Quand le Mont-Saint-Michel redevient une île
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Quand le Mont-Saint-Michel redevient une île
Offert par votre journal Cahier n°5 du 2 juin 2013 Pratique : l’accueil des visiteurs, les nouveaux tarifs des parkings Mont-Saint-Michel : Thomas Jouanneau Quand le Mont-Saint-Michel redevient une île 2 dimanche Ouest-France 2 juin 2013 16 Avant : un Mont envahi de voitures et de sédiments Mont-Saint-Michel : Thomas Jouanneau La Merveille souffrait d’un terrible mal de terre. Avec des milliers de véhicules au pied des remparts et des kilomètres carrés d’herbus envahissant la baie. Les milliers de véhicules qui stationnaient au pied du Mont, un mal qui avait fini par ronger son caractère maritime au fil des décennies. Tel un cancer, le mal est arrivé de manière sournoise au fil du temps. Deux ennemis terriens ont attaqué le Mont : les automobiles et les sédiments. Jusqu’alors, des milliers de voitures, de cars, de camping-cars se stationnaient sur les grèves, sur une quinzaine d’hectares, défigurant le Mont. Le Mont, cette Merveille inscrite depuis 1979, avec la baie, au patrimoine mondial de l’Unesco, l’un des monuments français les plus visités de France avec trois millions de touristes par an. Chaque marée montante apportait son lot d’alluvions, que la mer n’avait plus la force de reprendre à marée descendante. Ainsi, les marais salés, que les gens d’ici appellent les herbus, se sont silencieusement étendus d’une vingtaine d’hectares par an. Construite en 1879, la digue-route longue de 2 km permettant l’accès au Rocher, amplifiera ce mal de terre. Dès 1844, Victor Hugo en avait eu l’intuition : « Le Mont-Saint-Michel est pour la France ce que la grande pyramide est pour l’Égypte. Il faut le préserver de toute mutilation. Il faut que le Mont-Saint-Michel reste une île. Il faut conserver à tout prix cette double œuvre de la nature et de l’art. » Conserver le génie du lieu n’était qu’un vœu pieu, jusqu’au réveil du printemps 1995. Le Premier ministre de l’époque, Édouard Balladur, prend alors l’archange par les sentiments pour « sauver le Mont du péril de la terre ». Jean-Jacques LEROSIER. Le Mont-Saint-Michel avant et après dix ans de travaux ......................... 2 et 3 Le barrage sur le Couesnon : huit vannes pour deux lâchers d’eau par jour............................................ 4 Une nouvelle passerelle en bois et béton sur pilotis dessinée par l’architecte franco autrichien Dietmar Feichtinger.............................. 5 4 200 places de stationnement dans un parc paysager planté de 2 500 arbres et arbustes............................................................... 6 Des navettes motorisées et à cheval à partir du lundi 3 juin .................. 7 Les étapes clés de ce chantier de dix ans (2005-2015) .......................... 8 et 9 Le Mont-Saint-Michel de l’écrivain Alain Rémond .................................... 11 Mont-Saint-Michel : Thomas Jouanneau Sommaire Le Mont-Saint-Michel intime, une atmosphère sans pareille, ses lieux méconnus.......................................................................................... 12 et 13 La traversée de la Baie : cinq heures de randonnée pieds nus inoubliables .................................. 14 Un chantier complexe piloté par Laurent Beauvais, président du conseil régional de Basse Normandie. Interview.............. 15 Le Tour de France au Mont-Saint-Michel : un contre-la-montre individuel le 10 juillet .................................................. 15 Les parkings ont été supprimés du pied du Mont pour être déplacés à 3 km dans les terres. dimanche Ouest-France 2 juin 2013 15 dimanche Ouest-France 2 juin 2013 3 dimanche Ouest-France 2 juin 2013 Un « nouveau » Mont-Saint-Michel d’ici l’été 2015 Après : un Mont entouré d’eau et d’oiseaux Les nouveaux accès à la Merveille bouleversent les habitudes. Laurent Beauvais, président de la BasseNormandie et pilote du projet, revient sur la complexité de ces grands travaux. Ils s’achèveront d’ici l’été 2015. Avec les grands travaux en voie d’achèvement, les automobiles ont disparu au pied des remparts. La mer réapparaît. Là-haut, l’archange veille toujours. Stéphane Geufroi Laurent Beauvais, président de la Région Basse-Normandie, se félicite que calendrier et budget de ce « nouveau » Mont soient tenus. accompagner par plus d’explications. La première année de ce nouvel accueil au Mont a été compliquée. Avoir sous-traité l’accueil, les parkings et les navettes à un partenaire privé, délégataire de service public, a ajouté une difficulté supplémentaire dans un cadre déjà complexe. Le délégataire Transdev a évidemment sa logique économique. La gouvernance, enfin, est mal adaptée. On confie aux seules Et vous, quel Mont Saint-Michel préférez-vous ? J’y vais souvent et pas seulement pour le chantier. Enfant, j’y suis allé en famille ou en voyage scolaire. Je l’aime surtout le matin de bonne heure. Il est beau en toutes saisons. Et chaque saison a ses lumières qui sont toujours superbes. Les hivers sont beaux au Mont. C’est peut-être l’été que j’y vais le moins. Recueilli par Xavier ORIOT. collectivités la maîtrise d’ouvrage d’un tel chantier, alors que d’autres partenaires concernés comme l’État ne participent pas aux réunions et décisions. En revanche la coopération entre la Basse-Normandie, la Manche et la Bretagne a été exemplaire. Elle devra être poursuivie pour ce qui reste à venir : quelle politique touristique pour ce nouveau Mont-Saint-Michel, de Granville à Saint-Malo ? Quelle stratégie et quelle coordination ? Pour sa 100e édition cette année, les organisateurs du Tour de France cycliste souhaitaient un itinéraire riche de lieux mythiques. Quoi de plus naturel alors qu’une étape passant par le Mont-Saint-Michel. Les amateurs de la petite reine en rêvaient, le Tour de France va le réaliser. Ce sera le mercredi 10 juillet. Un jour de fête, exceptionnel. Et doublement même puisque les coureurs de cette 100e édition du Tour passeront une journée entière dans la Manche. Cette étape sera en effet, et c’est une première dans le département, un contre-la-montre individuel. Les champions s’élanceront d’Avranches, en plein centre-ville, sillonneront les routes du Sud-Manche en passant par Ducey, Poilley, Précey… Puis après 33 km de course, ils découvriront face à eux le Mont-Saint-Michel. L’arrivée au pied de la Merveille Il leur faudra encore rouler jusqu’au pied de la Merveille, faire demi-tour Jérôme Fouquet La 100e édition du Tour de France saluera le Mont En 2011, lors de la 6e étape entre Dinan et Lisieux, les coureurs étaient passés par le Sud-Manche. Déjà, les images avec le Mont en toile de fond étaient magnifiques. Cette fois, ils poseront au pied de la Merveille. avant de franchir la ligne d’arrivée. Dans ce scénario, les images seront fabuleuses. Les rois de la petite reine lèveront les bras au bout de leur effort en ayant le Mont dressé en fond du décor ! Tous les objectifs reproduiront le spectacle de 10 h le matin jusqu’aux environs de 17 h. De quoi illuminer encore un peu plus le lieu aux yeux du monde. Élus locaux, département de la Manche, associations espèrent d’ailleurs un retour sur investissement. Faire venir le Tour coûte 160 000 €. Le conseil général de la Manche est le financeur principal : 100 000 €. La Ville d’Avranches, la commune du Mont-Saint-Michel et la communauté de communes de Pontorson mettent aussi la main à la poche. Mais comme le confiait il y a quelque temps Jean-François Le Grand, président du conseil général de la Manche, « 20 secondes de pub à la télé coûtent 50 000 €, alors 160 000 € pour trois heures de direct… » Des heures d’images retransmises par 121 chaînes de télé, irriguant près de 190 pays. Pas de quoi faire rougir l’Archange tout de même. Il en a vu d’autres ! Le pont passerelle construit pour permettre une meilleure circulation des flots dans la baie. Enfin un Mont entouré d’eau, le rêve d’Hugo réalisé. Avec la fin de ces grands travaux, prévue pour l’été 2015, le Mont-Saint-Michel va retrouver son caractère maritime, sa beauté originelle. Entre deux marées, on pourra alors méditer sur ce lieu inouï en lisant Maupassant : « Au milieu d’un désert jaune, encore trempé par la marée en fuite, surgit un monumental profil de rocher pointu, fantastique pyramide coiffée d’une cathédrale… » Les grands travaux du Mont s’articulent autour de deux idées forces. Il s’agit, d’une part, de permettre au Couesnon, avec la force du nouveau barrage, de retrouver un rôle de chasse afin d’évacuer des tonnes d’alluvions vers le large. Et, d’autre part, de remplacer la digue route par un pont passerelle construit sur pilotis pour une meilleure circulation des flots. Conséquence, les voitures n’ont plus leur place sur les grèves. Cette interdiction libère les remparts de toute pollution visuelle. Les milliers de véhicules sont désormais parqués au lieudit La Caserne, là où sont concentrés hôtels et restaurants, à deux kilomètres du pied du Mont. Pour accéder à la Merveille, les visiteurs empruntent désormais une des navettes mises à leur disposition. Les yeux en l’air, ils se laissent aimanter par cette silhouette surmontée d’une flèche en cuivre, avant de partir à la découverte de cette abbaye curieuse qui fut aussi prison d’État de la Révolution jusqu’en 1863. Quand le Mont sera une île Aujourd’hui le Mont est entouré d’eau 50 jours par an. À l’horizon 2025, ce sera 150 jours par an lorsque ce vaste chantier de rétablissement du caractère maritime produira ses effets. L’insularité devrait être constatée à partir d’un coefficient de 80 environ, contre 90 à 95 aujourd’hui. Ceci est dû à l’érosion des fonds maritimes et du lit du Couesnon par l’effet répété des lâchers d’eau du barrage. La durée d’insularité sera d’environ 2 heures. Mais le Mont sera vraiment redevenu une île visuellement 30 jours environ par an. Les visiteurs ne pourront plus alors y accéder. Mont-Saint-Michel : Thomas Jouanneau Vous êtes le troisième pilote de ce vaste chantier de vingt ans : dix d’études et dix de réalisation. Un dossier complexe ? Extrêmement complexe : le barrage est un prototype, la passerelle très technique… S’y sont ajoutés les problèmes liés à l’urbanisme avec une multitude de réglementations pour un site classé à l’Unesco. Au final, c’est l’approche nouvelle du Mont, la distance à parcourir, les navettes… qui se heurtent aux habitudes, notamment des gens des environs qui venaient y passer une heure ou deux en famille. Nous avons tenu compte des critiques en déplaçant le départ des navettes à proximité immédiate des parkings. La vie économique très caractéristique au Mont a aussi été perturbée par cette interdiction des voitures sur la grève. L’obstacle est parfois plus psychologique que matériel et financier. Il y a un temps d’adaptation au changement que nous devons Mont-Saint-Michel : Thomas Jouanneau Le Mont est l’un des lieux touristiques français les plus visités au monde. Les grands travaux s’achèvent. Êtes-vous satisfait du résultat ? Les travaux se déroulent conformément à ce que nous avions prévu. Le barrage fonctionne bien depuis quatre ans, le pont passerelle sera achevé au printemps 2014, les travaux hydrauliques dans le Couesnon, son estuaire et l’anse de Moidrey pour restaurer le caractère maritime du Mont se poursuivent. Le nouveau parking est ouvert depuis le 28 avril 2012. Le budget de l’ordre de 200 millions d’euros et le calendrier sont tenus. Le « nouveau » Mont-Saint-Michel sera terminé pour la saison touristique 2015. Jean-Jacques LEROSIER. Retrouvez notre dossier MontSaint-Michel sur : De chaque côté de la voie centrale des navettes, une allée piétonne. Une opération d’aménagement nationale soutenue par Établissement public du ministère chargé du développement durable Christian LEROSIER. 4 14 dimanche Ouest-France 2 juin 2013 dimanche Ouest-France 2 juin 2013 Le beau barrage du Couesnon ne barre pas l’eau La traversée de la baie : inoubliable ! D’une largeur de 80 m, le barrage sur le Couesnon redonne de la vigueur au fleuve et réunit symboliquement Normandie et Bretagne. La baie du Mont-Saint-Michel à pied est une expérience unique. Sous le soleil, dans le vent, les pieds nus dans le sable, la randonnée dure environ cinq heures au départ de Genêts. Jean-Yves-Desfoux Reportage À l’est de la Normandie, le pont de Normandie inauguré en 1995 par Édouard Balladur, l’homme qui relance les grands travaux du Mont cette même année 1995, franchit la Seine et relie les deux Normandie, la Haute et la Basse. Maintenant, à l’ouest, le nouveau barrage piétonnier du Mont-Saint-Michel franchit le Couesnon et relie la Normandie à la Bretagne… « Le Couesnon dans sa folie mit le Mont en Normandie », assure un dicton breton… Le Couesnon est désormais trait d’union. Au-delà de l’anecdote, cette superbe réalisation, œuvre de l’architecte Luc Weizmann, redonne au fleuve son rôle de chasse afin d’évacuer vers le large ces millions de m3 d’alluvions qui assèchent la baie. Huit vannes Mis en service en mai 2009, le nouveau barrage – construit à l’emplacement d’un autre barrage datant de 1964 – produit les effets attendus. « La baie change. Le lit du Couesnon divague sans cesse à la manière d’un Mont-Saint-Michel : Thomas Jouanneau Un point de vue exceptionnel sur la Merveille. gigantesque masse d’eau peut aller jusqu’à plus d’un million de m3. Pour le visiteur, le remplissage est plus spectaculaire : il se fait par le haut. Entre Normandie et Bretagne Sur le barrage, le pont-promenade possède un pupitre en bronze où sont gravées les lettres de quatre alphabets, latin et grec, hébreu et arabe. Cela symbolise l’entrelacement des civilisations occidentales et orientales, en référence à l’époque des scriptoriums de l’abbaye. Sur le pont, la vue sur le Mont à l’horizon est exceptionnelle. Les jours de grandes marées, on peut y voir le mascaret, cette vague qui remonte le fleuve à marée montante, environ une heure avant la marée haute. « Le barrage, dit son papa architecte, est un espace public de contemplation, entre eaux de mer et eaux douces, entre baie du Mont et intérieur des terres, entre puissance des éléments naturels et mécanique humaine de la régulation. » Le barrage, un trait d’union entre Normandie et Bretagne ! Jean-Jacques LEROSIER. On peut consulter les horaires de lâcher sur : www.projetmontsaintmichel.fr J.-J. L. Mont-Saint-Michel : Thomas Jouanneau mixte de la Baie, chargé des travaux, a lancé un appel à candidatures dans un rayon de 5 km autour du Couesnon. Une cinquantaine d’agriculteurs, dont une large majorité de paysans bretons, ont répondu favorablement. Une fois les sédiments aspirés par une drague ou une pelleteuse, ils sont déposés dans un bassin de décantation où ils sèchent plusieurs semaines. Ensuite, le syndicat prend à sa charge le transport et l’installation de la tangue dans les champs. « Pour les rendre moins humides, on peut y déposer jusqu’à 1 m de tangue », précise un technicien. 300 000 m3 de tangues ou sédiments (on utilise les deux termes) ont jusqu’alors été valorisés en agriculture. Au total, plus d’un million de tonnes de sédiments doivent être évacués du Couesnon et de l’anse de Moidrey. Pieds nus, les randonneurs vont traverser la baie pour cinq heures de balade inoubliables. Pourtant, la silhouette familière se découpe de plus en plus précisément à l’horizon. Les oiseaux sont de la partie. Mouette rieuse, sternes… Où sont les fameux sables mouvants ? Jack propose de marcher à un endroit précis. La grève danse et se dérobe sous nos pieds. Ce n’était pas un mythe ! Retour à la civilisation Notre guide passionné d’histoire arpente l’estran depuis plus de 30 ans. Avec son pull marin, son ciré jaune et sa casquette vissée sur la tête. Chacune de ses haltes revient sur l’histoire des lieux : l’apparition de l’archange saint Michel ordonnant à l’évêque Aubert de fonder le Mont au VIIIe siècle ; Guillaume le Conquérant et la bataille des Normands contre les Bretons ; Victor Hugo et ses travailleurs de la mer et même les révolutionnaires du XIXe siècle comme Auguste Blanqui, y furent emprisonnés… Oh joie ! Les retrouvailles avec le Mont se font dans l’intimité. Passé la petite chapelle Saint-Aubert, c’est le retour à la civilisation… On se fond dans la foule de touristes. Pressés de repartir dans la baie. Et revoir le Mont comme jamais on ne l’avait vu. Découverte de la Baie, tél. 02 33 70 83 49. Internet : www.decouvertebaie.com Tarif des randonnées de 5 à 11 € environ. Prévoir des vêtements chauds, un ciré, des protections solaires (lunettes, crème, chapeau), des chaussures légères, de l’eau et un petit casse-croûte. La formule longue est déconseillée aux enfants de moins de 10 ans. Chemins de la baie et guides privés proposent aussi des randonnées dans la baie : www.ot-montsaintmichel.com Anne-Elisabeth BERTUCCI. La marinière de Saint-James et les moules de bouchot De la tangue pour les agriculteurs Jusqu’alors, le Couesnon fatigué n’avait plus la force de grand-chose. Pour redonner du tonus à ce fleuve qui prend sa source à Saint-Pierredes-Landes, en Mayenne, le curage de son lit – canalisé dès 1858 – est indispensable pour que les huit vannes du barrage jouent pleinement leur rôle de chasse. Ce vaste chantier, qui doit s’achever fin 2014, se fait sur 4,7 km, du nouveau barrage à l’anse de Moidrey. Il s’agit d’évacuer au total 1,2 million de tonnes de sédiments dans le fleuve et dans l’anse. Pour rendre à l’anse de Moidrey sa capacité de stockage d’eau, un réservoir hydraulique de 300 000 m3 est reconstitué avec un réseau de petits chenaux, sur les 80 ha que compte l’anse. Que faire de cette tangue, prisée des exploitants agricoles ? Le Syndicat Sables émouvants Les grandes marées ont sculpté une dentelle de sable. La mer se retire peu à peu, laissant derrière elle une immensité de sable humide et luisant. Au loin, le miroir de l’eau se confond avec le plafond nuageux du ciel. Au fur et à mesure, une sorte « d’ivresse » gagne les marcheurs. La faute aux rafales de vent qui claquent dans les oreilles ; au soleil qui perce ardemment ; à la force intense de cette nature. On en oublie presque la Merveille. Le nouveau barrage permet au Couesnon de retrouver son rôle de chasse afin d’évacuer vers le large les millions de m3 d’alluvions qui assèchent la baie. essuie-glace. C’était exactement le but recherché afin de raboter les fonds de la baie. Le Mont retrouve un paysage maritime », confirme un des techniciens du barrage. D’un coût de 34 millions d’euros au lieu des 36 prévus, le nouveau barrage ne barre pas l’eau. Au contraire, il la gère avec huit vannes de 20 t chacune. Six heures après la pleine mer, l’ouverture de ces huit vannes actionnées par de puissants vérins permet, deux fois par jour, d’évacuer, par le fond et en douceur, l’eau stockée en amont, dans le Couesnon rénové et l’anse de Moidrey. Lors de très grandes marées, cette Une fois n’est pas coutume. La qualité des chaussures n’a pas d’importance pour cette randonnée. Dans quelques minutes elles regagneront le sac à dos des marcheurs en partance vers le Mont-Saint-Michel. Ils avanceront pieds nus comme l’ont fait des millions de pèlerins durant des siècles… Départ de la traversée de la baie à 14 h 30 tapantes du Bec d’Andaine à Genêts (Manche). S’il existe plusieurs formules de traversées, une seule règle prévaut : exactitude et prudence. Horaires des marées obligent. Jack Lecoq, notre guide de Découverte de la baie sait que le temps est compté. La balade dure environ cinq heures aller-retour jusqu’au Mont avec une pause de trois quarts d’heure. Après la longue plage de Genêts, les sentes imprévisibles débouchent sur un premier cours d’eau à franchir avec l’eau à mi-cuisse : le Lerre. Il y en aura trois autres : la Sée, la Sélune et le Couesnon. Ces rivières vagabondes qui divaguent dans la baie, sortent de leur lit au gré de leur folie… Une marinière sinon rien ! Pour le shopping, cap sur la boutique Saint-James située dans le bourg éponyme, à quelques encablures du Mont-Saint-Michel. Cette entreprise familiale propose des vêtements d’esprit marin fabriqués en France depuis 1850 : pull, marinière colorée, caban, vareuse… La collection est renouvelée chaque saison. Cette année, la marinière classique femme est revisitée avec des fleurs ! Des vêtements confortables, chics et de qualité pour femme, homme, enfant et même bébé. Tricots Saint-James, route d’Antrain, 50240 Saint-James (Manche). Tél. 02 33 89 15 60 ; site Internet : www. saint-james.fr Dans les prés salés avec l’écomusée L’écomusée de la Baie situé à Vains (Manche) propose des animations et balades nature à la carte ou à la journée. La visite guidée des prés salés, l’initiation à la pêche à pied, la fabrication du sel de l’Avranchin comme autrefois, l’ornithologie à la pointe du Grouin sud… Animations et balades Médiévalys, le temps des cathédrales À partir du 15 juin, le centre Médiévalys à Dol-de-Bretagne près de la cathédrale, accueille un tailleur de pierre qui animera des ateliers ouverts au public. Pour tout savoir sur l’art des compagnons bâtisseurs, s’adonner à un jeu de piste mystérieux, plonger dans le secret de ces constructions fascinantes… Médiévalys, Dol-de-Bretagne. Tél. 02 99 48 35 30 ; site Internet : www. medievalys.fr La Mytili-Mobile pour découvrir les moules de bouchots dans la Baie. sur réservation. Écomusée de la Baie du MontSaint-Michel, route du Grouin-duSud, 50300 Vains-Saint-Léonard. Tél. 02 33 89 06 06. Moules de bouchot La Maison de la Baie au Vivier-surMer invite à découvrir l’une des activités phare de la région : la mytiliculture et ses moules d’élevage de bouchot. Pour faciliter l’accès en baie, le visiteur est invité à grimper dans la Mytili-Mobile adapté à la découverte en toutes saisons. Plusieurs formules avec commentaires existent avec visite du port conchylicole et dégustation de moules de bouchots AOC du Mont-Saint-Michel. Maison de la Baie du Mont-SaintMichel, CPIE Baie du Mont-Saint-Michel, 35960 Le Vivier-sur-Mer. Tél. 02 99 48 84 38 ; site Internet : www. maisondelabaie.com Observer le phénomène des marées Il est très dangereux de s’aventurer seul dans la baie, y compris aux abords immédiats du Mont. Au MontSaint-Michel ont lieu les plus grandes marées de l’Europe continentale, jusqu’à 15 m de différence entre basse et haute mer. Lors des grandes marées, la mer se retire à 15 km des côtes et remonte très rapidement. Les marées, les plus fortes, ont lieu 36 à 48 heures après les pleines et nouvelles lunes. dimanche Ouest-France 2 juin 2013 13 Le Mont, ses ombres, ses lumières dimanche Ouest-France 2 juin 2013 5 Sur la passerelle, le visiteur marchera sur l’eau Le pont passerelle est en voie d’achèvement. Au printemps 2014, il remplacera la digue route pour accéder au Mont-Saint-Michel. Un ouvrage léger et fluide. À l’aube, l’ombre de l’archange. Philippe Chérel Une invitation à la promenade nocturne en solitaire quand tout le monde est reparti. Les visiteurs l’emprunteront à pied, dans les navettes motorisées, les passeurs, ou dans des calèches. Avec cette impression agréable de marcher sur l’eau à un mètre sous ses pieds. On la verra à travers un platelage en chêne du département l’Orne à claire-voie. Une passerelle qui remplacera au printemps 2014 la digue route actuelle. En voie d’achèvement, elle a été dessinée par l’architecte franco-autrichien Dietmar Feichtinger (lire ci dessous). Cette passerelle sur pilotis libérera les marées, contrairement à la digue pleine de 1880 qui empêche l’eau de contourner le Mont-Saint-Michel. Sept tabliers métalliques ont été préfabriqués en usine en Alsace : cinq longs de 120 m et deux de 72 m. Ils sont posés à une hauteur de 9,50 m sur 134 poteaux en acier de seulement 25 cm de diamètre pour plus de légèreté, espacés tous les 12 m. Ces poteaux sont encastrés dans des pieux enfoncés à 35 m de profondeur jusqu’à la roche. Mont-Saint-Michel : Thomas Jouanneau Deux allées piétonnes Déambuler dans les rues escarpées avant le déferlement de la foule de touristes. Le pont passerelle de 38 tonnes, « léger mais robuste » comprend une chaussée centrale de 6,5 m de large pour les navettes, flanquée de chaque côté, en porte-à-faux, de deux allées piétonnes de 4,50 m à gauche en se rendant au Mont et de 1,50 à droite avec leur garde-corps. « Nous avons voulu un ouvrage aussi fin que possible. Le regard du visiteur devra continuer à se perdre dans la baie », rappelle Dietmar Feichtinger. L’extrémité au pied du Mont est plus large (de 12,50 m à 19 m) pour le stationnement des navettes, l’attente des La longueur du pont passerelle, qui remplacera le pont actuel au printemps 2014, sera de 760 m. visiteurs qui les prendront et un couloir réservé aux secours. « La transition avec la partie plus large est tout en continuité. On ne s’en rendra pas compte ». Un filet de lumière La longueur du pont passerelle n’est que de 760 m sur les 3 km qui séparent les parkings du Mont-Saint-Michel. On quittera le continent sur une nouvelle digue de 1 085 m plus à l’est que l’actuelle, promise à la démolition en 2015. Un banc de béton sur toute la longueur séparera les voies piétonnes de l’allée centrale pour la sécurité et le repos des visiteurs qui pourront admirer le panorama. La nuit, sous le banc, un filet de lumière épousera la courbe jusqu’au Mont illuminé et se reflétera sur l’eau. Au pied du Mont, le pont passerelle amorce un léger virage et une pente douce de 1 % pour déboucher sur une plate-forme de 2,5 ha, elle-même surmontée d’un gué à 7,30 m. En moyenne annuelle, le terre-plein sera accessible sans difficulté 335 jours par an (670 marées sur 705). Lors des coefficients supérieurs à 110, exceptionnels, le Mont sera totalement inaccessible pendant deux heures, temps du nettoyage compris. Toutefois, un passage au pied des remparts sera créé à la hauteur de 8,50 m pour permettre le passage des secours. Xavier ORIOT. Sortir des sentiers battus et découvrir des escaliers et coins insolites. Le « Mille-pattes » de Dietmar Feichtinger L’architecte a dessiné la nouvelle passerelle légère et transparente qui se fond dans le paysage et l’horizon. En courbe, le parcours piétonnier paraît moins long qu’en ligne droite. Portrait Les Japonais sont inconditionnels du Mont-Saint-Michel qui leur rappelle leur Miyajima, île sacrée du Japon, avec laquelle il a beaucoup de points communs. Le Mont et Miyajima sont jumelés depuis 2009. La passerelle du Mont-Saint-Michel figurera en bonne place parmi ses réalisations et passerelles et ponts pour piétons et cyclistes. Comme la passerelle Simone-de-Beauvoir, 300 m sans pile sur la Seine à Paris, et d’autres ponts légers à Lyon, Gand, Cherbourg, sur le Rhin… Dietmar Feichtinger, 51 ans, né en Autriche, exerce son métier avec son épouse, architecte comme lui, à Paris depuis 1989. Avant de « se confronter au Mont », il n’y était jamais venu. « Je ne l’avais vu qu’en photo. Mais les photos ne montrent souvent que le Mont alors que le plus important, c’est le monument dans son paysage qui change entre marée basse et marée haute. » Il est séduit par « les lumières et les couleurs spécifiques à la baie. Une harmonie fantastique. Le Mont donne plus qu’on en attend. » Ce pont passerelle, que Dietmar Feichtinger renomme jetée « pour sa légèreté et sa simplicité », est posé sur pilotis très fins en acier ; « Plutôt que des piles en béton tous les 100 m qui auraient alourdi la structure. » Promontoire de 9,50m L’architecte décrit « une ligne fine portée par des piliers rapprochés comme un mille-pattes. Son horizontalité contraste avec la verticalité du Mont. Elle se fond dans la ligne d’horizon pour se faire oublier. Le monument est déjà là. La passerelle n’a pas le statut de monument. Elle appartient plus au paysage qu’au construit. Ils ne sont pas en concurrence. » Dietmar Feichtinger a tracé une courbe, « la géométrie n’était pas le plus simple. Mais sans contrainte physique à part l’écoulement de l’eau et des sédiments, nous avions une grande liberté. Avec la courbe, le parcours piétonnier paraît moins Dietmar Feichtinger devant la passerelle qu’il a dessinée qu’emprunteront les visiteurs piétons ou en navette pour se rendre au Mont-Saint-Michel. long qu’en ligne droite. » Sur ce promontoire de 9,50 m, le visiteur « sera en sécurité mais aussi en position de hauteur pour mieux découvrir le site ». L’architecte encourage « une arrivée à pied ». Il se félicite qu’aujourd’hui « on ait pratiquement oublié les 3 000 voitures au pied du Mont. Comme si ça n’avait jamais existé. » X. O. 6 12 dimanche Ouest-France 2 juin 2013 dimanche Ouest-France 2 juin 2013 Le Mont, ses ombres, ses lumières 4 200 places de parking dans un parc paysager Lundi 3 juin, les points de départ et de retour des navettes seront regroupés dans le parc de stationnement, non loin du nouveau du centre d’informations touristiques inauguré le même jour. Sitôt leurs véhicules stationnés, les visiteurs auront ainsi le choix entre quatre possibilités pour se rendre au Mont : en Passeurs, les navettes motorisées libres d’accès ; en maringotes, navettes payantes tractées par des chevaux ou bien à pied via des cheminements piétons jalonnés et arborés. Il faut entre 35 et 40 minutes pour faire le trajet total de 2 900 m à pied. Trois itinéraires sont proposés aux piétons : la Lisière, le plus agréable, pour les vrais marcheurs, avec vue sur la silhouette du Mont se détachant de l’horizon ; la traversée de la Caserne au milieu des commerces Camping-cars 20 € pour 24 heures pour un campingcar ou un minicar privé de moins de 8 m. Gratuit pour un arrêt de moins de 30 minutes. Autocars 55 € pour 24 heures avec une « sortie gasoil » d’une heure. 20 € pour un arrêt de moins d’une heure. Motos 4 € pour 24 heures. Gratuit pour un arrêt de moins de 30 minutes. Gratuit Photos Stéphane Geufroi et se retrouver là-haut, constater que la frontière entre la mer, le ciel et les sables est incertaine. Et puis entrer dans les entrailles de cette incroyable pyramide dont les soubassements originels culminent à 90 m. Le reste, le double, c’est la main de l’homme qui l’a monté. L’homme et son entêtement à se donner des défis. Ses dépassements, ses folies. Ses peurs aussi : celles, millénaires, du dragon. De la mer qui vient battre, de l’Anglais qui menace ruine. C’est cela que l’on touche au Mont : une mémoire longue que ponctuent les battements de son propre cœur malmené dans les escaliers. On y marche dans les traces des autres. On y va d’un pas de pèlerin. On s’y vidange l’humeur. C’e st physique le Mont, toujours. Métaphysique aussi, un peu, beaucoup, si l’on veut. François SIX MONTS. 7 JUILLET / 25 AOÛT 2013 D part navettes et maringotes ËÊ̲ ʬ ª©Ê ÎÈʬ Î © ÎÎ ¬´¬ « È ´ Ê Í Î Ê Ëª ° 1 600 m utur pont passerelle d'accès au Mont. Inauguration en 2014 5 minutes 30 min Arrêt Barrage 300 m 2 min 5 min 500 m Informations 2 min. 30 sec 7 min Avranches - RD 275 ƒ À part r du 3 ju n 2013 D part et arriv e des navettes et maringotes Sortie ord P 9-13 D part et arriv e de la ligne de bus Mont-Saint-Michel Pontorson t l r tl p] l 3 I l ° mr ` k l p mk t ` m a I tr L’autre façon de parcourir le Mont « Ligne Baie », c’est une offre de transport complète pour une découverte culturelle et touristique de Granville à Saint-Malo : train, car, vélo. En juillet et août oubliez la voiture, embarquez à bord des TER (trains express régionaux), installez-vous dans les cars qui sillonnent la baie, enfourchez une bicyclette pour musarder sur les chemins de traverses… Barrage/Belv dère Arrêt Grand'rue Informations complémentaires www.bienvenueaumontsaintmichel. com ça le mystère. Le Mont a cette puissance-là : il nous ramène en enfance. Ces endroits-là sont rares. » Saint-James, guide passionné et passionnant, a vraiment trouvé les mots qu’il fallait. Oui le Mont nous guérit de tout. De tout. Des ennuis ordinaires, des téléphones qui sonnent trop ou pas assez, des mauvaises nouvelles, de l’ordinaire. La cure est d’altitude. Il faut se hisser au sommet, s’affranchir des degrés Arriv e navettes et maringotes de 19 h à minuit. La Caserne (zone restaurants hôtels) Pour une voiture ou une moto : 4 € sur réservation préalable (avec code d’accès fourni par le restaurateur ou l’hôtelier). Gratuit de 19 h à minuit et ceci toute l’année. Pour un car : 35 € sur réservation préalable (avec code d’accès fourni par le restaurateur ou l’hôtelier), de jour comme de nuit. On songe à ce que nous a dit François Saint-James, un jour d’hiver à l’heure en pente où la lumière commence à renoncer « Celui qui vient doit payer son parking. Cher. Il paye tout cher au Mont : son repas, un café, sa glace, un souvenir. Ensuite, il affronte la foule. Parfois, il pleut. Et pourtant, quand il repart, il se sent bien. Il se sent comme nettoyé. C’est Abbaye L’accès au Mont est gratuit pour les visiteurs, mais les parkings sont payants (sauf le soir). Vélos Haute saison (avril à octobre) de 10 h à 18 h : stationnement obligatoire dans trois parcs à vélo gratuits : un sur le parking avec consigne, deux près du barrage. De 18 h à 10 h le lendemain, en haute saison, et à toute heure en basse saison : accès toléré et gratuit à vélo par la digue-route (puis le pontpasserelle) mais sans possibilité de stationner le vélo au pied du Mont (le cycliste garde son vélo à la main s’il entre dans le Mont). Billet Jeu de lumière et d’ombre : la pyramide des sables distille ses atmosphères. Le Mont-Sa nt-M chel Les tarifs en vigueur à compter du 3 juin Voitures 12 € pour 24 heures : pour une voiture quel que soit le nombre de passagers. 6 € pour deux heures maximum : pour les visiteurs familiers ou pressés qui ne souhaitent bénéficier que d’un aperçu du site. Gratuit le soir : afin d’encourager la fréquentation en soirée, les parkings sont gratuits de 19h à minuit et ceci toute l’année. 60 € la carte d’abonnement annuel. Gratuit pour un arrêt de moins de 30 minutes. Gratuité totale et à toute heure pour les salariés du Mont, les habitants du Grand Pontorson et ceux du Mont. et services ; sur la berge du Couesnon. La même berge qu’emprunteront les navettes à cheval, les maringotes. Osez emprunter l’étroite ruelle des Cocus. C’est à gauche en montant. « Ligne Baie », c’est aussi un « Pass » unique pour accéder aux principales lignes de transports* irriguant la Baie du Mont Saint-Michel et plein d’avantages vous permettant de découvrir la baie sous toutes ses facettes. P 1-6 Entr e parking payant 7 jours/7 - 24 h/24 * TER Basse-Normandie et Bretagne, Manéo, Illenoo, Keolis Emeraude, réseau Keolis Saint-Malo agglomération Sortie Sud Pontorson RD 976 µ Ouest-France - Infograph e Mont-Sa nt-M chel : Agence Apr m Pour tout renseignement contactez les offices de tourisme de la Baie ou rendez-vous sur www.lignebaie.fr ecomepub - RCS 439 940 545 / 2925/1947 - 05.13 - Crédit photos : P. Dontot - CDT50 : S. Fautré - CRB - Stephanie.maillard.com - JF. Hamon Trois possibilités pour rejoindre le Mont Dès le lundi 3 juin, les points de départ et de retour des navettes seront regroupés dans le parc de stationnement. Le Coue snon De chaque côté de la longue allée piétonne, les vastes étendues de parkings peuvent donner le vertige. 40 ha pour 4 200 places à perte de vue. En été et lors des gros weekends d’affluence, des parkings engazonnés apportent 1 500 places supplémentaires. Ils ont été pris d’assaut le 8 mai dernier par la foule des visiteurs qui, profitant d’une accalmie du mauvais temps, provoquaient de belles files d’attente pour prendre les navettes. Ces parkings ont été conçus comme des parcs paysagers arborés. 2 500 arbres et 20 000 arbustes de 27 essences différentes y ont été plantés. Les plus répandues en Normandie et dans le bocage : érable champêtre, aulne, orme ou saule. Mais aussi des cépées (ramifiées depuis la base) comme le noisetier ou le charme. Pour les arbustes : le tamaris, le houx ou encore le lierre arborescent. Tous ces plants proviennent exclusivement de la région, fournis par un négociant d’Hambye (Manche). S’y ajoute une centaine de pommiers de Normandie, chacun d’une espèce différente. Mont-Saint-Michel : Thomas Jouanneau Il faut 40 minutes à un marcheur pour parcourir les 2,9 km entre les parkings et le Mont. Les moins sportifs ou plus pressés peuvent y être en 10 minutes avec la navette motorisée qui part des parkings. 11 dimanche Ouest-France 2 juin 2013 7 dimanche Ouest-France 2 juin 2013 Se rendre au Mont à pied, à cheval ou en navette… L’écrivain et chroniqueur Alain Rémond a passé son enfance dans la Baie du Mont-Saint-Michel. Il évoque ses souvenirs, ébloui devant la Merveille qui l’émeut toujours autant… Des navettes motorisées de 80 places et à cheval de 25 places conduisent les visiteurs des parkings au Mont en dix minutes. Départ toutes les 5 minutes. « Le Mont-Saint-Michel, je l’ai d’abord vu de loin, de très loin, même. À Mortain, où je suis né, dans le sud de la Manche, on montait tout en haut de Monjoie, jusqu’à la Petite Chapelle, et on l’apercevait, là-bas, tout là-bas, par très beau temps, sur la ligne d’horizon, silhouette mouvante, tout juste esquissée, qu’il fallait presque deviner. C’était comme un rêve, une vision irréelle, on clignait des yeux pour être sûr de bien l’avoir vu. Puis, lorsque ma famille est revenue en Bretagne pour s’installer à Trans, à 15 km de Dol, à 10 km du Couesnon quelque part au-dessus de la baie, je l’ai découvert en haut de la côte, juste derrière chez moi. Beaucoup plus près, beaucoup plus réel. Mais encore nimbé de mystère, tremblant dans la brume de beau temps ou noyé sous la pluie, là-bas, comme une promesse secrète. J’aimais, enfant, sortir de la maison, par la porte de derrière, et marcher jusqu’en haut de la côte, sur la route de Pleine-Fougères, juste pour le voir, juste pour savoir qu’il était là, en vrai, qu’il n’était pas seulement une photo dans les livres ou un dessin dans les illustrés que je lisais. Dans mes yeux d’alors, il me semblait inatteignable, hors de portée, à jamais. Je ne m’imaginais pas, un jour, aller jusqu’à lui, franchir la porte Le samedi 28 avril 2012 fera date dans l’histoire du Mont-Saint-Michel. Depuis 1957, les automobilistes empruntaient les 2 km de digue route entre le continent et la Merveille et stationnaient leur véhicule sur la grève au pied des remparts. 16 ha de parkings pour quelque 4 000 places. Mais un spectacle disgracieux de voitures et autocars à perte de vue, surtout l’été et les jours de grandes affluences. Depuis ce 28 avril 2012, pour que le Mont soit à nouveau entouré d’eau, de nouveaux parkings ont été créés 3 km plus au sud. Pour parcourir ces 3 km entre les parkings et le Mont une flotte de six navettes a été mise en circulation. Construits au Portugal, ce sont des bus à la carrosserie neutre voire austère, en aluminium et en teck, réversibles avec deux postes de conduite pour éviter les demi-tours. Ces Passeurs, qui ressemblent à des navettes d’aéroport très anguleux, peuvent prendre 80 passagers debout à bord et disposent de quelques places assises pour les personnes à mobilité réduite. au détour d’un virage, entre deux arbres, quand on se promène le long de la baie, sur les collines qui la dominent. Saint-Marcan, Roz-sur-Couesnon, Saint-Georges-de-Gréhaigne… Je crois que c’est du haut de ces villages, à l’écart de la grande route qui file en bas, au ras de la baie, que je préfère le voir, le Mont-Saint-Michel. À chaque fois, c’est un point de vue différent, selon l’angle, selon la lumière. À chaque fois, le Mont me frappe en plein cœur, comme si je le découvrais pour la première fois. Il est là, tout près mais à distance, solitaire, à la fois humble et orgueilleux, mystérieux, il me parle en secret, j’entends mon cœur qui bat. Chaque fois, je me demande ce qu’j’ai fait pour mériter un tel honneur, un tel bonheur : avoir le Mont-Saint-Michel pour moi, rien que pour moi… » Alain Rémond. du mur d’enceinte et le visiter, comme on dit. « Visiter » le Mont-Saint-Michel… Quelle drôle d’idée ! Alors que c’est une promesse. Alors que c’est un rêve. J’y suis pourtant allé. Je l’ai pourtant visité. Tout ce monde dans la petite rue, tous ces magasins pour touristes, toute cette vulgarité. Je ne m’y suis jamais fait. Heureusement, tout en haut, j’ai découvert l’abbatiale, le cloître, la Merveille. Le retour du silence. Le retour du rêve. Le retour de la vision. La plupart des touristes n’y montent pas. Trop haut, trop fatiguant. Ils vont dans les boutiques, font le tour des remparts, regardent Tombelaine, les sables mouvants et s’en vont comme ils sont venus, croyant avoir vu le MontSaint-Michel. Alors qu’ils n’ont rien vu. Pour ma part, j’ai persisté, au fil des ans, à préférer le voir de loin. Le découvrir à l’improviste, soudain, Alain RÉMOND*. *Alain Rémond est écrivain et chroniqueur à Mariane et La Croix après avoir été critique de cinéma. Il est l’auteur de 25 romans, certains autobiographiques comme Chaque jour est un adieu, aux Seuil, sur ses idoles (Bob Dylan et Yves Montand). Il vient de publier Tout ce qui reste de nos vies, aux Seuil. Jean-Yves Desfoux. « À chaque fois, le Mont me frappe en plein cœur » Le retour des maringotes À côté des Passeurs, des navettes à cheval appelées maringotes se voulaient un clin d’œil à la Normandie, terre du cheval. Les premières hippomobiles à impérial de 50 places, des prototypes attelés à deux chevaux percherons, cobs ou postiers bretons, n’ont jamais fonctionné. Elles ont été recalées aux tests de résistance et de sécurité. Les navettes motorisées, les Passeurs, peuvent transporter jusqu’à 80 personnes au Mont en dix minutes de trajet. Départs toutes les cinq minutes à proximité des parkings. Lundi 3 juin, elles seront remplacées par de nouvelles maringotes de 25 places, plus proches de la calèche traditionnelle et toujours tirées par deux chevaux de trait. Accueillie dans une ferme à proximité, dans la baie, l’écurie de 36 chevaux est surveillée et soignée par des professionnels équestres. Les chevaux, toujours le même duo, travailleront trois heures par jour. Enfin un 3e type de navette, plus petite, de 20 places, à moteur diesel ou électrique, transporte les visiteurs à la demande, surtout la nuit de 1h à 7h quand les autres navettes restent au dépôt. Des navettes gratuites comprises dans le prix du parking : 12€ de 20 places circulent la nuit de 1 h à 7 h à la demande sur simple appel téléphonique au 02 14 13 20 00. 12 € La navette est gratuite. Elle est comprise dans le prix du parking : 12 €, valable 24 heures, quel que soit le nombre de passagers dans la voiture. Un bus Pontorson - Le Mont Une ligne de bus dessert le Mont depuis la gare SNCF de Pontorson. Tarif : de 3 € pour un adulte ; gratuit pour les moins de 4 ans. Abonnement mensuel : 80 €. Abonnement 10 trajets : 27 € •fr Sept jours sur sept Les navettes fonctionneront 7 jours sur 7, de 7 h à 1 h. Six C’est le nombre de navettes motorisées les Passeurs, appuyées de cinq bus en 2013. La flotte passera à onze Passeurs en 2014. L 2 350 passagers C’est la capacité de transport des Passeurs et maringotes par heure et par sens en très haute saison. En 2012, jusqu’à 2 700 touristes arrivaient toutes les heures lors du week-end de l’Ascension et début août. sports.manche.fr 10 minutes C’est le temps de parcours des Passeurs, entre les parkings et le Mont. 5 minutes C’est le temps d’attente d’une navette. 10 mn en haute saison. Navette à cheval maringote Tarif pour un trajet par personne : adulte, 5 €. Gratuit pour les moins de 4 ans. Groupe : 150 € sur réservation. Les maringotes, navettes de 25 places, tractées par des chevaux. 80 C’est le nombre de places dans chaque navette. 300 m Les navettes ne vont pas jusqu’au pied des remparts mais laissent leurs passagers à 300 m à parcourir à pied. Deux arrêts Entre les départs des navettes dans les parkings et le Mont il y a deux arrêts dans la zone commerciale dite de la Caserne : Grand’Rue au cœur de la Caserne et place du Barrage au barrage. Navettes électriques la Montoise Deux navettes Montoises électriques 35 à 40 minutes C’est le temps moyen pour un bon marcheur pour se rendre à pied des parkings au Mont. Le nombre de marcheurs volontaires a augmenté de 25 % l’été 2012 et la mise en place des navettes et nouveaux accès. Soit près de 700 visiteurs par heure en pointe. Services Sanitaires, consignes, distributeurs de billets. Chenil (de 10 h à 19 h) pour les chiens (8 €)… 10 dimanche Ouest-France 2 juin 2013 Une halle de verre habillée d’une résille de bois En quittant le parking ou à la descente des navettes, le nouveau Centre d’information touristique propose des outils interactifs et tactiles pour mieux appréhender le Mont, la Baie, la Normandie et la Bretagne. dimanche Ouest-France 2 juin 2013 9 Le Mont-Saint-Michel à l’horizon 2015 Le barrage Plus de voitures au pied du Mo t Sa co structio a débuté e 2006 et les premiers mouveme ts de va es et lâchers d’eau o t eu lieu e 2009. Huit va es retie e t l’eau du fleuve le Coues o . Deux lâchers par jour emmè e t les sédime ts au large. Depuis 2010 plus de 150 000 visiteurs se so t re dus sur ce bel ouvrage d’art Depuis le 28 avril 2012, Il ’est plus possible de se re dre e voiture au Mo t par la digue route. Les 4 000 places de parki g sur 16 ha depuis 1957 o t été supprimés. C’est la zo e de restaura ts, hôtels et commerces qui tie t so om du caser eme t des doua iers et militaires au XIXe. Elle est traversée par les avettes. Elle doit être réamé agée avec de ouveaux espaces piéto iers et paysagers. Six avettes à moteur, les Passeurs, de 80 places mette t dix mi utes pour se re dre au Mo t. U départ toutes les 5 m . A partir de demai , lu di 3 jui , les visiteurs pre dro t ces avettes da s les parki gs et ’auro t plus 900 m à parcourir à pied. Il y a deux arrêts da s la Caser e. La deuxième option consiste à se diriger vers le vaste espace clair, ouvert, dédié à l’information pratique et touristique. Quitte à revenir plus tard vers la projection. « Le parcours dans le CIT va se faire en fonction du type d’information que l’on recherche, explique Anne Garçon du syndicat mixte Baie du Mont-Saint-Michel. À l’accueil, des agents répondent aux questions pratiques : où payer son parking, comment se rendre sur le Mont, le temps de trajet, la La co structio e cours de la ouvelle passerelle pour se re dre au Mo t e avette, e mari gote ou à pied sera achevée au pri temps 2014. Elle débouche au Mo t sur u gué de 7,30 mètres . La Caser e Les avettes Outils et mobilier multimédia Le po t-passerelle La digue route D’u e lo gueur de 2 km, elle a été co struite e 1880 et sera démolie e 2015 lorsque le po t passerelle qui va la remplacer sera termi é. L’allée piéto e Les visiteurs qui se re de t au Mo t à pied o t augme té de 30 % depuis la suppressio du statio eme t au pied des remparts. U e allée piéto e arborée avec des ba cs a été amé agée à l’est de la Caser e. Mont-Saint-Michel : La Fabrique Créative 8 À l’aller ou au retour voire les deux ? Les occasions de pousser la porte du Centre d’information des visiteurs du Mont-Saint-Michel (CIT) ne manqueront pas. Avant la visite de la Merveille, après avoir traversé le parking, le curieux sera tenté de pénétrer sous cette longue halle de verre habillée d’une résille de bois. Son architecture contemporaine possède une réelle force d’attraction. L’entrée se fait par un vaste pignon vitré laissant percer la lumière et admirer la silhouette du Mont au lointain. Là deux alternatives se présentent. Première option, le visiteur embarque pour une séquence émotion en soulevant le rideau feutré de la salle de projection. Un florilège d’images sur le Mont, la baie et sa région l’attend pour une immersion totale dans les beautés de la nature et la splendeur du patrimoine. Le Centre d’information touristique du Mont-Saint-Michel est ouvert de 9 h à 19 h, 7 jours sur 7. fréquence des navettes, le tarif des visites, etc. Autant d’éléments qui permettent de préparer au mieux sa venue. Ensuite le dispositif se décline en trois temps. Un premier cercle aborde la baie et le Mont. Le second cercle va au-delà en informant sur la grande baie, de Cancale à Granville. Puis le troisième cercle explore les régions Bretagne et Normandie. » Des tonalités douces, du mobilier en bois blond, des outils interactifs et tactiles, la muséographie est pensée pour faciliter l’accès à une information simple et sélective. Ce lieu d’accueil se situant entre l’office de tourisme et le centre d’interprétation. Enfin, le CIT offre également un ensemble de services aux usagers tels que des consignes, des sanitaires, des caisses, le tout ouvert 24 heures sur 24… Et les navettes qui desservent le Mont s’arrêtent pour ainsi dire devant. Autant dire que ceux qui ne se sont pas arrêtés à l’aller n’y manqueront probablement pas au retour. Vidéo projetée au sol Le rétablissement du caractère maritime de la baie et les travaux entrepris pour cela, sont clairement exposés par un dispositif multimédia, un espace vidéo projeté au sol et situé à l’entrée. Anne-Elisabeth BERTUCCI. 2,5 millions de visiteurs chaque année, dont 300 000 Japonais Les parki gs De 4 200 places sur 40 ha, ils peuve t être portés à 6 000 places l’été et les gros weeke ds d’afflue ce avec des parcs seco daires e herbe. Ouest-France - Infographie Ouest-France, source : Mont-Saint-Michel Altibreizh A deux pas du départ des avettes, u ouveau ce tre d’i formatio touristique est e voie d’achèveme t. Le visiteur y trouvera de la docume tatio sur le Mo t, la Baie et les régio s Norma die et Bretag e. adulte, handicapés et moins de 18 ans : 3 €. Visites familiales adaptées aux enfants. Le monde entier au Mont Le Mont-Saint-Michel accueille chaque année près de 2,5 millions de visiteurs. La moitié d’entre eux visitent l’abbaye. 55 % sont originaires de pays étrangers. Les Japonais figurent largement en tête avec 287 000 ressortissants en 2012. Pas étonnant que les commerçants et les guides se soient mis au japonais et organisent même des mariages pour les Tokyoïtes. En deuxième position, 50 000 Italiens. Mais on vient du monde entier admirer le Mont : du Bhoutan, des îles Vanuatu ou encore de Mongolie ! Bons plans L’abbaye pour vous tout seul ou presque, c’est possible ! Les plages horaires les plus calmes se situent avant 11 h le matin et après 15 h l’après-midi. Mieux vaut éviter l’heure du déjeuner (11 h - 13 h 30) en haute saison. Novembre, début décembre, janvier et février sont les mois de basse fréquentation. Achat des billets à l’entrée de l’abbaye uniquement. Les animaux ne sont pas acceptés. Ouvertures et tarifs L’abbaye se visite tous les jours sauf les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre. Les horaires d’ouverture varient sur deux périodes dans l’année : du 2 mai au 31 août de 9 h à 19 h, dernière Mont-Saint-Michel : Thomas Jouanneau Le ce tre d’i formatio touristique Des messes avec les Fraternités monastiques sont célébrées tous les jours. entrée à 18 h. Du 1er septembre au 30 avril, de 9 h 30 à 18 h, dernière entrée à 17 h. Plein tarif : 9 €. Réduit : 5,50 €. Groupe adultes : 7 € (à partir de 20 personnes). Groupes scolaires : 30 € (20 € pour les Zep) : 35 élèves maximum ; 1 accompagnateur bénéficie de la gratuité par tranche de 15 élèves (8 élèves pour les écoles maternelles). Visite gratuite pour les moins de 25 ans (hors groupes scolaires), handicapé et son accompagnateur, demandeurs d’emploi. Contacts Réservation et informations complémentaires au service des visites de l’abbaye : tél. 02 33 89 80 00 ; Internet : mont-saint-michel.monuments-nationaux.fr ; ou office de tourisme intra-muros : tél. 02 33 60 14 30 www.ot-montsaintmichel.com Visites guidées Visites commentées (1 heure 15) à heure fixe tous les jours (sauf dates exceptionnelles). Visites conférences (2 heures) les week-ends et tous les jours pendant les vacances scolaires. Visite conférence : 13 € ; de 18 à 25 ans inclus : 9 € ; moins de 18 ans : gratuit. Audioguide en supplément : 4,50 €. Deux appareils : 6 €. Groupe Les messes avec les Fraternités monastiques Messe chantée tous les jours à 12 h 15 (sauf le lundi) ; le dimanche à 11 h 30. Entrée gratuite pour les fidèles : rendez-vous à 12 h aux grilles d’entrée de l’abbaye et le dimanche à 11 h 15. Laudes à 7 h en semaine (8 h le samedi, le dimanche, les jours fériés et en août), vêpres à 18 h 30 : rendez-vous 10 minutes avant chaque office à la porte d’entrée de l’abbaye. Renseignement (retraite, accueil de groupe…) : tél. 02 33 58 31 71. William Christie à l’abbatiale William Christie et les Arts Florissants seront en concert à l’abbaye le 28 juillet. Le programme de cette soirée baroque sera dédié à MarcAntoine Charpentier (1643-1704). Le cycle de concerts s’ouvre le 8 juin avec une soirée Francis Poulenc et se poursuit avec le Water Music de Haendel, le 7 juillet. Dans l’abbatiale du Mont-Saint-Michel. De 30 € à 18,50 €. Réservations : tél. 02 33 89 80 04.