Réseau Ours Loup Lynx - Accompagnateurs en Montagne

Transcription

Réseau Ours Loup Lynx - Accompagnateurs en Montagne
réseaux naturalistes
Ours, loup, lynx à la trace
Mieux partager le territoire avec les espèces qui nous entourent,
c’est l’objectif de ces réseaux naturalistes qui s’appliquent, avec l’aide
d’amoureux de la nature, à rassembler les indices laissés par les animaux.
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faune sauvage et 20 % de particuliers) sont formés à
l’identification et à la reconnaissance des indices de
présence des animaux. Répartis de façon homogène
entre quatre antennes régionales, les correspondants
couvrent une moitié est de la France,d’une ligne allant
des Vosges aux Pyrénées (Pyrénées-Orientales,Ariège
et Aude), en passant par l’arc alpin, et appliquent une
procédure commune de collecte d’indices par le biais
de fiches techniques. Ces dernières sont ensuite centralisées et analysées de façon standardisée.
Pour devenir correspondant-observateur, il faut suivre
une session de formation qui traite aussi bien de l’organisation du réseau, de la biologie, de l’écologie, de
aller
plus loin
De nombreux
dossiers sont
accessibles sur :
www.oncfs.gouv.
fr/Reseau-LoupLynx-ru100
l La lettre
d’information est
téléchargeable
sur : http://www.
oncfs.gouv.fr/
Le-Bulletin-dureseau-loupdownload130
l Pour participer
activement
aux réseaux,
contactez les
antennes
régionales :
l PACA, yannick.
leonard@oncfs.
gouv.fr
l Rhône-Alpes
Franche-Comté,
pierre-emmanuel.
briaudet@oncfs.
gouv.fr
l Lynx Jura-Vosges,
alain.laurent@
oncfs.gouv.fr
l Pyrénées, alain.
bataille@oncfs.
gouv.fr
l Massif central,
gerald.goujon@
oncfs.gouv.fr
l
Missions des correspondants du réseau
Loup-lynx
• Collecter et vérifier les indices de présence pour
détecter, dans de brefs délais, de nouvelles zones de
présence ;
• expertiser sur site l’intégralité des cas de
prédation sur le cheptel domestique afin, le cas
échéant, d’en permettre l’indemnisation ;
• assurer, outre ce suivi patrimonial, un second
niveau de suivi pour le loup, plus intensif en été
(reproduction) et en hiver (effectifs des meutes) sur
les secteurs où l’espèce est installée durablement.
un réseau De correspondants-observateurs
Pour renseigner ce dispositif, plus de 1 000 correspondants d’horizons divers (80 % de professionnels de la
publics, les parcs nationaux et naturels régionaux, les
fédérations de chasseurs, les associations naturalistes
et des correspondants observateurs. Parmi ces derniers, certains sont Accompagnateurs en Montagne et
participent à la vie du réseau, entre simple quête d’information et engagement militant.
Nous avons choisi de nous arrêter sur deux d’entre
eux : le réseau Loup-lynx et le Réseau ours brun, spécifiquement pyrénéen. Ces deux réseaux, comme la
plupart, s’appliquent à renforcer les connaissances
scientifiques et techniques sur la biologie des espèces,
le fonctionnement de leur population, leur gestion et
celle de leurs milieux.
Pour participer
activement au
recensement
des espèces
emblématiques
en France,
il faut vivre
sur un territoire
où elles sont
présentes
ou en cours
de colonisation.
Le réseau Loup-lynx
à l’origine, deux réseaux étaient gérés séparément. Le
réseau Lynx fut créé en 1988 et le réseau Loup en 1994.
C’est en 2001 qu’ils fusionnent pour coller au recoupement actuel et potentiel des aires de présence de ces
deux espèces. Le loup (Canis lupus) et le lynx (Lynx
Réseau Loup-lynx
A. Laurent
C
es réseaux, apparus il y a une trentaine d’années pour certains, ont permis, en structurant
les recherches et les études, de rassembler une
masse documentaire d’une richesse impressionnante
et des bases de données consolidées par espèce, par
territoire et par milieu.Ces enquêtes de suivi des populations et des milieux, aujourd’hui largement basées
sur des systèmes d’information géographiques numérisés, permettent d’analyser les variations de populations de ces espèces au regard de celle des milieux
naturels. Ce croisement de données représente un
des outils d’aide à la décision pour les actions de
sauvegarde, de conservation ou de plan de chasse.
La plupart de ces réseaux, administrés par les directions régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (Dreal), font également appel à
d’autres organismes et établissements comme l’Office
national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS),
l’Office national des forêts (ONF), les gestionnaires
des réserves naturelles concernées,les établissements
lynx) sont classés dans les annexes des espèces protégées de la directive européenne Habitat faune flore
(HFF) et de la convention de Bern. Ils font l’objet d’actions déclinées à l’échelle de l’ensemble de leurs aires
de répartition respectives, souvent transfrontalières.
En application de ce cadre international, l’ONCFS est
mandaté pour réaliser le suivi des populations et établir des bilans annuels sur leur état de conservation.
Cinq thématiques d’étude sont annuellement suivies
et font l’objet de rapports publics :
l l’évaluation méthodologique d’outils de suivi : elle
optimise, valide et standardise des méthodes de
récolte de données opérationnelles de suivi de ces
deux espèces à faible densité ;
l le suivi permanent des populations et des dommages aux troupeaux : il met en œuvre ces techniques avec le
réseau de correspondants Grands prédateurs loup-lynx.
l la biologie des populations : elle rassemble les études
sur les corrélats écologiques expliquant les aires de
distribution,l’analyse des systèmes de colonisation au
travers d’outils génétiques,des modélisations de croissance d’effectifs et des études de régime alimentaire ;
l les mécanismes de déprédation :ils permettent de comprendre les structures spatio-temporelles des attaques
aux troupeaux et la vulnérabilité à la prédation ;
l le rapport prédateur-proies : il mesure les impacts de
la prédation sur les communautés de proies sauvages
en étudiant l’effet d’éventuelles sélectivités du prédateur sur la survie et le succès de la reproduction.
ONCFS / S.Roy
Altair Nature
recensement d’espèces
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ONCSF / Yannick Léonard ONCFS
Un observateur transfrontalier
François CARDONNE
AeM en Ariège
« Les ours issus des Abruzzes sont présents des deux côtés de la frontière, des
Pyrénées-Orientales à la Catalogne. Les protocoles français et espagnols
de suivi sont identiques et je participe aux deux. En Catalogne, le traitement des
indices de présence est géré par le corps d’agents ruraux de la Generalitat et ces
données sont consolidées avec celles recueillies par l’ONCFS, côté français. Si la
transnationalité de l’étude est effective, il serait souhaitable – et c’est en projet –
d’harmoniser les formations des observateurs des deux côtés de la frontière. »
La formation des
correspondantsobservateurs
se déroule en mars
sur deux journées
et demie. En juin,
une réunion plénière
est organisée
pour restituer
aux membres
du réseau
l’information
compilée l’année
précédente.
Altair Nature
Directement
en contact
avec le terrain,
les correspondants
sont amenés
à participer
à diverses
interventions,
qu’il s’agisse
d’un moulage
de traces réalisé avec
du plâtre, à droite,
ou, beaucoup plus
rare, d’un relevé
vétérinaire sur
l’animal même,
ci-contre.
la répartition géographique, des indices de présence
de l’espèce, que des méthodes de collecte, de la transmission des données, des procédures de constat de
dommages et des mesures de protection du pastoralisme. Une attestation est délivrée en fin de session.
« Le correspondant est le relais de terrain du réseau ;
il est habilité à collecter des indices et à les recueillir
auprès d’une tierce personne. Un certain nombre de
correspondants sont habilités à établir des constats
de dommages, essentiellement les agents de l’état ou
les vacataires recrutés pour cette mission spécifique »,
explique Yannick Léonard de l’ONCFS, membre du
réseau Loup-lynx Rhône-Alpes / Franche-Comté. Les
formations sont prioritairement accessibles aux agents
de l’état issus de l’ONCFS, l’ONF et aux gardes-moniteurs,écogardes... elles sont aussi ouvertes à un public
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plus large, dont les Accompagnateurs en Montagne,
dès lors que le candidat est implanté sur un territoire
où l’espèce est présente ou en cours de colonisation.
Le réseau Ours Brun (ROB)
Créé en 1984, dans le cadre du premier plan de sauvegarde de l’ours brun dans les Pyrénées, le ROB constitue un réseau d’observateurs susceptibles de recueillir
des indices de présence de l’espèce sur l’ensemble
de l’aire de répartition, qui couvre plusieurs milliers
de kilomètres carrés. L’objectif principal est d’évaluer l’état de conservation de l’espèce pour fournir
les éléments techniques nécessaires au processus de
décision concernant la gestion de l’espèce et de ses
habitats.Trois objectifs spécifiques consistent à estimer
annuellement :
� l’aire de répartition géographique ;
� les effectifs et paramètres démographiques : nombre
minimum d’individus détectés, âge, sex-ratio, naissance,mortalité ;
� la tendance démographique générale.
Le travail de collecte des données est organisé par
l’équipe technique ours (ETO) de l’ONCFS. Pour ce
faire, elle forme les membres du ROB, organise et
coordonne les missions de terrain, centralise, analyse
et restitue les données récoltées à l’aide de différents
documents scientifiques ou de vulgarisation, en collaboration avec les services espagnols et andorrans
qui œuvrent de façon similaire sur la partie sud des
Pyrénées.Cette méthode assure un suivi extensif sur un
large territoire, tout en valorisant la compétence des
participants lors d’opérations de suivi systématique
(itinéraires prédéfinis, station de suivi...). Les résultats
obtenus à partir de ce suivi annuel sont mis à disposition des gestionnaires de l’espèce et des aménageurs
d’espaces naturels.
Le ROB regroupe environ 300 membres1 (bénévoles
et professionnels de la nature) formés aux techniques
d’observation et de relevés de terrain. N’importe quel
particulier peut demander à intégrer le ROB. Mais les
structures collectives sont privilégiées pour des raisons d’organisation.Ainsi, les associations de protection de la nature,les agents des établissements publics
ou de fédérations départementales de chasseurs
représentent la majorité des personnes impliquées
dans ce réseau qui compte 25 Accompagnatrices ou
Accompagnateurs en Montagne.
aux membres du ROB :
l de relever des indices de présence sur des itinéraires
définis en montagne et parcourus de façon régulière
et coordonnée ;
l de contrôler régulièrement des stations de suivi (ou
« pièges à poils ») réparties de façon homogène ;
l de réaliser des constats de dommages (agents des
services départementaux de l’ONCFS et gardes du
parc national des Pyrénées dans les limites de leurs
n
zones de compétences).
éric David,
Accompagnateur en Montagne
1- Parmi les membres
du ROB (participation
active) : PNP, ONF,
ONCFS, DREAL, DDT
(M), IPHB, FIEP, RNC,
SEPANSO, ANC, ADET,
APATURA, ALTAIR,
FERUS, NMP, FDC,
Professionnels de la
montagne, Govern de
Andorra, Generalitat
de Catalunya,
Gobierno de Aragon,
Conselh Generau
Aran, Gobierno de
Navarra…
Comment est-ce structuré ?
L’ETO est responsable du ROB et assure son animation et sa coordination. Un responsable est identifié à
l’échelle de la chaîne pyrénéenne.Il participe à la définition des objectifs du suivi et organise les opérations
de terrain en fonction de protocoles validés.Avec un
animateur, ils se chargent ensuite de centraliser les
informations, de répartir les tâches, de veiller au respect des méthodes à utiliser et d’assurer la communication autour des informations recueillies.
Comment se fait le suivi ?
L’expertise de témoignages est essentielle au suivi de
l’aire de répartition de l’espèce. Les vérifications sont
souvent liées à des observations visuelles ou à des relevés d’empreintes et sont réalisées par un membre de
l’ETO ou du ROB après contact direct avec l’observateur. Le suivi systématique organisé par l’ETO propose
Réseau ours brun
aller plus loin
Sur le web :
l www.altair-nature.org
DVD sur l’ours des Pyrénées
disponible sur commande (17 e).
l www.apatura.fr
l www.paysdelours.com/fr/adet/
Altair Nature
recensement d’espèces
www.ours.ecologie.gouv.fr,
c’est le site gouvernemental
français dédié à l’ours brun
et au ROB ; pour accéder aux
données techniques recueillies
et visionner les films
d’observation de l’animal
dans son habitat.
l
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Contacts ROB pour les AeM :
Pyrénées centrales
et orientales françaises,
Jérôme Sentilles :
[email protected]
l Pyrénées occidentales,
Jean-Jacques Camarra :
[email protected]
l
recensement d’espèces
Des correspondants impliqués
Frantz Breitenbach
AeM naturaliste du Pays de l’ours, Frantz est propriétaire d’un gîte et membre
du ROB depuis 2001. Avec les associations Altaïr Nature et Apatura, il partage
sa passion des ours tout en participant activement à la réintroduction du plantigrade.
D.R.
« La présence de l’ours
dans les Pyrénées
a été pour moi l’un des critères décisifs à mon
installation dans cette région en 1996. C’est à
cette période que deux femelles puis un mâle ont
été lâchés dans les Pyrénées centrales. En février
1998, j’ai trouvé mes premières traces d’ours,
à moins d’un kilomètre à vol d’oiseau de mon
domicile. Il s’agissait de Pyros, le mâle lâché au
printemps 1997 qui s’était débarrassé de son collier
émetteur à l’automne. à compter de cette date, j’ai
rapporté au réseau chacun des indices collectés.
Après mon diplôme d’AeM en 1999, ce n’est qu’en
2001 que j’ai intégré officiellement le ROB. à cette
époque, nous étions peu nombreux à ne pas être
agent d’une administration. En parallèle, mon
engagement pour la sensibilisation à la présence
de l’ours n’a fait qu’augmenter : adhésion au
réseau associatif des professionnels du Pays de
l’ours, sensibilisation de mes clients, puis,en 2005,
création d’Apatura, un collectif d’AeM passionnés
par l’ours.
une passion pour profession
Conscient de la fragilité de la population d’ours, je
me suis interdit d’amener le public sur des zones
que je savais fréquentées, mais j’ai proposé des
sorties en milieu à ours afin de faire découvrir
son habitat. à partir de 2006, j’ai aussi organisé
des séjours d’observation à l’étranger. Face aux
difficultés à maintenir une activité d’observation
et de sensibilisation économiquement viable
qui préserve l’ours de l’intrusion humaine, j’ai
orienté mes efforts vers une contribution à
la préservation de l’ours, en participant à la
création de l’association Altaïr Nature dont je
suis désormais salarié à temps partiel. Nous
travaillons à la conservation des espèces et à la
conciliation des enjeux entre le développement des
activités humaines et la préservation des espèces
et des espaces. En encadrant le programme de
sensibilisation à la présence de l’ours « Parole
d’ours » de Ferus [première association nationale
de protection et de conservation de l’ours, du loup
et du lynx en France, ndlr], nous avons proposé
de mener un travail sur la place de l’ours dans
l’imaginaire collectif à la Dreal Midi-Pyrénées.
L’idée les a séduits et nous avons donc réalisé le
film documentaire de cinquante-deux minutes
L’Ours, une histoire d’Homme. Nous diffusons ce
film sous forme de projections-débats publics
itinérants sur l’ensemble du massif des Pyrénées,
ainsi que dans les centres d’hébergements des
Pyrénées centrales. »
Marie-Odile Ré
Office
national de
la chasse et
de la faune
sauvage
Créé en 1972, l’ONCFS
est aujourd’hui placé
sous la double tutelle
des ministères
du Développement
durable et de
l’Agriculture. Il est
en charge de la
surveillance des
territoires, de la police
de l’environnement
et de la chasse,
de l’appui technique
aux collectivités,
de l’évolution des
pratiques cynégétiques
et de l’administration
du permis de chasse.
C’est sa mission
d’études et
de recherches sur
la faune sauvage qui
nous concerne ici.
concernées par leur présence comme les bergers, éleveurs,
chasseurs... Pas simple la cohabitation ! Quoi de plus stimulant,
lors de l’encadrement d’un groupe, que de restituer des informations
objectives et vérifiées. C’est très motivant de participer, en équipe,
au déclenchement hivernal du protocole Loup, de collecter
des infos et, bien plus exaltant encore, de prendre l’initiative
de prospecter sur le terrain tout au long de l’année et de suivre
une piste qui m’amène à la collecte d’indices ! C’est un juste
retour des choses vis-à-vis de l’investissement, de la disponibilité
des équipes ONCFS et DDT, et de l’engagement initial pris lors
de ma présence à la formation. »
AeM dans le Vercors et membre très
active du réseau Loup-lynx.
D.R.
«Le loup a toujours alimenté l’imaginaire de l’homme : peurs, croyances,
superstitions... souvent en compétition avec l’homme, il m’a toujours
fascinée. J’ai intégré le réseau « grands prédateurs » pour forger
ma propre opinion. J’ai pu approfondir mes connaissances sur
les loups et les lynx en échangeant avec l’ensemble des personnes
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