Synthese des travaux sur les terres salees et

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Synthese des travaux sur les terres salees et
RECUPERATION ET VALORISATION DES SOLS SALES
La dégradation des sols par salinisation affecte plus de 1,700 millions d’hectares de terre au
Sénégal (LADA, 2009), ce qui affecte considérablement les potentialités de production agricole.
Les premiers travaux de restauration et de valorisation agricole des terres dégradées par
salinisation ont démarré avec la recherche agronomique depuis plusieurs décennies par la mise
en place d’ouvrages anti-sel, l’introduction d’espèces exotiques halotolérantes (Melaleuca,
Tamarix aphylla, etc…) et la sélection de variétés céréalières (riz, sorgho) tolérantes à la salinité.
L’expertise de l’ISRA pour la récupération et la valorisation des terres salées est le prolongement
de ces acquis obtenus et améliorés à travers des activités de recherches développées depuis les
années 1960 dans le Bassin arachidier, la Casamance et la vallée du fleuve Sénégal.
Photos 1 et 2 : Processus de dégradation des sols par salinisation
RESTAURATION ET VALORISATION SYLVO-PASTORALE DES TERRES SALEES
ET DES BAS FONDS
Des actions de restauration et de valorisation sylvo-pastorale des terres dégradées par salinisation
ont été menées par la recherche forestière sénégalaise dans les régions de Kaolack et Fatick
depuis les années 1960. Ces actions de recherche ont contribué ainsi à améliorer les stratégies de
récupération et de valorisation de ces terres en associant la lutte mécanique (barrages anti-sel,
digues et diguettes) à la lutte biologique (amendements organiques et introduction d’espèces
halophiles sélectionnées après un criblage d’espèces forestières et fourragères tolérantes).
Photo 3 : Digue anti-sel de la vallée de Keur Alpha (Région de Kaolack)
Plusieurs années de recherches appliquées ont montré :
Les possibilités de développer la pisciculture dans les vallées des terres affectées par la
salinité des terres;.
Photos 4 à 6 : Valorisation des retenues d’eau à travers la pisciculture en cage (vallée de Senghor)
parmi la gamme d’espèces exotiques testées (plus d’une vingtaine), celles du genre
Melaleuca sont plus performantes. Elles se développent très bien dans les bas-fond à Keur
Mactar où elles se régénèrent naturellement par semis et par drageon), mais également dans
les tannes arbustifs et tannes enherbés. Les acacias australiens (Acacia bivenosa, Acacia
sclerosperma, Acacia trachycarpa et Acacia/Racosperma holosericea) se comportent
relativement bien pendant les cinq (5) premières années. Elles disparaissent aussitôt de par la
précocité de leur maturité physiologique.
(b)
Photos 7 & 8 : parcelle de Melaleuca acacioïdes ( village de Ndoff) et régénération naturelle dans la station de Keur Mactar
la productivité de Eucalyptus sur les tannes arbustives de Keur Mactar varie entre 2 et
5m3/ha/an. Sur les douze (12) provenances d’Eucalyptus testées, trois (3) (8035, 8411 et
10543) se sont nettement distinguées (CNRF, 1982).
Photos 9 & 10 : parcelles d’Eucalyptus sp avec régénération naturelle (b) dans la station de Keur Mactar.
certaines espèces locales (Acacia seyal, Acacia nilotica et Acacia tortilis/raddiana) sont
relativement adaptées aux tannes enherbés et arbustifs de Keur Mactar ;
Photo 11 : parcelle d’ Acacia raddiana sur la tannes de la station de Keur Mactar
la productivité en général (bois, et feuilles) de ces espèces diminuent généralement quand le
taux de salinité augmente (CNRF, 1990).
Des actions de recherche-développement ont également été conduites entre 1993 et 1996 par
l’ISRA et les ONG OSDIL et SENAGROSOL (Ndour et Faye, 1996) dans l’arrondissement de
Fimela, Communautés Rurales de Loul Sécène et Djilass, dans le cadre du projet NRBAR
(Natural Resource Based Agricultural Research).
Parmi les espèces testées sur le tanne arbustif de Djilass, les Acacias australiens (A. trachycarpa
et A. holosericea) ont tous disparus, cinq (5) ans après plantation. Cette mortalité serait due à la
maturité physiologique assez précoce. Le taux de survie de Bauhinia rufescens et Parkinsonia
aculeata se situe en dessous de 5%, dix (10) ans après plantation alors que celui des espèces du
genre Prosopis (juliflora et chilensis) est resté égal à 100%. Les acacias locaux (A. senegal, A.
tortilis/raddiana et A; seyal) ont tous gardé un taux de survie supérieur à 50%, dix (10) ans après
plantation. Ces derniers sont très appréciés par les populations, parce que producteurs de
fourrages (feuilles et gousses). Ils favorisent en même temps, sous couvert, le développement du
tapis herbacés. (photos 4 à 7)
A partir de 1983 un projet de développement forestier appelé PRECOBA (Projet de
Reboisement Communautaire du Bassin Arachidier) avait pris en charge la vulgarisation des
résultats obtenus par la recherche. Ainsi plusieurs bois communautaires à base de Eucalyptus
sp ont été réalisés avec la participation des Communautés Rurales. Dans les zones plus salées
où la survie de l'Eucalyptus était hypothétique, Melaleuca sp et quelques Acacias australiens
ont été plantés. L’utilisation des espèces exotiques à croissance rapide était basée
principalement sur la production de bois dans le court terme (durée de vie du projet) (Sall et
Koné, 1992.).
Dans le cadre d’une étude commanditée par le Ministère du Plan, Daffé et al. (1987) avaient
caractérisé l’ensemble des terres salées du Sine-Saloum. Ainsi une classification de ces sols a été
effectuée avec des cartes pédologiques à l’appui.
Des actions de reboisement focalisées sur la récupération de terres dégradées par la salinisation
ont été entreprises par le PRECOBA à Fatick utilisant les ordures ménagères (Ndiaye 1993). Les
espèces des genres Eucalyptus, Melaleuca et Acacias australiens étaient principalement ciblées
dans de cadre de ces reboisements. Ces dernières se sont relativement bien comportées dans les
zones limitrophes des tannes, mais n’ont malheureusement pas assouvi l’espoirs des populations
de par :
leur durée de vie limitée (Acacias australiens);
leur non appétabilité;
la lenteur dans la décomposition de leurs organes (brindilles et feuilles) particulièrement
pour : (Eucalyptus sp, Melaleuca sp et Acacia australiens et
leur faible capacité de reprise de souche après exploitation
Sarr (1994) a évalué les potentialités agroforestières des terres salées de la Communauté Rurale
de Djilass. Cette étude a permis :
la caractérisation des différentes Unités Morpho-Pédologiques (UMP) du point de vue
potentiel ligneux, agricole et pastoral et
l’évaluation de la perception des paysans sur les phénomènes de salinisation des terres et les
méthodes de lutte contre ce fléau.
Dans la même dynamique, des actions de recherche appliquée basées sur le dessalement des
terres par l’utilisation d’espèces halophytes d’origine israélienne ont été menées à Ndiaffate par
l’ISRA, dans le cadre du projet PRASS (Projet de Restauration Agronomique des Sols Salés).
(Diatta et Sène, 1999). Parmi les espèces testées, Tamarix aphylla et Atriplex sp ont donné les
meilleurs résultats
Photo 12 : Parcelle de Tamarix aphylla à Ndiaffate
Des Plans Locaux de Développement (PLD) ont été réalisés dans les quatre (4) Communautés
Rurales de la sous-préfecture de Fimela (Djilass, Loul Sécène, Fimela et Palmarin) par le
PRECOBA en collaboration avec les structures étatiques de développement réunies au sein du
CERP (Centre d’Expansion Rurale Polyvalent) de Fimela. Dans ces différents plans, la
problématique de la lutte contre la dégradation des terres par acidification et salinisation occupe
une place prépondérante.
Le projet de recherche appliquée dénommé Projet de Reboisement et d’Aménagement des Sols
Salés (PRASS) démarré à Ndiaffate en 1999 sur financement CRDI avait tenté de régénérer les
sols sulfatés acides en utilisant des espèces exotiques provenant d’Israël jamais testées au
Sénégal (Tamarix aphylla, Atriplex lentiformis et Distichis spicata).
Les recherches menées dans le cadre du projet FNRAA Sols Salés ont permis d’identifier et/ou
de confirmer, parmi la gammes d’espèces testées jusque là, celles adaptées plus ou moins à
l’écosystème tanne du bassin arrachidier. Il s’agit entre autre des espèces du genre (i) Malaleuca,
particulièrement Memaleuca acacioïdes qui se régénère facilement par semis et drageon au
niveau des bas-fond des tannes herbeuses; (ii) des espèces du genre Prosopis (chilensis et
juliflora); (iii) des Acacias locaux (nilotica, senegal, seyal et tortilis).
On notera que Prosopis sp dont les gousses, très appréciées par le bétail est facilement disséminé
par les ruminants. Il devient à la limite proliférant et même envahissant.
Dans le cadre du projet CRDI Sols Salés (actuellement en cours), des résultats préliminaires
assez intéressants ont été obtenus. Ils sont publiés dans les actes de « l’Atelier National de Lutte
contre la Salinisation et Valorisation des Terres Salées dans un contexte de changements
climatiques : Etat des connaissances et perspectives » tenu à Dakar du 25 au 29 Avril 2011.
Pour faire face, les acteurs ont initié plusieurs approches à savoir les diagnostics participatifs
et le développement participatif de technologies pour capitaliser les expériences. Un schéma
de transfert et d’adoption des technologies a été conceptualisé.
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Une gamme très variée de technologies sont développées (digue anti-sel et
aménagements secondaires, reboisement, paillage/Mulching, épandage de la matière
organique, etc.)
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La recherche a capitalisé une grande expérience si on se réfère à l’historique des
stratégies de récupération biologiques développées. En effet, les étapes majeures
notées sont :
Acquis importants de la recherche sur le criblage des espèces depuis plusieurs années
(Espèces du genre Prosopis, Mellaleuca plus adaptées, comportement des espèces
locales assez acceptable, durée de vie des Acacias australiens relativement
courte,Bauhinia rufescens et Parkinsonia aculeata sont peu adaptés, etc.)
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Bonne maîtrise de la typologie des tannes : tanne nue, tanne herbue, tanne arbustive et
tanne arborée ;
Amélioration de la diversité biologique par la régénération des espèces
herbacées et ligneuses (17 espèces en 2003 contre 23 en 2010 sur la tanne arbustive 17
espèces aussi bien en 2003 qu’en 2010 sur la tanne enherbée mais avec plus d’espèces
fourragères et sciaphiles dans le site de Ndoff).
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Augmentation des ressources pastorales (Dominance de Dioda scandens Rubiaceae
mais qui n’est appétée que sous forme de paille)
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Diversité des variétés de riz cultivées aussi bien locales qu’améliorées ;
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Aptitude des variétés à donner des rendements acceptables selon les unités morphopédologiques avec cependant un avantage aux variétés améliorées (IRAT 10, WAS
63-22-1-1-3-3, Rock5 ) qui dépassent les 3 tonnes /Ha
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- L’élaboration d’un programme national sur les sols salés. Les ligne directrices ont été
écrites et présentées à l’atelier. Le titre proposé est « Programme national de lutte
contre la salinisation et de valorisation des terres salées au Sénégal (PNV3S) ». Les
partenaires sont provisoirement : ISRA, Université de Thiès, Université Cheikh Anta
Diop, DEFC et DCS, CSE, GREEN Senegal, CARITAS, INP, FRGPF/Zig, ANCAR ,
ANA, DHR, DGPRE, Dhort, Groupements de producteurs, DBRLA, DA, CL (Conseil
régional Fatick,…), UGB, SAED, AFRICA RICE, ASDIS Universelle, USEN,
DIREL, Projets et Programme, Privés.
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- La mise en place d’un comité national sur les sols salés dénommé « Comité national
terres salées ». Une liste provisoire d’institution parties prenantes a été dressée. Elle
comprend ISRA, Université de Thiès, Université Cheikh Anta Diop, DEFCCS, CSE,
GREEN Sénégal, CARITAS Sénégal, INP, ANCAR, Groupements de producteurs,
FRGPF/Zig. Nous représentons également l’Université de Thiès et l’ISFAR dans le
comité national sols salés qui devra finaliser le grand programme. Il faut remarquer
que le FNRAA s’est engagé à soutenir la mise en place et le fonctionnement de ce
comité.
L’objectif général du projet est de contribuer à assurer une production fourragère de
qualité en quantité suffisante et de promouvoir des stratégies de gestion durable des
ressources fourragères.
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Photos 13 & 14 : Production maraîchère dans la vallée de Mar
Contact : [email protected]