Locmariaquer (56). La table des Marchands, l`alignement du Grand
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Locmariaquer (56). La table des Marchands, l`alignement du Grand
Centre National de la Recherche Scientifique (U.P.R. 403) et Université de Nantes (Lab oratoire de Préhistoire armoricaine ) Jean L'HELGOUAC'H - Serge CASSEN - Nelly LE MEUR (avec le concours de Liliane ARNAUD) MORBIHAN LOCMARIAQUER LA TABLE DES MARCHAND L'ALIGNEMENT DU GRAND-MENHIR ET L'HABITAT PRE-TABLE DES MARCHAND Bilan du deuxième programme triennal de recherches (1989-1991) Ministère de la Culture et de la Communication (Sous-Direction de l'Archéologie) Département du Morbihan Ville de Locmariaquer SOMMAIRE Remerciements Avant-propos 1 - Le cadre géographique et l'implantation mégalithique dans le Golfe du Morbihan. 2.-Historique des travaux sur la Table des Marchand. 2.1. - Problèmes de toponymie. A propos de l'appellation TABLE DES MARCHAND(S). 2.2. - Travaux anciens. 2.3. - Les travaux du programme triennal 1986-1988. 2.3.1. -Etat des lieux en 1986. 2.3.2. -Premières problématiques. 2.3.3. -Organisation du chantier. 2.3.4. -Résultats globaux à l'issue du premier plan triennal. 2.3.5. -Problèmes de terminologie. 3 -Le second programme triennal (1989-1991) 3.1. - Problématique et objectifs. 3.2. - Procédures de fouilles. 3.3. - Résultats 3.3.1.-Compléments d'informations sur le cairn et ses éboulis. 3.3.2 - La datation radiocarbone du foyer F 5. 3.3.3. -Affleurements granitiques, nivellements et carrières. La fosse ZL7. carrières et dépotoirs. 3.3.4. - L'alignement du Grand Menhir 4 -Etude générale du matériel archéologique. 4.1 - Le matériel archéologique du niveau pré-TDM 4.1.1.-Répartition générale. 4.1.2 - Le matériel céramique. 4.1.3 - Le matériel lithique. 4.2 - Le matériel archéologique du niveau TDM. 4.3 - Occupations récentes du site de la Table des Marchand 5 - Conclusions REMERCIEMENTS A l'instar du premier programme (1986-1988), ce deuxième programme triennal de recherches sur le site de la Table des Marchand à Locmariaquer a été réalisé de 1989 à 1991 dans le cadre d'une convention tripartite associant -le Ministère de la Culture et de la Communication - le Département du Morbihan - la Ville de Locmariaquer. Nous remercions vivement ces trois partenaires qui ont assuré le financement de l'opération, la Société d'Aménagement du Morbihan (Sagemor) et l'Association pour les Fouilles archéologiques nationales (AFAN) qui ont géré le personnel contractuel et les crédits. A la Sagemor et à la Municipalité de Locmariaquer nous témoignons de notre vive gratitude pour l'aide technique apportée pour le fonctionnement général du chantier et pour leur importante contribution à la présentation scientifique du site à quelque 80000 visiteurs annuels, dont évidemment une part considérable d'étrangers, auprès desquels les guides, courageuses et efficaces, ont été nos interprètes. Le fonctionnement du chantier a été assuré grâce aux contributions personnelles, matérielles et techniques -de la Direction des Antiquités de Bretagne qui a pris en charge une part importante de l'intendance et de la logistique - de la Direction des Antiquités des Pays de la Loire pour le prêt de matériels techniques, - du Centre National de la Recherche Scientifique et de l'Université de Nantes qui permettent la poursuite des recherches en dehors des missions sur le terrain. Une pensée spéciale va aux nombreux fouilleurs qui se sont succédé sur le chantier. Il est assez banal de répéter que sans eux rien n'aurait été réalisé. Nous voudrions souligner bien davantage combien leur contribution, bénévole et anonyme, à une recherche souvent ingrate et toujours aléatoire, est pour nous fondamentale. Nous leur adressons nos plus vives remerciements et l'assurance de notre reconnaissance; tout spécialement nous sommes redevables de l'amitié de ceux qui reviennent durant plusieurs années, assurant avec nous la mémoire de la recherche, la continuité méthodologique du travail et l'encadrement des nouveaux fouilleurs. LOCMARIAQUER Etat de la Table des Marchand avant 1937. On peut remarquer le niveau du eairn autour de la chambre, le sommet de la dalle de chevet et la cassure de l'extrémité est de la dalle de couverture. "L'importance des monuments de Locmariaquer et leur célébrité, Monsieur le Ministre, en font vivement désirer la conservation". Prosper Mérimée, 1836. La Table des Marchand et le Grand Menhir (brisé) forment, avec le tumulus voisin d'Er Vingle, l'un des ensembles mégalithiques les plus spectaculaires de Bretagne. La renommée internationale de ce site est due à la dimension colossale du Grand Menhir (environ 300 tonnes) taillé dans un matériau (orthogneiss) étranger au socle rocheux de Locmariaquer, au problème subséquent de son transport et de son mâtage, au mystère bien entretenu, durant des décennies, sur les causes et la date de sa chute, à l'équilibre séculaire de l'énorme Table des Marchand perchée sur trois piliers et enfin à la qualité des gravures et sculptures visibles à l'intérieur de la chambre, sous cette Table. Jusqu'en 1937, la Table des Marchand et le Grand Menhir ont fourni une illustration idéale du mégalithisme romantique et celtomaniaque. Puis les protections effectuées à cette date ont bouleversé la vision ethnographique, bien ancrée dans les mentalités, sans apporter de compensation scientifique. A partir de 1986, les recherches ont été reprises pour une connaissance plus approfondie des structures de la Table des Marchand (tombe centrale et cairn) et pour une remise en état de l'ensemble de l'édifice en rapport avec les réalités architecturales mises en évidence. LE GOLFE DU MORBIHAN Carte de répartition des grands monuments à dalles ornées (Néolithique moyen) 1 - Le cadre géographique et l'implantation mégalithique dans le Golfe du Morbihan. Le Golfe du Morbihan constitue l'un des traits marquants de la géographie littorale du Sud de l'Armorique. Vaste dépression envahie par les eaux marines à la suite de la transgression flandrienne, communiquant avec la mer par l'étroit goulet situé entre la pointe de Kerpenhir à l'Ouest et la pointe de Port Navalo - Bilgroix à l'Est, cette zone est parsemée de nombreuses iles de toutes dimensions, allant de l'îlot d'Er Lannic à la vaste Ile-aux-Moines. A l'époque néolithique, le niveau moyen de la mer se situant à 6 mètres au moins sous le niveau actuel, le niveau des plus hautes mers correspond au niveau des plus basses mers actuelles. La configuration générale des lieux est donc quelque peu différente de celle que nous connaissons; les actuelles îles ne sont que des collines séparées par des vallées dans lesquelles ne coulent que deux rivières, celle d'Auray venant du Nord et celle de Séné/Vannes venant de l'Est. C'est dans la zone occidentale du Golfe, située près de l'accès à l'Océan, que se trouve la concentration la plus remarquable de très grands monuments mégalithiques renfermant la majeure partie des oeuvres d'art pariétal du Morbihan et de l'Armorique. En effet, on y rencontre, à l'Est, la tombe à couloir de Penhape à l'Ile aux Moines, vers le Nord, la tombe sous cairn de Gavrinis et celle à encorbellement de l'Ile Longue, toutes deux sur Larmor-Baden, vers le Sud, sur la presqu'île de Rhuys, la tombe de Grah Niol et le grand cairn de Petit-Mont sur la commune d'Arzon, et enfin vers l'Ouest, la presqu'île de Locmariaquer et ses nombreux édifices mégalithiques. A côté de ces tombes il existe aussi des monuments tels que le grand hémicycle de Kergonan à l'Ile aux Moines et les enceintes contiguës de l'îlot d'Er Lannic. La presqu'île de Locmariaquer possède donc une longue façade tournée vers le Golfe le long de laquelle, sur une ligne de crête, s'alignent de très imposants monuments, la tombe à couloir de Kerveresse, le tumulus et la tombe à couloir de Mane-Lud, l'ensemble du tertre d'Er Vinglé, du Grand Menhir et de la Table des Marchand, puis le menhir abattu de Men Bronzo, la tombe à couloir de Mane Rutual, le coffre de Kerlud, jadis dans un long tumulus, et enfin le grand cairn de Mane-er-Hroëch. Tous ces édifices comportent des dalles gravées et appartiennent au Néolithique moyen. 2 - Historique des travaux sur la Table des Marchand 2.1 - Problèmes de toponymie. A propos de l'appellation TABLE DES MARCHAND (S). La plus grande confusion existe aujourd'hui sur l'origine de cette appellation et sur sa signification. Il y a quelques années, la dénomination TABLE DES MARCHANDS, qui, dans l'esprit de la plupart des personnes, sous-entendait que des opérations de commerce se soient déroulées autour de ce monument, a été contestée par quelques personnes de Locmariaquer, notamment J.B. CORLOBE, qui suggérèrent que le nom de Marchand pouvait provenir du nom d'anciens propriétaires, les MARCHAND. Or cette hypothèse est ellemême contestée, dans la mesure où, s'il y a bien eu des MARCHAND établis à Locmariaquer, apparentés d'ailleurs à des familles dont les terrains jouxtaient le site mégalithique, il n'y eut cependant jamais un MARCHAND directement propriétaire de la parcelle où se trouve le mégalithe. Monsieur Yann LE GAUDION, habitant à Locmariaquer, s'est livré à une étude poussée des documents mentionnant La Table des Marchand^) et a bien voulu nous livrer l'état actuel de sa documentation. On remonte ainsi au début du 19 siècle, ce qui s'avère insuffisant pour résoudre l'énigme, dans la mesure où les premières appellations sont transcrites par des archéologues francisants; il semble par ailleurs que se soient produites diverses transcriptions homophoniques du breton au français et vice-versa, puis des bretonnisations abusives au 20 siècle. Dans les années 1830, l'appellation Table de César est employée par divers auteurs, mais il s'agit d'une dénomination attribuée à nombre de sites du Morbihan. Prosper Mérimée écrit: "ce dolmen qu'on appelle, je ne sais pourquoi, la Table des Marchands, DOL AR MARCHANT". Dès cette époque et durant tout le 19 siècle, plusieurs auteurs vont donc accoler une forme française qui est invariablement "TABLE ou DOLMEN DES MARCHANDS" et une forme bretonne qui varie entre DOL AR MARCHANT, DAUL VARCHAND, DAUL ER VARCHANT, avec des fantaisies du style Dol ar Mer'Cohant (table de la jolie fille!). C'est avec les cartes postales, et il semble que Z. Le Rouzic y contribue, qu'apparaît une forme bretonne pluriel: Dol ar Marc'hadourien, totalement fabriquée, et de surcroît en breton cornouaillais; mais ceci contribue à accréditer et à conforter l'acception de Table des Marchands, rendez-vous d'affaires ! Sachant qu'en adoptant imprudemment la forme MARCHAND, sans en avoir vérifié les fondements, nous avons commis une erreur, nous persisterons pourtant dans cette graphie qui, au moins, a le mérite de ne pas accepter sans réserves l'une de ces nombreuses fantaisies ethnographiques qui tournent autour des mégalithes. Pour ne pas ajouter à la confusion, il convient d'attendre que d'autres sources archivistiques, historiques ou linguistiques nous fournissent une explication sur la signification de ce toponyme. Notons que pour les habitants de Locmariaquer, la zone comprenant le Grand Menhir, le tumulus d'Er Grah (ou Er Veinglé) et la Table des Marchand, s'appelle Er Groh ( la grotte), toponymie que l'on retrouve au cadastre dès 1830; tous les enfants allaient jouer au Groh ! 2.2 - Travaux anciens. Sans reprendre intégralement ce que nous avions déjà décrit dans le précédent rapport de synthèse (1986-1989), il nous apparaît essentiel de fournir quelques repères chronologiques sur les opérations qui ont intéressé la Table des Marchand. L'une des plus anciennes citations de ce monument se trouve dans le Dictionnaire de Bretagne de L. OGEE (1778-1780) qui en souligne les traits essentiels, l'énormité de la dalle soutenue par trois piliers. Le 27 juillet 1811 est une date essentielle puisque c'est alors le premier déblaiement de la chambre par M. RENAUD. On en retient surtout que dans les couches de cendres et de terre furent trouvés des fragments de vases d'une terre brune très grossière et un peloton de fil d'or qui excita la cupidité des chercheurs de trésors et disparut. On accordera au chevalier de FREMINVILLE d'avoir, dès 1827, reconnu les bris intentionnels du Grand Menhir et de la dalle des Marchand. Sir Henry DRYDEN et William C. LUKIS dressent, le 24 juillet 1867, les premiers plans et élévations qui donnent l'état du monument avant les restaurations de la fin du siècle. On distingue notamment le niveau du tertre entourant la chambre. Les premiers recueils des gravures mégalithiques datent de cette période (Davy de CUSSE, 1865). L'Etat ayant acquis le monument, des restaurations y sont effectuées en 1883; en même temps le couloir est déblayé. Le "quadrupède" du plafond de la chambre est identifié. En 1891, les moulages de la stèle de chevet imposent un déblaiement profond; en 1892, la paroi nord de la chambre est obturée par une maçonnerie dont les fouilles de fondations rencontrent un dallage et divers objets, néolithiques ou modernes. Nouvelles interventions en 1905, notamment pour fouiller l'entrée du couloir, et Z. LE ROUZIC découvre ainsi une partie d'une muraille d'enceinte à laquelle il ne prête qu'une importance relative puisqu'il construit de part et d'autre de l'entrée une petite murette basse de façade; bien entendu de nouveaux objets sont découverts, conservés au Musée de Carnac, et, comme il se doit, des fragments recueillis alors sont complémen- taires de ceux que nous découvrirons en 1986. Devant l'entrée est découvert un bloc de granité taillé en forme de corne, actuellement à Carnac. En 1910, Z. LE ROUZIC et Ch KELLER exposent leur interprétation des épis de blé et du soleil figurés sur la dalle de chevet. En 1927, M. et S.J. PEQUART, avec Z.LE ROUZIC, publient le Corpus des signes gravés. 1937 est une autre date essentielle dans l'histoire du monument. Avec l'accord des Monuments historiques, Z. LE ROUZIC complète les maçonneries de soutènement entourant la chambre et le couloir et les surélève jusqu'au plafond. Le monument est alors inclus dans un néo-cairn qui est accumulé tout autour de la dalle de plafond. De l'extérieur, on ne voit plus que le sommet de la dalle de couverture ; à l'intérieur, les jointoiements excessifs de la maçonnerie et les fausses dalles de couverture en béton du couloir sont du plus mauvais effet, tandis que par temps de pluie l'usage d'une paire de bottes est rendu nécessaire, malgré des remblaiements successifs dont une conséquence fâcheuse est d'obliger à passer à quatre pattes sous l'entrée et de masquer la base de la stèle de chevet. Signalons enfin que la nature pétrographique de la dalle de chevet, un grès d'époque tertiaire, est signalée en 1976. 2.3 - Les travaux du programme triennal 1986-1988. 2.3.1 - Etat des lieux en 1986. Sur la parcelle appartenant à l'Etat, les quatre morceaux du Grand Menhir gisent au Sud. Vers le Nord, la dalle de couverture de la tombe des Marchand affleure au sommet d'un tertre de trente mètres de diamètre et deux mètres de hauteur remodelé en 1937. L'entrée du couloir n'est pas à plus de 6 mètres de la limite de parcelle ce qui ne procure pas des surfaces de fouille et un dégagement suffisants; de surcroît, il apparaîtra que les exutoires des drainages de l'intérieur du monument ont causé de graves dégâts dans les niveaux d'occupation devant l'entrée. Sur les côtés nord et ouest de la parcelle, de très grands cyprès, plantés il y a une cinquantaine d'années, réduisent la surface de fouille et perturbent les couches archéologiques. 2.3.2. - Premières problématiques. Les objectifs de la première tranche de travaux concernaient le monument de la Table des Marchand proprement dit puisque la finalité était de pouvoir le remettre en état. Nous avons donc travaillé - à la recherche des vestiges du cairn d'origine et de ses structures. - au nettoyage des structures mégalithiques de la chambre et du couloir. - à l'examen du sol sur lequel le monument fut construit. 2.3.3 - Organisation du chantier. Telle qu'elle a été définie en 1986, l'organisation du chantier a induit l'ensemble des travaux des deux programmes triennaux. Le carroyage général du chantier est basé sur deux axes orthogonaux ayant une origine commune, orientés, l'un, sud-ouest/nord-est, dont les subdivisions métriques sont désignées par des lettres, de A à Z, puis au-delà de Z, AA, AB,AC,etc, et l'autre, sud-est/nord-ouest, dont les subdivisions métriques sont désignées par des chiffres, de 1 à n; l'extension en deçà de O a nécessité une numérotation 01,02,03. Le Nord magnétique se trouve dans la diagonale de notre carroyage. Les altitudes sont toutes données au-dessous d'une cote de référence arbitraire, 20,00, correspondant au point culminant du tertre avant les fouilles. Terre végétale i © © © (D © 5m + 2 + 3 + 4 Remblais 1938 Sol pré-193 8 Eboulis Cailloutis et sol d'occupation Sol ancien Déblais XIX et XX siècles Couches remaniées. Gallo-romain Remplissage des structures en creux Niveau stérile Cairn néolithique Socle granitique 28 © ® © © © © Terre végétale Remblais 1938 Sol pre-1938 © © © Déblais XIX et XX siècles Couches remaniées Gallo-romain Cairn néolithique ® ® ancien + 29 + [POTEAUX) + 34 + 35 + LOCMARIAQUER _ Cairn des Mai-o h^Jtnci cfc. occupât ion j^>Jt~é—TDM . Coupes orthogonales synthétiques passant par la chambre de la Table des Marchand. 1: coupe sud-ouest/nord-est; 2: coupe sud-est/nord-ouest. 2.3.4 - Résultats globaux à l'issue du premier plan triennal Après l'enlèvement des remblais 1937 (couche 2)entassés sur les résidus du cairn d'origine (couche 6), ceux-ci ont pu être fouillés sur les trois-quarts de la périphérie du monument. Il a été démontré que celuici avait servi de carrière à l'époque gallo-romaine. Les prélèvements de pierres ont été organisés en partant d'une tranchée au sud du cairn (carrés O-P/8-9) qui s'est développée vers le centre, a atteint et contourné les structures mégalithiques de la chambre, et a longé la face nord du couloir, ressortant à droite de l'entrée. Ainsi le cairn a-t'il pris une forme de cratère qui s'est rebouché de terre et de menues pierrailles (couche 5). Ainsi le monument mégalithique s'est-il trouvé dégagé. Ainsi les structures muraillées périphériques ont-elles été préservées. On peut envisager que ce sont les mêmes gallo-romains qui ont détruit la paroi nord de la chambre en enlevant ou brisant trois piliers. Dans la masse du cairn résiduel, deux murs ont été reconnus. Le mur I, partant de l'entrée du couloir, construit en dalles de granité plates bien ajustées, possède un rayon oscillant entre 8 et 10 mètres, avec un centre approximatif sur la chambre. Le mur II, construit de façon plus grossière, avec des blocs irréguliers, prend ses origines, à 4 et 6 mètres de part et d'autre de l'entrée, contre le mur I dont il s'écarte rapidement pour atteindre un rayon de 16 mètres vers le nord-ouest, c'est-à-dire à l'opposé de l'entrée. Nous pensons que la conception et la construction de ces murs ont été synchrones. Autour du cairn, sous les éboulis (couche 7), nous avons pu observer presque partout un niveau régulier de pierrailles (couche 8) s'étendant à environ deux mètres en avant des murs extérieurs. Cette pierraille est d'un module très inférieur à celui des blocs d'éboulis et ne peut donc se confondre avec eux; d'autre part les couches sous-jacentes étant exemptes de pierres (sauf celles des structures bien délimitées des foyers et des calages de poteaux), il ne peut y avoir non plus de confusions. Cet empierrement peut donc être considéré comme le niveau d'occupation de l'époque d'utilisation de la Table des Marchand. Sur ce niveau, de part et d'autre de l'entrée, mais aussi en divers points autour de la base du cairn, des poteries ont été recueillies. Ce sont des fragments importants de bols, assiettes et bouteilles, souvent reconstituables, ayant une pâte fine, des parois peu épaisses, un remarquable lissage des surfaces extérieures et une couleur foncée; on n'observe aucun décor sinon quelques boutons doubles (cf. fig. 70 et 71). La Table des Marchand -la tombe mégalithique et son cairn à deux murailles - a été installée sur un niveau d'occupation plus ancien. Il s'agit d'une couche de sédiment fin, limoneux, de couleur jaune, homogène sur une épaisseur pouvant atteindre 0,3 m. Au cours des trois premières années de fouilles, ce niveau pré-Table des Marchand (pré-TDM) a été reconnu non seulement sous le cairn, derrière la chambre et le long de la paroi nord du couloir, sous les éboulis périphériques et le niveau d'empierrement, mais aussi dans une première extension des décapages vers le Grand Menhir. Ce niveau contient une étonnante masse d'informations archéologiques. Ce sont d'abord des milliers de pièces mobilières, silex et fragments de poteries, des meules, molettes et percuteurs; ces objets ne sont pas répartis uniformément et l'on peut observer de fortes concentrations (correspondant, pour certaines, à des ateliers de taille du silex, en particulier I-L/13-17) mais aussi des zones stériles. Dans le même niveau, il existe aussi des structures - soit des foyers, caractérisés par des soles de pierres rougies, avec des cendres ou des tisons autour ou sous la sole, soit des trous de poteaux implantés dans le sol et le socle, avec ou sans pierres de calage. Le matériel céramique du niveau pré-TDM correspond, sommairement, - à des poteries de type coupes-à-socle, à décor par impressions de points, organisées en motifs linéaires ou en triangles, - à des poteries à col concave bien marqué sur lequel sont tracées des lignes courbes (cannelures) avec motifs en arceaux ou ondulants et présentant aussi assez souvent une ligne circulaire de points sur l'angle panse/col. Ces deux types, considérés ici sous leurs seules différences morphologiques et décoratives, sont étroitement imbriqués, contemporains et peuvent être réunis dans la définition d'un même faciès culturel. Les deux datations radiocarbone obtenues sur des charbons prélevés dans des structures du niveau pré-TDM: Gif 7554: 5170 + - 70 BP, soit 4135-3785 av. J.C., (trou de poteau P4) Gif 7555: 5040 +- 70 BP, soit 3950-3660 av.J.C, (foyer F3) nous ont paru suffisamment concordantes pour considérer la charnière des 5 et 4 millénaires comme la transition entre le niveau pré-TDM et la construction TDM. 2.3.5.- Problèmes de terminologie. La terminologie employée jusqu'à présent sur les sites appelés Table des Marchands et Grand Menhir brisé se rapportait à des monuments dégradés et incomplets. Ici sont définies ou précisées quelques appellations nouvelles se rapportant aux structures découvertes au cours des six années de fouilles. Elles tentent de trouver des formules simples et suffisamment descriptives qui représentent la réalité des architectures et des situations stratigraphiques et chronologiques. Table des Marchand: fragment d'une stèle en orthogneiss, placé sur la chambre d'une tombe à couloir pour servir de plafond; dégagée à l'époque gallo-romaine elle devient un spécimen spectaculaire de dolmen, visible de l'extérieur jusqu'en 1937. Tombe à couloir des Marchand : sépulture de type mégalithique dégagée en 1811, comprenant un couloir et une chambre; les éléments remarquables sont la stèle de chevet avec sculptures et la fameuse dalle de plafond, ex-stèle à gravures. Cairn des Marchand : ensemble des structures de pierres entourant la tombe mégalithique des Marchand; limité par deux murs en pierre sèche circulaires mais non concentriques. Niveau Table des Marchand (niveau TDM) : sol d'occupation à l'époque de construction et de fonctionnement du cairn et de la tombe à couloir des Marchand. Grand Menhir : gigantesque pierre de 20 m de longueur, pesant environ 300 tonnes, actuellement brisé en 4 fragments couchés sur le sol. Alignement du Grand Menhir : ligne de fosses et de structures de calage de pierres dressées aujourd'hui disparues, orientée sur la fosse d'implantation supposée du Grand Menhir qui serait donc l'un des éléments d'un alignement orienté N 37 g. La destruction de cet alignement étant contemporaine de la construction de la tombe à couloir des Marchand, son existence se situe donc dans une phase antérieure au niveau TDM. Niveau d'habitat antérieur au Cairn des Marchand (niveau pré-TDM) : ensemble de structures de trous de poteaux avec calages, de structures de combustion, de carrières et dépotoirs, de matériel archéologique lithique et céramique, sur lequel a été édifié le cairn des Marchand et sa tombe à couloir. L'alignement du Grand Menhir et la stèle de chevet de la tombe à couloir des Marchand participeraient de cette phase. 4 Cairn 3 Cailloutis / couche 8 Sol pré-TDM/couche 9-(trou de poteau) h + + + + ■ + ♦ Rocher Sol d'occupation gallo-romain — Dépôt Bronze Perturbations modernes Coupe 28 Grand Menhir AA LOCMARIAQUER. Cairn de la Table des Marchand et alignement du Grand Mennir _ Plan général avec signalisation des structures du niveau pré-TDM. AB AC Le second programme triennal (1989-1991). 3.1. - Problématique et objectifs. A l'issue du premier programme de trois ans, les structures propres à la Table des Marchand avaient été dégagées et étudiées, laissant la place aux consolidations et restaurations. Seuls les éboulis de la face arrière, côté nord-ouest et ouest, n'avaient pas été dégagés, en raison de l'encombrement des lieux par nos déblais et la présence d'une ligne de cyprès quinquagénaires. Mais par ailleurs nous avions dégagé une surface assez importante du côté sud, face au grand menhir et montré l'importance de l'occupation pré-Table des Marchand. La problématique du nouveau programme était basée sur la connaissance la plus large possible de cette occupation ancienne du site, par une extension des décapages autour du cairn, dans la mesure des terrains disponibles et des contraintes liées à l'exploitation touristique du site. Nous avions envisagé de fouiller largement devant la façade sud-est, devant l'entrée; cela n'a pas été possible en raison des contraintes de propriété privée, les procédures d'acquisition des parcelles situées au Sud-Est n'ayant pas abouti dans les délais. Nous avons donc concentré nos efforts sur une extension de la fouille vers le Grand Menhir, en direction du Sud-Ouest ; cette opération a duré deux années, 1989 et 1990. Puis en 1991, après abattage des cyprès et enlèvement des déblais, nous avons dégagé l'arrière des éboulis du cairn et fouillé une bande jusqu'aux limites du terrain de l'Etat. 3.2 - Procédures de fouilles. Les fouilles pratiquées en direction du Grand Menhir ont concerné une bande de 8 mètres de large dans l'axe nord-ouest-sud-est dont les divisions métriques ont été désignées ZA,ZE,ZI,ZO,ZU,XA,XE,XI. La bande A a donc été réservée pour la circulation et pour conserver une coupe longitudinale de référence. Dans l'axe sud-est-nord-ouest, la fouille s'est étendue sur 23 mètres, de la bande 4 à la bande 26. A l'arrière du cairn, le décapage a concerné un secteur de 26 mètres, de E à AE, sur une largeur de 7 à 8 mètres, de la bande 27 à la bande 36. On retiendra tout de suite que cette zone était perturbée par l'implantation de plusieurs cyprès qui ont laissé leur empreinte dans le socle rocheux; leur déracinement n'a pas entraîné de grosses perturbations périphériques, mais, juste sous les souches, toute stratigraphie avait disparu. Au total, les surfaces fouillées atteignent 400 m2. On y ajoutera quelques mètres carrés entre F et I, dans les bandes 01, 02 et 03, où, à défaut des structures néolithiques convoitées, nous avons mis le doigt sur des éléments d'un dépôt de l'Age du Bronze final. 3.3 - Résultats 3.3.1 - Compléments d'informations sur le cairn et ses éboulis. L'accès aux niveaux de sol ancien sur la face arrière du cairn exigeait le dégagement préalable des éboulis dans les carrés O-AE/28-36. La fouille de ces éboulis s'est faite ici de manière très rigoureuse, en ménageant des banquettes donnant une stratigraphie de référence. En effet nous nous étions aperçus, en maints endroits, que les effondrements progressifs des murailles avaient pu sceller des couches lenticulaires, de diverses époques, susceptibles de nous donner une chronologie des destructions. On se souvient, en particulier, des éléments archéologiques, tels que poteries à incisions et cannelures et armatures de flèches à pédoncule et ailerons, de type néolithique final, découverts à la base des éboulis dans les secteurs sud et sud-est. Une datation radiocarbone d'un amas de charbons dans ces niveaux inférieurs d'éboulis, carré L.9, ait. 17.89, a fourni une date de 3250 +-120 BP (LGQ 557), soit 1680 - 1420 av J.C. qui révèle une fréquentation à la fin du Bronze moyen, attestée par ailleurs par des poteries. Nous verrons également que des fréquentations à la fin du Bronze final sont indiscutables. Bien nous a pris de procéder avec prudence à cet enlèvement des pierres effondrées car, comme nous le verrons plus loin, elles étaient étroitement imbriquées avec les pierres de calage des stèles disparues dont l'alignement passe derrière le cairn, à 2 mètres de la base du mur IL Les éboulis s'étendent jusqu'à 5 mètres environ de la base du mur II (fig.5; coupe 31). Cette masse de pierres, d'une puissance de 0,8 m à l'aplomb du mur, va en s'amenuisant vers l'extérieur; ce sont des blocs massifs, de formes quelconques, mais d'une dimension très supérieure à celle des blocs ordinaires du cairn. Il n'y a là aucune dalle plate. Ces matériaux confirment l'idée que l'on pouvait se faire du mur II, construit avec des blocs plus hétérogènes et donc moins bien ajustés que ceux du mur I. En raison de cette technique de construction, assez sommaire, il nous avait semblé que ce mur II n'avait pu être très élevé; aux endroits où il est le mieux conservé, dans le carré AG.5, à droite de l'entrée, il est préservé sur une hauteur de 1,5 m environ. Sur cette face arrière, la hauteur préservée du mur II n'excède pas 1 mètre. En même temps que nous procédions aux fouilles, il nous est apparu intéressant de nous livrer à une expérimentation de restauration du mur II, à partir des éléments disponibles dans les éboulis. Nous avons donc remis scrupuleusement toutes les pierres dégagées entre O et AE sur les structures encore en place, et autant que possible en vis-à-vis de leur point de chute. En replaçant les éboulis sur la dernière arase préservée, on obtient une hauteur qui dépasse nettement 2 mètres 91.809 LOCMARIAQIJKR - Cairn des Marchand Vue sur le mur II, à l'arrière du cairn. Au fur et à mesure des dégagements, les éboulis ont été remontés sur les assises encore en place dont ils se distiguent par une teinte un peu plus brune. UOCMARIAQUER - Niveau Pré-T.D.M. Foyer F. 5. Les tisons carbonisés apparaissent sous la sole de pierres brûlées. Datation radiocarbone: 5220+-130 BP (LGQ 558). (fig.6). Comme les prélèvements gallo-romains ont été effectués en forme de cratère, préservant mieux les bords du cairn que le centre, il est permis de penser que nous possédons, dans les éboulis, à peu près tout le volume de pierres de la ceinture extérieure du cairn dont la hauteur originelle se situait autour de 2,5 mètres. A la base du mur II, entre la bande T et la bande AB, nous avons pu observer les résidus d'une structure complémentaire qui reste mal définie; il s'agit d'une série de pierres posées à plat sur le niveau de cailloutis, plus ou moins parallèle au tracé du mur II. En V-W/30-31, cette structure, avec trois assises de pierres superposées, est la plus nette, formant un petit muret dont on peut penser qu'il a été plus haut car des pierres se sont éboulées juste devant lui. La recherche attentive de la prolongation de cette structure plus au nord n'a pas fourni d'évidences indiscutables; juste quelques pierres à plat sans continuité. Ces vestiges, qui peuvent être les restes d'un mur complémentaire ou d'une plate-forme sur l'arrière du cairn, ont été préservés pour une réflexion plus approfondie. 3.3.2.-La datation radiocarbone du foyer F 5. Le démontage du foyer F 5 avait permis de récupérer des tisons carbonisés sous la sole de pierres rougies (fig.7). Nous avons fait effectuer une datation radiocarbone sur ces charbons. Le résultat est le suivant: LGQ 558: 5220 +- 130 ans, soit 4230-3950 av. J.-C. 3.3.3 - Affleurements granitiques, nivellements et carrières. Lors des fouilles que nous avions effectuées sous le cairn, en 1988, dans une zone fortement perturbée par les gallo-romains, nous avions rencontré, en Q 10 un pointement rocheux affleurant juste au niveau du sol d'occupation pré-TDM, qui démontrait bien les irrégularités du socle granitique sous la couche de terre limoneuse jaunâtre qui le recouvre. Dans les années 1989-1990, nous avons exploré une bande de 8 mètres de large sur 23 mètres de longueur dans le sens nord-ouest-sudest, située à peu près à égale distance de la base supposée du Grand Menhir et de la base du mur II du cairn des Marchand. Nous avons eu l'occasion de vérifier les variations de l'aspect du socle et les travaux préhistoriques qui l'ont affecté. La fosse ZI.7. Dans la partie sud-est de la zone décapée, le socle apparaît, parfois sous quelques centimètres de terre à peine, sous un aspect de petites plaquettes, résultat d'une altération profonde du granité dont l'arénisation se développe rapidement. La surface naturelle du socle se confond souvent avec le LOCMARIAQUER 34 + 32 33 + 31 + 30 E 29 + 28 + + 27 + 26 + 24 25 + + 23 + 22 + 21 + B 20 + + 17 16 + « + 14 + 13 ZA 12 18.37 iglBMMll mi, !i||||||||||| ■ilmil iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiili iMiiiiuiiiiiiiiiiil^ :»':'.v rrrrTnTrTnTTrTTTTTTT^jlll Fin mil I I l l I I 1 1 | l'I v liilMIMrfi ^ 8 ^£3fe -.vTTS g . • i i 111 ii i 111 i i ri iïiiii iiiiTi 17.4S Rochtr MEGALITHIQUE POST - MEGALITHIQUE Terre Ortho - gneiss végétale PRE | 9 ... I "Vieux GEOLOGIQUE T-D-M MEGALITHIQUE 10 sol" Comblement ancien : Terre 5 Terre brun-clair remaniée 8 limoneuse jaunâtre foncée Cailloutis Structures en creux 9.1 fosses des 9.2 carrières Terre id. terre : noire cendreuse Colluvionnement tW/iïà T »'re | \_ | Terre du 'vieux l^Kx^l 12 | t*vt l Terre Socle stérile arénacée jaunâtre clair granitique LOCMARIAQUER_ Occupâ t i on E>nré—TDM _ anguleux granuleuse ^2 fine sol brun-foncé Cailloutis Couche 11 stèles plus jau lia t r e - f oncé Coupe synthétique sud-est/nord-ouest le long de la bande A, passant par la zone des carrières et par la fosse de stèle n°4 + 9 90.55 IXXTMAEOIAQLlIER. - Zone des carrières. Fosse ZI.7. Extrémité nord taillée de façon abrupte. niveau de pierres (niveau 8) qui marque la fréquentation autour du cairn des Marchand. C'est pourquoi l'absence de pierrailles sur une surface s'étalant de part et d'autre d'un axe ZU.5-ZE.9 signalait une anomalie. Il s'agit d'une fosse, centrée sur ZI.7, orientée sud-nord, ce qui correspond à la direction des fractures majeures de la roche, avec une longueur de 4 mètres, une largeur de 2 m et une profondeur maximale de 0,8 m. Le comblement irrégulier comportait des alternances de masses terreuses et de pierrailles éboulées, mais aucun gros moellon (fig. 9). L'interprétation de cette fosse reste, pour le moment, indécise. L'absence de blocs de calage, à l'instar de ce qui a été rencontré autour des fosses de l'alignement du Grand-Menhir, ne plaide pas pour une fonction de fondation d'une pierre dressée. Pourtant la régularité du creusement, notamment à l'extrémité nord où la taille est abrupte, orthogonale aux plans de fracture, fait penser à une implantation d'une pierre dont la hauteur modérée n'aurait pas nécessité l'emploi de blocages massifs. S'agit-il d'une tentative d'exploitation du socle, parallèle à celles qui se sont développées un peu plus à l'ouest? Rencontrant ici des matériaux de mauvaise qualité, l'extraction n'aurait pas été développée en largeur. Carrières et dépotoirs. En remontant vers le nord-ouest, le socle change d'aspect. Du faciès altéré précédent on passe sans transition à un faciès massif. Selon une direction diagonale au quadrillage de la fouille, c'est-à-dire sud-nord, on découvre une masse de granité sain et compact, apte à fournir de bons moellons résistants. Ce banc granitique est diaclasé selon la direction sud-nord, mais on observe aussi de multiples fractures dans toutes les directions; les pendages des plans de diaclase sont ouest ou est, ce qui explique une exploitation en gouttières à profil en V séparées par des pointements aigus à double pente (fig.10). En deux endroits, en ZU.12 et XI.19, à moins de 0,3 m au-dessous de la surface de la zone de fouilles, le socle atteint l'altitude maximale de 17,74 et 17,76, c'est-à-dire qu'il dépasse légèrement le niveau de pierres qui marque le sol de construction de la Table des Marchand (17.60 à cet endroit), et en ces deux points, la surface du granité n'est pas aiguë, mais émoussée et érodée. Ces deux pointements de roche témoignent de l'affleurement du granité à l'époque de la construction des stèles dont nous aborderons le problème plus loin. Il n'est évidemment pas possible de savoir quelle était l'altitude maximale hors-sol de ce petit massif, mais il est certain qu'il a été exploité en carrière pour en retirer de bons matériaux, en particulier pour le calage des stèles. Le débitage n'a pas été poursuivi à grande profondeur, ce qui eut été possible sans grandes difficultés en raison de l'état d'extrême fracturation de la roche, mais il semble que les besoins en pierres aient été, à ce moment précis, très limités à l'obtention des blocs de calage; en même temps, et ce point de vue est loin d'être négligeable, l'opération permettait de niveler le terrain. De telles émergences de roche sont attestées dans tout le secteur; elles ont été mises en évidence en 1986 dans les fouilles du nouveau cimetière et elles sont également suggérées par les formes d'érosion visibles sur la face arrière de certains piliers du couloir, comme N3 par exemple. 10 90.85 IXJCartARZAQLUER - Zone des carrières. Vue générale montrant le passage de la zone d'exploitation des granités à la zone d'implantation des stèles. Vue rapprochée sue l'exploitation du granité à la faveur des nombreuses fractures, et stratigraphie du comblement. \S 68 6 J^CX^MARIAQLUER - Zone des carrières. Fosse ZA-ZE. 13-17. Vue en plan horizontal sur la masse charbonneuse du comblement. Vue sur la coupe du comblement, montrant le passage des résidus de carrière (au fond) à la couche charbonneuse. 13 90.448 I^OGMARIAÊltnER - Zone des carrières. La fosse ZO. 19. Remarquer les traces de feu sur les parois de la roche, au-dessus de la réglette, et le débitage de la roche à la faveur des diaclases et fractures. 90.464 LOCMARIAQUER - Niveau pré-TDM. Zone de transition entre la zone des carrières sur la gauche et la zone des stèles à droite. Remarquer la couche de terre jaune très pâle, damée, qui, partant de la zone des stèles vient recouvrir le comblement de la fosse XI.19.Le trou de poteau P.95 est creusé dans ce sédiment. Le creusement des carrières a été très limité et très irrégulier. Les profondeurs maximales atteintes se situent vers 16,7, soit moins d'un mètre sous le niveau moyen du sol des Marchand. Or, secondairement, les plus marquées de ces cavités artificielles ont été utilisées comme fosses de décharge. En ZO.19, XI.14 et XI.19, le fond des fosses cote entre 17 et 16.75; la plus importante en volume est la cavité située entre ZA.13 et ZA.16, qui doit couvrir entre 8 et 10 m2 (fig. 8); ici le remplissage atteint 0,8 m, comprenant, de bas en haut, un premier colluvionnement de terre granuleuse jaunâtre, puis des résidus d'exploitation de carrières; sur ces comblements naturels viennent s'ajouter une masse de terre brune riche en matériel archéologique et un ultime dépôt très noir, riche en charbons de bois (fig. 10, 11). Cette masse a fait l'objet de nombreux prélèvements tamisés à sec puis soumis à la flottation; ainsi, parmi les nombreux charbons, des semences carbonisées ont été recueillies et l'on y reconnaît du blé. Une datation radiocarbone LGQ 554 a donné le résultat: 4910 +-150 ans b.p., soit 3560-3920 av. J.C. Au fond de certaines cavités, ou coincés dans des diaclases, nous avons aussi découvert quelques blocs de quartz, utilisés comme percuteurs ou comme pics pour détacher les blocs de granité (fig. 65, 68). Peutêtre les carriers utilisaient-ils aussi des pics en bois de cervidé, mais il n'en reste pas de traces. Quelques indices de feu sont visibles sur les parois de fosses, comme celle qui est centrée sur ZO.19 (fig.13): des brasiers furentils utilisés pour favoriser l'éclatement de la roche ou bien y a-t-il eu tout simplement des foyers pratiqués dans les cavités ? La stratigraphie de comblement des deux petites fosses XI.19 et ZO.19 permet de comprendre les rapports entre les carrières dépotoirs et l'alignement du Grand Menhir (fig. 12). Tout d'abord, en ZO.20, on observe, sur le bord de la fosse ZO.19, des résidus du sol en place avant l'occupation humaine; quelques graviers roulés pourraient être un résidu de plage quaternaire. Les deux fosses ont été creusées assez profondément dans le roc (cote 16.90); leur remplissage comprend essentiellement des produits de lessivage ou des résidus de carrière où l'on trouve déjà des charbons (deux datations radiocarbone LGQ 555 et 556 en ZU 19 (cote 17,12) et ZU.18/19 (cote 17,14) ont donné respectivement 4990 +-180 ans b.p., soit 3650-3990 av. J.C, et 4580 +-140 ans b.p., soit 3070-3540 av. J.C). Puis les couches charbonneuses remplissent le haut de la fosse ZO.19 ; comme dans la fosse ZA.13-17, ces charbons viennent du bord nord-ouest des fosses, c'est-à-dire du côté des stèles. Or ils sont eux-mêmes recouverts par une couche de terre jaune puis par des rejets arénacés provenant du creusement des fosses de stèles. En XI.19-20, le remplissage de la fosse qui accusait un pendage assez net vers le nord-ouest, résultat possible d'un tassement, a été complété par une couche de terre blanchâtre, extrêmement dure, probablement compactée, qui s'étend jusqu'à la fosse Fo.3. La préparation du sol autour des stèles aurait donc été postérieure aux comblements anthropiques des fosses-carrières. D'ailleurs le trou de poteau P.95 est creusé dans cette terre blanchâtre. Alignement dia Garsarici—Menhir - 3.3.4.- L'alignement du Grand Menhir. En 1989 les premières fosses correspondant à des stèles disparues apparurent à l'extrémité nord-ouest de la zone de décapage qui avait déjà mis en évidence les carrières-dépotoirs. A la fin de 1990 nous avions trois fosses alignées et les restes supposés d'une quatrième apparaissaient vers le Nord. Ces fosses sont creusées dans la terre jaune stérile qui forme le substratum de tout l'habitat pré-TDM et dans l'arène granitique. Elles sont nettement bordées, du coté sud-est, par des blocs de calage dont l'agencement est resté bien visible contre les parois internes de certaines fosses (fig. 16). L'axe de chacune des fosses oblongues Fo.l et Fo.2 et l'ensemble de l'alignement matérialisé par les trois cavités se dirigent vers le Grand Menhir. En même temps nous mettions en évidence des structures de trous de poteaux clairement organisées autour et entre les fosses de stèles; déjà se dessinaient deux lignes de poteaux, l'une P. 81, 92, 94, l'autre P.84, 86, 95, parallèles à l'alignement de pierres. Enfin un niveau de débris d'orthogneiss, résidus probables du débitage de blocs, était mis en évidence, dans les carrés A et ZA 20,21,22, au niveau supérieur des couches pré-TDM, exactement au niveau des cailloutis du sol des Marchand. On pouvait déjà supposer qu'une stèle en orthogneiss,plantée dans Fo.l avait été extirpée, débitée ou retaillée, et peut-être réutilisée; l'un des piliers du couloir, S4 ou N4, paraissait avoir pu jouer un rôle dans ce scénario. En 1991, la fouille a été engagée sur la face arrière du cairn des Marchand dégagée des déblais et des cyprès. Précédemment nous avons relaté la fouille des éboulis et de la base arrière du mur II. Ces travaux devaient également permettre de suivre la prolongation éventuelle de l'alignement des fosses ou son interruption, et nous espérions trouver aussi une relation avec l'angle du tertre d'Er Grah. Sur ce dernier point les résultats sont négatifs et il conviendra de rechercher plus à l'Ouest la terminaison des parements latéraux de ce monument. Il n'est pas utile d'entrer dans des détails techniques de fouille, si ce n'est pour souligner une nouvelle fois les infinies précautions qu'il convient de prendre dans l'enlèvement des éboulis à la périphérie d'un cairn. Dans le cas présent, la base des éboulis se confondait avec le sommet des calages; si nous n'avions pas été avertis de la présence de ces structures sous-jacentes, il est probable qu'au moins les niveaux supérieurs des comblements de stèles auraient été endommagés. Le résultat final des décapages a donc mis au jour de nouvelles structures; au total, depuis la fosse Fo.3 du carré XI.23, nous avons 16 fosses alignées sur 37 m de longueur (fig.15). (Note: la numérotation des fosses suit les contraintes de la fouille; commencée en 1989 dans la direction du Grand Menhir, elle a été poursuivie cette année en sens inverse, de telle sorte que Fo.l côtoie Fo.4; nous ne modifions pas, pour l'instant, cette signalisation illogique, préférant attendre le prolongement des dégagements, susceptibles de reporter la suite de la numérotation vers le SudOuest; une révision du système s'imposera à la fin des travaux). En l'état 16 90-743 LOCMAIOIAQLlJrER - Alignement du Grand Menhir. Les fosses Fo.l (en haut), Fo.2 et Fo.3, encadrées par les lignes de trous de poteaux. Remarquer les deux trous de poteaux (P 82 et 83) entre Fo.l et Fo.2. 17 91.437 - Alignenent du Grand Menhir. Vue sur la partie centrale, de Fo.5 en bas à droite à F0.11 à gauche. Noter le foyer F.5 au pied du mur II. Vue sur les fosses Fo.8 et Fo.7. .18 1 524 LOCMARIAQUER - Alignenent du Grand Menhir. Fosse Fo.7 avec ses blocs de calage bien en place. Fosse Fo.9 avec le chicot d'une stèle brisée. actuel de l'étude, les constatations suivantes peuvent être faites: a : toutes les structures dégagées se présentent sous la forme d'amas circulaires ou oblongs de blocs servant à caler les pierres qui s'y trouvaient implantées; les blocs situés à la périphérie de l'excavation sont souvent inclinés vers l'intérieur et attestent la réalité de creusements de fosses (fig.17). Il apparaît que les fosses sont de taille variable; les fosses Fo.l et Fo.2 avaient un grand axe dépassant deux mètres; la fosse Fo.12 n'a pas plus d'un mètre de diamètre et Fo.15 est encore plus étroite, environ 0,8 m. Ceci implique que les pierres fichées dans ces fosses aient été de taille variable, elles aussi. Les calages de la fosse 10 semblent indiquer une large excavation de près de 2,4 m de grand axe; il s'agit d'une "anomalie" dans une organisation générale qui montre une diminution de la taille des fosses de fondation du sud vers l'extrémité nord, ce qui correspondrait sans doute à une diminution de la taille des pierres qui s'y trouvaient plantées. b : à la surface de certains amas de blocs de calage on retrouve des produits de débitage des pierres primitivement implantées dans les fosses; ainsi il traîne sur Fo.4, Fo.5, Fo,6, Fo.7 et Fo.8 des morceaux de migmatite qui contrastent avec les blocs de granité habituels. Dans la fosse Fo.9 il subsiste encore, bien ancré, le chicot de granité (0,8 m de long sur 0,12 m d'épaisseur) de la pierre dressée cassée (fig. 18). c : les fosses sont très proches les unes des autres, surtout à partir de Fo.4; les distances entre les extrémités des fosses de fondation oscillent entre 0,3 et 0,8 m. Ces distances sont plus importantes, de l'ordre de 1,4 m, entre Fo.2 et Fo.l et entre Fo.l et Fo.4; or c'est entre ces pierres que l'on peut observer les fondations et calages de pieux en bois installés perpendiculairement à la ligne de pierres dressées. d : l'orientation de l'alignement est Nm 27 gr. e : la dernière fosse découverte à l'extrémité nord, Fo.16, est-elle la dernière de l'alignement ou l'interruption est-elle due à la perturbation résultant de la plantation et de l'abattage des cyprès ? f : l'alignement est bien orienté sur la base du Grand Menhir. Fo.3 se trouve à 18 m de cette base. Si l'on suppose que l'alignement découvert se prolonge jusqu'à ce Grand Menhir, on obtient une longueur totale de 55 m. La question qui découle de cette hypothèse très vraisemblable est de savoir si le Grand Menhir se situait en tête de l'alignement ou au centre d'un système se prolongeant de l'autre côté, vers le Sud. g : la complémentarité que nous avions suspectée l'an dernier, entre l'alignement de pierres dressées et certaines files de trous de poteaux s'est confirmée puisque d'autres trous de poteaux sont venus s'ajouter, de sorte que nous avons maintenant P.94, P.92, P.81, P.? (encore dans la coupe) et P.99, espacés tous les deux mètres, sur le flanc ouest de la file de pierres, et P.95, P.86, P.84, P.96 et P.98 sur le flanc est. Et, comme nous avions P.82 et P.83 intercalés perpendiculairement entre Fo.l et Fo.2, nous avons trouvé P.88 et P.105 entre Fo.l et Fo.4 (fig.19, 20). Il y a donc tout lieu de penser que structures de pierres et de bois ont constitué un système global. 91.762 91.619 91.773 LOCMAR1 AQQLFECR - Alignement du Grand Menhir. Zone intermédiaire Différents stades de dégagement fosses; noter aussi (photos du niveau de débris d ' orthogneiss dressées. entre Fo.l et Fo.4. des trous de poteaux entre les haut, à gauche et à droite) le venant du débitage des stèles Etude générale du matériel archéologique I 2V30 .T, <1-50 ^ . 61 70 -80 71 REPARTITION CERAMIQUE LOCHARIAQUER Nivesuciac pré-TDM Répartition des densités du natériel lithique par quarts de carrés. ••• • • M 58 9-12 13-16 - o 17 2 REPARTITION LITHIQUE AA AB AC AD 4.1 - Le matériel archéologique du niveau pré-TDM 4.1.1.-Répartition générale Depuis deux ans nous nous sommes employés à cartographier les répartitions des matériels lithiques et céramiques de la couche 9, pré-TDM. Les densités de ces matériels sont données par quart de carré, ce qui constitue une précision très suffisante. Cette année, outre la répartition des objets découverts dans la campagne 1991, les cartes ont été complétées par les répartitions des matériels de la campagne 1986, à droite de l'entrée du couloir (fig. 21, 22). Le résultat de ce travail est significatif. Les objets, loin d'être répartis de façon quelconque, montrent des concentrations importantes et des zones très pauvres. Dans certains cas la limite entre secteur de grande densité de matériel et secteur pauvre est d'une netteté remarquable. C'est le cas par exemple dans la zone de fouille de 1991: la zone de très forte densité repérée au pied du mur II en S et T-28 se poursuit vers X-30,31 puis s'interrompt; au delà de Y-29 il n'y a plus de céramique sur plusieurs mètres carrés et le matériel lithique est rare. Nous avions déjà remarqué la diminution très sensible des densités au fur et à mesure que l'on s'éloigne des bandes H et I vers le Sud-Ouest. Il nous avait paru intéressant de noter aussi des concentrations plus importantes aux abords des foyers, par exemple F.4. On remarque par ailleurs l'incroyable concentration céramique et lithique dans les carrés fouillés juste derrière la paroi nord du couloir; cette zone ne connaît pas une richesse aussi forte devant la façade, à droite du couloir, mais ici les perturbations dues aux travaux de drainage y sont peut-être pour quelque chose. Toutes les observations que l'on peut faire sur ces cartes de répartition, aussi intéressantes soient-elles, achoppent sur l'impossibilité de relier entre elles les zones de fouilles. Les parties intactes du cairn n'ont pas été démontées, évidemment, ce qui crée d'importantes solutions de continuité, inconvénient qui se répercute aussi sur l'étude de l'organisation des structures de poteaux et sur la liaison entre foyers, trous de poteaux et répartition du matériel. Au niveau des structures de carrière, dans les bandes ZA à XI, les faits sont plus lisibles: il nous semble évident que les fosses dépotoirs ont été remblayées à partir de la plate-forme occidentale. Il y a toute une bande riche en matériel, de ZA à ZO, qui s'allonge de 26 vers 12; de ZU à XI on retombe dans un secteur pauvre. 4.1.2.-Le matériel céramique. Une évaluation qualitative de l'ensemble du matériel céramique disponible a pu être abordée à la fin de l'année 1991; elle prend en compte les éléments caractéristiques des fragments de poteries, formes des rebords, des cols, des panses, des fonds, décors, préhensions. Faute de temps et d'espace, il n'a malheureusement pas été encore possible de se consacrer à la question des reconstitutions ou recollages, alors que la taille des fragments dans la zone des carrières autorise quelques espoirs de remontages, au moins partiels. Mais inversement l'enthousiasme est tempéré par la diversité des fragments décorés, montrant à quel point les vases ont été fracturés; on ne possède, de toute évidence, jamais plus d'un ou deux fragments semblant provenir du même vase. Comme on l'avait déjà remarqué durant les premières campagnes de fouilles, deux séries principales de formes se distinguent. D'une part, des vases à col bien marqué, plus ou moins concave, à ouverture évasée ou rétrécie, à rebords simples, et d'autre part, des poteries à large lèvre et fût cylindrique, communément appelées coupes à socle. A chacune de ces deux catégories se rattachent des décors spécifiques. a - Le groupe des poteries à col (type Castellic). Le profil de ces poteries est de type composite, un col assez haut, rentrant ou évasé, terminé par une lèvre simple (fig. 23), étant monté sur une coupe basale à fond rond. La liaison entre le col et la coupe basale est bien marquée par une rupture anguleuse du profil que l'on a pris l'habitude de nommer "carène", d'où le nom de "vases carénés" attribué à ce type de récipient (fig. 24, 25). Selon la pente du col, éversée ou rentrante, l'angle de carène est plus ou moins ouvert. La ligne de carène peut être ornée d'une ligne circulaire de points plus ou moins fins (fig. 26-29) ou de groupes de cupules (fig. 27, 28). Cette série céramique possède un décor caractéristique, placé sur le col, constitué de lignes courbes au relief très faible, tracées à l'aide d'un objet à pointe mousse; ce sont des cannelures (fig. 32-33). Les motifs représentent des arceaux, simples ou superposés, des lignes ondulantes, très rarement des lignes droites. Les cannelures peuvent être bordées de points (fig. 32-35); dans quelques cas on observe des points imprimés dans le fond de la cannelure, et l'on connaît quelques tessons sur lesquels les cannelures sont associées au décor de points sur la carène (fig. 39, 40). Un large tesson, provenant d'un grand vase à panse arrondie et col rétréci, est orné de cannelures représentant deux lignes ondulantes autour du col et deux crosses disposées symétriquement; un peu au-dessus du diamètre maximum de la panse, on aperçoit le départ d'une ligne d'impressions triangulaires (fig. 36). Sur quelques tessons, de petits boutons sont placés sur la ligne de carène, en association avec des lignes de points et des cannelures (XA 10.6, AJ 01.4). Un long goulot à perforation capillaire (fig. 37)appartient à cette série céramique, un élément semblable ayant été découvert sur le site du Castellic à Carnac sur une poterie à haut col orné _ TABLE DES Profils de cols rentrants (vases à carène?). — IJOCMABIAQUER MARCHAND — IXDCMARIAQUTKR _ TABLE DES Fragments de poteries avec carène simple. MARCHAND _ 25 IXXMARIAQUER. TABLE DES gments de poteries avec carène sinple. MARCHAND . 26 — TXOIARIAQUER. TABLE DES MARCHAND Fragments de poteries avec une ligne de pointillés sur la carène. 28 W XDCMAJECL AQUER _ TABLE DES MARCHAND . îents de poteries avec décor de lignes pointillés auîs, au-dessous ou sur la rupture de pente. 29 91.975 — LOCMARTAQUER. TABLE DES MARCHAND Fragments de poteries avec décor de cupules sur la carène. 91.965 — LOCMARIAQUER. TABLE DES MARCHAND _ Fragments de poteries avec carène et décor de cannelures simples ou bordées de lignes pointillées ou associées à des lignes pointillées sur carène. 34 91.966 DOCMARIAQLUER. TABLE DES MARCHAND îments de cols avec décor en arceaux (cannelures simples ou lées de pointillés). 35 — LOGMARIAQUER. TABLE DES MARCHAND Fragment de vase (N.8,41) à décor cannelé comprenant deux lignes ondulantes sous le rebord, une paire dé crosses et une ligne d'impressions triangulaires. N8-41 I — LOCMARIAQUER. TABLE DES MARCHAND _ Céramiques du niveau 9 (sol pré-TDM): moyens de préhension, boutons associés à des lignes pointillées sur carène et des cannelures: XA.10,6; AJ.01,14; AC.6,175. 90.528 XZr*=iFÏI<=iOLJEFÏ- TABLE DES MARCHAND es du niveau 9 - A: décors de lignes de pointillés on carré); B: décors de points dans des cannelures. 41 91.937 MARIAQUER. TABLE DES MARCHAND . s de coupes à socle avec décor de points sur la lèvre. — iDDGMARIAQOLTER - TABLE DES MARCHAND . Fragments de coupes à socle avec décor de triangles sur la lèvre. Certains étant ornés de grosses impressions circulaires sur le haut du fût. _ TABLE DES MARCHAND Fragments de coupes à socle avec décor de petits points; noter le tesson avec fenêtre (AE.4,87). — IJCKITM/VRIAQLIJER . 47 48 — IJCJGMARIAQUER - TABLE DES MARCHAND Fragments de coupes à socle avec décor de gros points; à noter le motif en forme de crosse (AE.16,59). — LOCMARIAQUER. TABLE DES MARCHAND _ Fragments de poteries avec impressions de gros points pour lesquelles l'utilisation d'un apex de Littorina littorea (bigorneau) est supposée. Soubassements de coupes à socle à section ovoïde (G.10,61). JD M R S ïf d2 ■Î^SHS dl -p .Tâ£^S ;Ir TART DES MARCHAND - ° divers, f ^"d ME » (AH .4,11); décor de a ,ents décor ce lie perforé (T.29,10); décor ^V deccr 'i»Pre ion de coquille? (AI.01, SS fîa^en? boo?on perforé (M.27,6); décors plastiques ',31; ZA.20,65). de superbes motifs en cannelures. En revanche l'attribution de gros boutons est plus difficile (fig. 37, 38); il semble qu'il s'agisse d'éléments de grands vases épais. b - Les coupes à socle (fig. 36-47). Cette seconde série de poteries est repérée par la présence de rebords à larges lèvres, de fragments de fûts cylindriques avec des fenêtres, des fragments de coupelles et des décors spécifiques. Ces coupes à socle sont toutes du modèle cylindrique; des variantes interviennent sur la forme du soubassement qui souvent ressemble à un rebord classique mais parfois prend l'aspect d'un boudin à section ovoïde (fig. 49-50). Le décor est constitué uniquement de points imprimés à l'aide de poinçons à section carrée (fig. 39, 40)ou circulaire; certaines impressions dénotent l'emploi d'un apex de coquillage, sans doute le bigorneau, Littorina littorea (fig. 50: F 29.5, V 4.222). Les motifs exécutés, rarement identifiables en raison de la petitesse des fragments, sont plutôt rectilinéaires et dessinent sur le fût des lignes circulaires ou verticales. Sur les lèvres on peut remarquer des lignes de points ou des motifs triangulaires remplis de pointillés, dessinant des dents de loup (fig. 43, 44). Un fragment de coupe à socle un peu plus gros que les autres porte un motif en forme de crosse (fig. 48: AE 16.59). c - Quelques fragments de poteries n'entrent pas dans les deux catégories exposées ci-dessus. Ce sont des tessons portant des décors inhabituels. Parmi ceux-ci on signalera plus particulièrement quelques décors imprimés à l'aide d'un coquillage de type bivalve, à dents rectangulaires, avec parfois un mouvement pivotant (AL 5.44) qui évoque les techniques de la poterie cardiale. Deux autres tessons sont décorés de motifs pointillés d'une extrême finesse, exécutés avec la pointe d'une aiguille (une arête de poisson ?) : les motifs ne sont pas définissables, bien que l'un des tessons (AC 15.7) présente sans doute un motif rayonnant. 4.1.3.-Le matériel lithique Les densités du matériel lithique, très abondant sur l'ensemble du site, coïncident approximativement avec celles de la céramique; on peut noter toutefois que certaines zones d'activité sont un peu plus étalées, par exemple en I-W/13-33, sur le flanc ouest du cairn. L'outillage est taillé dans un silex jaune tiré de petits rognons probablement recueillis sur l'estran. Il y a donc très peu de lames, retouchées ou brutes. Les grattoirs constituent une part importante de l'outillage décompté et parmi eux ce sont les grattoirs sur éclats qui dominent (fig. 53, 54). Ce sont des outils qui, très souvent, paraissent neufs, bruts de façonnage, fraîchement sortis des ateliers de débitage. La répartition des grattoirs montre un groupement très net dans les carrés G-K/13-19. Par ailleurs les grattoirs sont assez fréquents dans la zone des carrières, mais en revanche, et c'est très étonnant, absents autour du foyer F.4 où pourtant il y a une forte densité de silex, et très rares derrière la paroi nord du couloir, secteur où il y a la plus forte quantité de matériel (fig. 55). Les burins occupent une place non négligeable (fig. 56, 57); accompagnés des chutes de burin, ils attestent, mieux que n'importe quel autre type d'outil, une activité de débitage sur place. Or on retrouve un bon groupement de ces outils dans le secteur G-K/13-19. Comme pour les grattoirs l'absence de burins dans des zones de forte densité de silex devrait trouver une explication (fig. 58). Tarauds et perçoirs font également partie de l'outillage commun (fig. 56, 57). Le nombre important de pièces esquillées, dont la fonction n'est pas démontrée, traduit peut-être simplement la nature du débitage par percussion sur de petits rognons de silex. Le lot des armatures tranchantes est significatif (fig. 61, 62); ce sont les seules armatures trouvées dans le niveau pré-TDM. Elles sont plutôt de forme triangulaire et toujours à retouches abruptes. Leur répartition ne montre aucune concentration particulière, mais on remarquera encore leur faible représentation dans la zone du foyer F.4 ou derrière la paroi nord du couloir (fig. 63). On notera aussi la très faible quantité de haches ou herminettes polies; les quelques fragments sont en dolérite ou en fibrolite. écomptes de l'outillage lithique recueilli sur le site de la Table des Marchand à Locmariaquer, de 1986 à 1990 par Liliane ARNAUD, .'état actuel du décompte ne comprend qu'une partie de l'outillage récolté 1 1991 ; il est établi selon la liste typologique de l'épi-paléolithique de G. Rozoy à laquelle renvoient les chiffres entre parenthèses). I - Outillage HT Grattoirs : (2) - grattoirs sur bout de lame courts (4) - grattoirs simples sur éclats (5) - grattoirs sur éclat retouché (6) - grattoir circulaire (10) - grattoir denticulé 3 54 33 4 4 Burins (21) - burins dièdres (22) - burins sur troncature 20 8 Outils doubles grattoir-burin grattoir-perçoir perçoir-burin an 0P 11 19 35 2 9 3 18 23 9 6 (19) - Perçoirs (20) - Tarauds (24) - Pièces esquillées (25) - Divers (30) - Lames à retouches régulières (31) - Couteaux à dos (38) - Lamelles à retouches continues - Eclats et lames à coches - Eclats et lames denticulés (44) - Lamelles à troncatures Triangles (68) - Triangle scalène (76) - Triangle isocèle (96) - Trapèze Eclats avec retouches Flèches tranchantes (dont 6 fragments) Armatures de flèches à pédoncule et ailerons (toutes postérieures à TDM) Objets en pierre polie - Hache - Herminette II - Pièces techniques Nucléus Chutes de burins (dont une se raccordant au burin) 2 1 1 159 37 7 1 3 24 © 1 Microburins III - Parures et divers Perles Plaquettes de schiste gris perforées Us (S 3 4 LOCMARIAQUER. .ttoirs sur éclats TABLE DES MARCHAND _ 55 LOCMARIAQUER Carte de répartition des grattoirs, (points rouges: grattoirs; points bleus: grattoirs brûlés; points verts: outils doubles (grattoirs-perçoirs; grattoirstarauds) gftH Cailloutis / couche 8 © Sol pré-TDM/couche 9'(trou de poteau) Rocher mus Sol d'occupation gallo-romain -Dépôt Bronze Perturbations modernes Le Grand Menhir AA Cairn t . F G H AB AC AO . AE 57 — LOCMARIAQUER. TABLE DES MARCHAND . Burins (G.28,3; AD.29,14; G.22,12); grattoir-perçoir (K.22,1); éclat à troncature(K.22,4); percoirs (N.31,13; AD.36,5; AB.36,1; AD.36,9); éclat retouché (AD.30,111). 58 LOCMARIAQUER Carte de répartition des burins, (points rouges:^burinsj points orange: chutes de burins; points verts: outils doublesK burins-percoirs, burins-grattoirs). mm Cairn Cailloufis / couche 8 © Sol pré-TDM/couche 9-(trou de poteau) Rocher miïffl Sol d'occupation gallo-romain — ^- Dépôt Bronze Perturbations modernes Coupe 28 _ Le Grand Menhir 60 — LOCMARIAQUER. TABLE DES MARCHAND _ Couteau à dos (ZE.15,91); tarauds ? (L.3,24; K.15,26); coches (R.32,8; S.32,7; N.6,26); lames (ZA.16,457; Q.28,8; AD.32,12). 59 L -15- IZ — J^CXIMAIŒAQLlXER. TABLE DES MARCHAND _ Industrie lithique (uiveau 9): armatures à tranchant transversal et deux fragments de hachettes en fibrolite (K.15,10 et AI.1,3) L -iS- IZ — LOCMARIAQUER _ TABLE DES MARCHAND Industrie lithique (niveau 9): armatures à tranchant transversal et deux fragments de hachettes en fibrolite (K.15,10 et AI.1,3) 63 LOCMARIAQUER Carte de répartition des armatures de flèches à tranchant transversal. Cairn Cailloutis / couche 8 © » + + * Sol pré-TDM/couche 9- (trou de poteau Rocher Ha Sol d'occupation gallo-romain - ^ Dépôt Bronze Si Perturbations modernes Le Grand Menhir 65 L0CMAR1AQUER-TABLE DES MARCHAND GROS INSTRUMENTS EN QUARTZ .;A°^^ V QUEI TABLE MAR ?ES découvert dans les zones d extraction du ^ranite. CHAND - Gros outillage en quartz 4uai^ H 66 90.399 LOCMARIAQUER. TABLE DES MARCHAND lier des structures en creux du sol ancien (niveau 9.4), i de poteau n°2 : rebords éversés ou rentrants, carènes, >r cannelé, éclat à coche. 67 CL h — LOCMARIAQUER - TABLE DES MARCHAND _ Mobilier des structures en creux, trou de poteau n° 4: fragment de poterie carénée à col éversé; grattoir en bout de lame. 69 — IXXMARIAQUER- TABLE DES MARCHAND . Mobilier des structures en creux, trous de poteaux n° 41, 75, 76 et fosse dans le sol ancien 4.2 - Le matériel archéologique du niveau TDM. Aucune information nouvelle n'est à signaler concernant les objets provenant du niveau d'occupation du cairn des Marchand. Dans la zone fouillée en 1991, à l'opposé de l'entrée, juste au pied du mur II, quelques fragments de poteries ont été recueillis sur le cailloutis. Ils confirment les observations déjà effectuées; il s'agit d'une céramique très fine, parfaitement façonnée et polie, avec des rebords à lèvre fine et parfois éversés. L'essentiel du matériel de ce niveau vient donc des découvertes effectuées de part et d'autre de l'entrée (fig. 70, 71). Ce sont surtout des bols (par ex.: AC 4.2), des bouteilles à goulot étroit (AD 3.1), des écuelles (U 4.28, W 2.32). Le décor se réduit à quelques boutons doubles (vase W 4.35). 4.3 - Occupations récentes du site de la Table des Marchand La fréquentation du site de la Table des Marchand à la fin du Néolithique a déjà été évoquée par la découverte, dans les éboulis inférieurs, de divers objets (fig. 72-75), pointes de flèches à pédoncule (par ex: AB 1.4,T 2.2), fragments de poteries de type Conguel (U 2.1-7) et Kerugou (K 3.77,K 3.16), fragment de hache bipenne en hornblendite (AL 6.88). Par ailleurs les fragments de poteries de type campaniforme, à décor de bandes hachurées (AE 13.4, AE 14.1, AE 14.4, AC 6.1, K 3.14) ou à décor de triangles (J 2.2-5), cautionnent la relation d'une découverte d'un peloton de fil d'or lors des toutes premières excavations en 1811. On doit pouvoir rapporter à cette phase du Bronze ancien trois pointes de flèches à pédoncule et ailerons (T 8.2, ZA 25.8), recueillies toutes trois dans des niveaux post-mégalithiques. Il nous semble aussi que certains tessons de poteries trouvés dans les niveaux supérieurs en B.17 doivent appartenir au Bronze ancien ou moyen; ceci étant confirmé par la date radiocarbone d'un foyer interstratifié dans les éboulis, déjà signalée. Mais la découverte importante de l'année 1991 a été celle de trois objets du Bronze final. Cette découverte a été effectuée à l'occasion du dégagement de la zone F-I/01-02, à la limite du terrain de l'Etat. A cet endroit la fouille s'interrompt sur un muret de pierres sèches moderne. A cet endroit également nous avons remarqué une structure d'empierrement, bien délimitée sur sa bordure sud et qui nous a paru devoir être rapportée à l'époque gallo-romaine (ancien chemin?). Les trois objets ont été dégagés dans une couche de terre entre le socle et l'empierrement gallo-romain. Il s'agit de pièces de bronze, fortement corrodées; un fragment de lame d'épée du type épée en langue de carpe, à bords parallèles et nervure centrale, un racloir perforé et une hache à ailerons (fig.76). Ces trois pièces caractérisent les dépôts du Bronze final atlantique, daté aux environs du 8 siècle av.J.C. Ici se pose la question de savoir si les trois objets, bien groupés, représentent la totalité ou le résidu d'un dépôt; les conditions actuelles d'accessibilité à cette zone empêchent d'en savoir davantage. Lors de la mise en état du terrain, il conviendra de se montrer très attentif aux décapages de ce secteur. En tout cas, ce n'est pas la première fois que semblable trouvaille est faite à Locmariaquer puisqu'en 1936, une cachette fut trouvée à Pont-er-Vil: il y avait 13 kilos de bronze dans un vase, dont des haches à ailerons, des racloirs et des fragments d'épées, et bien d'autres objets de cette même période. 72 — AQUER _ TABLE DES MARCHAND Céramiques des niveaux supérieurs ou remaniés: poteries de type Kerugou (K.3-16,77,78); poteries de type Conguel (U.2-1,2,5,6,7); poteries campaniformes (AE.14-1,3,4; ÈC.6,1; J.2,2,5; K.3,14); poteries du Bronze ancien (V.4,19; ZE.8,22). 91.987 — XJOCMARIAQUER_ TABLE DES MARCHAND _ Objets lithiques et osseux des niveaux supérieurs et remaniés: fragment de hache bipenne en hornblendite (AL.6,68); armatures de flèches du Néolithique final (ZA.25,8;AB.1,4;T.2,2); armature de flèche campaniforme(T.8,2); gaine de hache en os? (AC.20,3). — IJOCMARI AQlUER _ Table Des Marchand. Cachette de l'Age du Bronze final (groupe de l'épée à langue de carpe): hache à aileron, racloir et fragment d'épée. 5 - Conclusions Amorcées en 1986 dans le but de dégager les structures d'un monument mégalithique célèbre, La Table des Marchand, les recherches, en raison des découvertes, ont débouché sur une conception plus large. En effet il est apparu qu'une phase d'occupation antérieure au cairn se présentait dans des conditions d'études très favorables, bien préservée dans une couche de 0,2 à 0,3 m d'épaisseur sous les structures de la tombe et ses éboulis. La reconnaissance de cette occupation s'est élargie progressivement vers la périphérie, car elle conduit à améliorer la perception de l'histoire générale du site, en renforçant certaines hypothèses ou en mettant en péril certaines affirmations. Mais aussi l'importance des découvertes contribue à préciser la chronologie du néolithique et du mégalithisme armoricain, car elles s'intègrent dans un ensemble de travaux similaires effectués récemment sur des édifices de la zone occidentale du Golfe du Morbihan. En fait, quoique les fouilles du second programme triennal n'aient pas été consacrées directement à la Table des Marchand, leurs résultats intéressent l'histoire de cet édifice et permettent d'en comprendre mieux certains aspects. On doit noter aussi que l'abondant matériel archéologique recueilli procure des informations essentielles puisque la couche d'occupation scellée sous le monument représente un épisode assez bref et non pollué du néolithique moyen armoricain. La chronologie des événements survenus sur ce site peut être résumée ainsi : - quelques rares pièces lithiques, trois triangles scalènes ou isocèles, peuvent être les traces ultimes d'une occupation mésolithique balayée par les travaux architecturaux du Néolithique. - Les grands travaux commencent au cours du V millénaire. Il est probable que le nivellement d'affleurements rocheux intervient dans une phase précoce, à la fois pour régulariser le terrain et pour récupérer quelques blocs de calage d'une série de pierres dressées. Celles-ci sont disposées selon un alignement nord-ouest/sud-estsud dont le Grand Menhir fait sans doute partie; la file de menhirs comprenait des éléments de diverses tailles, décroissant vers l'extrémité nord et taillés dans des matériaux variés, granité, migmatite et orthogneiss. Les blocs dressés étaient très rapprochés les uns des autres et formaient une sorte de mur massif, sauf peut-être du côté du Grand Menhir où des pieux de bois étaient intercalés entre les pierres verticales. Car il apparaît que des structures en bois, qui ne sont plus représentées que par des trous de poteaux alignés de part et d'autre de l'alignement de pierres en complétaient l'architecture. LOCMARIAQUER L'alignement des fosses de pierres dressées vu depuis le Grand Menhir vers l'extrémité nord. 91. 839 LOCMARIAQUE R Alignement des fosses de pierres dressées vu depuis l'extrémité nord vers le Grand Menhir Il y a tout lieu de penser que la stèle de chevet de la tombe à couloir des Marchand est contemporaine de l'alignement du Grand Menhir, mais qu'elle en était décalée. Cette stèle revêt un caractère religieux certain par ses figurations de divinité et de crosses. Quant au Grand Menhir, il est lui aussi sculpté et présente un motif de hache emmanchée, type araire, qui, selon toute vraisemblance était aspecté à l'Ouest lorsque le Grand Menhir était debout. On admettra aussi qu'à cette même époque, la stèle regroupant la dalle de couverture de la Table des Marchand et la dalle de couverture de Gavrinis était encore entière et pouvait se dresser quelque part dans le secteur, soit au sein de l'alignement du Grand Menhir, soit à proximité. Au même niveau que l'alignement et à la même époque, l'occupation du site comporte des bâtiments de bois dont il subsiste les trous de poteaux, des foyers, et les traces d'une activité domestique sous la forme de meules et de tailleries de silex. De nombreux vestiges mobiliers sont répartis sur le site selon des densités particulières qui traduisent la concentration d'activités autour des foyers. Mais la présence très notable de fragments de poteries décorées, particulièrement de coupes à socle, révèle plutôt des activités religieuses liées aux monuments qui se dressent sur le site; la comparaison avec Er Lannic, où l'on trouve la même association de fragments de coupes à socle et de monuments de pierres dressées s'impose sans peine. Le comblement des fosses des carrières par des débris de poteries et de silex, et par des masses de charbons se rapporte aussi aux activités domestiques, la présence d'assez nombreuses semences de blé carbonisées pouvant être mise en relation avec les activités de mouture des céréales (plusieurs meules à proximité). La datation du niveau pré-TDM est fournie par 6 dates radiocarbone : Foyer F 3 : 5040 + -70 BP (Gif 7555) Foyer F 5 : 5220 +-130 BP (LGQ 558 Trou de poteau P 4 : 5170+ -70 BP (Gif 7554) Comblement des carrières : ZU.19 : 4580 +-140 BP (LGQ 556) ZU 19 : 4990 + -180 BP (LGQ 555) ZE.16 : 4910 + -150 BP (LGQ 554) Ces résultats amènent les considérations suivantes: une seule datation, LGQ 556, est nettement distincte des autres, manifestement trop jeune; en revanche LGQ 554 et 555 sont très cohérentes. Cependant les dates des comblements de carrière sont un peu plus jeunes que celles des foyers et du comblement des trous de poteaux. Trois explications peuvent être retenues. Il est évident que les charbons des foyers proviennent de gros tisons et l'âge du bois peut intervenir dans le résultat; en effet les charbons des carrières ne sont que des brindilles ou des graminées. La seconde explication serait de penser que les comblements des fosses sont intervenus dans une phase secondaire de l'occupation des lieux; cependant cette explication ne paraît 79 91.850 LOCMARIAQUER Vue générale sur les trois sites, Er Vinglé, l'alignement du Grand Menhir et le cairn de la Table des Marchand. 80 LOCMARIAQUER_ IPXairx ^éraéjtreLl des sites méga.1 xthiques : cairn de la Table des Marchand, alignement du Grand Menhir, cairn et tumulus d'Er Grah. pas compatible avec les observations stratigraphiques. La troisième explication serait de penser qu'il y a, dans ces carrières, une contamination plus ou moins insidieuse qui expliquerait en même temps la dérive de la date LGQ 556; cependant la nature de la contamination n'est pas perceptible. Quoiqu'il en soit nous pouvons penser que l'ensemble de l'occupation pré-TDM se situe entre 4200 et 3600 av.J.C.(les différentes fourchettes de dates se recoupent entre 4000 et 3750). C'est évidemment dans cet épisode que se situent les poteries de type Castellic et les coupes à socle. - Les pierres dressées sont abattues au début du 4 millénaire et certaines d'entre elles sont utilisées dans la construction de la Table des Marchand: la dalle de couverture et deux piliers du couloir en orthogneiss sont débités et taillés pour s'intégrer dans la nouvelle architecture. On peut situer cet épisode par rapport aux dates obtenues au Petit Mont à Arzon dans la chambre S3 qui réutilise, elle aussi, de nombreux éléments de stèles: les charbons sous le pavage datent entre 4090 et 3990 av J. C; les charbons du centre et du fond de la chambre, sur le dallage, datent de 3820-3690 av.J.C. Il y a donc de fortes chances pour que la Table des Marchand soit construite vers 3700, peut-être un ou deux siècles plus tôt; l'incertitude devrait être levée par quelques datations complémentaires. Il est certain aujourd'hui que l'apparition de la Table des Marchand dans le paysage suit immédiatement la disparition d'un fantastique ensemble de pierres dressées. Cette destruction vient renforcer l'hypothèse de l'abattage du Grand Menhir à la même période, mais sa section massive ne paraît pas avoir permis une réutilisation dans des architectures funéraires et les tronçons sont restés sur place. Par ailleurs se pose la question de la liaison du Grand Menhir avec le tumulus d'Er Grah; sans doute ce monolithe est-il dans l'axe du tumulus. Pourtant, si le Grand Menhir était bien dans l'alignement des pierres dressées disparues, son axe (c'est-à-dire sa face plane) devait être parallèle à l'axe de l'alignement et donc la face gravée devait regarder vers l'Ouest plus que vers le Nord. Une observation de l'axe des trois morceaux supérieurs, certainement abattus lorsque le monolithe était debout, montre qu'ils sont bien perpendiculaires à l'axe de l'alignement, ce qui n'est pas forcément le fait du hasard mais le résultat logique d'une chute organisée. - La tombe à couloir des Marchand a pu être fermée entre 3300 et 3000 av.J.C Ces dates sont celles de la fermeture de Gavrinis. Ce sont aussi celles que l'on attribue à l'apparition des groupes de Kerugou et de Conguel. Or ici des éléments mobiliers que l'on peut rapporter à ces groupes se trouvent stratifiés dans les premiers niveaux d'éboulis; dans la même situation se trouve un fragment de hache bipenne apparentée aux groupes aux haches de combat. A cette époque, le monument en équerre des Pierres Plates est construit; il renouvelle la stylistique de l'art symbolique mégalithique. L'épisode de la fréquentation de la Table des Marchand par les groupes aux vases campaniformes est quelque chose d'assez banal dans le mégalithisme armoricain; il se situe à la fin du 3 millénaire et l'on entre alors dans l'Age du Bronze. Le dépôt de quelques objets usagés non loin des ruines du cairn est un fait qui a dû se reproduire assez souvent car les monuments étaient des points de repère commodes pour qui souhaitait retrouver facilement son trésor. Les éboulis ayant enseveli la Table des Marchand et l'ayant transformée en un tas de pierres sans organisation apparente, les traditions orales qui, durant toute la période protohistorique devaient rapporter les exploits des hommes du Néolithique, s'étant peutêtre déjà dissipées, les habitants de l'importante ville gallo-romaine de Locmariaquer attaquèrent ce monticule pour la récupération de matériaux; autres temps, mêmes procédés. Ainsi découvrirent-ils les structures mégalithiques enfouies et firent-ils de la Table de couverture revenue à l'air libre, l'un des dolmens les plus fameux de Bretagne. Aujourd'hui l'édifice a été consolidé et remis dans une situation qui, sans retrouver l'exacte ampleur d'origine, rappelle la véritable nature de ces structures architecturales néolithiques. Les parois de la chambre ont été refermées, le plafond du couloir a été rétabli, ce qui reste des murs de façade a été remis au jour. Ainsi les visiteurs ne rêvent-ils plus devant des ruines trop empreintes des phantasmes du XIX siècle. Les restaurations ne sont-elles pas aussi une manière de communiquer à l'ensemble du public les résultats des recherches scientifiques ? Nantes, le 13 janvier 1992. MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION DEPARTEMENT DU MORBIHAN VILLE DE LOCMARIAQUER DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES DE BRETAGNE Service Régional de l'Archéologie UPR 403 DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE LOCMARIAQUER (MORBIHAN) ENSEMBLE MEGALITHIQUE Table des Marchand - Grand Menhir - Er-Grah RAPPORT DE SYNTHESE 1989-1991 PRESENTATION GENERALE ET ANNEXES </230 b MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION DEPARTEMENT DU MORBIHAN VILLE DE LOCMARIAQUER DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES DE BRETAGNE Service Régional de l'Archéologie UPR 403 DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE LOCMARIAQUER (MORBIHAN) ENSEMBLE MEGALITHIQUE Table des Marchand - Grand Menhir - Er-Grah RAPPORT DE SYNTHESE 1989-1991 PRESENTATION GENERALE ET ANNEXES INTRODUCTION Les grands monuments mégalithiques de Locmariaquer, men-tionnés depuis le 16ème siècle et maintes fois décrits depuis le milieu du 18ème siècle, comprennent des architectures de types variés : tombes à couloir, grands tumulus "carnacéens" ou menhirs pour la plupart renversés, à commencer par le fameux "Grand-Menhir". A côté de ces édifices spectaculaires, il en est d'autres plus discrets malgré une emprise au sol pouvant être très importante, comme les longs tumulus bas de Kerlut ou d'Er-Grah. Ce dernier, qui fait l'objet d'une des fouilles de ce programme, est étroitement associé à la tombe à couloir dite "Table-des-Marchand" et au Grand-Menhir pour former, entre les sites du Mane-Rutual et du Mane-Lud, le principal ensemble mégalithique de la commune, à quelque 350 m au nord du bourg. Le présent rapport essaie de fournir une synthèse, encore provisoire, des travaux effectués sur l'ensemble du site de 1989 à 1991 par chacune des deux équipes (de l'U P R 403 du C N R S et du Service régional de l'Archéo-logie de Bretagne) à la suite de la décision de fouille trien-nale du Ministre de la Culturetsur ce site. Ce document fait suite à un premier rapport de synthèse remis début 1989 ; il en développera ou corrigera certaines conclusions ; il reprendra également les données des deux rapports intermédiaires remis en 1989 et 1990. Comme le précédent, ce rapport de synthès s'articule en trois parties : - Présentation générale et annexes techniques : + Anthracologie (par D. Marguerie, AGORA), + Sédimentologie (par A. Gebhardt, AGORA), + Archéozoologie (par J.-D. Vigne, M H N), + Chantiers de fouilles annexes ( par M.-F. Dietsch et J.-P. Pardon, A F A N). - Les fouilles de la Table-des-Marchand (par l'équipe dirigée par J. L'Helgouach et S. Cassen). - Les fouilles du tumulus d'Er-Grah (ou Er-Vinglé) par l'équipe animée par C.-T. Le Roux, Y. Lecerf, J.-Y. Tinevez et E. Gaumé. Le cadre administratif et réglementaire de cette opération est resté inchangé par rapport à la première campagne trien-nale ; une convention liant l'Etat, le Département et la Commune prévoyait un financement triparti te d'environ 50 % pour le Département et 10 % pour la Commune, le solde revenant à l'Etat sous forme d'une subvention au Département qui, comme précédemment, a délégué sa maîtrise d'ouvrage à la SAGEMOR. Le budget total pour ces trois années s'élève à 2 000 000 F TTC, y compris la masse salariale du personnel contractuel, pour cette fouille programmée décidée par l'Etat en application du Titre II de la loi du 27 septembre 1941. CHANTIERS ANNEXES L'évolution des deux dossiers, d'ailleurs en partie liés, de mise en valeur du site et du projet de percement d'une voie nouvelle de contournement ouest du bourg nous ont conduit, en 1990 et 1991, à mener, parallèlement au chantier principal d'Er-Grah, de nouvelles opérations de sauvetage en périphérie du site. Leurs financements complémentaires, indépendants de celui du chantier principal, étaient supportés par les opéra-tions d'aménagement qui les avaient provoquées ; les rapports correspondants sont néanmoins donnés en annexe pour information. Il s'agit de : - L'emprise du futur bâtiment d'accueil du public sur le site ayant été définie en 1990 non loin d'une zone qui s'était avérée sensible lors du décapage du "nouveau cimetière" en 1986, une fouille exhaustive de cet emplacement a été effectuée avant accord définitif du service régional de l'Archéologie. - Sur l'emprise de la future "route des Mégalithes", des sondages mécaniques puis une fouille de contrôle ont été effectués à l'automne 1990 et au printemps 1991, dans le tronçon qui longeait le même "nouveau cimetière". Là encore, les vestiges rencontrés se sont avérés minimes et ne justifiant pas une remise en cause du projet. REMERCIEMENTS Ce rapport est naturellement le fruit du travail d'une équipe bien plus large que le petit groupe des signataires des différents documents qui le composent. Ceux-ci tiennent à y associer tout d'abord l'ensemble des fouilleurs bénévoles qui, au nombre de plusieurs centaines au total durant ces trois années, ont donné leur temps, leur compétence et leur enthousiasme pour l'avancement du chantier, mais aussi les cuisinières-intendantes qui ont permis le bon fonctionnement au quotidien de cette équipe. Celui-ci n'aurait cependant jamais pu fonctionner sans moyens financiers ; nous remercions chaleureusement le Département du Morbihan et la Commune de Locmariaquer qui ont généreusement abondé la subvention attribuée par le Ministère de la Culture à cette opération, dans le cadre de la Convention qu'ils ont bien voulu signer avec l'Etat sur ce projet. Mais l'argent ne serait rien sans la motivation des hommes. Nous tenons donc à saluer le travail discret et parfois ingrat de tous ceux qui nous ont permis de mettre en oeuvre ces crédits le plus efficacement possible : - les responsables de l'AFAN qui ont assuré la gestion du personnel contractuel, - ceux de la SAGEMOR qui ont assumé la maitrise d'ouvrage qui leur avait été déléguée par le Département, - le personnel de la mairie et de services techniques de Locma-riaquer pour l'aide multiforme et quasi-quotidienne qu'ils nous ont apportée, - les responsables de l'Association des Amis de l'Ecole Saint-Pierre pour leur compréhension à l'égard des locataires parfois déroutants de leurs locaux. Saluons enfin les élus qui, au delà des décisions prises en faveur de ce chantier, ont su témoigner tout l'intérêt person-nel qu'ils prenaient à ces recherches ; nous pensons notamment à M. Raymond MARCELLIN, Président du Conseil général, à Me Pierre ORAIN, Vice-Président et Président de la SAGEMOR, à M. Henri BOGAERT, Maire de LOCMARIAQUER... Que tous veuillent bien trouver ici l'expression de nos remerciements pour l'appui apporté à ces recherches. LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE, PREHISTOIRE,PROTOHISTOIRE ET QUATERNAIRE ARMORICAINS U.P.R. n°403 du C.N.R.S., Université de Rennes I, Campus de Beaulieu 35042 RENNES CEDEX - Tél. : 99 28 61 09 dans le cadre d'A.G.O.R.A. Association du Grand Ouest pour la Recherche en Archéo-sciences LES MONUMENTS MEGALITHIQUES D'ER GRAH ET DE LA TABLE DES MARCHAND (Locmariaquer, Morbihan) Dominique Marguerie Rapport d'étude anthracologique décembre 1991 Illustration de la page de couverture : Charbon de chêne à feuilles caduques {Quercus sp.) Coupe transversale vue au microscope électronique à balayage (X 40) 1 - INTRODUCTION Depuis 1986, les célèbres sites mégalithiques de Locmariaquer (Morbihan) font l'objet de nouvelles fouilles archéologiques placées sous la direction de C.-T. Le Roux et J. L'Helgouach. La presqu'île de Locmariaquer forme le flanc ouest de l'entrée du golfe du Morbihan. Elle fait face à la presqu'île de Rhuys, à la pointe de laquelle se trouve le tumulus du Petit Mont. Le tumulus d'Er Grah est constitué d'un cairn primitif en granité (40 m de long et 15 m de large) enserrant une chambre dolménique unique. Il a été secondairement allongé à ses deux extrémités par un tertre en limon de couleur blanchâtre, en provenance probablement d'horizons pédologiques gleyifiés, pour former un monument trapézoïdal d'une longueur actuelle de 135 mètres. Un sol brun assez épais a été protégé sous ce tumulus. Trois datations radiocarbone ont pu être obtenues à partir des charbons de bois contenues dans le paléosol : 5250 + 70 BP (Gif 7691), soit 4340 à 3865 cal BC ; 5260 ± 70 BP (Gif 7692), soit 4350 à 3870 cal BC ; 5370 ± 70 BP (Gif 7693), soit 4410 à 3900 cal BC. La fouille du dolmen de la Table des Marchand, situé à quelques centaines de mètres d'Er Grah, est placée sous la responsabilité de J. L'Helgouach et S. Cassen. Celle-ci consiste en un dégagement du cairn afin de comprendre sa structure et en une fouille des niveaux archéologiques conservés sous le tumulus. Le paléosol sous-jacent renferme, en effet, une grande quantité de poteries de style Castellic au milieu d'un riche ensemble de trous de poteaux, de foyers et de fosses. Deux récentes analyses radiocarbones obtenues sur les charbons de ces foyers ont livrées les dates suivantes : 5170 ± 50 BP, soit 4135 à 3785 cal BC et 5040 ± 50 BP, soit 3950 à 3660 cal BC. Ces fouilles font l'objet, depuis 1987, d'un suivi anthracologique et palynologique par nous-mêmes, sédimentologique par B. Bigot et A. Gebhardt et micromorphologique par A. Gebhardt. 2 - INVENTAIRE DES PRELEVEMENTS Les charbons de bois que nous avons eu l'occasion d'étudier sur ces deux sites ont été dégagés dans des structures de foyers, dans des fosses ou au sein des couches d'occupation. Sur le site d'Er Grah, quatre lots de charbons de bois ont été étudiés. Ils ont été récoltés au sommet du paléosol sous tumulus. Ils proviennent plus précisément de : - foyer Fl de 1989, en D54, secteur I, - foyer de 1990, en G52, centre de la structure, - foyer de 1990, en G52, bordure de la structure, - zone charbonneuse dans le paléosol en AF 49, proche d'un alignement de trous de poteaux. De premiers lots de charbons de bois de la Table des Marchand, prélevés par J. L'Helgouach, ont donné lieu à quelques analyses. Malheureusement, ceux-ci renferment de faibles quantités de spécimens. Nous présenterons brièvement les premiers résultats de nos observations, conscients des limites de nos interprétations inhérentes au faible effectif de l'échantillonnage. Les lots étudiés et présentés ici ont deux origines : - foyer F5, - couche d'habitat du sommet du paléosol pré-mégalithique, en L25/26, C9. De nouveaux prélèvements en provenance de la Table des Marchand, plus conséquents, nous ont été remis récemment et devraient donner prochainement lieu à une étude susceptible d'apporter des précisions aux interprétations avancées ici. 3 - PRINCIPE DE L'ETUDE ANTHRACOLOGIQUE Chaque ligneux, qu'il appartienne au sous-embranchement des Angiospermes (feuillus) ou des Gymnospermes (dont les conifères), produit un bois particulier, spécifique et héréditaire. La structure du bois s'étudie dans les trois plans anatomiques (fig. 1) : - plan transversal, - plan longitudinal radial, - plan longitudinal tangentiel. Il est ainsi possible d'observer dans l'espace (les trois plans) les vaisseaux, les trachéïdes (chez les conifères), les fibres, le parenchyme transversal et longitudinal (rayons du bois). Sur les bois gorgés d'eau, l'observation au microscope se fait à partir de coupes minces, transparentes obtenues au microtome ou à la lame de rasoir. Sur les charbons de bois, des cassures fraîches sont faites à la main et au scalpel. Celles-ci sont directement observées sous microscope optique à réflexion, voire au microscope électronique. Cette technique d'observation présente l'énorme avantage de ne pas "polluer" l'échantillon par une imprégnation en résine de synthèse et le laisse donc tout à fait susceptible d'être daté par radiocarbone après étude anthracologique. Les charbons que nous pouvons déterminer présentent au minimum des côtés de l'ordre de 2 à 5 mm. moelle Fig. 1 - Schéma montrant les trois coupes d'étude du bois Le genre des ligneux réduits en charbon se détermine à coup sûr et souvent l'espèce. Toutefois, il est délicat voire impossible de distinguer spécifiquement les chênes à feuillage caduc. Les variations biotopiques au sein d'une même espèce sont souvent plus importantes que les différences interspécifiques au sein du genre. De plus, toute une série d'espèces a été réunie dans les Pomoïdées, sous famille des Rosacées. Les espèces suivantes s'y retrouvent : Amélanchier {Amelanchier ovalis), Cotonéaster (Cotoneaster sp.), Aubépine (Crataegus sp.), Néflier (Mespilus germanica), Poirier-Pommier (Pyrus sp.) et Sorbier-Cormier-Alisier (Sorbus sp.). Nos résultats sont consignés dans des tableaux où les taxons sont rangés par groupement phytosociologique. Le nombre et la masse de chaque taxon sont mentionnés par souci d'accessibilité à tous les paramètres de notre étude. Toutefois, nous nous abstenons, dans un essai de reconstitution paléo-environnementale, de prendre en compte l'aspect quantitatif de nos analyses anthracologiques. Les données phyto-écologiques que nous dégagerons de notre étude reposeront donc uniquement sur les informations écologiques intrinsèques à chaque taxon attesté et sur les groupements végétaux mis en évidence. Il sera cependant fait parfois référence aux données quantitatives afin de souligner dans nos commentaires la dominance affirmée de certains taxons. Nous complétons la détermination des essences ligneuses par un examen dendrologique effectué à plus faible grossissement (loupe binoculaire). Ainsi, il est possible de collecter de précieuses informations sur : - l'allure des limites de cernes (quasi rectilignes ou courbes), pour connaître l'origine du charbon de bois : troncs ou branches plus ou moins grosses, - la zone du bois dans laquelle on se situe. En effet, la partie centrale morte d'un tronc se transforme peu à peu. Certains auteurs parlent de "duraminisation". Cette transformation s'accompagne entre autres de sécrétions ou dépôts de gommes et d'excroissances cellulaires appellées thylles obstruant peu à peu les vaisseaux du duramen ne fonctionnant plus. Les thylles se conservent après carbonisation. Leur observation chez les charbons de bois indique que ceux-ci proviennent du duramen et non de l'aubier, si toutefois les thylles ne résultent pas de traumatismes d'origine mécanique, physique ou chimique, - la présence ou l'absence d'écorce et/ou de moelle, - la largeur moyenne des cernes figurés sur le charbon pour apprécier les caractères biotopiques, - la présence ou l'absence de fentes radiales de retrait pour savoir si le bois fut brûlé vert ou sec, - la saison d'abattage, - le travail du bois (traces d'abattage, d'élagage, de façonnage ...). L'observation de la largeur des cernes d'accroissement peut notamment renseigner sur l'état du peuplement forestier au sein duquel le bois a été récolté. En forêt dense, l'intensité d'assimilation et de transpiration des individus est telle que les arbres connaissent une pousse lente et régulière (cernes étroits). Un milieu plus ouvert est, en revanche, riche en bois à pousse rapide (cernes larges). En dehors des strictes informations environnementales, l'anthraco-analyse a des retombées d'ordre ethnographique. L'identification des restes ligneux renseigne sur le choix et la sélection des essences destinées au bois d'oeuvre (charpente, planchers, huisseries...), à l'artisanat des objets domestiques (emmanchements, récipients, meubles...) et aux structures de combustion. De plus, grâce aux observations dendrologiques, des données peuvent être collectées sur les techniques de travail et de débitage du bois, sur l'âge et les périodes d'abattage des arbres, sur les traditions vernaculaires... Cette discipline permet donc une approche de la vie quotidienne, des relations de l'homme avec son milieu végétal et une information de l'environnement des alentours des sites archéologiques. 4 - RESULTATS D'ANALYSES 4.1- Inventaire des essences observées Les différents lots anthracologiques, dont l'étude est évoquée ici, renferment un cortège d'espèces ligneuses assez proches (fig. 2 à 7). Au total, seulement huit espèces ont été identifiées. Lorsqu'on fait l'inventaire des conditions auto-écologiques des différentes essences attestées, on constate qu'elles peuvent former trois biotopes (Rameau et al., 1989): - le noisetier, l'érable, le genêt et les Pomoïdées sont des espèces héliophiles ou de demi-ombre. Elles peuvent indifféremment appartenir à des formations végétales de type bois clairs, des lisières forestières, des forêts ouvertes, voire des landes. Les Pomoïdées dont la détermination générique n'est pas aisée à partir de l'anatomie du bois semblent, présentement plutôt correspondre à Crataegus (Aubépine) ou Sorbus (Sorbier-Cormier-Alisier), - le frêne, le saule et le peuplier sont des espèces hygrophiles ayant pour TAXONS NOMBRE MASSE (g) Chêne caducifolié (Quercus sp.) 85 13,80 Chêne caducifolié racines 3 0,30 Noisetier (Corylus avellana) 2 0,16 Erable (Acer sp.) 2 0,10 Fig. 2. - Er Grah, charbons de bois du foyer Fl TAXONS NOMBRE MASSE (g) Chêne caducifolié (Quercus sp.) 117 22,39 Pomoïdée 3 0,15 Fig. 3 - Er Grah, charbons de bois du centre du foyer en G52 (1990) TAXONS NOMBRE MASSE (g) Chêne caducifolié (Quercus sp.) 95 33,47 Noisetier (Corylus avellana) 1 0,21 Erable (Acer sp.) 1 0,27 Pomoïdée 3 0,15 Fig. 4 - Er Grah, charbons de bois de la bordure du foyer en G52 (1990) TAXONS NOMBRE MASSE (g) Chêne caducifolié (Quercus sp.) 49 27,45 Saule (Salix sp.) 46 19,12 Peuplier (Populus sp.) 12 6,28 Fig. S - Er Grah, charbons de bois de la zone charbonneuse en AF49 TAXONS NOMBRE MASSE (g) Chêne caducifolié (Quercus sp.) 12 2,23 Pomoïdée 5 2,12 Fig. 6 - Table des Marchand, charbons de bois du foyer F5 TAXONS NOMBRE MASSE (g) Chêne caducifolié (Quercus sp.) 14 1,33 Noisetier (Corylus avellana) 7 0,38 Frêne (Fraxinus excelsior) 2 0,06 Genêt 1 0,07 Pomoïdée 1 0,06 Fig. 7 - Table des Marchand, charbons de bois de la couche pré-mégalithique biotope des lieux humides bordant, par exemple, les cours d'eau ou les zones marécageuses. - quant au chêne caducifolié, correspondant indifféremment au chêne sessile ou pédonculé, il s'agit d'une espèce héliophile ou de demi-ombre pouvant croître dans des forêts ou des haies. On verra plus loin, grâce aux observations dendrologiques, que les chênes brûlés à locmariaquer proviennent de forêts denses. En résumé, la liste des espèces attestées par l'analyse anthracologique souligne l'existence dans la région de Locmariaquer, au Néolithique moyen, d'une Chênaie, mais aussi de zones ouvertes, déboisées dans lesquelles poussent des essences héliophiles comme le noisetier et l'érable. Dans les dépressions, croissent des forêts ripicoles à arbres hygrophiles comme le peuplier et le saule. 4.2 - Résultats d'analyses sur le long tumulus d'Er Grah avec observation du plan ligneux Une observation des cernes d'accroissement du bois a été effectuée, à la loupe binoculaire, sur les charbons de chêne dans tous les lots considérés. Elle est venue compléter la détermination des essences rapportée ci-dessus. Tous les charbons de chêne présents n'ont toutefois pu donner lieu à une observation du plan ligneux ou dendrologique. Certains d'entre eux, trop fragmentés ou mal conservés, présentaient, en effet, des plans ligneux indéchiffrables. La largeur moyenne des cernes à très faible courbure des charbons de chêne caducifolié a pu également être calculée afin de tenter de déterminer la nature du peuplement d'où ils ont été extraits. Le foyer Fl d'Er Grah a livré bon nombre de charbons de bois. Nous en avons déterminé 92 se répartissant selon trois taxons (fig. 2). Le chêne est l'essence largement dominante dans ce lot. Trois fragments en provenance de racines ont pu être distingués. Les charbons de chêne sont, dans leur grande majorité, issus de pièces de bois de fort calibre (4 charbons seulement sur 85 proviennent de petites branches). La largeur moyenne des cernes très peu courbes des charbons de chêne est de 1,85 mm, avec un écart type élevé de 0,70. Il est possible de suivre ces résultats d'observation HISTOGRAMME DE FREQUENCES LOCMABIAQUEE ER GRAH, FOYER FI —p7~i—i—<—i—|—i—i—i—|—i—i—i—|—r i E î 4 J 0 2 4 i i i I 6 ' i ' I 8 i i i 1 10 Fig. 8 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne dans le foyer Fl, Er Grah 10 Fig. 9 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne dans le centre du foyer en G52, Er Grah 1990 1 c [ v L ii i J _l i —i u 0 J !— Fig. 10 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne en bordure du foyer de G52, Er Grah 1990 sur l'histogramme de la figure 8. Le foyer mis au jour en 1990, dans le secteur G52, a également fait l'objet d'une analyse ou plus exactement de deux analyses : une effectuée au centre de la structure (fig. 3) et une en bordure (fig.4). Dans ces deux analyses, le chêne est à nouveau très dominant. Il n'est entouré que de quelques espèces héliophiles comme le noisetier, l'érable et les Pomoïdées. Au centre de la structure, 34 charbons de chêne sont à cernes courbes sur 117 charbons de chêne, soit 71 % de charbons à cernes quasi rectilignes. la largeur moyenne des cernes chez ces derniers individus est de 1,31 mm, avec un écart type de 0,49 (fig.9). En bordure de la structure, la tendance est totalement inversée. 25 individus sont à cernes quasi rectilignes contre 70 à cernes courbes, soit seulement 26 % de charbons à cernes quasi rectilignes. Les charbons issus de troncs ou de grosses branches ont des largeurs moyennes de cernes de 1,40 mm, avec un écart type de 0,38 (fig. 10). Un quatrième lot de charbons de bois fut récolté par les fouilleurs dans une zone rubéfiée en AF49 repérée au sommet du paléosol, sous le tertre limoneux, à l'extrémité sud du monument. Cette zone fait partie d'un alignement de trous de poteaux interprétés par les archéologues comme le témoin d'une palissade interne au tertre. Sur la centaine de charbons examinés, trois essences ont été attestées (fig. 5). Le chêne est également ici le taxon dominant. Les autres charbons correspondent à des branches de saules et peupliers prélevées dans les formations végétales ripicoles (localisées au bord des cours d'eau) des fonds de vallées voisines. Ces essences ont, de toute évidence, été choisies pour le caractère souple que présente leur bois propice aux clayonnages. Les fragments de chêne sont ici presque systématiquement en provenance de branches (seuls 2 sur 49 charbons présentent des cernes quasi rectilignes). 4.3 - Résultats d'analyses sur le dolmen de la Table des Marchand avec observation du plan ligneux Dans le foyer F5, parmi la vingtaine de charbons observés, deux taxons se distinguent : chêne à feuilles caduques et Pomoïdée type Sorbus ou Crataegus (fig. 6). Les douze charbons de chêne présentent tous des cernes rectilignes. Ils ont été HISTOGRAMME DE FREQUENCES LOCMARIAQUER TABLE DES MARCHAND FOYER F5 ] r m i [••;•••;• 1 ' 1 1 i 1 • 1 1 1 1 1 1 1 ! 1 1 1 . 1 ! i 1 '. . . , , , 10 11 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne dans le foyer F5, Table des Marchand HISTOGRAMME DE FREQUENCES LOCMARIAQUER Table des Marchand ! ~i R E 0 C.9 r 5 E 4 N C É ? _i 2 i i I 4 i ' i i b ' i ' j i i_ 10 12 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne dans la couche pré-mégalithique de la Table des Marchand obtenus à partir de grosses branches ou de troncs. La largeur moyenne de leurs cernes est de 1,3 mm, avec un écart type de 0,14 (fig. 11). Dispersés dans le sol antérieur à la construction du mégalithe, 25 charbons ont été étudiés. Ils appartiennent à cinq essences (fig. 7). Les noisetiers, Pomoïdées et genêts utilisés comme combustibles signent, la présence d'espaces ouverts aux alentours du site. Ce sont des espèces de reconquête de milieux déboisés. Le frêne peut provenir de forêts ripicoles de bords des eaux. Les charbons de chêne présentent ici des cernes rectilignes, sauf pour trois d'entre eux sur 14. La largeur de ces cemes est en moyenne de 1,12 mm, avec un écart type de 0,35 (fig. 12). Le chêne est l'essence carbonisée dominante dans tous les lots étudiés tant à Er Grah qu'à la Table des Marchand. De plus, on constate donc que globalement, les hommes néolithiques de Locmariaquer ont alimenter leurs foyers domestiques avec de grosses branches ou des fragments de troncs de chêne. Il existe une exception nette à cette règle, c'est l'échantillon provenant du bord du foyer en G52 sur Er Grah. Enfin, l'utilisation préférentielle de branches dans la zone charbonneuse en AF49 correspond manifestement à une volonté d'employer des branches dans la confection du clayonnage. Dans tous les cas, l'observation d'une largeur moyenne des cernes faible à très faible (entre 1,2 à 1,8 mm) tend à indiquer que les chênes de Locmariaquer sont issus de formations denses dans lesquelles les arbres connaissent une croissance lente. Les données armoricaines actuelles sur l'étude des cemes des charbons de chêne Il est fort intéressant de comparer ces résultats d'analyse dendrologique avec ceux contemporains ou non obtenus dans d'autres secteurs géographiques du Massif armoricain. L'ensemble de ces données est présenté sur les deux diagrammes synthétiques de notre thèse de Doctorat (Marguerie, 1991) (fig. 13 et 14). Ces figures reprennent l'ensemble des données actuelles obtenues dans le Massif armoricain du Néolithique à l'Age du Fer sur les charbons de chêne prélevés au sein a. O IN u X U 3 O u _o U u C -o s -C 125 UJ rt s ou **) «J -a o c. IL, u m o u -C u 3 O U jO o n M C rS X) LU O O oc O 2 E <3 2 X U es r 8 «J UC co £ 5 3 S «I y. S M -H E E 13 I u CD 6 ho o de structures de combustion domestiques ou de rejets de combustion. L'évolution en fonction du temps de la largeur moyenne des cernes (avec son écart type) figurés sur les charbons en provenance de troncs est portée sur la figure 13. La largeur moyenne des cernes chez les troncs est de l'ordre de 1,5 mm durant le Néolithique moyen armoricain, vers 4000 cal BC (5200 à 5000 BP). A l'Age du Bronze ancien, vers 2300 à 1700 cal BC (3600 BP), sur une exemple malheureusement unique, ce paramètre augmente pour atteindre 2,2 mm. Ce taux d'accroissement a doublé et se situe donc autour de 3 mm, au Second Age du Fer, vers 200 cal BC (2000 BP). Parallèlement, on constate une évolution vers l'utilisation nettement plus fréquente dans les foyers domestiques au Second Age du Fer qu'au Néolithique moyen, de bois de chêne de faible calibre issus de branches ou de jeunes troncs d'arbres (fig. 14). Sur la base de ces données, malheureusement discontinues dans le temps, deux lots d'échantillons s'opposent nettement et indiquent une ouverture du milieu forestier armoricain entre le Néolithique et le second Age du Fer et plus récent. Lors de l'installation des Néolithiques en Armorique, des arbres de futaie furent les premiers à être abattus ou récoltés morts au sein de la forêt primitive dense pour servir de combustible. Avec l'expansion démographique considérable que connaît l'Armorique durant le Second Age du Fer, la demande accrue en matière première ligneuse entraîne d'importants déboisements et une pratique plus intense du taillis. 5 - CONCLUSIONS Les fouilles récentes des monuments mégalithiques de Locmariaquer ont également fait l'objet, depuis 1987, d'un suivi palynologique par nous-mêmes, sédimentologique par B. Bigot et A. Gebhardt et micromorphologique par A. Gebhardt (cf. rapport d'analyses commun réalisé en 1988). Aux côtés des données polliniques, les phytolithes et les traits texturaux microscopiques très poussiéreux observés à la surface du paléosol conservé sous le tumulus d'Er Grah viennent renforcer l'impression d'un environnement ouvert et une mise à nu du sol à des fins agricoles (Gebhardt et Marguerie, 1990). Enfin, l'observation en lame mince de microcharbons de bois et d'accumulations cendreuses indique un défrichement par brûlis peu antérieur à la construction du monument d'Er Grah. Cette pratique est d'ailleurs confirmée par la palynologie. L'ensemble des résultats d'analyses indiquent donc que l'installation dés monuments funéraires s'est faite au milieu d'un paysage ouvert et mis en culture. Des graines carbonisées de Blé tendre compact et de Légumineuses ont d'ailleurs pu être extraites du remplissage de fosses et déterminées par J. L'Helgouach à la Table des Marchand. Enfin, ces résultats d'analyses sont confortés par la découverte, au cours des fouilles actuelles, de foyers, fosses et trous de poteaux au sein du paléosol, tant à Er Grah que sur la Table des Marchand : indices indubitables d'une installation humaine préalablement à la construction du monument funéraire. Aussi l'abondance des charbons de chêne, constatée dans les analyses anthracologiques ici relatées, tranche avec la sous-représentation de cette espèce dans les spectres palynologiques. Ce phénomène résulte d'une préférence marquée de l'homme pour cette essence aux qualités calorifiques et mécaniques reconnues. Une mise en garde s'impose donc, à travers cet exemple, sur le danger qu'il y aurait à vouloir faire une reconstitution paléo-environnementale à partir de l'analyse quantitative des charbons de bois récoltés dans une structure archéologique particulière. Des travaux publics ont, en 1990, entraîné une fouille de sauvetage d'urgence aux abords du monument mégalithique de Mané er H'roeck, au lieu dit le Rouick en Locmariaquer. Deux foyers ont été dégagés. Du mobilier céramique et des charbons de bois y ont été récoltés par J.-Y. Tinevez et O. Kayser. Récemment, une datation radiocarbone réalisée sur les charbons de bois nous a été communiquée. Elle est de : 5300 ± 60 B.P. (Gif 8702), soit 4312 à 4007 cal B.C.. Ces structures de combustion sont donc rapportées au Néolithique moyen et sont contemporaines de celles étudiées à Er Grah et sur la Table des Marchand. Les charbons de l'un des deux foyers mis au jour ont été tamisés et étudiés. Trois taxons y ont été distingués (fig. 15). Ce foyer a été alimenté pour une large part avec des essences empruntées à des formations ligneuses héliophiles (noisetier et Pomoïdée). TAXONS NOMBRE MASSE Chêne caducifolié (Quercus sp.) 31 7,51 Noisetier (Corylus avellana) 52 34,57 Pomoïdée 17 10,74 Fig. 15 - Le Rouick, charbons du foyer Fl Les charbons de chêne sont, dans ce cas, pour moitié seulement en provenance de troncs ou grosses branches. La largeur moyenne des cernes rectilignes est de 1,27 mm, avec un écart type assez élevé de 0,66 (fig. 16). HISTOGRAMME DE FREQUENCES LOCMARIHÛUEF:, LE ROUICK FOYER Fl n 9 1 r j [_ i r n i r J I L. s f I 2 û U , c E 1>5 N l S 1 0.5 10 Fig. 16 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne du foyer Fl du Rouick Les chênes utilisés dans ce foyer proviennent également de formations forestières denses. Ces résultats d'analyses acquis sur le Rouick sont donc en parfait accord avec ceux obtenus à Er Grah et à la Table des Marchand. Aux côtés des zones ouvertes mises en évidences par la palynologie, la micromorphologie et l'attestation de charbons d'essences héliophiles, existaient, dans le golfe du Morbihan, des chênaies denses au sein desquelles les néolithiques s'approvisionnaient notamment en bois de chauffage. Au Néolithique moyen, dans le golfe du Morbihan, les monuments mégalithiques sont donc implantés dans des sites déboisés (croisement des données palynologiques et anthracologiques). La culture de céréales et de légumineuses est alors attestée sur place par la palynologie et la carpologie. Cette situation tranche nettement avec celle existant à la même période chronologique dans l'intérieur, en Ille-et-Vilaine, à Saint-Just. Le dolmen du Château Bû y a en effet été installé au milieu d'une zone forestière assez dense de type Chênaie à tilleuls (Marguerie, 1991). De telles constations faites à travers différentes analyses palynologiques et anthracologiques bretonnes (voir aussi les dolmens à couloir des landes de Lanvaux dans le Morbihan) tendent à attester un décalage chronologique dans l'anthropisation du milieu naturel entre les zones littorales et continentales. Le littoral semble avoir été occupé et mis en culture plus tôt. Ce rapport d'analyses mentionne les résultats acquis à ce jour. De nouveaux travaux sont d'ores et déjà engagés. Ils concernent des prélèvements effectués lors de la campagne de fouilles de l'été 1991. De nouveaux foyers ont été mis au jour au sein du paléosol conservé sous le tertre tumulaire d'Er Grah. Ceux-ci ont donné lieu à des prélèvements en masse de couches charbonneuses riches en macrorestes carbonisés. Sur la Table des Marchand, le tamisage systématique, effectué par J. L'Helgouach, du remplissage sédimentaire garnissant plusieurs fosses a permis d'y extraire, entre autres, des graines et des charbons. BIBLIOGRAPHIE Les données autoécologiques et biotopiques mentionnées dans ce rapport sont cxtr3j.tcs de * RAMEAU J.C., MANSION D. et DUME G., 1989 - Flore forestière française, guide écologique illustré. T. 1, plaines et collines, Institut pour le développement forestier, Paris, 1785 pages. GEBHARDT A. et MARGUERIE D., 1990 - Etudes paléo-environnementales de la transformation du paysage armoricain sous l'influence de l'Homme néolithique. In : XVrme Colloque interrégional sur le Néolithique, Paris, novembre 1989, (sous presse). MARGUERIE D., 1991 - Evolution de la végétation sous l'impact anthropique en Armorique du Mésolithique au Moyen Age : études palynologiques et anthracologiques des sites archéologiques et des tourbières associées. Thèse de Doctorat de l'Université de Rennes I, 1 tome, 412 pages. Les charbons pris en compte dans le cadre de cette étude restent disponibles au Laboratoire d'Anthropologie et peuvent être renvoyés à l'archéologue pour datation radiocarbone ou autre analyse. A..G.O.K./V. Association du Grand Ouest pour la Recherche en Archéo-sciences LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE, PREHISTOIRE,PROTOHISTOIRE ET QUATERNAIRE ARMORICAINS U.P.R. n*403 du C.N.R.S., Université de Rennes I, Campus de Beaulieu 35042 RENNES CEDEX - Tél. : 99 28 61 09 Rapport d'étude sédimentologique Anne Gebhardt ER GRAH (LOCMARIAQUER, MORBIHAN) Depuis 1987, les campagnes archéologiques menées sur le site de Locmariaquer dirigées par l'équipe de la Direction des Antiquités de Rennes (Le Roux et al, 1988) ont permis la fouille du monument néolithique d'Er Grah. Daté de -4410 à -3900 CAL BC (GIF.7693), il est apparenté aux grands "tumulus carnacéens". Les premiers travaux ont permis de distinguer trois phases dans la construction du monument : - un cairn primaire à chambre centrale - deux extensions nord et sud à noyau limoneux - habillage de l'ensemble par un parement externe. Ce tertre tumulaire a fossilisé un très beau paléosol. Depuis 1988, nous avons effectué une série de prélèvements en plusieurs endroits du site. a) Situation des prélèvements (doc. VII, fig. 2 et 3) Nous nous attacherons tout particulièrement à quatre profils, tous situés dans le paléosol. : - le profil PI, situé sous les limons du tertre en G52. - le profil P2, situé sous le dallage de la chambre en L52, dans une zone non perturbée par les fouilles anciennes. - le profil P3, situé sous les limons du tertre en AE 51/52 - le profil P4, situé sous le parement externe du cairn en Q54 b) Discussion des résultats Les résultats micromorphologiques (doc.VII, fig.4) sont assez homogènes pour tous les profils, sauf P2, et sont repris en une seule description. Le sol fossilisé par le dallage de la chambre centrale du cairn primaire s'est révélé très perturbé par une activité biologique acidiphile intense et semble-t-il récente. Cette activité semble liée à la présence d'un gros conifère, planté juste à côté du dolmen, et encore visible peu avant le début des travaux archéologiques. La forte proportion de racines fines mais "fraîches" et l'observation de diatomées, présentes par ailleurs uniquement dans les limons du tertre, conforte cette idée de sédiment récemment remanié. Ce sédiment est donc archéologiquement en place, mais perturbé par la pénétration des racines d'un arbre moderne, il ne peut pas fournir de renseignements fiables pour l'étude du paléosol. Partout ailleurs sous le monument, le sol est compact, et la fraction minérale assez homogène. La fraction charbonneuse est fine, anguleuse et présente partout. Au sommet du profil en PI, des accumulations cendreuses sont observées. En P3, ce sont, toujours en sommet de profil, des accumulations charbonneuses qui sont observées. Les phytolithes sont abondants surtout au sommet du profil. Les trait pédologiques nombreux et variés, attestent une histoire complexe de ce paléosol développé sur l'altérite limono-sableuse du granité sous-jacent. Les accumulations de matrice autour de certains minéraux sont les héritages d'activités périglaciaires de gel/dégel pléistocènes semblables à celles déjà observées par Curmi (1979) dans la région de Pontivy. La fraction limoneuse éolienne périglaciaire qui vient enrichir la fraction minérale est liée à la couverture loessique périglaciaire déjà observée en Bretagne (Briard et Monnier, 1976, Le Calvez, 1979). Outre des papules limpides, anguleuses et présentes en grand nombre vers la base de P3, on observe des revêtements argileux peu épais, brun-rouge, et qui dans tous le profil en P3, apparaissent souvent poussiéreux et sont parfois difficiles à différencier de la masse (surtout à faible grossissement). Ces traits texturaux fins et poussiéreux sont révélateurs d'une mise à nu du sol. En définir la cause précise paraît difficile. Le transfert des argiles poussiéreuses, encouragé par le brûlis, aura démarré avec les premiers déboisement. Etant donné la présence de pollens de Céréales (D. Marguerie, com. pers.) il est fort probable que nous soyons en présence d'agricutanes liés à une agriculture Néolithique. Il est intéressant de noter l'absence d'horizon appauvri. Nous pourrions voir ici la preuve de l'érosion des horizons supérieurs du sol brun lessivé Atlantique. Vers la base de P4, il y a un fragment de sédiment enrichi en argiles brunes. Il provient de l'horizon textural d'un sol brun lessivé. Des revêtements plus jaunes, finement poussiéreux, bien caractérisés et lités existent au sommet du paléosol, à son contact avec le tertre. Ils sont d'ailleurs très abondants dans toute la masse de ce dernier. Cette variation de couleur est peut-être à mettre en relation avec une acidification de la pédogenèse. Au sein du tertre, le fer et l'argile migrent alors séparément et les revêtements argileux perdent leur couleur rouge (Fédoroff, 1973). Par ailleurs, le fer s'accumule en fins liserés (visibles sur le terrain), soulignant le contact entre les masses de terre transportées par paniers. Un fragment de sol brûlé orienté verticalement a été observé en P3, vers 10 cm de profondeur. Seuls la mésofaune, ou un travail profond du sol peuvent l'avoir enfoncé si bas. L'incidence du feu naturel sur le sol étant peu profonde (Boulbin, 1976), nous pourrions également avoir là une preuve de l'emploi de la technique de l'essartage. En effet, pour brûler "profondément" le sol nécessite le passage lent d'un feu très virulent. Si une forêt verte et sur pied ne permet pas de réunir ces conditions, du bois sec accumulé au sol après élagage brûle ardemment. La présence, au sein de ce fragment, de revêtements limpides et légèrement lités de couleur rouge orangé prouve qu'il est resté dans cette position pendant un certain temps, le sol ayant été abandonné par les Lombrics ou par les outils agricoles. Mais d'autres indices montrent qo-* lu site a été sujet au brûlis : les fragments charbonneux présents au sein et en surface du paléosol, les dépôts cendreux (photo 5). En déterminant de la Potentille, plante de reconquête des landes incendiées, au sein du spectre pollinique fossile, D. Marguerie confirme cette idée. Sachant que la reconquête des milieux incendiés n'est pas instantanée, et que les cendres, fragiles, sont très rapidement lessivées, nous avons la preuve que le site d'Er Grah a fait l'objet de brûlis successifs assez espacés dans le temps. Apparemment les Lombrics n'ont pas été actifs jusqu'à la fossilisation du sol. Sous le parement externe du monument, leurs terriers se font rares au sommet du profil, remplacés par les déjections d'une microfaune acidiphile. Le sol semble donc être devenu plus acide. Ceci a également pu être observé sur le même type de sol à Carn Brae (Angleterre), un oppidum Néolithique daté de 3900 BC (Macphail, 1990, AMLR non publié). Les phytolithes attestent un milieu largement ouvert, ce qui est confirmé par les analyses palynologiques de D. Marguerie (Gebhardt et Marguerie, sous presse) : nombreux plantains, graminées, composées variées et abondantes rudérales se partagent les 85 à 95 % du spectre pollinique. L'anthropisation ne fait pas de doute. Mais la détermination de charbons provenant de Chênes forestierj (Marguerie, com. pers.) atteste la permanence d'une forêt à proximité du site. La lecture du tableau des valeurs granulométriques met en évidence un sédiment très sableux sous la dalle située dans la chambre d'Er-Grah. Par contre, sur ce même site, le sédiment prélevé en AE 51/52 est le plus argileux. Les courbes granulométriques (doc.VII, fig.5 ) bimodales nous rappellent l'apport de limons éoliens (entre 80 et 100 m) mélangés aux altérites locales. Au sommet du sédiment limono-sableux étudié en AE 51/52, les sédiments 1 et 3 montrent une forte proportion d'argiles fines. Il s'agit sans doute des revêtements argileux jaunes, abondants au sein du tertre. c) Conclusions En ordonnant toutes ces observations, nous pouvons proposer trois épisodes principaux dans l'évolution du paysage de Locmariaquer (fig.10): - Une première déforestation de la forêt originelle (fig.lOb), qui aura fourni les nombreux fragments charbonneux présents dans tout le profil, quelques gros charbons épars, et cuit les premiers millimètres d'un sol de type brun lessivé. - Puis il y a reprise d'une végétation basse de prairie (phytolithes) et des processus pédologiques (Lombrics, lessivage). Plusieurs brûlis affectent alors cette végétation Fig.10 : Evolution schématique du paléosol d'Er Grah. a : forêt climacique Atlantique sur sol brun lessivé : fortes bioturbation, peu de charbon, b : premiers déboisements par brûlis générant les charbons de bois et la mise en place de revêtements argileux poussiéreux, c/d : activité anthropique, culture en rotation ; reprise de l'activité des Lombrics pendant un moment (permet l'enfoncement de charbons, fragments de terre brûlée...), puis acidification, e : dernier brûlis précédant la construction du monument d'Er Grah, et fossilisation du paléosol. basse (charbons fins, phytolithes, cendres qui s'accumulent en surface du paléosol), stimulant la formation de revêtements poussiéreux et l'activité des vers de terre. Une mise en culture du site, et des alentours, dès la déforestation primaire est tout à fait possible. La succession de brûlis peut même faire penser à une rotation des terres cultivées, ou à une agriculture itinérante (fig.10, c/d). Le site d'Er-Grah ne semble pourtant pas se reboiser. L'activité agricole qui s'y déroule aura contribué à l'érosion des horizons supérieurs du profil pédologique, à l'enfouissement de fragments de terre brûlés et progressivement à l'acidification du sol (disparition des Lombrics). - Un dernier brûlis (fig.lOe) a eu lieu juste avant construction du monument fig.lOf), ne laissant pas aux cendres et charbons concentrés à la surface du sol le temps de s'éparpiller ou de s'enfoncer dans le sol. Les processus pédologiques contemporains de la construction du tertre sont, eux, franchement acides. ite : ER GRAH ocalisation : Locmariaquer, Morbihan esponsable : C.T. Le Roux ériode : Néolithique, -3900 à -4400 Cal BC Fig.1 : Localisation du site Fig.3 Description macroscopique Fig.2 : Situation des profils o cm dallage de la chambre principale 0 cm î ■ •. Limons du tertre 2 ■ j 50 texture limonosableuse, 5% graviers et cailloux, structure massive racines tines • ; limono-argileux, brun-noir (10YR 2/3), structure tragmentaire, polyédrique grumeleuse (agrégats : 1mm), quelques pores fins, petits blocs arrondis d'altérite, activité biologique intense dans tout le pro racines moyennes à fines. limite avec substrat très nette. 50 -1 limite de sondage limite de sondage Profil 1 en G52 Profil 2 en L52 (sous la chambre) Cairn Remaniement moderne (parking) limono-argileux, brun (10 YR 4/4), structure fragmentaire fine polyédrique (agrégats subangulaires de 1mm). racines très fines, peu nombreuses, quelques rares chenaux, limite avec le substrat progressive. limons du tertre brun foncé (10YR 3/4), clair (10YR 4/4) à la base, limono-sableux, quelques graviers et cailloux granitiques, structure fragmentaire polyédrique subangulaire (agrégats : 2mm), activité biologique faible (fines racines, charbons) limite de sondage /A Profil 4:en Q54 et C53 limite de sondage Profil 3 : en AE 51/52 Fig.4 Analyse micromorphologique Microstructure : structure massive, porosité faible (chambres, rares fissures), porosité importante sous dolmen, licroagrégée. Composants : quartz, feldspaths, micas (muscovite) et fragments granité (0.5 à 1 mm\ masse réticulée/tachetée, iorphyrique/géfurique, jaune-orange, biréfringence moyenne à faible, fraction organique riche en phytolithes, quelques liatomées, fragments racines fines sub-actuelles, très nombreuses sous dolmen, fragments charbonneux très fins ubanguleux (aspect poussiéreux), accumulations cendreuses (G52.P1), charboneuses aciculaires assez grossières AE 51/52.P3) Traits pédologiques : revêtements plus ou moins poussiéreux, brun-rouge/jaune-orangé, parfois lités , quelques >apules brunes, non litées, limpides et relativement anguleuses. A la base de P4, accumulations de matrice autour raction minérale, fragment de sol brûlé, microfaune abondante sous chambre funéraire, Lombrics (base), quelques concrétions ferrugineuses. rig. e : revêtements argileux poussiéreux : 5 : Analyses granulométriques Tableau des indices et valeurs granulométriques : 0 i 1 1 1 1 20 40 60 80 100 MUSEUM NATIONAL LABORATOIRE (URA D' HISTOIRE D'ANATOMIE 1 1 5 DU NATURELLE COMPAREE CNRS) LES SQUELETTES DE BOVINS DU LONG TUMULUS D'ER-GRAH (LOCMARIAQUER, MORBIHAN) APPROCHE ARCHEOZOOLOGIQUE D'UN PROBABLE DEPOT SACRIFICIEL NEOLITHIQUE par J. D. VIGNE et A. TRESSET (*), avec E. GAUME, J.-Y. TINEVEZ, Y. LECERF et C.-T. LE ROUX (**) " U.R.A. 415 du C.N.R.S., Laboratoire d'Anatomie Comparée du Muséum National d'Histoire Naturelle, 55 rue de Buffon, 75005 Paris. Service régional de l'Archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne, 6 rue du Chapitre, 35044 RENNES CEDEX et U.P.R. 403 du C.N.R S., Campus de Beaulieu, 35043 RENNES CEDEX. LES SQUELETTES DE BOVINS DU LONG TUMULUS D'ER-GRAH (LOCMARIAQUER, MORBIHAN) APPROCHE ARCHEOZOOLOGIQUE D'UN PROBABLE DEPOT SACRIFICIEL NEOLITHIQUE par J. D. VIGNE et A. TRESSET (*), avec E. GAUME, J.-Y. TINEVEZ, Y. LECERF et C.-T. LE ROUX (**) Contexte Archéologique : Sur ce site en cours de fouille depuis 1987, l'un des points forts des campagnes 1990 et 1991 a été la mise au jour d'une fosse contenant le squelette de deux bovins. Cet ensemble se situe devant la façade sud du cairn primaire, dans un secteur où le paléosol est bien scellé par l'apport du limon gris de l'extension sud du monument. Le remplissage est cellé par un lit de moellons légèrement déprimé sous le limon gris. L'excavation est longue de 3 m, large de 2,5 m et descend à 1 m sous la surface du vieux sol. La fosse peut être associée à un ensemble de structures de combustion dont deux ont fourni des dates de 5250 ET 5260 ± 70 BP, soit 4340-3870 av. J.-C. (Gif 7691 et 7692). Elle paraît contemporaine de la première phase de fréquentation du site, antérieure à l'édification du caim primaire sous lequel d'autres structures similaires viennent d'être localisées. Etat de conservation : Bien plus pauvre en artéfacts que le vieux sol environnant, le remplissange renferme de nombreuses pierres ainsi que des ossements ayant subi une forte dégradation postdépositionnelle. Une gangue minéralisée (phosphates ?) d'épaisseur inégale (5 à 8 mm) moule les ossements qui ne subsistent qu'à l'état de poussière compacte. Pour l'instant seuls sur le site à être à peu près correctement conservés, les ossements de la fosse H51 ont dû bénéficier de conditions particulières que les analyses en cours devraient préciser. La gangue minéralisée a permis une pérénité des formes suffisante pour que la plupart des pièces squelettiques soient identifiables par leur morphologie ou leur position anatomique. Certaines d'entre elles étaient mesurables. Disposition des squelettes : Ces ossements renvoient à deux squelettes de bovins en connexion, déposés côte à côte sur le fond de la fosse, les têtes vers le sud. L'individu A reposait sur le flanc droit, sans perturbations majeures, le train de côtes gauche était plaqué contre le droit ; les antérieurs étaient fléchis sans excès, alors que les postérieurs, superposés, étaient en extension maximale. Un mètre plus à l'est, l'individu B reposait sur le dos, légèrement basculé sur le flanc droit ; la tête osseuse, très endommagée, présentait la face ventrale (sans la mandibule ?) vers le haut ; la colonne cervicale était en extension forcée ; les côtes avaient pratiquement toutes disparu, mais le sternum était plaqué contre la colonne dorsale ; les antérieurs étaient en flexion forcée ; le postérieur droit était semi-fléchi ; le postérieur gauche, en flexion forcée, reposait sur la symphyse publienne. La tubérosité ischiatique gauche de l'individu B reposait sur le torse gauche de l'individu A. Ces observations montrent que : 1 - l'individu A a été déposé (peu ?) avant l'individu B ; 2 - les deux bêtes étaient en complète connexion lors du dépôt et n'ont pratiquement pas été perturbées ensuite ; 3 - les cages thoraciques n'avaient pas été ouvertes avant le dépôt, ce qui aurait provoqué la pénétration de sédiments entre les deux trains de côtes de l'individu A ainsi qu'entre le sternum et la colonne vertébrale de l'individu B ; 4 - le temps d'exposition des squelettes à l'air libre a dû être court, compte tenu de l'absence de perturbation par les carnivores. Dans l'état actuel de l'analyse, il semble que la flexion forcée de certains membres résulte de la compaction post-dépositionnelle plutôt que d'une ablation partielle de la viande avant le dépôt. Age, sexe, taille et détermination des bovins : La taille des deux individus ainsi que le stade d'éruption dentaire de l'individu A indiquent un âge adulte. Le coxal de l'adulte B renvoie à un mâle. L'individu A pourrait correspondre à une femelle, mais il est difficile de se prononcer pour l'instant. Les deux squelettes sont de taille comparable. Les hauteurs au garrot, calculées sur différents os longs, donnent une moyenne de 145 cm (N = 11 ; std = 9,15 ; mini. = 130 ; max. = 160). Compte tenu de la rareté de données régionales sur la taille des bovins domestiques et sauvages néolithiques, ces données sont difficiles à exploiter. Toutefois, si l'on se réfère aux périodes contemporaines dans le Bassin Parisien, elles plaident en faveur de grands boeufs domestiques (Bos taurus) plutôt que d'aurochs (Bos primigenius), ce que semble confirmer la morphologie des chevilles osseuses de l'individu A. Ces bovins domestiques seraient d'une taille comparable à celle des plus grands taureaux Cemy du Bassin Parisien. Tentative d'interprétation du dépôt : Tout semble indiquer que ces deux grands bovins domestiques ont été déposés frais dans la fosse, disposés intentionnellement et ensevelis rapidement. Le contexte archéologique renforce l'impression de dépôt sacrificiel lié au monument. On ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec les bovinés ornant les dalles de Gavrinis et de la Table des Marchand toute proche. Une telle découverte confirme la place particulière des bovins dans la sphère spirituelle des populations néolithiques locales. La mauvaise conservation des ossements dans le Massif Armoricain empêche pour l'instant de savoir si elle s'accompagne ou non d'une relation privilégiée dans le domaine matériel. U.R.A. 415 du C.N.R.S., Laboratoire d'Anatomie Comparée du Muséum National d'Histoire Naturelle, 55 rue de Buffon, 75005 Paris. ** Service régional de l'Archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne, 6 rue du Chapitre, 35044 RENNES CEDEX et U.P.R. 403 du C.N.R.S., Campus de Beaulieu, 35043 RENNES CEDEX. LOCMÀRIAQUER, Er-Grah. - Les deux bovins dans la fosse H51 a -eu C-l co u JZ co t-l oo fA 3- CD I -C co t-i (-1 Ld CD su Ci a (A -eu u u CD O a Ld Z en C_> I eu E CD C_) < «r Q on u Q c o ZJ Q. < Q_ m o r< +i o es CM LA 00 CM <r Q_ m tn CD o sO +1 o r» <r Os CM <r LL. 4J eu E •H u »—* LL. < CD CJ O r- o r» O r» -h D LA CSI LA M O sû CM LA +i o h» rA LA .—1 ON SO CM Os V0 LL. t-H CJ > ZI o c r—s / CM LA fA LA «* . b_ ->— s: —-■ -Ni' » CD X CJ NO U 00 Ld — co CJS ON 1—1 r—1 X en j CJ _l D O _J <—s . . E 2 co X >— 3 CM 1 1 pco ON r» oo Os f—t H + u CD CD LA o <t CD LA 1 1 <t LA LA S rA i r» CE Os i-H LA LA LA r» LL. I—i LL. I—i "D C CD X CJ CD CJ C-i 0_ LL. CD s: 1 1 en eu X • • Si s: • • en CJ Ld Ld CD UJ eu • 1 _J i-H 1— r— -O CD 1— s—. ,—s. —, o —, X —•» CD "O • en m +i □ r» > CD SO SO •H Li_ CD i—i O CD C o en CD U CD CL E O CJ U CD CL u co o X CD o en eu -eu en en o en t-i •H x: CD 4-> X CD c 1 ZI U X Ld — - eu -eu u u stU CU ■H 3 CT eu u co en en eu X tu en •H 3 (4 en Oi c o •H en c eu 4-1 X — ZI u eu en eu c ZI 4J CJ ZI u O en en c co x eu en i o en o HU —H CD CL 3 en c o XI u CD X CJ —i c o E ■■-i ■—{ ZI X eu 3 en HU ■ c 4-1 c eu u c o o eu — X 3 u ZI ai en c eu X t-i xi eu c c o u CD o t-i i—< eu XI 3 -eu X o en rC LA u •H fA a. CD coco o -CD X t-l m D en -eu CM 1A a. E eu c o E fA LA c eu E eu u co cx ZI CD eu eu o oo "D LA 1 o LL. I—t CJ i—l CNl o ■—1 —s 1 NO m o r*» rA 1—' m +i rA Os sO r» 00 JZ CD CD C E CD ■a c o a 0. ^—s C_) z > u_ t-H CJ • a rA 3 CD CD Q_ CD 0. r- eu t-l -eu •H eu E XI «eu •• o Ci 3 CU CZ> CD Q. CD O -CU X! < m < eu -eu CD eu ;> "D < UJ en eu 3 O C C_> CD CJ CD U -eu LA <J o m ce < (-1 CD C eu c: c o JD t-i en -eu ■H O O en en CD en c o Ci co -C CJ CO JZ u 3 X CD en CD XI *» eu en en CD E co «—i en c CD X eu en ZI eu c c o t-l t-l co Q. tH JJ E eu c tu CJ c o CJ X c CD X u CD a. 1—) Ci co CD 1— 2: I <r a. 3 -LJ Ci J3 CD X Cl eu •M > CD s: i en eu X i eu 1 c o en •H Ci J3 (4 -eu c o X C CD X CJ CD CU 4-1 O en eu X i CD i—1 X CD 1— 1 o u_ CD U 4-1 C eu o c o CJ Ci O 1— LL. X CD U- eu >- 3 X -eu en C o X Ci CD CJ 3 CD •H CL 1 CL CU X 3 fA en Li_ •rH Ci •^4 C C eu O ec CD RAPPORT D'ETUDE PETRO-ARCHEOLOGIQUE DES CERAMIQUES DES SITES DU NOUVEAU CIMETIERE ET D'ER GRAH EN LOCMARIAQUER (56) Hervé MORZADEC Laboratoire d'Anthropologie, Université de Rennes I UPR 403 du CNRS RAPPORT D'ETUDE PETRO-ARCHEOLOGIQUE DES CERAMIQUES DES SITES DU NOUVEAU CIMETIERE ET D'ER GRAH EN LOCMARIAQUER (56) Hervé MORZADEC Laboratoire d'Anthropologie, Université de Rennes I L'étude pétro-archéologique des céramiques des sites du Nouveau Cimetière (Lnc) et d1 Er Grah (Leg) s'insère dans une étude d'ensemble des céramiques néolithiques du Golfe du Morbihan. L'étude a porté sur 2 6 échantillons du Nouveau Cimetière et sur 17 échantillons d' Er Grah. Les résultats obtenus apportent de nombreux renseignements sur les matériaux utilisés et leurs zones sources. Dans ce rapport, en raison de la proximité des deux sites et les nombreuses ressemblances dans la composition du dégraissant, les deux sites seront étudiés simultanéement. L'étude macroscopique montre une grande variabilité de l'aspect des échantillons. Cela va de céramiques très fines ayant des surfaces extérieures très bien lissées à des céramiques très grossières. Ceci est le reflet de la composition du dégraissant et de ses proportions dans la céramique. L'analyse microscopique de la texture des céramiques confirme cette première observation. On note la présence de céramiques dans lesquelles aucun dégraissant n'a été rajouté, fabriquées à partir d'une argile contenant des grains de très faibles dimensions (environ 50 /zm) , des céramiques fabriquées à partir des mêmes matériaux auxquels ont été rajoutés un dégraissant grossier et des céramiques dont les matériaux sont issus de matériaux d'altération. L'étude de la structure interne des échantillons de céramiques a permis de mettre en évidence des phénomènes intéressants. Il s'agit des limites dues au montage entre les colombins. Deux exemples sont particulièrement représentatifs de ce phénomène. - Le premier (Leg 33, Planche I) est observable dans une céramique à dégraissant très fin et très homogène. La limite entre les deux colombins est soulignée par une ligne opaque dûe à la présence d'eau entre ces deux colombins qui, au cours de la cuisson a induit une migration de certains éléments, en particulier le fer. L'angle que fait cette limite avec le bord du tesson est d'environ 35° ; cet angle est à mettre en a PLANCHE I Echantillon Leg 33, x20, limite entre deux colombins soulignée par une ligne opaque, a: microphotographie, b: schéma interprétatif PLANCHE II Echantillon Leg 18, soulignée par une forte matrice et des vides. interprétatif x20, limite entre deux col orientation des éléments da a: microphotographie, b: relation avec 1*étirement au cours du travail de la pâte. Plus 11étirement du colombin sera important plus cette limite tendra à se paralléliser avec le bord du tesson. - Le second (Leg 18, Planche II) est observable dans une céramique à dégraissant grossier très hétérogène et contenant de nombreux vides. La limite entre les deux colombins est moins tranchée mais constitue une zone dans laquelle les éléments sont fortement orientés. L'angle entre les bords du tesson et la structure interne est dans ce cas d'environ 45°. On a donc eu un étirement moins important du colombin, ce qui se traduit, pour une même quantité de matière, par une céramique plus épaisse. Etude pétrographique de la céramique du Néolithique et de l'Age du Bronze A partir de l'étude de la composition de la matrice trois ensembles peuvent être distingués. Le premier ensemble est caractérisé par la présence de spicules de silicisponges dans la matrice (échant. Leg 19). Ces spicules sont d'origine marine et proviennent de l'utilisation d'une argile sédimentaire marine dont l'origine reste à déterminer (Planche IV,e). Le dégraissant qui y est associé, est constitué de fragments de gneiss peu caractéristiques, de quartz, d'orthose et de muscovite. On remarque également la présence de chamotte. Le second ensemble est nettement plus abondant et présente des caractères bien particuliers. Il est présent sur les deux sites ; ce sont les échantillons Leg 18, Leg 20, Leg 22, Leg 23, Leg 24, Leg 25, Leg 26, Leg 27, Leg 30, Leg 31, Leg 32, Leg 33 et Lnc 1, Lnc 5, Lnc 6, Lnc 9, Lnc 10, Lnc 11, Lnc 19, Lnc 21, Lnc 26. Cette ensemble présente la particularité de contenir en quantité abondante des diatomées (organisme unicellulaire à test siliceux) (Planche III). Une pré-étude de ces diatomées a permi de déterminer certains genres comme Pinnularia (Planche III, e, f, g) et Eunotia (Planche III, h) caractéristiques de milieux d'eau douce à saumâtre. On note également la présence d'autres organismes unicellulaires appartenant à la famille des chrysomonadines (Planche III, a) . Le matériel ayant servi à fabriquer ces céramiques peut provenir soit d'argile prélevée en bordure de ruisseau soit d'argile prélevée dans une zone marécageuse. Dans la région, ce type de matériaux devait être relativement abondant. L'origine sédimentaire de cet argile est confirmée par l'étude du dégraissant. En effet il s'agit d'un dégraissant très fin constitué uniquement de quartz (Planche IV, a). Il peut s'agir de quartz provenant du transport par les eaux de restes de placages de limons périglaciaires. Un des échantillons, Leg 27, présente urte structure particulière très rubannée montrant l'alternance de niveaux clairs et de niveaux très opaques séparés par des vides (Planche IV, f ) . Ce phénomène peut être lié à un mauvais séchage de la pâte avant la cuisson. Dans certains échantillons, de la roche broyée en fragments de dimension plus importante a été incorporée (Planche IV, b) . Planche III De a à g, micro-organismes photographiés frottis obtenu après broyage d'un fragment Echantillon Leg 24, x 200. a: chrysomonadine, douce. à partir d'un de céramique. organisme unicellulaire vivant en eau b: fragment de matière probablement à une tige reproducteur de bryophyte. organique correspondant avec coiffe du système c et d: fragment de diatomées e, f et g: fragment vivant en eau douce. de diatomées du genre Pinnularia h: photo en lame mince d'une diatomée du genre Eunotia vivant également en eau douce. PLANCHE IV Différents types de céramiques Nouveau Cimetière et d'Er Grah. provenant des sites du a: Leg 21, x 40, LN, pâte très fine homogène. b: Leg 23, x 20, LN, pâte fine homogène contenant des inclusions de dégraissant en faible quantité. c: Leg 23, x 20, LN, pâte fine contenant en abondance de la chamotte. d: Leg 22, muscovite. x 20, LP, cristal d1 andalousite altéré en e: Leg 19, x 20, LN, l'hétérogénéité du dégraissant. f: Leg 27, rubannée. x 20, LN, pâte photographie très opaque et montrant fortement g: Leg 29, x 20, LN, fragment de roche très constituée de feldspaths. altérée h: Lnc 20, x 40, LP, lattes de plagioclases issues d'un dégraissant basique. Il s'agit de fragments de granité plus ou moins déformé. La composition minéralogique, caractérisée par la présence de quartz, de plagioclase, d'orthose, de micas, mais surtout par la présence d•andalousite altérée à la périphérie en muscovite (Planche IV,d), permet de conclure que le dégraissant provient de l'utilisation d'un granité d'un type similaire ou voisin de celui de Sarzeau ou bien de l'utilisation de micaschistes et de gneiss que l'on trouve plus loin à l'embouchure de la Vilaine. Des études chimiques plus poussées permettraient l'exclusion de l'une ou l'autre des hypothèses. Il faut noter également la présence en grande abondance dans certains échantillons de chamotte (Planche IV, c) ; phénomène qui semble général dans la poterie néolithique armoricaine. Le dernier ensemble est constitué par des céramiques dont les matériaux proviennent de l'utilisation d'une argile d'altération. Au sein de ce groupe, quatre sous-ensembles ont pu être distingués. Le premier constitue le sous-ensemble le plus important ; il s'agit des échantillons•Leg 28, Leg 35 et Lnc 2, Lnc 7, Lnc 14, Lnc 15, Lnc 16, Lnc 17, Lnc 18, Lnc 25. Le dégraissant est constitué par du quartz, des plagioclases , de l'orthose et des micas. Certains fragments de roches de dimensions plus importantes montrent l'association de ces minéraux. Il s'agit de fragments d'orthogneiss, roche__ d'origine locale et constituant les matériaux de certains monuments. y—~ Le second sous-ensemble (échantillon Leg 29) (Planche IV,g) a un dégraissant un peu différent constitué par des fragments de roches très déformées d'origine migmatitique contenant essentiellement du quartz et quelques rares feldspaths. Ce type de dégraissant est abondant dans la région et très difficile à caractériser. Le troisième sous-ensemble (échantillon Lnc 8) contient également un dégraissant d'origine gneissique. Il se distingue par la présence de cristaux automorphes d'orthose zonés similaires à ceux observés dans une céramique de l'Age du Fer étudiée sur le site des Ebihens (22). Ce type de minéraux très rare n'a jamais été observé par les géologues dans le massif armoricain mais ils pourraient se développer au cours de phénomènes de fusion partielle dans les migmatites. Le dernier sous-ensemble (échantillons Lnc 20, Lnc 24) (Planche IV, h) est caractérisé par un dégraissant bien particulier. Il contient des plagioclases basiques altérés présentant une structure en lattes, des amphiboles, des pyroxènes et des opaques. Ce dégraissant tire son origine de matériaux basiques facilement caractérisables. Les possibilités d'origine de ce dégraissant sont de trois ordres: les filons de pyroxénites de l'ile d'Arz, le massif de gabbro du Petit Mont près d'Arzon ou le même type de roches présent à l'embouchure de la Vilaine. Conclusion L'étude pétro-archéologique des céramiques des sites du Nouveau Cimetière et d'Er Grah a permis de caractériser un certain nombre de productions de céramiques. Afin de mieux localiser ces sites de production, une étude de l'ensemble de la céramique découverte sur les sites du golfe du Morbihan et de la région de Carnac va être entreprise très rapidement. Des études plus poussées, nécessitant un investissement financier relativement lourd vont être menées sur ces deux sites afin de déterminer de façon précise l'origine des matériaux des céramiques. La carte interprétative du Golfe (Fig 1), en considérant un niveau moyen de la mer au Néolithique de 5 m inférieur à l'actuel, permet de mettre en évidence les relations pouvant exister à cette époque entre les différents sites. On peut remarquer que le golfe pouvait approximativement se subdiviser en quatre secteurs. L'étude du matériel des sites de Locmariaquer montre que des matériaux extérieurs à ce secteur sont présents. Le but des études ultérieures est de mettre en évidence des proportions inverses des différents types de dégraissant dans les autres secteurs et de mettre en évidence des unités territoriales distinctes. Remarques sur quelques céramiques médiévales du site du Nouveau Cimetière Quelques échantillons de céramiques médiévales ont été étudiées. Il s'agit de céramiques dont l'origine est maintenant bien connue. L'échantillon Lnc 3 est un fragment de poterie onctueuse contenant essentiellement du talc, de la chlorite, de la serpentine, et des amphiboles. Elle provient de la région de Ty Lann en Plovan dans le sud du Finistère Les échantillons Lnc 4, Lnc 12, Lnc 13, Lnc 22 correspondent à des céramiques du type Saint-Jean-la-Poterie, caractérisées par la présence de spicules d'éponge et contenant un dégraissant constitué par du quartz, de l'orthose, des plagioclases et des micas. ig 1: carte interprétative du golfe du Morbihan en considérant n niveau de la mer au Néolitique inférieur de 5 m par rapport l'actuel à partir d'une carte marine. Tableau de correspondance, localisation des échantillons Fig 2. Lnc: Nouveau Cimetière. échant. tesson Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc Lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc lnc 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 24 25 26 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 86 F M M M E E P 0 M M V J J H H P P P H H H H H H H 28 bronze grand vase à anses 3 3 néo 32.3 méd 32 surf, méd 28/59 néo final 28/60 néo final 3 6 néo moyen 28/18 néo final 38/10 néo final 35/39 néo final 27/2 néo 28 méd 25/5 méd 31/5 néo 31/6 néo 3 6 néo moyen 36 néo moyen 3 6 néo moyen 31 néo 31 néo 31/2 néo 31 méd 31/50 néo 31 néo 31 néo Tableau de correspondance, localisation des échantillons Fig 2. Leg: Er Grah. échant. tesson Leg 18 Leg 19 leg 88 R 55/3 néo type Le Castellic leg 88 R 54/4 néo proximité du cairn primaire leg 88 R 55/3 néo leg 88 B 49/3 néo leg 88 C 49/3 néo leg 88 E 50/21 néo leg 88 AC 49/99 néo fosse dépotoir leg 88 AC 48/78 néo leg 88 AC 48/88 néo leg 88 H 52/70 néo limon gris type Le Castellic leg 88 ch 3 néo chambre sol de base leg 87 K 49/3 néo rebord droit légèrement rentrant leg 87 I 54/89 néo leg 87 I 54/394 néo leg 87 I 54/126 néo leg 87 I 54/289 néo leg 89 F 52/266 néo vieux sol Leg Leg Leg Leg Leg Leg Leg Leg 20 21 22 23 24 25 26 27 Leg 28 Leg 29 Leg Leg Leg Leg Leg 30 31 32 33 35 LOCMARIAQUER -route des mégalithes fouille de sauvetage 052402563 JUIN - JUILLET 1991 JM PARDON REMERCIEMENTS Je me dois de remercier ici tous ceux et celles qui,à des titres divers ont permis la réalisation de ce rapport archéologique. Je tiens à remercier tout principalement l'équipe archéologique de Locmariaquer composée de Mr Le Roux,L'He1guach,Tinevez,Cas sin,et Gaumé qui n'a jamais hésité à mettre à ma disposition le matériel et informations diverses concernant leurs fouilles à Locmariaquer. Je remercie E.Gaumé,archéo1ogue contractuel et responsable des s on dages archéologiques préliminaires du tracé de la route des mégalithes. Je n'oublierai pas non plus la municipalité de Locmariaquer qui a bien voulu m'aider lors des consultations des divers plans cadastraux. Je remercie Mr Lepe1ve,représentant la D.D.E. Je remercie enfin les entreprises Cadio et Duchesne de leur compréhension et aide technique lors de cette fouille de sauvetage. SUITE L 9•MARS D'UNE ^N 1991 VOIE PLACE DES JIMINAIRES JRS SITES DE CE DE > AUSSI ï PAR RAISON DE LA ALORS DATE LE PRO- (TRAJET^ ARCHEOLOGIQUE A ETE- (SQND'AASS 1990 PROXIMITÉ ET DE DIFFICILES CES DONC DE PLU~* REALISE CONCERNAIT STIREC-NOUVEAU PERMIS L'ABSENCE DE FUT NE DE ARCHEOLOGIQUES OPERATION EVENTUELLE FIONS . NOVEMBRE (FETAN ONT RAISON D'UNE SUIVI DE DIAGNOSTIC VESTIGES EN ;E DE PROJET 5 LOCMARIAQUER ) ; UN CONTRACTUEL SONDAGES A EN PUBLIQUE MOIS LE )EN PREFECTORAL D'UTILITE MEGALITHIQUES. OPERATION IEOLOGUE L'ARRETE TOURISTIQUE STIREC-KERERE EN :E A DECLARANT DE PAR QU'UNE CIMETIERE). CONSTATER LA PRE- DIFFICILEMENT CONDITIONS DE D ' ARTEFACTS,D* OU SAUVETAGE VESTIGES.ET AVANT DE UN TRAN DATA- FOUILLES LA LA LEURS MISE EN DESTRUCIDENTI- INTRODUCTION Circonstances de l'opération L'aménagement bords des des Marchand auprès et sites de Er Grah) Direction Historiques d'une voie mégalithiques et la : de fut des de à touristique Locmariaquer l'origine Antiquités Bretagne , d ' une d'une aux a- (Table demande Préhistoriques étude d'impact archéo- logique. En de réponse diagnostic Novembre par un GAUME).Les sondages la d'emprise ont mis giques ce en de de dent,Mr tagne) réalisée la au contractuel route) présence opération concentrés de (Mr E. parallèles ont de mois été réalisés vestiges sur dans une et archéolopartie de route. C.T. fit fut tranchées la particulièrement tracé requête,une archéologue (trois évidence Compte la cette archéologique 1990 largeur à Le Roux état nécessité tenu en d'un risque (Directeur séance d'effectuer des (réunion sur ce archéologique évi- Antiquités Bre- du de 19.05.1991) chantier une de fouille préalable. Méthodologie : Cette du mois dre d'un de Juin étude (15 travail fut Juin) réalisée et contractuel Juillet : 1 durant 1991 personne le dans courant le durant cace contrat. Un fut ments effectué décapage à l'aide général de divers (bu 1ldozer,tracto-pe11e et de la zone engins de camions). d'emprise terrasse- Méthodologie : (suite) Nous diverses lement port qui du signalerons ont malheureusement chantier.L'état photographique) nécessitèrent eaù^afin de vider à gorgées notre sse ta guère le travail foyer,(cf.apport Localisation Cimetière) bihan) se commune des photographique description Le premier de la situe ainsi Marchand à du site tronçon la et Er Le site de périphérie localisée sur s'inscrit dans les de point la de commune plan vue plate-forme et de cadastral qui semble qui affleure (limite Sud du premier Cimetière touristique).Cet disparaitre vers limoneux couleur de le substrat est un affleurement Nord.Une ocre géologique. 106 de la couche sur de la sera la site aux à est tronçon aussi fin du de tend sédiment partie à grain abords granitique de com- ). granité couche repose substrat (grahitiquè.Cette comme un appartenir arénisée voie facili- (Table géologique,le très nouveau li- Locmariaquer substratum et ne parcelles 11holsteinien.Le diaclasée godet sites mégalithiques (cf.extrait une d'un Grah). cadastre D'un et Nord-Ouest BD 1983 contraintes Locmariaquer(Mor- section en a- : 34,130,135,136,137,163,164;165 révisé 1990) partiellement munales du à (Fétan-Stirec-Nouveau dans ces pompe SI). touristique de conditions de absence même voie que ces dérou- (cf.ap- d'une non-utilisation et site (sondages détruisit bon mauvaises général.Cette et contraintes le du l'utilisation joignons regret,la du décapage de tranchées d'eau.Nous grand lors les que des pertubé marécageux ainsi climatiques lors toutefois la à argilo- basse du considérée Localisation et description du site L'épaisseur des l'horizon (suite) couches de sédiments qui recouvre géologique arénacé varie entre 0,20 mètrè 1 mètre.(cf: vant : coupes stratigraphiques ED et ainsi à certains endroits des logiques victimes des socs de et GH) préser- structures archéo- charrue (constation faite lors du chantier de fouille du Nouveau Cimetière mené en 1986).Ce1le-ci se compose de deux voire ches distinctes définies par leur couleur. trois cou- ANALYSES DES DONNEES ARCHEOLOGIQUES La'stratigraphie du site : Le projet d'aménagement d'une voie tique nécessite touris- l'excavation du terrain.Les sonda- ges réalisés au mois de Novembre 1990 par un archéologue contractuel (E.GAUME) ont démontré la présence de vestiges archéologiques à moins d'un mètre de profondeur dans un secteur lotissements Le Nelud très précis ).Ce secteur a donc été d'un décapage intégral selon la "en rétro" avec un godet Des été effectués technique de l'objet travail à dents. relevés de coupes et ont (aux abords des permis stratigraphiques ont de distinguer 4 strates principales. -Le niveau supérieur est constitué de couches post- médiévale s . Nous retrouvons alors de le (niveau 1) mais aussi une la terre végéta- terre marron (niveau 2). Le niveau 1 a une épaisseur qui varie entre 0,20 mè^ + tre et 0,35 mètre (cf.coupe ED et GH) mobilier archéologique moderne.Il ment de céramique glaçurée Le niveau 2 a une tre et 0,40 mètre que s'agit essentielle3). épaisseur qui varie entre 0,15 mè(cf.coupe ED et GH) et ne contient ces deux niveaux ou moins horizontaux - et recouvrent la strate médiévale (niveau 3).présente dans relevés stratigraphiques.Ce niveau 3 à un niveau; .médiéval et terre brune mêlée de les deux correspond donc se décrit par un horizon de charbon de bois.Son épaisseur moyenne est de 0,10 mètre.Cette strate^contient es-; sentiellement de la céramique attribuable médiévale contient un (cf.planche mobilier très peu de mobilier.Notons que apparaissent plus et (cf.planche mobilier 2). à l'époque La stratigraphie du site :(suite) Le niveau 3 est plus ou moins horizontal par rapport aux autres niveaux précédemment cités et recouvre l'horizon géologique arénacé. Cet horizon géologique correspond au niveau 4 et subit dans certains endroits des dénivellements naturels mais aussi artificiels que nous détaillerons ultérieurement.(cf.structures). Les structures : Lors du décapage général de cette voie,diverses structures ont pu être observé et 1' objet de relevés.Malheureusement certaines d'entre elles ont été partiellement détruit en raison de 1' utilisation d'un godet à dents. Les premières structures mises au t jour furent deux foyers (cf.plan général) à la périphérie du foyer 1 noté Fl (cf.plan général) et . repéré lors des sondages préliminaires (cf.annexe). De ces deux foyers partiellement détruits,quelques observations peuvent être avancées.Ces deux structures de combustion notées.11 une SI et l'autre S2, reposent toutes deux sur la même couche argilo-limoneuse jaunâtre correspondant au niveau A. Toutes deux sont composées d'un amas de blocs de granités chauffés et noyés dans une couche de terre cendreuse.Seul le diamètre du foyer S2 a pu être calculé.Celui-ci avoisine un mètre. A l'inverse' dû foyer 32,le foyer SI trop abimé (cf. apport photographique) pour obtenir son diamètre, avait quelques tessons de céramique dans sa périphérie . Ceux-ci peu nombreux (cf étude du mobilier) étaient disposés à plat dans une terre brune et charbonneuse . Les structures : Le mobilier aux abords tesson archéologique cette grossier son par tier de (suite) mené à ne l'Age suffit carène est celle des Bronze.La ceux repérés lors plan général et deux des lors du décapage sont au nombre très autres général de deux (cf.plan distincts l'un de couche que de le fossé 2 pierres apport voie de des blocs a une s'arrêtait raison d'emprise geur moyenne celui-ci à une ce plus de de la du de possique (cf. nettoyage une (ou sont de et et sont cependant concentration (cf.relevé de qui concerne aussi possible aurait concerne (forme ?) (aucune de été planche (li- une le lar fossé "patatoide 7 mètres. organisation céramiques ont leur approxima- géographique 1 et cette ce longueur médiévale (cf.étude 4) creusés été fossé pierres malgré pas qui des sont n'a complexe éléments l'époque deux toutes ce jour fossés l'excavation A,il au abords (niveau situation très largeur apparente),quelques lors et voie).Le forme deux importantes seront leur aux (cf.relevé) profondeur.En comblement :de ristiques ainsi granite.Notons d'un mètre.En atteintvune Outre de au niveau leur mite associer fossés.Ceux-ci effet,tous photographique).Comme en les de cette misent situent densité dimension s,ce 11es-ci et se des argilo-limoneuse beaucoup connaître tives sont l'autre dans par de préliminaires général).Ces similitudes.En comblés chan- cependant S2 structures et quelques la du chronologique et un annexe). Les lotissements mais lors pour SI sondages pauvre comparai- datation pas foyers sa permet chronologiquement.L'association ble et recueilli cependant très combustion Cimetière du donc de une au mobilier au Nouveau l'attribuer céramique structure comporte rapport est caracté- recueilli mobilier 2). Les structures :(suite) Notons aussi que quelques éléments de schistes ont été observés et recueillis.Dans sés des prélèvements de tamisés à chacun des fos- terre ont été effectués et l'eau.Aucun résultat n'a été observé. L'association chronologique de ces structures cohérente et attribuable à l'époque médiévale. semble LE MOBILIER ARCHEOLOGIQUE ; Au cours du mois et demi de et de fouille touristique tations Outre sur l'emplacement de surveillance la future voie "Route des Mégalithes",diverses peuvent consta- être avancées. la présence de quelques structures (foyers et fossés),on peut noter la quasi absence de mobilier archéologique.Aucun artefact n'avait été aperçu lors des sondages préliminaires réalisés en Novembre 1990. La céramique est exclusivement représentée et rare par son nombre.Celle-ci détritiques des (fossés) se trouve dans les niveaux mais aussi en place aux abords foyers partiellement détruits en raison de non utilisation d'un godet Tout ccntne tière la lisse lors du décapage. le chantier de fouille du Nouveau Cime- (1986),la proximité des grands monuments mé- galithiques ainsi que de (théâtre) vestiges gallo-romains proche du chantier laissaient envisager la présence de vestiges de ces périodes ;paradoxallement celles-ci n'ont laissé aucune Le décapage des premiers niveaux 1 stratigraphique ED et GH céramique moderne (cf. Les autres niveaux ont diévale buable à (cf.pl.3) découverte 2 (cf coupe livré que de et médiévale la (cf.pl.2). livré de la céramique mé- ainsi que de la (cf.pl.1 céramique céramique attriet apport photo- semble identique à celle lors du chantier du Nouveau Cimetière. La faible quantité l'absence de guère n'ont pl.3) l'Age du Bronze graphique ). Cet te ) et trace. (une dizaine de fragments) formes caractéristiques ne son identification ainsi que et facilite sa datation. Des différents niveaux repérés qui ont livré du mobilier archéologique,il a été possible de décrire et de dessiner certains tiques (cf.planche mobilier) PLANCHE MOBILIER -cer.03 : céramique noté présentant une ment SI 1 éléments caractéris: : en place aux abords d'un foyer (cf.plan général).Tesson grossier légère carène.La pâte est relative- fine avec un dégraissant micacé et quelques éléments de quartz plus grossiers.La couleur de la pâte est noire en coupe et brun-clair à l'extérieur. Cette céramique est attribuable au Bronze Ancien. -cer.01 (non dessiné) : céramique d'un foyer noté SI en place aux abords (cf.plan général).Tes- son grossier représentant un fond.La pâte lativement est re- fine avec un dégraissant micacé et quel- ques élélments de quartz plus grossiers.La couleur de à la pâte est anthracite en coupe et brun-clair 1 ' extérieur.Cette céramique est attribuable au Bronze Ancien. PLANCHE MOBILIER -cer.012 : céramique général et un fragment de pâte est de 2 : extraite du fossé 2 (cf.plan détai1lé).Te sson représentant lèvre infléchie vers 1'extérieur.La fine avec un dégraissant micacé.La couleur la pâte est gris-claire. Le diamètre de cette cé- ramique esf,d'environ 16 cm.Cette céramique est attribuable à -cer.013 : l'époque médiévale. céramique général un fragment de extraite du fossé 2 (cf.plan et détai 1lé).Tës son représentant lèvre infléchie vers 1'intérieur-et --PLANCHE MOBILIER 2:(suite) -cer.013 (suite) : à extrémité horizonta1e.La pâte est cacé.La couleur de mètre de fine avec un dégraissant mi- la pâte est gris-claire.Le dia- cette céramique est céramique est -cer.014 : attribuable à céramique d'environ 16 l'époqûe cm.Cette médiévale. extraite du fossé 2(cf.plan général et détaillé).Tesson représentant un fragment de est fond à inflexion simple.La pâte fine avec un dégraissant micacé.La couleur de la pâte est gris-claire.Son diamètre d'environ 14 (fond) est cm.Cette céramique est attribuable à l'époque médiévale. -cer.00 : céramique extraite de la coupe ED coupe (cf. stratigraphique).Tes son représen- tant un fragment de lèvre en flèche à extrémité concave.La pâte est fine avec un dégraissant mi- cacé.La couleur de diamètre est la pâte est gris-claire.Son incertain.Cette céramique buable à l'époque médiévale. -cer.018 : céramique extraite du fossé est attri- 2 (cf.plan général et détai1lé).Tessons(2 exemplaires) représentant un fragment de infléchissement ssière avec externe et lèvre complexe à interne.La pâte est gro- des éléments de quartz ssant.La couleur de est d'environ 24 comme dégrai- la pâte est brune.Son diamètre cm.Cette céramique est attribuable à l'époque médiévale. -cer.022 : céramique ssé 2 (non dessiné) extraite du fo- (cf.plan général et dé taillé).Te- sson représentant un fragment d'anse épaisse sans repli.La pâte est fine ovale avec un dégraissant mi- —PLANCHE MOBILIER 2 -cer.022 : (suite) : : (suite) -cacé.La couleur de est est de 2,9 cm et son épaisseur de 1 ramique est attribuable à PLANCHE MOBILIER -cer.HSl : gris-claire.Sa 3 la pâte largeur cm.Cette cé- l'époque médiévale. : céramique hors'stratigraphie.Tesson représentant un fragment de lèvre à La pâte est fine.La couleur de la pâte est avec une glaçure marron sur sa face jonc. orangée interne et ex- terneSon diamètre est d'environ 14 cm.Cette cérami que est -cer.HS2 attribuable à : l'époque moderne. céramique hors stratigraphie.Tesson re- présentant un fragment de fond à pied. La pâte est fine orangée - avec une glaçure sur sa face interne uniquement.Son diamètre est d'environ 9 cm.Cette céramique est derne (XVI11°-XIX°s ) . attribuable à l'époque mo CONCLUSIONS V < CONCLUSION Suite à ce mois et demi de fouille et d1étude,plusieurs renseignements archéologiques sont apparus. Le premier aspect,par son importance,est occupation humaine du site.Ce11e-ci 1' semblerait débu- ter dès l'Age du Bronze avec néanmoins des phases d'abandon durant certaines périodes romaine . . ) .La présence de types de s'avèrent repérées fossés se premier structures (foyers) et tracé de qui avaient ?) 11 Ouest.La iprésence de peuvent suggérer la proxi- ou de plusieurs. second élément d'information concerne,en se compose de tessons de céramique relativement fragmentés.Les formes étudiées nous laissent voir un évantail assez large de divers concerne aux abords d'un des la foyers,celle-ci est cier chronologiquement.Notons tion résulte d'une tière (1986). pas de cependant comparaison avec lors du chantier de entre- types de po- céramique découvert à l'Age du Bronze mais ne permet jour fo- situent aux abords du lotissement (dépotoirs teries.En ce qui été sauvetage du Nouveau effet,le mobilier archéologique.Celui-ci uniquement corr second type correspond à des se prolongent à mité d'un habitat Le .Le sur la partie Sud du loin d'autres (1986).Le Le Nelud et ces apparus structures de combustion .Ceux-ci 1' concrétisée par la pré- lors du chantier de Cimetière ssés sont concentrées la voie,non gallo- structures encore préservées.Deux structures respond à des et 1 1 homme,traduite par importance des couches,s ' est sence de diverses (Tène sauvetage attribuable les assoque sa data- celle mise au du Nouveau Cime- CONCLUSION : (suite) En ce qui concerne la céramique découvert du nettoyage des fossés,celle-ci l'époque médiévale .Cette est céramique lors attribuable à ainsi que ces deux fossés peuvent être associer chronologiquement. L'ensemble de de définir la ces zone étudiée pé par 1'homme . observations nous comme étant un permet lieu occu- _ PLANS ET DESSINS. _ LpCMARIAQUER-1991 _ "ROUTE: DEST MEGAUTHÉS ~ __coube_ED~ ecn.1/50 Pjm — w LOC_M ARIAQUERrlâQI. _ _ ROUJÉ DES_MEGALLTHES_ _ _çoup_e GH ëch. 1/50 Plm terre arable terre marron terre brune limon ocre jaune-substrat géologique charbon de bois céramique ôo L0CMAR1AQUER_-1991 - ROUTE DES fy[EGALITHES_ RELÈVE FOSSE 2 ech:1/20 !Wm -.délimitation du fossé(substratum) -c : coupe À .céramique clôture e de UOÇMARIAQUER-J991 ROUTE DES MEGALITHES RELEVE JDU_FOSSÉ1 ech.1/20 - vue Est ~ 0 L0CMARIAQUER-19gi ROUTE DES MEGALITHES mobilier céramique pi 1 LOCMARIAQUER-1991 ROUTE DES MEGALITHES céramique moderne pl. 3 cer.014 o r cer.OO 5 cm LOCMARIAQUER-1991 ROUTE DES MEGALITHES céramique médiévale pl.2 APPORT PHOTOGRAPHIQUE -l'état marécageux du site ~ CONDITIONS DE FOUILLE» _ LpCMARIAQUER-1991 _ "ROUTE: DEST MEGAUTHÉS ~ __coube_ED~ ecn.1/50 Pjm — w LOC_M ARIAQUERrlâQI. _ _ ROUJÉ DES_MEGALLTHES_ _ _çoup_e GH ëch. 1/50 Plm terre arable terre marron terre brune limon ocre jaune-substrat géologique charbon de bois céramique ôo L0CMAR1AQUER_-1991 - ROUTE DES fy[EGALITHES_ RELÈVE FOSSE 2 ech:1/20 !Wm -.délimitation du fossé(substratum) -c : coupe À .céramique clôture e de UOÇMARIAQUER-J991 ROUTE DES MEGALITHES RELEVE JDU_FOSSÉ1 ech.1/20 - vue Est ~ 0 L0CMARIAQUER-19gi ROUTE DES MEGALITHES mobilier céramique pi 1 LOCMARIAQUER-1991 ROUTE DES MEGALITHES céramique moderne pl. 3 cer.014 o r cer.OO 5 cm LOCMARIAQUER-1991 ROUTE DES MEGALITHES céramique médiévale pl.2 APPORT PHOTOGRAPHIQUE -l'état marécageux du site ~ CONDITIONS DE FOUILLE» -vue générale du fossé 2 - ANNEXE COMMUNE DE LOCMARIAQUER SONDAGES ARCHEOLOGIQUES SUR LE TRACE DE LA FUTURE ROCADE ERIC GAUME LE PROJET DE CONSTRUCTION D'UNE ROUTE A LOCMARIAQUER DE FETAN STIREC AUX PIERRES PLATES,NOUS A AMENE DANS LE CADRE DE LA PREMIERE TRANCHE DES TRAVAUX (FETAN STIREC-NOUVEAU CIMETIERE) A EFFECTUER EN NOVEMBRE 1990 DES SONDAGES ARCHEOLOGIQUES PRELIMINAIRES . LE DECAPAGE: Sous notre surveillance et selon la technique de travail "en rétro" avec un godet plat de 1,20 m,un engin de la commune a ouvert trois tranchées parallèles dans la largeur d'emprise de la route (15m) du lotissement du Nelud(Nord) à la voie communale 106 ( Sud)Xparaelle.s commun^les-^ o4.H-etl65 ) . Un marécage longe le lotissemnt et s"étend jusqu'à un chemin taluté.De l'autre coté du talus(parcellaire),1'agriculture puis,après l'acquisition des parcelles par la commune,le raclage de la terre arable et différents travaux d'aménagements.vois ins (terrain de footba11).,ont sérieusement modifié le terrain au point de dénuder la roche qui affleure près du cimetière.L'aff1eurement gra nitique,fortement diàclasé , fait place aux abords du nouveau cimetière et jusqu'à la nouvelle voie communale n°106 à une zone aré-î nacée fortement pertubée par d'anciennes carrières comblées.CAest de plus la limite Ouest de la fouille de 1986 préalable à la réalisation du nouveau cimetière. LES VESTIGES. ARCHEOLOGIQUES : La zone aréno-granitique nouvellement décapée s'est révélée stérile,confirmant ainsi les résultats de la campagne 1986 ( bandes D à V23 O 26 ).Le reste des tranchées montre,sur un fond arénacé s'accentuant vers le Nord,une augmentation progressive des indices archéologiques de l'ancienne parcelle cultivée (TB :F1 et F2 ) au lotissement où se trouve une étonnante concentration de structures (foyers,fossés et empierrements).Cette richesse résulte sans doute de l'épaisse couche de sédiments qui recouvre ces vestiges puisque les tranchées atteignent environ 1 mètre d'épaisseur avant de retrouver l'horizon géologique arénacé. LES STRUCTURES : Seules deux d'entre elles :F1 et F2 dans la tranchée (TB) ont pu être observées partiellement durant ce mois de janvier (pas de céramique,ni d'industrie lithique dans les déb1ais) ,a insi qu'une partie dans TA qui n'a pu être relevé en plan,la remontée de la nappe phréatique ayant complètement noyé les tranchées (cf.photo) dans le marais. Fl (TB) : structure de combustion avec charbon de bois couverte de moellons de granité rubéfiés.D1 environ 1 mètre de diamètre,elle repose sur un limon ocre à près de 0,7O~mT de la surface et semble en relation avec un horizon de terre brune mêlée de charbon de bois parfois très concentrés qui s'étend en la recouvrant sur une dizaine de mètres vers le Nord.Au delà et vers le Sud,les charbons disparaissent de cette couche brune de 0,20 m. d'épaisseur (brûlis ?) recouverte par 0,30 m. de terre marron puis par le reliquat de la couche arable (0,20 m.). F2 (TB) : autre structure de combustion en tous point semblable à Fl mais apparue en coupe cette fois-ci (Fl en fond de tranchée )(charbon de bois,moellons rubéfiés,creusée dans le limon ocre,l mètre de diamètre,sce1lée par la couche brune).On notera seulement l'abscence de charbon de bois dans cette dernière en périphérie du foyer. BIBLIOGRAPHIE carte de Locmariaquer : Série bleue,échelle 1/25000 Institut Géographique Nationa1,Paris carte de Locmariaquer : Extrait plan cadastral 1983,section BD,échelle échelle 1/1000° NICOURT J. : Céramiques médiévales parisiennes. Classification et typologie. Jeunesse Préhistorique et Géologique de France. Ermont,366 p. 1986 GAUME E. j Sondages archéologiques sur le tracé de la future rocade Ouest. Rapport archéologique pré1iminaire.1990 C.T LE ROUX-Y.LECERF-J.Y TINEVEZ-E.GAUME-C. Rapport de synthèse 19 8 6-1987-1988 Locmariaquer ^Morbihan) Nouveau cimetière -Tumulus d'ER GRAH. LE POTIER : TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS PRESENTATION INTRODUCTION ; page 1 à 3 page 4 à 7 -Circonstances de l'opération. -Méthodologie. -Loca 1isation"et description du site. ANALYSES DES DONNEES ARCHEOLOGIQUES : -La stratigraphie du site. -Les structures. LE MOBILIER ARCHEOLOGIQUE.: page 8 à 11 -La céramique. CONCLUSIONS : page 12 PLANS ET DESSINS : -Carte IGN. -Plan cadastral (extrait) 1983. -Plan général (7 feuilles) . -Relevé des coupes stratigraphiques ED et GH. -Relevé du fossé 1 avec apport photographique. -Relevé du fossé 2 * -Planche mobilier 1. -Planche mobilier 2. -Planche mobilier 3. APPORTS PHOTOGRAPHIQUES *. -Conditions de fouille. -Coupe stratigraphique -Coupe stratigraphique -Vue générale du fossé -Vue générale du fossé ANNEXES GH. ED et foyer SI. 2. 2 (vue Sud et Nord). : -Rapport préliminaire de -Bibliographie , la Route des Méga1ithes.(E.GAUME) correspond à un apport photographique.