Hors série Natura 2000 N°3 - Octobre 2007
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Hors série Natura 2000 N°3 - Octobre 2007
HORS SERIE - OCTOBRE 2007 Hubert DERACHE André GUINDE (Sous-préfet d’Aix-en-Provence) (Président du Grand Site Sainte-Victoire, Vice-président du Conseil général des Bouches-du-Rhône) L’application française de la directive européenne Natura 2000 a mis en avant le volet contractuel de cette politique de protection dynamique de la nature. Il s’agit notamment de susciter puis soutenir financièrement des actions réalisées par les acteurs locaux. Et je souhaite que d’ici la fin de l’année, les premières signatures de contrats et de conventions suivent la validation du DOCument d’OBjectifs (DOCOB) par le préfet. De plus, alors que sur certains sites, nous en sommes à la phase des réalisations, il est apparu nécessaire d’associer de nouveaux partenaires susceptibles de modifier ou adapter certains comportements sans que cela ne revête un enjeu économique. C’est pourquoi l’État français s’oriente vers l’élaboration d’une charte Natura 2000 qui vise à reconnaître l’engagement des signataires en leur attribuant le label Natura 2000. Natura 2000 est une ambition européenne, mais pour nous, la priorité est notre territoire. Les inventaires naturalistes ont attesté un état de conservation des milieux et des espèces tout à fait satisfaisant. Cela signifie que le mode de gestion de ceux qui font la vie du site est raisonnable. Aussi, nous considérons notre rôle d’animation du programme Natura 2000 comme un appui aux agriculteurs, forestiers, chasseurs, propriétaires ou autres gestionnaires qui souhaiteront monter des dossiers afin d’élaborer des projets durables. Il s’agit tout simplement de poursuivre dans la voie tracée ces dernières années. Le plan de gestion cynégétique, le programme PIDAF de gestion forestière pour la prévention des incendies, les schémas de randonnée ou la charte escalade, les partenariats avec le Centre régional de la propriété forestière, l’Office national des Forêts ou la Chambre d’Agriculture, toutes ces actions préfigurent Natura 2000. Et si on rêvait notre territoire dans 10, 15 ou 25 ans Olivier ROUSSET (Directeur régional délégué de l’Environnement) Marc VERRECCHIA (Chargé de mission Natura 2000 - Grand Site Sainte-Victoire) Après 4 années de travail collectif avec les acteurs de terrain, le DOCOB est adopté. Il précise la localisation des espèces et des habitats naturels concernés et rapporte leur état de conservation. Les objectifs de gestion précautionneuse sont identifiés et diverses actions pour les atteindre définies. Je voudrais citer quelques objectifs majeurs sur lesquels nous sommes collectivement engagés : • Assurer l’entretien des 2 500 hectares de pelouses et landes naturelles que leur vaste continuité rend particulièrement remarquables. Habitats d’espèces parfois exceptionnelles, depuis les crêtes de Sainte-Victoire elles se fraient un chemin précaire au milieu des garrigues jusqu’aux massifs voisins des Ubacs et de Colle Pelade. Leur pérennité passe par une convergence financière et technique de toutes nos activités (pastoralisme, prévention des incendies, exploitation forestière…). • Accompagner les chasseurs pour un retour naturel des populations de petit gibier par une politique volontariste de valorisation biologique et de remise en culture des parcelles définitivement abandonnées par l’agriculture moderne. • Profiter de la récente recolonisation forestière de nos massifs pour permettre, sur certains secteurs favorables, le retour naturel d’ambiances de forêt âgée qui sont la source d’une richesse biologique souvent méconnue mais que l’on sait importante. • Veiller à la santé des cours d’eau et de leur ripisylve déjà menacée par les changements climatiques. Tous ceux qui ont activement contribué à ce projet savent qu’il n’est pas question de « mettre la nature sous cloche » ni de « signer un chèque en blanc ». Tout simplement, nous voulons éviter les aménagements aux impacts irréversibles et prévenir les comportements destructeurs. ro ch e Le périmètre du site Natura 2000 s’inscrivait initialement dans les massifs Ligourès, Concors, Vautubière, Artigues et SainteVictoire, sur une enveloppe globale de 29 000 hectares. Les études naturalistes et la concertation locale ont mis en évidence la nécessité d'ajuster ces limites, d’une part pour intégrer des espaces à enjeu fort, d’autre part pour affiner certains contours. Cette révision devrait accroître la superficie totale de 3 500 hectares. Comme pour tous les sites Natura 2000, une évaluation sera conduite tous les 6 ans : il s’agira alors d’apprécier comment aura évolué l’ensemble des richesses naturelles d’importance communautaire du site. Cela signifie que, même si des précautions strictes doivent être prises sur des zones bien délimitées et pour des espèces très spécifiques, les activités ne seront en aucun cas figées. Il est ainsi tout à fait possible de concilier le site classé, la conduite de travaux et la réalisation des objectifs du DOCOB. Les objectifs et mesures de gestion, formalisés dans le DOCOB, vont favoriser la préservation des espèces et habitats remarquables de ce territoire de façon complémentaire au classement du Grand Site Sainte Victoire. ti on M le co de « Après l’adoption par le comité de pilotage du DOCument d’OBjectifs et son approbation par le Préfet, les contrats Natura 2000 sont opérationnels ». ans nos régions méditerranéennes, depuis des millénaires, l’agriculture, la gestion forestière et le pastoralisme ont marqué le paysage rural. L’apogée des activités humaines se situe au milieu du XIXe siècle, avec l’exploitation maximale des terres cultivables et la forte présence des troupeaux. Puis, peu à peu, avec l’exode rural, les activités économiques et sociales traditionnelles diminuent fortement. L’habitat, les grands équipements et la fréquentation marquent de plus en plus le paysage. Espèces et milieux naturels sont directement influencés par ces évolutions. La forêt reconquiert l’espace abandonné. L’enjeu principal de la conservation de la biodiversité, sous toutes ses formes, devient la recherche d’un équilibre dynamique entre maintien de milieux ouverts (cultures, pelouses et garrigues naturelles), valorisation des peuplements forestiers (gestion raisonnée, îlots forestiers âgés) et protection stricte d’habitats ponctuels de grande valeur patrimoniale (éboulis, ripisylves et zones humides, grottes et cavités). Avec Natura 2000, les pouvoirs publics, de l’Europe à la commune, proposent aux propriétaires, publics et privés, forestiers, agriculteurs et éleveurs, naturalistes, chasseurs et usagers, d’agir ensemble pour offrir aux générations futures une nature riche et diversifiée. D Les paysages hérités Bruand ortolan Augmenter la superficie des vieilles chênaies Richesse Berger et son troupeau Dans les vieilles chênaies règne une ambiance forestière caractérisée par la lumière diffuse à cause des frondaisons, l’humus profond du sol qui restitue une fraîcheur et une humidité bienfaitrices, ou encore le chant des oiseaux qui vivent dans une diversité de grands arbres. Plus discrètement, des insectes comme le Lucane et des mammifères comme la genette s’y abritent. Enfin, quand les arbres atteignent l’état de sénescence, ils remplissent les conditions propices aux mousses et aux lichens dont on sait peu de leur capacité à s’installer. Pour l’observer, il est envisagé de donner une dimension expérimentale à ces îlots de maturation forestière. Lucane Cerf Pelouses de crêtes (plan de la Crau) Conserver 2 500 hectares de pelouses naturelles et la mosaïque de garrigues volant Enjeu Peu représentés en région méditerranéenne du fait de l’historique exploitation intensive du bois, ces milieux de forêt âgée pourraient se développer en une Chênaie (Taulisson) dizaine de secteurs bien identifiés. Il s’agirait de convertir certains taillis en futaie et de laisser vieillir quelques peuplements sans intervention sylvicole. Sur un potentiel évalué à 800 hectares, l’objectif est fixé à 10 % de cette surface. Richesse Héritées d’une intense activité pastorale, les pelouses de crêtes, ou pelouses à brachypode, sont présentes sur 3 grands secteurs : du Pic des Mouches au Concors jusqu’à la Sine, sur le massif de Vautubières, et dans le Var à la Colle Pelade et montagne d’Artigues. Elles constituent l’habitat de la plus forte population de Criquets hérissons qui touche ici à la limite occidentale de sa répartition mondiale, mais sont aussi le refuge de nombreuses espèces floristiques et le territoire de chasse privilégié des rapaces. Stade intermédiaire entre une période d’exploitation ou d’incendie et le retour de la forêt, les garrigues et landes sont des milieux « semi-ouverts » qui, en mosaïque avec les pelouses et les falaises, servent de refuge aux passereaux comme l’Alouette lulu, le Pipit rousseline ou le Bruant ortolan reconnus d’intérêt communautaire. Enjeu Ces habitats sont menacés par la colonisation forestière et ponctuellement par des aménagements. Pour les pelouses naturelles : il s’agira d’éviter de morceler les grandes unités existantes, et de maintenir voire augmenter leur surface. Au niveau des landes et garrigues : une attention particulière portera sur les crêtes et le versant sud de la montagne Sainte-Victoire qui sont vitaux pour les rapaces et autres oiseaux des falaises. Mesures L’objectif prioritaire vise à maintenir et développer l’activité pastorale en aidant l’éleveur à lutter contre l’embroussaillement, et à améliorer ses conditions de travail (gardiennage, points d’eau, parcs…). Le contrat devrait comporter un plan de gestion pastorale qui fixe les périodes de pâturage, la rotation des parcours, la charge en animaux… Des actions complémentaires de débroussaillement mécanique, de brûlage dirigé, d’arrachage du buis, de débroussaillement intensif des corridors écologiques et d’îlots de pelouses très riches seront soutenues. Mesures Dans les secteurs économiquement rentables, des mesures financières compensatoires seront délivrées aux propriétaires de forêts âgées qui renonceraient à les exploiter. Les propriétaires non exploitants pourront mettre en place volontairement des réserves forestières et prétendre à une labellisation Natura 2000. Encourager les cultures agricoles et cynégétiques Richesse Les parcelles, notamment quand elles sont cultivées dans le cadre d’une gestion Pie grièche Perdrix raisonnée, sont des réservoirs pour de nombreux insectes. Outre leur intérêt patrimonial, ils constituent la base d’une chaîne alimentaire dans laquelle on retrouve des oiseaux comme la nocturne Chouette chevêche ou le polygame Bruant proyer, de discrètes chauves-souris comme le Petit rhinolophe ou les spectaculaires rapaces parmi lesquels le Circaète Jean-le-blanc. Les éléments paysagers qui accompagnent les espaces agricoles tels que les haies, les bosquets ou les grands arbres en limite de parcelle, constituent des refuges biologiques. Les terres cultivées sont des milieux qui abritent le plus d'espèces végétales et animales et dont nombre d’entre elles inféodées. Enjeu Du fait de la déprise agricole, les zones cultivées ne sont pas très nombreuses et occupent une faible surface sur le site. De plus, l’évolution des pratiques, toujours plus intensives, a contribué à fortement diminuer l’intérêt biologique de ces milieux. De ce fait, certaines populations d’oiseaux qui fréquentent ces espaces telles que la Pie-grièche écorcheur ou la Huppe fasciée sont en nette régression. Mesures Dans la continuité des mesures agro-environnementales, les agriculteurs volontaires pourront bénéficier d’un appui financier leur permettant de reconquérir certaines parcelles, de limiter l’utilisation des produits phytosanitaires et des engrais ou d’entretenir les refuges biologiques situés sur leur exploitation. Les sociétés de chasse seront soutenues dans leur action au profit de l’ensemble de la faune sauvage quand d’anciennes restanques définitivement abandonnées par l’agriculture sont reconquises et remises en culture. Lézard ocellé Cultures en milieu forestier (Délubre) “ To u t n a t u r e l l e m e n t , h o r s s é r i e Na t u ra 2 0 0 0 - octo b r e 2 0 0 7 - G ra n d S i te S a i n te - V i c to i r e . ” Les habitats ponctuels Favoriser la dynamique naturelle de tous les éboulis Préserver la qualité des milieux aquatiques et de leur ripisylve Richesse Richesse Coulées de pierrailles dans les vallons, les éboulis abritent des espèces qui se sont adaptées Éboulis du Garagaï à cet habitat extrême, comme la Doradille de Pétrarque qui résiste à la chaleur en étant capable de perdre jusqu’à 80 % de son poids en eau. Milieux instables par définition, leur maintien réside dans un délicat équilibre entre un trop fort ravinement qui leur serait fatal, et une trop grande stabilité qui les transformerait en un milieu banal. Enjeu De nombreux éboulis sont très dégradés par la descente de marcheurs qui quittent les sentiers, balisés ou non, et coupent en ligne droite. Néanmoins, la fréquentation est un élément de la vie de la montagne et elle doit être prise en compte. Il s’agit donc de satisfaire à la demande de loisir tout en proposant des solutions d’aménagement compatibles avec la dynamique naturelle de l’éboulis. f t Mesures Sur les secteurs non balisés, il est préconisé des mises en défens par des tas de bois, murets ou tout autre obstacle. Et lorsqu’un itinéraire de randonnée concerne un éboulis, le cheminement devra privilégier les bords et les parties non actives. Les traversées seront assurées par un aménagement spécifique qui délimite parfaitement le passage afin d’éviter toute divagation. Sur des éboulis dégradés, des techniques de stabilisation qui n’entravent pas la mobilité naturelle seront mises en œuvre. Une évaluation de ces aménagements expérimentaux sera régulièrement effectuée. Anthémis de gérard Géranium de robert Les zones humides composées des cours d’eau et de leur végétation riveraine sont un réservoir biologique exceptionnel. Habitats d’espèces remarquables, elles hébergent le Cincle plongeur, l’Agrion de Mercure, la Diane, l’Ecrevisse à pattes blanches ou le Blageon. Chez les mammifères le discret Murin de Bechstein chasse dans les forêts galeries. Les ripisylves abritent aussi des reptiles et des batraciens comme la Couleuvre d’Esculape, la Rainette méridionale ou le Crapaud calamite. Vision paradisiaque, les vasques et sources pétrifiantes localisées au niveau de ruptures de pente de cours d’eau permettent le développement d’algues et de mousses originales. Elles constituent des habitats rares dans nos régions. Enjeu Crapaud calamite Ripisylve Les cours d’eau sont tributaires de leur alimentation superficielle et souterraine. L’amélioration des connaissances scientifiques sur les 7 cours d’eau présents sur le site permettra de préciser l’état de conservation de ces milieux et des espèces aquatiques. Au vu des usages et de leurs impacts, des mesures nouvelles pourront être envisagées. Du fait de l’agrandissement de champs, de leur débroussaillement intensif ou de la réalisation de passages et aménagements, les ripisylves sont souvent détruites ou réduites à un simple alignement d’arbres insuffisant pour leur fonctionnement écologique complexe. Les sites spécifiques des sources pétrifiantes du vallon du Délubre et le long du Bayon, des zones humides le long du Réal et de la Cause aval, sont particulièrement vulnérables. Zone humide Mesures En complément des études naturalistes, il convient d’assurer des actions pérennes de protection et de surveillance de ces milieux. Les propriétaires et les exploitants agricoles sont encouragés à mener une gestion conservatoire en réduisant les interventions, en adaptant les pratiques d’entretien de la végétation notamment pour empêcher l’installation d’espèces envahissantes, et par une limitation de la fréquentation. Dans certains secteurs, des contrats pourront financer la restauration des peuplements dégradés : plantations, systèmes de contention en envisageant l’utilité de mesures de protection réglementaire. Odonate Surveiller les grottes et cavités favorables aux chauves-souris Richesse Si certaines chauves-souris vivent dans les creux des troncs de vieux arbres, il en est de nombreuses plutôt cavernicoles. 12 espèces vivent dans les forêts et les cavités de nos massifs. Toutes sont protégées du fait de leur déclin important ces dernières décennies. Outre les chauves-souris, les grottes hébergent des rapaces nocturnes comme la Chevêche d’Athéna. Enjeu Ces animaux exigeants ont besoin de la diversité des milieux pour se développer : les grottes pour se reproduire et hiberner, les milieux ouverts riches en insectes pour se nourrir, les cavités dans les vieux arbres pour se reposer. La fréquentation historique Chauve-souris ou actuelle des grottes pipistrelle et cavités du territoire a conduit à un dérangement des espèces animales qui y vivent. Dans certains cas, la régression des populations est préoccupante. Mesures d is ép r C u fr es en ne Accenteur alpin Les actions prioritaires doivent concerner les lieux déjà occupés. Leurs propriétaires sont incités à en limiter, voire interdire la fréquentation. Ces aménagements devront être étudiés en concertation avec les usagers des sites. “ To u t n a t u r el l e m e n t , h o r s s é r i e Nat ura 2 0 0 0 - octo b r e 2 0 0 7 - G ra n d S i te S a i n te - V i c to i r e . ” Acteurs en mouvement Natura 2000 est une démarche contractuelle de conservation dynamique de la nature. Les propriétaires et acteurs locaux sont ainsi incités à conduire des actions favorables à la biodiversité du site. Leur engagement est libre et volontaire. Le Grand Site Sainte-Victoire est chargé de l’animation de Natura 2000. Cela implique qu’il est à la disposition de tout interlocuteur qui souhaite mener un projet conforme au DOCument d’OBjectifs. Pour le conseiller, l’aider à monter un dossier et dans certains cas prendre en charge la conduite de travaux. Les témoignages présentés dans cette lettre illustrent des exemples concrets d’actions. Pour en savoir plus Un classeur de liaison contenant toutes les informations sur la démarche Natura 2000 est à votre disposition dans votre mairie. Site internet www.paca.ecologie.gouv www.grandsitesaintevictoire.com Contact Marc VERRECCHIA au 04 42 64 60 90 Chargé de mission Natura 2000, Grand Site Sainte-Victoire. [email protected] L’opérateur local C ette lettre d’information est éditée par le Grand Site Sainte-Victoire, syndicat mixte départemental réunissant le Département des Bouches-du- Rhône, la Communauté du Pays d’Aix (14 communes sont concernées) et la Région Provence Alpes Côte d’Azur. Le Grand Site est l’animateur Natura 2000. Il est soutenu par la Direction Régionale de l’Environnement et la Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt. Le Grand Site Sainte-Victoire a pour missions : la gestion des massifs forestiers pour la protection contre les incendies, la préservation des paysages et du patrimoine naturel, culturel et bâti, l’accueil du public et le soutien au développement local durable. Le territoire du Grand Site Sainte-Victoire constitue le plus grand ensemble boisé d’un seul tenant des Bouches-du-Rhône et son périmètre d’intervention couvre près de 35 000 hectares (dont 6 500 sont en site classé). Il s’étend de la plaine de la Durance au Nord, à la vallée de l’Arc au Sud, sa limite Est jouxte le département du Var, et à l’Ouest une partie de la ville d’Aix en Provence. n Bernard GERMAIN Directeur du Centre Régional de la Propriété Forestière PACA En région méditerranéenne et spécialement en Provence, le rendement de la filière bois est globalement faible. Aussi nous avons veillé à ce que le DOCument d’OBjectifs reste dans le cadre réglementaire de la Loi d’orientation forestière du 9 juillet 2001 qui fixe les principes de l’exploitation forestière et qui s’appuie sur le schéma régional de gestion sylvicole que nous avons rédigé. Les mesures contractuelles, chartes et contrats Natura 2000, intéressent les propriétaires forestiers sensibles à la conservation de leur patrimoine naturel. De façon générale, on peut espérer qu’ils seront nombreux à souscrire à la charte Natura 2000, qui les exonérera de la taxe foncière sur le non bâti. Dans certains cas, par exemple en s’engageant à ne pas exploiter un peuplement âgé, ils pourront bénéficier de contrats pour compenser des pertes de revenus. > Acteurs : propriétaires forestiers publics et privés, ASL, Coopérative Provence Forêt, CRPF, Office National des Forêts, institutions publiques… Bruno SALLE Berger à Vauvenargues Sur le territoire du Grand Site, de nombreux professionnels de l’agriculture et de l’élevage ont choisi des modes de production de qualité. Par exemple en n’utilisant aucun produit phytosanitaire et engrais chimique, ou en maintenant des refuges biologiques naturels (bosquets, haies, murets). Nous, bergers, sommes conscients que l’on attend beaucoup de nous. Garder des milieux ouverts par le pâturage comme par leur culture et ainsi limiter l’uniformisation des paysages, c’est évidemment très favorable pour la faune. Toutefois, ce type d’activités, qui revêt un caractère d’intérêt général, implique des contraintes qui limitent nos revenus. Elles sont compensées depuis des années par des formes fluctuantes d’aides aux noms changeants, mais qu’il faut maintenir. > Acteurs : agriculteur, éleveur, propriétaire public ou privé bailleur agricole… Gilles CHEYLAN Conservateur – Muséum d’histoire naturelle d’Aix-en-Provence Les scientifiques et naturalistes ont un rôle essentiel à jouer pour accompagner une revitalisation de l’espace rural qui soit utile à la biodiversité héritée des usages passés. Voir des oliveraies, des champs de céréales ponctués de bleuets, parsemés de coquelicots ou éclairés de quelques glaïeuls sauvages. Constater que l’Aigle de Bonelli se réapproprie les territoires de chasse du Délubre depuis les remises en culture. Faire comprendre que les « mauvaises herbes » ont aussi un rôle à jouer car elles sont biologiquement bénéfiques, que les arbres morts laissés en place constituent un réservoir de nourriture pour divers insectes et leurs prédateurs et que les ripisylves ne doivent pas être taillées à outrance. Comme rapporteur Natura 2000 auprès du Comité Scientifique Régional du Patrimoine Naturel, je suis en charge de l’encadrement et de l’évaluation scientifiques. A ce titre, je veillerai à ce que toutes mesures, tous contrats, toutes expérimentations soient accompagnés d’un suivi environnemental. Et j’appelle les associations à s’engager dans ce programme en mettant à disposition leurs connaissances, mais aussi en portant des opérations de terrain pour la protection des milieux naturels. > Acteurs : associations, universités et organismes de recherche, institutions publiques et propriétaires… Les communes concernées par la démarche Natura 2000 (35 000 hectares) - Aix-en-Provence - Artigues (Var) - Beaurecueil - Châteauneuf-le-Rouge - Esparron (Var) - Jean-Marc DUVAL Administrateur – Fédération départementale des chasseurs des Bouches du Rhône Dans un monde où les activités agricoles ont délaissé tant de parcelles aujourd’hui reconquises par la forêt, les chasseurs se positionnent en acteurs de la diversité biologique, de la reconstruction des paysages et de la prévention des incendies. En effet, nous aspirons à voir prospérer de nouveau le petit gibier qui se trouve repoussé par l’homogénéisation du couvert végétal. En remettant en culture des terres jadis semées, nous ré ouvrons les milieux pour favoriser le retour des lapins, des perdrix… En réintroduisant dans les semences des plantes messicoles (fleurs qu’on trouvait dans les champs de céréales), les insectes viennent les butiner et on valorise l’intérêt biologique de ces cultures. Les sociétés de chasse conduisent avec le GICF, la Fédération et l’ONCFS des chantiers dans des zones stratégiques choisies avec le Grand Site et planifiées dans le schéma local de gestion cynégétique. Natura 2000 doit leur permettre de poursuivre ces actions d'entretien des terres cultivées et de lutte contre l’embroussaillement des milieux naturels ouverts. > Acteurs : fédérations des chasseurs et de pêche, GICF, sociétés locales de chasse, institutions publiques et propriétaires… Jean-François CHABAUD Délégué du Président – UNICEM PACA – Société EUROVIA La carrière de Caugnon, située sur la commune de Rians dans le Var, produit des matériaux nécessaires à la construction de routes dont la demande va croissant. Pour y répondre, il était nécessaire d’agrandir son exploitation. Les études ont révélé une atteinte au Criquet hérisson, protégé par la loi française, et à des pelouses naturelles, habitat reconnu prioritaire par la directive européenne Natura 2000. La solution est passée par le dialogue. Les pelouses détruites par le projet représentaient 1 % de cet habitat sur l’ensemble du site. Il n’y avait pas menace de destruction majeure. Toutefois, on a réfléchi à des mesures permettant de réduire les impacts. L’exploitant va ainsi restaurer des pelouses voisines en voie de reconquête forestière, sur une superficie 2 à 3 fois supérieure à celles détruites. Un suivi de l’Office National des Forêts, gestionnaire de ces forêts communales, veillera à la réalisation des travaux et évaluera l’impact sur la pelouse et sur les populations de Criquet hérisson. > Acteurs : entreprises, administrations, associations… Jean-Paul BOUQUIER Association Sainte-Victoire et Mountain Wilderness Dans nos associations nous nous efforçons de faire pleinement adhérer les usagers de la montagne aux objectifs Natura 2000 qui préconisent le maintien des activités de pleine nature traditionnelles sur ce massif, tout en veillant à ce qu’elles soient compatibles avec les enjeux patrimoniaux. Participant de longue date à diverses commissions, nous sommes conscients du travail à accomplir : orienter la fréquentation vers les zones les moins sensibles, élaborer des codes de bonne conduite… l’exemple de la Charte Escalade signée en juin 2007 par 13 associations avec le Grand Site illustre parfaitement la voie à suivre. On peut faire encore plus en menant en concertation avec le Grand Site, des opérations qui pourront bénéficier de contrats Natura 2000 : maîtriser l’accès à une grotte abritant des chauvessouris, dévier un itinéraire pédestre, organiser le passage sur éboulis… Sans oublier de sensibiliser nos adhérents et les usagers en général sur les bons comportements en montagne. > Acteurs : associations de randonnée, d’escalade, de parapente, de spéléologie, institutions publiques et propriétaires… Jouques Le Tholonet Meyrargues Peyrolles-en-Provence Rousset Puyloubier Rians (Var) Saint-Antonin-sur-Bayon Saint-Marc-Jaumegarde Saint-Paul-lez-Durance - Vauvenargues - Venelles Périmètre Natura 2000 Cette lettre d’information vous est distribuée avec le concours de votre mairie – « Tout Naturellement » – La lettre du Grand Site Sainte-Victoire – hors série spécial Natura 2000 octobre 2007 – Immeuble Le Derby, 570 avenue du club hippique 13 090 Aix-en-Provence – Tél. 04 42 64 60 90 – Fax 04 42 64 60 99 – Email : [email protected] – Directeur de publication : A. Guinde – Directeur de rédaction : P. Maigne – Rédaction : M. Verrecchia, C. Capus – Crédit Photos : Grand Site Sainte-Victoire - J. Baret ONF - S. Beillard D. Gorgeon - E. Gousset - M. Magnier - X. Nicolle - J. Romilly - M. Verrecchia – Illustration : Joël Valentin – Coordination : V. Isambert – Conception et Réalisation : Autrement Dit Communication 04 92 33 15 33 – Tirage 20 000 ex – ISSN : 1 770-006X.