Young, Queer, Proud ! François Harray
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Young, Queer, Proud ! François Harray
Young, Queer, Proud ! François Harray Un visage juvénile posé sur une immaculée blancheur. Un regard soutenu qui interpelle et nous appelle. Aucun élément contextuel pour se détourner de lui. Est-ce de la défiance, de la provocation, de la fierté ou est-ce de l’innocence, de la douceur, de la gêne ? La série Young, Queer, Proud ! de François Harray nous interroge sur la notion d’« altérité ». Qui est l’autre ? Qui est cet autre qu’est le jeune Queer ? Est-il différent de vous et moi ? Partisan de la lutte contre l’homophobie, le photographe plasticien envisage chacun des portraits présentés comme la représentation d’une victime potentielle d’un acte homophobe. Ils sont dédiés à la mémoire d’Ebrahim Hamidi, pendu en Iran pour « délit officiel d’homosexualité », à Ihsane Jarfi, victime de la haine homophobe aveugle qui sévit encore dans nos contrées démocratiques, ainsi qu'à tous les autres... Falko, 2011. Jet d’encre sur dibond, 100x100cm. Une centaine de jeunes hommes ont pris la pose devant l’appareil de François Harray durant les trois mois que le photographe a passés dans les soirées du You Night-Club au cœur de Bruxelles. Le résultat s’incarne en une centaine de polaroïds punaisés sur panneaux, évoquant un mur de bureau de police. À celui-ci fait écho une dizaine de portraits photographiques grand format. L’exposition confronte ainsi deux réalités opposées : celle du lieu festif où règne l’insouciance et celle de la réalité de la rue, danger pour qui s’affirme dans sa différence. Malgré cette violence aveugle, certains jeunes gays ont encore le courage d’assumer ce qu’ils sont, et de le revendiquer à travers leur apparence physique et leurs tenues vestimentaires. À ce titre, l’artiste les admire et veut leur rendre hommage par l’intermédiaire de cette exposition : « À tout le moins, si une certaine inconscience embrume encore l’esprit de certains Young Queer, celleci ne tiendra jamais le coup bien longtemps face à la réalité triviale de la vie. Voici pourquoi ceux-ci (et leurs congénères comme les travestis, les transsexuels...) sont COURAGEUX ! Je les admire d’être ce qu’ils sont. De s’affirmer, de parvenir à être eux-mêmes. Derrière l’autodérision se cache souvent la souffrance de la différence sujette aux quolibets. Franchement ils assurent. Je suis fier d’eux ! Mais je pleure aussi. Je pleure pour tous ceux qui sont torturés, enfermés, gazés autrefois par le régime nazi d’Hitler, pendus aujourd’hui en Iran (ou ailleurs), humiliés, exécutés froidement simplement parce qu’ils sont ce qu’ils sont. Ceci sans avoir commis d’actes délictueux. (...) Je pleure également pour les agressions verbales ou physiques – pouvant aller jusqu’à la mort – qui persistent dans nos régions démocratiques des droits de l’homme. Malgré une certaine tolérance de plus en plus affirmée dans certains états, les nuisances homophobes persistent. Tout être humain à droit à la vie, au respect et à la sécurité. » Shirley Chantraine - Commissaire de l’exposition © commonplaces asbl www.commonplaces.be Exposition Young, Queer, Proud !, Bog-Art Gallery, Bruxelles, 17-25 mai 2013 Les réactions violentes que suscitent ces jeunes hommes – et les homos en général – ne proviennent pas du fait qu’ils enfreignent une quelconque loi, mais de la menace que constitue leur identité pour une autre que la leur. Ce qu’évoque exactement Amin Malouf à travers sa notion d’« identités meurtrières ». Lorsque le focus est placé sur la différence, il y a stigmatisation de l’autre. Dès lors, plutôt que de penser en terme de différence, de ce qui distingue, peut-être devrions-nous commencer à penser en terme d’« altérité ». Celle-ci ne se résume pas à la différence. Bien que souvent perçue comme synonyme, elle est en réalité le caractère de ce qui est autre. Cette subtile distinction souligne le fait que l’autre, s’il s’inscrit dans une entité corporelle distincte, n’est pas forcément ni entièrement différent de nous. L’altérité met ainsi en avant ce qui est semblable tout en étant différent d’un certain point de vue. Ce concept bienveillant de la relation à autrui exige cependant de s’extraire de la norme comme critère de jugement. Si l’identité peut être meurtrière, l’altérité, son antonyme, peut donner vie à la reconnaissance de l’autre dans sa différence. Elle implique cependant une compréhension de la particularité de chacun. Il ne s’agit pas de tolérance, qui bien qu’un premier pas, n’est jamais suffisante. Tolérer, c’est accepter sans comprendre. L’altérité, quant à elle, est liée à la conscience de la relation aux autres en tant qu’ils sont différents et ont besoin d’être reconnus dans leur droit d’être eux-mêmes. Cette conception est source d’enrichissement, d’ouverture d’esprit et de paix. Partant d’un principe similaire à celui d’Emmanuel Lévinas, selon lequel le visage d’autrui est un appel à notre responsabilité, François Harray convoque notre responsabilité à la vue de ses portraits. Shirley Chantraine - Commissaire de l’exposition © commonplaces asbl www.commonplaces.be François Harray à la Galerie Bog-Art, 2013 Shirley Chantraine - Commissaire de l’exposition © commonplaces asbl www.commonplaces.be Eli, 2011 Antoni, 2011 Momo, 2011 Jérémiah, 2011 Benoît, 2011 Robert, 2011 David, 2011 Miguel, 2011 Edwin, 2011 Jet d’encre sur dibond, 100 x 100 cm Shirley Chantraine - Commissaire de l’exposition © commonplaces asbl www.commonplaces.be Exposition Young, Queer, Proud !, Bog-Art Gallery, Bruxelles, 17-25 mai 2013 Shirley Chantraine - Commissaire de l’exposition © commonplaces asbl www.commonplaces.be François Harray Belge °1962, vit et travaille à Bruxelles Photographe plasticien Né en 1962 à Bruxelles, photographe plasticien, écrivain et historien de l’art, François Harray pratique la photographie depuis son tout jeune âge. Narrateur avant tout, il s’affirme dans son approche Queer en publiant plusieurs écrits en prose, mais aussi en créant en 1998 la maison d’édition ThéGlacé. Estimant que « La fiction est plus forte que la réalité… », l’artiste s’emploie tout autant à servir celle-ci en pratiquant le reportage urbain narratif qu’en abordant un « mix » entre l’écriture et la photographie via le roman-photo. Dans la même lignée conceptuelle, la photographie plasticienne étaye son propos Queer via l’instrumentalisation de personnes de son entourage qu’il transforme en modèles Q. Formation Master en histoire de l'art, spécialisation art contemporain (histoire de la photographie) à l’Université libre de Bruxelles Formation en photographie à l’Atelier Contraste de Bruxelles Expositions sélectionnées Young, Queer, Proud !, Galerie Bog-Art, Bruxelles, mai 2013 Urban day & night, Parcours d'artiste de Schaerbeek, Schaerbeek, septembre 2012 Urban night, Parcours d’artiste de Limal, Limal, mai 2012 UrBan QueeR, Galerie L'art sans costard, Bruxelles, mai 2012 Urban night, Centre Culturel d'Ottignies, Ottignies, novembre 2012 [sub]urban pixel's boxes, Galerie L'AN VERT, Liège, octobre 2011 [sub]urban pixel's boxes], Galerie AU FIL DE L'EAU, Fumal, juin 2011 [PIXEL'S BOX], Université de Salerne (Italie), Salerne, septembre 2010 Paysages, Université libre de Bruxelles, Salle Allende, Bruxelles, septembre à octobre 2010 Récits plastiques, Maison du Livre, Saint-Gilles, septembre 2010 L'apéro photomatic, Bar du Matin, Forest, janvier 2010 PIXELS-CANVAS, Foire du livre OFF, Bruxelles, mars 2009 L’ULB s’expose, Université libre de Bruxelles, Salle Allende, Bruxelles, janvier à février 2009 PIXELS-CANVAS, Festival Gay et Lesbien, Botanique, Bruxelles, janvier 2009 PIXELS-POVERA, Le cabaret des arts, Université libre de Bruxelles, Bruxelles, février 2008 Roman et nouvelles · Le corsaire, Paris, Editions Cylibris, 2005 · Petite chronique d’un jeune tueur, Montréal, Editions Continentales, 1996 · L’ange du silence, in : Coup de Plumes – Album de famille, Bruxelles, Coup de Plume, 1998 Nouvelle lauréate du concours « Coup de Plumes » organisé par la Rétine de Plateau en 1998. Jury présidé par Mme Jacqueline Harpman · The ice the and marlboro light man, Le passager inconnu et L’ange du silence, in : Recueil de nouvelles, Bruxelles, Editions ThéGlacé, 2000 Shirley Chantraine - Commissaire de l’exposition © commonplaces asbl www.commonplaces.be Scénarios cinématographiques · Sacha, 2007. Coécriture avec Xavier Ess · L’accident, 1993. Coécriture avec Laurent Brandenbourger · Barbe Rouge, 1993. Coécriture, entre autres, avec Gérald Frydman Site web www.francois-harray.be Shirley Chantraine - Commissaire de l’exposition © commonplaces asbl www.commonplaces.be