L`ABBAYE DE SAINT RUF Á AVIGNON

Transcription

L`ABBAYE DE SAINT RUF Á AVIGNON
L’ABBAYE DE SAINT RUF
Á AVIGNON
L’Abbaye de Saint Ruf, construite à la fin du XIIe siècle sur
l’emplacement d’une abbatiola* du haut Moyen Age, et fortifiée au
XVe siècle.
*abbatiola : l'existence de l'abbatiola (petite abbaye) est mentionnée avec certitude en 869.
SUR CETTE VUE ON PEUT APERCEVOIR UNE PARTIE DUCHEVET AVEC LE
CHŒUR ET L’ABSIDE
HISTORIOGRAPHIE
L'abbaye de Saint Ruf fut le siège d'un ordre de chanoines
réguliers développé à la fin du XIe siècle à partir d'un lieu de culte
de la périphérie d'Avignon, mal documenté jusqu'à sa cession en
1039 à quatre clercs, désireux de « vivre religieusement », par
Bénézet, évêque d'Avignon.
Des fouilles archéologiques ont montré que le site de l'abbaye
avignonnaise de Saint-Ruf était initialement celui d'une nécropole
paléochrétienne. Mais la personnalité exacte du saint n'est pas
assurée : sa qualification comme premier évêque d'Avignon, son
identification avec le fils de Simon de Cyrène, relèvent de
traditions développées avec l'essor de l'ordre.
L'abbaye de Saint-Ruf, soutenue par la papauté grégorienne et les
comtes de Barcelone, devient au XIIe siècle un des principaux
foyers de la réforme canoniale, dont les coutumes connaissent
une diffusion « européenne » (France méridionale, péninsule
ibérique, Scandinavie, Allemagne du sud, etc.). Ce rayonnement
des coutumes est doublé par la construction d'un ordre religieux
d'une ampleur moindre, ce qui explique qu'il soit négligé par
l'historiographie.
Le siège de cet ordre fut toutefois déplacé à Valence, à la suite de
différents avec le chapitre cathédral d'Avignon. Le site de
l'ancienne abbaye devint alors le siège d'un simple prieuré
rufinien, rapidement annexé aux revenus particuliers des abbés
de Saint-Ruf.
Au XIVe siècle, s'y réunissent néanmoins deux conciles
provinciaux, en 1326 et 1337, présidés par le camérier de Jean
XXII, Gasbert de Valle, archevêque d'Arles.
L'existence de l'ordre a diffusé le culte de ce saint hors du
diocèse d'Avignon. On retrouve la consécration de lieux de cultes
voués à Saint Ruf à Valence, Lérida, Romans, Montpellier.
L’emplacement occupé actuellement par les vestiges de l'abbaye
de Saint-Ruf est sans doute le plus ancien site chrétien
d’Avignon, puisqu’il remonte probablement au début du IVème s.
Un important cimetière des Vème et VIème s. y fut découvert.
Placée sous le vocable de saint Ruf, elle fut restituée à l’Eglise
d’Avignon par l’empereur Louis l’Aveugle en 917, mais acquit une
importance toute nouvelle au XIème
En effet, en 1039, quatre chanoines de la cathédrale d’Avignon
demandèrent à se retirer dans ce faubourg pour y mener une vie
plus austère. La communauté prit de l’ampleur pour finir par être
reconnue comme ordre de Saint-Ruf par le pape urbain II en 1095.
L’ordre de Saint-Ruf fut, en Avignon, un foyer artistique non
négligeable, en particulier dans le domaine de la sculpture, et un
centre intellectuel réputé puisque dès 1120, l’enseignement du
droit romain dispensé à Bologne fut importé d’Italie.
Seul le chef d’ordre s’est déplacé ; les rufains ont conservé leur
église avignonnaise, qui est devenu simple prieuré.On peut la voir
au quartier qui porte son nom.
En 1158, l’abbaye mère fut transférée d’Avignon à Valence.
Les ravages des albigeois qui auraient provoqué le départ à
Valence, semblent une invention érudite !
ABBAYE DE SAINT RUF À VALENCE
Avignon resta un prieuré jusqu’en 1774. Au cours du temps, les
bâtiments de l’abbaye périclitèrent, au point qu’en 1763, l’abbé
ordonna leur démolition. Utilisé pour divers usages par des
propriétaires privés, ce qui subsistait de cet ensemble fut donné à
la ville d’Avignon en 1928 et des restaurations furent entreprises
à partir de 1944.
Ne subsiste aujourd'hui, à la suite de démolitions ordonnées par
les derniers abbés, et de destructions postérieures à la
sécularisation de l'ordre, que le chevet de l’abbatiale. Les
vestiges montrent que le site, non intégré à la cité d'Avignon, a
été fortifié à la fin du Moyen Âge
Située sur le chemin du moulin Notre Dame, ce monument aux
cours des siècles servi d’hospice pour les lépreux, de halte pour
les pèlerins en route pour Saint Jacques de Compostelle
Plus prés de nous elle a servi d’entrepôt, de carrière de pierres et
même d’usine à gadoue !
De nombreux travaux de restauration, plus ou moins heureux,
furent effectués et permirent de mettre en valeur ces vestiges.
VUES DE L’ENSEMBLE DES VESTIGES
LE CLOCHER
VUE COTE SUD
VUE ARRIERE DU CHŒUR
ON APERÇOIT SUR LE DEVANT LE JARDIN OÙ SERA AMÉNAGÉE LA NÉCROPOLE
LE DOS D’UNE CHAPELLE RAYONNANTE DE L’ABSIDE
AVANT SA RESTAURATION
APRES SA RESTAURATION
LE CHEVET AVEC LE CHŒUR ET LES DEUX CHAPELLES RAYONNANTES DE L’ABSIDE
(ABSTIDIOLE)
L’ENSEMBLE DES BATIMENTS VUS DE DOS
(LE CHŒUR ET L’ ABSTIDIOLE)
DETAIL D’UN DES RARES CHAPITEAUX CONSERVES INTACT SUR
PLACE
CHAPITEAU DE
CHAPITEAU DE
L’ABBAYE DE SAINT RUF
L’ANNONCIATION
1115
MARBRE : 0.17 X 0.20
AVIGNON VERS
CHAPITEAU DE
L’ABBAYE DE SAINT RUF
LA VISITATION
1115
MARBRE : 0.17 X 0.20
AVIGNON VERS
L’ABBAYE DE SAINT RUF
LE SONGE DE JOSEPH
1115
MARBRE : 0.17
AVIGNON VERS
X 0.20
DETAILS DES CHAPITEAUX CONSERVES PAR LA FONDATION CALVET AU
MUSEE DU PETIT PALAIS
L’EMPLACEMENT D’UN ANCIEN VITRAIL
JEUX DE LUMIERES AU SOLEIL COUCHANT
Au cours de fouilles entreprises pendant les travaux de restauration, de
nombreux sarcophages furent découverts.
Déposés temporairement au musée lapidaire, ils furent par la suite
transférés dans la nécropole créée sur le jardin entourant l’abbaye
SARCOPHAGES ABANDONNÉS DANS LES CHAMPS ENTOURANT
L’EDIFICE
SARCOPHAGES DU IVème OU Vème SIECLE
SARCOPHAGES DÉGAGES DES RONCES AUX COURS DES FOUILLES
LA NÉCROPOLE AMENAGEE DANS LE JARDIN
GUIBAUD MAURICE LE 20/10/2008 15:58:48
ABBAYE DE SAINT RUF
J’allais l’autre jour me promener du côté de l’abbaye de Saint Ruf hors des remparts. Il
faut prendre, pour y parvenir, l’avenue du même nom qui s’ouvre près de la gare routière
vers le sud est d’Avignon. Quand vous arrivez à une bifurcation où se dresse la première
école communale laïque de notre cité, prenez la rue à gauche qui vous amène au parc
qui abrite cette abbaye. Celle-ci est située approximativement à 2kms du centre ville. On
peut y aller en voiture car le stationnement est facile ou en autobus (départ place Pie).
Me voilà en train de photographier les vestiges de cet édifice, autour duquel les joueurs
de boules s’activent, quand deux vieux avignonnais, 80 années bien sonnées,
m’adressent la parole :
- Vous vous intéressez à l’abbaye ?
La conversation s’engage. Ils m’expliquent qu’ils ont joué, enfants, parmi ces murs quand
l’abbaye en ruines était laissée à l’abandon. Là, s’ensuit une dispute amicale entre les
deux compères :
- Ne l’écoutez, il n’est même pas avignonnais !
Indignation de l’un qui s’écrie :
- Et comment, je suis pas avignonnais ? Je suis arrivé à Saint Ruf, j’avais 3 ans, même
qu’on était à la maternelle ensemble !
L’autre me prenant à témoin, levant les yeux au ciel :
- Vous voyez bien ! Arrivé à trois ans! Qu’est-ce que je disais ? Il n’est pas avignonnais !
Mes illusions s’effrondent. Moi qui me suis installée il y a vingt ans à Avignon et qui me
croyais presque intégrée ! Adieu veaux, vaches, cochons, couvées... Mais bon...
Continuons !
Et les voilà toujours se disputant en train de me raconter leurs frasques enfantines sur les
ruines de l’abbaye :
"Quand nous étions "minots" l’abbaye était pour nous un lieu de cachette et un terrain de
jeu formidable. Au milieu des murs en ruines, branlants et noirs, rendez-vous de tous les
chats du quartier, les tombes des religieux enterrés dans le sous sol de l’édifice depuis
des siècles, saccagées, étaient ouvertes. On farfouillait là dedans à qui mieux mieux !
Dans les caveaux béants, on trouvait des squelettes, des ossements. Un régal ! On jouait
à se faire peur en se poursuivant avec les crânes - qui sait ? - de Saint Ruf ou des
quatre chanoines fondateurs... Les os nous servaient d’épées et on se battait en duel
avec fougue. Haut les coeurs, d’Artagnan et les trois mousquetaires, on ferraillait,
croisant vaillamment les fémurs de ces pauvres moines profanés ! Dans les bâtiments de
l’abbaye, la mairie avait installé une station d’épuration. C’était là que se faisaient les
vidanges de la ville, et je vous prie de croire que ça ne sentait pas bien bon" !
Grandeur et Décadence ! Quelle est donc cette abbaye à l’origine d’un art "ruffien" dont
l’influence rayonna, dit-on, sur tout le pourtour de la Méditerranée ?
A l’endroit où sélevera plus tard l’abbaye de Saint Ruf se réunissent les premiers
chrétiens d’Avignon. L’existence d’une chapelle est attestée sur cet emplacement dès le
X° siècle. En 1039, quatre chanoines obtiennent de Bénézet, leur évêque, la concession
de cette chapelle pour se retirer et fonder une communauté religieuse observant des
règles austères. Elle est dédiée à Saint Ruf qui fut évêque d’Avignon car elle contient le
tombeau du saint. Ce dernier était le fils de Simon de Cyrène qui aida le Christ à porter sa
croix. C’est le début de la grande concrégation monastique de l’ordre de saint Ruf, une
des plus importantes du midi de la France avec saint Victor de Marseille.
Pour relever la petite église, la communauté développe une importante école
d’architectes et de sculpteurs. L’abbaye de Saint Ruf devient un des fleurons de
l’architecture romane provençale dont l’influence s’étend sur toute la Méditerranée.
De toute beauté, en forme de croix latine, elle comprenait une vaste nef aboutissant à un
transept à croisillons sur lequel s’ouvraient l’abside et deux absidioles. A la suite de la
guerre contre les Albigeois au XIII° siècle, les religieux quittent l’abbaye et se retirent à
Valence. L’influence de Saint Ruf décroît. Au XIV° siècle, l’abbaye hors les murs, est en
rase campagne, isolée, menacée. On la fortifie en rehaussant ses murs que l’on
couronne de créneaux. En 1763, la nef principale menacée d’écroulement est démolie.
Après la révolution, elle est classée bien national. Bien qu’elle soit classée en 1889, son
état va en détériorant. Dans la première moitié du XX° siècle, des habitations qui
s’appuient sur ses murs vont être construites. La mairie l’utilise, nous l’avons vu, comme
usine de transformation de déchets.
De nos jours, débarrassée de ses constructions parasitaires, il ne reste plus que le chevet
comprenant le transept, l’abside et ses absidioles et le clocher carré aux deux gracieuses
fenêtres jumelées et à colonnettes dominé par un toit à quatre pans. Autour s’étend un
parc pour enfants qui est malheureusement mal entretenu. Mais les vestiges méritent
bien une petite visite.
Texte anonyme trouvé sur : www.voix-nomades.com/carnets-voyages/voyager-....