Les bijoux - Les éditions Vial

Transcription

Les bijoux - Les éditions Vial
ÉDITIONS VIAL
Les bijoux
Art et techniques
Carles Codina
Les bijoux
Cet ouvrage présente de façon claire et précise les
techniques de base de la bijouterie, ainsi que les procédés
qui s’y rapportent : ciselage, laquage, sertissage de pierres
précieuses ou fonte à la cire perdue, entre autres. Le chapitre
initial est entièrement consacré aux métaux et l’ouvrage se
termine par la présentation de bijoux dont la réalisation,
expliquée étape par étape, intéressera aussi bien l’amateur
que le professionnel.
ÉDITIONS VIAL
Articulations
e nombreuses pièces, notamment les bracelets et les colliers, sont formées d’éléments distincts qui s’articulent entre
eux pour être souples et s’adapter à la partie du corps à laquelle
elles sont destinées. Il est impensable de décrire l’infinité de
mouvements qu’il est possible de réaliser, mais on peut en
décrire trois qui s’avèrent d’une grande utilité : l’articulation
avec un lien en fil, l’articulation à l’aide de charnières et l’articulation invisible.
L’articulation n’est pas toujours formée de métal, ni d’éléments qui doivent être forcément dissimulés : dans bien des
cas, elle peut présenter un intérêt esthétique.
D
Bracelets en matière plastique peinte
formés de divers profils découpés qui s’emboîtent les uns dans les autres. L’attrait de ces
pièces réside dans la conception
de l’articulation et dans le
mouvement qu’elle
engendre. Œuvre
de Svenja John.
Articulation avec un fil
Cette articulation a de nombreuses
variantes et peut être employée de diverses
manières. On l’emploie principalement pour
articuler des chatons-galeries entre eux dans
le but de former des rivières, ou pour articuler
des bracelets ou autres pièces. L’articulation
des éléments d’un bracelet est décrite dans le
chapitre « Pas à Pas » page 132.
Pour réaliser le pendentif présenté ici, nous
avons préparé un fil de section rectangulaire
avec le profil de filière correspondant qui a
servi pour confectionner des anneaux de
divers diamètres qui, une fois soudés, ont été
convenablement émerisés.
1. Sur le côté d’un anneau, on fore deux
trous, au même niveau, espacés au maximum
de 1,5 mm.
2. Sur le côté d’un autre anneau, on
perce deux trous identiques, mais en éliminant cette fois-ci le métal entre les deux trous
à l’aide d’une fraise cylindrique. Avec une
fraise cylindrique d’un diamètre inférieur à la
précédente, on effectue un fraisage transversal pour insérer un fil que l’on va souder.
3. On prépare un fil rond de 0,6 mm en
forme de U, que l’on introduit dans le second
anneau. Ensuite, on en passe les deux extrémités dans les trous effectués sur le premier
anneau, afin de procéder à leur soudure à l’intérieur de ce dernier.
5. Au travers d’un petit trou pratiqué
dans la structure, on attache avec du fil d’or
préalablement recuit une perle d’eau douce et
un morceau de corail.
4. Le processus pour obtenir un mouvement adéquat est le suivant : on introduit tous
les fils en forme de U de manière à ce qu’ils
dépassent d’une bonne longueur, on les tire
vers l’intérieur et on ne soude que l’une des
extrémités. Ensuite, on dispose les différents
anneaux pour donner à l’ensemble de la pièce
la chute recherchée et on soude les autres
extrémités des fils d’articulation.
Une fois le processus de soudure terminé,
on décape le pendentif et on lime tous les
excédents de fil.
54
Techniques de base
Articulation à charnière
1. En premier
lieu, il faut ajuster le
tube entre les deux
éléments ; pour cela,
on pose côte à côte
les deux structures
carrées et on les
colle sur une plaque.
Puis à l’aide d’une
lime ronde on lime
les deux arêtes des
carrés, jusqu’à ce
que le tube s’ajuste
entre eux.
Ce type d’articulation s’emploie souvent
pour donner du mouvement à diverses
pièces, notamment aux bracelets et aux boîtiers, ajuster aux dimensions de la pièce à réaliser.
Pour l’exemple décrit ici, on a préparé un
tube cylindrique à partir d’une plaque de
0,5 mm d’épaisseur et deux carrés à partir de
fil de section carrée de 2,5 mm, préalablement soudés avec de la brasure forte.
2. On découpe
une encoche avec le
bocfil sur le tube de
façon à ce que les
deux extrémités restent bien alignées
lors de leur brasage.
3. On procède au brasage en utilisant des
tiges métalliques pour maintenir les pièces
ensemble, et en veillant à ne pas braser la
partie où l’encoche a été découpée.
5. On prépare un fil recuit qui s’ajuste à
l’intérieur des charnerons, d’une longueur calculée pour qu’il dépasse de 0,5 mm de chaque
côté, extrémités qui seront ensuite rabattues
pour maintenir les deux pièces ensemble.
4. Une fois le brasage terminé, on
découpe un morceau de tube s’ajustant dans
l’encoche correspondante. On soude ce morceau de tube. Les charnerons des deux pièces
doivent s’emboîter parfaitement.
6. Ce bracelet en or a été réalisé avec
une articulation à trois charnerons, suivant le processus décrit antérieurement.
Œuvre de Carles Codina.
Articulation invisible
Ce type d’articulation s’utilise traditionnellement pour les fermoirs de bracelets rigides,
également appelés bracelets d’esclaves, où il
importe qu’elle soit entièrement dissimulée.
Pour réaliser ce type d’articulation, il faut
surdimensionner les épaisseurs des éléments
afin de pouvoir bien ajuster l’articulation au
corps de la pièce où elle devra s’encastrer. Il
convient donc de mesurer avec soin les épaisseurs des divers éléments métalliques intervenant dans le mouvement.
Pour illustrer ce type d’articulation, nous
avons préparé un anneau de façon à l’articuler latéralement et à pouvoir accéder à un
compartiment secret qui avait autrefois la
fonction de contenir des sels.
1. On procède à une première découpe à
la scie ; puis on élargit l’espace avec diverses
limes et, au final, avec une fraise cylindrique,
comme on le voit ici.
2. On prépare les tubes pour qu’ils
s’ajustent parfaitement l’un dans l’autre ; le
tube avec le diamètre le plus important est
plus épais, pour permettre le limage ultérieur
de l’excédent. Ici, pour l’union du tube, on
emploie une brasure forte.
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Sertissage
Monture pour cabochon
Les montures des pierres taillées en cabochon peuvent être réalisées de diverses
manières. Ici, nous avons choisi de partir de
deux fils rectangulaires soudés à différentes
hauteurs, ce qui nous permet de profiler ainsi
l’assise pour la pierre.
1. L’une des façons de sertir une pierre en
forme de cabochon consiste à utiliser deux fils
rectangulaires ; ici, les fils n’ont pas la même
épaisseur, mais en fonction de la monture et
de la pierre, l’intérieur peut être un peu plus
épais. Les deux fils sont brasés avec de la brasure forte et adaptés aux dimensions de la
pierre.
2. Après avoir donné la forme voulue à la
sertissure et l’avoir légèrement évasée, on la
soude sur une plaque.
3. On arase ensuite l’excédent de métal à
la lime sur tout le pourtour externe.
4. La monture est ensuite brasée sur une
structure rectangulaire qui permet de passer
une chaîne et d’utiliser le bijou comme pendentif.
5. La pierre s’ajuste bien dans la monture, mais il est nécessaire d’égaliser le bord
supérieur de la sertissure avant de commencer à apprêter la monture. On rabat le métal
avec une masse, puis au marteau mécanique.
6. Voici le résultat obtenu une fois le sertissage terminé.
Voici
une
variante de monture
pour cabochon. On
peut la réaliser en
limant la monture à
l’aide d’une petite
lime.
Autre monture pour cabochon
Dans ce cas, la monture est préparée en
réalisant des petites boules, comme celles
employées dans le processus de la granulation, brasées au sommet de fils d’or. Toutes les
griffes sont unies à un fil rectangulaire plus
épais qui sert d’assise au cabochon.
Une fois la pièce et la monture terminées, il ne reste plus qu’à rabattre les griffes
sur la pierre avec une masse à bout lisse pour
éviter marques ou rayures. Broche réalisée
par Carles Codina.
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Techniques annexes
Sertissage de pierres
rectangulaires et carrées
Une topaze irrégulière
est sertie entre les bras et la
poitrine d’un petit ange
obtenu par fonte à cire
perdue. Ce travail nécessite
un bon ajustement de la
pierre dans la monture.
Anneau et support. Œuvre de
Carles Codina.
Chaque fois que l’on souhaite réaliser une
monture, il faut observer la taille de la pierre,
ses caractéristiques, ses dimensions.
Il est fréquent de trouver des pierres de
forme carrée rectangulaire ou octogonale
(taille baguette, princesse, etc.), surtout pour
les émeraudes et les pierres les plus fragiles.
Ce type de taille possède diverses variantes
qui exigent diverses montures.
2
3
Les pierres octogonales requièrent des montures spéciales, qui permettent de sertir les pans coupés
situés dans les angles.
1. Pour cette pierre bicolore, on a préparé
une plaque de 6 dixièmes de millimètres, sur
laquelle se cale le profil de la culasse de la
pierre ; on l’a profilée avec une lime sur la
partie interne de l’ajour, jusqu’à l’obtention
d’une bonne assise pour la pierre. Parallèlement, on a préparé un fil carré d’un millimètre, et on a réalisé deux angles droits que
l’on a soudés entre eux (photo ci-dessus) ; on
a éliminé ensuite les
deux parties excédentaires.
1
Séquence de préparation et de montage d’une
monture pour une pierre rectangulaire, qui peut être
considérée comme achevée
au niveau de la figure 4, ou
complétée par la brasure de
fils rectangulaires sur chacun
des côtés, comme l’illustre la
figure 5.
4
5
2. On prépare un petit tube que l’on
soude dans le sens longitudinal du rectangle
obtenu. Après soudure, on coupe la partie
interne et les parties externes du tube. On
peut observer sur la photo ci-dessous la
manière dont la culasse de la pierre s’ajuste
dans l’assise de la plaque ajourée.
3. On soude les deux éléments entre eux
en les centrant l’un par rapport à l’autre, puis
on lime les fils rectangulaires pour y insérer
les pattes de sertissage de la pierre.
4. Les pattes
sont réalisées dans
un fil rectangulaire
de 0,8 dixième de
millimètres, et sont
brasées après avoir
relevé avec précision
les dimensions de la
pierre.
5. Quand tous les éléments sont soudés,
on fixe la monture sur le ciment et on ajuste à
la fraise chacune des pattes ; ensuite, avec
une masse, on les rabat sur la pierre. Pour terminer, on profile les pattes à la lime et on procède à la finition.
Voici l’aspect final du pendentif une fois
la pierre sertie.
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Bracelet articulé avec fermoir à cliquet
Élaboration d’un fermoir
à cliquet
Le fermoir à cliquet est très souvent
employé, surtout sur les pièces d’une certaine
largeur. Il s’agit d’un fermoir simple à ouvrir et
à fermer, sûr, et qui peut s’adapter à une infinité de formes. Le fermoir décrit ci-après est
facile à réaliser.
1. On prépare diverses plaques de
0,5 mm d’épaisseur. Dans l’une d’elles on
découpe et on aplanit un morceau de 5 ou
6 mm de large sur 3 à 4 cm de long, afin de
construire une languette. À 1 cm environ de
l’une de ses extrémités, on réalise un biseau
pour pouvoir la replier.
2. Avant de replier la languette il faut la
recuire pour qu’elle ne se rompe pas, puis la
braser avec une brasure forte, et l’émeriser.
Dans un autre morceau de plaque, on procède
à une échancrure dans laquelle la languette
s’encastrera parfaitement.
3. La plaque portant l’échancrure est soudée
verticalement sur une autre plaque de même
épaisseur. La languette doit passer de justesse
dans cette ouverture. Ces deux plaques formeront
le boîtier où s’encastrera la languette.
4. En prenant comme mesure la longueur de la languette, on recourbe l’extrémité de la plaque de base et on la brase
avec une brasure forte. Le fermoir
doit s’emboîter dans l’élément
correspondant du bracelet,
sur lequel une échancrure est
donc pratiquée.
5. On brase la partie portant l’échancrure
sur la pièce du bracelet en utilisant une brasure moyenne. Puis on en égalise la partie
frontale à la lime.
6. Sur la languette, on soude un morceau
de plaque ou un fil d’au moins 1 mm d’épaisseur. Ensuite, on coupe à la scie l’échancrure
correspondante sur le boîtier du fermoir.
7. On réalise un
petit pont en forme
de U qui servira de
support à la languette sur l’extrémité de l’élément
correspondant du
bracelet. On le brase
avec de la brasure
forte. Ce pont doit
être de même hauteur que le boîtier, et
guidera parfaitement
la languette à l’intérieur de ce dernier.
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8. L’ensemble est retourné et, avec un
petit morceau de l’une des pièces de fonte, on
recouvre le poussoir de la languette.
Pas à pas
9. Pour réaliser
le fermoir de
sûreté, on brase
une boule en or
dans un évidemment sphérique pratiqué à la fraise sur le bord
de l’une des pièces. Sur la
pièce opposée, on brase un petit
tube au travers duquel on passe un fil
en or que l’on recourbe, et dont on soude les
extrémités.
10. Avec une pince à becs ronds, on resserre la partie centrale du fil pour qu’il s’ajuste
parfaitement autour de la boule.
12. Les diamants bruts ne sont pas tous
de la même taille, chaque pierre devra donc
être ajustée individuellement.
Avec une fraise boule, on creuse l’intérieur
de la monture, puis avec une autre fraise
boule plus petite on prépare l’assise de la
pierre.
11. Avant le sertissage des pierres, il faut
donner à nouveau un fini satiné à la superficie
externe du bracelet avec un micromoteur
équipé d’une brosse à mater.
13. Avec la bougie, on dépose
chaque pierre dans la monture de
façon à ce qu’elle s’y emboîte bien
et qu’il reste une hauteur suffisante de métal pour la sertir.
14. Bien qu’il soit possible de rabattre le
métal directement avec le marteau mécanique, on utilise ici une masse, et on aplanit
ensuite le métal au maillet.
15. Chaque monture est biseautée intérieurement à l’échoppe pour éliminer les petites arêtes laissées par les coups de
marteau. Voici le résultat obtenu après polissage du bord des montures. Œuvre de Carles
Codina.
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