Locmariaquer (56). La table des Marchands, l`alignement du Grand

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Locmariaquer (56). La table des Marchands, l`alignement du Grand
Centre National de la Recherche Scientifique
(U.P.R. 403)
et Université de Nantes
(Lab oratoire de Préhistoire armoricaine )
Jean L'HELGOUAC'H - Serge CASSEN - Nelly LE MEUR
(avec le concours de Liliane ARNAUD)
MORBIHAN
LOCMARIAQUER
LA TABLE DES MARCHAND
L'ALIGNEMENT DU GRAND-MENHIR
ET L'HABITAT PRE-TABLE DES MARCHAND
Bilan du deuxième programme triennal de recherches (1989-1991)
Ministère de la Culture et de la Communication
(Sous-Direction de l'Archéologie)
Département du Morbihan
Ville de Locmariaquer
SOMMAIRE
Remerciements
Avant-propos
1 - Le cadre géographique et l'implantation mégalithique
dans le Golfe du Morbihan.
2.-Historique des travaux sur la Table des Marchand.
2.1. - Problèmes de toponymie.
A propos de l'appellation TABLE DES MARCHAND(S).
2.2. - Travaux anciens.
2.3. - Les travaux du programme triennal 1986-1988.
2.3.1. -Etat des lieux en 1986.
2.3.2. -Premières problématiques.
2.3.3. -Organisation du chantier.
2.3.4. -Résultats globaux à l'issue du premier plan triennal.
2.3.5. -Problèmes de terminologie.
3 -Le second programme triennal (1989-1991)
3.1. - Problématique et objectifs.
3.2. - Procédures de fouilles.
3.3. - Résultats
3.3.1.-Compléments d'informations sur le cairn et ses éboulis.
3.3.2 - La datation radiocarbone du foyer F 5.
3.3.3. -Affleurements granitiques, nivellements et carrières.
La fosse ZL7.
carrières et dépotoirs.
3.3.4. - L'alignement du Grand Menhir
4 -Etude générale du matériel archéologique.
4.1 - Le matériel archéologique du niveau pré-TDM
4.1.1.-Répartition générale.
4.1.2 - Le matériel céramique.
4.1.3 - Le matériel lithique.
4.2 - Le matériel archéologique du niveau TDM.
4.3 - Occupations récentes du site de la Table des Marchand
5 - Conclusions
REMERCIEMENTS
A l'instar du premier programme (1986-1988), ce deuxième programme triennal de recherches sur le site de la Table des Marchand à
Locmariaquer a été réalisé de 1989 à 1991 dans le cadre d'une convention
tripartite associant -le Ministère de la Culture et de la Communication - le
Département du Morbihan - la Ville de Locmariaquer. Nous remercions
vivement ces trois partenaires qui ont assuré le financement de l'opération,
la Société d'Aménagement du Morbihan (Sagemor) et l'Association pour les
Fouilles archéologiques nationales (AFAN) qui ont géré le personnel
contractuel et les crédits.
A la Sagemor et à la Municipalité de Locmariaquer nous témoignons de notre vive gratitude pour l'aide technique apportée pour le fonctionnement général du chantier et pour leur importante contribution à la
présentation scientifique du site à quelque 80000 visiteurs annuels, dont
évidemment une part considérable d'étrangers, auprès desquels les guides,
courageuses et efficaces, ont été nos interprètes.
Le fonctionnement du chantier a été assuré grâce aux contributions personnelles, matérielles et techniques -de la Direction des Antiquités de Bretagne qui a pris en charge une part importante de l'intendance
et de la logistique - de la Direction des Antiquités des Pays de la Loire pour
le prêt de matériels techniques, - du Centre National de la Recherche
Scientifique et de l'Université de Nantes qui permettent la poursuite des
recherches en dehors des missions sur le terrain.
Une pensée spéciale va aux nombreux fouilleurs qui se sont succédé sur le chantier. Il est assez banal de répéter que sans eux rien n'aurait
été réalisé. Nous voudrions souligner bien davantage combien leur contribution, bénévole et anonyme, à une recherche souvent ingrate et toujours
aléatoire, est pour nous fondamentale. Nous leur adressons nos plus vives
remerciements et l'assurance de notre reconnaissance; tout spécialement
nous sommes redevables de l'amitié de ceux qui reviennent durant plusieurs
années, assurant avec nous la mémoire de la recherche, la continuité méthodologique du travail et l'encadrement des nouveaux fouilleurs.
LOCMARIAQUER
Etat de la Table des Marchand avant 1937.
On peut remarquer le niveau du eairn autour de la chambre, le
sommet de la dalle de chevet et la cassure de l'extrémité est
de la dalle de couverture.
"L'importance des monuments de Locmariaquer et leur célébrité,
Monsieur le Ministre, en font vivement désirer la conservation".
Prosper Mérimée, 1836.
La Table des Marchand et le Grand Menhir (brisé) forment, avec
le tumulus voisin d'Er Vingle, l'un des ensembles mégalithiques les plus
spectaculaires de Bretagne. La renommée internationale de ce site est due
à la dimension colossale du Grand Menhir (environ 300 tonnes) taillé dans
un matériau (orthogneiss) étranger au socle rocheux de Locmariaquer, au
problème subséquent de son transport et de son mâtage, au mystère bien
entretenu, durant des décennies, sur les causes et la date de sa chute, à
l'équilibre séculaire de l'énorme Table des Marchand perchée sur trois
piliers et enfin à la qualité des gravures et sculptures visibles à l'intérieur
de la chambre, sous cette Table.
Jusqu'en 1937, la Table des Marchand et le Grand Menhir ont
fourni une illustration idéale du mégalithisme romantique et celtomaniaque. Puis les protections effectuées à cette date ont bouleversé la vision
ethnographique, bien ancrée dans les mentalités, sans apporter de compensation scientifique. A partir de 1986, les recherches ont été reprises pour
une connaissance plus approfondie des structures de la Table des Marchand
(tombe centrale et cairn) et pour une remise en état de l'ensemble de
l'édifice en rapport avec les réalités architecturales mises en évidence.
LE GOLFE DU MORBIHAN
Carte de répartition des
grands monuments à dalles ornées
(Néolithique moyen)
1 - Le cadre géographique et l'implantation mégalithique
dans le Golfe du Morbihan.
Le Golfe du Morbihan constitue l'un des traits marquants de la géographie littorale du Sud de l'Armorique. Vaste dépression envahie par les eaux
marines à la suite de la transgression flandrienne, communiquant avec la
mer par l'étroit goulet situé entre la pointe de Kerpenhir à l'Ouest et la
pointe de Port Navalo - Bilgroix à l'Est, cette zone est parsemée de nombreuses iles de toutes dimensions, allant de l'îlot d'Er Lannic à la vaste
Ile-aux-Moines. A l'époque néolithique, le niveau moyen de la mer se situant à 6 mètres au moins sous le niveau actuel, le niveau des plus hautes
mers correspond au niveau des plus basses mers actuelles. La configuration
générale des lieux est donc quelque peu différente de celle que nous
connaissons; les actuelles îles ne sont que des collines séparées par des
vallées dans lesquelles ne coulent que deux rivières, celle d'Auray venant
du Nord et celle de Séné/Vannes venant de l'Est.
C'est dans la zone occidentale du Golfe, située près de l'accès à l'Océan,
que se trouve la concentration la plus remarquable de très grands monuments mégalithiques renfermant la majeure partie des oeuvres d'art pariétal
du Morbihan et de l'Armorique. En effet, on y rencontre, à l'Est, la tombe
à couloir de Penhape à l'Ile aux Moines, vers le Nord, la tombe sous cairn
de Gavrinis et celle à encorbellement de l'Ile Longue, toutes deux sur
Larmor-Baden, vers le Sud, sur la presqu'île de Rhuys, la tombe de Grah
Niol et le grand cairn de Petit-Mont sur la commune d'Arzon, et enfin vers
l'Ouest, la presqu'île de Locmariaquer et ses nombreux édifices mégalithiques. A côté de ces tombes il existe aussi des monuments tels que le grand
hémicycle de Kergonan à l'Ile aux Moines et les enceintes contiguës de l'îlot
d'Er Lannic.
La presqu'île de Locmariaquer possède donc une longue façade tournée
vers le Golfe le long de laquelle, sur une ligne de crête, s'alignent de très
imposants monuments, la tombe à couloir de Kerveresse, le tumulus et la
tombe à couloir de Mane-Lud, l'ensemble du tertre d'Er Vinglé, du Grand
Menhir et de la Table des Marchand, puis le menhir abattu de Men Bronzo,
la tombe à couloir de Mane Rutual, le coffre de Kerlud, jadis dans un long
tumulus, et enfin le grand cairn de Mane-er-Hroëch. Tous ces édifices
comportent des dalles gravées et appartiennent au Néolithique moyen.
2 - Historique des travaux sur la Table des Marchand
2.1 - Problèmes de toponymie.
A propos de l'appellation TABLE DES MARCHAND (S).
La plus grande confusion existe aujourd'hui sur l'origine de cette
appellation et sur sa signification.
Il y a quelques années, la dénomination TABLE DES MARCHANDS, qui, dans l'esprit de la plupart des personnes, sous-entendait que
des opérations de commerce se soient déroulées autour de ce monument, a
été contestée par quelques personnes de Locmariaquer, notamment J.B.
CORLOBE, qui suggérèrent que le nom de Marchand pouvait provenir du
nom d'anciens propriétaires, les MARCHAND. Or cette hypothèse est ellemême contestée, dans la mesure où, s'il y a bien eu des MARCHAND établis
à Locmariaquer, apparentés d'ailleurs à des familles dont les terrains jouxtaient le site mégalithique, il n'y eut cependant jamais un MARCHAND
directement propriétaire de la parcelle où se trouve le mégalithe.
Monsieur Yann LE GAUDION, habitant à Locmariaquer, s'est
livré à une étude poussée des documents mentionnant La Table des Marchand^) et a bien voulu nous livrer l'état actuel de sa documentation. On
remonte ainsi au début du 19 siècle, ce qui s'avère insuffisant pour résoudre
l'énigme, dans la mesure où les premières appellations sont transcrites par
des archéologues francisants; il semble par ailleurs que se soient produites
diverses transcriptions homophoniques du breton au français et vice-versa,
puis des bretonnisations abusives au 20 siècle.
Dans les années 1830, l'appellation Table de César est employée
par divers auteurs, mais il s'agit d'une dénomination attribuée à nombre de
sites du Morbihan. Prosper Mérimée écrit: "ce dolmen qu'on appelle, je ne
sais pourquoi, la Table des Marchands, DOL AR MARCHANT".
Dès cette époque et durant tout le 19 siècle, plusieurs auteurs vont
donc accoler une forme française qui est invariablement "TABLE ou DOLMEN DES MARCHANDS" et une forme bretonne qui varie entre DOL AR
MARCHANT, DAUL VARCHAND, DAUL ER VARCHANT, avec des
fantaisies du style Dol ar Mer'Cohant (table de la jolie fille!). C'est avec les
cartes postales, et il semble que Z. Le Rouzic y contribue, qu'apparaît une
forme bretonne pluriel: Dol ar Marc'hadourien, totalement fabriquée, et de
surcroît en breton cornouaillais; mais ceci contribue à accréditer et à
conforter l'acception de Table des Marchands, rendez-vous d'affaires !
Sachant qu'en adoptant imprudemment la forme MARCHAND,
sans en avoir vérifié les fondements, nous avons commis une erreur, nous
persisterons pourtant dans cette graphie qui, au moins, a le mérite de ne pas
accepter sans réserves l'une de ces nombreuses fantaisies ethnographiques
qui tournent autour des mégalithes. Pour ne pas ajouter à la confusion, il
convient d'attendre que d'autres sources archivistiques, historiques ou linguistiques nous fournissent une explication sur la signification de ce toponyme.
Notons que pour les habitants de Locmariaquer, la zone comprenant le Grand Menhir, le tumulus d'Er Grah (ou Er Veinglé) et la Table des
Marchand, s'appelle Er Groh ( la grotte), toponymie que l'on retrouve au
cadastre dès 1830; tous les enfants allaient jouer au Groh !
2.2 - Travaux anciens.
Sans reprendre intégralement ce que nous avions déjà décrit dans
le précédent rapport de synthèse (1986-1989), il nous apparaît essentiel de
fournir quelques repères chronologiques sur les opérations qui ont intéressé la Table des Marchand.
L'une des plus anciennes citations de ce monument se trouve dans
le Dictionnaire de Bretagne de L. OGEE (1778-1780) qui en souligne les
traits essentiels, l'énormité de la dalle soutenue par trois piliers.
Le 27 juillet 1811 est une date essentielle puisque c'est alors le
premier déblaiement de la chambre par M. RENAUD. On en retient surtout
que dans les couches de cendres et de terre furent trouvés des fragments de
vases d'une terre brune très grossière et un peloton de fil d'or qui excita la
cupidité des chercheurs de trésors et disparut.
On accordera au chevalier de FREMINVILLE d'avoir, dès 1827,
reconnu les bris intentionnels du Grand Menhir et de la dalle des Marchand.
Sir Henry DRYDEN et William C. LUKIS dressent, le 24 juillet
1867, les premiers plans et élévations qui donnent l'état du monument avant
les restaurations de la fin du siècle. On distingue notamment le niveau du
tertre entourant la chambre. Les premiers recueils des gravures mégalithiques datent de cette période (Davy de CUSSE, 1865).
L'Etat ayant acquis le monument, des restaurations y sont effectuées en 1883; en même temps le couloir est déblayé. Le "quadrupède" du
plafond de la chambre est identifié. En 1891, les moulages de la stèle de
chevet imposent un déblaiement profond; en 1892, la paroi nord de la
chambre est obturée par une maçonnerie dont les fouilles de fondations
rencontrent un dallage et divers objets, néolithiques ou modernes.
Nouvelles interventions en 1905, notamment pour fouiller l'entrée
du couloir, et Z. LE ROUZIC découvre ainsi une partie d'une muraille
d'enceinte à laquelle il ne prête qu'une importance relative puisqu'il
construit de part et d'autre de l'entrée une petite murette basse de façade;
bien entendu de nouveaux objets sont découverts, conservés au Musée de
Carnac, et, comme il se doit, des fragments recueillis alors sont complémen-
taires de ceux que nous découvrirons en 1986. Devant l'entrée est découvert
un bloc de granité taillé en forme de corne, actuellement à Carnac.
En 1910, Z. LE ROUZIC et Ch KELLER exposent leur interprétation des épis de blé et du soleil figurés sur la dalle de chevet. En 1927, M.
et S.J. PEQUART, avec Z.LE ROUZIC, publient le Corpus des signes
gravés.
1937 est une autre date essentielle dans l'histoire du monument.
Avec l'accord des Monuments historiques, Z. LE ROUZIC complète les
maçonneries de soutènement entourant la chambre et le couloir et les
surélève jusqu'au plafond. Le monument est alors inclus dans un néo-cairn
qui est accumulé tout autour de la dalle de plafond. De l'extérieur, on ne
voit plus que le sommet de la dalle de couverture ; à l'intérieur, les jointoiements excessifs de la maçonnerie et les fausses dalles de couverture en
béton du couloir sont du plus mauvais effet, tandis que par temps de pluie
l'usage d'une paire de bottes est rendu nécessaire, malgré des remblaiements successifs dont une conséquence fâcheuse est d'obliger à passer à
quatre pattes sous l'entrée et de masquer la base de la stèle de chevet.
Signalons enfin que la nature pétrographique de la dalle de chevet,
un grès d'époque tertiaire, est signalée en 1976.
2.3 - Les travaux du programme triennal 1986-1988.
2.3.1 - Etat des lieux en 1986.
Sur la parcelle appartenant à l'Etat, les quatre morceaux du
Grand Menhir gisent au Sud. Vers le Nord, la dalle de couverture de la
tombe des Marchand affleure au sommet d'un tertre de trente mètres de
diamètre et deux mètres de hauteur remodelé en 1937. L'entrée du couloir
n'est pas à plus de 6 mètres de la limite de parcelle ce qui ne procure pas
des surfaces de fouille et un dégagement suffisants; de surcroît, il apparaîtra
que les exutoires des drainages de l'intérieur du monument ont causé de
graves dégâts dans les niveaux d'occupation devant l'entrée. Sur les côtés
nord et ouest de la parcelle, de très grands cyprès, plantés il y a une
cinquantaine d'années, réduisent la surface de fouille et perturbent les
couches archéologiques.
2.3.2. -
Premières problématiques.
Les objectifs de la première tranche de travaux concernaient le monument de la Table des Marchand proprement dit puisque la
finalité était de pouvoir le remettre en état. Nous avons donc travaillé - à
la recherche des vestiges du cairn d'origine et de ses structures. - au nettoyage des structures mégalithiques de la chambre et du couloir. - à l'examen du sol sur lequel le monument fut construit.
2.3.3 - Organisation du chantier.
Telle qu'elle a été définie en 1986, l'organisation du chantier a induit l'ensemble des travaux des deux programmes triennaux.
Le carroyage général du chantier est basé sur deux axes
orthogonaux ayant une origine commune, orientés, l'un, sud-ouest/nord-est,
dont les subdivisions métriques sont désignées par des lettres, de A à Z, puis
au-delà de Z, AA, AB,AC,etc, et l'autre, sud-est/nord-ouest, dont les
subdivisions métriques sont désignées par des chiffres, de 1 à n; l'extension
en deçà de O a nécessité une numérotation 01,02,03. Le Nord magnétique
se trouve dans la diagonale de notre carroyage.
Les altitudes sont toutes données au-dessous d'une cote de
référence arbitraire, 20,00, correspondant au point culminant du tertre
avant les fouilles.
Terre végétale
i
©
©
©
(D
©
5m
+
2
+
3
+
4
Remblais 1938
Sol pré-193 8
Eboulis
Cailloutis et sol d'occupation
Sol ancien
Déblais XIX et XX siècles
Couches remaniées. Gallo-romain
Remplissage des structures en creux
Niveau stérile
Cairn néolithique
Socle granitique
28
©
®
©
©
©
©
Terre végétale
Remblais 1938
Sol pre-1938
©
©
©
Déblais XIX et XX siècles
Couches remaniées Gallo-romain
Cairn néolithique
®
®
ancien
+
29
+
[POTEAUX)
+
34
+
35
+
LOCMARIAQUER _
Cairn des Mai-o h^Jtnci
cfc. occupât ion j^>Jt~é—TDM .
Coupes orthogonales synthétiques passant par la chambre de la
Table des Marchand.
1: coupe sud-ouest/nord-est; 2: coupe sud-est/nord-ouest.
2.3.4 - Résultats globaux à l'issue du premier plan triennal
Après l'enlèvement des remblais 1937 (couche 2)entassés
sur les résidus du cairn d'origine (couche 6), ceux-ci ont pu être fouillés sur
les trois-quarts de la périphérie du monument. Il a été démontré que celuici avait servi de carrière à l'époque gallo-romaine. Les prélèvements de
pierres ont été organisés en partant d'une tranchée au sud du cairn (carrés
O-P/8-9) qui s'est développée vers le centre, a atteint et contourné les
structures mégalithiques de la chambre, et a longé la face nord du couloir,
ressortant à droite de l'entrée. Ainsi le cairn a-t'il pris une forme de cratère
qui s'est rebouché de terre et de menues pierrailles (couche 5). Ainsi le
monument mégalithique s'est-il trouvé dégagé. Ainsi les structures muraillées périphériques ont-elles été préservées. On peut envisager que ce sont
les mêmes gallo-romains qui ont détruit la paroi nord de la chambre en
enlevant ou brisant trois piliers.
Dans la masse du cairn résiduel, deux murs ont été reconnus. Le mur I, partant de l'entrée du couloir, construit en dalles de
granité plates bien ajustées, possède un rayon oscillant entre 8 et 10 mètres,
avec un centre approximatif sur la chambre. Le mur II, construit de façon
plus grossière, avec des blocs irréguliers, prend ses origines, à 4 et 6 mètres
de part et d'autre de l'entrée, contre le mur I dont il s'écarte rapidement
pour atteindre un rayon de 16 mètres vers le nord-ouest, c'est-à-dire à
l'opposé de l'entrée. Nous pensons que la conception et la construction de
ces murs ont été synchrones.
Autour du cairn, sous les éboulis (couche 7), nous avons pu
observer presque partout un niveau régulier de pierrailles (couche 8) s'étendant à environ deux mètres en avant des murs extérieurs. Cette pierraille
est d'un module très inférieur à celui des blocs d'éboulis et ne peut donc se
confondre avec eux; d'autre part les couches sous-jacentes étant exemptes
de pierres (sauf celles des structures bien délimitées des foyers et des
calages de poteaux), il ne peut y avoir non plus de confusions. Cet empierrement peut donc être considéré comme le niveau d'occupation de l'époque
d'utilisation de la Table des Marchand. Sur ce niveau, de part et d'autre de
l'entrée, mais aussi en divers points autour de la base du cairn, des poteries
ont été recueillies. Ce sont des fragments importants de bols, assiettes et
bouteilles, souvent reconstituables, ayant une pâte fine, des parois peu
épaisses, un remarquable lissage des surfaces extérieures et une couleur
foncée; on n'observe aucun décor sinon quelques boutons doubles (cf. fig.
70 et 71).
La Table des Marchand -la tombe mégalithique et son cairn
à deux murailles - a été installée sur un niveau d'occupation plus ancien. Il
s'agit d'une couche de sédiment fin, limoneux, de couleur jaune, homogène
sur une épaisseur pouvant atteindre 0,3 m. Au cours des trois premières
années de fouilles, ce niveau pré-Table des Marchand (pré-TDM) a été
reconnu non seulement sous le cairn, derrière la chambre et le long de la
paroi nord du couloir, sous les éboulis périphériques et le niveau d'empierrement, mais aussi dans une première extension des décapages vers le Grand
Menhir. Ce niveau contient une étonnante masse d'informations archéologiques. Ce sont d'abord des milliers de pièces mobilières, silex et fragments
de poteries, des meules, molettes et percuteurs; ces objets ne sont pas
répartis uniformément et l'on peut observer de fortes concentrations (correspondant, pour certaines, à des ateliers de taille du silex, en particulier
I-L/13-17) mais aussi des zones stériles. Dans le même niveau, il existe aussi
des structures - soit des foyers, caractérisés par des soles de pierres rougies,
avec des cendres ou des tisons autour ou sous la sole, soit des trous de
poteaux implantés dans le sol et le socle, avec ou sans pierres de calage.
Le matériel céramique du niveau pré-TDM correspond,
sommairement, - à des poteries de type coupes-à-socle, à décor par impressions de points, organisées en motifs linéaires ou en triangles, - à des
poteries à col concave bien marqué sur lequel sont tracées des lignes
courbes (cannelures) avec motifs en arceaux ou ondulants et présentant
aussi assez souvent une ligne circulaire de points sur l'angle panse/col. Ces
deux types, considérés ici sous leurs seules différences morphologiques et
décoratives, sont étroitement imbriqués, contemporains et peuvent être
réunis dans la définition d'un même faciès culturel.
Les deux datations radiocarbone obtenues sur des charbons
prélevés dans des structures du niveau pré-TDM:
Gif 7554: 5170 + - 70 BP, soit 4135-3785 av. J.C., (trou de poteau P4)
Gif 7555: 5040 +- 70 BP, soit 3950-3660 av.J.C, (foyer F3)
nous ont paru suffisamment concordantes pour considérer la charnière des
5 et 4 millénaires comme la transition entre le niveau pré-TDM et la
construction TDM.
2.3.5.- Problèmes de terminologie.
La terminologie employée jusqu'à présent sur les sites appelés Table des Marchands et Grand Menhir brisé se rapportait à des monuments dégradés et incomplets.
Ici sont définies ou précisées quelques appellations nouvelles se rapportant aux structures découvertes au cours des six années de
fouilles. Elles tentent de trouver des formules simples et suffisamment
descriptives qui représentent la réalité des architectures et des situations
stratigraphiques et chronologiques.
Table des Marchand: fragment d'une stèle en orthogneiss,
placé sur la chambre d'une tombe à couloir pour servir de plafond; dégagée
à l'époque gallo-romaine elle devient un spécimen spectaculaire de dolmen,
visible de l'extérieur jusqu'en 1937.
Tombe à couloir des Marchand : sépulture de type mégalithique dégagée en 1811, comprenant un couloir et une chambre; les éléments remarquables sont la stèle de chevet avec sculptures et la fameuse
dalle de plafond, ex-stèle à gravures.
Cairn des Marchand : ensemble des structures de pierres
entourant la tombe mégalithique des Marchand; limité par deux murs en
pierre sèche circulaires mais non concentriques.
Niveau Table des Marchand (niveau TDM) : sol d'occupation à l'époque de construction et de fonctionnement du cairn et de la tombe
à couloir des Marchand.
Grand Menhir : gigantesque pierre de 20 m de longueur,
pesant environ 300 tonnes, actuellement brisé en 4 fragments couchés sur
le sol.
Alignement du Grand Menhir : ligne de fosses et de structures de calage de pierres dressées aujourd'hui disparues, orientée sur la
fosse d'implantation supposée du Grand Menhir qui serait donc l'un des
éléments d'un alignement orienté N 37 g. La destruction de cet alignement
étant contemporaine de la construction de la tombe à couloir des Marchand,
son existence se situe donc dans une phase antérieure au niveau TDM.
Niveau d'habitat antérieur au Cairn des Marchand (niveau
pré-TDM) : ensemble de structures de trous de poteaux avec calages, de
structures de combustion, de carrières et dépotoirs, de matériel archéologique lithique et céramique, sur lequel a été édifié le cairn des Marchand et
sa tombe à couloir. L'alignement du Grand Menhir et la stèle de chevet de
la tombe à couloir des Marchand participeraient de cette phase.
4
Cairn
3
Cailloutis / couche 8
Sol pré-TDM/couche 9-(trou de poteau)
h
+
+
+
+ ■
+ ♦
Rocher
Sol d'occupation gallo-romain —
Dépôt Bronze
Perturbations modernes
Coupe 28
Grand
Menhir
AA
LOCMARIAQUER.
Cairn de la Table des Marchand
et alignement du Grand Mennir _
Plan général avec signalisation des structures
du niveau pré-TDM.
AB
AC
Le second programme triennal (1989-1991).
3.1. - Problématique et objectifs.
A l'issue du premier programme de trois ans, les structures propres à la Table des Marchand avaient été dégagées et étudiées, laissant la
place aux consolidations et restaurations. Seuls les éboulis de la face arrière, côté nord-ouest et ouest, n'avaient pas été dégagés, en raison de
l'encombrement des lieux par nos déblais et la présence d'une ligne de
cyprès quinquagénaires. Mais par ailleurs nous avions dégagé une surface
assez importante du côté sud, face au grand menhir et montré l'importance
de l'occupation pré-Table des Marchand.
La problématique du nouveau programme était basée sur la
connaissance la plus large possible de cette occupation ancienne du site, par
une extension des décapages autour du cairn, dans la mesure des terrains
disponibles et des contraintes liées à l'exploitation touristique du site. Nous
avions envisagé de fouiller largement devant la façade sud-est, devant l'entrée; cela n'a pas été possible en raison des contraintes de propriété privée,
les procédures d'acquisition des parcelles situées au Sud-Est n'ayant pas
abouti dans les délais. Nous avons donc concentré nos efforts sur une extension de la fouille vers le Grand Menhir, en direction du Sud-Ouest ; cette
opération a duré deux années, 1989 et 1990. Puis en 1991, après abattage
des cyprès et enlèvement des déblais, nous avons dégagé l'arrière des éboulis du cairn et fouillé une bande jusqu'aux limites du terrain de l'Etat.
3.2 - Procédures de fouilles.
Les fouilles pratiquées en direction du Grand Menhir ont concerné une bande de 8 mètres de large dans l'axe nord-ouest-sud-est dont les
divisions métriques ont été désignées ZA,ZE,ZI,ZO,ZU,XA,XE,XI. La
bande A a donc été réservée pour la circulation et pour conserver une coupe
longitudinale de référence. Dans l'axe sud-est-nord-ouest, la fouille s'est
étendue sur 23 mètres, de la bande 4 à la bande 26.
A l'arrière du cairn, le décapage a concerné un secteur de 26
mètres, de E à AE, sur une largeur de 7 à 8 mètres, de la bande 27 à la bande
36. On retiendra tout de suite que cette zone était perturbée par l'implantation de plusieurs cyprès qui ont laissé leur empreinte dans le socle rocheux; leur déracinement n'a pas entraîné de grosses perturbations
périphériques, mais, juste sous les souches, toute stratigraphie avait disparu.
Au total, les surfaces fouillées atteignent 400 m2. On y ajoutera
quelques mètres carrés entre F et I, dans les bandes 01, 02 et 03, où, à défaut
des structures néolithiques convoitées, nous avons mis le doigt sur des
éléments d'un dépôt de l'Age du Bronze final.
3.3 - Résultats
3.3.1 - Compléments d'informations sur le cairn et ses éboulis.
L'accès aux niveaux de sol ancien sur la face arrière du cairn
exigeait le dégagement préalable des éboulis dans les carrés O-AE/28-36.
La fouille de ces éboulis s'est faite ici de manière très rigoureuse, en
ménageant des banquettes donnant une stratigraphie de référence. En effet
nous nous étions aperçus, en maints endroits, que les effondrements progressifs des murailles avaient pu sceller des couches lenticulaires, de diverses époques, susceptibles de nous donner une chronologie des
destructions. On se souvient, en particulier, des éléments archéologiques,
tels que poteries à incisions et cannelures et armatures de flèches à pédoncule et ailerons, de type néolithique final, découverts à la base des éboulis
dans les secteurs sud et sud-est. Une datation radiocarbone d'un amas de
charbons dans ces niveaux inférieurs d'éboulis, carré L.9, ait. 17.89, a fourni
une date de 3250 +-120 BP (LGQ 557), soit 1680 - 1420 av J.C. qui révèle
une fréquentation à la fin du Bronze moyen, attestée par ailleurs par des
poteries. Nous verrons également que des fréquentations à la fin du Bronze
final sont indiscutables.
Bien nous a pris de procéder avec prudence à cet enlèvement des pierres effondrées car, comme nous le verrons plus loin, elles
étaient étroitement imbriquées avec les pierres de calage des stèles disparues dont l'alignement passe derrière le cairn, à 2 mètres de la base du mur
IL
Les éboulis s'étendent jusqu'à 5 mètres environ de la base
du mur II (fig.5; coupe 31). Cette masse de pierres, d'une puissance de 0,8
m à l'aplomb du mur, va en s'amenuisant vers l'extérieur; ce sont des blocs
massifs, de formes quelconques, mais d'une dimension très supérieure à
celle des blocs ordinaires du cairn. Il n'y a là aucune dalle plate. Ces
matériaux confirment l'idée que l'on pouvait se faire du mur II, construit
avec des blocs plus hétérogènes et donc moins bien ajustés que ceux du mur
I. En raison de cette technique de construction, assez sommaire, il nous
avait semblé que ce mur II n'avait pu être très élevé; aux endroits où il est
le mieux conservé, dans le carré AG.5, à droite de l'entrée, il est préservé
sur une hauteur de 1,5 m environ. Sur cette face arrière, la hauteur préservée du mur II n'excède pas 1 mètre. En même temps que nous procédions
aux fouilles, il nous est apparu intéressant de nous livrer à une expérimentation de restauration du mur II, à partir des éléments disponibles dans les
éboulis. Nous avons donc remis scrupuleusement toutes les pierres dégagées
entre O et AE sur les structures encore en place, et autant que possible en
vis-à-vis de leur point de chute. En replaçant les éboulis sur la dernière
arase préservée, on obtient une hauteur qui dépasse nettement 2 mètres
91.809
LOCMARIAQIJKR - Cairn des Marchand
Vue sur le mur II, à l'arrière du cairn. Au fur et à mesure des
dégagements,
les éboulis ont été remontés sur les assises
encore en place dont ils se distiguent par une teinte un peu
plus brune.
UOCMARIAQUER - Niveau Pré-T.D.M.
Foyer F. 5. Les tisons carbonisés apparaissent sous la sole de
pierres brûlées. Datation radiocarbone: 5220+-130 BP (LGQ 558).
(fig.6). Comme les prélèvements gallo-romains ont été effectués en forme
de cratère, préservant mieux les bords du cairn que le centre, il est permis
de penser que nous possédons, dans les éboulis, à peu près tout le volume
de pierres de la ceinture extérieure du cairn dont la hauteur originelle se
situait autour de 2,5 mètres.
A la base du mur II, entre la bande T et la bande AB, nous
avons pu observer les résidus d'une structure complémentaire qui reste mal
définie; il s'agit d'une série de pierres posées à plat sur le niveau de cailloutis, plus ou moins parallèle au tracé du mur II. En V-W/30-31, cette
structure, avec trois assises de pierres superposées, est la plus nette, formant un petit muret dont on peut penser qu'il a été plus haut car des pierres
se sont éboulées juste devant lui. La recherche attentive de la prolongation
de cette structure plus au nord n'a pas fourni d'évidences indiscutables;
juste quelques pierres à plat sans continuité. Ces vestiges, qui peuvent être
les restes d'un mur complémentaire ou d'une plate-forme sur l'arrière du
cairn, ont été préservés pour une réflexion plus approfondie.
3.3.2.-La datation radiocarbone du foyer F 5.
Le démontage du foyer F 5 avait permis de récupérer des
tisons carbonisés sous la sole de pierres rougies (fig.7). Nous avons fait
effectuer une datation radiocarbone sur ces charbons. Le résultat est le
suivant: LGQ 558: 5220 +- 130 ans, soit 4230-3950 av. J.-C.
3.3.3 - Affleurements granitiques, nivellements et carrières.
Lors des fouilles que nous avions effectuées sous le cairn,
en 1988, dans une zone fortement perturbée par les gallo-romains, nous
avions rencontré, en Q 10 un pointement rocheux affleurant juste au niveau
du sol d'occupation pré-TDM, qui démontrait bien les irrégularités du socle
granitique sous la couche de terre limoneuse jaunâtre qui le recouvre.
Dans les années 1989-1990, nous avons exploré une bande
de 8 mètres de large sur 23 mètres de longueur dans le sens nord-ouest-sudest, située à peu près à égale distance de la base supposée du Grand Menhir
et de la base du mur II du cairn des Marchand. Nous avons eu l'occasion de
vérifier les variations de l'aspect du socle et les travaux préhistoriques qui
l'ont affecté.
La fosse ZI.7.
Dans la partie sud-est de la zone décapée, le socle apparaît, parfois sous
quelques centimètres de terre à peine, sous un aspect de petites plaquettes,
résultat d'une altération profonde du granité dont l'arénisation se développe rapidement. La surface naturelle du socle se confond souvent avec le
LOCMARIAQUER
34
+
32
33
+
31
+
30
E
29
+
28
+
+
27
+
26
+
24
25
+
+
23
+
22
+
21
+
B 20
+
+
17
16
+
«
+
14
+
13
ZA 12
18.37
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17.4S
Rochtr
MEGALITHIQUE
POST - MEGALITHIQUE
Terre
Ortho - gneiss
végétale
PRE
|
9
... I
"Vieux
GEOLOGIQUE
T-D-M
MEGALITHIQUE
10
sol"
Comblement
ancien :
Terre
5
Terre
brun-clair
remaniée
8
limoneuse
jaunâtre
foncée
Cailloutis
Structures
en
creux
9.1
fosses
des
9.2
carrières
Terre
id. terre
:
noire
cendreuse
Colluvionnement
tW/iïà
T
»'re
| \_ |
Terre
du 'vieux
l^Kx^l
12
| t*vt l
Terre
Socle
stérile
arénacée
jaunâtre
clair
granitique
LOCMARIAQUER_
Occupâ t i on E>nré—TDM _
anguleux
granuleuse
^2
fine
sol
brun-foncé
Cailloutis
Couche
11
stèles
plus
jau lia t r e - f oncé
Coupe synthétique sud-est/nord-ouest le long de la bande A,
passant par la zone des carrières et par la fosse de stèle n°4
+
9
90.55
IXXTMAEOIAQLlIER. - Zone des carrières.
Fosse ZI.7. Extrémité nord taillée de façon abrupte.
niveau de pierres (niveau 8) qui marque la fréquentation autour du cairn
des Marchand. C'est pourquoi l'absence de pierrailles sur une surface s'étalant de part et d'autre d'un axe ZU.5-ZE.9 signalait une anomalie. Il s'agit
d'une fosse, centrée sur ZI.7, orientée sud-nord, ce qui correspond à la
direction des fractures majeures de la roche, avec une longueur de 4 mètres,
une largeur de 2 m et une profondeur maximale de 0,8 m. Le comblement
irrégulier comportait des alternances de masses terreuses et de pierrailles
éboulées, mais aucun gros moellon (fig. 9). L'interprétation de cette fosse
reste, pour le moment, indécise. L'absence de blocs de calage, à l'instar de
ce qui a été rencontré autour des fosses de l'alignement du Grand-Menhir,
ne plaide pas pour une fonction de fondation d'une pierre dressée. Pourtant
la régularité du creusement, notamment à l'extrémité nord où la taille est
abrupte, orthogonale aux plans de fracture, fait penser à une implantation
d'une pierre dont la hauteur modérée n'aurait pas nécessité l'emploi de
blocages massifs. S'agit-il d'une tentative d'exploitation du socle, parallèle
à celles qui se sont développées un peu plus à l'ouest? Rencontrant ici des
matériaux de mauvaise qualité, l'extraction n'aurait pas été développée en
largeur.
Carrières et dépotoirs.
En remontant vers le nord-ouest, le socle change d'aspect. Du faciès altéré
précédent on passe sans transition à un faciès massif. Selon une direction
diagonale au quadrillage de la fouille, c'est-à-dire sud-nord, on découvre
une masse de granité sain et compact, apte à fournir de bons moellons
résistants. Ce banc granitique est diaclasé selon la direction sud-nord, mais
on observe aussi de multiples fractures dans toutes les directions; les pendages des plans de diaclase sont ouest ou est, ce qui explique une exploitation en gouttières à profil en V séparées par des pointements aigus à double
pente (fig.10). En deux endroits, en ZU.12 et XI.19, à moins de 0,3 m
au-dessous de la surface de la zone de fouilles, le socle atteint l'altitude
maximale de 17,74 et 17,76, c'est-à-dire qu'il dépasse légèrement le niveau
de pierres qui marque le sol de construction de la Table des Marchand
(17.60 à cet endroit), et en ces deux points, la surface du granité n'est pas
aiguë, mais émoussée et érodée. Ces deux pointements de roche témoignent
de l'affleurement du granité à l'époque de la construction des stèles dont
nous aborderons le problème plus loin. Il n'est évidemment pas possible de
savoir quelle était l'altitude maximale hors-sol de ce petit massif, mais il est
certain qu'il a été exploité en carrière pour en retirer de bons matériaux, en
particulier pour le calage des stèles. Le débitage n'a pas été poursuivi à
grande profondeur, ce qui eut été possible sans grandes difficultés en raison
de l'état d'extrême fracturation de la roche, mais il semble que les besoins
en pierres aient été, à ce moment précis, très limités à l'obtention des blocs
de calage; en même temps, et ce point de vue est loin d'être négligeable,
l'opération permettait de niveler le terrain. De telles émergences de roche
sont attestées dans tout le secteur; elles ont été mises en évidence en 1986
dans les fouilles du nouveau cimetière et elles sont également suggérées par
les formes d'érosion visibles sur la face arrière de certains piliers du couloir, comme N3 par exemple.
10
90.85
IXJCartARZAQLUER - Zone des carrières.
Vue générale montrant le passage de la zone d'exploitation des
granités à la zone d'implantation des stèles.
Vue rapprochée sue l'exploitation du granité à la faveur des
nombreuses fractures, et stratigraphie du comblement.
\S
68 6
J^CX^MARIAQLUER
- Zone des carrières. Fosse ZA-ZE. 13-17.
Vue en plan horizontal sur la masse charbonneuse du comblement.
Vue sur la coupe du comblement, montrant le passage des résidus
de carrière (au fond) à la couche charbonneuse.
13
90.448
I^OGMARIAÊltnER - Zone des carrières.
La fosse ZO. 19. Remarquer les traces de feu sur les parois de
la roche, au-dessus de la réglette, et le débitage de la roche
à la faveur des diaclases et fractures.
90.464
LOCMARIAQUER - Niveau pré-TDM.
Zone de transition entre la zone des carrières sur la gauche et
la zone des stèles à droite. Remarquer la couche de terre jaune
très pâle, damée, qui, partant de la zone des stèles vient
recouvrir le comblement de la fosse XI.19.Le trou de poteau
P.95 est creusé dans ce sédiment.
Le creusement des carrières a été très limité et très irrégulier. Les profondeurs maximales atteintes se situent vers 16,7, soit moins
d'un mètre sous le niveau moyen du sol des Marchand. Or, secondairement,
les plus marquées de ces cavités artificielles ont été utilisées comme fosses
de décharge. En ZO.19, XI.14 et XI.19, le fond des fosses cote entre 17 et
16.75; la plus importante en volume est la cavité située entre ZA.13 et
ZA.16, qui doit couvrir entre 8 et 10 m2 (fig. 8); ici le remplissage atteint
0,8 m, comprenant, de bas en haut, un premier colluvionnement de terre
granuleuse jaunâtre, puis des résidus d'exploitation de carrières; sur ces
comblements naturels viennent s'ajouter une masse de terre brune riche en
matériel archéologique et un ultime dépôt très noir, riche en charbons de
bois (fig. 10, 11). Cette masse a fait l'objet de nombreux prélèvements
tamisés à sec puis soumis à la flottation; ainsi, parmi les nombreux charbons,
des semences carbonisées ont été recueillies et l'on y reconnaît du blé. Une
datation radiocarbone LGQ 554 a donné le résultat: 4910 +-150 ans b.p.,
soit 3560-3920 av. J.C.
Au fond de certaines cavités, ou coincés dans des diaclases,
nous avons aussi découvert quelques blocs de quartz, utilisés comme percuteurs ou comme pics pour détacher les blocs de granité (fig. 65, 68). Peutêtre les carriers utilisaient-ils aussi des pics en bois de cervidé, mais il n'en
reste pas de traces. Quelques indices de feu sont visibles sur les parois de
fosses, comme celle qui est centrée sur ZO.19 (fig.13): des brasiers furentils utilisés pour favoriser l'éclatement de la roche ou bien y a-t-il eu tout
simplement des foyers pratiqués dans les cavités ?
La stratigraphie de comblement des deux petites fosses
XI.19 et ZO.19 permet de comprendre les rapports entre les carrières dépotoirs et l'alignement du Grand Menhir (fig. 12). Tout d'abord, en ZO.20, on
observe, sur le bord de la fosse ZO.19, des résidus du sol en place avant
l'occupation humaine; quelques graviers roulés pourraient être un résidu de
plage quaternaire. Les deux fosses ont été creusées assez profondément
dans le roc (cote 16.90); leur remplissage comprend essentiellement des
produits de lessivage ou des résidus de carrière où l'on trouve déjà des
charbons (deux datations radiocarbone LGQ 555 et 556 en ZU 19 (cote
17,12) et ZU.18/19 (cote 17,14) ont donné respectivement 4990 +-180 ans
b.p., soit 3650-3990 av. J.C, et 4580 +-140 ans b.p., soit 3070-3540 av. J.C).
Puis les couches charbonneuses remplissent le haut de la fosse ZO.19 ;
comme dans la fosse ZA.13-17, ces charbons viennent du bord nord-ouest
des fosses, c'est-à-dire du côté des stèles. Or ils sont eux-mêmes recouverts
par une couche de terre jaune puis par des rejets arénacés provenant du
creusement des fosses de stèles. En XI.19-20, le remplissage de la fosse qui
accusait un pendage assez net vers le nord-ouest, résultat possible d'un
tassement, a été complété par une couche de terre blanchâtre, extrêmement
dure, probablement compactée, qui s'étend jusqu'à la fosse Fo.3. La préparation du sol autour des stèles aurait donc été postérieure aux comblements
anthropiques des fosses-carrières. D'ailleurs le trou de poteau P.95 est
creusé dans cette terre blanchâtre.
Alignement dia Garsarici—Menhir -
3.3.4.- L'alignement du Grand Menhir.
En 1989 les premières fosses correspondant à des stèles
disparues apparurent à l'extrémité nord-ouest de la zone de décapage qui
avait déjà mis en évidence les carrières-dépotoirs. A la fin de 1990 nous
avions trois fosses alignées et les restes supposés d'une quatrième apparaissaient vers le Nord. Ces fosses sont creusées dans la terre jaune stérile qui
forme le substratum de tout l'habitat pré-TDM et dans l'arène granitique.
Elles sont nettement bordées, du coté sud-est, par des blocs de calage dont
l'agencement est resté bien visible contre les parois internes de certaines
fosses (fig. 16). L'axe de chacune des fosses oblongues Fo.l et Fo.2 et
l'ensemble de l'alignement matérialisé par les trois cavités se dirigent vers
le Grand Menhir. En même temps nous mettions en évidence des structures
de trous de poteaux clairement organisées autour et entre les fosses de
stèles; déjà se dessinaient deux lignes de poteaux, l'une P. 81, 92, 94, l'autre
P.84, 86, 95, parallèles à l'alignement de pierres. Enfin un niveau de débris
d'orthogneiss, résidus probables du débitage de blocs, était mis en évidence,
dans les carrés A et ZA 20,21,22, au niveau supérieur des couches pré-TDM,
exactement au niveau des cailloutis du sol des Marchand. On pouvait déjà
supposer qu'une stèle en orthogneiss,plantée dans Fo.l avait été extirpée,
débitée ou retaillée, et peut-être réutilisée; l'un des piliers du couloir, S4
ou N4, paraissait avoir pu jouer un rôle dans ce scénario.
En 1991, la fouille a été engagée sur la face arrière du cairn
des Marchand dégagée des déblais et des cyprès. Précédemment nous avons
relaté la fouille des éboulis et de la base arrière du mur II. Ces travaux
devaient également permettre de suivre la prolongation éventuelle de l'alignement des fosses ou son interruption, et nous espérions trouver aussi une
relation avec l'angle du tertre d'Er Grah. Sur ce dernier point les résultats
sont négatifs et il conviendra de rechercher plus à l'Ouest la terminaison
des parements latéraux de ce monument.
Il n'est pas utile d'entrer dans des détails techniques de
fouille, si ce n'est pour souligner une nouvelle fois les infinies précautions
qu'il convient de prendre dans l'enlèvement des éboulis à la périphérie d'un
cairn. Dans le cas présent, la base des éboulis se confondait avec le sommet
des calages; si nous n'avions pas été avertis de la présence de ces structures
sous-jacentes, il est probable qu'au moins les niveaux supérieurs des
comblements de stèles auraient été endommagés.
Le résultat final des décapages a donc mis au jour de nouvelles structures; au total, depuis la fosse Fo.3 du carré XI.23, nous avons
16 fosses alignées sur 37 m de longueur (fig.15). (Note: la numérotation des
fosses suit les contraintes de la fouille; commencée en 1989 dans la direction
du Grand Menhir, elle a été poursuivie cette année en sens inverse, de telle
sorte que Fo.l côtoie Fo.4; nous ne modifions pas, pour l'instant, cette
signalisation illogique, préférant attendre le prolongement des dégagements, susceptibles de reporter la suite de la numérotation vers le SudOuest; une révision du système s'imposera à la fin des travaux). En l'état
16
90-743
LOCMAIOIAQLlJrER -
Alignement du Grand Menhir.
Les fosses Fo.l (en haut), Fo.2 et Fo.3, encadrées par les
lignes de trous de poteaux. Remarquer les deux trous de poteaux
(P 82 et 83) entre Fo.l et Fo.2.
17
91.437
- Alignenent du Grand Menhir.
Vue sur la partie centrale, de Fo.5 en bas à droite à F0.11 à
gauche. Noter le foyer F.5 au pied du mur II.
Vue sur les fosses Fo.8 et Fo.7.
.18
1
524
LOCMARIAQUER - Alignenent du Grand Menhir.
Fosse Fo.7 avec ses blocs de calage bien en place.
Fosse Fo.9 avec le chicot d'une stèle brisée.
actuel de l'étude, les constatations suivantes peuvent être faites:
a : toutes les structures dégagées se présentent sous la forme d'amas
circulaires ou oblongs de blocs servant à caler les pierres qui s'y trouvaient
implantées; les blocs situés à la périphérie de l'excavation sont souvent
inclinés vers l'intérieur et attestent la réalité de creusements de fosses
(fig.17). Il apparaît que les fosses sont de taille variable; les fosses Fo.l et
Fo.2 avaient un grand axe dépassant deux mètres; la fosse Fo.12 n'a pas plus
d'un mètre de diamètre et Fo.15 est encore plus étroite, environ 0,8 m. Ceci
implique que les pierres fichées dans ces fosses aient été de taille variable,
elles aussi. Les calages de la fosse 10 semblent indiquer une large excavation
de près de 2,4 m de grand axe; il s'agit d'une "anomalie" dans une organisation générale qui montre une diminution de la taille des fosses de fondation
du sud vers l'extrémité nord, ce qui correspondrait sans doute à une diminution de la taille des pierres qui s'y trouvaient plantées.
b : à la surface de certains amas de blocs de calage on retrouve des
produits de débitage des pierres primitivement implantées dans les fosses;
ainsi il traîne sur Fo.4, Fo.5, Fo,6, Fo.7 et Fo.8 des morceaux de migmatite
qui contrastent avec les blocs de granité habituels. Dans la fosse Fo.9 il
subsiste encore, bien ancré, le chicot de granité (0,8 m de long sur 0,12 m
d'épaisseur) de la pierre dressée cassée (fig. 18).
c : les fosses sont très proches les unes des autres, surtout à partir de
Fo.4; les distances entre les extrémités des fosses de fondation oscillent
entre 0,3 et 0,8 m. Ces distances sont plus importantes, de l'ordre de 1,4 m,
entre Fo.2 et Fo.l et entre Fo.l et Fo.4; or c'est entre ces pierres que l'on
peut observer les fondations et calages de pieux en bois installés perpendiculairement à la ligne de pierres dressées.
d : l'orientation de l'alignement est Nm 27 gr.
e : la dernière fosse découverte à l'extrémité nord, Fo.16, est-elle la
dernière de l'alignement ou l'interruption est-elle due à la perturbation
résultant de la plantation et de l'abattage des cyprès ?
f : l'alignement est bien orienté sur la base du Grand Menhir. Fo.3 se
trouve à 18 m de cette base. Si l'on suppose que l'alignement découvert se
prolonge jusqu'à ce Grand Menhir, on obtient une longueur totale de 55 m.
La question qui découle de cette hypothèse très vraisemblable est de savoir
si le Grand Menhir se situait en tête de l'alignement ou au centre d'un
système se prolongeant de l'autre côté, vers le Sud.
g : la complémentarité que nous avions suspectée l'an dernier, entre
l'alignement de pierres dressées et certaines files de trous de poteaux s'est
confirmée puisque d'autres trous de poteaux sont venus s'ajouter, de sorte
que nous avons maintenant P.94, P.92, P.81, P.? (encore dans la coupe) et
P.99, espacés tous les deux mètres, sur le flanc ouest de la file de pierres,
et P.95, P.86, P.84, P.96 et P.98 sur le flanc est. Et, comme nous avions P.82
et P.83 intercalés perpendiculairement entre Fo.l et Fo.2, nous avons trouvé P.88 et P.105 entre Fo.l et Fo.4 (fig.19, 20). Il y a donc tout lieu de penser
que structures de pierres et de bois ont constitué un système global.
91.762
91.619
91.773
LOCMAR1 AQQLFECR - Alignement du Grand Menhir.
Zone intermédiaire
Différents stades de dégagement
fosses; noter aussi (photos du
niveau de débris d ' orthogneiss
dressées.
entre Fo.l et Fo.4.
des trous de poteaux entre les
haut, à gauche et à droite) le
venant du débitage des stèles
Etude générale du matériel archéologique
I
2V30
.T,
<1-50
^
.
61 70
-80
71
REPARTITION CERAMIQUE
LOCHARIAQUER
Nivesuciac
pré-TDM
Répartition des densités
du natériel lithique
par quarts de carrés.
••• • •
M 58 9-12 13-16
- o
17 2
REPARTITION LITHIQUE
AA
AB
AC
AD
4.1 - Le matériel archéologique du niveau pré-TDM
4.1.1.-Répartition générale
Depuis deux ans nous nous sommes employés à cartographier les répartitions des matériels lithiques et céramiques de la couche 9,
pré-TDM. Les densités de ces matériels sont données par quart de carré, ce
qui constitue une précision très suffisante. Cette année, outre la répartition
des objets découverts dans la campagne 1991, les cartes ont été complétées
par les répartitions des matériels de la campagne 1986, à droite de l'entrée
du couloir (fig. 21, 22).
Le résultat de ce travail est significatif. Les objets, loin
d'être répartis de façon quelconque, montrent des concentrations importantes et des zones très pauvres. Dans certains cas la limite entre secteur de
grande densité de matériel et secteur pauvre est d'une netteté remarquable.
C'est le cas par exemple dans la zone de fouille de 1991: la zone de très forte
densité repérée au pied du mur II en S et T-28 se poursuit vers X-30,31 puis
s'interrompt; au delà de Y-29 il n'y a plus de céramique sur plusieurs mètres
carrés et le matériel lithique est rare. Nous avions déjà remarqué la diminution très sensible des densités au fur et à mesure que l'on s'éloigne des
bandes H et I vers le Sud-Ouest. Il nous avait paru intéressant de noter aussi
des concentrations plus importantes aux abords des foyers, par exemple F.4.
On remarque par ailleurs l'incroyable concentration céramique et lithique
dans les carrés fouillés juste derrière la paroi nord du couloir; cette zone
ne connaît pas une richesse aussi forte devant la façade, à droite du couloir,
mais ici les perturbations dues aux travaux de drainage y sont peut-être pour
quelque chose.
Toutes les observations que l'on peut faire sur ces cartes de
répartition, aussi intéressantes soient-elles, achoppent sur l'impossibilité
de relier entre elles les zones de fouilles. Les parties intactes du cairn n'ont
pas été démontées, évidemment, ce qui crée d'importantes solutions de
continuité, inconvénient qui se répercute aussi sur l'étude de l'organisation
des structures de poteaux et sur la liaison entre foyers, trous de poteaux et
répartition du matériel.
Au niveau des structures de carrière, dans les bandes ZA à
XI, les faits sont plus lisibles: il nous semble évident que les fosses dépotoirs
ont été remblayées à partir de la plate-forme occidentale. Il y a toute une
bande riche en matériel, de ZA à ZO, qui s'allonge de 26 vers 12; de ZU à
XI on retombe dans un secteur pauvre.
4.1.2.-Le matériel céramique.
Une évaluation qualitative de l'ensemble du matériel céramique disponible a pu être abordée à la fin de l'année 1991; elle prend en
compte les éléments caractéristiques des fragments de poteries, formes des
rebords, des cols, des panses, des fonds, décors, préhensions. Faute de
temps et d'espace, il n'a malheureusement pas été encore possible de se
consacrer à la question des reconstitutions ou recollages, alors que la taille
des fragments dans la zone des carrières autorise quelques espoirs de remontages, au moins partiels. Mais inversement l'enthousiasme est tempéré
par la diversité des fragments décorés, montrant à quel point les vases ont
été fracturés; on ne possède, de toute évidence, jamais plus d'un ou deux
fragments semblant provenir du même vase.
Comme on l'avait déjà remarqué durant les premières campagnes de fouilles, deux séries principales de formes se distinguent. D'une
part, des vases à col bien marqué, plus ou moins concave, à ouverture évasée
ou rétrécie, à rebords simples, et d'autre part, des poteries à large lèvre et
fût cylindrique, communément appelées coupes à socle. A chacune de ces
deux catégories se rattachent des décors spécifiques.
a - Le groupe des poteries à col (type Castellic).
Le profil de ces poteries est de type composite, un col
assez haut, rentrant ou évasé, terminé par une lèvre simple (fig. 23), étant
monté sur une coupe basale à fond rond. La liaison entre le col et la coupe
basale est bien marquée par une rupture anguleuse du profil que l'on a pris
l'habitude de nommer "carène", d'où le nom de "vases carénés" attribué à ce
type de récipient (fig. 24, 25). Selon la pente du col, éversée ou rentrante,
l'angle de carène est plus ou moins ouvert. La ligne de carène peut être
ornée d'une ligne circulaire de points plus ou moins fins (fig. 26-29) ou de
groupes de cupules (fig. 27, 28). Cette série céramique possède un décor
caractéristique, placé sur le col, constitué de lignes courbes au relief très
faible, tracées à l'aide d'un objet à pointe mousse; ce sont des cannelures
(fig. 32-33). Les motifs représentent des arceaux, simples ou superposés, des
lignes ondulantes, très rarement des lignes droites. Les cannelures peuvent
être bordées de points (fig. 32-35); dans quelques cas on observe des points
imprimés dans le fond de la cannelure, et l'on connaît quelques tessons sur
lesquels les cannelures sont associées au décor de points sur la carène (fig.
39, 40). Un large tesson, provenant d'un grand vase à panse arrondie et col
rétréci, est orné de cannelures représentant deux lignes ondulantes autour
du col et deux crosses disposées symétriquement; un peu au-dessus du
diamètre maximum de la panse, on aperçoit le départ d'une ligne d'impressions triangulaires (fig. 36). Sur quelques tessons, de petits boutons sont
placés sur la ligne de carène, en association avec des lignes de points et des
cannelures (XA 10.6, AJ 01.4). Un long goulot à perforation capillaire (fig.
37)appartient à cette série céramique, un élément semblable ayant été
découvert sur le site du Castellic à Carnac sur une poterie à haut col orné
_ TABLE
DES
Profils de cols rentrants (vases à carène?).
—
IJOCMABIAQUER
MARCHAND
— IXDCMARIAQUTKR _ TABLE
DES
Fragments de poteries avec carène simple.
MARCHAND _
25
IXXMARIAQUER. TABLE
DES
gments de poteries avec carène sinple.
MARCHAND .
26
— TXOIARIAQUER.
TABLE
DES
MARCHAND
Fragments de poteries avec une ligne de pointillés sur la
carène.
28
W
XDCMAJECL AQUER _ TABLE
DES
MARCHAND .
îents de poteries avec décor de lignes pointillés auîs, au-dessous ou sur la rupture de pente.
29
91.975
— LOCMARTAQUER.
TABLE
DES
MARCHAND Fragments de poteries avec décor de cupules sur la carène.
91.965
— LOCMARIAQUER. TABLE
DES
MARCHAND _
Fragments de poteries avec carène et décor de cannelures
simples ou bordées de lignes pointillées ou associées à des
lignes pointillées sur carène.
34
91.966
DOCMARIAQLUER.
TABLE
DES
MARCHAND
îments de cols avec décor en arceaux (cannelures simples ou
lées de pointillés).
35
— LOGMARIAQUER. TABLE DES
MARCHAND
Fragment de vase (N.8,41) à décor cannelé comprenant deux
lignes ondulantes sous le rebord, une paire dé crosses et une
ligne d'impressions triangulaires.
N8-41
I
— LOCMARIAQUER. TABLE DES MARCHAND _
Céramiques du niveau 9 (sol pré-TDM): moyens de préhension,
boutons associés à des lignes pointillées sur carène et des
cannelures: XA.10,6; AJ.01,14; AC.6,175.
90.528
XZr*=iFÏI<=iOLJEFÏ- TABLE DES
MARCHAND
es du niveau 9 - A: décors de lignes de pointillés
on carré); B: décors de points dans des cannelures.
41
91.937
MARIAQUER. TABLE
DES
MARCHAND .
s de coupes à socle avec décor de points sur la lèvre.
— iDDGMARIAQOLTER - TABLE DES MARCHAND .
Fragments de coupes à socle avec décor de triangles sur la
lèvre. Certains étant ornés de grosses impressions circulaires
sur le haut du fût.
_
TABLE
DES
MARCHAND
Fragments de coupes à socle avec décor de petits points; noter
le tesson avec fenêtre (AE.4,87).
—
IJCKITM/VRIAQLIJER
.
47
48
— IJCJGMARIAQUER - TABLE
DES
MARCHAND
Fragments de coupes à socle avec décor de gros points; à noter
le motif en forme de crosse (AE.16,59).
— LOCMARIAQUER. TABLE
DES MARCHAND _
Fragments de poteries avec impressions de gros points pour
lesquelles l'utilisation d'un apex de Littorina littorea
(bigorneau) est supposée. Soubassements de coupes à socle à
section ovoïde (G.10,61).
JD
M
R
S
ïf d2
■Î^SHS
dl
-p
.Tâ£^S
;Ir
TART
DES
MARCHAND -
° divers,
f
^"d
ME
» (AH
.4,11); décor
de a
,ents
décor
ce lie
perforé
(T.29,10);
décor
^V deccr
'i»Pre ion de coquille? (AI.01,
SS
fîa^en?
boo?on perforé (M.27,6);
décors plastiques
',31; ZA.20,65).
de superbes motifs en cannelures. En revanche l'attribution de gros boutons
est plus difficile (fig. 37, 38); il semble qu'il s'agisse d'éléments de grands
vases épais.
b - Les coupes à socle (fig. 36-47).
Cette seconde série de poteries est repérée par la présence de rebords à larges lèvres, de fragments de fûts cylindriques avec des
fenêtres, des fragments de coupelles et des décors spécifiques. Ces coupes
à socle sont toutes du modèle cylindrique; des variantes interviennent sur
la forme du soubassement qui souvent ressemble à un rebord classique mais
parfois prend l'aspect d'un boudin à section ovoïde (fig. 49-50). Le décor
est constitué uniquement de points imprimés à l'aide de poinçons à section
carrée (fig. 39, 40)ou circulaire; certaines impressions dénotent l'emploi
d'un apex de coquillage, sans doute le bigorneau, Littorina littorea (fig. 50:
F 29.5, V 4.222). Les motifs exécutés, rarement identifiables en raison de la
petitesse des fragments, sont plutôt rectilinéaires et dessinent sur le fût des
lignes circulaires ou verticales. Sur les lèvres on peut remarquer des lignes
de points ou des motifs triangulaires remplis de pointillés, dessinant des
dents de loup (fig. 43, 44). Un fragment de coupe à socle un peu plus gros
que les autres porte un motif en forme de crosse (fig. 48: AE 16.59).
c - Quelques fragments de poteries n'entrent pas dans les
deux catégories exposées ci-dessus.
Ce sont des tessons portant des décors inhabituels. Parmi ceux-ci on signalera plus particulièrement quelques décors imprimés à
l'aide d'un coquillage de type bivalve, à dents rectangulaires, avec parfois
un mouvement pivotant (AL 5.44) qui évoque les techniques de la poterie
cardiale. Deux autres tessons sont décorés de motifs pointillés d'une extrême finesse, exécutés avec la pointe d'une aiguille (une arête de
poisson ?) : les motifs ne sont pas définissables, bien que l'un des tessons
(AC 15.7) présente sans doute un motif rayonnant.
4.1.3.-Le matériel lithique
Les densités du matériel lithique, très abondant sur l'ensemble du site, coïncident approximativement avec celles de la céramique;
on peut noter toutefois que certaines zones d'activité sont un peu plus
étalées, par exemple en I-W/13-33, sur le flanc ouest du cairn. L'outillage
est taillé dans un silex jaune tiré de petits rognons probablement recueillis
sur l'estran. Il y a donc très peu de lames, retouchées ou brutes. Les grattoirs
constituent une part importante de l'outillage décompté et parmi eux ce
sont les grattoirs sur éclats qui dominent (fig. 53, 54). Ce sont des outils qui,
très souvent, paraissent neufs, bruts de façonnage, fraîchement sortis des
ateliers de débitage. La répartition des grattoirs montre un groupement très
net dans les carrés G-K/13-19. Par ailleurs les grattoirs sont assez fréquents
dans la zone des carrières, mais en revanche, et c'est très étonnant, absents
autour du foyer F.4 où pourtant il y a une forte densité de silex, et très rares
derrière la paroi nord du couloir, secteur où il y a la plus forte quantité de
matériel (fig. 55). Les burins occupent une place non négligeable (fig. 56,
57); accompagnés des chutes de burin, ils attestent, mieux que n'importe
quel autre type d'outil, une activité de débitage sur place. Or on retrouve
un bon groupement de ces outils dans le secteur G-K/13-19. Comme pour
les grattoirs l'absence de burins dans des zones de forte densité de silex
devrait trouver une explication (fig. 58). Tarauds et perçoirs font également
partie de l'outillage commun (fig. 56, 57). Le nombre important de pièces
esquillées, dont la fonction n'est pas démontrée, traduit peut-être simplement la nature du débitage par percussion sur de petits rognons de silex. Le
lot des armatures tranchantes est significatif (fig. 61, 62); ce sont les seules
armatures trouvées dans le niveau pré-TDM. Elles sont plutôt de forme
triangulaire et toujours à retouches abruptes. Leur répartition ne montre
aucune concentration particulière, mais on remarquera encore leur faible
représentation dans la zone du foyer F.4 ou derrière la paroi nord du couloir
(fig. 63). On notera aussi la très faible quantité de haches ou herminettes
polies; les quelques fragments sont en dolérite ou en fibrolite.
écomptes de l'outillage lithique recueilli sur le site de la Table des
Marchand à Locmariaquer, de 1986 à 1990 par Liliane ARNAUD,
.'état actuel du décompte ne comprend qu'une partie de l'outillage récolté
1 1991 ; il est établi selon la liste typologique de l'épi-paléolithique de
G. Rozoy à laquelle renvoient les chiffres entre parenthèses).
I - Outillage
HT
Grattoirs :
(2) - grattoirs sur bout de lame courts
(4) - grattoirs simples sur éclats
(5) - grattoirs sur éclat retouché
(6) - grattoir circulaire
(10) - grattoir denticulé
3
54
33
4
4
Burins
(21) - burins dièdres
(22) - burins sur troncature
20
8
Outils doubles
grattoir-burin
grattoir-perçoir
perçoir-burin
an
0P
11
19
35
2
9
3
18
23
9
6
(19) - Perçoirs
(20) - Tarauds
(24) - Pièces esquillées
(25) - Divers
(30) - Lames à retouches régulières
(31) - Couteaux à dos
(38) - Lamelles à retouches continues
- Eclats et lames à coches
- Eclats et lames denticulés
(44) - Lamelles à troncatures
Triangles
(68) - Triangle scalène
(76) - Triangle isocèle
(96) - Trapèze
Eclats avec retouches
Flèches tranchantes (dont 6 fragments)
Armatures de flèches à pédoncule et ailerons
(toutes postérieures à TDM)
Objets en pierre polie
- Hache
- Herminette
II - Pièces techniques
Nucléus
Chutes de burins
(dont une se raccordant au burin)
2
1
1
159
37
7
1
3
24
©
1
Microburins
III - Parures et divers
Perles
Plaquettes de schiste gris perforées
Us
(S
3
4
LOCMARIAQUER.
.ttoirs sur éclats
TABLE
DES
MARCHAND _
55
LOCMARIAQUER
Carte de répartition des grattoirs,
(points rouges: grattoirs; points bleus: grattoirs brûlés;
points verts: outils doubles (grattoirs-perçoirs; grattoirstarauds)
gftH
Cailloutis / couche 8
©
Sol pré-TDM/couche 9'(trou de poteau)
Rocher
mus
Sol d'occupation gallo-romain -Dépôt Bronze
Perturbations modernes
Le
Grand
Menhir
AA
Cairn
t . F
G
H
AB
AC
AO . AE
57
— LOCMARIAQUER. TABLE DES MARCHAND .
Burins (G.28,3; AD.29,14; G.22,12); grattoir-perçoir (K.22,1);
éclat à troncature(K.22,4); percoirs (N.31,13; AD.36,5;
AB.36,1; AD.36,9); éclat retouché (AD.30,111).
58
LOCMARIAQUER
Carte de répartition des burins,
(points rouges:^burinsj points orange: chutes de burins; points
verts: outils doublesK burins-percoirs, burins-grattoirs).
mm
Cairn
Cailloufis / couche 8
©
Sol pré-TDM/couche 9-(trou de poteau)
Rocher
miïffl
Sol d'occupation gallo-romain — ^- Dépôt Bronze
Perturbations modernes
Coupe 28 _
Le
Grand
Menhir
60
— LOCMARIAQUER. TABLE
DES
MARCHAND _
Couteau à dos (ZE.15,91); tarauds ? (L.3,24; K.15,26); coches
(R.32,8; S.32,7; N.6,26); lames (ZA.16,457; Q.28,8; AD.32,12).
59
L -15- IZ
— J^CXIMAIŒAQLlXER. TABLE DES MARCHAND _
Industrie lithique (uiveau 9): armatures à tranchant
transversal et deux fragments de hachettes en fibrolite
(K.15,10 et AI.1,3)
L -iS- IZ
— LOCMARIAQUER _ TABLE DES MARCHAND
Industrie lithique (niveau 9): armatures à tranchant
transversal et deux fragments de hachettes en fibrolite
(K.15,10 et AI.1,3)
63
LOCMARIAQUER
Carte de répartition des armatures
de flèches à tranchant transversal.
Cairn
Cailloutis / couche 8
©
» + + *
Sol pré-TDM/couche 9- (trou de poteau
Rocher
Ha Sol d'occupation gallo-romain - ^ Dépôt Bronze
Si
Perturbations modernes
Le
Grand
Menhir
65
L0CMAR1AQUER-TABLE DES MARCHAND
GROS INSTRUMENTS EN QUARTZ
.;A°^^
V
QUEI
TABLE
MAR
?ES
découvert dans les zones d extraction du
^ranite. CHAND - Gros outillage en quartz
4uai^
H
66
90.399
LOCMARIAQUER. TABLE DES MARCHAND lier des structures en creux du sol ancien (niveau 9.4),
i de poteau n°2 : rebords éversés ou rentrants, carènes,
>r cannelé, éclat à coche.
67
CL
h
— LOCMARIAQUER - TABLE DES MARCHAND _
Mobilier des structures en creux, trou de poteau n° 4: fragment
de poterie carénée à col éversé; grattoir en bout de lame.
69
— IXXMARIAQUER- TABLE
DES MARCHAND .
Mobilier des structures en creux, trous de poteaux n° 41, 75,
76 et fosse dans le sol ancien
4.2 - Le matériel archéologique du niveau TDM.
Aucune information nouvelle n'est à signaler concernant les objets provenant du niveau d'occupation du cairn des Marchand. Dans la zone
fouillée en 1991, à l'opposé de l'entrée, juste au pied du mur II, quelques
fragments de poteries ont été recueillis sur le cailloutis. Ils confirment les
observations déjà effectuées; il s'agit d'une céramique très fine, parfaitement façonnée et polie, avec des rebords à lèvre fine et parfois éversés.
L'essentiel du matériel de ce niveau vient donc des découvertes effectuées
de part et d'autre de l'entrée (fig. 70, 71). Ce sont surtout des bols (par ex.:
AC 4.2), des bouteilles à goulot étroit (AD 3.1), des écuelles (U 4.28, W
2.32). Le décor se réduit à quelques boutons doubles (vase W 4.35).
4.3 - Occupations récentes du site de la Table des Marchand
La fréquentation du site de la Table des Marchand à la fin du
Néolithique a déjà été évoquée par la découverte, dans les éboulis inférieurs, de divers objets (fig. 72-75), pointes de flèches à pédoncule (par ex:
AB 1.4,T 2.2), fragments de poteries de type Conguel (U 2.1-7) et Kerugou
(K 3.77,K 3.16), fragment de hache bipenne en hornblendite (AL 6.88). Par
ailleurs les fragments de poteries de type campaniforme, à décor de bandes
hachurées (AE 13.4, AE 14.1, AE 14.4, AC 6.1, K 3.14) ou à décor de
triangles (J 2.2-5), cautionnent la relation d'une découverte d'un peloton de
fil d'or lors des toutes premières excavations en 1811. On doit pouvoir
rapporter à cette phase du Bronze ancien trois pointes de flèches à pédoncule et ailerons (T 8.2, ZA 25.8), recueillies toutes trois dans des niveaux
post-mégalithiques. Il nous semble aussi que certains tessons de poteries
trouvés dans les niveaux supérieurs en B.17 doivent appartenir au Bronze
ancien ou moyen; ceci étant confirmé par la date radiocarbone d'un foyer
interstratifié dans les éboulis, déjà signalée.
Mais la découverte importante de l'année 1991 a été celle de trois
objets du Bronze final. Cette découverte a été effectuée à l'occasion du
dégagement de la zone F-I/01-02, à la limite du terrain de l'Etat. A cet
endroit la fouille s'interrompt sur un muret de pierres sèches moderne. A
cet endroit également nous avons remarqué une structure d'empierrement,
bien délimitée sur sa bordure sud et qui nous a paru devoir être rapportée
à l'époque gallo-romaine (ancien chemin?). Les trois objets ont été dégagés
dans une couche de terre entre le socle et l'empierrement gallo-romain. Il
s'agit de pièces de bronze, fortement corrodées; un fragment de lame d'épée
du type épée en langue de carpe, à bords parallèles et nervure centrale, un
racloir perforé et une hache à ailerons (fig.76). Ces trois pièces caractérisent les dépôts du Bronze final atlantique, daté aux environs du 8 siècle
av.J.C. Ici se pose la question de savoir si les trois objets, bien groupés,
représentent la totalité ou le résidu d'un dépôt; les conditions actuelles
d'accessibilité à cette zone empêchent d'en savoir davantage. Lors de la
mise en état du terrain, il conviendra de se montrer très attentif aux décapages de ce secteur. En tout cas, ce n'est pas la première fois que semblable
trouvaille est faite à Locmariaquer puisqu'en 1936, une cachette fut trouvée
à Pont-er-Vil: il y avait 13 kilos de bronze dans un vase, dont des haches à
ailerons, des racloirs et des fragments d'épées, et bien d'autres objets de
cette même période.
72
—
AQUER _ TABLE
DES
MARCHAND
Céramiques des niveaux supérieurs ou remaniés: poteries de type Kerugou
(K.3-16,77,78); poteries de type Conguel (U.2-1,2,5,6,7); poteries
campaniformes (AE.14-1,3,4; ÈC.6,1; J.2,2,5; K.3,14); poteries du Bronze
ancien (V.4,19; ZE.8,22).
91.987
— XJOCMARIAQUER_
TABLE
DES
MARCHAND _
Objets lithiques et osseux des niveaux supérieurs et remaniés:
fragment de hache bipenne en hornblendite (AL.6,68); armatures
de flèches du Néolithique final (ZA.25,8;AB.1,4;T.2,2);
armature de flèche campaniforme(T.8,2); gaine de hache en os?
(AC.20,3).
—
IJOCMARI AQlUER
_
Table Des Marchand.
Cachette de l'Age du Bronze final (groupe de l'épée à langue de
carpe): hache à aileron, racloir et fragment d'épée.
5 - Conclusions
Amorcées en 1986 dans le but de dégager les structures d'un monument
mégalithique célèbre, La Table des Marchand, les recherches, en raison des
découvertes, ont débouché sur une conception plus large. En effet il est
apparu qu'une phase d'occupation antérieure au cairn se présentait dans des
conditions d'études très favorables, bien préservée dans une couche de 0,2
à 0,3 m d'épaisseur sous les structures de la tombe et ses éboulis. La
reconnaissance de cette occupation s'est élargie progressivement vers la
périphérie, car elle conduit à améliorer la perception de l'histoire générale
du site, en renforçant certaines hypothèses ou en mettant en péril certaines
affirmations. Mais aussi l'importance des découvertes contribue à préciser
la chronologie du néolithique et du mégalithisme armoricain, car elles
s'intègrent dans un ensemble de travaux similaires effectués récemment sur
des édifices de la zone occidentale du Golfe du Morbihan. En fait, quoique
les fouilles du second programme triennal n'aient pas été consacrées directement à la Table des Marchand, leurs résultats intéressent l'histoire de cet
édifice et permettent d'en comprendre mieux certains aspects. On doit noter
aussi que l'abondant matériel archéologique recueilli procure des informations essentielles puisque la couche d'occupation scellée sous le monument
représente un épisode assez bref et non pollué du néolithique moyen armoricain.
La chronologie des événements survenus sur ce site peut être résumée
ainsi :
-
quelques rares pièces lithiques, trois triangles scalènes ou isocèles,
peuvent être les traces ultimes d'une occupation mésolithique balayée par les travaux architecturaux du Néolithique.
-
Les grands travaux commencent au cours du V millénaire. Il est
probable que le nivellement d'affleurements rocheux intervient
dans une phase précoce, à la fois pour régulariser le terrain et pour
récupérer quelques blocs de calage d'une série de pierres dressées.
Celles-ci sont disposées selon un alignement nord-ouest/sud-estsud dont le Grand Menhir fait sans doute partie; la file de menhirs
comprenait des éléments de diverses tailles, décroissant vers l'extrémité nord et taillés dans des matériaux variés, granité, migmatite et orthogneiss. Les blocs dressés étaient très rapprochés les uns
des autres et formaient une sorte de mur massif, sauf peut-être du
côté du Grand Menhir où des pieux de bois étaient intercalés entre
les pierres verticales. Car il apparaît que des structures en bois, qui
ne sont plus représentées que par des trous de poteaux alignés de
part et d'autre de l'alignement de pierres en complétaient l'architecture.
LOCMARIAQUER
L'alignement des fosses de pierres dressées
vu depuis le Grand Menhir vers l'extrémité nord.
91. 839
LOCMARIAQUE R
Alignement des fosses de pierres dressées
vu depuis l'extrémité nord vers le Grand Menhir
Il y a tout lieu de penser que la stèle de chevet de la tombe à couloir des
Marchand est contemporaine de l'alignement du Grand Menhir, mais
qu'elle en était décalée. Cette stèle revêt un caractère religieux certain par
ses figurations de divinité et de crosses. Quant au Grand Menhir, il est lui
aussi sculpté et présente un motif de hache emmanchée, type araire, qui,
selon toute vraisemblance était aspecté à l'Ouest lorsque le Grand Menhir
était debout.
On admettra aussi qu'à cette même époque, la stèle regroupant la dalle
de couverture de la Table des Marchand et la dalle de couverture de Gavrinis était encore entière et pouvait se dresser quelque part dans le secteur,
soit au sein de l'alignement du Grand Menhir, soit à proximité.
Au même niveau que l'alignement et à la même époque, l'occupation du
site comporte des bâtiments de bois dont il subsiste les trous de poteaux,
des foyers, et les traces d'une activité domestique sous la forme de meules
et de tailleries de silex. De nombreux vestiges mobiliers sont répartis sur le
site selon des densités particulières qui traduisent la concentration d'activités autour des foyers. Mais la présence très notable de fragments de
poteries décorées, particulièrement de coupes à socle, révèle plutôt des
activités religieuses liées aux monuments qui se dressent sur le site; la
comparaison avec Er Lannic, où l'on trouve la même association de fragments de coupes à socle et de monuments de pierres dressées s'impose sans
peine.
Le comblement des fosses des carrières par des débris de poteries et de
silex, et par des masses de charbons se rapporte aussi aux activités domestiques, la présence d'assez nombreuses semences de blé carbonisées pouvant être mise en relation avec les activités de mouture des céréales
(plusieurs meules à proximité).
La datation du niveau pré-TDM est fournie par 6 dates radiocarbone :
Foyer F 3 : 5040 + -70 BP (Gif 7555)
Foyer F 5 : 5220 +-130 BP (LGQ 558
Trou de poteau P 4 : 5170+ -70 BP (Gif 7554)
Comblement des carrières : ZU.19 : 4580 +-140 BP (LGQ 556)
ZU 19 : 4990 + -180 BP (LGQ 555)
ZE.16 : 4910 + -150 BP (LGQ 554)
Ces résultats amènent les considérations suivantes: une seule datation,
LGQ 556, est nettement distincte des autres, manifestement trop jeune; en
revanche LGQ 554 et 555 sont très cohérentes. Cependant les dates des
comblements de carrière sont un peu plus jeunes que celles des foyers et du
comblement des trous de poteaux. Trois explications peuvent être retenues.
Il est évident que les charbons des foyers proviennent de gros tisons et l'âge
du bois peut intervenir dans le résultat; en effet les charbons des carrières
ne sont que des brindilles ou des graminées. La seconde explication serait
de penser que les comblements des fosses sont intervenus dans une phase
secondaire de l'occupation des lieux; cependant cette explication ne paraît
79
91.850
LOCMARIAQUER
Vue générale sur les trois sites, Er Vinglé, l'alignement du
Grand Menhir et le cairn de la Table des Marchand.
80
LOCMARIAQUER_
IPXairx ^éraéjtreLl des sites méga.1 xthiques :
cairn de la Table des Marchand, alignement du Grand Menhir,
cairn et tumulus d'Er Grah.
pas compatible avec les observations stratigraphiques. La troisième explication serait de penser qu'il y a, dans ces carrières, une contamination plus ou
moins insidieuse qui expliquerait en même temps la dérive de la date LGQ
556; cependant la nature de la contamination n'est pas perceptible. Quoiqu'il en soit nous pouvons penser que l'ensemble de l'occupation pré-TDM
se situe entre 4200 et 3600 av.J.C.(les différentes fourchettes de dates se
recoupent entre 4000 et 3750). C'est évidemment dans cet épisode que se
situent les poteries de type Castellic et les coupes à socle.
-
Les pierres dressées sont abattues au début du 4 millénaire et
certaines d'entre elles sont utilisées dans la construction de la
Table des Marchand: la dalle de couverture et deux piliers du
couloir en orthogneiss sont débités et taillés pour s'intégrer dans
la nouvelle architecture. On peut situer cet épisode par rapport aux
dates obtenues au Petit Mont à Arzon dans la chambre S3 qui
réutilise, elle aussi, de nombreux éléments de stèles: les charbons
sous le pavage datent entre 4090 et 3990 av J. C; les charbons du
centre et du fond de la chambre, sur le dallage, datent de 3820-3690
av.J.C. Il y a donc de fortes chances pour que la Table des Marchand soit construite vers 3700, peut-être un ou deux siècles plus
tôt; l'incertitude devrait être levée par quelques datations complémentaires. Il est certain aujourd'hui que l'apparition de la Table
des Marchand dans le paysage suit immédiatement la disparition
d'un fantastique ensemble de pierres dressées. Cette destruction
vient renforcer l'hypothèse de l'abattage du Grand Menhir à la
même période, mais sa section massive ne paraît pas avoir permis
une réutilisation dans des architectures funéraires et les tronçons
sont restés sur place.
Par ailleurs se pose la question de la liaison du Grand Menhir avec
le tumulus d'Er Grah; sans doute ce monolithe est-il dans l'axe du
tumulus. Pourtant, si le Grand Menhir était bien dans l'alignement
des pierres dressées disparues, son axe (c'est-à-dire sa face plane)
devait être parallèle à l'axe de l'alignement et donc la face gravée
devait regarder vers l'Ouest plus que vers le Nord. Une observation
de l'axe des trois morceaux supérieurs, certainement abattus lorsque le monolithe était debout, montre qu'ils sont bien perpendiculaires à l'axe de l'alignement, ce qui n'est pas forcément le fait du
hasard mais le résultat logique d'une chute organisée.
-
La tombe à couloir des Marchand a pu être fermée entre 3300 et
3000 av.J.C Ces dates sont celles de la fermeture de Gavrinis. Ce
sont aussi celles que l'on attribue à l'apparition des groupes de
Kerugou et de Conguel. Or ici des éléments mobiliers que l'on peut
rapporter à ces groupes se trouvent stratifiés dans les premiers
niveaux d'éboulis; dans la même situation se trouve un fragment de
hache bipenne apparentée aux groupes aux haches de combat. A
cette époque, le monument en équerre des Pierres Plates est
construit; il renouvelle la stylistique de l'art symbolique mégalithique.
L'épisode de la fréquentation de la Table des Marchand par les
groupes aux vases campaniformes est quelque chose d'assez banal
dans le mégalithisme armoricain; il se situe à la fin du 3 millénaire
et l'on entre alors dans l'Age du Bronze. Le dépôt de quelques
objets usagés non loin des ruines du cairn est un fait qui a dû se
reproduire assez souvent car les monuments étaient des points de
repère commodes pour qui souhaitait retrouver facilement son trésor.
Les éboulis ayant enseveli la Table des Marchand et l'ayant transformée en un tas de pierres sans organisation apparente, les traditions orales qui, durant toute la période protohistorique devaient
rapporter les exploits des hommes du Néolithique, s'étant peutêtre déjà dissipées, les habitants de l'importante ville gallo-romaine de Locmariaquer attaquèrent ce monticule pour la
récupération de matériaux; autres temps, mêmes procédés. Ainsi
découvrirent-ils les structures mégalithiques enfouies et firent-ils
de la Table de couverture revenue à l'air libre, l'un des dolmens les
plus fameux de Bretagne.
Aujourd'hui l'édifice a été consolidé et remis dans une situation
qui, sans retrouver l'exacte ampleur d'origine, rappelle la véritable
nature de ces structures architecturales néolithiques. Les parois de
la chambre ont été refermées, le plafond du couloir a été rétabli,
ce qui reste des murs de façade a été remis au jour. Ainsi les
visiteurs ne rêvent-ils plus devant des ruines trop empreintes des
phantasmes du XIX siècle. Les restaurations ne sont-elles pas aussi
une manière de communiquer à l'ensemble du public les résultats
des recherches scientifiques ?
Nantes, le 13 janvier 1992.
MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
DEPARTEMENT DU MORBIHAN
VILLE DE LOCMARIAQUER
DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES DE BRETAGNE
Service Régional de l'Archéologie
UPR 403 DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
LOCMARIAQUER (MORBIHAN)
ENSEMBLE MEGALITHIQUE
Table des Marchand - Grand Menhir - Er-Grah
RAPPORT DE SYNTHESE 1989-1991
PRESENTATION GENERALE ET ANNEXES
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MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION
DEPARTEMENT DU MORBIHAN
VILLE DE LOCMARIAQUER
DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLES DE BRETAGNE
Service Régional de l'Archéologie
UPR 403 DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
LOCMARIAQUER (MORBIHAN)
ENSEMBLE MEGALITHIQUE
Table des Marchand - Grand Menhir - Er-Grah
RAPPORT DE SYNTHESE 1989-1991
PRESENTATION GENERALE ET ANNEXES
INTRODUCTION
Les grands monuments mégalithiques de Locmariaquer, men-tionnés depuis le
16ème siècle et maintes fois décrits depuis le milieu du 18ème siècle, comprennent
des architectures de types variés : tombes à couloir, grands tumulus "carnacéens" ou
menhirs pour la plupart renversés, à commencer par le fameux "Grand-Menhir".
A côté de ces édifices spectaculaires, il en est d'autres plus discrets malgré une
emprise au sol pouvant être très importante, comme les longs tumulus bas de Kerlut
ou d'Er-Grah.
Ce dernier, qui fait l'objet d'une des fouilles de ce programme, est étroitement
associé à la tombe à couloir dite "Table-des-Marchand" et au Grand-Menhir pour
former, entre les sites du Mane-Rutual et du Mane-Lud, le principal ensemble
mégalithique de la commune, à quelque 350 m au nord du bourg.
Le présent rapport essaie de fournir une synthèse, encore provisoire, des travaux
effectués sur l'ensemble du site de
1989 à 1991 par chacune des deux équipes (de l'U P R 403 du C N R S et du
Service régional de l'Archéo-logie de Bretagne) à la suite de la décision de fouille
trien-nale du Ministre de la Culturetsur ce site. Ce document fait suite à un premier
rapport de synthèse remis début 1989 ; il en développera ou corrigera certaines
conclusions ; il reprendra également les données des deux rapports intermédiaires
remis en 1989 et 1990.
Comme le précédent, ce rapport de synthès s'articule en trois parties :
- Présentation générale et annexes techniques :
+ Anthracologie (par D. Marguerie, AGORA),
+ Sédimentologie (par A. Gebhardt, AGORA),
+ Archéozoologie (par J.-D. Vigne, M H N),
+ Chantiers de fouilles annexes ( par M.-F. Dietsch et J.-P. Pardon, A F A N).
- Les fouilles de la Table-des-Marchand (par l'équipe dirigée par J. L'Helgouach et
S. Cassen).
- Les fouilles du tumulus d'Er-Grah (ou Er-Vinglé) par l'équipe animée par C.-T.
Le Roux, Y. Lecerf, J.-Y. Tinevez et E. Gaumé.
Le cadre administratif et réglementaire de cette opération est resté inchangé
par rapport à la première campagne trien-nale ; une convention liant l'Etat, le
Département et la Commune prévoyait un financement triparti te d'environ 50 % pour
le Département et 10 % pour la Commune, le solde revenant à l'Etat sous forme
d'une subvention au Département qui, comme précédemment, a délégué sa maîtrise
d'ouvrage à la SAGEMOR. Le budget total pour ces trois années s'élève à 2 000 000
F TTC, y compris la masse salariale du personnel contractuel, pour cette fouille
programmée décidée par l'Etat en application du Titre II de la loi du 27 septembre
1941.
CHANTIERS ANNEXES
L'évolution des deux dossiers, d'ailleurs en partie liés, de mise en valeur du site
et du projet de percement d'une voie nouvelle de contournement ouest du bourg nous
ont conduit, en 1990 et 1991, à mener, parallèlement au chantier principal d'Er-Grah,
de nouvelles opérations de sauvetage en périphérie du site. Leurs financements
complémentaires, indépendants de celui du chantier principal, étaient supportés par les
opéra-tions d'aménagement qui les avaient provoquées ; les rapports correspondants
sont néanmoins donnés en annexe pour information. Il s'agit de :
- L'emprise du futur bâtiment d'accueil du public sur le site ayant été définie en
1990 non loin d'une zone qui s'était avérée sensible lors du décapage du "nouveau
cimetière" en 1986, une fouille exhaustive de cet emplacement a été effectuée avant
accord définitif du service régional de l'Archéologie.
- Sur l'emprise de la future "route des Mégalithes", des sondages mécaniques puis
une fouille de contrôle ont été effectués à l'automne 1990 et au printemps 1991, dans
le tronçon qui longeait le même "nouveau cimetière". Là encore, les vestiges
rencontrés se sont avérés minimes et ne justifiant pas une remise en cause du projet.
REMERCIEMENTS
Ce rapport est naturellement le fruit du travail d'une équipe bien plus large que
le petit groupe des signataires des différents documents qui le composent. Ceux-ci
tiennent à y associer tout d'abord l'ensemble des fouilleurs bénévoles qui, au nombre
de plusieurs centaines au total durant ces trois années, ont donné leur temps, leur
compétence et leur enthousiasme pour l'avancement du chantier, mais aussi les
cuisinières-intendantes qui ont permis le bon fonctionnement au quotidien de cette
équipe.
Celui-ci n'aurait cependant jamais pu fonctionner sans moyens financiers ; nous
remercions chaleureusement le Département du Morbihan et la Commune de
Locmariaquer qui ont généreusement abondé la subvention attribuée par le Ministère
de la Culture à cette opération, dans le cadre de la Convention qu'ils ont bien voulu
signer avec l'Etat sur ce projet.
Mais l'argent ne serait rien sans la motivation des hommes. Nous tenons donc à
saluer le travail discret et parfois ingrat de tous ceux qui nous ont permis de mettre en
oeuvre ces crédits le plus efficacement possible :
- les responsables de l'AFAN qui ont assuré la gestion du personnel contractuel,
- ceux de la SAGEMOR qui ont assumé la maitrise d'ouvrage qui leur avait été
déléguée par le Département,
- le personnel de la mairie et de services techniques de Locma-riaquer pour l'aide
multiforme et quasi-quotidienne qu'ils nous ont apportée,
- les responsables de l'Association des Amis de l'Ecole Saint-Pierre pour leur
compréhension à l'égard des locataires parfois déroutants de leurs locaux.
Saluons enfin les élus qui, au delà des décisions prises en faveur de ce chantier,
ont su témoigner tout l'intérêt person-nel qu'ils prenaient à ces recherches ; nous
pensons notamment à M. Raymond MARCELLIN, Président du Conseil général, à
Me Pierre ORAIN, Vice-Président et Président de la SAGEMOR, à M. Henri
BOGAERT, Maire de LOCMARIAQUER...
Que tous veuillent bien trouver ici l'expression de nos remerciements pour
l'appui apporté à ces recherches.
LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE,
PREHISTOIRE,PROTOHISTOIRE ET QUATERNAIRE ARMORICAINS
U.P.R. n°403 du C.N.R.S., Université de Rennes I, Campus de Beaulieu
35042 RENNES CEDEX - Tél. : 99 28 61 09
dans le cadre
d'A.G.O.R.A.
Association du Grand Ouest pour la Recherche en Archéo-sciences
LES MONUMENTS MEGALITHIQUES D'ER GRAH
ET DE LA TABLE DES MARCHAND
(Locmariaquer, Morbihan)
Dominique Marguerie
Rapport d'étude anthracologique
décembre 1991
Illustration de la page de couverture :
Charbon de chêne à feuilles caduques {Quercus sp.)
Coupe transversale vue au microscope électronique à balayage (X 40)
1 - INTRODUCTION
Depuis 1986, les célèbres sites mégalithiques de Locmariaquer (Morbihan) font
l'objet de nouvelles fouilles archéologiques placées sous la direction de C.-T. Le
Roux et J. L'Helgouach. La presqu'île de Locmariaquer forme le flanc ouest de
l'entrée du golfe du Morbihan. Elle fait face à la presqu'île de Rhuys, à la pointe de
laquelle se trouve le tumulus du Petit Mont.
Le tumulus d'Er Grah est constitué d'un cairn primitif en granité (40 m de long
et 15 m de large) enserrant une chambre dolménique unique. Il a été secondairement
allongé à ses deux extrémités par un tertre en limon de couleur blanchâtre, en
provenance probablement d'horizons pédologiques gleyifiés, pour former un
monument trapézoïdal d'une longueur actuelle de 135 mètres. Un sol brun assez épais
a été protégé sous ce tumulus. Trois datations radiocarbone ont pu être obtenues à
partir des charbons de bois contenues dans le paléosol : 5250 + 70 BP (Gif 7691),
soit 4340 à 3865 cal BC ; 5260 ± 70 BP (Gif 7692), soit 4350 à 3870 cal BC ; 5370
± 70 BP (Gif 7693), soit 4410 à 3900 cal BC.
La fouille du dolmen de la Table des Marchand, situé à quelques centaines de
mètres d'Er Grah, est placée sous la responsabilité de J. L'Helgouach et S. Cassen.
Celle-ci consiste en un dégagement du cairn afin de comprendre sa structure et en une
fouille des niveaux archéologiques conservés sous le tumulus. Le paléosol sous-jacent
renferme, en effet, une grande quantité de poteries de style Castellic au milieu d'un
riche ensemble de trous de poteaux, de foyers et de fosses. Deux récentes analyses
radiocarbones obtenues sur les charbons de ces foyers ont livrées les dates suivantes :
5170 ± 50 BP, soit 4135 à 3785 cal BC et 5040 ± 50 BP, soit 3950 à 3660 cal BC.
Ces fouilles font l'objet,
depuis
1987,
d'un suivi anthracologique et
palynologique par nous-mêmes, sédimentologique par B. Bigot et A. Gebhardt et
micromorphologique par A. Gebhardt.
2 - INVENTAIRE DES PRELEVEMENTS
Les charbons de bois que nous avons eu l'occasion d'étudier sur ces deux sites
ont été dégagés dans des structures de foyers, dans des fosses ou au sein des couches
d'occupation.
Sur le site d'Er Grah, quatre lots de charbons de bois ont été étudiés. Ils ont été
récoltés au sommet du paléosol sous tumulus. Ils proviennent plus précisément de :
- foyer Fl de 1989, en D54, secteur I,
- foyer de 1990, en G52, centre de la structure,
- foyer de 1990, en G52, bordure de la structure,
- zone charbonneuse dans le paléosol en AF 49, proche d'un alignement de
trous de poteaux.
De premiers lots de charbons de bois de la Table des Marchand, prélevés par J.
L'Helgouach,
ont donné lieu à quelques analyses.
Malheureusement,
ceux-ci
renferment de faibles quantités de spécimens. Nous présenterons brièvement les
premiers résultats de nos observations, conscients des limites de nos interprétations
inhérentes au faible effectif de l'échantillonnage.
Les lots étudiés et présentés ici ont deux origines :
- foyer F5,
- couche d'habitat du sommet du paléosol pré-mégalithique, en L25/26, C9.
De nouveaux prélèvements en provenance de la Table des Marchand, plus
conséquents, nous ont été remis récemment et devraient donner prochainement lieu à
une étude susceptible d'apporter des précisions aux interprétations avancées ici.
3 - PRINCIPE DE L'ETUDE ANTHRACOLOGIQUE
Chaque ligneux, qu'il appartienne au sous-embranchement des Angiospermes (feuillus)
ou des Gymnospermes (dont les conifères), produit un bois particulier, spécifique et
héréditaire.
La structure du bois s'étudie dans les trois plans anatomiques (fig. 1) :
- plan transversal,
- plan longitudinal radial,
- plan longitudinal tangentiel.
Il est ainsi possible d'observer dans l'espace (les trois plans) les vaisseaux, les
trachéïdes (chez les conifères), les fibres, le parenchyme transversal et longitudinal (rayons
du bois).
Sur les bois gorgés d'eau, l'observation au microscope se fait à partir de coupes
minces, transparentes obtenues au microtome ou à la lame de rasoir.
Sur les charbons de bois, des cassures fraîches sont faites à la main et au scalpel.
Celles-ci sont directement observées sous microscope optique à réflexion, voire au
microscope électronique.
Cette technique d'observation présente l'énorme avantage de ne pas "polluer"
l'échantillon par une imprégnation en résine de synthèse et le laisse donc tout à fait
susceptible d'être daté par radiocarbone après étude anthracologique.
Les charbons que nous pouvons déterminer présentent au minimum des côtés de l'ordre
de 2 à 5 mm.
moelle
Fig. 1 - Schéma montrant les trois coupes d'étude du bois
Le genre des ligneux réduits en charbon se détermine à coup sûr et souvent l'espèce.
Toutefois, il est délicat voire impossible de distinguer spécifiquement les chênes à feuillage
caduc. Les variations biotopiques au sein d'une même espèce sont souvent plus importantes
que les différences interspécifiques au sein du genre. De plus, toute une série d'espèces a été
réunie dans les Pomoïdées, sous famille des Rosacées. Les espèces suivantes s'y retrouvent :
Amélanchier {Amelanchier ovalis), Cotonéaster (Cotoneaster sp.), Aubépine (Crataegus sp.),
Néflier (Mespilus germanica), Poirier-Pommier (Pyrus sp.) et Sorbier-Cormier-Alisier
(Sorbus sp.).
Nos résultats sont consignés dans des tableaux où les taxons sont rangés par
groupement phytosociologique.
Le nombre et la masse de chaque taxon sont mentionnés par souci d'accessibilité à tous
les paramètres de notre étude. Toutefois, nous nous abstenons, dans un essai de reconstitution
paléo-environnementale, de prendre en compte l'aspect quantitatif de nos analyses
anthracologiques. Les données phyto-écologiques que nous dégagerons de notre étude
reposeront donc uniquement sur les informations écologiques intrinsèques à chaque taxon
attesté et sur les groupements végétaux mis en évidence.
Il sera cependant fait parfois référence aux données quantitatives afin de souligner dans
nos commentaires la dominance affirmée de certains taxons.
Nous complétons la détermination des essences ligneuses par un examen dendrologique
effectué à plus faible grossissement (loupe binoculaire). Ainsi, il est possible de collecter de
précieuses informations sur :
- l'allure des limites de cernes (quasi rectilignes ou courbes), pour connaître l'origine
du charbon de bois : troncs ou branches plus ou moins grosses,
- la zone du bois dans laquelle on se situe. En effet, la partie centrale morte d'un tronc
se transforme peu à peu. Certains auteurs parlent de "duraminisation". Cette transformation
s'accompagne entre autres de sécrétions ou dépôts de gommes et d'excroissances cellulaires
appellées thylles obstruant peu à peu les vaisseaux du duramen ne fonctionnant plus. Les
thylles se conservent après carbonisation. Leur observation chez les charbons de bois indique
que ceux-ci proviennent du duramen et non de l'aubier, si toutefois les thylles ne résultent pas
de traumatismes d'origine mécanique, physique ou chimique,
- la présence ou l'absence d'écorce et/ou de moelle,
- la largeur moyenne des cernes figurés sur le charbon pour apprécier les caractères
biotopiques,
- la présence ou l'absence de fentes radiales de retrait pour savoir si le bois fut brûlé
vert ou sec,
- la saison d'abattage,
- le travail du bois (traces d'abattage, d'élagage, de façonnage ...).
L'observation de la largeur des cernes d'accroissement peut notamment renseigner sur
l'état du peuplement forestier au sein duquel le bois a été récolté. En forêt dense, l'intensité
d'assimilation et de transpiration des individus est telle que les arbres connaissent une pousse
lente et régulière (cernes étroits). Un milieu plus ouvert est, en revanche, riche en bois à
pousse rapide (cernes larges).
En dehors des strictes informations environnementales, l'anthraco-analyse a des
retombées d'ordre ethnographique. L'identification des restes ligneux renseigne sur le choix
et la sélection des essences destinées au bois d'oeuvre (charpente, planchers, huisseries...), à
l'artisanat des objets domestiques (emmanchements, récipients, meubles...) et aux structures
de combustion. De plus, grâce aux observations dendrologiques, des données peuvent être
collectées sur les techniques de travail et de débitage du bois, sur l'âge et les périodes
d'abattage des arbres, sur les traditions vernaculaires...
Cette discipline permet donc une approche de la vie quotidienne, des relations de
l'homme avec son milieu végétal et une information de l'environnement des alentours des
sites archéologiques.
4 - RESULTATS D'ANALYSES
4.1- Inventaire des essences observées
Les différents lots anthracologiques, dont l'étude est évoquée ici, renferment un
cortège d'espèces ligneuses assez proches (fig. 2 à 7). Au total, seulement huit
espèces ont été identifiées.
Lorsqu'on fait l'inventaire des conditions auto-écologiques des différentes
essences attestées, on constate qu'elles peuvent former trois biotopes (Rameau et al.,
1989):
- le noisetier, l'érable, le genêt et les Pomoïdées sont des espèces héliophiles ou
de demi-ombre. Elles peuvent indifféremment appartenir à des formations
végétales de type bois clairs, des lisières forestières, des forêts ouvertes,
voire des landes. Les Pomoïdées dont la détermination générique n'est pas
aisée à partir de l'anatomie du bois
semblent,
présentement plutôt
correspondre à Crataegus (Aubépine) ou Sorbus (Sorbier-Cormier-Alisier),
- le frêne, le saule et le peuplier sont des espèces hygrophiles ayant pour
TAXONS
NOMBRE
MASSE (g)
Chêne caducifolié
(Quercus sp.)
85
13,80
Chêne caducifolié
racines
3
0,30
Noisetier
(Corylus avellana)
2
0,16
Erable
(Acer sp.)
2
0,10
Fig. 2. - Er Grah, charbons de bois du foyer Fl
TAXONS
NOMBRE
MASSE (g)
Chêne caducifolié
(Quercus sp.)
117
22,39
Pomoïdée
3
0,15
Fig. 3 - Er Grah, charbons de bois du centre du foyer en G52 (1990)
TAXONS
NOMBRE
MASSE (g)
Chêne caducifolié
(Quercus sp.)
95
33,47
Noisetier
(Corylus avellana)
1
0,21
Erable
(Acer sp.)
1
0,27
Pomoïdée
3
0,15
Fig. 4 - Er Grah, charbons de bois de la bordure du foyer en G52 (1990)
TAXONS
NOMBRE
MASSE (g)
Chêne caducifolié
(Quercus sp.)
49
27,45
Saule
(Salix sp.)
46
19,12
Peuplier
(Populus sp.)
12
6,28
Fig. S - Er Grah, charbons de bois de la zone charbonneuse en AF49
TAXONS
NOMBRE
MASSE (g)
Chêne caducifolié
(Quercus sp.)
12
2,23
Pomoïdée
5
2,12
Fig. 6 - Table des Marchand, charbons de bois du foyer F5
TAXONS
NOMBRE
MASSE (g)
Chêne caducifolié
(Quercus sp.)
14
1,33
Noisetier
(Corylus avellana)
7
0,38
Frêne
(Fraxinus excelsior)
2
0,06
Genêt
1
0,07
Pomoïdée
1
0,06
Fig. 7 - Table des Marchand, charbons de bois de la couche pré-mégalithique
biotope des lieux humides bordant, par exemple, les cours d'eau ou les zones
marécageuses.
- quant au chêne caducifolié, correspondant indifféremment au chêne sessile ou
pédonculé, il s'agit d'une espèce héliophile ou de demi-ombre pouvant
croître dans des forêts ou des haies. On verra plus loin, grâce aux
observations dendrologiques, que les chênes brûlés à locmariaquer
proviennent de forêts denses.
En résumé, la liste des espèces attestées par l'analyse anthracologique souligne
l'existence dans la région de Locmariaquer, au Néolithique moyen, d'une Chênaie,
mais aussi de zones ouvertes, déboisées dans lesquelles poussent des essences
héliophiles comme le noisetier et l'érable. Dans les dépressions, croissent des forêts
ripicoles à arbres hygrophiles comme le peuplier et le saule.
4.2 - Résultats d'analyses sur le long tumulus d'Er Grah avec observation du
plan ligneux
Une observation des cernes d'accroissement du bois a été effectuée, à la loupe
binoculaire, sur les charbons de chêne dans tous les lots considérés. Elle est venue
compléter la détermination des essences rapportée ci-dessus. Tous les charbons de
chêne présents n'ont toutefois pu donner lieu à une observation du plan ligneux ou
dendrologique. Certains d'entre eux, trop fragmentés ou mal conservés, présentaient,
en effet, des plans ligneux indéchiffrables.
La largeur moyenne des cernes à très faible courbure des charbons de chêne
caducifolié a pu également être calculée afin de tenter de déterminer la nature du
peuplement d'où ils ont été extraits.
Le foyer Fl d'Er Grah a livré bon nombre de charbons de bois. Nous en
avons déterminé 92 se répartissant selon trois taxons (fig. 2). Le chêne est l'essence
largement dominante dans ce lot. Trois fragments en provenance de racines ont pu
être distingués.
Les charbons de chêne sont, dans leur grande majorité, issus de pièces de bois
de fort calibre (4 charbons seulement sur 85 proviennent de petites branches). La
largeur moyenne des cernes très peu courbes des charbons de chêne est de 1,85 mm,
avec un écart type élevé de 0,70. Il est possible de suivre ces résultats d'observation
HISTOGRAMME DE FREQUENCES
LOCMABIAQUEE ER GRAH, FOYER FI
—p7~i—i—<—i—|—i—i—i—|—i—i—i—|—r
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I
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i
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I
8
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i
i
1
10
Fig. 8 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne dans le
foyer Fl, Er Grah
10
Fig. 9 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne dans le
centre du foyer en G52, Er Grah 1990
1
c
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v
L
ii
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J
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J
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Fig. 10 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne en
bordure du foyer de G52, Er Grah 1990
sur l'histogramme de la figure 8.
Le foyer mis au jour en 1990, dans le secteur G52, a également fait l'objet
d'une analyse ou plus exactement de deux analyses : une effectuée au centre de la
structure (fig. 3) et une en bordure (fig.4). Dans ces deux analyses, le chêne est à
nouveau très dominant. Il n'est entouré que de quelques espèces héliophiles comme
le noisetier, l'érable et les Pomoïdées.
Au centre de la structure, 34 charbons de chêne sont à cernes courbes sur 117
charbons de chêne, soit 71 % de charbons à cernes quasi rectilignes. la largeur
moyenne des cernes chez ces derniers individus est de 1,31 mm, avec un écart type
de 0,49 (fig.9).
En bordure de la structure, la tendance est totalement inversée. 25 individus
sont à cernes quasi rectilignes contre 70 à cernes courbes, soit seulement 26 % de
charbons à cernes quasi rectilignes. Les charbons issus de troncs ou de grosses
branches ont des largeurs moyennes de cernes de 1,40 mm, avec un écart type de
0,38 (fig. 10).
Un quatrième lot de charbons de bois fut récolté par les fouilleurs dans une
zone rubéfiée en AF49 repérée au sommet du paléosol, sous le tertre limoneux, à
l'extrémité sud du monument. Cette zone fait partie d'un alignement de trous de
poteaux interprétés par les archéologues comme le témoin d'une palissade interne au
tertre. Sur la centaine de charbons examinés, trois essences ont été attestées (fig. 5).
Le chêne est également ici le taxon dominant. Les autres charbons correspondent à
des branches de saules et peupliers prélevées dans les formations végétales ripicoles
(localisées au bord des cours d'eau) des fonds de vallées voisines. Ces essences ont,
de toute évidence, été choisies pour le caractère souple que présente leur bois propice
aux clayonnages.
Les fragments de chêne sont ici presque systématiquement en provenance de
branches (seuls 2 sur 49 charbons présentent des cernes quasi rectilignes).
4.3 - Résultats d'analyses sur le dolmen de la Table des Marchand avec
observation du plan ligneux
Dans le foyer F5, parmi la vingtaine de charbons observés, deux taxons se
distinguent : chêne à feuilles caduques et Pomoïdée type Sorbus ou Crataegus (fig.
6).
Les douze charbons de chêne présentent tous des cernes rectilignes. Ils ont été
HISTOGRAMME DE FREQUENCES
LOCMARIAQUER TABLE DES MARCHAND FOYER F5
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11 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne dans le
foyer F5, Table des Marchand
HISTOGRAMME DE FREQUENCES
LOCMARIAQUER Table des Marchand
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12 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne dans la
couche pré-mégalithique de la Table des Marchand
obtenus à partir de grosses branches ou de troncs. La largeur moyenne de leurs cernes
est de 1,3 mm, avec un écart type de 0,14 (fig. 11).
Dispersés dans le sol antérieur à la construction du mégalithe, 25 charbons ont
été étudiés. Ils appartiennent à cinq essences (fig. 7). Les noisetiers, Pomoïdées et
genêts utilisés comme combustibles signent, la présence d'espaces ouverts aux
alentours du site. Ce sont des espèces de reconquête de milieux déboisés.
Le frêne peut provenir de forêts ripicoles de bords des eaux.
Les charbons de chêne présentent ici des cernes rectilignes, sauf pour trois
d'entre eux sur 14. La largeur de ces cemes est en moyenne de 1,12 mm, avec un
écart type de 0,35 (fig. 12).
Le chêne est l'essence carbonisée dominante dans tous les lots étudiés tant à
Er Grah qu'à la Table des Marchand.
De plus, on constate donc que globalement, les hommes néolithiques de
Locmariaquer ont alimenter leurs foyers domestiques avec de grosses branches
ou des fragments de troncs de chêne. Il existe une exception nette à cette règle,
c'est l'échantillon provenant du bord du foyer en G52 sur Er Grah.
Enfin, l'utilisation préférentielle de branches dans la zone charbonneuse en
AF49 correspond manifestement à une volonté d'employer des branches dans la
confection du clayonnage.
Dans tous les cas, l'observation d'une largeur moyenne des cernes faible à très
faible (entre 1,2 à 1,8 mm) tend à indiquer que les chênes de Locmariaquer sont
issus de formations denses dans lesquelles les arbres connaissent une croissance
lente.
Les données armoricaines actuelles sur l'étude des cemes des charbons de chêne
Il est fort intéressant de comparer ces résultats d'analyse dendrologique avec
ceux contemporains ou non obtenus dans d'autres secteurs géographiques du Massif
armoricain. L'ensemble de ces données est présenté sur les deux diagrammes
synthétiques de notre thèse de Doctorat (Marguerie, 1991) (fig. 13 et 14).
Ces figures reprennent l'ensemble des données actuelles obtenues dans le Massif
armoricain du Néolithique à l'Age du Fer sur les charbons de chêne prélevés au sein
a. O
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de structures de combustion domestiques ou de rejets de combustion.
L'évolution en fonction du temps de la largeur moyenne des cernes (avec son
écart type) figurés sur les charbons en provenance de troncs est portée sur la figure
13.
La largeur moyenne des cernes chez les troncs est de l'ordre de 1,5 mm durant
le Néolithique moyen armoricain, vers 4000 cal BC (5200 à 5000 BP).
A l'Age du Bronze ancien, vers 2300 à 1700 cal BC (3600 BP), sur une
exemple malheureusement unique, ce paramètre augmente pour atteindre 2,2 mm.
Ce taux d'accroissement a doublé et se situe donc autour de 3 mm, au Second
Age du Fer, vers 200 cal BC (2000 BP).
Parallèlement, on constate une évolution vers l'utilisation nettement plus
fréquente dans les foyers domestiques au Second Age du Fer qu'au Néolithique
moyen, de bois de chêne de faible calibre issus de branches ou de jeunes troncs
d'arbres (fig. 14).
Sur la base de ces données, malheureusement discontinues dans le temps, deux
lots d'échantillons s'opposent nettement et indiquent une ouverture du milieu forestier
armoricain entre le Néolithique et le second Age du Fer et plus récent.
Lors de l'installation des Néolithiques en Armorique, des arbres de futaie furent
les premiers à être abattus ou récoltés morts au sein de la forêt primitive dense pour
servir de combustible.
Avec l'expansion démographique considérable que connaît l'Armorique durant
le Second Age du Fer, la demande accrue en matière première ligneuse entraîne
d'importants déboisements et une pratique plus intense du taillis.
5 - CONCLUSIONS
Les fouilles récentes des monuments mégalithiques de Locmariaquer ont
également fait l'objet, depuis 1987, d'un suivi palynologique par nous-mêmes,
sédimentologique par B. Bigot et A. Gebhardt et micromorphologique par A.
Gebhardt (cf. rapport d'analyses commun réalisé en 1988). Aux côtés des données
polliniques, les phytolithes et les traits texturaux microscopiques très poussiéreux
observés à la surface du paléosol conservé sous le tumulus d'Er Grah viennent
renforcer l'impression d'un environnement ouvert et une mise à nu du sol à des fins
agricoles (Gebhardt et Marguerie, 1990). Enfin, l'observation en lame mince de
microcharbons de bois et d'accumulations cendreuses indique un défrichement par
brûlis peu antérieur à la construction du monument d'Er Grah. Cette pratique est
d'ailleurs confirmée par la palynologie.
L'ensemble des résultats d'analyses indiquent donc que l'installation dés
monuments funéraires s'est faite au milieu d'un paysage ouvert et mis en culture. Des
graines carbonisées de Blé tendre compact et de Légumineuses ont d'ailleurs pu être
extraites du remplissage de fosses et déterminées par J. L'Helgouach à la Table des
Marchand.
Enfin, ces résultats d'analyses sont confortés par la découverte, au cours des
fouilles actuelles, de foyers, fosses et trous de poteaux au sein du paléosol, tant à Er
Grah que sur la Table des Marchand : indices indubitables d'une installation humaine
préalablement à la construction du monument funéraire.
Aussi l'abondance des charbons de chêne, constatée dans les analyses
anthracologiques ici relatées, tranche avec la sous-représentation de cette espèce dans
les spectres palynologiques. Ce phénomène résulte d'une préférence marquée de
l'homme pour cette essence aux qualités calorifiques et mécaniques reconnues. Une
mise en garde s'impose donc, à travers cet exemple, sur le danger qu'il y aurait à
vouloir faire une reconstitution paléo-environnementale à partir de l'analyse
quantitative des charbons de bois récoltés dans une structure archéologique
particulière.
Des travaux publics ont, en 1990, entraîné une fouille de sauvetage d'urgence
aux abords du monument mégalithique de Mané er H'roeck, au lieu dit le Rouick en
Locmariaquer. Deux foyers ont été dégagés. Du mobilier céramique et des charbons
de bois y ont été récoltés par J.-Y. Tinevez et O. Kayser. Récemment, une datation
radiocarbone réalisée sur les charbons de bois nous a été communiquée. Elle est de :
5300 ± 60 B.P. (Gif 8702), soit 4312 à 4007 cal B.C.. Ces structures de combustion
sont donc rapportées au Néolithique moyen et sont contemporaines de celles étudiées
à Er Grah et sur la Table des Marchand.
Les charbons de l'un des deux foyers mis au jour ont été tamisés et étudiés.
Trois taxons y ont été distingués (fig. 15). Ce foyer a été alimenté pour une large part
avec des essences empruntées à des formations ligneuses héliophiles (noisetier et
Pomoïdée).
TAXONS
NOMBRE
MASSE
Chêne caducifolié
(Quercus sp.)
31
7,51
Noisetier
(Corylus avellana)
52
34,57
Pomoïdée
17
10,74
Fig. 15 - Le Rouick, charbons du foyer Fl
Les charbons de chêne sont, dans ce cas, pour moitié seulement en provenance
de troncs ou grosses branches. La largeur moyenne des cernes rectilignes est de 1,27
mm, avec un écart type assez élevé de 0,66 (fig. 16).
HISTOGRAMME DE FREQUENCES
LOCMARIHÛUEF:, LE ROUICK FOYER Fl
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Fig. 16 - Largeur des cernes à faible courbure des charbons de chêne du foyer
Fl du Rouick
Les chênes utilisés dans ce foyer proviennent également de formations
forestières denses. Ces résultats d'analyses acquis sur le Rouick sont donc en parfait
accord avec ceux obtenus à Er Grah et à la Table des Marchand.
Aux côtés des zones ouvertes mises en évidences par la palynologie, la
micromorphologie et l'attestation de charbons d'essences héliophiles, existaient, dans
le golfe du Morbihan, des chênaies denses au sein desquelles les néolithiques
s'approvisionnaient notamment en bois de chauffage.
Au Néolithique moyen,
dans le golfe du Morbihan,
les monuments
mégalithiques sont donc implantés dans des sites déboisés (croisement des données
palynologiques et anthracologiques). La culture de céréales et de légumineuses est
alors attestée sur place par la palynologie et la carpologie.
Cette situation tranche nettement avec celle existant à la même période
chronologique dans l'intérieur, en Ille-et-Vilaine, à Saint-Just. Le dolmen du Château
Bû y a en effet été installé au milieu d'une zone forestière assez dense de type
Chênaie à tilleuls (Marguerie, 1991). De telles constations faites à travers différentes
analyses palynologiques et anthracologiques bretonnes (voir aussi les dolmens à
couloir des landes de Lanvaux dans le Morbihan) tendent à attester un décalage
chronologique dans l'anthropisation du milieu naturel entre les zones littorales et
continentales. Le littoral semble avoir été occupé et mis en culture plus tôt.
Ce rapport d'analyses mentionne les résultats acquis à ce jour. De nouveaux
travaux sont d'ores et déjà engagés. Ils concernent des prélèvements effectués lors de
la campagne de fouilles de l'été 1991. De nouveaux foyers ont été mis au jour au sein
du paléosol conservé sous le tertre tumulaire d'Er Grah. Ceux-ci ont donné lieu à des
prélèvements en masse de couches charbonneuses riches en macrorestes carbonisés.
Sur la Table des Marchand, le tamisage systématique, effectué par J. L'Helgouach,
du remplissage sédimentaire garnissant plusieurs fosses a permis d'y extraire, entre
autres, des graines et des charbons.
BIBLIOGRAPHIE
Les données autoécologiques et biotopiques mentionnées dans ce rapport sont
cxtr3j.tcs de *
RAMEAU J.C., MANSION D. et DUME G., 1989 - Flore forestière
française, guide écologique illustré. T. 1, plaines et collines, Institut pour le
développement forestier, Paris, 1785 pages.
GEBHARDT A. et MARGUERIE D., 1990 - Etudes paléo-environnementales
de la transformation du paysage armoricain sous l'influence de l'Homme néolithique.
In : XVrme Colloque interrégional sur le Néolithique, Paris, novembre 1989, (sous
presse).
MARGUERIE D., 1991 - Evolution de la végétation sous l'impact anthropique
en Armorique du Mésolithique au Moyen Age : études palynologiques et
anthracologiques des sites archéologiques et des tourbières associées. Thèse de
Doctorat de l'Université de Rennes I, 1 tome, 412 pages.
Les charbons pris en compte dans le cadre de cette étude restent disponibles au
Laboratoire d'Anthropologie et peuvent être renvoyés à l'archéologue pour datation
radiocarbone ou autre analyse.
A..G.O.K./V.
Association du Grand Ouest pour la Recherche en Archéo-sciences
LABORATOIRE D'ANTHROPOLOGIE,
PREHISTOIRE,PROTOHISTOIRE ET QUATERNAIRE
ARMORICAINS
U.P.R. n*403 du C.N.R.S.,
Université de Rennes I, Campus de Beaulieu
35042 RENNES CEDEX - Tél. : 99 28 61 09
Rapport d'étude sédimentologique
Anne Gebhardt
ER GRAH (LOCMARIAQUER, MORBIHAN)
Depuis 1987, les campagnes archéologiques menées sur le site de Locmariaquer
dirigées par l'équipe de la Direction des Antiquités de Rennes (Le Roux et al, 1988) ont
permis la fouille du monument néolithique d'Er Grah. Daté de -4410 à -3900 CAL BC
(GIF.7693), il est apparenté aux grands "tumulus carnacéens".
Les premiers travaux ont permis de distinguer trois phases dans la construction du
monument :
- un cairn primaire à chambre centrale
- deux extensions nord et sud à noyau limoneux
- habillage de l'ensemble par un parement externe.
Ce tertre tumulaire a fossilisé un très beau paléosol. Depuis 1988, nous avons effectué une série de prélèvements en plusieurs endroits du site.
a) Situation des prélèvements (doc. VII, fig. 2 et 3)
Nous nous attacherons tout particulièrement à quatre profils, tous situés dans le
paléosol. :
- le profil PI, situé sous les limons du tertre en G52.
- le profil P2, situé sous le dallage de la chambre en L52, dans une zone non perturbée par les fouilles anciennes.
- le profil P3, situé sous les limons du tertre en AE 51/52
- le profil P4, situé sous le parement externe du cairn en Q54
b) Discussion des résultats
Les résultats micromorphologiques (doc.VII, fig.4) sont assez homogènes pour
tous les profils, sauf P2, et sont repris en une seule description.
Le sol fossilisé par le dallage de la chambre centrale du cairn primaire s'est révélé
très perturbé par une activité biologique acidiphile intense et semble-t-il récente. Cette
activité semble liée à la présence d'un gros conifère, planté juste à côté du dolmen, et
encore visible peu avant le début des travaux archéologiques. La forte proportion de racines fines mais "fraîches" et l'observation de diatomées, présentes par ailleurs uniquement dans les limons du tertre, conforte cette idée de sédiment récemment remanié. Ce
sédiment est donc archéologiquement en place, mais perturbé par la pénétration des racines d'un arbre moderne, il ne peut pas fournir de renseignements fiables pour l'étude
du paléosol.
Partout ailleurs sous le monument, le sol est compact, et la fraction minérale assez
homogène. La fraction charbonneuse est fine, anguleuse et présente partout. Au sommet du profil en PI, des accumulations cendreuses sont observées. En P3, ce sont, toujours en sommet de profil, des accumulations charbonneuses qui sont observées. Les
phytolithes sont abondants surtout au sommet du profil.
Les trait pédologiques nombreux et variés, attestent une histoire complexe de ce
paléosol développé sur l'altérite limono-sableuse du granité sous-jacent.
Les accumulations de matrice autour de certains minéraux sont les héritages
d'activités périglaciaires de gel/dégel pléistocènes semblables à celles déjà observées
par Curmi (1979) dans la région de Pontivy. La fraction limoneuse éolienne périglaciaire
qui vient enrichir la fraction minérale est liée à la couverture loessique périglaciaire déjà
observée en Bretagne (Briard et Monnier, 1976, Le Calvez, 1979).
Outre des papules limpides, anguleuses et présentes en grand nombre vers la base
de P3, on observe des revêtements argileux peu épais, brun-rouge, et qui dans tous le
profil en P3, apparaissent souvent poussiéreux et sont parfois difficiles à différencier de
la masse (surtout à faible grossissement). Ces traits texturaux fins et poussiéreux sont révélateurs d'une mise à nu du sol. En définir la cause précise paraît difficile. Le transfert
des argiles poussiéreuses, encouragé par le brûlis, aura démarré avec les premiers déboisement. Etant donné la présence de pollens de Céréales (D. Marguerie, com. pers.)
il est fort probable que nous soyons en présence d'agricutanes liés à une agriculture
Néolithique. Il est intéressant de noter l'absence d'horizon appauvri. Nous pourrions
voir ici la preuve de l'érosion des horizons supérieurs du sol brun lessivé Atlantique.
Vers la base de P4, il y a un fragment de sédiment enrichi en argiles brunes. Il provient de l'horizon textural d'un sol brun lessivé.
Des revêtements plus jaunes, finement poussiéreux, bien caractérisés et lités existent au sommet du paléosol, à son contact avec le tertre. Ils sont d'ailleurs très abondants dans toute la masse de ce dernier. Cette variation de couleur est peut-être à
mettre en relation avec une acidification de la pédogenèse. Au sein du tertre, le fer et
l'argile migrent alors séparément et les revêtements argileux perdent leur couleur rouge
(Fédoroff, 1973). Par ailleurs, le fer s'accumule en fins liserés (visibles sur le terrain),
soulignant le contact entre les masses de terre transportées par paniers.
Un fragment de sol brûlé orienté verticalement a été observé en P3, vers 10 cm de
profondeur. Seuls la mésofaune, ou un travail profond du sol peuvent l'avoir enfoncé si
bas. L'incidence du feu naturel sur le sol étant peu profonde (Boulbin, 1976), nous pourrions également avoir là une preuve de l'emploi de la technique de l'essartage. En effet,
pour brûler "profondément" le sol nécessite le passage lent d'un feu très virulent. Si une
forêt verte et sur pied ne permet pas de réunir ces conditions, du bois sec accumulé au
sol après élagage brûle ardemment. La présence, au sein de ce fragment, de revêtements
limpides et légèrement lités de couleur rouge orangé prouve qu'il est resté dans cette
position pendant un certain temps, le sol ayant été abandonné par les Lombrics ou par
les outils agricoles.
Mais d'autres indices montrent qo-* lu site a été sujet au brûlis : les fragments
charbonneux présents au sein et en surface du paléosol, les dépôts cendreux (photo 5).
En déterminant de la Potentille, plante de reconquête des landes incendiées, au sein du
spectre pollinique fossile, D. Marguerie confirme cette idée. Sachant que la reconquête
des milieux incendiés n'est pas instantanée, et que les cendres, fragiles, sont très rapidement lessivées, nous avons la preuve que le site d'Er Grah a fait l'objet de brûlis successifs assez espacés dans le temps.
Apparemment les Lombrics n'ont pas été actifs jusqu'à la fossilisation du sol. Sous
le parement externe du monument, leurs terriers se font rares au sommet du profil,
remplacés par les déjections d'une microfaune acidiphile. Le sol semble donc être devenu plus acide. Ceci a également pu être observé sur le même type de sol à Carn Brae
(Angleterre), un oppidum Néolithique daté de 3900 BC (Macphail, 1990, AMLR non
publié).
Les phytolithes attestent un milieu largement ouvert, ce qui est confirmé par les
analyses palynologiques de D. Marguerie (Gebhardt et Marguerie, sous presse) : nombreux plantains, graminées, composées variées et abondantes rudérales se partagent les
85 à 95 % du spectre pollinique. L'anthropisation ne fait pas de doute. Mais la détermination de charbons provenant de Chênes forestierj (Marguerie, com. pers.) atteste la
permanence d'une forêt à proximité du site.
La lecture du tableau des valeurs granulométriques met en évidence un sédiment
très sableux sous la dalle située dans la chambre d'Er-Grah. Par contre, sur ce même
site, le sédiment prélevé en AE 51/52 est le plus argileux.
Les courbes granulométriques (doc.VII, fig.5 ) bimodales nous rappellent l'apport
de limons éoliens (entre 80 et 100 m) mélangés aux altérites locales. Au sommet du sédiment limono-sableux étudié en AE 51/52, les sédiments 1 et 3 montrent une forte
proportion d'argiles fines. Il s'agit sans doute des revêtements argileux jaunes, abondants au sein du tertre.
c) Conclusions
En ordonnant toutes ces observations, nous pouvons proposer trois épisodes principaux dans l'évolution du paysage de Locmariaquer (fig.10):
- Une première déforestation de la forêt originelle (fig.lOb), qui aura fourni les
nombreux fragments charbonneux présents dans tout le profil, quelques gros charbons
épars, et cuit les premiers millimètres d'un sol de type brun lessivé.
- Puis il y a reprise d'une végétation basse de prairie (phytolithes) et des processus
pédologiques (Lombrics, lessivage). Plusieurs brûlis affectent alors cette végétation
Fig.10 : Evolution schématique du paléosol d'Er Grah.
a : forêt climacique Atlantique sur sol brun lessivé : fortes bioturbation, peu de charbon,
b : premiers déboisements par brûlis générant les charbons de bois et la mise en place
de revêtements argileux poussiéreux, c/d : activité anthropique, culture en rotation ; reprise de l'activité des Lombrics pendant un moment (permet l'enfoncement de charbons,
fragments de terre brûlée...), puis acidification, e : dernier brûlis précédant la construction du monument d'Er Grah, et fossilisation du paléosol.
basse (charbons fins, phytolithes, cendres qui s'accumulent en surface du paléosol), stimulant la formation de revêtements poussiéreux et l'activité des vers de terre.
Une mise en culture du site, et des alentours, dès la déforestation primaire est tout
à fait possible. La succession de brûlis peut même faire penser à une rotation des terres
cultivées, ou à une agriculture itinérante (fig.10, c/d). Le site d'Er-Grah ne semble pourtant pas se reboiser. L'activité agricole qui s'y déroule aura contribué à l'érosion des horizons supérieurs du profil pédologique, à l'enfouissement de fragments de terre brûlés
et progressivement à l'acidification du sol (disparition des Lombrics).
- Un dernier brûlis (fig.lOe) a eu lieu juste avant construction du monument
fig.lOf), ne laissant pas aux cendres et charbons concentrés à la surface du sol le temps
de s'éparpiller ou de s'enfoncer dans le sol. Les processus pédologiques contemporains
de la construction du tertre sont, eux, franchement acides.
ite : ER GRAH
ocalisation : Locmariaquer, Morbihan
esponsable : C.T. Le Roux
ériode : Néolithique, -3900 à -4400 Cal BC
Fig.1 : Localisation du site
Fig.3 Description macroscopique
Fig.2 : Situation des profils
o
cm
dallage de la chambre principale
0
cm
î ■ •.
Limons du tertre
2
■
j
50
texture limonosableuse,
5% graviers et cailloux,
structure massive
racines tines
•
;
limono-argileux, brun-noir (10YR 2/3),
structure tragmentaire, polyédrique
grumeleuse (agrégats : 1mm), quelques
pores fins, petits blocs arrondis d'altérite,
activité biologique intense dans tout le pro
racines moyennes à fines.
limite avec substrat très nette.
50
-1
limite de sondage
limite de sondage
Profil 1 en G52
Profil 2 en L52 (sous la chambre)
Cairn
Remaniement moderne (parking)
limono-argileux, brun (10 YR 4/4),
structure fragmentaire fine polyédrique
(agrégats subangulaires de 1mm).
racines très fines, peu nombreuses,
quelques rares chenaux,
limite avec le substrat progressive.
limons du tertre
brun foncé (10YR 3/4),
clair (10YR 4/4) à la base,
limono-sableux, quelques
graviers et cailloux granitiques,
structure fragmentaire
polyédrique subangulaire
(agrégats : 2mm),
activité biologique faible
(fines racines, charbons)
limite de sondage
/A
Profil 4:en Q54 et C53
limite de sondage
Profil 3 : en AE 51/52
Fig.4 Analyse micromorphologique
Microstructure : structure massive, porosité faible (chambres, rares fissures), porosité importante sous dolmen,
licroagrégée.
Composants : quartz, feldspaths, micas (muscovite) et fragments granité (0.5 à 1 mm\ masse réticulée/tachetée,
iorphyrique/géfurique, jaune-orange, biréfringence moyenne à faible, fraction organique riche en phytolithes, quelques
liatomées, fragments racines fines sub-actuelles, très nombreuses sous dolmen, fragments charbonneux très fins
ubanguleux (aspect poussiéreux), accumulations cendreuses (G52.P1), charboneuses aciculaires assez grossières
AE 51/52.P3)
Traits pédologiques : revêtements plus ou moins poussiéreux, brun-rouge/jaune-orangé, parfois lités , quelques
>apules brunes, non litées, limpides et relativement anguleuses. A la base de P4, accumulations de matrice autour
raction minérale, fragment de sol brûlé, microfaune abondante sous chambre funéraire, Lombrics (base),
quelques concrétions ferrugineuses.
rig.
e : revêtements argileux poussiéreux
: 5 : Analyses granulométriques
Tableau des indices et valeurs granulométriques :
0
i
1
1
1
1
20
40
60
80
100
MUSEUM
NATIONAL
LABORATOIRE
(URA
D' HISTOIRE
D'ANATOMIE
1 1 5
DU
NATURELLE
COMPAREE
CNRS)
LES SQUELETTES DE BOVINS DU LONG TUMULUS D'ER-GRAH
(LOCMARIAQUER, MORBIHAN)
APPROCHE ARCHEOZOOLOGIQUE
D'UN PROBABLE DEPOT SACRIFICIEL NEOLITHIQUE
par J. D. VIGNE et A. TRESSET (*),
avec E. GAUME, J.-Y. TINEVEZ, Y. LECERF et C.-T. LE ROUX (**)
" U.R.A. 415 du C.N.R.S., Laboratoire d'Anatomie Comparée
du Muséum National d'Histoire Naturelle, 55 rue de Buffon,
75005 Paris.
Service régional de l'Archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles de
Bretagne, 6 rue du Chapitre, 35044 RENNES CEDEX et U.P.R. 403 du C.N.R S.,
Campus de Beaulieu, 35043 RENNES CEDEX.
LES SQUELETTES DE BOVINS DU LONG TUMULUS D'ER-GRAH
(LOCMARIAQUER, MORBIHAN)
APPROCHE ARCHEOZOOLOGIQUE
D'UN PROBABLE DEPOT SACRIFICIEL NEOLITHIQUE
par J. D. VIGNE et A. TRESSET (*),
avec E. GAUME, J.-Y. TINEVEZ, Y. LECERF et C.-T. LE ROUX (**)
Contexte Archéologique :
Sur ce site en cours de fouille depuis 1987, l'un des points forts des campagnes 1990
et 1991 a été la mise au jour d'une fosse contenant le squelette de deux bovins. Cet
ensemble se situe devant la façade sud du cairn primaire, dans un secteur où le paléosol est
bien scellé par l'apport du limon gris de l'extension sud du monument.
Le remplissage est cellé par un lit de moellons légèrement déprimé sous le limon gris.
L'excavation est longue de 3 m, large de 2,5 m et descend à 1 m sous la surface du vieux
sol.
La fosse peut être associée à un ensemble de structures de combustion dont deux ont
fourni des dates de 5250 ET 5260 ± 70 BP, soit 4340-3870 av. J.-C. (Gif 7691 et 7692).
Elle paraît contemporaine de la première phase de fréquentation du site, antérieure à
l'édification du caim primaire sous lequel d'autres structures similaires viennent d'être
localisées.
Etat de conservation :
Bien plus pauvre en artéfacts que le vieux sol environnant, le remplissange renferme
de nombreuses pierres ainsi que des ossements ayant subi une forte dégradation postdépositionnelle. Une gangue minéralisée (phosphates ?) d'épaisseur inégale (5 à 8 mm)
moule les ossements qui ne subsistent qu'à l'état de poussière compacte. Pour l'instant
seuls sur le site à être à peu près correctement conservés, les ossements de la fosse H51 ont
dû bénéficier de conditions particulières que les analyses en cours devraient préciser. La
gangue minéralisée a permis une pérénité des formes suffisante pour que la plupart des
pièces squelettiques soient identifiables par leur morphologie ou leur position anatomique.
Certaines d'entre elles étaient mesurables.
Disposition des squelettes :
Ces ossements renvoient à deux squelettes de bovins en connexion, déposés côte à
côte sur le fond de la fosse, les têtes vers le sud.
L'individu A reposait sur le flanc droit, sans perturbations majeures, le train de côtes
gauche était plaqué contre le droit ; les antérieurs étaient fléchis sans excès, alors que les
postérieurs, superposés, étaient en extension maximale.
Un mètre plus à l'est, l'individu B reposait sur le dos, légèrement basculé sur le flanc
droit ; la tête osseuse, très endommagée, présentait la face ventrale (sans la mandibule ?)
vers le haut ; la colonne cervicale était en extension forcée ; les côtes avaient pratiquement
toutes disparu, mais le sternum était plaqué contre la colonne dorsale ; les antérieurs étaient
en flexion forcée ; le postérieur droit était semi-fléchi ; le postérieur gauche, en flexion
forcée, reposait sur la symphyse publienne.
La tubérosité ischiatique gauche de l'individu B reposait sur le torse gauche de
l'individu A.
Ces observations montrent que :
1 - l'individu A a été déposé (peu ?) avant l'individu B ;
2 - les deux bêtes étaient en complète connexion lors du dépôt et n'ont pratiquement
pas été perturbées ensuite ;
3 - les cages thoraciques n'avaient pas été ouvertes avant le dépôt, ce qui aurait
provoqué la pénétration de sédiments entre les deux trains de côtes de l'individu A ainsi
qu'entre le sternum et la colonne vertébrale de l'individu B ;
4 - le temps d'exposition des squelettes à l'air libre a dû être court, compte tenu de
l'absence de perturbation par les carnivores.
Dans l'état actuel de l'analyse, il semble que la flexion forcée de certains membres
résulte de la compaction post-dépositionnelle plutôt que d'une ablation partielle de la viande
avant le dépôt.
Age, sexe, taille et détermination des bovins :
La taille des deux individus ainsi que le stade d'éruption dentaire de l'individu A
indiquent un âge adulte. Le coxal de l'adulte B renvoie à un mâle. L'individu A pourrait
correspondre à une femelle, mais il est difficile de se prononcer pour l'instant. Les deux
squelettes sont de taille comparable. Les hauteurs au garrot, calculées sur différents os
longs, donnent une moyenne de 145 cm (N = 11 ; std = 9,15 ; mini. = 130 ; max. =
160). Compte tenu de la rareté de données régionales sur la taille des bovins domestiques
et sauvages néolithiques, ces données sont difficiles à exploiter. Toutefois, si l'on se réfère
aux périodes contemporaines dans le Bassin Parisien, elles plaident en faveur de grands
boeufs domestiques (Bos taurus) plutôt que d'aurochs (Bos primigenius), ce que semble
confirmer la morphologie des chevilles osseuses de l'individu A. Ces bovins domestiques
seraient d'une taille comparable à celle des plus grands taureaux Cemy du Bassin Parisien.
Tentative d'interprétation du dépôt :
Tout semble indiquer que ces deux grands bovins domestiques ont été déposés frais
dans la fosse,
disposés
intentionnellement et ensevelis rapidement.
Le contexte
archéologique renforce l'impression de dépôt sacrificiel lié au monument. On ne peut
s'empêcher de faire le rapprochement avec les bovinés ornant les dalles de Gavrinis et de la
Table des Marchand toute proche.
Une telle découverte confirme la place particulière des bovins dans la sphère
spirituelle des populations néolithiques locales. La mauvaise conservation des ossements
dans le Massif Armoricain empêche pour l'instant de savoir si elle s'accompagne ou non
d'une relation privilégiée dans le domaine matériel.
U.R.A. 415 du C.N.R.S., Laboratoire d'Anatomie Comparée
du Muséum National d'Histoire Naturelle, 55 rue de Buffon,
75005 Paris.
** Service régional de l'Archéologie, Direction Régionale des Affaires Culturelles de
Bretagne, 6 rue du Chapitre, 35044 RENNES CEDEX et U.P.R. 403 du C.N.R.S.,
Campus de Beaulieu, 35043 RENNES CEDEX.
LOCMÀRIAQUER, Er-Grah. - Les deux bovins dans la fosse H51
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RAPPORT D'ETUDE PETRO-ARCHEOLOGIQUE
DES CERAMIQUES DES SITES
DU NOUVEAU CIMETIERE ET D'ER GRAH
EN LOCMARIAQUER (56)
Hervé MORZADEC
Laboratoire d'Anthropologie, Université de Rennes I
UPR 403 du CNRS
RAPPORT D'ETUDE PETRO-ARCHEOLOGIQUE
DES CERAMIQUES DES SITES
DU NOUVEAU CIMETIERE ET D'ER GRAH
EN LOCMARIAQUER (56)
Hervé MORZADEC
Laboratoire d'Anthropologie,
Université de Rennes I
L'étude pétro-archéologique des céramiques des sites du
Nouveau Cimetière (Lnc) et d1 Er Grah (Leg) s'insère dans une
étude d'ensemble des céramiques néolithiques du Golfe du
Morbihan.
L'étude a porté sur 2 6 échantillons du Nouveau Cimetière et
sur 17 échantillons d' Er Grah. Les résultats obtenus apportent
de nombreux renseignements sur les matériaux utilisés et leurs
zones sources. Dans ce rapport, en raison de la proximité des
deux sites et les nombreuses ressemblances dans la composition
du dégraissant, les deux sites seront étudiés simultanéement.
L'étude macroscopique montre une grande variabilité de
l'aspect des échantillons. Cela va de céramiques très fines
ayant des surfaces extérieures très bien lissées à des
céramiques très grossières.
Ceci est le reflet de la
composition du dégraissant et de ses proportions dans la
céramique.
L'analyse microscopique de la texture des céramiques
confirme cette première observation. On note la présence de
céramiques dans lesquelles aucun dégraissant n'a été rajouté,
fabriquées à partir d'une argile contenant des grains de très
faibles dimensions (environ 50 /zm) , des céramiques fabriquées à
partir des mêmes matériaux auxquels ont été rajoutés un
dégraissant grossier et des céramiques dont les matériaux sont
issus de matériaux d'altération.
L'étude de la structure interne des échantillons de
céramiques a permis de mettre en évidence des phénomènes
intéressants. Il s'agit des limites dues au montage entre les
colombins. Deux exemples sont particulièrement représentatifs
de ce phénomène.
- Le premier (Leg 33, Planche I) est observable dans une
céramique à dégraissant très fin et très homogène. La limite
entre les deux colombins est soulignée par une ligne opaque dûe
à la présence d'eau entre ces deux colombins qui, au cours de
la cuisson a induit une migration de certains éléments, en
particulier le fer. L'angle que fait cette limite avec le bord
du tesson est d'environ 35° ; cet angle est à mettre en
a
PLANCHE I
Echantillon Leg 33,
x20,
limite entre deux colombins
soulignée par une ligne opaque, a: microphotographie, b: schéma
interprétatif
PLANCHE II
Echantillon Leg
18,
soulignée par une forte
matrice
et
des
vides.
interprétatif
x20,
limite
entre
deux col
orientation des éléments da
a:
microphotographie,
b:
relation avec 1*étirement au cours du travail de la pâte. Plus
11étirement du colombin sera important plus cette limite tendra
à se paralléliser avec le bord du tesson.
- Le second (Leg 18, Planche II) est observable dans une
céramique à dégraissant grossier très hétérogène et contenant
de nombreux vides. La limite entre les deux colombins est moins
tranchée mais constitue une zone dans laquelle les éléments
sont fortement orientés. L'angle entre les bords du tesson et
la structure interne est dans ce cas d'environ 45°. On a donc
eu un étirement moins important du colombin, ce qui se traduit,
pour une même quantité de matière, par une céramique plus
épaisse.
Etude pétrographique de la céramique du Néolithique et de l'Age
du Bronze
A partir de l'étude de la composition de la matrice trois
ensembles peuvent être distingués.
Le premier ensemble est caractérisé par la présence de
spicules de silicisponges dans la matrice (échant. Leg 19). Ces
spicules sont d'origine marine et proviennent de l'utilisation
d'une argile sédimentaire marine dont l'origine reste à
déterminer (Planche IV,e). Le dégraissant qui y est associé,
est constitué de fragments de gneiss peu caractéristiques, de
quartz, d'orthose et de muscovite. On remarque également la
présence de chamotte.
Le second ensemble est nettement plus abondant et présente
des caractères bien particuliers. Il est présent sur les deux
sites ; ce sont les échantillons Leg 18, Leg 20, Leg 22, Leg
23, Leg 24, Leg 25, Leg 26, Leg 27, Leg 30, Leg 31, Leg 32, Leg
33 et Lnc 1, Lnc 5, Lnc 6, Lnc 9, Lnc 10, Lnc 11, Lnc 19, Lnc
21, Lnc 26. Cette ensemble présente la particularité de
contenir en quantité abondante des diatomées
(organisme
unicellulaire à test siliceux) (Planche III). Une pré-étude de
ces diatomées a permi de déterminer certains genres comme
Pinnularia (Planche III, e, f, g) et Eunotia (Planche III, h)
caractéristiques de milieux d'eau douce à saumâtre. On note
également la présence d'autres organismes unicellulaires
appartenant à la famille des chrysomonadines (Planche III, a) .
Le matériel ayant servi à fabriquer ces céramiques peut
provenir soit d'argile prélevée en bordure de ruisseau soit
d'argile prélevée dans une zone marécageuse. Dans la région, ce
type de matériaux devait être relativement abondant. L'origine
sédimentaire de cet argile est confirmée par l'étude du
dégraissant. En effet il s'agit d'un dégraissant très fin
constitué uniquement de quartz (Planche IV, a). Il peut s'agir
de quartz provenant du transport par les eaux de restes de
placages de limons périglaciaires. Un des échantillons, Leg 27,
présente urte structure particulière très rubannée montrant
l'alternance de niveaux clairs et de niveaux très opaques
séparés par des vides (Planche IV, f ) . Ce phénomène peut être
lié à un mauvais séchage de la pâte avant la cuisson.
Dans certains échantillons, de la roche broyée en fragments
de dimension plus importante a été incorporée (Planche IV, b) .
Planche III
De a à g, micro-organismes photographiés
frottis obtenu après broyage d'un fragment
Echantillon Leg 24, x 200.
a: chrysomonadine,
douce.
à partir d'un
de céramique.
organisme unicellulaire vivant en eau
b:
fragment
de
matière
probablement
à
une
tige
reproducteur de bryophyte.
organique
correspondant
avec
coiffe
du
système
c et d: fragment de diatomées
e, f et g: fragment
vivant en eau douce.
de
diatomées
du
genre Pinnularia
h: photo en lame mince d'une diatomée du genre Eunotia
vivant également en eau douce.
PLANCHE IV
Différents types de céramiques
Nouveau Cimetière et d'Er Grah.
provenant
des
sites
du
a: Leg 21, x 40, LN, pâte très fine homogène.
b: Leg 23, x 20, LN, pâte fine homogène contenant des
inclusions de dégraissant en faible quantité.
c: Leg 23, x 20, LN, pâte fine contenant en abondance de
la chamotte.
d: Leg 22,
muscovite.
x 20,
LP,
cristal d1 andalousite altéré en
e:
Leg
19,
x
20,
LN,
l'hétérogénéité du dégraissant.
f: Leg 27,
rubannée.
x
20,
LN,
pâte
photographie
très
opaque
et
montrant
fortement
g: Leg 29, x 20, LN, fragment de roche très
constituée de feldspaths.
altérée
h: Lnc 20, x 40, LP, lattes de plagioclases issues d'un
dégraissant basique.
Il s'agit de fragments de granité plus ou moins déformé. La
composition minéralogique, caractérisée par la présence de
quartz, de plagioclase, d'orthose, de micas, mais surtout par
la présence d•andalousite altérée à la périphérie en muscovite
(Planche IV,d), permet de conclure que le dégraissant provient
de l'utilisation d'un granité d'un type similaire ou voisin de
celui de Sarzeau ou bien de l'utilisation de micaschistes et de
gneiss que l'on trouve plus loin à l'embouchure de la Vilaine.
Des études chimiques plus poussées permettraient l'exclusion de
l'une ou l'autre des hypothèses. Il faut noter également la
présence en grande abondance dans certains échantillons de
chamotte (Planche IV, c) ; phénomène qui semble général dans la
poterie néolithique armoricaine.
Le dernier ensemble est constitué par des céramiques dont
les matériaux proviennent de l'utilisation d'une argile
d'altération. Au sein de ce groupe, quatre sous-ensembles ont
pu être distingués.
Le premier constitue le sous-ensemble le plus important ; il
s'agit des échantillons•Leg 28, Leg 35 et Lnc 2, Lnc 7, Lnc 14,
Lnc 15, Lnc 16, Lnc 17, Lnc 18, Lnc 25. Le dégraissant est
constitué par du quartz, des plagioclases , de l'orthose et des
micas.
Certains fragments de roches de dimensions plus
importantes montrent l'association de ces minéraux. Il s'agit
de
fragments
d'orthogneiss,
roche__ d'origine
locale
et
constituant les matériaux de certains monuments. y—~
Le second sous-ensemble (échantillon Leg 29) (Planche IV,g)
a un dégraissant un peu différent constitué par des fragments
de roches très déformées d'origine migmatitique contenant
essentiellement du quartz et quelques rares feldspaths. Ce type
de dégraissant est abondant dans la région et très difficile à
caractériser.
Le troisième sous-ensemble (échantillon Lnc 8) contient
également un dégraissant d'origine gneissique. Il se distingue
par la présence de cristaux automorphes d'orthose zonés
similaires à ceux observés dans une céramique de l'Age du Fer
étudiée sur le site des Ebihens (22). Ce type de minéraux très
rare n'a jamais été observé par les géologues dans le massif
armoricain mais ils pourraient se développer au cours de
phénomènes de fusion partielle dans les migmatites.
Le dernier sous-ensemble (échantillons Lnc 20, Lnc 24)
(Planche IV, h) est caractérisé par un dégraissant bien
particulier. Il contient des plagioclases basiques altérés
présentant une structure en lattes, des amphiboles, des
pyroxènes et des opaques. Ce dégraissant tire son origine de
matériaux basiques facilement caractérisables. Les possibilités
d'origine de ce dégraissant sont de trois ordres: les filons de
pyroxénites de l'ile d'Arz, le massif de gabbro du Petit Mont
près d'Arzon ou le même type de roches présent à l'embouchure
de la Vilaine.
Conclusion
L'étude pétro-archéologique des céramiques des sites du
Nouveau Cimetière et d'Er Grah a permis de caractériser un
certain nombre de productions de céramiques. Afin de mieux
localiser ces sites de production, une étude de l'ensemble de
la céramique découverte sur les sites du golfe du Morbihan et
de la région de Carnac va être entreprise très rapidement. Des
études plus poussées, nécessitant un investissement financier
relativement lourd vont être menées sur ces deux sites afin de
déterminer de façon précise l'origine des matériaux des
céramiques.
La carte interprétative du Golfe (Fig 1), en considérant un
niveau moyen de la mer au Néolithique de 5 m inférieur à
l'actuel, permet de mettre en évidence les relations pouvant
exister à cette époque entre les différents sites. On peut
remarquer que le golfe pouvait approximativement se subdiviser
en quatre secteurs.
L'étude du matériel des sites de
Locmariaquer montre que des matériaux extérieurs à ce secteur
sont présents. Le but des études ultérieures est de mettre en
évidence des proportions inverses des différents types de
dégraissant dans les autres secteurs et de mettre en évidence
des unités territoriales distinctes.
Remarques sur quelques céramiques médiévales du site du Nouveau
Cimetière
Quelques échantillons de céramiques médiévales ont été
étudiées. Il s'agit de céramiques dont l'origine est maintenant
bien connue.
L'échantillon Lnc 3 est un fragment de poterie onctueuse
contenant essentiellement du talc, de la chlorite, de la
serpentine, et des amphiboles. Elle provient de la région de Ty
Lann en Plovan dans le sud du Finistère
Les échantillons Lnc 4, Lnc 12, Lnc 13, Lnc 22 correspondent à
des céramiques du type Saint-Jean-la-Poterie, caractérisées par
la présence de spicules d'éponge et contenant un dégraissant
constitué par du quartz, de l'orthose, des plagioclases et des
micas.
ig 1: carte interprétative du golfe du Morbihan en considérant
n niveau de la mer au Néolitique inférieur de 5 m par rapport
l'actuel à partir d'une carte marine.
Tableau de correspondance, localisation des échantillons Fig 2.
Lnc: Nouveau Cimetière.
échant.
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Tableau de correspondance, localisation des échantillons Fig 2.
Leg: Er Grah.
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leg 88 R 55/3 néo type Le Castellic
leg 88 R 54/4 néo proximité du
cairn primaire
leg 88 R 55/3 néo
leg 88 B 49/3 néo
leg 88 C 49/3 néo
leg 88 E 50/21 néo
leg 88 AC 49/99 néo fosse dépotoir
leg 88 AC 48/78 néo
leg 88 AC 48/88 néo
leg 88 H 52/70 néo limon gris
type Le Castellic
leg 88 ch 3 néo chambre sol de base
leg 87 K 49/3 néo rebord droit légèrement
rentrant
leg 87 I 54/89 néo
leg 87 I 54/394 néo
leg 87 I 54/126 néo
leg 87 I 54/289 néo
leg 89 F 52/266 néo vieux sol
Leg
Leg
Leg
Leg
Leg
Leg
Leg
Leg
20
21
22
23
24
25
26
27
Leg 28
Leg 29
Leg
Leg
Leg
Leg
Leg
30
31
32
33
35
LOCMARIAQUER
-route des mégalithes fouille de sauvetage
052402563
JUIN - JUILLET 1991
JM PARDON
REMERCIEMENTS
Je me dois de remercier ici tous ceux et
celles qui,à des titres divers ont permis la réalisation de ce rapport archéologique.
Je tiens à remercier tout principalement
l'équipe archéologique de Locmariaquer composée
de Mr Le Roux,L'He1guach,Tinevez,Cas sin,et Gaumé
qui n'a jamais hésité à mettre à ma disposition
le matériel et informations diverses concernant
leurs fouilles à Locmariaquer.
Je remercie E.Gaumé,archéo1ogue contractuel et responsable des s on dages archéologiques
préliminaires du tracé de la route des mégalithes.
Je n'oublierai pas non plus
la municipalité de Locmariaquer qui a bien voulu m'aider lors
des consultations des divers plans cadastraux.
Je remercie Mr Lepe1ve,représentant la
D.D.E.
Je remercie enfin les entreprises Cadio
et Duchesne de leur compréhension et aide technique lors de cette fouille de sauvetage.
SUITE
L 9•MARS
D'UNE
^N
1991
VOIE
PLACE
DES
JIMINAIRES
JRS
SITES
DE
CE
DE
>
AUSSI
ï
PAR
RAISON
DE
LA
ALORS
DATE
LE
PRO-
(TRAJET^
ARCHEOLOGIQUE
A
ETE-
(SQND'AASS
1990
PROXIMITÉ
ET
DE
DIFFICILES
CES
DONC
DE
PLU~*
REALISE
CONCERNAIT
STIREC-NOUVEAU
PERMIS
L'ABSENCE
DE
FUT
NE
DE
ARCHEOLOGIQUES
OPERATION
EVENTUELLE
FIONS .
NOVEMBRE
(FETAN
ONT
RAISON
D'UNE
SUIVI
DE
DIAGNOSTIC
VESTIGES
EN
;E
DE
PROJET
5
LOCMARIAQUER
) ; UN
CONTRACTUEL
SONDAGES
A
EN
PUBLIQUE
MOIS
LE
)EN
PREFECTORAL
D'UTILITE
MEGALITHIQUES.
OPERATION
IEOLOGUE
L'ARRETE
TOURISTIQUE
STIREC-KERERE
EN
:E
A
DECLARANT
DE
PAR
QU'UNE
CIMETIERE).
CONSTATER
LA
PRE-
DIFFICILEMENT
CONDITIONS
DE
D ' ARTEFACTS,D* OU
SAUVETAGE
VESTIGES.ET
AVANT
DE
UN
TRAN
DATA-
FOUILLES
LA
LA
LEURS
MISE
EN
DESTRUCIDENTI-
INTRODUCTION
Circonstances
de
l'opération
L'aménagement
bords
des
des
Marchand
auprès
et
sites
de
Er
Grah)
Direction
Historiques
d'une
voie
mégalithiques
et
la
:
de
fut
des
de
à
touristique
Locmariaquer
l'origine
Antiquités
Bretagne , d ' une
d'une
aux
a-
(Table
demande
Préhistoriques
étude
d'impact
archéo-
logique.
En
de
réponse
diagnostic
Novembre
par
un
GAUME).Les
sondages
la
d'emprise
ont
mis
giques
ce
en
de
de
dent,Mr
tagne)
réalisée
la
au
contractuel
route)
présence
opération
concentrés
de
(Mr
E.
parallèles
ont
de
mois
été
réalisés
vestiges
sur
dans
une
et
archéolopartie
de
route.
C.T.
fit
fut
tranchées
la
particulièrement
tracé
requête,une
archéologue
(trois
évidence
Compte
la
cette
archéologique
1990
largeur
à
Le
Roux
état
nécessité
tenu
en
d'un
risque
(Directeur
séance
d'effectuer
des
(réunion
sur
ce
archéologique
évi-
Antiquités
Bre-
du
de
19.05.1991)
chantier
une
de
fouille
préalable.
Méthodologie
:
Cette
du mois
dre
d'un
de
Juin
étude
(15
travail
fut
Juin)
réalisée
et
contractuel
Juillet
:
1
durant
1991
personne
le
dans
courant
le
durant
cace
contrat.
Un
fut
ments
effectué
décapage
à
l'aide
général
de
divers
(bu 1ldozer,tracto-pe11e
et
de
la
zone
engins
de
camions).
d'emprise
terrasse-
Méthodologie
:
(suite)
Nous
diverses
lement
port
qui
du
signalerons
ont
malheureusement
chantier.L'état
photographique)
nécessitèrent
eaù^afin de
vider
à
gorgées
notre
sse
ta
guère
le
travail
foyer,(cf.apport
Localisation
Cimetière)
bihan)
se
commune
des
photographique
description
Le
premier
de
la
situe
ainsi
Marchand
à
du
site
tronçon
la
et
Er
Le
site
de
périphérie
localisée
sur
s'inscrit
dans
les
de
point
la
de
commune
plan
vue
plate-forme
et
de
cadastral
qui
semble
qui
affleure
(limite
Sud
du premier
Cimetière
touristique).Cet
disparaitre
vers
limoneux
couleur
de
le
substrat
est
un
affleurement
Nord.Une
ocre
géologique.
106
de
la
couche
sur
de
la
sera
la
site
aux
à
est
tronçon
aussi
fin
du
de
tend
sédiment
partie
à
grain
abords
granitique
de
com-
).
granité
couche
repose
substrat (grahitiquè.Cette
comme
un
appartenir
arénisée
voie
facili-
(Table
géologique,le
très
nouveau
li-
Locmariaquer
substratum
et
ne
parcelles
11holsteinien.Le
diaclasée
godet
sites mégalithiques
(cf.extrait
une
d'un
Grah).
cadastre
D'un
et
Nord-Ouest
BD
1983
contraintes
Locmariaquer(Mor-
section
en
a-
:
34,130,135,136,137,163,164;165
révisé
1990)
partiellement
munales
du
à
(Fétan-Stirec-Nouveau
dans
ces
pompe
SI).
touristique
de
conditions
de
absence
même
voie
que
ces
dérou-
(cf.ap-
d'une
non-utilisation
et
site
(sondages
détruisit
bon
mauvaises
général.Cette
et
contraintes
le
du
l'utilisation
joignons
regret,la
du décapage
de
tranchées
d'eau.Nous
grand
lors
les
que
des
pertubé
marécageux
ainsi
climatiques
lors
toutefois
la
à
argilo-
basse
du
considérée
Localisation et description du site
L'épaisseur des
l'horizon
(suite)
couches de sédiments qui recouvre
géologique arénacé varie entre 0,20 mètrè
1 mètre.(cf:
vant
:
coupes
stratigraphiques ED et
ainsi à certains endroits des
logiques victimes des
socs de
et
GH)
préser-
structures
archéo-
charrue
(constation faite
lors du chantier
de
fouille du Nouveau Cimetière mené
en 1986).Ce1le-ci
se compose de deux voire
ches distinctes définies par
leur couleur.
trois
cou-
ANALYSES DES DONNEES ARCHEOLOGIQUES
La'stratigraphie du site
:
Le projet d'aménagement d'une voie
tique
nécessite
touris-
l'excavation du terrain.Les
sonda-
ges réalisés au mois de Novembre 1990 par un archéologue contractuel
(E.GAUME)
ont démontré
la présence
de vestiges archéologiques à moins d'un mètre de profondeur dans un secteur
lotissements Le Nelud
très précis
).Ce secteur a donc été
d'un décapage intégral selon la
"en rétro"
avec un godet
Des
été effectués
technique de
l'objet
travail
à dents.
relevés de coupes
et ont
(aux abords des
permis
stratigraphiques ont
de distinguer 4
strates
principales.
-Le niveau supérieur est
constitué de couches post-
médiévale s . Nous retrouvons alors de
le
(niveau 1)
mais aussi une
la terre végéta-
terre marron
(niveau 2).
Le niveau 1 a une épaisseur qui varie entre 0,20 mè^
+ tre et 0,35 mètre
(cf.coupe ED et GH)
mobilier archéologique moderne.Il
ment de céramique
glaçurée
Le niveau 2 a une
tre et 0,40 mètre
que
s'agit
essentielle3).
épaisseur qui varie entre 0,15 mè(cf.coupe ED et GH)
et ne
contient
ces deux niveaux
ou moins horizontaux - et recouvrent
la strate médiévale
(niveau 3).présente dans
relevés stratigraphiques.Ce niveau 3
à un niveau; .médiéval et
terre brune mêlée de
les deux
correspond donc
se décrit par un horizon de
charbon de bois.Son épaisseur
moyenne est de 0,10 mètre.Cette
strate^contient es-;
sentiellement de la céramique attribuable
médiévale
contient un
(cf.planche mobilier
très peu de mobilier.Notons que
apparaissent plus
et
(cf.planche mobilier 2).
à
l'époque
La stratigraphie du site
:(suite)
Le niveau 3 est plus ou moins horizontal par rapport aux autres niveaux précédemment cités et recouvre l'horizon géologique arénacé.
Cet horizon géologique correspond au niveau 4 et subit dans certains endroits des dénivellements naturels mais aussi artificiels
que nous détaillerons
ultérieurement.(cf.structures).
Les structures
:
Lors du décapage général de cette
voie,diverses structures ont pu être observé et 1'
objet de relevés.Malheureusement certaines d'entre
elles ont été partiellement détruit en raison de 1'
utilisation d'un godet à dents.
Les premières structures mises au
t jour furent deux foyers (cf.plan général) à la périphérie du foyer 1 noté Fl
(cf.plan général) et
.
repéré lors des sondages préliminaires (cf.annexe).
De ces deux foyers partiellement détruits,quelques
observations peuvent être avancées.Ces deux structures de combustion notées.11 une SI et l'autre S2,
reposent toutes deux sur la même couche argilo-limoneuse jaunâtre
correspondant
au niveau A.
Toutes deux sont composées d'un amas de blocs de
granités chauffés et noyés dans une couche de terre
cendreuse.Seul le diamètre du foyer S2 a pu être
calculé.Celui-ci avoisine un mètre.
A l'inverse' dû foyer 32,le foyer SI trop abimé (cf.
apport photographique) pour obtenir son diamètre,
avait quelques tessons de céramique dans sa périphérie . Ceux-ci peu nombreux (cf étude du mobilier)
étaient disposés à plat dans une terre brune et charbonneuse .
Les
structures
:
Le mobilier
aux
abords
tesson
archéologique
cette
grossier
son par
tier
de
(suite)
mené
à
ne
l'Age
suffit
carène
est
celle
des
Bronze.La
ceux
repérés
lors
plan
général
et
deux
des
lors
du décapage
sont
au nombre
très
autres
général
de
deux
(cf.plan
distincts
l'un
de
couche
que
de
le
fossé
2
pierres
apport
voie
de
des
blocs
a
une
s'arrêtait
raison
d'emprise
geur
moyenne
celui-ci
à
une
ce
plus
de
de
la
du
de
possique
(cf.
nettoyage
une
(ou
sont
de
et
et
sont
cependant
concentration
(cf.relevé
de
qui
concerne
aussi
possible
aurait
concerne
(forme
?)
(aucune
de
été
planche
(li-
une
le
lar
fossé
"patatoide
7
mètres.
organisation
céramiques
ont
leur
approxima-
géographique
1
et
cette
ce
longueur
médiévale
(cf.étude
4)
creusés
été
fossé
pierres
malgré
pas
qui
des
sont
n'a
complexe
éléments
l'époque
deux
toutes
ce
jour
fossés
l'excavation
A,il
au
abords
(niveau
situation
très
largeur
apparente),quelques
lors
et
voie).Le
forme
deux
importantes
seront
leur
aux
(cf.relevé)
profondeur.En
comblement :de
ristiques
ainsi
granite.Notons
d'un mètre.En
atteintvune
Outre
de
au niveau
leur
mite
associer
fossés.Ceux-ci
effet,tous
photographique).Comme
en
les
de
cette
misent
situent
densité
dimension s,ce 11es-ci
et
se
des
argilo-limoneuse
beaucoup
connaître
tives
sont
l'autre
dans
par
de
préliminaires
général).Ces
similitudes.En
comblés
chan-
cependant
S2
structures
et
quelques
la
du
chronologique
et
un
annexe).
Les
lotissements
mais
lors
pour
SI
sondages
pauvre
comparai-
datation
pas
foyers
sa
permet
chronologiquement.L'association
ble
et
recueilli
cependant
très
combustion
Cimetière
du
donc
de
une
au mobilier
au Nouveau
l'attribuer
céramique
structure
comporte
rapport
est
caracté-
recueilli
mobilier
2).
Les structures
:(suite)
Notons aussi que quelques éléments de schistes
ont été observés et recueillis.Dans
sés des prélèvements de
tamisés à
chacun des
fos-
terre ont été effectués et
l'eau.Aucun résultat n'a été observé.
L'association chronologique de ces structures
cohérente et attribuable à l'époque médiévale.
semble
LE MOBILIER ARCHEOLOGIQUE
;
Au cours du mois et demi de
et de fouille
touristique
tations
Outre
sur
l'emplacement de
surveillance
la future voie
"Route des Mégalithes",diverses
peuvent
consta-
être avancées.
la présence de quelques
structures
(foyers
et
fossés),on peut noter la quasi absence de mobilier
archéologique.Aucun artefact n'avait été aperçu lors
des
sondages préliminaires réalisés en Novembre 1990.
La céramique est exclusivement représentée et rare
par son nombre.Celle-ci
détritiques
des
(fossés)
se
trouve dans
les niveaux
mais aussi en place aux abords
foyers partiellement détruits en raison de
non utilisation d'un godet
Tout
ccntne
tière
la
lisse lors du décapage.
le chantier de fouille du Nouveau Cime-
(1986),la proximité des grands monuments mé-
galithiques ainsi que de
(théâtre)
vestiges gallo-romains
proche du chantier
laissaient
envisager
la présence de vestiges de ces périodes ;paradoxallement celles-ci n'ont
laissé aucune
Le décapage des premiers niveaux 1
stratigraphique ED et GH
céramique moderne
(cf.
Les autres niveaux ont
diévale
buable à
(cf.pl.3)
découverte
2
(cf coupe
livré que de
et médiévale
la
(cf.pl.2).
livré de la céramique mé-
ainsi que de la
(cf.pl.1
céramique
céramique attriet
apport photo-
semble identique à celle
lors du chantier du Nouveau Cimetière.
La faible quantité
l'absence de
guère
n'ont
pl.3)
l'Age du Bronze
graphique ). Cet te
)
et
trace.
(une dizaine de fragments)
formes caractéristiques ne
son identification ainsi que
et
facilite
sa datation.
Des différents niveaux repérés qui ont
livré
du mobilier archéologique,il a été possible de décrire et de dessiner certains
tiques
(cf.planche mobilier)
PLANCHE MOBILIER
-cer.03
:
céramique
noté
présentant une
ment
SI
1
éléments caractéris:
:
en place aux abords d'un foyer
(cf.plan général).Tesson grossier
légère
carène.La pâte est
relative-
fine avec un dégraissant micacé et quelques
éléments de quartz plus
grossiers.La couleur de
la
pâte est noire en coupe et brun-clair à l'extérieur.
Cette céramique est
attribuable au Bronze Ancien.
-cer.01
(non dessiné)
:
céramique
d'un foyer noté SI
en place aux abords
(cf.plan général).Tes-
son grossier représentant un fond.La pâte
lativement
est re-
fine avec un dégraissant micacé et quel-
ques élélments de quartz plus grossiers.La couleur
de
à
la pâte
est
anthracite en coupe et brun-clair
1 ' extérieur.Cette
céramique est attribuable au
Bronze Ancien.
PLANCHE MOBILIER
-cer.012
:
céramique
général et
un fragment de
pâte est
de
2
:
extraite du fossé
2
(cf.plan
détai1lé).Te sson représentant
lèvre infléchie vers
1'extérieur.La
fine avec un dégraissant micacé.La couleur
la pâte est
gris-claire. Le diamètre de cette cé-
ramique esf,d'environ 16 cm.Cette céramique est attribuable à
-cer.013
:
l'époque médiévale.
céramique
général
un fragment de
extraite du fossé
2
(cf.plan
et détai 1lé).Tës son représentant
lèvre
infléchie vers
1'intérieur-et
--PLANCHE MOBILIER 2:(suite)
-cer.013
(suite)
:
à extrémité horizonta1e.La pâte
est
cacé.La couleur de
mètre de
fine avec un dégraissant mi-
la pâte est gris-claire.Le dia-
cette céramique est
céramique est
-cer.014
:
attribuable à
céramique
d'environ 16
l'époqûe
cm.Cette
médiévale.
extraite du fossé
2(cf.plan
général et détaillé).Tesson représentant un fragment de
est
fond à inflexion simple.La pâte
fine avec un dégraissant micacé.La couleur de
la pâte est gris-claire.Son diamètre
d'environ 14
(fond)
est
cm.Cette céramique est attribuable à
l'époque médiévale.
-cer.00
:
céramique extraite de la coupe ED
coupe
(cf.
stratigraphique).Tes son représen-
tant un fragment de
lèvre en flèche à extrémité
concave.La pâte est
fine avec un dégraissant mi-
cacé.La couleur de
diamètre
est
la pâte est gris-claire.Son
incertain.Cette céramique
buable à
l'époque médiévale.
-cer.018
:
céramique extraite du fossé
est attri-
2
(cf.plan
général et détai1lé).Tessons(2 exemplaires)
représentant un fragment de
infléchissement
ssière avec
externe et
lèvre complexe à
interne.La pâte est gro-
des éléments de quartz
ssant.La couleur de
est d'environ 24
comme dégrai-
la pâte est brune.Son diamètre
cm.Cette céramique est
attribuable
à l'époque médiévale.
-cer.022
:
céramique
ssé
2
(non dessiné)
extraite du fo-
(cf.plan général et dé taillé).Te-
sson représentant un fragment d'anse épaisse
sans repli.La pâte est
fine
ovale
avec un dégraissant mi-
—PLANCHE MOBILIER 2
-cer.022
:
(suite)
:
:
(suite)
-cacé.La couleur de
est
est de 2,9 cm et
son épaisseur de 1
ramique est attribuable à
PLANCHE MOBILIER
-cer.HSl
:
gris-claire.Sa
3
la pâte
largeur
cm.Cette cé-
l'époque médiévale.
:
céramique hors'stratigraphie.Tesson représentant un fragment de lèvre à
La pâte est fine.La couleur de la pâte est
avec une glaçure marron sur sa face
jonc.
orangée
interne et ex-
terneSon diamètre est d'environ 14 cm.Cette cérami
que est
-cer.HS2
attribuable à
:
l'époque moderne.
céramique hors
stratigraphie.Tesson re-
présentant un fragment de fond à pied.
La pâte est
fine
orangée - avec une glaçure sur sa
face interne uniquement.Son diamètre est d'environ
9 cm.Cette céramique est
derne
(XVI11°-XIX°s ) .
attribuable à
l'époque mo
CONCLUSIONS
V
<
CONCLUSION
Suite à ce mois
et demi de
fouille et d1étude,plusieurs renseignements archéologiques
sont
apparus.
Le premier
aspect,par
son importance,est
occupation humaine du site.Ce11e-ci
1'
semblerait débu-
ter dès l'Age du Bronze avec néanmoins des phases
d'abandon durant certaines périodes
romaine
. . ) .La présence de
types de
s'avèrent
repérées
fossés
se
premier
structures
(foyers)
et
tracé de
qui avaient
?)
11 Ouest.La iprésence de
peuvent
suggérer
la proxi-
ou de plusieurs.
second élément
d'information concerne,en
se
compose
de
tessons de céramique
relativement
fragmentés.Les
formes étudiées nous
laissent
voir un évantail assez
large de divers
concerne
aux abords d'un des
la
foyers,celle-ci est
cier chronologiquement.Notons
tion résulte d'une
tière
(1986).
pas
de
cependant
comparaison avec
lors du chantier de
entre-
types de po-
céramique découvert
à l'Age du Bronze mais ne permet
jour
fo-
situent aux abords du lotissement
(dépotoirs
teries.En ce qui
été
sauvetage du Nouveau
effet,le mobilier archéologique.Celui-ci
uniquement
corr
second type correspond à des
se prolongent à
mité d'un habitat
Le
.Le
sur la partie Sud du
loin d'autres
(1986).Le
Le Nelud et
ces
apparus
structures de combustion
.Ceux-ci
1'
concrétisée par la pré-
lors du chantier de
Cimetière
ssés
sont
concentrées
la voie,non
gallo-
structures encore préservées.Deux
structures
respond à des
et
1 1 homme,traduite par
importance des couches,s ' est
sence de diverses
(Tène
sauvetage
attribuable
les assoque
sa data-
celle mise au
du Nouveau Cime-
CONCLUSION
:
(suite)
En ce qui
concerne
la
céramique découvert
du nettoyage des fossés,celle-ci
l'époque médiévale
.Cette
est
céramique
lors
attribuable à
ainsi
que
ces
deux fossés peuvent être associer chronologiquement.
L'ensemble de
de définir la
ces
zone étudiée
pé par 1'homme .
observations nous
comme
étant un
permet
lieu occu-
_ PLANS
ET DESSINS.
_
LpCMARIAQUER-1991 _
"ROUTE: DEST MEGAUTHÉS ~
__coube_ED~
ecn.1/50
Pjm
— w
LOC_M ARIAQUERrlâQI. _ _
ROUJÉ DES_MEGALLTHES_ _
_çoup_e GH
ëch. 1/50
Plm
terre arable
terre marron
terre brune
limon ocre jaune-substrat géologique
charbon de bois
céramique ôo
L0CMAR1AQUER_-1991 - ROUTE DES fy[EGALITHES_
RELÈVE FOSSE 2
ech:1/20
!Wm
-.délimitation du fossé(substratum)
-c : coupe
À .céramique
clôture
e de
UOÇMARIAQUER-J991
ROUTE DES MEGALITHES
RELEVE JDU_FOSSÉ1
ech.1/20
- vue Est ~
0
L0CMARIAQUER-19gi
ROUTE DES MEGALITHES
mobilier céramique
pi 1
LOCMARIAQUER-1991
ROUTE DES MEGALITHES
céramique moderne
pl. 3
cer.014
o
r
cer.OO
5 cm
LOCMARIAQUER-1991
ROUTE DES MEGALITHES
céramique médiévale
pl.2
APPORT
PHOTOGRAPHIQUE
-l'état marécageux du site ~
CONDITIONS DE FOUILLE»
_
LpCMARIAQUER-1991 _
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LOC_M ARIAQUERrlâQI. _ _
ROUJÉ DES_MEGALLTHES_ _
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Plm
terre arable
terre marron
terre brune
limon ocre jaune-substrat géologique
charbon de bois
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L0CMAR1AQUER_-1991 - ROUTE DES fy[EGALITHES_
RELÈVE FOSSE 2
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-.délimitation du fossé(substratum)
-c : coupe
À .céramique
clôture
e de
UOÇMARIAQUER-J991
ROUTE DES MEGALITHES
RELEVE JDU_FOSSÉ1
ech.1/20
- vue Est ~
0
L0CMARIAQUER-19gi
ROUTE DES MEGALITHES
mobilier céramique
pi 1
LOCMARIAQUER-1991
ROUTE DES MEGALITHES
céramique moderne
pl. 3
cer.014
o
r
cer.OO
5 cm
LOCMARIAQUER-1991
ROUTE DES MEGALITHES
céramique médiévale
pl.2
APPORT
PHOTOGRAPHIQUE
-l'état marécageux du site ~
CONDITIONS DE FOUILLE»
-vue générale du fossé 2 -
ANNEXE
COMMUNE DE LOCMARIAQUER
SONDAGES ARCHEOLOGIQUES
SUR LE TRACE DE LA FUTURE ROCADE
ERIC GAUME
LE PROJET DE CONSTRUCTION D'UNE ROUTE A LOCMARIAQUER
DE FETAN STIREC AUX PIERRES PLATES,NOUS A AMENE DANS LE CADRE DE
LA PREMIERE TRANCHE DES TRAVAUX (FETAN STIREC-NOUVEAU CIMETIERE)
A EFFECTUER EN NOVEMBRE 1990 DES SONDAGES ARCHEOLOGIQUES PRELIMINAIRES .
LE DECAPAGE:
Sous notre surveillance et selon la technique de travail "en
rétro" avec un godet plat de 1,20 m,un engin de la commune a ouvert trois tranchées parallèles dans la largeur d'emprise de la
route (15m) du lotissement du Nelud(Nord) à la voie communale 106
( Sud)Xparaelle.s commun^les-^
o4.H-etl65 ) .
Un marécage longe le lotissemnt et s"étend jusqu'à un chemin taluté.De l'autre coté du talus(parcellaire),1'agriculture puis,après
l'acquisition des parcelles par la commune,le raclage de la terre
arable et différents travaux d'aménagements.vois ins (terrain de
footba11).,ont sérieusement modifié le terrain au
point de dénuder la roche qui affleure près du cimetière.L'aff1eurement gra
nitique,fortement diàclasé , fait place aux abords du nouveau cimetière et jusqu'à la nouvelle voie communale n°106 à une zone aré-î
nacée fortement pertubée par d'anciennes carrières comblées.CAest
de plus la limite Ouest de la fouille de 1986 préalable à la réalisation du nouveau cimetière.
LES VESTIGES. ARCHEOLOGIQUES
:
La zone aréno-granitique nouvellement décapée s'est révélée
stérile,confirmant ainsi les résultats de la campagne 1986
( bandes D à V23 O 26 ).Le reste des tranchées montre,sur un
fond arénacé s'accentuant vers le Nord,une augmentation progressive des indices archéologiques de l'ancienne parcelle cultivée
(TB :F1 et F2 ) au lotissement où se trouve une étonnante concentration de structures (foyers,fossés et empierrements).Cette
richesse résulte sans doute de l'épaisse couche de sédiments qui
recouvre ces vestiges puisque les tranchées atteignent environ
1 mètre d'épaisseur avant de retrouver l'horizon géologique arénacé.
LES
STRUCTURES
:
Seules deux d'entre elles :F1 et F2 dans la tranchée (TB) ont
pu être observées partiellement durant ce mois de janvier (pas de
céramique,ni d'industrie lithique dans les déb1ais) ,a insi qu'une
partie dans TA qui n'a pu être relevé en plan,la remontée de la
nappe phréatique ayant complètement noyé les tranchées (cf.photo)
dans le marais.
Fl (TB) : structure de combustion avec charbon de bois couverte de moellons de granité rubéfiés.D1 environ 1 mètre de diamètre,elle repose sur un limon ocre à près de 0,7O~mT de la surface
et semble en relation avec un horizon de terre brune
mêlée de
charbon de bois parfois très concentrés qui s'étend en la recouvrant sur une dizaine de mètres vers le Nord.Au delà et vers le
Sud,les charbons disparaissent de cette couche brune de 0,20 m.
d'épaisseur (brûlis ?) recouverte par 0,30 m. de terre marron puis
par le reliquat de la couche arable (0,20 m.).
F2 (TB) : autre structure de combustion en tous point semblable à Fl mais apparue en coupe cette fois-ci (Fl en fond de
tranchée )(charbon de bois,moellons rubéfiés,creusée dans le limon ocre,l mètre de diamètre,sce1lée par la couche brune).On notera seulement l'abscence de charbon de bois dans cette dernière
en périphérie du foyer.
BIBLIOGRAPHIE
carte de Locmariaquer :
Série bleue,échelle 1/25000
Institut Géographique Nationa1,Paris
carte de Locmariaquer :
Extrait plan cadastral 1983,section BD,échelle
échelle 1/1000°
NICOURT J. :
Céramiques médiévales parisiennes.
Classification et typologie.
Jeunesse Préhistorique et Géologique de France.
Ermont,366 p.
1986
GAUME E. j
Sondages archéologiques sur le tracé de la future rocade Ouest.
Rapport archéologique pré1iminaire.1990
C.T LE ROUX-Y.LECERF-J.Y TINEVEZ-E.GAUME-C.
Rapport de synthèse 19 8 6-1987-1988
Locmariaquer ^Morbihan)
Nouveau cimetière -Tumulus d'ER GRAH.
LE
POTIER
:
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
PRESENTATION
INTRODUCTION
;
page
1
à
3
page 4
à
7
-Circonstances de l'opération.
-Méthodologie.
-Loca 1isation"et description du site.
ANALYSES
DES DONNEES ARCHEOLOGIQUES
:
-La stratigraphie du site.
-Les structures.
LE MOBILIER ARCHEOLOGIQUE.:
page 8 à
11
-La céramique.
CONCLUSIONS
:
page
12
PLANS ET DESSINS :
-Carte IGN.
-Plan cadastral (extrait) 1983.
-Plan général (7 feuilles) .
-Relevé des coupes stratigraphiques ED et GH.
-Relevé du fossé 1 avec apport photographique.
-Relevé du fossé 2 *
-Planche mobilier 1.
-Planche mobilier 2.
-Planche mobilier 3.
APPORTS
PHOTOGRAPHIQUES
*.
-Conditions de fouille.
-Coupe stratigraphique
-Coupe stratigraphique
-Vue générale du fossé
-Vue générale du fossé
ANNEXES
GH.
ED et foyer SI.
2.
2 (vue Sud et Nord).
:
-Rapport préliminaire de
-Bibliographie ,
la Route des Méga1ithes.(E.GAUME)
correspond à un apport
photographique.