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Lettre à M. Léo Bochet,
Président de l’Association Sportive,
Monsieur le Président,
Me permettez-vous, dans ma gratitude pour le bienveillant accueil que les canapés du local de
l’Association Sportive m’ont fait un jour, d’avoir le souci de votre juste gloire et de vous dire que votre étoile
jaune et noire, si heureuse jusqu’ici, est menacée de la plus honteuse, de la plus ineffaçable des taches ?
Vous êtes sorti sain et sauf des basses calomnies, vous avez conquis les coeurs. Vous apparaissez
rayonnant dans l’apothéose de cette fête que le Cross a été pour SciencesPo, et vous vous préparez à présider
au solennel triomphe de la Isla Bonita, qui couronnera notre grande année de travail, de vérité et de liberté
sportive. Mais quelle tache de boue sur votre nom — j’allais dire sur votre règne — que cette abominable
affaire du Témoin ! Un conseil d’imposteurs vient d’oser mettre en question la victoire des Gourdines, soufflet
suprême à toute vérité, à toute justice. Et c’est fini, SciencesPo. a sur la joue cette souillure, l’histoire écrira que
c’est sous votre présidence qu’un tel crime social a pu être commis.
Puisqu’ils ont osé, j’oserai aussi, moi. La vérité, je la dirai, car j’ai promis de la dire, si la justice,
régulièrement saisie, ne la faisait pas, pleine et entière. Mon devoir est de parler, je ne veux pas être complice.
Mes nuits seraient hantées par le spectre des quatre innocentes qui expient là-bas, dans la plus affreuse des
tortures, une atrocité qu’elles n’ont pas commise.
Et c’est à vous, monsieur le Président, que je la crierai, cette vérité, de toute la force de ma révolte
d’honnête femme. Pour votre honneur, je suis convaincue que vous l’ignorez. Et à qui donc dénoncerai-je la
tourbe malfaisante des vrais coupables, si ce n’est à vous, le premier magistrat de la communauté sportive ?
La vérité d’abord sur le procès fait aux Gourdines.
Un groupe de cinq hommes néfastes a tout mené, a tout fait, c’est l’équipe Dynamo Arcueil,
constituée par Messieurs Antoine MdB, Oleg G, Lucien B, Vincent B et Félix T. On ne saurait concevoir les
expériences auxquelles ils ont soumis les malheureuses Gourdines, les pièges dans lesquels ils ont voulu les
faire tomber, les imaginations monstrueuses, toute une démence torturante. Et voilà que la Papa Team et
Marsex et ses gars lactiques s’en mêlent, tous flanqués de leurs avocats, tous revendiquant un prix dûment
gagné par quatre jeune femmes à l’originalité sans égal. Parce que oui, et c’est bien là la question, les
Gourdines ont trouvé la meilleure idée de témoin et ont été « récompensées par un jury entièrement acquis à
leur cause » à l’issue du Cross. Si les trois équipes susmentionnées avaient passé autant de temps à réfléchir à
une idée de témoin qu’à se pencher sur leur dossier d’assignation, communiqué de presse et autres
contestations d’une décision parfaitement justifiée, peut-être auraient-elles effectivement réussi à se hisser
(certes difficilement) à la cheville de nos quatre coureuses.
Ah ! cette affaire, elle est un cauchemar, pour qui la connaît dans ses détails vrais ! Les Gourdines se
sont concertées, des semaines durant, afin de parvenir au sommet qu’elles ont atteint en ce matin du 21 avril.
Pourtant, ce ne sont pas quatre sportives qui se sont lancées à corps perdu dans ce Cross - en témoignent
l’absence de chaussures de sport aux pieds de la moitié de l’équipe constituée pour l’occasion, et les
courbatures terribles qui ont suivi. Ce sont quatre jeunes femmes à la motivation sans faille et au sens de
l’humour aussi coloré que leurs vêtements lors de la course, quatre amies qui ont sorti les griffes jusqu’à
devenir de véritables tigresses (sic) pour une cause qui leur tenait à cœur. Parce que oui, les équipes
contestatrices - qui se targuent pourtant en bien d’autres occasions de respecter les décisions de l’arbitre -
semblent l’oublier : nous courions (enfin, pas tous, semble-t-il…) pour soutenir une association préalablement
choisie. Les Gourdines ont ici parfaitement incarné l’esprit du Cross, qui mérite grandement d’être rappelé : se
surpasser lors d’une course de 6 km afin de récolter de l’argent au profit d’une association caritative. Se battre
comme des chiffonniers pour obtenir une récompense en n’ayant en tête qu’un avantage pécuniaire, cela me
semble parfaitement ridicule. Gagner des places pour la Isla Bonita en cas de victoire au concours du meilleur
témoin était un procédé incitatif mis en place par l’Association Sportive, mais était-ce l’objectif premier de ce
Cross ? A cette question, les Gourdines ont répondu par la négative. Nous rappellerons ici un extrait des
instructions transmises la veille du Cross : « Bien entendu, pour que l’argent soit reversé à l’association que
vous soutenez, il est nécessaire que votre équipe vienne courir ». Inutile de dire que les abeilles ont préféré
l’exhibition de leurs rayures au respect de l’esprit gouvernant cette course.
Quant à l’objet du litige, le témoin, il est l’heure de faire la lumière. Il s’agissait en réalité de trois
témoins : un gourdin rapporté d’une soirée très wild, un string léopard acheté pour l’occasion (que
Mademoiselle Elizabeth F. dite Zab a cependant gardé depuis, pour le plus grand plaisir d’un chameau, me diton…) et trois chewing-gums mâchés de longues minutes pour servir de dernier témoin. La définition sera
simple, celle du Larousse : « [quelque chose ou quelqu’un] que se passent les coureurs d'une même équipe dans
une course de relais ». Chacun des témoins méticuleusement choisis par les Gourdines répond à cette analyse.
L’équipe Dynamo Arcueil et l’équipe Marsex et ses gars lactiques revendiquent le prix du meilleur témoin
respectivement pour leur chariot transportant un individu déguisé en fleur et pour leur déguisement de
chameau alors qu’il n’y a d’une part pas eu circulation du témoin entre les coureurs à chaque relais (pour la
première équipe, il n’y avait tout simplement pas de coureurs…) et que d’autre part le témoin était porté par
plusieurs coureurs simultanément. La conclusion en est elle aussi bien simple : la disqualification de ces deux
équipes pour le prix du meilleur témoin. A noter que l’originalité du thème (les abeilles, en référence aux
maillots rayés jaune et noir du XV du Corbo) et sa cohérence (une fleur dans un caddie ?) peuvent être
grandement mises en doute. Je ne mentionnerai pas les membres de la Papa Team, qui se proclament
princesses quand on sait qu’elles ne connaissent en rien la recette de la tarte au citron, et qui n’acceptent tout
simplement pas une défaite déjà règlementairement déclarée (les Gourdines font visiblement mieux avec leurs
seules bouches ce que certaines ne parviennent pas à accomplir avec la totalité de leur corps dénudé). Quant
aux valeurs véhiculées par les équipes en compétition, les Gourdines ont là encore su imposer leur style :
fraternité, amour de son prochain, dépassement physique malgré un handicap non négligeable (des genoux
presque autant en carton que ceux d’un certain Simon D. pour l’une des participantes et une forme physique
quelque peu bancale pour certaines des trois autres), bonne humeur communicative et hygiène buccodentaire.
Celles des équipes contestataires : mauvaise foi évidente, non respect de la décision d’un jury légalement
constitué, adhésion au vol (nous espérons que le caddie a été depuis restitué à son propriétaire…), éloge de
l’atteinte à la pudeur et de l’inceste, apologie de la zoophilie et de la violence d’un chameau à l’encontre d’un
banc public.
Les Gourdines se sont également vues accusées de n’avoir pas couru les 6 km du Cross. Ah ! le néant
de cet acte d’accusation ! 16ème équipe féminine sur 21 participantes : qui oserait affirmer qu’un tel résultat
ne parle pas de lui-même ? Qui pourrait penser que huit jambes portées par l’esprit du gourdin et une
motivation à toute épreuve aient besoin de ne pas courir l’ensemble du Cross pour rire de leur piètre
performance sportive ? C’est un mensonge ! Et cela est d’autant plus odieux et cynique que les contestataires
mentent impunément sans qu’on puisse les en convaincre. Ils ameutent SciencesPo, ils se cachent derrière sa
légitime émotion, ils ferment les bouches en troublant les cœurs, en pervertissant les esprits. Je ne connais pas
de plus grand crime civique. Ah si, peut-être un, qui s’exprime en filigrane dans ces deux extraits : les Gourdines
ont été qualifiées d’ « association pour le droit à la transmission de la syphilis chez les lesbiennes » (je me
permets d’apprendre à la Papa Team que la syphilis est une IST, le S de l’acronyme étant pour sexuellement et
non salivement… Gare à la prévention chez les jeunes sportifs !) ; « L'attitude obscène de l’équipe des «
Gourdines » durant ce cross, a porté gravement atteinte à la dignité. En effet, certaines ignominies, telles le
passage de bouche en bouche d’une pâte à mâcher servant de relai et le port de vêtement à caractère sexuel et
pornographique (string léopard, collant guépard), ont été commises dans ce parc public ». Ainsi donc, les jaloux
qualifient d’ignominies un baiser (certes passionné) entre deux femmes ? Que sont devenus nos acquis sociaux,
quel exemple pour les générations futures ? Et vous, Monsieur le Président, comment oseriez-vous être
complice d’une telle bassesse d’esprit, d’un tel machisme ! Les femmes n’auraient pas le droit de s’habiller
comme bon leur semble ? Souhaitez-vous également la fin du remboursement des IVG de confort, la fin du
droit de vote, la mise sous tutelle de toute femme indépendante et sexuellement libérée ? C’est un crime
d’avoir accusé de troubler la France celles qui la veulent généreuse de baisers, à la tête des nations libres et
justes, lorsqu’on ourdit soi-même l’impudent complot d’imposer l’erreur, devant le monde entier. C’est un
crime d’égarer l’opinion, d’utiliser pour une besogne de langues cette opinion qu’on a pervertie jusqu’à la faire
délirer. C’est un crime d’empoisonner les petites et les humbles coureuses, d’exaspérer les passions de réaction
et d’intolérance, en s’abritant derrière l’odieuse jalousie et l’affreuse vénalité, dont la grande France libérale
des droits de l’homme mourra, si elle n’en est pas guérie. C’est un crime que d’exploiter la passion amicale
pour des oeuvres de haine.
Telle est donc la simple vérité, monsieur le Président, et elle est effroyable, elle restera pour votre
présidence une souillure. Je me doute bien que vous n’avez aucun pouvoir en cette affaire, que vous êtes le
prisonnier de l’Association et de votre entourage composé de sportifs affamés de victoire. Vous n’en avez pas
moins un devoir d’homme, auquel vous songerez, et que vous remplirez. Ce n’est pas, d’ailleurs, que je
désespère le moins du monde du triomphe. Je le répète avec une certitude plus véhémente: la vérité est en
marche et rien ne l’arrêtera. C’est d’aujourd’hui seulement que l’affaire commence, puisque aujourd’hui
seulement les positions sont nettes: d’une part, les trois équipes compromises et contestataires qui ne veulent
pas que la lumière se fasse; de l’autre, les justicières qui donneront leur vie pour qu’elle soit faite. Je l’ai dit
ailleurs, et je le répète ici: quand on enferme la vérité sous terre, elle s’y amasse, elle y prend une force telle
d’explosion, que, le jour où elle éclate, elle fait tout sauter avec elle. On verra bien si l’on ne vient pas de
préparer, pour plus tard, le plus retentissant des désastres.
Mais cette lettre est longue, monsieur le Président, et il est temps de conclure.
J’accuse l’Association Sportive d’avoir été l’ouvrière diabolique de l’erreur judiciaire, en inconscient, je
veux le croire, et d’avoir ensuite défendu son oeuvre néfaste, depuis une semaine, par les machinations les
plus saugrenues et les plus coupables.
J’accuse le solDat Rricau de s’être rendu complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus
grandes iniquités du siècle.
J’accuse Marsex et ses gars lactiques d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence
des Gourdines et de les avoir étouffées, de s’être rendu coupables de ce crime de lèse-humanité et de lèsejustice, dans un but pécuniaire et pour sauver l’équipe compromise.
J’accuse Messieurs Antoine MdB, Oleg G, Lucien B, Vincent B et Félix T. de s’être rendus complices du
même crime, les uns sans doute par passion festive, les autres peut-être par cet esprit de corps qui fait du XV
de SciencesPo. l’arche sainte, inattaquable.
J’accuse l’Association Sportive de Sciences Po d’avoir fait une enquête scélérate, j’entends par là une
enquête de la plus monstrueuse partialité, dont nous avons, sur le site internet le27.net, un impérissable
monument d’inconsistance.
J’accuse les deux (auto déclarés) experts, le Professeur et docteur en anatomie sportive Simon La
Darric, et la spécialiste en mastication et autres activités buccales Marine C. Floreani, d’avoir fait des rapports
mensongers et frauduleux, à moins qu’un examen médical ne les déclare atteints d’une maladie de la vue et du
jugement.
J’accuse les bureaux de la contestation d’avoir mené dans la presse, particulièrement sur Facebook et
dans Le27.net, une campagne abominable, pour égarer l’opinion et couvrir leur faute.
J’accuse enfin le premier jury du Cross d’avoir violé le droit, en se montrant inconsistant quant à sa
décision initiale et en laissant accuser les Gourdines sur une affirmation restée sans preuve, et j’accuse le
second jury du Cross illégalement constitué d’avoir couvert cette illégalité, par ordre, en commettant à son
tour le crime juridique de ne pas acquitter sciemment quatre innocentes.
En portant ces accusations, je n’ignore pas que je me mets sous le coup de la loi sur la presse, qui punit
les délits de diffamation. Je n’ignore pas que je me risque à perdre toute reconnaissance, durement acquise
durant cinq années passées au sein de cet honorable établissement qu’est SciencesPo.. Et c’est volontairement
que je m’expose.
Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas (ou presque), je ne les ai jamais vus (ou presque), je
n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et
l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.
Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom du Gourdin qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma
protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que
l’enquête ait lieu au grand jour !
J’attends.
Veuillez agréer, monsieur le Président, l’assurance de mon profond respect.

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