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BOGART BACALL HAWKS HEMINGWAY FAULKNER
LE PORT DE L’ANGOISSE
- To Have And Have Not -
LE PORT DE L’ANGOISSE
TO HAVE AND HAVE NOT/1945
RÉALISATION & PRODUCTION HOWARD HAWKS SCÉNARIO JULES FURTHMAN & WILLIAM FAULKNER
D’APRÈS LE ROMAN D’ERNEST HEMINGWAY IMAGE SID HICKOX MUSIQUE FRANZ WAXMAN MONTAGE
CHRISTIAN NYBY DÉCORS CASEY ROBERTS DIRECTION ARTISTIQUE CHARLES NOVI DURÉE 100 MN FORMAT
N&B/1.37 VISA 5427
AVEC HUMPHREY BOGART, LAUREN BACALL, WALTER BRENNAN, DOLORES MORAN, MARCEL DALIO
SYNOPSIS
Un américain, Harry Morgan, se trouve en Martinique juste après l’armistice. Aidé par le vieil alcoolique Eddie, il emmène des touristes
dans son bateau pour la pêche au gros. Son hôtelier, opposé au gouvernement de Vichy, lui demande de l’aider à faire entrer clandestinement un chef de la résistance. Ne voulant pas se mêler de politique, Harry refuse. À l’hôtel, il rencontre Marie, une jeune américaine
fort jolie, qui tente de rentrer aux États-Unis. Harry est vite séduit. Son dernier client ayant été tué, la police bloque le compte en
banque de Harry. Poussé par le besoin d’argent, notamment pour payer le retour de Marie, Harry accepte finalement le marché de
Gérard, l’hôtelier. Mais l’expédition n’est pas de tout repos car la police française veille...
LE FILM par Jean-LouP PASSEk
Ernest Hemingway écrit un roman “To have and have not”. La Warner Bros aux aguets décide d’en faire une adaptation cinématographique. Elle convoque deux défricheurs de renom pour bâtir un scénario solide et des dialogues percutants. Le premier se nomme
Faulkner. Il est écrivain et déjà célèbre. L’autre s’appelle Jules Furthman. Il est dans le métier depuis 1917 et il est tout simplement responsable des plus beaux films de Josef Von Sternberg. Le metteur en scène sera Howard hawks. Il a déjà derrière lui une filmographie
qui lui tient lieu de carte de visite. L’important, c’est le choix des acteurs. Pour le rôle du capitaine Harry Morgan, il ne semble pas
possible de trouver mieux qu’Humphrey Bogart qui vient de triompher dans CASABLANCA avec Ingrid Bergman. La Warner mise
sur des valeurs sûres - encore que Bogart ait mis près de dix ans à devenir une valeur sûre. Cependant, pour le rôle féminin, elle prend
des risques. Elle engage une inconnue, chaperonnée par Howard Hawks. En 1942, une jeune fille blonde posait comme cover-girl
dans Harper’s Bazar. La femme d’Howard Hawks la remarque. Son mari lui donne un nom : Lauren Bacall, et l’impose pour dompter
le lion Bogart. Leur premier film “ensemble” c’est LE PORT DE L’ANGOISSE. À la fin du tournage, Bogart divorce. Sa troisième
femme Mayo Methot avec laquelle il avait des rapports plus qu’orageux s’en tire avec une pension alimentaire. Bogart épouse Lauren
Bacall. En cadeau de mariage, il lui offre un sifflet en or sur laquelle il a fait graver . “If you want something, just whistle” en souvenir
d’une des plus fameuses répliques du PORT DE L’ANGOISSE... Trente après, on croit rêver. D’Hemingway, il ne reste pas grand
chose. De Faulkner, un devoir honorable un peu bâclé. De Furthman quelques répliques percutantes. Howard Hawks a fait mieux et
il fera mieux encore. La photo de Sid Hickox date terriblement (mais elle n’en possède pas moins un charme indéniable). Hoagy Carmichael chante de bonnes chansons dont il est l’auteur. Mais pas de quoi fouetter un chat. À vrai dire, on se moque éperdument de
cette Martinique qui sent le studio, de ces rivalités entre sbires vychissois et agents de la France Libre, voire de ce capitaine qui se laisse
entraîner malgré lui à devenir un héros. Tous cela n’a aucune importance. Strictement aucune importance... Pourtant il se passe quelque
chose de prodigieux. D’absolument inouï. Les spectateurs quand se rallument, les lumières ont l’air heureux. Quelques applaudissements même, vite étouffés parce que cela ne se fait pas au cinéma
d’applaudir. LE PORT DE L’ANGOISSE, ce n’est pas un film d’aventures. C’est une déclaration d’amour fou. C’est vingt-quatre déclarations d’amour fou à la seconde. C’est le plus sublime des films d’amour. C’est Lauren Bacall et c’est Humphrey Bogart. C’est
l’hypnose mutuelle. C’est l’amour via la complicité, c’est-à-dire quelque chose de rare, d’unique, de fabuleux. Chaque geste, chaque
parole renvoie à la fascination de deux individus qui font abstraction du monde qui les entoure (si agité et si périlleux soit-il) et se
subjuguent l’un l’autre. Le plus important, c’est donc une porte qu’on claque, une cigarette qu’on tend, un sourire qu’on esquisse, une
bataille de sous-entendus, d’allusions, d’intonations. Si l’on s’exprime par antiphrases, c’est pour mieux s’isoler de l’environnement
qui de toute façon ne “pourrait comprendre”. C’est une façon de se déclarer sa passion avec plus de violence encore. Ce cynisme boudeur, ces va-et-vient ultra-rapides où l’humour et l’humeur se poussent du coude atteignent parfois des sommets inégalés (si... dans
le film suivant du couple : l’obscurantissime et génial GRAND SOMMEIL). Dire que Lauren Bacall avec ses cheveux en averse façon
Veronika Lake est belle est d’une affreuse banalité. Dire que Bogart, avec sa voix (quand je pense que certains innocents acceptent
d’écouter un zombi qui parle français avec le visage de Bogart, j’en frémis de rage) et sa lèvre inférieure - la seule qui savait sourire -,
avec sa démarche et cette manière de faire semblant de regarder “ailleurs”, est sublime est d’une affreuse banalité. Mais le plus sublime,
c’est l’équation Bogart-Bacall. On peut évidemment préférer Errol Flynn ou Brigite Bardot. On peut préférer évidemment n’importe
qui. Qu’on m’excuse si j’ai quelque peine à me montrer tolérant. Le 14 janvier 1957, Humphrey Bogart disparaît. Il était né avec le
siècle. Sa mort fut aussi celle d’un certain cinéma. Il était irremplaçable. Dans l’urne contenant ses cendres, Lauren Bacall fit déposer
le sifflet en or symbole de la plus émouvante des complicités amoureuses. Il faut être fou pour ne pas avoir vu LE PORT DE L’ANGOISSE. Il faut être fou pour ne pas avoir vu LE GRAND SOMMEIL. Il faut être fou pour ne pas avoir vu LES PASSAGERS DE
LA NUIT. Ou alors ne pas aimer le cinéma. C’est-à-dire ne pas aimer le plus beau des miroirs du XXème siècle.
DISTRIBUTION Théâtre du Temple 4 rue Lanneau 75005 Paris 01.43.26.70.40 [email protected]