bar-le-duc ville frontière

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bar-le-duc ville frontière
 BAR-LE-DUC
VILLE FRONTIÈRE
Ci-dessous, de gauche à droite : le Transi de
Ligier Richier (église Saint-Étienne) ; peinture
murale de l’église Saint-Antoine (XIVe siècle).
ux confins de la Lorraine et de la Champagne,
A
Bar-le-Duc s’étire sur les contreforts calcaires du
Barrois. De ses origines à nos jours, la ville s’est structurée
en fonction des voies de communication situées dans la vallée
de l’Ornain, des voies d’eau au chemin de fer. La forme de
la cité comme ses activités économiques ont été induites
par cette situation géographique au cours des siècles.
LORRAINE
 Meuse (55)
 Secteur sauvegardé
(1975)
 Ville d’art
et d’histoire (2003)
 18 079 Barisiens
 2 362 hectares
À L’ORIGINE, L’EAU
Hormis quelques vestiges celtes antérieurs, les premiers
témoignages d’une occupation du site datent du Ier siècle.
UNE FONDATION RÉGIE PAR LES VOIES DE COMMUNICATION.
Dès cette époque, la fondation de Caturiges, relais de poste
gallo-romain, est due à la voie romaine qui reliait Reims
à Toul et à la présence de la rivière Ornain toute proche.
La bourgade s’étend vers l’amont au haut Moyen Âge et
ce faubourg prend le nom de Barrivilla. C’est ici que sera
LE CANAL
DES USINES
élevé le premier sanctuaire chrétien de la ville, future église
Le canal des Usines, Notre-Dame. Sous la menace des invasions venues de l’Est,
la plus ancienne
la ville s’étend sur la rive gauche de l’Ornain, créant un
dérivation de
l’Ornain, exerce, avec nouveau quartier accolé à la colline de Bare: le Bourg.
le canal de la Marne Le rôle structurant de l’eau se vérifie au VI siècle avec la
au Rhin, un rôle dans construction du canal des Usines, lequel avait pour principale
la structure du tissu
fonction, outre la régulation du débit de l’Ornain, d’alimenter
urbain contemporain. en eau les fossés et d’assurer l’indépendance du Bourg.
Apportant à l’origine
CRÉATION DE LA VILLE HAUTE. À la fin du Xe siècle,
l’eau nécessaire à la
Frédéric,
duc de Haute-Lotharingie, décide de quitter
défense du Bourg,
la vallée et de construire un château fort sur un éperon
il participe ensuite
au développement
rocheux qui la domine. Autour se développe tout un quartier
d’une activité
hébergeant les notables du duché. La maison de Montbéliard,
artisanale tournant
qui succède à celle d’Ardenne, fait de Bar dès le XIIIe siècle
autour de la filature,
la capitale d’un comté comprenant Saint-Mihiel,
la tannerie et
Pont-à-Mousson et Briey. Deux quartiers émergent alors,
la teinturerie.
celui de la Ville haute, accueillant fonctionnaires et familiers
du château, et celui de la Ville basse, où une «neuve-ville»
est aménagée. En 1354, le comté est élevé par l’empereur
en duché, lequel est associé en 1480 par héritage à celui
de Lorraine.
LE QUARTIER RENAISSANCE. Se développant autour du
château des ducs de Bar démoli en 1670, la Ville haute offre
l’un des plus beaux ensembles Renaissance préservés de
France. Très tôt, les souverains de Bar octroient des privilèges
importants afin d’attirer dans ce quartier et y maintenir
une population aristocratique. Ces notables, laïcs ou
ecclésiastiques, participent à la gestion des affaires du Barrois.
Sous l’impulsion de René II (1480-1508), la Ville haute devient
le centre politique, économique et judiciaire de la ville. Elle se
pare d’un magnifique bâti de pierre de taille, le long de la rue
du Bourg, son artère principale, aujourd’hui rue des Ducsde-Bar, et de sa place, actuelle place Saint-Pierre. Le collège
Gilles-de-Trèves, fondé vers 1571 par le doyen de la collégiale
Saint-Maxe, représente un bel exemple d’architecture civile.
DANS
LA VILLE HAUTE
La place Saint-Pierre,
de forme allongée
pour accueillir les
tournois de l’époque
féodale, est dominée
par l’église SaintÉtienne (1440-1537).
Cet édifice, belle
expression du
gothique flamboyant
lorrain, abrite la
sculpture Le Transi
(ci-dessus, à gauche),
œuvre de l’«imagier»
Ligier Richier
(v. 1500-1567),
LES GRANDES VOIES DU DÉVELOPPEMENT
attaché à la cour
des ducs de Lorraine
e
Au XVIII siècle, après le démantèlement des remparts, la cité et de Bar. Ce transi,
s’ouvre sur les faubourgs. Sont ainsi percés dans la Ville basse qui revêt l’apparence
d’un écorché,
le boulevard Raymond-Poincaré et celui de La Rochelle,
témoignant des
qui devient vite la principale artère commerçante de la ville.
VOIES D’EAU ET FERROVIAIRE. Le XIXe siècle voit l’avènement connaissances
en anatomie de son
de deux grands chantiers qui donneront à Bar-le-Duc sa
auteur, constituait le
physionomie actuelle. La section du canal de la Marne au Rhin monument au cœur
de René de Chalon,
allant de Vitry-le-François à Nancy est ouverte en 1851.
prince d’Orange,
Parallèle à l’Ornain sur sa rive gauche, elle traverse la rivière
au niveau de Bar-le-Duc, faute d’espace disponible. En effet, mort en 1544, et tient
dans son poing levé
la même année, sur la rive gauche, est inaugurée la gare
son propre cœur.
établie sur la ligne reliant Paris à Strasbourg. Ces travaux
modifient durablement l’aspect de la ville : le cimetière accolé
à l’église Notre-Dame est déplacé et la gare, aménagée dans
la perspective de la rue qui porte désormais son nom, devient
un point de convergence dans le tissu urbain. Peu après sa
construction, un réseau de rues est organisé en étoile autour
d’une place. La voie de chemin de fer comme le canal ont
déterminé l’essor des industries à Bar-le-Duc, en particulier
des fonderies (Durenne, Bradfer). Ils ont aussi renforcé le
développement de la ville selon un axe est-ouest, déjà marqué
par l’Ornain, le boulevard de La Rochelle et le canal des
Usines. Aujourd’hui encore, avec l’arrivée du TGV-Est et
l’exploitation des canaux pour le transport de marchandises,
ils jouent un rôle primordial dans l’organisation urbaine.
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DANS
LA VILLE BASSE
L’église du couvent
des Augustins (fondé
en 1371 par le duc
Robert Ier et son
épouse Marie de
France) enjambe le
canal des Usines, après
son agrandissement
au XVe siècle. Devenue
église Saint-Antoine,
elle renferme des
peintures murales du
XIVe siècle (à droite).
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 BAR-LE-DUC
VIVRE DANS UN SECTEUR SAUVEGARDÉ
À gauche, escalier du XVIIe siècle, fréquent à
l’intérieur des demeures de la rue des Ducs-de-Bar.
Ci-dessous, détail d’une façade de la même rue.
Bar-le-Duc surprend par l’homogénéité
architecturale du quartier Renaissance de
la ville Haute aux harmonieuses façades de
pierre. Le temps semble comme suspendu.
Heureusement épargné par le développement
urbain du XIXe siècle, il fait l’objet d’un regain
d’intérêt depuis une trentaine d’années, son classement au
titre des secteurs sauvegardés en 1975 n’y étant sans doute pas
étranger. Ces décennies ont vu la ville développer une politique
de préservation et de valorisation adaptée à l’usage des
différents propriétaires et aménageurs, qu’a renforcée en 2003
l’obtention du label «ville d’art et d’histoire». Elle a pu dès lors
mener des actions de sensibilisation à la qualité architecturale.
DE PIERRE
ET DE TUILE
La pierre de
Savonnières,
caractérisée par
sa teinte chaude,
domine les
constructions (cicontre, ensemble de
la place Saint-Pierre).
Issue de carrières
voisines (notamment
à Savonnières-enPerthois), elle est
appréciée des
tailleurs de pierre
car facile à travailler.
Néanmoins, sa
fragilité nécessite
un entretien régulier.
Quelques maisons
plus anciennes
présentent un décor
de pans de bois et
torchis. Avec la tuile,
ils constituent
les matériaux
traditionnels
de l’habitat. Les
quelques toits en
ardoise révèlent
plutôt la richesse
des propriétaires,
qui devaient la faire
venir de loin.
Dans les intérieurs,
boiseries, pierres de
taille et tommettes
sont protégées au
même titre que les
façades. Préserver ces
matériaux ancestraux,
tous recyclables, c’est
aussi s’inscrire dans
une démarche de
développement
durable.
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DES SAVOIR-FAIRE
ANCESTRAUX
Préserver un quartier,
c’est aussi valoriser
des savoir-faire
traditionnels transmis
par des générations
d’artisans. Monter
un mur en torchis,
enduire un mur
à la chaux, sculpter
une moulure ou un
bandeau, marteler
un décor en fer forgé,
tout cela constitue
l’actualité
architecturale
du quartier. Les
techniques mises en
œuvre sont anciennes
et appartiennent
au patrimoine
immatériel, seuls
les outils utilisés
sacrifient à la
modernité. Les
Journées européennes
du patrimoine,
la restauration d’un
édifice sont l’occasion
de démonstrations
et d’échanges autour
de la pratique
professionnelle
de divers corps
de métiers.
traitement au cas
par cas. Une cellule
Tout au long de
de conseil, associant
l’année, des ateliers
professionnels et
familiarisent les
habitants du quartier,
enfants avec ces
réfléchit aux
techniques (ci-dessus) meilleures solutions
et une plaquette
d’aménagement
d’information assiste pour valoriser le
l’habitant dans sa
patrimoine tout
démarche de travaux. en améliorant
le cadre de vie.
PATRIMOINE
Particuliers et
ET MODERNITÉ
aménageurs rivalisent
Les matériaux
d’ingéniosité
de substitution,
pour allier confort
fabriqués en série
moderne et respect
et apparus avec la
de l’architecture
modernité ne sont
existante (intégration
théoriquement pas
d’interphones, cacheautorisés dans le
compteurs et petit
quartier : béton et
mobilier urbain
ciment, plastique
pour lutter contre
(notamment PVC),
le stationnement
brique, tôle… En
abusif…). La vie
effet, il faut privilégier économique du
la qualité du projet
quartier entraîne la
et sa bonne
création de façades
insertion dans
commerciales sur
son environnement.
mesure, avec une
Chaque chantier
réflexion appropriée
nécessite un
sur les enseignes.
DES ATELIERS
PÉDAGOGIQUES
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