Martelle, libraire entreprenant
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Martelle, libraire entreprenant
8 AMIENS ET SA RÉGION COURRIER PICARD MARDI 3 MARS 2015 DÉPLACEMENT Quel local pour Véloservice ? ATTRACTION L’association qui loue les vélos verts doit quitter son local de la tour Perret en décembre. Page 10 La Préhistoire dépoussiérée Samara lancera sa saison 2015 le 22 mars. Les activités pour enfants ont été repensées Page 17 NÉCROLOGIE Martelle, libraire entreprenant Fondateur de la plus grande librairie de la région, Lionel Martelle est décédé dimanche 1er mars à l’âge de 86 ans. Il avait ouvert sa première boutique en 1957, dans 15 m2 en face de la cité scolaire. l était un curieux de la vie, témoigne Anne Martelle qui dirige depuis 1992 avec sa sœur Françoise Godefroy, la librairie de leur père, Lionel Martelle, décédé dimanche 1er mars à l’âge de 86 ans. Il était d’ailleurs parti, sac au dos et en stop à l’âge de 18 ou 20 ans, faire un tour d’Europe, de la Sicile aux pays scandinaves. Ce qui était assez rare juste après la guerre ». L’entrepreneur amiénois est à l’origine de la plus importante librairie indépendante de la région, aujourd’hui installée sur 2 000 m2 rue des Vergeaux. Mais il a aussi été vice-président de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Amiens et, à partir de 1991, président du groupement des commerçants d’Amiens, organisateur d’une quinzaine commerciale et du carnaval avec ses chars de Nice. « Il fut un acteur dynamique de la vie amiénoise, de la piétonisation du centre-ville en passant par la lutte pour que le TGV passe par Amiens et évite Lille », rappelle de son côté Jacques Béal, ancien journaliste au Courrier Picard qui se souvient d’un homme à la personnalité forte avec qui « on pouvait prendre un café dans un bar de la place Gambetta sur le coup de 8 h 30 pour évoquer les grands projets de la ville et avoir plein d’infos ». À SAVOIR I Un système de dépôt vente pour les livres d’occasion Fils unique, originaire de Moislains près de Péronne, Lionel Martelle a fait des études de droit à Paris, « où il ramassait les cartons très tôt le matin pour payer son loyer », raconte sa fille. Devenu vendeur de voitures, Lionel Martelle ouvre, avec sa femme, une première librairie en 1957 juste en face de la cité scolaire. Une boutique de 15 m2 où il vend des livres scolaires et de la papeterie. « Il a été le premier à proposer un système de dépôt-vente pour les livres d’occasion ». Le succès est au rendez-vous. En 1962, la librairie déménage rue Léon-Blum dans le centre-ville où elle occupe 60 m2. GLO01. ▶ 1929 : naissance à Moislains près de Péronne. ▶ 1957 : ouverture d’une première librairie en face de la cité scolaire. ▶ 1962 : la librairie déménage rue Léon-Blum près de l’hôtel de ville. ▶ 1966 : création d’une structure de vente en gros d’articles de papeterie qui fournit les collectivités et administrations publiques, et les entreprises privées. ▶ 1974 : la librairie déménage sur 1000 m2 rue des Vergeaux. ▶ 1990 : création d’une maison d’édition spécialisée dans l’édition régionale Nord-Picardie ainsi que quelques titres sur le patrimoine parisien. Lionel Martelle s’est impliqué dans la vie locale. (Photo d’archives) La librairie est une institution pour ses clients La plupart des clients, croisés hier à la sortie de la librairie, ne connaissent pas Lionel Martelle, mais la librairie qu’il a créée est pour eux « une institution », comme le dit Marie Herbet, 67 ans, venue avec sa petite-fille. « Je ne me souviens pas de la librairie près de la mairie, mais j’y viens depuis toujours. Même par plaisir, pour voir ce qu’il y a de nouveau ». Elle y apprécie surtout le conseil. « Et puis j’aime voir et toucher le papier. Mon fils m’a offert une liseuse électronique à Noël, mais je ne m’en sers pas ». Bénévoles pour la bibliothèque de leur entreprise, Valéo, Nathalie, 50 ans, et Didier, 51 ans, viennent y acheter « une dizaine de livres tous les deux mois ». Ils passent commande sur le site de la librairie, « ou même par téléphone », et viennent récupérer leurs ouvrages en magasin. Si Arnaud Caron, étudiant de 23 ans, avoue commander de temps en temps sur Amazon, le géant du commerce en ligne que les libraires indépendants accusent de concurrence déloyale, il reste fidèle à la grande librairie du centre-ville. « Je suis un gros lecteur Arnaud Caron, 23 ans, y apprécie le conseil des vendeurs. de fantaisy et le vendeur du rayon s’y connaît vraiment. J’apprécie ses conseils pointus, que je n’ai pas devant mon écran d’ordinateur et puis il y a vraiment du choix. » « Elle s’est très vite étendue deux ans plus tard à 90m2 dans l’arrièrecour ». dans la foulée, il monte aussi une structure de vente en gros d’articles de papeterie avec l’intention de régler des problèmes d’approvisionnement de papeterie et fournir d’autres détaillants. En 1974, Lionel Martelle déménage une troisième fois rue des Vergeaux sur 1000 m2 et ouvre « toujours à l’affût d’une idée nouvelle » un rayon disques et jouets. Defenseur du métier de libraire, il a aussi été président du syndicat national des libraires classiques de France et « a travaillé à la réunion des 12 associations et syndicats de libraires pour donner naissance au syndicat de la librairie française », explique Anne Martelle. Juste avant de céder les rênes de l’entreprise à ses deux filles, il créera encore une maison d’édition spécialisée dans les ouvrages régionaux. « Bien qu’en retrait, il est resté longtemps la tête pensante de la librairie, celui qui avait la vision à trois ou 5 ans ». Ses deux filles perpétuent les principes de leur père : « la librairie doit être un lieu où l’on manipule les livres, où l’on échange. Bref, où la curiosité règne ». ESTELLE THIÉBAULT