Réseau Ours Loup Lynx - Accompagnateurs en Montagne
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Réseau Ours Loup Lynx - Accompagnateurs en Montagne
réseaux naturalistes Ours, loup, lynx à la trace Mieux partager le territoire avec les espèces qui nous entourent, c’est l’objectif de ces réseaux naturalistes qui s’appliquent, avec l’aide d’amoureux de la nature, à rassembler les indices laissés par les animaux. 18 faune sauvage et 20 % de particuliers) sont formés à l’identification et à la reconnaissance des indices de présence des animaux. Répartis de façon homogène entre quatre antennes régionales, les correspondants couvrent une moitié est de la France,d’une ligne allant des Vosges aux Pyrénées (Pyrénées-Orientales,Ariège et Aude), en passant par l’arc alpin, et appliquent une procédure commune de collecte d’indices par le biais de fiches techniques. Ces dernières sont ensuite centralisées et analysées de façon standardisée. Pour devenir correspondant-observateur, il faut suivre une session de formation qui traite aussi bien de l’organisation du réseau, de la biologie, de l’écologie, de aller plus loin De nombreux dossiers sont accessibles sur : www.oncfs.gouv. fr/Reseau-LoupLynx-ru100 l La lettre d’information est téléchargeable sur : http://www. oncfs.gouv.fr/ Le-Bulletin-dureseau-loupdownload130 l Pour participer activement aux réseaux, contactez les antennes régionales : l PACA, yannick. leonard@oncfs. gouv.fr l Rhône-Alpes Franche-Comté, pierre-emmanuel. briaudet@oncfs. gouv.fr l Lynx Jura-Vosges, alain.laurent@ oncfs.gouv.fr l Pyrénées, alain. bataille@oncfs. gouv.fr l Massif central, gerald.goujon@ oncfs.gouv.fr l Missions des correspondants du réseau Loup-lynx • Collecter et vérifier les indices de présence pour détecter, dans de brefs délais, de nouvelles zones de présence ; • expertiser sur site l’intégralité des cas de prédation sur le cheptel domestique afin, le cas échéant, d’en permettre l’indemnisation ; • assurer, outre ce suivi patrimonial, un second niveau de suivi pour le loup, plus intensif en été (reproduction) et en hiver (effectifs des meutes) sur les secteurs où l’espèce est installée durablement. un réseau De correspondants-observateurs Pour renseigner ce dispositif, plus de 1 000 correspondants d’horizons divers (80 % de professionnels de la publics, les parcs nationaux et naturels régionaux, les fédérations de chasseurs, les associations naturalistes et des correspondants observateurs. Parmi ces derniers, certains sont Accompagnateurs en Montagne et participent à la vie du réseau, entre simple quête d’information et engagement militant. Nous avons choisi de nous arrêter sur deux d’entre eux : le réseau Loup-lynx et le Réseau ours brun, spécifiquement pyrénéen. Ces deux réseaux, comme la plupart, s’appliquent à renforcer les connaissances scientifiques et techniques sur la biologie des espèces, le fonctionnement de leur population, leur gestion et celle de leurs milieux. Pour participer activement au recensement des espèces emblématiques en France, il faut vivre sur un territoire où elles sont présentes ou en cours de colonisation. Le réseau Loup-lynx à l’origine, deux réseaux étaient gérés séparément. Le réseau Lynx fut créé en 1988 et le réseau Loup en 1994. C’est en 2001 qu’ils fusionnent pour coller au recoupement actuel et potentiel des aires de présence de ces deux espèces. Le loup (Canis lupus) et le lynx (Lynx Réseau Loup-lynx A. Laurent C es réseaux, apparus il y a une trentaine d’années pour certains, ont permis, en structurant les recherches et les études, de rassembler une masse documentaire d’une richesse impressionnante et des bases de données consolidées par espèce, par territoire et par milieu.Ces enquêtes de suivi des populations et des milieux, aujourd’hui largement basées sur des systèmes d’information géographiques numérisés, permettent d’analyser les variations de populations de ces espèces au regard de celle des milieux naturels. Ce croisement de données représente un des outils d’aide à la décision pour les actions de sauvegarde, de conservation ou de plan de chasse. La plupart de ces réseaux, administrés par les directions régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (Dreal), font également appel à d’autres organismes et établissements comme l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), l’Office national des forêts (ONF), les gestionnaires des réserves naturelles concernées,les établissements lynx) sont classés dans les annexes des espèces protégées de la directive européenne Habitat faune flore (HFF) et de la convention de Bern. Ils font l’objet d’actions déclinées à l’échelle de l’ensemble de leurs aires de répartition respectives, souvent transfrontalières. En application de ce cadre international, l’ONCFS est mandaté pour réaliser le suivi des populations et établir des bilans annuels sur leur état de conservation. Cinq thématiques d’étude sont annuellement suivies et font l’objet de rapports publics : l l’évaluation méthodologique d’outils de suivi : elle optimise, valide et standardise des méthodes de récolte de données opérationnelles de suivi de ces deux espèces à faible densité ; l le suivi permanent des populations et des dommages aux troupeaux : il met en œuvre ces techniques avec le réseau de correspondants Grands prédateurs loup-lynx. l la biologie des populations : elle rassemble les études sur les corrélats écologiques expliquant les aires de distribution,l’analyse des systèmes de colonisation au travers d’outils génétiques,des modélisations de croissance d’effectifs et des études de régime alimentaire ; l les mécanismes de déprédation :ils permettent de comprendre les structures spatio-temporelles des attaques aux troupeaux et la vulnérabilité à la prédation ; l le rapport prédateur-proies : il mesure les impacts de la prédation sur les communautés de proies sauvages en étudiant l’effet d’éventuelles sélectivités du prédateur sur la survie et le succès de la reproduction. ONCFS / S.Roy Altair Nature recensement d’espèces 19 ONCSF / Yannick Léonard ONCFS Un observateur transfrontalier François CARDONNE AeM en Ariège « Les ours issus des Abruzzes sont présents des deux côtés de la frontière, des Pyrénées-Orientales à la Catalogne. Les protocoles français et espagnols de suivi sont identiques et je participe aux deux. En Catalogne, le traitement des indices de présence est géré par le corps d’agents ruraux de la Generalitat et ces données sont consolidées avec celles recueillies par l’ONCFS, côté français. Si la transnationalité de l’étude est effective, il serait souhaitable – et c’est en projet – d’harmoniser les formations des observateurs des deux côtés de la frontière. » La formation des correspondantsobservateurs se déroule en mars sur deux journées et demie. En juin, une réunion plénière est organisée pour restituer aux membres du réseau l’information compilée l’année précédente. Altair Nature Directement en contact avec le terrain, les correspondants sont amenés à participer à diverses interventions, qu’il s’agisse d’un moulage de traces réalisé avec du plâtre, à droite, ou, beaucoup plus rare, d’un relevé vétérinaire sur l’animal même, ci-contre. la répartition géographique, des indices de présence de l’espèce, que des méthodes de collecte, de la transmission des données, des procédures de constat de dommages et des mesures de protection du pastoralisme. Une attestation est délivrée en fin de session. « Le correspondant est le relais de terrain du réseau ; il est habilité à collecter des indices et à les recueillir auprès d’une tierce personne. Un certain nombre de correspondants sont habilités à établir des constats de dommages, essentiellement les agents de l’état ou les vacataires recrutés pour cette mission spécifique », explique Yannick Léonard de l’ONCFS, membre du réseau Loup-lynx Rhône-Alpes / Franche-Comté. Les formations sont prioritairement accessibles aux agents de l’état issus de l’ONCFS, l’ONF et aux gardes-moniteurs,écogardes... elles sont aussi ouvertes à un public 20 plus large, dont les Accompagnateurs en Montagne, dès lors que le candidat est implanté sur un territoire où l’espèce est présente ou en cours de colonisation. Le réseau Ours Brun (ROB) Créé en 1984, dans le cadre du premier plan de sauvegarde de l’ours brun dans les Pyrénées, le ROB constitue un réseau d’observateurs susceptibles de recueillir des indices de présence de l’espèce sur l’ensemble de l’aire de répartition, qui couvre plusieurs milliers de kilomètres carrés. L’objectif principal est d’évaluer l’état de conservation de l’espèce pour fournir les éléments techniques nécessaires au processus de décision concernant la gestion de l’espèce et de ses habitats.Trois objectifs spécifiques consistent à estimer annuellement : � l’aire de répartition géographique ; � les effectifs et paramètres démographiques : nombre minimum d’individus détectés, âge, sex-ratio, naissance,mortalité ; � la tendance démographique générale. Le travail de collecte des données est organisé par l’équipe technique ours (ETO) de l’ONCFS. Pour ce faire, elle forme les membres du ROB, organise et coordonne les missions de terrain, centralise, analyse et restitue les données récoltées à l’aide de différents documents scientifiques ou de vulgarisation, en collaboration avec les services espagnols et andorrans qui œuvrent de façon similaire sur la partie sud des Pyrénées.Cette méthode assure un suivi extensif sur un large territoire, tout en valorisant la compétence des participants lors d’opérations de suivi systématique (itinéraires prédéfinis, station de suivi...). Les résultats obtenus à partir de ce suivi annuel sont mis à disposition des gestionnaires de l’espèce et des aménageurs d’espaces naturels. Le ROB regroupe environ 300 membres1 (bénévoles et professionnels de la nature) formés aux techniques d’observation et de relevés de terrain. N’importe quel particulier peut demander à intégrer le ROB. Mais les structures collectives sont privilégiées pour des raisons d’organisation.Ainsi, les associations de protection de la nature,les agents des établissements publics ou de fédérations départementales de chasseurs représentent la majorité des personnes impliquées dans ce réseau qui compte 25 Accompagnatrices ou Accompagnateurs en Montagne. aux membres du ROB : l de relever des indices de présence sur des itinéraires définis en montagne et parcourus de façon régulière et coordonnée ; l de contrôler régulièrement des stations de suivi (ou « pièges à poils ») réparties de façon homogène ; l de réaliser des constats de dommages (agents des services départementaux de l’ONCFS et gardes du parc national des Pyrénées dans les limites de leurs n zones de compétences). éric David, Accompagnateur en Montagne 1- Parmi les membres du ROB (participation active) : PNP, ONF, ONCFS, DREAL, DDT (M), IPHB, FIEP, RNC, SEPANSO, ANC, ADET, APATURA, ALTAIR, FERUS, NMP, FDC, Professionnels de la montagne, Govern de Andorra, Generalitat de Catalunya, Gobierno de Aragon, Conselh Generau Aran, Gobierno de Navarra… Comment est-ce structuré ? L’ETO est responsable du ROB et assure son animation et sa coordination. Un responsable est identifié à l’échelle de la chaîne pyrénéenne.Il participe à la définition des objectifs du suivi et organise les opérations de terrain en fonction de protocoles validés.Avec un animateur, ils se chargent ensuite de centraliser les informations, de répartir les tâches, de veiller au respect des méthodes à utiliser et d’assurer la communication autour des informations recueillies. Comment se fait le suivi ? L’expertise de témoignages est essentielle au suivi de l’aire de répartition de l’espèce. Les vérifications sont souvent liées à des observations visuelles ou à des relevés d’empreintes et sont réalisées par un membre de l’ETO ou du ROB après contact direct avec l’observateur. Le suivi systématique organisé par l’ETO propose Réseau ours brun aller plus loin Sur le web : l www.altair-nature.org DVD sur l’ours des Pyrénées disponible sur commande (17 e). l www.apatura.fr l www.paysdelours.com/fr/adet/ Altair Nature recensement d’espèces www.ours.ecologie.gouv.fr, c’est le site gouvernemental français dédié à l’ours brun et au ROB ; pour accéder aux données techniques recueillies et visionner les films d’observation de l’animal dans son habitat. l 21 Contacts ROB pour les AeM : Pyrénées centrales et orientales françaises, Jérôme Sentilles : [email protected] l Pyrénées occidentales, Jean-Jacques Camarra : [email protected] l recensement d’espèces Des correspondants impliqués Frantz Breitenbach AeM naturaliste du Pays de l’ours, Frantz est propriétaire d’un gîte et membre du ROB depuis 2001. Avec les associations Altaïr Nature et Apatura, il partage sa passion des ours tout en participant activement à la réintroduction du plantigrade. D.R. « La présence de l’ours dans les Pyrénées a été pour moi l’un des critères décisifs à mon installation dans cette région en 1996. C’est à cette période que deux femelles puis un mâle ont été lâchés dans les Pyrénées centrales. En février 1998, j’ai trouvé mes premières traces d’ours, à moins d’un kilomètre à vol d’oiseau de mon domicile. Il s’agissait de Pyros, le mâle lâché au printemps 1997 qui s’était débarrassé de son collier émetteur à l’automne. à compter de cette date, j’ai rapporté au réseau chacun des indices collectés. Après mon diplôme d’AeM en 1999, ce n’est qu’en 2001 que j’ai intégré officiellement le ROB. à cette époque, nous étions peu nombreux à ne pas être agent d’une administration. En parallèle, mon engagement pour la sensibilisation à la présence de l’ours n’a fait qu’augmenter : adhésion au réseau associatif des professionnels du Pays de l’ours, sensibilisation de mes clients, puis,en 2005, création d’Apatura, un collectif d’AeM passionnés par l’ours. une passion pour profession Conscient de la fragilité de la population d’ours, je me suis interdit d’amener le public sur des zones que je savais fréquentées, mais j’ai proposé des sorties en milieu à ours afin de faire découvrir son habitat. à partir de 2006, j’ai aussi organisé des séjours d’observation à l’étranger. Face aux difficultés à maintenir une activité d’observation et de sensibilisation économiquement viable qui préserve l’ours de l’intrusion humaine, j’ai orienté mes efforts vers une contribution à la préservation de l’ours, en participant à la création de l’association Altaïr Nature dont je suis désormais salarié à temps partiel. Nous travaillons à la conservation des espèces et à la conciliation des enjeux entre le développement des activités humaines et la préservation des espèces et des espaces. En encadrant le programme de sensibilisation à la présence de l’ours « Parole d’ours » de Ferus [première association nationale de protection et de conservation de l’ours, du loup et du lynx en France, ndlr], nous avons proposé de mener un travail sur la place de l’ours dans l’imaginaire collectif à la Dreal Midi-Pyrénées. L’idée les a séduits et nous avons donc réalisé le film documentaire de cinquante-deux minutes L’Ours, une histoire d’Homme. Nous diffusons ce film sous forme de projections-débats publics itinérants sur l’ensemble du massif des Pyrénées, ainsi que dans les centres d’hébergements des Pyrénées centrales. » Marie-Odile Ré Office national de la chasse et de la faune sauvage Créé en 1972, l’ONCFS est aujourd’hui placé sous la double tutelle des ministères du Développement durable et de l’Agriculture. Il est en charge de la surveillance des territoires, de la police de l’environnement et de la chasse, de l’appui technique aux collectivités, de l’évolution des pratiques cynégétiques et de l’administration du permis de chasse. C’est sa mission d’études et de recherches sur la faune sauvage qui nous concerne ici. concernées par leur présence comme les bergers, éleveurs, chasseurs... Pas simple la cohabitation ! Quoi de plus stimulant, lors de l’encadrement d’un groupe, que de restituer des informations objectives et vérifiées. C’est très motivant de participer, en équipe, au déclenchement hivernal du protocole Loup, de collecter des infos et, bien plus exaltant encore, de prendre l’initiative de prospecter sur le terrain tout au long de l’année et de suivre une piste qui m’amène à la collecte d’indices ! C’est un juste retour des choses vis-à-vis de l’investissement, de la disponibilité des équipes ONCFS et DDT, et de l’engagement initial pris lors de ma présence à la formation. » AeM dans le Vercors et membre très active du réseau Loup-lynx. D.R. «Le loup a toujours alimenté l’imaginaire de l’homme : peurs, croyances, superstitions... souvent en compétition avec l’homme, il m’a toujours fascinée. J’ai intégré le réseau « grands prédateurs » pour forger ma propre opinion. J’ai pu approfondir mes connaissances sur les loups et les lynx en échangeant avec l’ensemble des personnes 22 23