmet-Ulusoy.
nazi, Un fils de notre temps est un
long et beau monologue d’un
personnage anonyme, fruste et
inculte, balayé par les vents de
l’histoire. « J’ai choisi quatre comédiens pour incarner ce personnage égaré. Et ceux-ci (Clément
Durand, Gérôme Ferchaud, Antoine Raffalli, Matthieu Tune)
sont aussi musiciens (clavier, guitare, violon, trompette) car à mes
yeux la musique contribue, avec
le travail des acteurs, à la force
d’un récit pour le partager avec les
spectateurs», disait Jean Bellorini
lors de la création du spectacle.
Nous l’avions vu alors, en
janvier 2015, dans la salle JeanMarie Serreau du TGP. Il a été
conçu pour pouvoir être joué
dans des lieux non destinés au
P.L.o.
Les rastas
ambiancent
la COP21
TGP. Le dramaturge
allemand Ödön von
Horvath imagine en
1938 un personnage
anonyme, fruste
et inculte, fanatisé à
l’extrême. Visionnaire,
juge Jean Bellorini,
le metteur en scène.
CULTURES
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benoît lagarrigue
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N°1062 DU 25 NOVEMBRE AU 1ER DÉCEMBRE 2015
Vidéo-protection
Interphonie
Dionysos
délocalise la culture
Nouvelle
association
Samedi 21 novembre, le Basilic accueillait la première initiative Dionysos, une toute
nouvelle association fondée
par cinq jeunes Dionysiens
soucieux de créer des moments d’échange et de dynamiser le territoire. Sur les murs
de l’établissement, une expo
photo de Guillaume Lapie et,
pour la musique, le trio de jazz
Les Argonotes. Le public était
venu en nombre, avec le besoin
manifeste de se rassembler en
ces temps difficiles. Dans sa
présentation, Sarah Smah rappela qu’il était plus que jamais
important de renforcer le lien
social et insista sur la volonté
de Dionysos de faire vivre la
culture dans des lieux atypiques comme les commerces.
Rendez-vous a été donné pour
le 4décembre avec Tournée générale, au Basilic (2, rue de la
Boulangerie). V.L.C.
Contact :
Facebook : Association Dionysos ;
mail : [email protected]
Sonorisation
Antenne collectives
14-16 RUE VICTOR BEAUSSE - 93100 MONTREUIL
Tél. : 01 41 72 06 30 - Fax : 01 41 72 06 36 - E-mail : [email protected]

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