le droit anglais des contrats
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le droit anglais des contrats
LE DROIT ANGLAIS DES CONTRATS1 D. PHILIPPE ( [email protected]) INTRODUCTION Le droit anglais des contrats est imprégné par le commerce et plus spécifiquement le commerce maritime comme le montreront les exemples tirés de la jurisprudence; les exigences des relations commerciales se refléteront plus particulièrement dans les solutions juridiques qui sont dégagées. Phénomène historique, le droit anglais est, on le sait, fort différent des droits français et belge. Le droit est procédural; pour faire valoir un droit, il fallait effectuer une demande ( writ) et le nombre de writs ou d'objets de demande étaient limités.( Il s'agit d'un phénomène proche du droit romain où les actios étaient elles aussi limitées). Le droit anglais n'est pas codifié ( il existe quelques codifications partielles, on le verra) et le droit est casuistique, les juges étant, en vertu de la règle du précédent, tenus d'appliquer la solution qui a été adoptée par la jurisprudence antérieure dans un cas identique; Cette règle du précédent n'est pas d'une application aisée puisqu'un cas n'est pas l'autre. Il existe en droit anglais différentes cours et tribunaux; par ordre croissant de priorité, l'on peut citer Les county courts ( pour les litiges dont l'enjeu est moins important) Le Queen's Bench La Court of Appeal ( composée de trois juges, chaque juge pouvant exprimer sa motivation La House of Lords ( troisième degré de juridiction, à l'égard de laquelle un appel peut être introduit si l'on y est autorisé) Le Conseil privé de la Reine qui siège pour tout le Commonwealth. ( Privy Council) La règle du précédent vaut pour les décisions du Conseil privé, de la House of Lords et de la Court of Appeal. L'importance pratique du droit anglais pour le praticien est à souligner; de plus en plus souvent, les contrats commerciaux ou les contrats du commerce électronique sont rédigés en anglais et prévoient l'application du droit anglais; ceci étant, ces contrats ne seront pas souvent soumis à la compétence des juridictions anglaises ce qui rend importante la connaissance du droit anglais par les juristes continentaux. I. HISTOIRE. 1 Ce texte est largement inspiré du livre ANSON's Law of contract. Il est aussi inspiré de l'ouvrage de David et Pugsley sur les contrats en droit anglais. 1 A. COMMON LAW Au Moyen Age, les litiges étaient essentiellement régis par les County courts, les Cours royales étant investies d'une compétence exceptionnelle là où le Roi pouvait être intéressé; ( le Roi n'était pas intéressé au départ par les contrats, soucieux de maintenir la paix et d'organiser la propriété privée). Certains writs avaient un lien avec la non exécution du contrat a) Debt on an Obligation: lorsque le contrat de vente n'était pas exécuté, le writ permettait la restitution ( uniquement) de ce qui avait été donné ( ce writ pouvait trouver application en cas de restitution de l'argent donné en prêt) b) Debt on a contract : ce writ est tombé en désuétude; il supposait pour être mis en oeuvre que le demandeur ait déjà exécuté ses propres obligations ( exigence du Quid pro Quo) Par ailleurs, le writ était lié à des impondérables de procédure: le défendeur pouvait jouer son droit ( wage his law); il pouvait déclarer sous serment qu'il ne devait pas la somme et si douze hommes respectables venaient attester devant le tribunal que le serment était valable, il ne devait pas payer les sommes. c) CDebt on Covenant; ce writ permet l'exécution en nature mais il s'agit d'une action subsidiaire par rapport au writ of Debt, et suppose que le contrat qui établit les obligations revête la forme solennelle. (under seal) Le writ on trespass permet l'indemnisation du préjudice en cas d'atteinte aux personnes, aux biens ou à la propriété immobilière, parce que l'auteur du préjudice n'as pas agi comme on pouvait raisonnablement l'espérer ( ce writ est plus proche de la responsabilité civile) Au départ le trespass supposait une violation du bien; il ne s'appliquait pas lorsque le bien avait été confié volontairement; par la suite, s'il n'y avait pas de writ préétabli, l'on pouvait tenter sa chance en donnant des explications; il fallait alors voir l'importance que présentait l'affaire; L'on étendit ainsi l'application des writs au trespass on the case ( les préjudices qui pouvaient être indemnisés étaient étendus) et cette extension du writ donna naissance au writ d'assumpsit admis en 1515; au début, le writ était calqué sur l'action quasi-délictuelle mais par après l'action prit une véritable application contractuelle là où le défendeur s'est engagé ( assumpsit assumed to do) à exécuter telle obligation qui a été exécutée de façon défectueuse ou qui n'a pas été exécutée ayant ainsi entraîné un dommage pour le demandeur.; En 1602, la jurisprudence admit que le writ d'assumpsit pouvait s'appliquer sans aucune entrave à tout engagement contractuel ( c'est le fameux Slade 's case qui est considéré comme le plus important arrêt en matière contractuelle)2 Slade’s case (leading case) John Slade, qui est un marchant de graine, se plaint que Humphrey Morley s’était engagé à lui vendre une récolte de blé et de seigle. Slade paye 16 £ pour marquer l’accord. La Cour a considéré qu’il y avait bien application du writ d’assumpsit car Morley était propriétaire de l’argent de Slade, alors que lui n’avait rien reçu en échange. 2 ANSON, op.cit., p. 14. 2 B. EQUITY L'on sait que le chancelier est intervenu pour rendre la justice à la fois à l'égard des marchands qui se plaignent des autres cours et en vue de respecter les droits naturels et la bonne foi. L'intervention du chancelier a été limitée; plus spécifiquement en permettant la specific performance ( exécution en nature) là où la common law n'admet que des dommages et aussi en matière de clauses pénales ( penalties) afin d'en tempérer la rigueur. C. LEGISLATION Des parties du droit anglais des contrats sont maintenant codifiées ( Law reform frustrated contracts Act de 1943, Third parties Liability 1999, Sales of Good Act 1977, Unfair contracts terms 1977, directives européennes...voir infra) mais celui-ci reste essentiellement basé sur la jurisprudence. II. FORMATION DU CONTRAT A. CONTRAT ENTRE ABSENTS. Ce fut d'abord la théorie de l'émission qui prévalut; Ensuite la jurisprudence a connu un revirement et c'est maintenant la théorie de la réception qui est appliquée, tout comme en droit belge. B.OFFRE. En droit anglais, contrairement au droit belge, l'offre est révocable. Même si l'offrant a déclaré qu'il maintenait son offre; en effet, il n'a pas de contrepartie ( consideration). Mais si l'offre est acceptée, le contrat s'est formé sauf si l'acceptant connaissait la révocation avant. L'offre est caduque: - à l'expiration du délai; - par la mort de l'offrant; - par la contre offre qui devient une nouvelle offre ( théorie du last shot) C. THEORIE DES VICES DE CONSENTEMENT. *en droit français et belge, la théorie des vices de consentement est basée sur l’autonomie de la volonté; mais cette théorie ne permet pas de justifier tout ; pourquoi en effet traiter de manière différente l’erreur due au fait de l’errans, celle due au dol de son cocontractant, celle due au dol d’un tiers? pourquoi distinguer l’erreur partagée et l’erreur unilatérale ; parce qu’il existe des considérations d’intérêt social 3 *la common law et un droit qui ne s’attache pas à la recherche d’intentions on parle de toute une série de notions (mistake, misrepresentation) mais pas de vice de consentement D. ERREUR. 1. C'est l'une des matières les plus difficiles pour les étudiants anglais. Il y eut tout d'abord en common law l'erreur obstacle là où il n’y a ni d’accord de volonté, ni de consentement, donc on se trouve en matière quasi-délictuelle. L' equity, qui vient apporter une touche morale et moderne, vient sauver un contrat qui, en common law, serait nul. En 1875, les cours appliquent les deux systèmes, avec prévalence pour l’equity ; il en découle une volonté de ne pas admettre trop facilement l’erreur 2. L'erreur obstacle est celle qui fait que le contrat ne se forme pas (elle est rare chez nous). L'on peut donner quelques exemples d'erreur obstacle. Rafles v. Wickelhaus : les parties ont conclu une vente portant sur la cargaison du Peerless de Bombay vers l’Angleterre ; en fait, il existe deux navires Peerless, avec la même destination, l’un qui doit arriver en octobre, l’autre en décembre Couturier v. Hastie : contrat portant sur une cargaison de blé, au moment de la signature, la cargaison s’est échauffée et n’existait plus, d’où erreur sur l’existence de l’objet les notions d’erreur sur la substance et sur la volonté ne sont pas développées ; l’on va simplement examiner s’il s’agit d’un autre objet ; si les deux parties croient qu’il s’agit d’un tableau authentique alors qu’il ne l’est pas ; cette théorie ne s’applique pas (à comparer avec l'affaire française de l'imitation du tableau de Poussin qui s'est avéré être un vrai tableau de Nicolas Poussin. 3. Quelquefois, l’erreur est admise si elle porte sur un élément fondamental du contrat : Galloway v. Galloway: deux époux ont conclu un accord de séparation amiable ; or, il s’avère que leur mariage est nul ; l’erreur commune rend en conséquence le contrat nul. Scott v. Coulson : transfert d’une police d’assurance dans la présomption erronée que l’assuré était toujours vivant mais l'on applique le principe caveat emptor : chaque partie doit en principe supporter les conséquences de ses propres erreurs ; l’erreur unilatérale sera généralement rejetée 4 4. Equity Outre les principes ci-dessus énoncés, l'erreur est appliquée dans certains cas où l’équité l’exige ; Torrance v. Bolton (1872) Un immeuble vendu aux enchères ; le commissaire priseur donne les conditions de la vente ; l’immeuble est grevé de trois hypothèques ; Torrance n’entend pas parce qu’il est sourd ; le contrat est annulé car il serait contraire à la conscience de s’en prévaloir, affirme la cour. Dans certains cas, le juge réaménage le contrat; L'affaire Sole v. Butcher (1950), porte sur la location d’un appartement pour 7 ans; La loi édicte une restriction de loyer; Les parties croyaient toutes deux tomber en dehors du champ d’application de la loi ; en fait, il n’en était rien ; le locataire réclame les loyers trop perçus, le propriétaire l’éviction du locataire ; la Cour d’appel rejeta la nullité et réaménage le contrat en fonction de ce qui lui paraît équitable. E. MISREPRESENTATION Le contrat est conclu sur la base de fausses représentations; L'effet consistera en la nullité, majorée de dommages et intérêts. 1. conditions d’application a) une représentation fausse Le principe est établi dans l'arrêt Sell v. Brother: the failure to disclose a material fact which might influence the mind of a prudent contractor does not give the right to avoid the contract Il faut donc présenter es choses de manière inexacte, de façon positive (there must be a positive statement or conduct) b) la fausse information doit porter sur des faits (la simple expression d’opinions ne suffit pas) ainsi, les publicités ; lave plus blanc, etc… ne constituent pas des faits ; c) déterminante pour le contrat 5 d) adressée à la partie trompée ex. Peek v. Gurney (1873) les promoteurs d’une société sont appelés par les acheteurs sur base des fausses informations contenues dans le prospectus en fait, les victimes n’avaient pas acheté aux promoteurs, mais à des personnes qui avaient acquis les titres des promoteurs ; l'action est rejetée par la House of Lords parce que le prospectus était destiné aux premiers souscripteurs seulement. 2.Différents types de misrepresentation. a) Fraudulent misrepresentation Elle donne droit à des dommages et intérêts; La fraude consiste en une affirmation que l’on sait pertinemment fausse, ou de manière téméraire sans s’assurer de ce qu’elle est fautive b) Negligent misrepresentation Celle-ci est présente, si, par exemple, l’on sait que l’on n’a pas le pouvoir de signer un acte au nom d’une tierce personne mais que l’on signe quand même en croyant que l’acte serait ratifié (affaire Polhill v. Walter). Il y a responsabilité mais pas de fraude Avant, en cas de negligent misrepresentation, aucun dommage et intérêt n'était dû; depuis 1967, des dommages et intérêts peuvent être réclamés, mais ceux-ci ne sont pas dus si l’auteur de la misrepresentation prouve qu’il avait toutes les raisons de croire en la véracité de son affirmation. c) Innocent Misrepresentation Dans cette hypothèse, le contrat peut être annulé ( rescision) et peut recouvrer tout avantage (benefit) conféré à l'autre partie par le contrat. L'on peut prendre l'exemple tiré de Witthington v. Seal-Hayne3. Le demandeur qui était éleveur de volailles avait été incité à louer un immeuble moyennant l'innocent misrepresentation que l'immeuble remplissait toutes les conditions sanitaires requises; ceci ne fut pas le cas et l'approvisionnement en eau était contaminé; les demandeurs réclamaient la rescision du bail, une indemnité pour couvrir la valeur du stock, la perte de profit, la perte d'une saison d'élevage, les dépenses médicales, les loyers, les intérêts etc…Elle réclamait aussi les dépenses relatives aux démarches effectuées pour le renouvellement des conduites, dépenses requises par les autorités locales. 3 (1900), 82 L.T., 49. 6 La Cour énonça que les pertes relatives au loyer, aux intérêts, au remplacement des conduites et à les dépenses nécessitées par l'occupation des locaux constituaient des avantages pour le propriétaire; par contre, les autres postes ont été considérés comme des dommages et, partant, non susceptibles d'indemnisation dans le cadre de cette action basée sur l'innocent misrepresentation. d) Dans certains contrats dits d' uberrimae fidei, où la confiance est très grande, la réticence n’est pas permise ; une véritable obligation d'information est donc mise à charge des parties. Par exemple, en matière de contrat d’assurance III. CONSIDERATION A. DEFINITION ET HISTORIQUE " A valuable consideration, in the sense of the law, may consist in some right, interest, profit or benefit accruing to the one party, or some forbearance, detriment, loss, or responsibility given, suffered, or undertaken by the other." 4 Un engagement gratuit n'est donc pas susceptible de contrainte juridique en droit anglais; une contrepartie est requise quelle que soit sa nature. L'exigence de consideration est établie définitivement en 1778, après certaines hésitations. Un engagement ne sera sanctionné que s'il y a bargain. La théorie ne s'appliquera qu'en matière contractuelle ( pour les contrats liés au writ d'assumpsit). La théorie est étrangère au trust et aux contrats under seal ( contrats solennels). La théorie ne s'applique qu'à la formation du contrat. B. CONDITIONS D'APPLICATION La consideration doit être donnée en échange d'un engagement et non pas dans l'attente (reliance) d'un engagement. Ainsi, un mari, dans le cadre d'un divorce, s'engage à payer 100£ par an à son épouse. Le fait que l'épouse ait pu renoncer à la vie commune ou à demander toute autre forme de pension alimentaire n'a pas été considéré comme une consideration car cette renonciation n'a pas été donnée en retour de l'engagement du mari.5 1.La consideration ne doit pas être passée ( consideration must not be past). La consideration peut être executory. Dans cette hypothèse, la contrepartie n'est pas fournie au moment où le contrat se forme; par exemple, A s'engage à réaliser un travail que B paiera si le travail est accepté par un tiers. La consideration peut être executed. Dans cette hypothèse, une partie seulement exécute son obligation, l'autre partie ne devant exécuter son obligation que plus tard; par exemple, A lance une récompense à l'obtention d'informations, 4 Currie v. Misa ( 1875), L.R., 10, Ex. 153 page 162. Trad.libre "Une consideration ayant de la valeur consiste, en droit anglais, en un droit, intérêt, profit ou bénéfice revenant à une partie, ou une tolérance, préjudice, perte ou responsabilité donné, souffert ou souscrit par l'autre." 5 Combe v. Combe, [1951], 2 K.B., 215. 7 l'offre de A devient un engagement lors de la communication de l'information et B conclut le contrat lorsqu'il communique l'information; la consideration est fournie par l'exécution du contrat. Dans la past consideration, l'engagement est postérieur à l'acte juridique premier et indépendant de celui-ci. Si A sauve B d'une noyade, et B promet ensuite une récompense, l'engagement de B est sans considération. La promesse est effectuée en effet en vertu d'un bénéfice passé. Dans l'affaire Roscorla v. Thomas, le demandeur avait acheté un cheval; par la suite, le vendeur, eu égard à la vente antérieure, garantit que le cheval n'était affecté d'aucun vice. En fait, il est apparu que le cheval était affecté d'un vice. La Cour considéra qu'il n'existait pas d'implied term stipulant que la vente portait sur un cheval non vicieux; la garantie était indépendante de la vente et constituait une promesse expresse basée sur une transaction antérieure. 2.Consideration must move from the promisee. Celui qui souscrit une promesse doit établir que c'est lui-même qui a fourni la consideration. Par contre, la consideration ne doit pas bénéficier nécessairement au créancier; elle peut profiter à un tiers. Parmi les exceptions à cette règle, l'on peut citer les titres négotiables; il n'est pas nécessaire que la personne qui réclame paiement sur la base d'un tel titre, prouve avoir fourni elle-même la consideration; en effet, celle-ci a pu avoir été fournie dans le passé lorsque l'instrument a été créé ( relations tireur tiré). 3.Consideration need not to be adequate. La consideration doit revêtir une certaine valeur mais les tribunaux ne jugeront pas du caractère proportionné de celle-ci; la jurisprudence a admis des exemples où la consideration revêtait une valeur. La lésion n'est donc pas reconnue en droit anglais; ainsi, est valide l'option d'achat d'un immeuble de 10.000£ même si la consideration pour l'octroi de l'option est de 1£. 4. Consideration must be real. a) Consideration et motifs. La consideration doit revêtir une certaine valeur aux yeux du droit, le motif est la raison qui pousse à contracter. b) Consideration impossible ou incertaine Ainsi, un accord dans lequel une personne s'engageait à faire naviguer un navire à une date qui était déjà passée a été considéré comme nul à défaut de consideration. Une personne achète un cheval et s'engage ensuite à payer cinq livres en plus si le cheval est heureux chez lui. 8 Cette promesse a été considérée comme trop vague.6 c) Abstention et compromis. * Dans l'affaire Alliance Bank v. Broom7, une banque avait sollicité de débiteurs des garanties; les débiteurs avaient promis celles-ci mais ne les donnèrent pas. La banque assigne alors en obtention des documents. La Cour considéra que certes, il n'y avait pas d'engagement écrit de la banque de s'abstenir pendant un certain temps d'assigner en récupération de la dette, mais l'effet est que la banque a donné et les débiteurs ont reçu le bénéfice d'un certain degré de tolérance et d'abstention pendant un temps déterminé. *Le compromise consiste à renoncer à une action. Dans l'affaire Callisher v. Bischoffsheim8, les défendeurs avaient payé une certaine somme si les demandeurs renonçaient à une action contre le gouvernement d'Honduras. Cette action était sans fondement mais les demandeurs l'ignoraient; la consideration a été considérée comme suffisante. La discharge of an existing duty ne constitue pas une consideration puisque l'obligation devait déjà être exécutée, à moins qu'une différence n'existe entre l'obligation préexistante et l'obligation objet de la consideration. d)Avantage pratique Dans un arrêt récent,9 la High Court a considéré qu’un simple benefit (intérêt) pouvait être constitutif de consideration. S’est posée en droit anglais la validité de la renégociation du contrat dans une hypothèse assez intéressante10 : Un litige oppose un constructeur automobile à l’un de ses sous-traitants, fournisseur exclusif de pièces détachées. N’utilisant plus ces pièces détachées, le constructeur notifie la fin du contrat avec préavis de six mois. Le sous-traitant exige le paiement d’un montant immédiat d’une somme d’argent nécessaire à l’amortissement de son investissement et une hausse du prix unitaire des pièces. Il brandit la menace de refus de livraison en l’absence d’accord. Des négociations s’ouvrent et Opel accepte de payer un montant de 450.000 £. Le fournisseur reprend ses livraisons et quelques mois plus tard, Opel réclame le remboursement de ces sommes en justice estimant que le contrat était dépourvu de validité notamment en l’absence de consideration. En droit anglais, la consideration 6 Guthing v. Lynn, (1831), 2 B&Ad.232 (1864), 2 Dr. & Sim., 289. 8 (1870), L.R. 5 Q.B. 449, p.452. 9 28 February 2008, 10 I.M. LAITHIER, L'incidence de la crise économique sur le contrat dans les droits de Common Law, Revue des contrats, Janvier 2010, p. 416 7 9 ne peut pas être prise en contrepartie de la promesse d’exécuter une obligation contractuelle préexistante. Cet argument était avancé par Opel mais la jurisprudence et la doctrine anglaises donnent à cette notion une portée de plus en plus souple et la consideration peut résider dans un avantage pratique11. En conséquence, vu cette acception très souple de la notion de consideration, l’argument invoqué par Opel a été rejeté par le juge12. 5.Promissory estoppel. La House of Lords a considéré que si des parties ont conclu un contrat contenant des obligations assorties d'une sanction juridique ( notamment des pénalités), si les parties entament des négociations, soit à l'initiative, soit avec le consentement du créancier, permettant au débiteur, à supposer que les droits stricts résultant de ce contrat ne seraient pas mis en oeuvre, le créancier ne sera pas en droit de réclamer l'exécution de ces obligations si cette exécution serait inéquitable eu égard aux négociations qui ont eu lieu entre parties.13 C'est l'estoppel L'on peut citer l'exemple suivant: Hughes v. Metropolitant Ry Le bailleur avait envoyé un avis à son locataire lui enjoignant de faire effectuer dans les six mois, des réparations à l’immeuble loué à peine de résiliation ; négociation en vue de l’achat de l’immeuble par le locataire ; négociation échouent, peu de temps avant l’expiration du délai de six mois ; le bailleur prétend alors résilier le contrat sur base de son avis. La House of Lords considère que, en se prêtant à des négociations avec son locataire, le bailleur s’est engagé implicitement à une suspension du délai de 6 mois par lui fixé ; le locataire a agi de bonne foi ; les six mois doivent donc partir que du jour où les négociations sont rompues. Lord Cairns a énoncé : « on ne doit pas permettre à une partie de se prévaloir de ses droits stricts lorsque cela serait contraire à l’équité, eu égard aux tractations qui ont eu lieu entre parties ». Jorden v. Money Seule une affirmation concernant un fait ayant donné lieu ou une circonstance existante à l'époque pouvait être invoquée comme engendrant un estoppel, tel n'était pas le cas d' une déclaration concernant la conduite que l’on tiendrait dans l’avenir. 11 Practical Benefits, voy. Williams v. Roffey Bros and Nicholls (Contractors), 1991, 1 QB 1, p. 16, 19 et 22 12 Adam Opel GmbH v. Mitras Automotive (UK Ltd.) 2008, Business law review D. 55 13 Hughes v. MetropolitanRailway Co, (1870), 2 App. Cas. 439. 10 Central London Property v. High trees houses14 Par un Act under seal (sous sceau, pas de considération requise) ; est loué un bloc d’appartements pour 99 ans, moyennant un loyer de 2.500 £/an ; en 1940, au moment de la guerre, les appartement ne se louent plus, les parties conviennent de réduire le loyer à 1250 £ ; après la guerre, le demandeur réclame à nouveau 2500 £ ; sa demande est accueillie parce que l’accord de 1940 est sans consideration. Dans un obiter dictum, Denning J. déclare : "si le demandeur avait demandé 2500 £ pour les années 40 à 45, je n’aurais pas accueilli la demande car j’aurais considéré qu’il y a estoppel, c’est-à-dire renoncement à invoquer le non validité sur case de la consideration. A promise to accept a smaller sum in discharge of a larger sum, if acted upon, is binding notwithstanding the absence of consideration.15 L’accord de 1940 n’a pas de valeur positive, mais une valeur paralysante ; il peut être invoqué à titre de moyen de défense tant que l’autre partie ne l’a pas révoqué ; il peut servir à mettre fin à un droit, non à le créer. Metal Manufacturing Co v. Tungsten Electric Une licence est accordée en 1938 moyennant royalties et une indemnité complémentaire au dessus d’un certain montant ; en 1942, les parties concluent un nouvel accord aux termes duquel l’indemnité complémentaire ne sera plus payée, en attendant du moins qu’un nouveau contrat soit rédigé ; des négociations s’engagent en 1944 pour rédiger ce contrat mais les parties n’arrivent pas à s’entendre. En 1945, le demandeur révoque l’accord de 1942 et demande que l’indemnité complémentaire lui soit désormais payée à partir du 1er juin 1945 ; la procédure est engagée en 1947, elle fut rejetée parce que le délai n'était pas respecté. En 1950, le demandeur demande à nouveau le paiement de l’indemnité, le défendeur refuse parce qu’aucun avis n’a été donné ; le demandeur faisant valoir que l’action intentée équivaut à un tel avis Ce fut admis en première instance, mais rejeté en appel ; la House of Lords admet que l’accord de 1942 peut être dénoncé, le demandeur y ayant renoncé purement et simplement à un de ses droits sans considération ; mais la dénonciation ne peut avoir d’effet que pour l’avenir, le demandeur est estoppel de faire valoir l’inefficacité de l’accord intervenu pour la période antérieure La cour estime qu’un délai de préavis aurait dû être donné. Consideration and promissory estoppel. 14 15 [1947 K.B., 130. 135. 11 Dans l'affaire High trees house, le promissory estoppel avait pour effet de constituer un engagement sans consideration? Il ne faut pas donner à cette décision, une interprétation extensive. On se souvient de l'affaire Combe citée plus haut. Le promissory estoppel pourra dispenser de la consideration uniquement dans l'hypothèse du débiteur qui cherche à empêcher le créancier de faire valoir ses droits tels qu'ils résultent du contrat, droits qu'il a estopped. , 6.Consideration et cause. Si la cause suppose une certaine corrélation entre les prestations ( voir la notion de prix dérisoire) La cause est souvent en droit belge considérée comme les motifs et la plupart des conditions d'application ( ne doit pas être passée, doit émaner du bénéficiaire de l'engagement) ne sont pas présentes dans la cause. VI. TERMS OF THE CONTRACTS A. REPRESENTATION Pendant les négociations, l'une des parties peut faire une déclaration ( statement) ou donner une assurance à l'autre, de nature à faire croire à l'autre partie que le contrat est intéressant pour elle; Cette déclaration pourra être considérée comme une representation, ce qui signifie que la partie contractante n'a pas souscrit un engagement juridique quant à la réalisation de cette déclaration ou assurance; même si le fait s'avère faux, le contractant ne pourra être assigné pour violation du contrat ( breach of contract). Williams J écrivait dans l'arrêt Behn v. Burness16: "Properly speaking, a representation is a statement, or assertion, made by one party to the other, before or at the time of the contract, of, some matter or circumstance relating to it. Though it is sometimes contained in the written instrument, it is not an integral part of the contract; and, consequently the contract is not broken though the representation proves to be untrue."17 Il n'est pas aisé de déterminer si une déclaration constitue une stipulation contractuelle ou une représentation. 16 1863, 3 B&S. 751, p. 753. Traduction libre: " A proprement parler, la représentation est une déclaration ou affirmation, faite par une partie à l'autre, avant ou à la conclusion du contrat, portant sur un objet ou circonstance relatif au contrat. Bien qu'elle soit parfois insérée dans le contrat, elle n'en forme pas une partie constitutive; et, en conséquence, le contrat n'est pas violé lorsque cette représentation s'avère inexacte." 17 12 Dans l'affaire Oscar Chess v. Williams,18 un vendeur non professionnel avait vendu un véhicule à un professionnel. Il lui avait dit que le véhicule était un modèle de 1948; en fait, il s'agissait d'un modèle de 1939; une personne inconnue avait altéré le livre d'immatriculation. La Cour considéra que la déclaration du vendeur devait être considérée comme une representation ne donnant pas lieu à une action en violation du contrat. Par contre, dans l'affaire Dick Bentley Productions v. Harold Smith19, une déclaration faite par un vendeur professionnel à un acheteur privé, basée sur la lecture du compteur kilométrique de la voiture, que le véhicule avait parcouru 20.000miles alors qu'il en avait parcouru 100.000 a été considérée comme une stipulation contractuelle; dans le premier cas, la cour avait estimé que le vendeur croyait honnêtement et sur base de motifs fondés que sa déclaration était authentique. C'est l'intention des parties qui constituera l'élément déterminant dans l'appréciation du juge. B. IMPLIED TERMS La jurisprudence anglaise a développé la thèse des termes implicites ( implied terms). Si la jurisprudence estime qu'il ne lui appartient pas de compléter le contrat établi par les parties, elle admet dans certaines circonstances de déduire certaines clauses que les parties ont implicitement voulu. Il arrive que les parties aient, par inadvertance ou par une mauvaise rédaction, omis d'insérer une clause destinée à régir telle ou telle situation; dans ces circonstances, en vue de donner efficacité au contrat, le juge considère comme implicites certaines clauses qui sont nécessaires pour obtenir le résultat voulu par les parties. Il faut donc que la volonté des parties soit évidente et qu'il s'agisse de donner efficacité au contrat. Le leading case est le Moorcock20 Le propriétaire du bateau Moorcock avait conclu avec le propriétaire du quai que le navire serait déchargé et rechargé sur ce quai; l'ensemble du matériel, grues notamment étant compris dans le loyer payé par le propriétaire du navire; Au moment où le Moorcock était à quai, la marée descendit et le navire se retrouva sur la pierre sous la boue. La Cour considéra que les parties avaient eu l'intention de contracter sur la base d'un terrain sûr pour le vaisseau, à marée basse, et qu'il fallait déduire un implied term que la berge était raisonnablement sûre pour le chargement et le déchargement du navire. La responsabilité du propriétaire du quai était donc engagée. C. CONDITIONS & WARRANTIES 18 [1957] 1 WLR 370. [1965] 1 WLR 623 20 Du nom du navire objet du litige; beaucoup de cases anglais portent le nom d'un navire. (1889), 14 P.D., 64, spéc.p. 68. 19 13 CONDITION La condition peut être définie comme une déclaration portant sur des faits ou un engagement qui constituent un élément essentiel du contrat. Si la déclaration est inexacte ou l'engagement n'est pas respecté, le cocontractant peut considéré le contrat comme résolu aux torts de la partie adverse, ce qui le dispense de tout exécution du contrat. L'on peut prendre l'exemple suivant repris lui aussi de l'affaire Behn v. Burness; Un navire est affrété d'Angleterre à Trieste; le contrat prévoyait que " le navire doit partir d'Angleterre avant ou le 4 février prochain." Le navire ne partit que quelques jours après le 4 février et à l'arrivée à Trieste, la cargaison fut refusée par les affréteurs qui considéraient que le contrat avait pris fin par le retard avec lequel le navire avait quitté l'Angleterre. La Court of Common Pleas donna raison aux affréteurs. Elle estimait que l'intention des parties de voir quitter le navire le 4 février au plus tard apparaît de manière claire du contrat et que la seule manière de donner effet à cette clause est de la considérer comme une condition du contrat. WARRANTIES La warranty constitue une stipulation moins importante qui n'autorise pas la partie innocente de mettre Fin au contrat mais seulement de réclamer des dommages et intérêts. " A warranty is an express or implied statement of something which the party undertakes shall be part of a contract; and though part of the contract, yet collateral to the express object of it"21 L'on peut citer l'affaire Bettini v. Gye:22 Bettini avait souscrit un contrat avec Gye, directeur de l'opéra italien à Londres; il acceptait de prester en qualité de chanteur pendant une période de trois mois. Le contrat prévoyait qu'il devait être à Londres six jours avant le début de sa prestation pour répéter. Il n'arriva que deux jours avant et Gye refusa de donner suite au contrat. La Cour estima qu'il s'agissait d'une clause qui n'était pas essentielle et en conséquence, Gye n'était pas en droit de mettre fin au contrat. D.EXEMPTION CLAUSE (clauses d’exonération de responsabilité) La clause est en principe licite. 21 Trad.libre:" A warranty est une déclaration expresse et implicite de quelque chose à laquelle le contractant s'engage et qui fait partie du contrat, mais bien que faisant partie du contrat, est subsidiaire par rapport à l'objet exprès de celui-ci." 22 (1876), 1 Q.B.D., 183. 14 a) Unfair contracts terms ( 1977) : cette loi protège le consommateur ; elle prévoit que la clause d’exonération revêt un effet limité entre consommateur et commerçant: b) Selon la section 3 du Misrepresentation act, elle n'est pas pas valable sauf s’il est raisonnable qu’il en soit ainsi. c) *d)la clause est de stricte interprétation et doit être rédigée en des termes clairs. White v. warvick (tricycle) 23 Ainsi,lorsqu’'il y a exclusion de responsabilité pour les warranties, cela ne vaut pas pour les conditions, la clause s'interprète contre son bénéficiaire ( contra proferentem) Baldry v. Marshall d)Fundamental breach Il s'agit d'une violation d'une obligation tellement essentielle que l’on ne peut faire jouer les clauses d’exonération de responsabilité. De même la responsabilité délictuelle n’est pas couverte si ce n’est pas prévu expressément. Pinnock Brothers Le contrat porte sur la livraison de copra ; destiné à l’alimentation du bétail ; le vendeur livre des amandes mélangées à des fèves de ricin ; la marchandise devient un poison pour le bétail ; Il y a violation d'une obligation essentielle. Cette doctrine a cependant évolué. Dans l’affaire Photo Production v. Securicor Transport Ltd, 24, un employé de Securicor en charge de la sécurité chez Photo Production alluma un feu dans la fabrique de Photo Production pour se réchauffer. La fabrique prit feu. Securicor se prévaut d’une claused’exonératoire de responsabilité. Lord Denning considéra en appel qu’il y avait fundamental breach. Cette décision fut réformée par la House of Lord qui a considéré que la clause d’exonération de responsabilité devait être « construite » comme une autre clause, indépendamment de la question de savoir si une inexécution a eu lieu ou non.En l’espèce, Lord Wilberforce estima que la clause s’appliquait même si le dommage avait été causé intentionnellement. d) La clause limitative peut en principe permettre de s’exonérer de la responsabilité quasi-délictuelle mais la jurisprudence donne une interprétation restrictive à ces clauses. L’on peut citer le case Canada steamship Lines Ltd v ; The King, 25 ; le contrat portait sur la mise à disposition de marchandises; le contrat prévoyait que le preneur ne pouvait revendiquer aucun dommage contre le bailleur pour dommage à ces marchandises; un employé du bailleur y met le feu ; la Cour a 23 Dans l’affaire Suisse Atlantique,v Rotterdamsche Kolen Centrale, [1967] 1 AC 361 Lord Denning a énoncé que la clause devait s’interpréter contre la partie qui s’y réfère.( rely) 24 1980 25 ANSON, p .180. 15 estimé que la clause d’exclusion de responsabilité ne visait pas cette source de responsabilité. VII. BREACH A ;FIUNDAMENTAL BREACH En cas de défaut manifeste ( failure of performance by one party which goes to the root of the contract) dans le chef d'une des parties, l'autre partie bénéficie, comme en droit français et belge, de l'option: soit continuer le contrat, soit y mettre fin. B. ANTICIPATORY BREACH ( contravention anticipée) L'une des parties pourra mettre fin au contrat avant même que l'obligation de l'autre partie ne soit venue à échéance dans certaines hypothèses déterminées. Cette faculté n'est pas reconnue en droits français et belge. Dans l'affaire Hochster v. De La Tour26 Il avait été convenu que le demandeur entrerait au service du défendeur le 1 juin; le 11 mai, le défendeur écrit au demandeur pour lui dire qu'il n'aurait pas besoin de ses services. Le demandeur introduisit l'action alors que la date d'entrée en vigueur du contrat n'était pas encore atteinte. C. FRUSTRATION ; S'agissant du discharge by frustration, l'on renvoie à ce qui sera dit à propos du changement de circonstances dans le chapitre suivant. VIII. DAMAGES A. TYPES DE DOMMAGES. Comme en droit belge, la partie préjudiciée a droit à la réparation intégrale de son domamge et doit être remise dans la situation où elle aurait dû être si aucune faute n'avait été commise. Le droit anglais distingue les expectations losses; le lucrum cessans ( perte de profit) doit être indemnisée; et les reliances losses qui recouvrent les dépenses qui ont été engagées en vue de l'exécution du contrat. 26 (1853), 2 E&B, 678. 16 Si l'on obtient une indemnisation pour la perte d'un contrat avantageux, l'on ne pourra, en règle, plus réclamer l'indemnisation des dépenses, puisque celles-ci auraient dû de toute façon être exposées pour obtenir le contrat avantageux.27 ( sur la remoteness of damage, voy. l'article inclus dans le syllabus) 8.2.MITIGATION OF DAMAGES Chaque créancier a l'obligation de limiter son propre dommage. Le droit anglais veut éviter une perte qui serait due au fait que le créancier n’a pas pris les actions raisonnables pour limiter son dommage.28 Ainsi, le créancier n’est pas obligé, en cas de non livraison, d’acheter auprès d’un tiers des marchandises de moindre qualité ou de s’embarquer dans des litiges complexes ou de se soumettre à une opération chirurgicale à risque.29 Il ne s’agit pas dans le chef du créancier d’une réelle obligation de limiter leur dommage ; ils peuvent agir au mieux de leur intérêt ; mais si le créancier n’a agi de manière déraisonnable dans la gestion de l’inexécution du contrat par son débiteur, il ne pourra réclamer les dommages dus à ce comportement déraisonnable. Cette obligation n’existe pas en tant que tel dans notre droit30 mais constitue selon nous, une conséquence de l’exécution de bonne foi des conventions prescrite à l’article 1134, alinéa trois, du Code civil. 8.3. PENALTY CLAUSE Seuls les liquidated damages sont reconnus; le dommage ne peut consister en une penalty Il s’agit d’une règle provenant de l’equity. La jurisprudence reconnaîtra la validité des clauses si elles constituent une réelle préestimation du dommage qui surviendrait probablement en cas de violation des obligations contractuelles.31 Le juge appréciera si le montant préfixé est extravagant et disproportionné par rapport au préjudice prévisible.32 Dans le leading case, Dunlop Pneumatics, précité, le distributeur des pneus Dunlop devait respecter les listes de prix à la revente soumis par Dunlop. En cas de non respect, de cette obligation, une pénalité de 5£ était due à Dunlop. La House of Lords a estimé que cette pénalité était légale. 8.4. SPECIFIC PERFORMANCE; La sanction en common law est le dommage, ou la réparation en équivalent; la réparation en nature ( specific performance) est l'exception et constitue une sanction 27 ANSON, op.cit., p.495. ANSON, op.cit., p583. 29 Ibid., p.583 30 Hormis à l’article 77 de la Convention de Vienne sur la vente internationale de marchandises. 31 ANSON, op.cit., p.527. 32 Dunlop Pneumatic Tyres Co ltd v. New Garage Motor Co, Ltd, [1915], A.C., 79. 28 17 venant de l'equity. Cette sanction s’appliquera si les dommages et intérêts constituent un mode de réparation inadéquat mais cette règle n’est plus absolue dans le droit moderne.33 La cour apprécie discrétionairement l’octroi de la specific perfomance. Ainsi, elle pourra tenir compte de l’attitude déloyale du demandeur ; elle peut aussi refuser l’exécution en nature si celle-ci causerait un préjudice grave au défendeur.34 33 34 ANSON, op.cit., p.596 Ibid., p.597. 18