Stratégie territoriale de développement de la filière forêt

Transcription

Stratégie territoriale de développement de la filière forêt
Document réalisé le 30.06.2011 par le CRPF Midi-Pyrénées
Stratégie territoriale de développement de
la filière forêt-bois du Pays d’Armagnac
Les Plans de Développement de Massifs
Carte d’identité du massif forestier du Pays d’Armagnac
+
Pistes de développement pour valoriser le massif forestier du
Pays d’Armagnac
L’animation de la Stratégie territoriale de développement de la filière forêt-bois du Pays d’Armagnac
est réalisée avec le concours financier de l’Union Européenne (financement FEADER) et du Consei l
Régional Midi-Pyrénées et du Conseil Général du Gers
1
Depuis 2005, les partenaires régionaux de la forêt privée, le Centre Régional de la Propriété
Forestière de Midi-Pyrénées (1), les Coopératives Forestières (2) et les Syndicats de Forestiers
Privés (3) se mobilisent ensemble pour soutenir les propriétaires dans tous leurs projets de
développement forestier.
Pour ce faire, les partenaires ont mis en place une démarche d’animation forestière concertée
par massif, appelée Plan de Développement de Massif (PDM), qui compte actuellement une
vingtaine de territoires en Midi-Pyrénées.
Fort d’une première action menée en 2005-2007 sur la communauté de communes du Grand
Armagnac, le CRPF Midi-Pyrénées antenne du Gers et la Coopérative forestière CPB ont
proposé au Pays d’Armagnac qui souhaitait mettre en place une stratégie territoriale de sa
filière forêt-bois, d’animer cette stratégie en s’appuyant sur la méthode éprouvée des PDM.
Concrètement il a donc été proposé de couvrir l’ensemble du territoire forestier du Pays
d’Armagnac, en réalisant 4 Plans de Développement de Massif. Chaque PDM s’articule autour
de 3 grandes actions opérationnelles :
1) L’élaboration d’une carte d’identité du massif, qui permet aux techniciens forestiers de
mieux appréhender le contexte et la dynamique locale, afin de promouvoir des actions
bien adaptées aux réalités de chaque PDM. En associant si possible les élus à la
démarche, les techniciens pourront ainsi répondre au mieux aux spécificités locales et aux
attentes de chacun.
2) Une phase d’animation, au cours de laquelle les professionnels sont à la disposition des
propriétaires pour :
- répondre à leurs interrogations lors des réunions d’informations et des journées de
formation de terrain qu’ils animeront pour eux.
- effectuer des informations techniques individualisées gratuites de leurs forêts ou
projets forestiers.
- les accompagner dans la définition des opérations pour mener à bien leur projet.
- favoriser le regroupement des projets pour en permettre la réalisation.
3) Une phase de mise en œuvre des projets dont les propriétaires auront eu l’initiative :
amélioration des peuplements, récolte de bois, aménagement paysager,
boisement…Pour toutes ces opérations, les propriétaires sont seuls décisionnaires.
Ils pourront alors choisir les travaux qu’ils feront eux-mêmes ou qu’ils confieront à
des professionnels (Coopérative Forestière CPB, experts forestiers, exploitants
forestiers…).
Le présent rapport récapitule l’ensemble des cartes d’identités réalisées sur les 4 PDM. Il
apporte ainsi une vision plus complète possible sur l’état et le potentiel des forêts du
massif du Pays d’Armagnac, et permet ainsi de répondre aux questions que tout acteur
local, élu ou propriétaire forestier, peut être amené à se poser.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Rédacteurs : Mathieu Munari - Marine Lestrade - Thomas Pétreault - C.R.P.F. Midi-Pyrénées
Cartographies : Serge Campo - C.R.P.F Midi-Pyrénées
Photos et illustrations : CRPF Midi-Pyrénées
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Contact : Gaetan CHETAILLE - C.R.P.F. Antenne du Gers - Maison de l’Agriculture, BP 161 - 32003 AUCH CEDEX
Tel: 05-62-61-79-10 / courriel : [email protected]
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------(1) Centre Régional de la Propriété Forestière de Midi -Pyrénées (CRPF) : établissement public chargé de développer et d’orienter la gestion des forêts privées.
(2) Coopératives Forestières : organismes économiques de gestion en commun, aidant les propriétaires dans la gestion et la valorisation économique de leurs forêts
(3) Syndicats de Forestiers Privés : structures représentatives défendant les droits des propriétaires forestiers.
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Sommaire
Chapitre 1 : Cadre général de la démarche ...............................................................
1.1 Le territoire du Pays d’Armagnac ...............................................................................
1.2 Caractéristiques du milieu naturel ..............................................................................
1.2.1 Les sols .................................................................................................................
1.2.2 Un climat océanique « sous influences » ........................................................
1.3 Contexte environnemental ...........................................................................................
1.4 Contexte climatique et risques incendies .................................................................
1.4.1 Accidents climatiques .........................................................................................
1.4.2 Risques incendies ...............................................................................................
1.5 Contexte post tempête Klaus ......................................................................................
1.6 Contexte socio-économique........................................................................................
1.6.1 La population du massif .....................................................................................
1.6.2 La filière bois du Pays d’Armagnac ..................................................................
1.6.3 La relation agriculture-forêt.................................................................................
1.6.4 La pratique de la chasse ....................................................................................
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Chapitre 2 : Carte d’identité du massif forestier du Pays d’Armagnac ..............
2.1 L’utilisation actuelle des forêts ....................................................................................
2.1.1 La forêt réservoir de bois ...................................................................................
2.1.2 La forêt loisirs.......................................................................................................
2.2 Les propriétaires forestiers du massif .......................................................................
2.3 La gestion forestière actuelle du massif....................................................................
2.3.1 Les forêts privées dotées d’un Plan Simple de Gestion et d’un Code de
Bonnes
Pratiques Sylvicoles ......................................................................................................
2.3.2 La forêt est-elle en danger ?..............................................................................
2.3.3 Quelles sont les conséquences de la non-gestion ? .....................................
2.4 La composition des forêts privées du massif ...........................................................
2.4.1 Les types de peuplements..................................................................................
2.4.2 Les essences principales ...................................................................................
2.4.3 Etat sanitaire des peuplements .........................................................................
2.4.4 L’amélioration des peuplements ........................................................................
2.4.5 La récoltabilité des peuplements .......................................................................
2.4.6 Les conditions d’accès aux parcelles ...............................................................
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Chapitre 3 : Pistes de développement ........................................................................
3.1 Améliorer les peuplements ..........................................................................................
3.2 Quels produits bois peut-on espérer du massif ?....................................................
3.3 se regrouper pour mieux gérer ...................................................................................
3.4 Proposition de zones d’action.....................................................................................
3.5 Itinéraires sylvicoles et fiches techniques .................................................................
3.5.1 Itinéraires sylvicoles ............................................................................................
3.5.2 Fiches techniques ................................................................................................
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Conclusion.......................................................................................................................... 48
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Chapitre 1
Cadre général de la démarche
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1.1 Le territoire du Pays d’Armagnac
S’appuyant sur les dynamiques du Pays d’Armagnac et des communautés de communes qui le
composent, l’animation de la Stratégie de Développement de la filière forêt-bois s’appuie sur la
réalisation de PDM sur les 4 territoires majeurs qui composent le Pays : Bas Armagnac, Grand
Armagnac, Ténarèze et Artagnan en Fezensac.
Les 105 communes concernées représentent une population de 42 700 habitants sur 1 700 km²
de superficie soit, une densité de population approchant les 28 habitants par km².
Sur ce territoire, la forêt représente 25 062 ha (source : Inventaire Forestier National). Elle est
divisée en 2 parties :
Ø La forêt privée : 23 898 ha
Ø La forêt publique : 1 164 ha
La forêt publique peut être de deux sortes : les forêts domaniales appartenant à l‘Etat et les
forêts communales appartenant aux communes.
L’état boisé sur le Pays d’Armagnac représente environ 15 % de l’espace (contre 12.6% pour le
département du Gers) et un intérêt économique important pour le territoire.
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1.2 Caractéristiques du milieu naturel
1.2.1 Les sols
Le Pays d’Armagnac est constitué d’un vaste éventail d’amples vallées, creusées dans des
molasses du tertiaire (texture argilo-calcaire) et d’une succession de coteaux, entrecoupés par
la Garonne et ses affluents. Les altitudes varient de 60 à 250 m.
L’histoire géologique de cette zone explique la multiplicité de ses types de sols et donc la
grande variabilité de ses potentialités forestières. Nous ne dresserons pas ici la liste exhaustive
de ces types de sols, tâche très ardue. Nous préférerons ne retenir que l’aspect structural de
ces sols, afin de faire ressortir la nature des formations en place, dont dépend dans une très
large mesure leur « vocation végétale ».
Des sols très divers se sont développés. Les caractéristiques intrinsèques de ces sols
déterminent en partie une richesse et une perméabilité plus ou moins favorables au
développement de la végétation qui les recouvre. Ces deux critères, auxquels s’ajoutent ceux
de la profondeur du sol et de son acidité, doivent guider la réflexion du propriétaire forestier
dans la gestion de sa forêt.
1.2.2 Un climat océanique « sous influences »
Le Pays d’Armagnac est globalement soumit à un climat océanique qui apporte des hivers
modérés et l’essentiel des précipitations, avec vent dominant d’Ouest. Le type de climat évolue
vers l’Est par une influence méditerranéenne, surtout sensible en été et en automne (chaleurs,
sécheresses, orages violents, automnes ensoleillés). Au printemps, les influences océanique et
méditerranéenne apportent une grande irrégularité, avec alternance de journées chaudes et de
périodes très arrosées. Le vent d’Autan, venant du Sud-Est, est caractérisé par sa violence en
rafales ; s’il dure trop longtemps, il peut avoir un effet desséchant important.
Un régime pluviométrique contrasté
Ces types climatiques conduisent à une variabilité spatiale des précipitations. En effet, les
précipitations moyennes annuelles oscillent entre 600 et 1 000 mm (source : météofrance).
On note de plus une importante variabilité dans le temps, pouvant aller du simple au double
d’une année sur l’autre.
Des températures globalement modérées
Les températures moyennes annuelles du Pays d’Armagnac s’échelonnent entre 11 et 13°C.
On note des pics de température en été, en particulier dans les vallées abritées, qui peuvent
localement avoir des effets dévastateurs sur les jeunes plantations, par manque d’eau, voire
par un excès d’ensoleillement.
Un bilan hydrique estival déficitaire
Le bilan hydrique estival correspond à la somme des précipitations de juillet-août et de
l’évapotranspiration potentielle pendant la même période. Dans la région, le déficit varie de 80
mm à 200 mm.
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1.3 Contexte environnemental
Sur le Pays d’Armagnac, la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du
logement de Midi-Pyrénées a inventorié divers enjeux environnementaux, qu’il conviendra de
prendre en compte lors de l’information et de la formation des propriétaires forestiers.
Ils seront présents notamment sur :
Ø des sites Natura 2000 SIC (site d'importance communautaire) et ZSC (zone spéciale de
conservation) :
- Coteaux de Lizet et de l'Osse
- site des Etangs de l’Armagnac
- site du réseau hydrographique du Midou et du Ludon
- site de la Gelise
Ø des ZNIEFF de type 1 :
- les étangs : du Moura, du Soucaret, de Mousquey, du Houga, de la Hitaire, du Juge,
du Rechou, du Pouy, du Porte, de Paillot, de la Caillaouet, de Millet, d'Escagnan, de
Lias d'Armagnac, de Maniban, des landes de Larrazieu
- les ruines de Monlezun
- Bois de Las Gouleres, de Bezolles, de Broustes, de Mazous, de Gorgue
- Château de Pardeilhan,
- Grotte du Sinai
- Lande du Broc Blanc, Lande humide du marais
- Clocher de l'Eglise
- Côteaux de Tudelle
- Tumulus
- Forêt domaniale de Montpellier
- Alignement de Chênes-liège du château de Monbel et du château du marais.
- Forêt communale de Monlezun, bosquet de Millet
- Pont du Diable
Ø des ZNIEFF de type 2 :
- bassin versant de la Douze et de la Gelise.
- Ensemble Karstique de la Romieu
- Vallée de la Guiroue et Côteaux
- Etangs de Casalot, d'Escagnan, du Barran, de Rioupeyrous,
- Ensemble forestier du marais, Forêts du Barran, de Rioupeyrous, de Casalot et
d'Escagnan
Ø 1 site classé :
- le parc Lacôme sur le houga
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1.4 Contexte climatique et risques incendies
1.4.1 Accidents climatiques
Divers facteurs climatiques peuvent provoquer des dégâts aux forêts. Au niveau du territoire,
les facteurs climatiques impactant les forêts sont :
è Les vents violents
o Le vent d’Autan : ce vent sec de Sud-Est, provoque un abaissement brusque du
degré hygrométrique causant des dessèchements de végétation en été.
o Les vents du Nord engendrent des gelées et un froid sec en hiver.
o Déchaînées par un vent d’Ouest, les tempêtes de décembre 1999 et 2009 ont
causé des centaines de milliers de m3 de chablis et volis.
è La sècheresse, comme celle de 2003, a enclenché un processus de dépérissement
affectant en particulier certaines essences de conifères plantées à trop basse altitude.
è Le gel : il peut nuire gravement aux jeunes plantations exposées et non protégées par
l’abri latéral d’un peuplement de plus grande taille. Le gel peut être également néfaste
aux plantations réalisées avec des plants ne venant pas d’une région de provenance
adaptée (exemple : variétés débourrant trop précocement).
è La neige : par son poids, la neige lourde endommage les peuplements.
è Les violents orages de grêle.
è Les crues des rivières.
1.4.2 Risques incendies
En matière d’incendies de forêts, l’ensemble de la région Midi-Pyrénées est classé en zone à
risques. Cependant, les résultats de l’étude régionale de l’aléa feux de forêts placent la totalité
du territoire gersois en aléa global nul à faible.
Cela conforte les conclusions du Schéma Départemental d'Analyse et de Couverture des
Risques qui lors de sa révision du 27/01/2006, a jugé comme faible le risque feux de forêts
dans le Gers. En conclusion, le groupe de travail départemental constitué autour de la
problématique de la gestion des brûlages et de la protection des forêts contre l’incendie,
converge vers un souhait de ne pas durcir la réglementation existante en la matière.
Cependant certains massifs forestiers comme celui de la Tauziole, sont aménagés avec des
pistes DFCI (Défense des Forêts contre les Incendies) afin de répondre efficacement à toute
problématique « feu de forêts ».
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1.5 Contexte post tempête Klaus
La forêt sur le territoire du Pays d’Armagnac a énormément été touchée par la tempête Klaus
du 29 janvier 2009.
On estime à plusieurs milliers d’hectares la surface détruite dans le département soit environ
250 000 à 300 000 m3 de bois chablis. L’essentiel des volumes chablis sont répartis entre le
territoire du Grand Armagnac et du Bas Armagnac.
L’exploitation annuelle de bois (bois d’œuvre et bois d’industrie) dans le département est
d’environ 120 000 m3. On peut donc conclure que les chablis ont représenté l’équivalent de 2 à
2,5 années de récolte départementale.
En 2011, soit deux ans après la tempête, les massifs forestiers de peupliers chablis ont été
exploités et leur replantation a pu commencer grâce aux aides de l’Etat.
Les différents professionnels s’attaquent maintenant à l’exploitation et aux replantations des
autres feuillus et des résineux.
Dans ce contexte post-tempête, la Stratégie territoriale de développement de la filière
forêt-bois du Pays d’Armagnac s’est donc dans un premier temps recentrée sur un appui
technique des propriétaires forestiers dans leurs démarches d’exploitation et de
reconstitution des massifs touchés.
Ainsi, en complément des actions d’appui menées par le CRPF du Gers, la coopérative
forestière CPB, des exploitants et des scieurs, le technicien forestier animateur des PDM du
Pays d’Armagnac a eu 350 contacts (téléphone, courrier, réunions) avec des propriétaires
forestiers et a réalisé 140 diagnostics de terrain ( 1 000 ha ) chez les propriétaires sinistrés
demandeurs.
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Suite aux contacts individuels, les propriétaires se sont engagés dans des opérations de
nettoyage de leurs parcelles, en partie réalisées par la Coopérative des Producteurs de Bois
(CPB). Pour information les actions réalisées par la CPB suite à la tempête sur les
départements du Gers, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques se traduisent par un
chiffre d’affaires 2010 est de 2 438 233 €.
Ce chiffre d’affaires se ventile en deux volets :
- 285 000 € pour l’activité de services (travaux sylvicoles, expertise et gestion forestières).
- 2 153 233 € pour la commercialisation de bois.
Commercialisation des bois :
Produits
Bois d’œuvre
Bois d'industrie
Volume
Unité
Chêne
m3
2009
7576
2010
7417
Divers feuillus
Peuplier
m3
m3
703
22171
536
5098
Résineux
Trituration résineuse
Trituration feuillue
m3
tonne
tonne
807
1152
13235
1616
6658
14857
Chauffage
stère
19380
36267
Piquet
stère
108
224
Sur l’ensemble de la période 2009-2010, il a été exploité 45 924 m3 de bois d’œuvre, 35 902
tonnes de bois de trituration et 55 979 stères de chauffage et de piquets. Le bois provient
exclusivement des massifs chablis.
Grace à la subvention de l’Etat sur les peuplements touchés par la tempête, des actions sont
également menées par le CRPF et la CPB, en parallèle de l’exploitation des chablis, pour
remettre en état les massifs (par régénération naturelle ou artificielle). Voici ci-dessous, le bilan
de l’engagement de prêts auprès de la DDT.
Dossiers déposés engagés ou en cours d'instruction au 27/05/2011
Exercices
Essences
Feuillus hors Peupliers
Feuillus Peupliers
Nettoyage seul
2010
2011
21,68
53,60
173,17
238,01
187,81
50,17
3,50
224,10
245,02
295,11
411,91
20,27
97,79
19,99
20,27
117,78
19,21
19,21
316,97
1109,30
Résineux Hors pins maritimes
Résineux pins maritimes
Eucalyptus
Total (en ha)
75,28
Nombre de dossier
Total
2009
717,05
120
11
Etat des lieux de l'engagement comptable au 27/05/2011
Année
Somme engagée
Surface moyenne par dossier
2009
267 573,04 €
5,98 ha
2010
1 661 923,12 €
8,23 ha
2011
130 580,00 €
21,59 ha
Total
2 060 076,16 €
Surface engagée
845,00 ha
Nombre de dossiers
103
A l’image de 2009, l’année 2010 fut une année difficile pour la filière bois gersoise, plombée par
la pauvreté des marchés : les prix sont encore au plus bas, deux ans après la tempête Klaus, et
la crise qui s’allonge engendre une rémunération du travail des sylviculteurs et des acheteurs
qui n’est pas à la hauteur du travail fourni.
Le point positif est que l’exploitation des chablis a permis le montage de dossiers de
reconstitution qui va permettre de régénérer la forêt du Pays d’Armagnac.
Un fait important pour l’organisation de la filière forêt-bois pourrait avoir lieu en 2012, puisque
les principales coopératives du grand sud-ouest (CAFSA, COFOGAR, FORESTARN)
envisagent de se regrouper. Que va donner cette nouvelle organisation pour la filière bois en
générale et quelle sera son influence sur la filière gersoise?
12
1.6 Contexte socio-économique
1.6.1 La population du massif
Sur le Pays d’Armagnac, la population recensée sur la période 1999-2006 est de 43 516
habitants pour 1 722.25 km² soit 25 habitants / km².
1.6.2 La filière bois du Pays d’Armagnac
- Les exploitants forestiers gersois :
-
Coopérative des Producteurs de Bois (ex : CO.SY.GA.) à Auch
Armagnac Bois à Miélan
Christophe Bastié à Lannemaignan
Scierie Landes à Galiax
Scierie Bonnet à Cazaubon
Scierie Ortyl à Ayzieu
- Les autres exploitants forestiers intervenant sur la zone :
- Adour Foret Services, A.F.S. (65)
- Société d’Exploitation des Bois du Sud-Ouest, S.E.B.S.O. (31)
- Européenne des Bois à Toulouse (31)
- CO.FO.GAR. (Coopérative Forestière Garonnaise) (31)
- C.A.F.S.A. (40) et (47)
- Dertheil (47)
- Mehats (47)
- Noval (47)
- Ets Lapassade (64)
- Ets Idiart (64)
- Ets Canadell à Trie sur Baïse (65)
- Ets Ribeiro (31)
- Ets Mathou (09)
-Les scieries :
-
Celles citées ci-avant
Scierie Gauran à Ligardes (32)
Scierie Dugros à Castéra Lectourois (32)
En dehors du marché espagnol et des structures importantes des régions Midi-Pyrénées et
Aquitaine qui interviennent sur l’ensemble du département (Xilofrance, Tembec, Paper
Excellence BV), la filière bois locale est presque inexistante sur la zone. A l’échelle forestière,
l’économie ne se traduit pas sur du local mais sur un rayon d’action de 250 km. Or, dans une
filière, il y a le producteur, l’exploitant et le transformateur. Sur le massif du Pays d’Armagnac, le
maillon transformateur est peu développé. Comment faire pour développer ce secteur de la
transformation ?
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Après avoir interrogé des professionnels forestiers sur le devenir de la filière bois locale, les
ressentis sont de nature plutôt négatives. D’abord, la mise aux normes de leurs matériels de
production représente une part importante de leur investissement financier qui n’est pas
récompensé à cause d’un manque flagrant de marché. Ce manque de débouchés, accentué
par la crise économique actuelle et la disparition des entreprises d’ameublement comme
Lasserre et Fitan, ne leur permet pas d’avoir la trésorerie nécessaire pour se diversifier
notamment pour investir dans la 2ème transformation (rabotage : parquet, clin, lame de terrasse)
comme ils souhaiteraient pour la plupart.
En plus de cela, s’ajoute un manque de bois de qualité notamment pour le chêne qui est l’une
des essences la plus demandée et transformée dans le département. Malheureusement, depuis
la tempête Klaus, on peut également rajouter au manque de qualité des bois, le problème de la
quantité. Seul le peuplier arrive à sortir son épingle du jeu.
La succession des différentes scieries est menacée car, pour la plupart, l’objectif est d’arriver à
survivre dans les années à venir et jusqu'à la retraite sans but impératif de léguer à la
génération future.
D’une façon générale, la filière bois locale apparaît assez peu représentée et peu active dans le
département pour dynamiser le milieu forestier. Les relations entre professionnels ne sont
qu’occasionnelles ; chacun travaillant ses propres essences avec ses propres marchés de
niche.
1.6.3 La relation agriculture-forêt
La forêt privée est caractérisée par le morcellement et par le fait qu’elle est très liée au monde
agricole.
Sur ce secteur du Gers, l’agriculture est restée attachée à des productions traditionnelles
comme la vigne et le maïs . Lors des grands défrichements des années 1970-1980, cette zone a
été moins touchée que le reste du département en particulier que le quart Nord Est.
1.6.4 La pratique de la chasse
Les forêts sont sensibles aux dégâts causés par les cervidés (chevreuil essentiellement),
lorsque les densités de populations dépassent un seuil variable suivant les milieux, les
essences et les itinéraires sylvicoles.
Des dégâts peuvent être parfois occasionnés par les rongeurs, les lièvres et les lapins.
La forêt Gersoise, de part sa structure et sa diversité, est souvent un milieu favorisant
l’accroissement du nombre d’ongulés sauvages. Le chevreuil est présent sur toute la zone.
Dans certains territoires, il est constaté une augmentation du nombre de chevreuils. Cette
augmentation doit tenir compte des conditions nécessaires au renouvellement de la forêt,
notamment par régénération naturelle ou par régénération artificielle. Sinon, elle peut devenir
localement incompatible avec les objectifs sylvicoles, voire mettre en péril les peuplements
existants, par abroutissement, frottis et occasionnellement écorçage, voire en empêchant toute
régénération.
14
La pratique la plus exercée est celle de la chasse à tir aux grands gibiers comme le sanglier et
le chevreuil.
Pour le sanglier, en forte augmentation ces dernières années, il n’occasionne pas trop de
dégâts aux bois.
Quant au chevreuil, après l’explosion de ces dernières années, due à des plans de chasse «
frileux », on peut dire à ce jour que la population ne progresse plus du fait d’une politique de
prélèvement ambitieuse.
Actuellement, la densité d’animaux se situe entre 5 et 10 animaux aux 100 ha.
Malgré cela, toutes les plantations, en particulier feuillues, doivent faire l’objet d’une protection
indispensable à la croissance des jeunes plants.
L’activité de chasse sur le territoire du Pays d’Armagnac est pratiquée par 140 demandeurs de
plan de chasse soit :
- 93 sociétés de chasse
- 40 privés
- 3 associations
- 4 ONF
Le plan de chasse attribué pour l’ensemble des demandeurs de chasse du Pays d’Armagnac
est de 3 340 chevreuils minimum et 3 877 chevreuils maximum (source : fédération de chasse 32)
En 2010, l’attribution était de 3 871 chevreuils et 3 208 étaient abattus (taux de réalisation de
83%).
Les plans de chasse couvrent presque la totalité de la surface forestière du Pays d’ Armagnac.
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Chapitre 2 :
Carte d’identité du massif forestier
du Pays d’Armagnac
16
2.1 L’utilisation actuelle des forêts
2.1.1 La forêt réservoir de bois
Les propriétaires des parcelles boisées utilisent les parcelles au coup par coup : lorsqu’un
besoin en bois se fait sentir, on va chercher les piquets, le bois de chauffage, quelques grumes
pour les faire scier. Lorsqu’on a un besoin d’argent, on vend en bloc et sur pied à un exploitant
forestier. La gestion durable des parcelles pour une valorisation à long terme, c’est à dire leur
amélioration n’est pas connue sur le secteur : il faut la mettre en place ! (voir chapitre 3 : pistes
de développement)
2.1.2 La forêt loisirs
Comme sur l’ensemble du département, la cueillette des champignons est très prisée. Elle est
pratiquée, souvent au détriment des propriétaires, par des personnes venues de l’extérieur.
Cela ne va pas sans poser de problèmes de cohabitation et des réglementations locales
apparaissent.
Dans de nombreuses communes, des sentiers de randonnée ont été balisés en boucle à partir
des centres de village.
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2.2 Les propriétaires forestiers du massif
D’après le cadastre 2008, le massif forestier du Pays d’Armagnac comprend 23 898 ha de
forêt privée pour 10 136 propriétaires soit une moyenne de 2.36 ha par propriété. Cette
moyenne est supérieure à la moyenne du département (1.69 ha par propriétaire), ce qui fait de
ce territoire l’une des zones les plus boisées du Gers.
Répartition de la propriété forestière privée par classe de surface
dans le Pays d'Armagnac
8 000
6 000
7 000
5 000
4 000
5 000
4 000
3 000
3 000
2 000
Nombre de propriétés
Surfaces des propriétés
6 000
2 000
1 000
1 000
0
< 1 ha
1-4 ha
4-10 ha
10-25 ha
> 25 ha
surface
2 045
7 274
7 331
4 671
2 577
nombre
4 989
3 562
1 206
324
55
0
Sur le Pays d’Armagnac, la forêt publique est représentée par 1 164 ha sur 103 communes.
Pour plus de la moitié des communes, elles ne possèdent pas plus de 2 ha.
18
2.3 La gestion forestière actuelle du massif
2.3.1 Les forêts privées dotées d’un Plan Simple de Gestion et
d’un Code de Bonnes Pratiques Sylvicoles
Le Plan Simple de Gestion
De quoi s’agit-il ?
C’est un document technique qui comporte l’identification du propriétaire forestier et celle de sa
forêt et dont la finalité est la mise en valeur des peuplements forestiers.
Il comporte une partie descriptive, une partie indiquant les objectifs que se fixe le propriétaire et
une partie exposant le programme de coupes et de travaux envisagé par ce propriétaire.
Ce document est obligatoire pour les propriétaires possédant plus de 25 ha de bois, mais tout
propriétaire forestier possédant plus de 10 hectares peut en rédiger un et le faire agréer par le
Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF).
Pourquoi ?
Rédiger ce document est l’occasion pour le propriétaire de mieux connaître sa forêt et ses
potentialités et d’élaborer un programme de gestion forestière. Il permet de définir des ordres
de priorité quant aux opérations envisagées. C’est un outil indispensable dans la durée.
Il sécurise le propriétaire dans ses choix de gestion et lui facilite la prise de décisions en
fonction de ses moyens et de ses souhaits.
Il est souple et peu contraignant puisque les opérations prévues peuvent être avancées ou
retardées de 5 ans sans demande d’autorisation. Sa durée doit être comprise entre 10 et 20
ans et il peut être modifié à tout moment pour des raisons justifiées.
Il constitue une garantie de gestion durable, donnant accès aux aides publiques à
l’investissement et à des avantages fiscaux (successions et ISF).
Comment le rédiger ?
Avant de rédiger ce document, le propriétaire doit avoir pris connaissance du Schéma Régional
de Gestion Sylvicole (SRGS) pour les forêts privées de la région Midi-Pyrénées, mis à sa
disposition par le CRPF.
Il est invité à utiliser le plan-guide édité et proposé par le CRPF Midi-Pyrénées, qui, avec sa
note explicative, précise ce que le PSG doit contenir et aide le rédacteur dans sa réflexion.
Il peut participer aux formations proposées sur ce thème par le Centre Régional de la Propriété
Forestière.
Le propriétaire peut rédiger lui-même son plan simple de gestion. Mais il peut aussi faire appel
aux services d’un expert forestier agréé ou à ceux d’une coopérative forestière. Mais dans tous
les cas, c’est lui seul qui signe et présente ce document, pour agrément, au CRPF.
Faire appel à un " homme de l’art " pour la rédaction de son plan simple de gestion peut donner
droit à des aides financières de l’Etat. Pour les obtenir, le propriétaire devra préalablement
s’adresser à la Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt, dans le département où
est localisée sa forêt.
Le PSG n’est pas destiné à rester dans une bibliothèque. Il serait utile pour le propriétaire de
l’annoter et de le compléter lors de chaque intervention en forêt.
C’est en deux mots le livre de sa forêt qui lui permettra de la faire vivre et de garder une trace
des actions menées pour les successeurs.
Sur le Pays d’Armagnac, il y a 37 plans simples de gestion (PSG) pour une surface totale
de 1 972.30 ha.
19
Le Code des Bonnes Pratiques Sylvicoles
De quoi s’agit-il ?
Selon les dispositions de la loi d’orientation sur la forêt du 9 juillet 2001, un Code des Bonnes
Pratiques Sylvicoles (CBPS) a été élaboré par le CRPF Midi-Pyrénées. Conforme au Schéma
Régional de Gestion Sylvicole, ce CBPS ne s’applique qu’aux forêts privées.
Il comprend :
-des fiches correspondant aux cinq grands types de peuplements forestiers que l’on peut
rencontrer, avec pour chacun, des principes de bonne sylviculture en vue d’une gestion durable
;
- un schéma permettant de relier ces cinq grands types de peuplements ;
- des recommandations générales pour valoriser ses bois, assurer la pérennité des
peuplements et garantir la protection de la nature ;
- un supplément attirant l’attention du propriétaire sur les divers enjeux à prendre en compte
dans la gestion de sa forêt (chasse, paysage, diversité végétale et animale, eau, …);
- un imprimé de déclaration d’adhésion au CBPS.
Pourquoi y adhérer ?
Pour les propriétés forestières qui ne relèvent pas obligatoirement d’un Plan Simple de Gestion
(PSG), l’adhésion du propriétaire au CBPS, constitue une présomption de gestion durable qui
donne accès à toutes les aides en matière d’investissement forestier ainsi qu’à des
exonérations fiscales lors des successions. Cette adhésion est volontaire, mais elle devient
obligatoire pour le propriétaire bénéficiaire de ces avantages.
Cette adhésion affirme également une prise en compte des différentes fonctions de la forêt
(fonctions économique, environnementale et sociale).
Elle va dans le sens des démarches de certification forestière favorisant les débouchés
commerciaux du bois.
Comment y adhérer ?
Le CBPS est consultable au Centre Régional de la Propriété Forestière (CRPF) de MidiPyrénées, ainsi que dans les Chambres Départementales d’Agriculture, les Directions
Départementales des Territoires (DDT) et la Direction Régionale de l’Agriculture, de
l’Alimentation et de la Forêt (DRAAF).
Pour formaliser son engagement, le propriétaire renseigne la déclaration d’adhésion jointe au
CBPS, en faisant état des références cadastrales de la propriété concernée, et y joint un plan
de situation (extrait de carte IGN) et une copie du plan cadastral. Après avoir daté et signé sa
déclaration, le propriétaire l’envoie au Centre Régional de la Propriété Forestière, qui
l’enregistrera.
Le propriétaire conserve une copie de son engagement qui lui permet de prouver auprès des
services déconcentrés de l’Etat qu’il a bien adhéré au CBPS.
D’une durée de dix ans, l’engagement du propriétaire est renouvelable, à terme. Pour l'obtenir,
il suffit d'en faire la demande au siège du CRPF ou directement auprès des techniciens
départementaux.
Il y a 66 CBPS pour une surface de 582.71 ha.
Ce sont les seules propriétés qui ont des objectifs de gestion clairement affichés, il serait
intéressant d’augmenter le nombre de documents de gestion sur la zone du Pays d’Armagnac
afin de fournir aux propriétaires les moyens nécessaires d’aide à la décision en ce qui concerne
leur propriété forestière.
La gestion sur ce territoire est difficile du fait d’un fort morcèlement des parcelles mais
également à cause du relief qui dans certains cas provoque des talwegs. Ces zones
inaccessibles pour l’agriculture ont été laissées à l’abandon et se sont boisées naturellement.
Leur accès étant difficile, aucune sylviculture n’est possible.
20
2.3.2 La forêt est-elle en danger ?
La réponse est oui.
En effet, la tempête de janvier 2009 a détruit
une grande partie de la forêt gersoise. Par
manque d’argent et de volonté, un certain
nombre de propriétaires ne feront pas le
nécessaire pour reboiser les massifs. Pourtant,
l’Etat a mis en place une subvention
d’exploitation et de remise en état boisé des
massifs mais qui, dans certains cas, ne suffit
pas à décider les propriétaires d’entreprendre
les travaux sylvicoles.
D’autre part, la non-gestion des massifs a
entrainé un vieillissement des forêts à tel point
qu’à l’heure actuelle, les massifs forestiers sont
en train de mourir.
Une régénération des peuplements devient
obligatoire.
Une dégradation sanitaire des peuplements résineux (notamment sur le pin maritime et taeda)
commence à voir le jour avec la multiplication du scolyte.
21
2.3.3 Quelles sont les conséquences de la non-gestion ?
La non-gestion des forêts engendre une perte de revenus pour les propriétaires. Ne pas
gérer ses bois, c’est à dire ne pas effectuer les coupes nécessaires et ne pas créer d’accès
maintient les peuplements dans un état de qualité médiocre : la proportion de bois d’œuvre
reste faible, la proportion de bois d’industrie est majoritaire. Les revenus du propriétaire
resteront limités. Il faut, pour améliorer la qualité, effectuer des éclaircies qui permettent aux
plus beaux arbres de se développer.
Cependant la non-gestion est également une opportunité de développement pour les
territoires. La ressource en bois pour la filière bois locale laisse le champ ouvert à des
perspectives non négligeables pour l’emploi. La ressource énergétique de proximité,
entièrement renouvelable peut être mobilisée et gérée durablement.
Une meilleure gestion ou une gestion plus raisonnée, permet une meilleure valorisation, il
faut donc s’engager à réaliser de la gestion forestière :
22
2.4 La composition des forêts privées du massif
Afin de mieux appréhender les potentialités forestières du territoire et d’avoir une vision
estimative des opérations d’amélioration, de récolte,… qu’il y aurait à mener à moyen terme (5
ans), le CRPF Midi-Pyrénées a créé une méthodologie et un outil d’estimation de données
forestières « Bd PDM MP 2004-2014© ».
A partir des données cartographiques de l’Inventaire Forestier National, de photographies
aériennes et de la base « Bd PDM MP 2004-2014© », le technicien forestier a parcouru et
caractérisé sur 22 239 ha, toutes les forêts privées du pays d’Armagnac de plus de 2.5 ha.
(unités d’une certaine homogénéité susceptibles de justifier d’une gestion identique).
Il en résulte des cartes thématiques estimatives sur l’ensemble du massif synthétisant les
principales constatations forestières : types de peuplements, améliorabilité, récoltabilité,
accessibilité,…
Remarque : De façon globale, la surface de forêt privée inventoriée est supérieure à celle donnée par le
cadastre. Cette variation de surface s’explique par la différence de définition du terme « forêt/état boisé »
faite par le cadastre d’une part et l’Inventaire Forestier National d’autre part. De plus, les chiffres
mentionnés par le cadastre correspondent à l’état global des déclarations faites par les propriétaires, qui
ont parfois un certain retard de mise à jour, suite à l’abandon de l’exploitation régulière de très
nombreuses parcelles agricoles qui se sont ensuite boisées.
Les résultats ci-dessous présentent les données forestières récoltées sur l’ensemble du
Pays d’Armagnac.
2.4.1 Les types de peuplements
Types de peuplements
12034
12000
10000
8000
4741
6000
4000
2000
2058
1349
891
498
581
27
60
Peuplements
Ac
cru
s(
Pa
co
rc
lon
nis
ati
on
na
t.)
im
pro
du
cti
ve
Zo
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ou
se
mi
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at.
Fu
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e
0
Co
up
er
as
e
Surface en ha
14000
23
Ø Les futaies taillis :
Elles représentent 12 034 ha de peuplements (54% de la surface forestière privée inventoriée).
On appelle également ces mélanges des taillis avec réserves. Ces peuplements sont les
témoins d’une gestion en taillis sous futaie et de ses dérives.
Il s’agit de peuplements forestiers composés d’un taillis plus ou moins améliorable dans lequel
on rencontre des réserves de chênes (97%) ou de pins (2%) souvent âgées et de densité très
variable, suivant les propriétés.
Pour une grande majorité, ces peuplements sont difficilement améliorables et souvent
composés de gros bois.
24
Ø Les futaies :
Elles représentent 4 741 ha de peuplements (21% de la surface forestière privée inventoriée).
Ces futaies sont, pour l’essentiel, composées de pin maritime et pin laricio, la proximité des
landes et le sol (sable fauve) en sont certainement la cause.
Pour le reste, ces futaies sont composées de chênes nobles, parfois de qualité intéressante,
d’aulnes, de chêne rouge d’Amérique, de cèdres et de douglas.
Ø La Peupleraie :
Elle représente 1 349 ha soit 6 % de la surface forestière privée inventoriée.
Comme il se doit, cette peupleraie occupe les fonds des vallées des divers cours d’eau qui
traversent le territoire du Bas Armagnac.
Cette peupleraie toujours performante, évolue en fonction des nouveaux clones mis sur le
marché :
Les variétés les plus employées sur l’Armagnac sont le I214 et le I45/51. Dans une moindre
mesure le Dorskamp est globalement présent. Les variétés Koster, Polargo, Soligo
commencent à faire leur apparition.
25
Ø Les taillis simples :
Ils représentent 9% de la surface forestière privée inventorié.
Ce sont des peuplements issus de coupes rases feuillues composés d’essences diverses :
chênes, aulnes, charme, châtaignier, robinier faux acacia, hêtre, eucalyptus et feuillus précieux.
Pour l’essentiel, ces peuplements ne sont pas améliorables et la grosseur des bois va jusqu’à
bois moyen pour l’essentiel.
Dans l’avenir, les taillis de chênes pourront être améliorés contrairement aux taillis de
châtaignier souvent dans un état phytosanitaire médiocre.
Ø Les jeunes plantations :
Qu’elles soient issues de régénération naturelle ou artificielle, elles représentent 891 ha soit 4%
de la surface forestière privée inventoriée.
La demande en plantation a toujours été très forte sur le secteur, que ce soit en vue du
boisement de terre agricole ou en reboisement suite à des coupes rases.
Les essences dominantes sont le pin maritime et laricio, le reste est divisé avec une proportion
de chêne rouge d’Amérique, de chêne, de peuplier, de châtaignier, de cèdre, de hêtre, de
bouleau et de noyer.
Ø Les coupes rases :
498 ha soit 2% de la surface forestière privée inventoriée. Ce sont des peuplements exploités
depuis moins de 5 ans et pas encore régénérés.
Ø Les zones improductives et accrus :
641 ha soit 3% de la surface forestière privée inventoriée.
Ø Les parcs de jardin:
27 ha soit moins de 1% de la surface forestière privée inventoriée.
26
2.4.2 Les essences principales
Seules les essences principales les plus représentatives des peuplements du Pays d’Armagnac
sont ici détaillées.
Essences principales des peuplements
16 000
14 627
14 000
10 000
8 000
6 000
3 170
4 000
2 000
428
18
69
458 392 153 63
858
64
1
42
56
78
15
1 506
121
7
4
111
Hê
tr
no
ne e
sti
mé
Pe
N
oy
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ers
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ble
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ou
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â
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ie
mé
riq r
ue
Surface en ha
12 000
Essences
27
Ø Les chênes nobles représentés par le chêne pédonculé et le chêne rouvre, sont les
essences les plus présentes avec 14 690 ha de peuplements soit 66%. Souvent indifférenciés
dans les peuplements, ils produisent un bois de qualité qui en fait les essences « phares » de
ce territoire.
Le chêne pédonculé occupe les fonds de vallées et les terrains frais, il constitue l’essentiel des
futaies alluviales.
Le chêne rouvre ou sessile occupe des stations moins fertiles. Il mérite une attention toute
particulière du fait de ses besoins en eau plus réduits.
Ø Les pins maritime et laricio, les secondes essences du « Bas Armagnac »,
occupent 3 170 ha soit 14%. Ils sont situés sur les terres acides et s’adaptent parfaitement aux
sables fauves. Ils produisent un bois de qualité.
Ø Le peuplier occupe 1 506 ha de peuplements soit 7%, généralement dans des
peupleraies de culture.
Ø Le châtaignier, 392 ha soit 2%, il est très présent soit en accompagnement avec les
chênes soit, plus rarement, en peuplement pur. Toutefois, il faut faire attention à son état
sanitaire très sensible au chancre et à l’encre.
Ø Le chêne rouge d’Amérique occupe 153 ha de peuplements soit 1%, généralement
sur des petites surfaces lorsque le sol n’est pas adéquat pour les chênes communs.
Ø L’aulne glutineux occupe 428 ha soit 2% en fonds de vallée très humides voir
asphyxiés, il présente l’avantage de ne demander aucune intervention particulière, si ce n’est
de le récolter avant qu’il ne se dégrade.
Ø Le charme occupe 458 ha de peuplements soit 2%.
Ø Le robinier faux acacia occupe 111 ha de peuplements soit 0.5%.
Ø Le cèdre occupe 69 ha de peuplements.
Ø Le hêtre occupe 15 ha de peuplements.
Ø Le noyer occupe 121 ha de peuplements soit 0.5 %.
28
2.4.3 Etat sanitaire des peuplements
Ce critère qualitatif permet d’évaluer l’état de dépérissement du peuplement. Le critère sanitaire
est un critère de bon état général du peuplement.
Un peuplement est considéré comme bon si l’ensemble de ses arbres a un avenir jusqu'à leur
maturité.
Du fait de l’échelle de travail (1/25 000 ) et de la superficie assez élevée des entités sur lesquelles
nous travaillons, il a été établi de renseigner ce champ, à dire d’expert, en % de l’entité étudiée.
Ainsi,
Etat sanitaire bon: à dire d’expert, on estime qu’entre 0-10% du peuplement de l’entité est atteint
de dépérissement.
Etat sanitaire moyen: à dire d’expert, on estime qu’entre 10-25% du peuplement de l’entité est
atteint de dépérissement.
Etat sanitaire mauvais: à dire d’expert, on estime qu’entre 25-50% du peuplement de l’entité est
atteint de dépérissement.
Etat sanitaire médiocre: à dire d’expert, on estime que plus de 50% du peuplement de l’entité est
atteint de dépérissement.
Les maladies des arbres les plus fréquentes sont favorisées lorsque les conditions de climat ou
de sol sont défavorables.
Les attaques peuvent être dues à des insectes ravageurs (lépidoptères, coléoptères,
hyménoptères) ou à des champignons, parfois à des bactéries ou des virus.
Les problèmes phytosanitaires généraux concernent le plus souvent les chênes, le châtaignier,
les pins et les peupliers.
Les principaux problèmes phytosanitaires connus à ce jour sont :
Essences
concernées
Problème
sanitaire
Chancre de
l’écorce
(Cryphonectria
parasitica)
Châtaignier
Maladie de l’encre
(Phytophthora
cinnamomi,
Phytophthora
cambivora)
Maladie de l’encre
(Phytophthora
cinnamomi)
Caractéristiques
principales
Champignon du tronc.
L'écorce devient localement
rougeâtre, puis se fissure et
se craquèle. Ensuite se
développe un chancre à
l'aspect tourmenté
(fructifications rouges sur le
tronc, nécroses du tronc et
souvent dessèchement du
feuillage au dessus du
chancre). Dépréciation
localisée du bois et mortalités
possibles.
Champignon racinaire qui
provoque des nécroses en
forme de flammes à la base
du tronc. Les écoulements
noirâtres caractéristiques de
cette maladie sur chênes sont
très rares sur châtaignier.
Dépérissement d’arbres
disséminés ou groupés en
taches.
Champignon des racines.
Taches brunes suintantes à
la base du tronc.
Incidences sur la sylviculture et
lutte
Eviter les blessures du tronc lors de
l’exploitation. La prolifération du
chancre de l’écorce peut rendre vaine
toute opération sylvicole, notamment si
le nombre de tiges atteintes est
supérieur à 3 0 %. La lutte curative n’est
possible qu’en verger ; elle est illusoire
en forêt
Eviter les tassements, en particulier sur
sols limoneux. Eviter d’utiliser des
engins lourds en période humide.
Aucun moyen de lutte curatif.
Dépréciation de la bille de pied. Ne pas
utiliser cette espèce sur les sols
engorgés d’eau, même
temporairement.
29
Collybie à pied en
fuseau (Collybia
fusipes)
Chêne rouge
d’Amérique
Rouilles
(Melampsora sp.)
Peupliers Cultivars :
Maladie des taches
Luisa Avanzo, Beaupré, brunes (Marssonina
Boelare, Hunnegem)
brunea)
Champignons racinaires, en
touffes au pied de l’arbre, de
Eviter les deuxièmes générations de
juin à septembre. Nécroses
chênes
en cas de très forte atteinte en
orangées sous l’écorce des
première génération.
racines. Mortalité des arbres
atteints.
Exploitation des peuplements
dépérissants. Choisir des cultivars
tolérants et limiter la surface plantée
avec un même clone. Le mélange pied
à pied n’apporte rien ; il vaut mieux
Champignons foliaires
faire des mélanges d’unités (2 à 4 ha)
(pustules orangées sur la
par cultivar. Des traitements peuvent
face inférieure des feuilles) être envisagés pour mener à terme un
provoquant une défoliation
cultivar qui se révèle sensible. Le
plus ou moins précoce.
traitement ne doit pas être envisagé de
façon systématique comme un outil
permettant d’utiliser des cultivars déjà
reconnus sensibles. Ces traitements
sont surtout adaptés et efficaces dans
des peupleraies de moins de 7 – 8 ans.
Champignon foliaire
(ponctuations brunes)
Arbres morts ou trop fortement atteints
(dessèchement du houppier).
Insecte piqueur-suceur.
Traitement insecticide homologué mais
Feutrage blanc sur le tronc et
mise en oeuvre difficile. Intervenir de
les branches. Affaiblissement,
façon précoce avant que les colonies
casse, parfois dépérissement
Cultivars :
ne soient trop développées.
des arbres très attaqués.
Essentiellement le
Dégâts spectaculaires sur jeunes
cultivar I214, parfois
Cette chenille de papillon
plantations, mais conséquences
Dorskamp et I 45/51
Chenille
nocturne cause des
limitées sur peuplements adultes.
fréquemment sur Triplo processionnaire du
défoliations hivernales
Traitements possibles à réserver aux
pin (Thaumetopoea
d'intensités variables,
jeunes plantations très atteintes, ou à
pityocampa)
pouvant être totales.
proximité des zones urbanisées
(chenille aux poils urticants).
Retard de croissance très important
dans les jeunes plantations, pouvant
Les pins (et notamment le pin aller jusqu’au dépérissement. La grêle
Blessures dues à la laricio et le pin sylvestre) sont favorise également le développement
grêle.
très sensibles aux impacts
de pathogènes de faiblesse
des grêlons.
(Sphaeropsis sapinea) et des
ravageurs secondaires (Scolytes,
pissode).
Puceron lanigère
(Phloeomyzus
passerinii)
Pins
Scolytes
Différentes espèces
d'insectes inféodées à un ou
plusieurs résineux et dont les
larves creusent des galeries
sous l'écorce.
Les scolytes sont de façon générale des ravageurs
de faiblesse qui, dans des situations normales,
attaquent surtout des arbres préalablement
affaiblis. En phases épidémiques généralement
provoquées par des accidents climatiques, les
scolytes peuvent attaquer des arbres vigoureux.
Dans ces conditions, ils peuvent causer des
mortalités sur de grandes surfaces. L'extraction
rapide des arbres atteints est recommandée dès
les premiers symptômes (écoulements de résine,
jaunissement). Eviter le stockage prolongé de bois
à proximité des peuplements ou prévoir
éventuellement le traitement des tas de bois
fraîchement exploités, en lisière. Le traitement
curatif des arbres sur pied est économiquement
impossible. De façon préventive, dans les périodes
à risques, réaliser les éclaircies, les dépressages
et les élagages en automne ou au début de l’hiver.
30
Tous résineux
Pins :
Sapins :
Douglas :
Fomes
(Heterobasidium
annosum)
Ce champignon est associé à
certains dépérissements du
sapin de Vancouver. Mais
ces dommages sont
beaucoup plus rares que sur
épicéa. Le fomes est
responsable de mortalités
dans les jeunes plantations
de douglas réalisées sur
coupe rase d’épicéas ou de
pins contaminés. Il est
impliqué dans certaines
mortalités diffuses observées
dans de jeunes futaies,
souvent après éclaircies.
Champignon racinaire. Le
mycélium a l’apparence de
Armillaire
peau de chamois sous
(Armillaria ostoyae)
l’écorce. Fructifications en
touffes à la base des arbres
en automne ou début d’hiver.
Parfois pathogène primaire plus ou
moins agressif sur pin maritime. Plus
fréquemment pathogène de faiblesse
sur chêne dans le cadre de
dépérissements. Envisager des
substitutions d’essence :
- quand l’armillaire est pathogène
primaire sur résineux, par des feuillus
(si les conditions stationnelles le
permettent)
- quand l’armillaire est pathogène de
faiblesse, par une essence mieux
adaptée à la station.
Toutes espèces
feuillues et résineuses
31
Etat sanitaire des peuplements
522ha
486ha
962ha
Bon
Moyen
5555ha
Mauvais
Médiocre
14714ha
non estimé
Les 2/3 des peuplements (14 714 ha) ont été jugés dans un bon état sanitaire, ce qui est plutôt
encourageant.
32
2.4.4 L’améliorabilité des peuplements
Le critère « d’améliorabilité » est un critère qualitatif de potentialité qui signifie que
le peuplement contient suffisamment d’arbres d’avenir. C’est ainsi que l’on
nomme les arbres susceptibles de fournir du bois d’œuvre dans le peuplement
final. L’essence doit être adaptée à la station pour produire un bois de qualité. Le
nombre d’arbres d’avenir varie selon les essences, il doit être de trente par
hectare minimum. Un arbre d’avenir est un arbre qui possède un tronc droit, sans
défaut majeur, qui a un houppier volumineux et équilibré. Il vaut mieux
sélectionner un arbre avec un léger défaut mais vigoureux plutôt qu’un très bel
individu au houppier étriqué. Dans le cas du châtaignier, les arbres d’avenir
doivent être exempts de chancre (ou avoir des chancres cicatrisés) et permettre
l’obtention d’une bille propre d’au moins six mètres.
Du fait de l’échelle de travail (ensemble du Pays d’Armagnac) et de la superficie assez élevée des entités
sur lesquelles nous travaillons, il a été établi de renseigner ce champ, à dire d’expert, en % de l’entité
étudiée. Ainsi,
0% d’amélioration signifie, qu’à dire d’expert, on estime que la totalité du peuplement de l’entité
n’est pas améliorable.
1-25% d’amélioration signifie, qu’à dire d’expert, on estime que près d’un quart du peuplement de
l’entité est améliorable.
25-50% d’amélioration signifie, qu’à dire d’expert, on estime qu’entre un quart et la moitié du
peuplement de l’entité est améliorable.
50-75% d’amélioration signifie, qu’à dire d’expert, on estime qu’entre la moitié et les trois quart du
peuplement de l’entité est améliorable.
75-100% d’amélioration signifie, qu’à dire d’expert, on estime qu’entre les trois quart et la totalité
du peuplement de l’entité est améliorable.
Améliorabilité des peuplements
320ha
6185ha
0%
13480ha
1-25%
25-50%
354ha
50-75%
75-100%
1424ha
non estimé
477ha
13 480 ha ont été caractérisés comme possédant au moins 75% de leur surface améliorable.
Le type de peuplement le plus améliorable est celui de la futaie avec taillis : par conséquent,
cela représente beaucoup de peuplements en chênes améliorables.
A l’inverse, 6 185 ha de peuplements ont été jugés non améliorables. Ce ne sont pas pour
autant des surfaces sans intérêt puisqu’une futaie mûre n’est, par exemple, plus améliorable.
La partie non estimé représente les parcelles dépourvues de bois (coupe rase, zone improductive, accrus….).
33
2.4.5 La récoltabilité des peuplements
Le critère de récoltabilité est un critère économique conjoncturel.
Un peuplement est considéré comme récoltable si l’on considère, vu les contraintes du marché
au jour de la description, que la réalisation de l’opération envisagée, éclaircie ou coupe rase, va
générer des produits commercialisables (bois d’œuvre et bois d’industrie) susceptibles de fournir
un revenu au propriétaire.
Du fait de l’échelle de travail (ensemble du Pays d’Armagnac) et de la superficie assez élevée des entités
sur lesquelles nous travaillons, il a été établi de renseigner ce champ, à dire d’expert, en % de l’entité
étudiée. Ainsi,
0% de récoltabilité signifie, qu’à dire d’expert, on estime que la totalité du peuplement de l’entité
n’est pas récoltable.
1-25% de récoltabilité signifie, qu’à dire d’expert, on estime que près d’un quart du peuplement de
l’entité est récoltable.
25-50% de récoltabilité signifie, qu’à dire d’expert, on estime qu’entre un quart et la moitié du
peuplement de l’entité est récoltable.
50-75% de récoltabilité signifie, qu’à dire d’expert, on estime qu’entre la moitié et les trois quart du
peuplement de l’entité est récoltable.
75-100% de récoltabilité signifie, qu’à dire d’expert, on estime qu’entre les trois quart et la totalité
du peuplement de l’entité est récoltable.
34
Récoltabilité des peuplements
327ha
3397ha
510ha
0%
15647ha
1421ha
1-25%
25-50%
938ha
50-75%
75-100%
non estimé
Sur le massif, 18 006 ha de peuplement ont été jugés comme ayant au moins une partie de leur
surface récoltable. Parmi eux, 15 647 ha ont même été considérés comme récoltables à plus de
75% de leur surface. Ces estimations révèlent le fort potentiel de bois qu’il y aurait à valoriser
par des opérations d’amélioration ou de coupes rases.
Seuls 3 397 ha de peuplements sont considérés comme non récoltables du fait notamment de
leur jeune âge.
La partie non estimée représente les parcelles dépourvues de bois (coupe rase, zone improductive, accrus….).
35
2.4.6 Les conditions d’accès aux parcelles
La classification
suivante :
utilisée
est
la
desserte
satisfaisante,
aucun
problème,
- desserte à améliorer,
- desserte à créer, tout est à faire,
- desserte impossible à créer.
Accessibilité
1734ha
188ha
possible
4515ha
à améliorer
à créer
non estimé
15801ha
Au vu des résultats de la phase de terrain, il apparaît que l’accessibilité du massif est
globalement satisfaisante, puisque plus des ¾ des peuplements (15 801 ha) ont un accès jugé
possible. Pour le reste des peuplements, il existe des chemins d’accès, mais non adaptés à la
pénétration des engins d’exploitation actuels et qu’il faudrait donc aménager ou encore
demander une autorisation de passage aux voisins.
L’accessibilité du massif est donc un atout de taille puisque la quasi-totalité de la surface est
relativement bien desservie ou ne nécessite que des adaptations pour exploiter le bois du fait
du voisinage avec les cultures. Cela engendre quand même des répercutions sur le coût
d’exploitation et par conséquent sur le prix d’achat au propriétaire. En effet, exploiter le bois est
possible mais dans certains endroits, le bois doit être stocké loin des parcelles pour être
accessible par les camions.
36
Chapitre 3 :
Pistes de développement
37
3.1 Améliorer les peuplements
Pour le propriétaire il semble important de pouvoir récolter du bois sans effectuer une coupe
rase. Pour cela, il est indispensable de connaître les potentialités de son peuplement et de
pouvoir mettre en place une sylviculture adaptée. Dans de nombreux cas, une éclaircie
permettra une amélioration qualitative de sa forêt tout en ne négligeant pas le côté visuel et
paysager. Pour aider le propriétaire à gérer son massif, des documents de gestion durable
peuvent être élaborés. Ainsi, une trame des travaux sylvicoles est définie et le propriétaire n’a
plus qu’à la suivre.
Un certain nombre de peuplements particulièrement bien gérés avec des opérations
d’amélioration, ont été identifiés sur le territoire. Ils peuvent constituer des vitrines pour
sensibiliser les propriétaires forestiers à la gestion et l’amélioration des peuplements.
Sur les cartes ci-dessous sont mentionnés des peuplements forestiers particulièrement bien
gérés qui serviront de vitrines lors des actions d’animations auprès des propriétaires.
38
3.2 Quels produits bois peut-on espérer du massif ?
Dans un peuplement, plusieurs qualités de bois rond sont observées. Elles sont schématiquement
classées en trois grands types : le bois d’œuvre, le bois d’industrie et le bois énergie.
Bois d’oeuvre : bois nobles destinés à des usages « nobles » tel que charpente, menuiserie, tranchage.
Bois d’industrie : bois non aptes au sciage, déroulage ou tranchage, destinés à des emplois industriels
tels que papeterie, panneaux de particules.
Bois énergie : bois de moindre qualité valorisé en bois de chauffage (bûche) ou broyé en plaquettes
forestières.
Le tranchage et le déroulage sont des procédés de découpage du bois nécessitant des grumes
de très bonne qualité. Le déroulage du bois consiste à trancher une feuille assez fine de bois, dans un
billon qui tourne sur un tour spécial. Aucune entreprise du département ne travaille actuellement cette
qualité.
Le plot consiste à scier le billon en sa longueur pour obtenir des plateaux d’épaisseurs variables
utilisés dans la menuiserie et l’ébénisterie. Cette qualité accepte des légers défauts par rapport à la
qualité tranchage et déroulage. Dans notre massif d’étude, cette qualité peut représenter jusqu’à 15 % du
volume. Les essences concernées sont : hêtre, chêne, chêne d’Amérique, noyer et un peu de douglas et
pin maritime. Les entreprises Armagnac bois, Canadell utilisent cette qualité.
Le merrain quand à lui est uniquement en chêne pour fabriquer des douelles qui serviront à
fabriquer des tonneaux de vin et d’armagnac. Le merrain représente un très faible pourcentage du
volume à cause des nombreux défauts présents sur le billon : gélivure, brogne et rose, aubier, gros
grains, roulure, pourriture et fil torse. Les entreprises Lapassade, Idiart et Canadell utilisent cette qualité.
L’avivé et la charpente sont les deux qualités les plus représentées sur le territoire. Elles
peuvent représenter jusqu'à 60% du volume. Elles sont représentées aussi bien en résineux qu’en
feuillus. Les entreprises Bonnet, Ortyl et Lande utilisent ces produits. Malheureusement, la production est
supérieure à la demande sur le territoire.
La traverse est une qualité uniquement pour les essences chêne et hêtre. Il faut des arbres
longs pour avoir cette qualité ce qui n’est pas flagrant dans notre massif. Toutefois certaines qualités
(avivé, charpente) trop chargé en défauts peuvent être déclassées en traverse. On peut ainsi avoir
jusqu'à 30% du volume de nos massifs.
La palette est réservée en majorité aux essences résineuses.
Les emballages légers comme les cagettes utilisent du peuplier : les Etablissements Pere
travaillent notamment ce produit.
Le bois de chauffage concerne les bois de charme, chêne et hêtre qui ne peuvent pas être
classés en bois d’œuvre à cause de leurs défauts.
La trituration concerne l’ensemble des essences qui ne peuvent pas être classées en bois
d’œuvre à cause de leurs défauts. La différence avec le bois de chauffage est une exploitation jusqu'à un
diamètre fin bout plus petit. La seule entreprise utilisant ce produit n’est pas dans le département
puisqu’elle est située à St Gaudens. En revanche, son volume d’achat est très important
Selon les partenaires techniques, il pourrait être développé sur le massif :
- l’amélioration des sciages feuillus en pratiquant des interventions sylvicoles adaptées.
- la production de bois de chauffage intégrée dans une véritable filière « Bois Energie » locale.
- une meilleure prise en compte des bois dans certaines utilisations locales comme la
construction.
39
3.3 Se regrouper pour mieux gérer
Les actions Plans de Développement de Massif sur le Pays d’Armagnac doivent permettre, par
un travail soutenu auprès des propriétaires et des élus de :
- regrouper les chantiers pour faciliter leur exploitation,
- fidéliser des entreprises,
- mettre en place sur des zones plus petites une gestion concertée,
- minimiser les frais d’intervention.
Le regroupement : un outil, une nécessité :
Pour mener des actions dans le but d’une amélioration du terrain concerné. Le regroupement
est avant tout ponctuel, c’est à dire dans le cadre d’une action déterminée, le plus souvent
d’ailleurs sylvicole (éclaircie, élagage, reboisement, etc…)
On peut également envisager le regroupement pour la gestion, qui peut être formalisé par la
réalisation d'un document concerté, prenant en compte plusieurs propriétés individuelles pour
coordonner leurs projets de coupes et de travaux et ainsi s'adresser de façon organisée aux
intervenants économiques.
En résumé, le regroupement est une nécessité pour mener des actions avec plus d’efficacité
sur l’ensemble du massif qu’elles soient ponctuelles ou plus suivies ; la décision dans le temps
incombe aux propriétaires mais il nous appartient en retour d’informer ces derniers sur les
avantages et les inconvénients des différents types de regroupement.
3.4 Proposition de zones d’action
Suite aux prochains contacts avec les élus et les propriétaires, un certain nombre de zones
d’actions de développement seront identifiées et animées.
Néanmoins grâce à la présente carte d’identité du massif, le CRPF a individualisé certaines
zones forestières à fortes potentialités où des projets de gestion concertée entre plusieurs
propriétaires pourraient être engagés.
Suite au constat de la première phase, trois zones apparaissent
intéressantes à valoriser du fait de leurs potentialités forestières :
Bois de Bascaules Surface : 100 ha (PDM Bas Armagnac, entité
n°115)
Commune du Houga
Peuplements améliorables à plus de 50% essentiellement constitué de
chêne – hêtre - châtaignier en taillis avec réserve et de jeune futaie de
pin maritime pour une infime partie. Ce massif a été touché par la
tempête qui a occasionné des dégâts.
Une analyse foncière devra être réalisée.
La desserte déjà installée est en partie utilisable, les efforts de
complément seront légers.
Cette zone bénéficie d’une position fortement visible, qui permettra
d’apprécier au mieux les opérations d’amélioration forestière tant au
niveau patrimonial que paysager.
Objectif : améliorer les peuplements en place, faciliter leur desserte et
le regroupement afin de réaliser des opérations économiquement
viables et reconstituer les peuplements du massif à travers des coupes
d’ensemencement ou de préparation à la plantation.
40
Bois de Callian Surface : 106 ha (PDM du Fezensac, entités
n°270-408)
Commune de Callian et Cazaux d’Anglès
Peuplements de taillis avec réserves, améliorables à plus de
75%, essentiellement constitués de chênes en futaie et de taillis
de charme. L’accès aux parcelles est possible mais mériterait
d’être amélioré pour faciliter les opérations sylvicoles.
L’état sanitaire du peuplement jugé correct et sa non maturité
permettraient d’envisager des travaux d’éclaircies mais pour
cela, une animation foncière semble être prioritaire.
Secteur Fontaine de la Palombière et Le
Pédevant
Surface : 93 ha (PDM du Grand
Armagnac, entités n°236-109-209-105-234)
Commune d’Eauze
Peuplements non améliorables essentiellement
constitués de chêne – hêtre - châtaignier en taillis
avec réserves ou taillis simple et de jeunes futaies
de pin maritime pour une infime partie. Des zones
improductives (coupe rase ou friche) sont
également présentent sur une très faible partie du
massif. Ce massif a été touché par la tempête qui a
occasionné beaucoup de dégâts.
Une analyse foncière devra être réalisée.
La facilité d’accès ne permet pas une desserte
suffisante pour une bonne exploitation, des efforts
de complément seront à prévoir.
Cette zone bénéficie d’une position fortement
visible, qui permettra d’apprécier au mieux les
opérations d’amélioration forestière tant au niveau
patrimonial que paysager.
Objectif : Récolter les peuplements en place pour
régénérer le massif, faciliter leur desserte et le
regroupement afin de réaliser des opérations
économiquement viables et reconstituer les
peuplements du massif au travers des coupes
d’ensemencement ou de préparation à la plantation.
En fonction de la motivation des élus et des propriétaires forestiers, ces projets seront
développés et devraient permettre de donner une réelle ampleur à la démarche Plan de
Développement de Massif du Pays d’Armagnac.
41
3.5 Itinéraires sylvicoles et fiches techniques
Afin de mieux répondre aux attentes des propriétaires et de les encadrer d’une manière efficace
dans leurs projets de développement, les partenaires techniques (CRPF Midi-Pyrénées et
coopérative forestière CPB) ont créé et validé ensemble des itinéraires techniques, ainsi que
des fiches actions.
3.5.1 Itinéraires sylvicoles
Itinéraires rédigés en accord avec le Schéma Régional de Gestion Sylvicole approuvé le 26
janvier 2005 par le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche et de la Ruralité.
42
3.5.2 Fiches techniques
Fiche technique 1 : Coupe rase – Maintien en taillis simple
Ce régime est typique du massif car très lié d’une part à l’essence et d’autre part au contexte
économique local qui, jusqu’à une époque récente, permettait de valoriser au mieux ces petits bois.
Après la coupe rase, le taillis repousse à l’identique. Cette pratique n’engendre aucun frais et
correspond bien à l’intervention traditionnelle dans les peuplements à base de châtaignier pur (ou en
mélange) et dans les taillis de chêne.
Les coupes sont en général effectuées tous les 20 à 50 ans selon le produit recherché et selon
l’essence. Il est déconseillé, lors de la coupe, de laisser sur pied des arbres disséminés et arrivés à
maturité qui se dégraderont très rapidement.
Remarques :
Il n’y a pas d’amélioration du peuplement ; il peut même y avoir une dégradation à long terme si
le rythme des coupes est trop rapide ou si l’ensouchement est trop vieux.
Toutefois ce mode de gestion est parfaitement adapté au taillis de robinier et au taillis d’aulne glutineux
(Vergne).
43
Fiche technique 2 : Conversion en futaie par balivage en masse ou
éclaircie de futaie en masse
C’est une technique qui demande une certaine homogénéité du peuplement et une densité
suffisante d’arbres stables et dominants, si possible bien répartis : 80 à 120 par hectare environ. Il faut
observer le peuplement et repérer les arbres d’avenir.
On repère ces arbres dominants et on conserve, selon l’âge du peuplement, 4 à 6 tiges par arbre,
soit au total environ 300 à 1000 tiges par hectare. Toutes les autres tiges sont exploitées. Certains arbres
dépérissants, voire morts, peuvent être laissés à partir du moment où leur exploitation coûte cher et qu’ils
ne présentent aucun risque pour le peuplement ou pour les personnes.
Il est intéressant de conserver le sous-étage (autant que faire se peut), car celui-ci contribue à maintenir
une ambiance forestière et limite l’éclairement excessif des troncs.
L’ouverture de cloisonnements facilite l’abattage et le débardage.
Remarques :
- De nombreuses coupes pratiquées dans la région sont appelées à tort « balivage »: le sous
étage est supprimé, les quelques arbres (maigres et à houppier étriqué) conservés (souvent moins de
100 tiges par hectare) sont condamnés à court terme. Leurs troncs, éclairés brutalement, se couvrent de
gourmands. Cette pratique est à proscrire !
- Si le peuplement ne présente pas d’arbres d’avenir, ce qui est fréquent, l’application de cette
technique ne constitue pas une amélioration sylvicole, mais permet de rendre le peuplement plus
pénétrable et plus accueillant, tout en permettant une récolte de bois. Il est alors recommandé de
conserver les arbres dominants et stables (300 à 1 000 /ha). A noter que le maintien d’un couvert à 50%
améliore la production de cèpes (là où elle existait déjà).
44
Fiche technique 3 : Maintien de la gestion en mélange taillis-futaie par
détourage précoce des tiges d’avenir
On souhaite utiliser au mieux la diversité en espèces de certains très jeunes peuplements : jeunes taillis
(après coupe) ou accrus récents (développés sur anciennes terres agricoles).
Cette technique permet de favoriser particulièrement les fruitiers forestiers (sorbiers, alisiers, merisiers,
pommiers, poiriers), car ils sont très sensibles à la concurrence des autres espèces qui les éliminent très
rapidement (avant 10 ans). Elle permet de valoriser aussi les autres espèces, si ces dernières présentent
un bon potentiel.
Dès l’âge de 6 à 8 ans, (arbres de 3 à 4 mètres de haut), on repère (à la peinture ou avec des rubans par
exemple) 70 à 100 sujets à l’hectare. Ces arbres doivent impérativement être vigoureux et déjà bien
individualisés. L’intervention vise à supprimer toute concurrence au niveau du houppier, sur deux à trois
mètres de rayon, pour que les arbres sélectionnés restent en croissance libre.
Certains arbres dépérissants, voire morts, peuvent être laissés à partir du moment où leur exploitation
coûte cher et qu’ils ne présentent aucun risque pour le peuplement ou pour les personnes.
L’ouverture préalable de layons d’accès, tous les 10 à 12 m environ, est conseillée pour valoriser le
travail réalisé. On ne touche pas au reste du peuplement.
Cette intervention est à renouveler au moins trois fois dans les vingt premières années avant d’arriver à
un peuplement de type futaie qui sera alors traité comme telle.
On peut effectuer selon les besoins à chaque passage une taille de formation et un élagage des arbres
repérés.
Remarques :
Les espèces sélectionnées doivent être adaptées à la station et la concurrence à leur égard, pas encore
installée.
Cette technique est utilisable même dans les peuplements très hétérogènes qui sont fréquents dans la
région. Elle permet une grande souplesse d’intervention, elle est performante car elle permet d’utiliser au
maximum le potentiel de croissance des meilleurs sujets. L’impact paysager est faible.
45
Fiche technique 4 : Boisement et entretien des plantations
Un diagnostic initial est indispensable: la principale cause d'échec d'une plantation provient d'un choix
inadapté d'essence par rapport aux conditions du milieu.
Les populations de chevreuils étant importantes dans cette partie du Gers, il peut parfois être
recommandé de mettre en place des protections (coûteuses) pour éviter des dégâts importants aux
jeunes plants en particulier feuillus.
Préparation
Dans le cas de sols forestiers, on s'attachera à ne pas décaper les horizons de surface, ce qui
conduirait à une perte de fertilité minérale. Le dessouchage total doit être généralement évité.
Un reboisement se prépare dès la coupe. Des souches bien arasées et le rangement des branches
facilitent les travaux de préparation du terrain et les entretiens ultérieurs.
Dans le cas d’un boisement sur terre agricole, l'état de "propreté" apparente ne doit pas conduire
à sous-estimer la préparation du sol. En particulier on s'attachera, lorsqu'elles existent, à supprimer les
semelles de labour (tassement en profondeur se rencontrant en terrains riches en argiles). Un
désherbage chimique préalable permettra, si nécessaire, de limiter la concurrence des graminées.
Le choix de plants (ou de semences) de qualité est une nécessité :
- qualité génétique : une liste régionale recommande par essence, une provenance sélectionnée
adaptée à la région d'utilisation.
- état et conformation : un bon plant doit être jeune, frais, posséder une tige bien conformée, un
bon équilibre tige-racine et un système racinaire bien structuré.
La densité de plantation sera fonction de l'essence et de la provenance sélectionnée, des
capacités techniques et financières pour réaliser ou faire réaliser les travaux sylvicoles et de la
configuration du terrain permettant ou non les interventions mécaniques.
Réalisation
Le soin apporté aux travaux de mise en terre conditionne les performances futures :
- S'abstenir en période de gel ou lorsque le sol est mal ressuyé.
- Pendant le transport et dans l'attente, la plus courte possible, de la plantation, les plants et plus
particulièrement leurs racines, doivent être bien protégés du vent, du soleil et du gel.
- Lors de la mise en place, les racines doivent être disposées correctement, non recourbées vers
le haut, dans un volume de terre travaillé suffisant, en veillant à ne pas laisser de poches
d'air.
- La motte des plants en conteneur demande obligatoirement une immersion dans l'eau avant
plantation.
- Pour le peuplier, la plantation se fait à au moins un mètre de profondeur avec des plançons
sans racines. L'utilisation de la barre à mine est à éviter.
Dégagement
Les dégagements et entretiens constituent un facteur essentiel de réussite. Il est souhaitable d’en
prévoir un nombre suffisant par voie mécanique, manuelle ou phytocide (produits et mode d'épandage
homologués). L'objectif est de permettre un développement correct des plants par limitation de la
concurrence hydrique ou mécanique exercée par la végétation adventice.
La concurrence herbacée est la plus redoutable les premières années ; il est recommandé de la
réduire le plus possible. L'état de la végétation peut nécessiter des dégagements sur une période plus
longue que les années financées par des aides publiques. C'est le cas notamment lorsque la
concurrence est exercée par le châtaignier ou le robinier.
Elagage et tailles de formation
Ces interventions ont pour but d’obtenir la plus grande longueur possible de bille de bois
d’œuvre. Elles sont réservées aux arbres d’avenir, les seuls capables de valoriser les dépenses qu’elles
entraînent. Il convient de les réaliser correctement et à temps.
46
Fiche technique 5 : Quelle desserte créer ?
Une desserte insuffisante et une pente forte diminuent les rendements d’exploitation et augmentent leurs
coûts. La valeur des bois sur pied s’en trouve fortement réduite, certains bois étant même invendables.
La voirie est donc un élément incontournable de la gestion forestière : c’est elle qui fait en grande partie
la valeur d’une forêt. Comme elle constitue un des plus gros investissement, il est nécessaire de l’étudier
soigneusement.
Le rôle premier de la desserte est de permettre un accès au plus près des différentes zones de la
forêt. L’étude des réseaux doit se faire par massif forestier : en effet, le regroupement permet
souvent de mettre fin à l’isolement de petites propriétés pour lesquelles un investissement
individuel s’avèrerait trop important.
Il faut veiller au moment de la conception de prendre en compte les besoins des autres utilisateurs
(chasseurs, promeneurs…), ainsi que les éventuels impacts sur l’environnement et le paysage.
Attention : la création d’une piste et les travaux d’exploitation doivent respecter la loi sur l’eau.
Trois types de voirie se complètent
Les pistes de débardage desservent directement les coupes, leur densité est liée la pente. Ce
sont des équipements légers.
-
Les routes secondaires, d’utilisation intermittente par les camions, ne sont généralement pas
empierrées. Elles doivent pénétrer dans la forêt au plus près des peuplements. Elles peuvent
être complétées par des fossés, passages busés… Pente optimale 2 à 6 %.
-
Les routes principales, à camion. Elles sont empierrées et équipées. Elles relient les routes
secondaires et les places de dépôt à la voirie publique. Pente optimale 2 à 6 %, 3,5 m d’assise
ferme.
Ces dessertes sont complétées par des places de dépôt de surface suffisante, permettant le stockage et
le chargement du bois, ainsi qu’éventuellement des places de retournement circulaires (rayon de 12 m).
Densité idéale de desserte :
Pistes de
débardage (/ 100
Ha)
Routes
(/ 100 Ha)
2,5 km
1 km
Quelques prix au kilomètre (H.T.) :
Piste de débardage : 900 à 1 500 €
Route secondaire : 3000 à 6 000 €
Route principale : 20 000 € minimum
Les aides :
Seuls les projets qui apportent une réelle amélioration (volume à exploiter, potentialité forestière,
regroupement de propriétaires, etc..) sont financés. Le projet doit être conçu de manière optimale du
point de vue technique et non pas privilégier forcément le moindre coût.
Les propriétaires peuvent bénéficier d’aide à la réalisation de desserte mais les entretiens restent
entièrement à leurs charges.
Le taux d’aide varie de 40 à 70 % du montant hors taxes des factures.
47
CONCLUSION
Le territoire du Pays d’Armagnac représente l’une des surfaces boisées les plus importantes du
département. Cette carte d’identité du massif, basée sur un inventaire terrain des peuplements de plus
de 2.5 ha, a permis d’évaluer les potentialités forestières des 24 977 ha de bois du Pays d’Armagnac.
Cette forêt essentiellement privée, est très morcelée et peu souvent gérée de façon durable car
la sylviculture y est presque inexistante. Les sols présents sur le massif sont propices aux essences
comme le Pin Maritime, le Chêne Sessile, le Chêne Rouge d’Amérique, l’Acacia et le Peuplier. La nongestion sylvicole provoque le dépérissement des peuplements lié à une forte capitalisation et un âge
élevé des massifs. Ainsi, nous retrouvons des bois de faible qualité, notamment sur le chêne
Par ailleurs, cette zone forestière a subit de plein fouet la tempête Klaus du 29 janvier 2009. Les
dégâts sont importants aussi bien en volume qu’en coûts de nettoyage et de remise en état boisé. Les
subventions de l’Etat pour les peuplements touchés par la tempête ont permis de reconstituer une bonne
partie des peuplements, mêmes si certaines parcelles ne sont toujours pas reboisées (coût élevé,
démotivation des propriétaires, pas de descendance familiale).
De plus, la filière bois peu développée sur le secteur et la crise économique qui a touché la filière
forêt bois, n’encouragent pas le développement, la gestion et la mobilisation des bois des massifs du
Pays d’Armagnac.
Fort de ce constat objectif, la forêt privée du Pays d’Armagnac possède néanmoins de
véritables atouts pour se développer en produisant notamment du bois de qualité (comme le
chêne) via une réelle gestion forestière dynamique prenant en compte les autres utilisations de la
forêt comme la chasse à la palombe ou encore la cueillette de champignons.