Visualiser le document joint

Transcription

Visualiser le document joint
FOOTBALL
Bengelloun au pays de
Gandhi
Drafté le 21 août dernier par le club indien de Goa, l’ancien défenseur du FC
Mulhouse Youness Bengelloun débute aujourd’hui l’Indian Super League.
Un championnat durant lequel il évoluera aux côtés de Robert Pirès et affrontera
notamment Del Piero, Anelka ou Trezeguet. Un rêve éveillé.
À 31 ans, l’ex-défenseur du FCM Youness Bengelloun s’apprête à croiser la route
notamment d’Alessandro Del Piero, Nicolas Anelka et David Trezeguet. DR
Comme beaucoup, il y a encore quelques semaines, sa connaissance de l’Inde
s’arrêtait au film Slumdog Millionaire , à Gandhi et au riz basmati.
Mais quand la proposition lui a été faite de prendre part au tout nouveau
championnat de l’Indian Super League, qui a débuté dimanche dernier et qui se
finira le 20 décembre (le temps de la trêve en cricket), il n’a pourtant pas hésité un
seul instant à franchir le pas.
Habitué à faire son baluchon depuis le début de sa carrière, déjà passé notamment
par la Suisse, l’Espagne, la Grèce, Chypre ou la Bulgarie, Youness Bengelloun ne
craint ni l’inconnu, ni l’exotisme. Surtout lorsque ça lui permet de vivre à fond sa
passion du football.
L’hôtel 5 étoiles et les feux d’artifices
En Inde, celui qui portait la saison dernière le maillot du FC Mulhouse a trouvé plus
qu’un simple point de chute. Et bien plus que des conditions financières
avantageuses (lire par ailleurs). Là-bas, depuis un mois, le joueur s’est ouvert les
portes d’un rêve. Un rêve où il se réveille chaque matin dans un hôtel 5 étoiles situé
en bord de mer (toutes les équipes sont tenues d’être hébergées dans un
établissement haut de gamme durant l’intégralité de la saison). Un rêve où il joue
aussi sous les ordres du « Pelé blanc », Zico, et où il partage le vestiaire notamment
avec le champion du monde Robert Pirès.
« Comment regretter mon choix, franchement ? » , s’esclaffe-t-il à l’autre bout du fil,
« excité comme un dingue » à l’idée de disputer ce mercredi le premier match de la
saison avec son club de Goa.
« Notre stade a une capacité de 25 000 personnes et il devrait en principe afficher
complet pour l’occasion. »
« Pirès suit avec moi les résultats du FC Mulhouse »
L’occasion ? Un match face au FC Chennaiyin de l’entraîneur-joueur-chambreur
Marco Materazzi et des ex-internationaux français Mikaël Silvestre et Bernard
Mendy.
« Dans chacune des huit équipes engagées, on retrouve au moins une star et
plusieurs joueurs étrangers expérimentés (Ndlr : les entraîneurs sont simplement
tenus d’aligner cinq joueurs indiens dans leur onze de départ).
Les promoteurs de l’Indian Super League ont vraiment mis les moyens pour faire le
buzz et mettre sur pied un tournoi spectaculaire, susceptible d’intéresser les Indiens,
mais également les étrangers.
Tout est démesuré ici.
Avant le premier match de la saison, 90 000 personnes avaient pris place dans le
stade de Calcutta.
La cérémonie d’ouverture était digne de celle des Jeux Olympiques.
Et il y avait un feu d’artifice géant après chaque but. Robert Pirès était sur place, il
m’a dit qu’il n’en croyait pas ses yeux. »
Pirès, justement. Arrivé le 20 septembre à Goa, l’ancien attaquant d’Arsenal s’est
rapidement imposé comme le leader technique de sa nouvelle équipe, même à l’âge
de 40 ans.
« On voit qu’il n’a jamais cessé de s’entretenir car il reste très impressionnant sur le
terrain. En dehors, c’est carrément un gentleman.
Il est très sollicité, mais il répond à tout avec une grande simplicité.
C’est un bonheur d’évoluer à ses côtés. »
« Les Indiens ? Tactiquement, c’est un peu chaud »
Grâce à Bengelloun, l’ancien champion du monde 98, dont l’escapade indienne lui
rapportera 594 000 euros, est aussi devenu un observateur très attentif des résultats
du FC Mulhouse en CFA.
« Il n’a pas le choix, je lui donne tous les scores ! Du coup ça l’intéresse, on suit ça
de près » , sourit le Parisien, à qui la gastronomie alsacienne manque un peu.
« Ici, c’est un poil plus épicé. Il faut faire attention à ce que l’on mange.
Mon estomac m’a déjà lâché trois ou quatre fois.
Mais je reste à l’hôtel pour manger désormais et je choisis des plats européens.
Le championnat approche, je ne prends plus trop de risque. »
Sûr que le défenseur central n’en prendra pas davantage avec ses deux défenseurs
latéraux indiens au moment de jouer le hors-jeu.
« Techniquement, ils travaillent beaucoup et sont plutôt pas mal, mais tactiquement,
c’est un peu chaud. Ils ont encore quelques lacunes.
Je les trouve un peu trop stressés. L’objectif sera de les faire progresser le plus vite
possible. »
Pour cela, les Indiens du FC Goa pourront donc compter sur la science du jeu de
celui qu’ils appellent « Mister Zico ».
« Lui, il ne dit pas beaucoup de mots, mais quand il en dit, tu sais tout de suite ce
que tu as à faire. Et il n’a pas besoin de trop en faire pour forcer le respect.
Tout comme Gharib Amzine à Mulhouse, c’est quelqu’un qui sent le jeu, qui le
respire, qui le connaît profondément. Tout ce qu’il te dit est pertinent.
Même quand tu n’es pas d’accord avec lui sur le coup, avec le recul, tu finis toujours
par te dire que c’est lui qui avait raison.
Je suis un privilégié d’avoir pu travailler avec ces deux hommes. »
Sa chance, il dit la mesurer « chaque matin au réveil » dans sa chambre 5 étoiles.
Reste désormais à s’en montrer à la hauteur sur les terrains indiens.
Histoire de laisser derrière lui une trace au pays de Gandhi.
Pierre CHATELUS.
ZOOM
Comment il est arrivé à Goa
Dès la fin de la saison dernière, Youness Bengelloun, 31 ans, avait clairement
indiqué aux dirigeants du FC Mulhouse qu’il ne souhaitait pas prolonger son contrat,
faisant d’un retour dans le monde professionnel sa grande priorité.
« Mais comme je n’ai pas pu rejoindre un club de Ligue 2 ou de National, il me
restait l’option de l’étranger. J’avais quelques offres dans des pays de l’Est, mais
avec la crise financière, je n’étais pas très chaud.
Au final, quand l’agent Bruno Satin m’a proposé de rejoindre l’Indian Super League,
j’ai été très vite emballé.
Outre le fait que ce soit financièrement intéressant, c’est aussi et surtout très carré.
On est nourri, logé, blanchi et on est payé en quatre fois par des virements qui
arrivent en France. Je suis parti l’esprit tranquille. »
Drafté le 21 août dernier en 4e position parmi 49 joueurs, le joueur formé au PSG
s’est ainsi retrouvé au FC Goa.
EN CHIFFRES
40 000
C’est, en dollars, la somme que touchera approximativement Youness Bengelloun
pour disputer les trois mois de compétition en Inde.
La somme dévolue aux joueurs draftés va de 40 000 à 100 000 dollars.
Pour les grandes stars du championnat, qui sont quant à elles recrutées par les
clubs, les montants explosent.
Ainsi, l’Italien Alessandro Del Piero sera le joueur le mieux payé avec 1,25 million
d’euros, devant Nicolas Anelka, Elano Blumer, David Trezeguet, Robert Pirès (594
000 euros) et Freddie Ljungberg.
À ces salaires s’ajouteront de nombreuses primes.
Après chaque match, le meilleur joueur, le plus beau geste, le joueur le plus en
forme et le meilleur jeune joueur indien seront récompensés… financièrement.
Mode d’emploi
La première édition de l’Indian Super League, qui a débuté dimanche dernier, rassemble
huit franchises qui s’affronteront toutes en matches aller-retour.
Bâtie sur le modèle de la Major League Soccer américaine, la ligue est fermée.
Elle n’est disputée que par des franchises qui payent des droits pour y entrer, et il n’y a pas
de système de relégation-promotion.
Les quatre premiers au classement disputeront les demi-finales.
La finale est programmée le 20 décembre.
du mercredi 15 octobre 2014.
Photos d’équipe
du FC GOA :
Youness en haut à droite Robert accroupis au milieu sous le gardien.
Youness, passeur décisif après le but de GREGORY.