PepsiCo Veurne investit avec Enprotech dans l`énergie verte issue

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PepsiCo Veurne investit avec Enprotech dans l`énergie verte issue
en reportage
Depuis 2006, l’entreprise PepsiCo cible sur un développement durable, et ceci avec succès vu
les bons résultats au niveau mondial. En Belgique, l’entreprise obtient également de très bons
résultats : depuis sa reprise par PepsiCo en 1998, l’usine de Veurne a réduit ses consommations
de gaz, d’électricité et d’eau respectivement de 22, 30 et 40 %. Bientôt les résultats seront
encore meilleurs, car grâce à l’introduction d’une installation de digestion, PepsiCo pourra
couvrir 25 % de ses besoins actuels en électricité !
Texte : Els Jonckheere - Photos : Marc Masschelein
PepsiCo Veurne investit avec Enprotech
dans l’énergie verte issue des déchets
de production de chips
La digestion thermophile couvre 25 % des besoins en énergie
PepsiCo est le deuxième acteur mondial dans
le secteur de l’alimentation. La société est active dans plus de 200 pays, avec 300 usines
et 3.000 centres de distribution, donne de
l’emploi à 285.000 personnes et réalise un
chiffre d’affaires de presque 60 millions de
dollars. Le marché du BeLux est très important pour le groupe : 13 marques A et une
production importante. Le site de Zeebrugge
est un fabricant important de jus de fruits
frais, alors que l’usine de Veurne produit
des chips et des snacks salés. Avec 900
employés, PepsiCo Belgique est le numéro
huit sur la liste des entreprises importantes
d’alimentation en Belgique. Johan Delmoitie,
Senior Manager Sustainability WER & Iberia
chez PepsiCo : “Les chiffres du groupe sont
en croissance constante au niveau mondial,
grâce à notre stratégie de développement
durable, lancée en 2006. Ce concept de
durabilité est concentrée sur l’alimentation &
la santé, l’environnement et l’emploi.”
A la recherche des économies de
consommation d’énergie
En ce qui concerne l’environnement, PepsiCo a pour objectif de réduire d’ici 2015,
au niveau mondial, la consommation d’eau,
d’électricité et de combustible respectivement de 20, 20 et 25 %. En même
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food industry-avril 2012
Hans van Soest, Patrick
Maeyaert et Johan Delmoitie.
temps, l’utilisation de bouteilles en PET
recyclées doit augmenter de façon significative, la quantité d’emballages doit diminuer
et les déchets ne peuvent plus être mis en
décharge. Dans l’usine de chips de Veurne,
plusieurs mesures ont déjà été prises afin
d’atteindre ces objectifs. Le nouveau four
pour The Oven Lay’s utilise 35 % de gaz
naturel en moins. En collaboration avec
la société d’eau, nous travaillons à l’heure
actuelle sur un système de recyclage qui
permettra de réutiliser dans l’usine 60 %
des eaux de process. “Bien sûr, nous avons
également examiné les possibilités de réduction de notre consommation d’énergie et/ou
la possibilité de couvrir nos besoins avec une
production propre d’électricité,” dit Johan
Delmoitie. “Dans ce cadre, nous avons
étudié l’option des panneaux solaires et des
éoliennes. La première solution n’était pas
rentable, la deuxième impossible à cause
de la proximité de l’aéroport de Koksijde.
Finalement, la solution s’est manifestée
sous un tout autre forme. Jusqu’en 2009,
tous nos déchets organiques – chips, (épluchures de) pommes de terre, fécule brune,
pâte,... - étaient destinés à l’alimentation
d’animaux. Les normes devenues tellement
strictes, il devenait difficile d’y répondre.
Nous avons donc recherché un autre moyen
de valoriser nos flux de déchets. La digestion
avec cogénération nous semblait la solution
la plus logique. Le laboratoire EPAS a testé
nos déchets organiques afin d’évaluer la
faisabilité de la solution prévue. Le résultat était positif : la digestion thermophile
pourrait effectivement devenir une option
intéressante.”
Le BioGestor anaérobie d’Enprotech
La recherche de la formule la plus rentable
et du bon fournisseur a pris un certain
Nous avons opté délibérément pour deux moteurs.
temps avant de pouvoir mettre l’idée en pratique. Johan Delmoitie : “Mais nous avons
toujours continué à y croire ; d’autant plus
que nos collègues en Turquie avaient opté
pour une installation semblable, qui tourne
avec succès depuis 2010. L’année passée,
nous avons contacté plusieurs sociétés afin
de trouver la meilleure solution. Enprotech,
qui était entre-temps devenu le fournisseur
maison de PepsiCo Europe, nous a remis
l’offre la plus intéressante. Cette offre comportait à la fois une grande flexibilité et un
bon rapport qualité-prix. D’autres projets
d’Enprotech prouvaient en outre qu’elle
disposait d’une énorme connaissance en la
matière. Hans van Soest, directeur général
d’Enprotech : “Nous avons commencé pour
PepsiCo en 2010, sur un site français, avec
l’adaptation d’une installation de traitement
d’eaux usées afin de la rendre conforme à
la nouvelle législation. Ensuite nous avons
adapté l’installation de traitement d’eaux de
l’usine portugaise, résultant dans la baisse
de 50% de consommation d’énergie et la
réduction de 75% de boues en excès. Ce
résultat a été obtenu en installant un système anaérobie sur les effluents, avant qu’ils
ne soient effectivement traités.” Compte
tenu des résultats excellents d’Enprotech sur
ces deux projets (et bien d’autres), et l’évaluation positive par le laboratoire EPAS de la
solution proposée par ce fournisseur, il était
logique de confier la réalisation du projet de
Veurne à Enprotech.
Une solution innovante
Qui est Enprotech ?
Enprotech, ou Environmental Protection Technologies, détient toutes les technologies
actuelles pour le traitement et la récupération des eaux usées, le traitement des
boues, la récupération de l’énergie et l’élimination d’odeurs. Les plus de 60 réalisations en Belgique et à l’étranger ont une capacité totale de plus de 4 millions d’équivalents habitants. Enprotech exécute des essais de faisabilité et d’optimisation en labo
et à l’échelle pilote. La réalisation comprend l’ingénierie, la construction turn-key ou le
management du projet. Ces dernières années, Enprotech fait de plus en plus d’opérations techniques et des suivis de processus des installations. Enprotech a une grande
connaissance des techniques de production dans le secteur alimentaire et d’autres
industries. La combinaison avec le savoir-faire des technologies de traitement d’eau
résulte dans des installations robustes et efficaces, adaptées aux besoins du client.
Ce qui est totalement différent des solutions standardisées souvent offertes pour le
traitement de tous types d’eaux usées.
“Le système permettra de traiter 7.500 tonnes de déchets par an
et de fournir 4.800 MWh d’électricité et 5.700 MWh de chaleur.”
Après 24 heures, le résidu de la cuve d’hydrolyse
est pompé vers le digesteur.
Le choix s’est porté sur la digestion thermophile, se déroulant à une température de 55°C.
Il s’agit d’une solution innovante parce que
c’est une installation de digestion thermophile (ce procédé est très peu utilisé en
Belgique). Hans van Soest : “Cela veut dire
que le processus se déroule à 55°C, ce
qui accélère la digestion et engendre ainsi
une production de biogaz plus importante.
L’innovation porte également sur le fait que
certains composants se trouvent à l’extérieur
de l’installation. Il n’est donc plus nécessaire
d’arrêter l’installation en cas de maintenance,
ce qui augmente le rendement du BioGestor
anaérobie d’Enprotech parce qu’on peut produire du biogaz en continu. Dans ce même
contexte d’ailleurs, nous avons choisi une disposition avec deux moteurs. Si l’un des deux
est défectueux ou en entretien préventif, l’installation peut continuer à fonctionner en partie, grâce au deuxième moteur. En plus, les
deux moteurs peuvent produire de l’électricité
en utilisant ou bien du biogaz ou bien du gaz
naturel, ce qui permet d’utiliser la totalité de
biogaz et de laisser les moteurs fonctionner
avec un rendement optimal. Pour conclure,
l’Enprotech BioGestor ne génère qu’un produit final : un digestat qui, après séchage,
peut être utilisé comme engrais en poudre
dans l’agriculture, grâce à sa composition
optimale et des propriétés physiques intéressantes.”
Comment fonctionne le système ?
Les déchets organiques sont transportés
en interne vers une petite cuve de stockage
de 100 m3 où se déroule l’hydrolyse et la
liquéfaction. Après 24 heures le mélange est
pompé vers le digesteur, une grande cuve en
béton de 2000 m3, où le mélange est brassé
en continu. En l’absence d’oxygène, les bactéries transforment les déchets organiques
en biogaz en ± 15 à 20 jours. Dans le cas de
PepsiCo Veurne, on obtient un rendement de
plus de 85 %. Autrement dit: après le processus microbien anaérobie, il ne reste plus
que 15 % de déchets. Le biogaz est capté et
prétraité et ensuite transporté vers les deux
moteurs afin d’être transformé en électricité
via un cogénérateur. La chaleur des moteurs
est utilisée pour chauffer la cuve de bactéries, ainsi que pour le séchage du digestat
venant du digesteur et de l’installation de
traitement d’eau. Johan Delmoitie : “Avec
ce système nous allons traiter 7.500 tonnes
de déchets par an. Cela devrait générer
1.750.000 Nm3 de biogaz, ce qui fournira
4.800 MWh d’électricité et 5.700 MWh de
chaleur. Avec ce dispositif, nous couvrons
environ un quart de notre demande en
énergie, ce qui permettra d’amortir l’investissement en 7,5 ans. Avantage additionnel,
la quantité de déchets solides passera de
7.500 à 1.000 tonnes par an.
On espère que l’installation sera opérationnelle vers milieu 2012. Selon PepsiCo et
Enprotech le procédé est un grand succès, à
tel point qu’on étudie en ce moment l’installation du même procédé dans des différents
sites de PepsiCo.
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