qu`on s`agenouille au son de midi pour réciter un Ave Maria en plus

Transcription

qu`on s`agenouille au son de midi pour réciter un Ave Maria en plus
Communiquer autrefois
Les sonneries de cloches
Longtemps les cloches sont le seul moyen efficace de
communication.
Au XIIIe siècle, l’invention des horloges à poids permet
d’obtenir des sonneries régulières qui rythment la vie
quotidienne, égrenant les heures et les demi-heures. A
partir du IXe siècle une sonnerie spéciale, le soir,
marque le couvre-feu, toutes les activités doivent
s’arrêter. Dans la plupart des villes bretonnes, il existe
jusqu'à une époque récente des cloches municipales qui
sonnent l'heure de fermeture des cabarets, ce qui fait
dire alors aux Brestois: "C'est Marie-Jeanne qui nous
appelle".
Au Moyen âge, les papes instituent les Angélus du matin,
du midi et du soir et vers 1475, Louis XI, dont la
dévotion à Marie est grande, ordonne dans tout le
royaume "qu'on s'agenouille au son de midi pour réciter un
Ave Maria en plus".
Le tableau de Jean François Millet (1858) est
aujourd'hui encore le meilleur ambassadeur de cette
pratique jadis universelle. L'image de ce couple de
paysans - front courbé et mains jointes - répondant
ainsi à l'appel d'un lointain clocher est sans conteste un
précieux témoignage de la grande popularité que connut
la prière et de l'intérêt suscité par la sonnerie de
cloches qui l'accompagne.
Malheureusement parfois les habitants sont
alertés par le tocsin, une sonnerie répétée et
prolongée formée de tintements formée de
tintements rapides de la cloche la plus aiguë (60
coups à la minute minimum) en actionnant
directement les battants : signal de danger, de
guerre qui reste dans les mémoires. A Locmaria,
Gaby Leizour se souvient de François Quellec, le
charron, travaillant dans le grenier d’une maison
rue de l’Arvor, lui disant le 3 septembre 1939
"Gaby c’est la guerre" ; Gabriel Lars sarcle les
rutabagas avec son père qui lui ordonne de
rentrer à la maison à Brendégué tandis que
Thérèse Lars et ses sœurs sont appelées dans la
cour de la ferme à Kervéguen par leur père
ancien poilu et l’entendent dire "C’est triste que ça
revienne".
L’église de Locmaria au début du XXe siècle
Les églises paroissiales adoptent vite la
coutume monastique d’annoncer les offices,
les retardataires hâtent le pas…
Il s’agit de feu le plus souvent. Et quand le tocsin
sonne, c’est très vite l’affluence au bourg ou en
direction de la fumée ; les hommes ayant délaissé
sur le champ tous travaux, arrivent avec seaux et
récipients.
Les premières attestations de "la cloche des
morts" semblent remonter au VIIIe siècle. La
sonnerie spécifique très lente du glas annonce à la
communauté la mort de l’un de ses membres et
peut apporter des précisions sur le défunt : âge,
sexe… Il peut retentir dès l’annonce du décès et
accompagne souvent le cortège funèbre qui conduit
le mort du domicile à l'église et de l'église au
cimetière.
A Locmaria autrefois, le 1er novembre, pour
rappeler la fête des morts le glas est sonné dès
après les vêpres de la Toussaint jusqu’à 22 h. Les
3 cloches doivent tinter constamment à tour de
rôle en donnant un seul coup. Pour ce faire les
battants sont bridés et cela donne un glas
particulier très lugubre.
Heureusement il y a aussi
toutes les fêtes carillonnées !
Les cloches sonnent alors à la
volée et annoncent baptêmes,
mariages, fêtes religieuses ou
circonstances exceptionnelles
comme lorsque le 11 novembre
1918 et le 8 mai 1945 toutes
les églises de France ont
annoncé l’armistice.
A Locmaria avant 1960, les sonneries sont mues depuis la tribune à l’aide de cordes. Pour mettre en branle
la grosse cloche, les sonneurs doivent synchroniser l’appel de la corde avec la période de la cloche, sinon ils
se retrouvent propulsés à 5 m de hauteur pour ne pas avoir su s’adapter au rythme du ballant.
Angélus 6 h 30, 12 h, 19 h par la cloche moyenne ar hloh krenn
Messe quotidienne de 7 h + dimanches et fêtes par la petite cloche ar hloh bian
Grand messe :
1er son "soun kenta" 8 h branle avec 1 seule cloche : la grosse cloche ar hloh bras, 1 tintement
2e son "eil soun" 9 h branle avec 2 cloches (moyenne + petite), 2 tintements
3e son "tredsoun" 10 h branle avec les 3 cloches, 3 tintements
Vêpres annoncés dans le même ordre 14 h, 14 h 30 et 15 h.
Baptême appel son "soun galv" 5 mn avant : tintement par la cloche moyenne, carillon des 3 cloches de
durée variable suivant la générosité des parrains et marraines. Le sexe est annoncé par 3 tintements de la
grosse cloche pour les garçons , 2 pour les filles.
Mariages appel : carillon court à la sortie du cortège de la mairie ; puis à la sortie de l’église, grand carillon
(long).
Obsèques : à l’arrivée du corps, glas par tintement successif des 3 cloches, de même à la sortie.
Qu'en est-il en ce début du XXIe siècle ?
Bien d'autres moyens ont été inventés ou développés au cours du XXe siècle. pour communiquer des
messages à la population, ou pour marquer le temps, et la place de la cloche tend à diminuer
considérablement en ville. Le son de la cloche constitue même pour certaines personnes une nuisance
sonore ! L'électrification a aussi contribué à restreindre la diversité du langage sonore des cloches, bien
que les tableaux de commande modernes sachent prendre en compte certains usages locaux en matière de
sonnerie. Question de prix ou de réglage de la programmation. On peut y trouver encore le tocsin, le glas
(avec deux ou trois options), l'angélus, la sonnerie de volée ordinaire, la sonnerie festive, le plénum … Mais
il s'agit souvent d'un langage fortement "normalisé" et "presse-bouton", sans "accent" local, cette
expression propre au sonneur de cloches lorsqu'il tire la corde ou frappe en direct le bord de la cloche.
Le clocher de Locmaria abrite 3 cloches :
Les cloches sont électrifiées depuis 1957, ce qui a simplifié le travail du sacristain François Quinquis, puis
en 1970 un central horaire électrifie l’horloge, dont le mécanisme remonte au XVIe siècle, tout en
produisant aussi toutes les sonneries culturelles.
D’après Joseph Quinquis, Regard sur Locmaria-Plouzané, 1999.
Le Korn bout
Autrefois, en cas d’urgence, un vêlage par
exemple, ou plus simplement à l’heure du repas,
dans de nombreuses fermes on utilise un korn
bout. Il s’agit d’un coquillage, d’un trognon de chou
frais évidé ou d’une corne de bovin dans lequel
"les anciens" soufflaient afin d’en faire sortir un
son sourd et régulier destiné à appeler ceux qui
travaillent aux champs. C’est le téléphone
portable de nos ancêtres en quelque sorte...
La tradition perdure encore actuellement : lors de
la « Fête du crabe » à Plouarzel chaque année en
août se déroule un championnat international de
korn bout.
Berthin Falhon de Guilers, champion 2008 et 2010.
Didier Mahé de Brest, champion 2009.
C’est aussi un joueur de bombarde.
Le téléphone
Le téléphone, inventé aux Etats-Unis par Bell en 1876, est exploité en France depuis 1879 dans les grands
centres urbains mais le réseau téléphonique départemental ne s’est mis en place qu’au début du XXe siècle.
À ses débuts, le réseau téléphonique est entièrement manuel. L'appel d'un correspondant est effectué de
la façon suivante :
- L’abonné décroche son téléphone, ce qui provoque la chute d'un volet annonciateur dans le central, et
parfois l'allumage d'un voyant.
- Une opératrice répond à l'abonné, note le numéro du correspondant à appeler ; si le correspondant
dépend du même central, la connexion avec l'abonné se fait en « local » ; sinon, l'opératrice appelle une
autre opératrice chargée du central de rattachement de la personne appelée.
- Lorsque l'appelé est joint, les opératrices mettent en relation les deux abonnés.
La commutation automatique se généralise progressivement après la seconde guerre mondiale mais le
territoire français n’est entièrement automatisé qu’à la fin des années 70.
Le plan de numérotation change plusieurs fois : de 6 chiffres il passe à 8 en octobre 1985 avec une refonte
totale des numéros puis à 10 chiffres en octobre 1995 mais simplement avec l'ajout de 2 chiffres
supplémentaires.
Le premier téléphone portable apparaît en France en 1991, c’est un objet de luxe par le coût de
l’abonnement mais surtout par son prix d’acquisition : 25 000 F !
Qu'en est-il à Locmaria
Dans un premier temps, la commune de Locmaria
refuse d'adhérer au réseau n’y voyant qu’un
avantage très minime (délibération du conseil
municipal de mai 1909) mais, en juin 1911, elle
accepte d’aménager un local dont la gérance est
confiée à Hervé Leizour cabaretier au bourg : il est
chargé du téléphone public et de la distribution des
télégrammes.
La guerre de 14-18 et le rappel sous les drapeaux
du gérant pose problème au conseil municipal qui
peine à trouver quelqu’un pour assurer l’intérim en
particulier pendant la saison balnéaire. Devenu
maire en 1925, Hervé Leizour choisit de passer la
gérance à son épouse Madeleine qui l’assure de
nombreuses années au Café de l’Union puis passe le
relais à sa belle-fille Mathilde Leizour au Café de la
place.
Le bourg de Locmaria au début du XXe siècle.
Une cabine téléphonique en bois est installée à gauche à l’entrée du bar tandis que le central installé plus
tardivement, est posé près de la cuisine. Les télégrammes sont généralement distribués par le garde
champêtre Jean Marie Arzel ou sa fille Soizig. Mais pendant les vacances les enfants Leizour s’occupent de
la cabine et livrent aussi les télégrammes. Les abonnés de Locmaria n’ont jamais été très nombreux : 9 au
maximum dont le château de Quéléren avec le n° 1, l’hôtel d’Armorique n° 2, l’hôtel de la Cité n° 3, Déolen
n° 4 et la mairie n° 9.
Les nuits sont souvent écourtées par une demande d’appel pour un médecin ou un vétérinaire ; dans la
journée, plus tard, s’y ajoute l’appel à l’inséminateur.
Boite murale Marty 1910. Elle est
surnommée "la boite à sel" en
raison de sa forme particulière.
Coll. Roger Le Reun
Le 21 juin 1940 un officier allemand vient informer le maire Hervé Leizour de la réquisition de la cabine
téléphonique. Une douzaine de soldats des transmissions portant l’uniforme de la Luftwaffe la monopolisent
désormais, tout en prenant possession un temps, en guise de logement, du grenier de la mairie.
En mars 1942, le maire Henri Gestin est avisé que la commune bénéficie d’un abonnement accordé par les
autorités occupantes. Après approbation du conseil, un poste relié à la cabine téléphonique est installé, ce
qui allège considérablement le poids des échanges d’informations écrites avec l’administration.
En 1985, la municipalité crée une agence
postale au rez-de-chaussée de la mairie, la
cabine téléphonique du Café de la place y
est transférée et les services postaux sont
assurés par une employée de mairie. Le
bureau de poste est déplacé en 1995 après
la démolition de l’ancien bar-tabac lors du
réaménagement du bourg.
Progressivement, les commerçants, les
artisans et les particuliers s’équipent tandis
qu’une cabine téléphonique est installée
contre le mur de la mairie, route de
Plouzané.
Ces cabines ont perdu maintenant de leur
utilité avec le développement du téléphone
mobile mais France-Télécom est tenue d‘en
maintenir dans toute commune d’au moins
1 000 habitants.
La sirène
Les sirènes apparaissent pendant la
seconde guerre mondiale pour les
besoins de la Défense civile dans les
grandes villes.
Locmaria s'équipe avant 1970, la sirène
est placée sur le toit de la mairie.
Chaque premier jeudi du mois puis le
mercredi depuis 1972, à midi, pour une
minute seulement, ont lieu les essais des
sirènes d'alerte à la population, comme
dans toutes les communes du pays.
Une alerte peut être déclenchée pour
signaler un nuage toxique ou explosif, un
risque
radioactif,
une
menace
d’agression aérienne, certains risques
naturels comme les inondations. Les
sirènes peuvent être déclenchées par le
ministre de l’Intérieur dans toutes les
villes de France, le préfet ou le maire
de la commune, dans les cas nécessitant
une mise à l’abri immédiate
La sirène de Locmaria s'est tue en
2004. Menaçant de se décrocher, elle
devenait dangereuse et elle a été
enlevée par les pompiers.