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Contact Isabelle Hamelain 06.23.99.38.38 [email protected] Enfant Magazine Novembre2009 Enfant Magazine Novembre2009 Enfant Magazine Novembre2009 Enfant Magazine Novembre2009 JT 13H TF1 Juin 2009 Le Dauphiné Libéré 25 juin 2008 Zone Interdite 02 juin 2008 Coté Mômes de mai 2008 Coté Mômes de mai 2008 PH Mag Avril – Juin 2008 PH Mag Avril – Juin 2008 PH Mag Avril – Juin 2008 « TOUTE UNE HISTOIRE » France 2 le 25 mars 2008 Le Dr Félix Navarro Président de l’AFRDG invité de Jean-Luc DELARUE Miss Ebène 31 janvier 2008 Miss Ebène 31 janvier 2008 Family Novembre 2007 Family Novembre 2007 Esprit femme Septembre 2007 Esprit femme Septembre 2007 Esprit femme Septembre 2007 Esprit femme Septembre 2007 LCI du 25 Août 2007 Infanticides : "Un problème de santé publique, pas un fait divers" Interview - Selon Dr Félix Navarro, sur les 800 à 1600 cas de dénis de grossesses par an en France, seuls une vingtaine finissent en infanticides. Alors qu'une nouvelle affaire d'infanticides fait la Une, il explique à LCI.fr comment certaines femmes passent du déni de grossesse à l'infanticide. Propos recueillis par Diane HEURTAUT (LCI) - le 25/08/2007 - 09h41 LCI.fr : Après l'affaire Courjault, le triple infanticide découvert à Albertville (lire notre article) relance les questions sur le déni de grossesse, même si on ignore encore si Virginie a elle-même dénié ses grossesses. Tout d'abord, le déni de grossesse relève-t-il du psychologique ou du physique ? Dr Félix Navarro, président de l'association pour la reconnaissance du déni de grossesse : On pense actuellement qu'il est d'origine psychologique. Le déni, c'est l'impossibilité pour quelqu'un d'avoir accès à une part de réalité. La plupart du temps d'ailleurs, les femmes atteintes d'un déni de grossesse pensent vouloir un enfant ou du moins ignorent qu'elles n'en veulent pas : leur déni est totalement inconscient. Cela touche même souvent des femmes qui ont déjà eu des enfants. Le mécanisme de base est donc psychologique puis la femme est renforcée dans sa conviction par des "preuves" organiques : elle a ses règles, ne grossit pas, etc... LCI.fr : Comment passe-t-on du déni de grossesse à l'infanticide ? F.N. : S'il y a déni, l'enfant n'a pas existé dans la tête de la mère, donc pour elle, il n'y a même pas d'infanticide. Parler d'infanticide est d'ailleurs inexact. Le bon terme est néonaticide : la mort survient dans les heures qui suivent la naissance. La mère est encore dans le bouleversement de l'accouchement et de la nouvelle de sa grossesse. Elle n'a alors pas le temps de s'attacher à l'enfant, l'oubli est plus facile. Le plus souvent tout de même, l'histoire se termine bien. Sur plus de 1000 cas (entre 800 et 1600) de dénis de grossesses par an en France, une vingtaine finissent en néonaticide. Dans cette vingtaine de cas, il y a trois hypothèses. Soit la mère tue le nourrisson, soit elle le laisse mourir, soit il meurt de mort naturelle, tout comme il y en a pour des accouchements "classiques", à l'hôpital, avec des médecins. Or, cette dernière cause est rarement prise en compte par la justice et l'opinion publique. LCI.fr : Mais comment peut-on parler de mort naturelle dans ces cas ? F.N. : La frontière entre laisser mourir un nourrisson et une mort naturelle est infime dans les premières heures de la naissance. Et les autopsies ne permettent pas forcément de déterminer la cause réelle de la mort. Il faut prendre en compte le hasard et les circonstances dans lesquelles se passe l'accouchement : ces femmes sont seules, chez elles, et accouchent dans des conditions dignes du tiers-monde. Rappelez-vous la manière dont on percevait il y a 10 ans la mort subite du nourrisson. A l'époque, on ne concevait pas qu'un bébé meure dans son lit, l'accident n'était pas possible. C'est pareil aujourd'hui, pour la mort après déni de grossesse. LCI.fr : Alors pourquoi notre société n'en tient-elle pas compte ? F.N. : Le déni de grossesse est encore peu connu. Souvent d'ailleurs les mères elles-mêmes ne savent pas qu'elles ont fait un déni de grossesse. C'est un mot qui n'est pas encore passé dans le langage commun, pas plus que dans les dossiers judiciaires. Il y a très peu de documentation dessus. C'est d'ailleurs pour cela que nous avons créé l'association. Avec plus de 1000 cas par an, le déni de grossesse devrait être reconnu comme un problème de santé publique, et non comme un fait divers. Sauf qu'il n'a pas encore été repéré, comme la mort subite du nourrisson ou l'autisme à l'époque : on laissait ces cas de côté, on les ignorait. LCI.fr : Pourquoi ces mères conservent-elles les corps ? F.N. : C'est la preuve qu'elles ne sont pas dans le rationnel, qui serait : "je me débarrasse proprement du corps". D'autant qu'il est facile de faire disparaître le corps d'un nouveau-né. Dans cette irrationalité, il y a deux types de cas : les cas ordinaires, où les mères mettent le corps absolument n'importe où (dans un tiroir, une boîte à chapeau...). Elles le "rangent", comme quelque chose qu'on n'utilise jamais. D'autres mettent les corps au congélateur. Là, il y a la volonté de conserver. Mais je ne pense pas que ce soit réfléchi non plus. Elles sont encore au stade du constat, du déni et non pas encore dans l'acceptation et l'interprétation. Mais, je le répète, on ne sait pas encore tout sur ces mères : nous n'en sommes qu'aux balbutiements des connaissances. L’Express 29 mars 2007 Ce bébé qu'elles n' attendaient pas Par Estelle Saget - publié le 29/03/2007 Alors que l'affaire Courjault est en cours d'instruction, un livre apporte un éclairage troublant sur les mystères du déni de grossesse: pourquoi des femmes souvent éduquées, actives, ne peuvent-elles voir qu'elles sont enceintes? Je suis mère de deux enfants. Je jure n'avoir jamais commis d'infanticide. Pourtant, quand j'ai refermé le livre de la journaliste Gaëlle Guernalec-Levy sur les femmes en déni de grossesse (1), j'ai pensé: «J'aurais pu être l'une d'elles.» Oui, j'aurais pu vivre un drame qui aurait défrayé la chronique, comme Véronique Courjault, l'épouse d'expatrié qui a placé ses deux bébés dans un congélateur en Corée, l'été 2006. Nul ne peut dire, dans cette affaire dont l'instruction est en cours, si la suspecte a dissimulé son état, ou si elle l'ignorait. Mais les témoignages collectés par Gaëlle Guernalec-Levy à travers la France révèlent qu'il existe bien, à l'époque de la maternité triomphante, des femmes qui découvrent leur grossesse à l'accouchement. Des femmes crédibles quand elles affirment n'avoir rien décelé. On ne parle pas, ici, d'adolescentes qui dissimulent leur état sous des vêtements amples par peur de leurs parents. Ni de marginales qui vivent dans la précarité sans jamais consulter de médecin. La quarantaine de cas que l'auteur a recensés dans les archives de quotidiens régionaux des dix dernières années concernent des femmes éduquées, le plus souvent actives: une aide-soignante, un avoué, une animatrice de crèche… Elles vivent en couple, sont mères d'un ou deux enfants, avec lesquels elles se montrent aimantes. Comment ces femmes issues d'un XXIe siècle qui a banalisé la pilule et les tests de grossesse ont-elles pu tomber enceintes sans s'en apercevoir et ignorer des mois durant leur état? J.- P. Guilloteau/ L'EXPRESS Gaëlle Guernalec-Levy. Son ouvrage révèle que les femmes affirmant n'avoir pas décelé leur grossesse sont crédibles. Il y a une explication à l'inexplicable. L’Express 29 mars 2007 «Tiens, c'est une tête» Assise sur les toilettes, Karine éprouve tout à coup une sensation étrange. «Quelque chose de démesuré est en train de sortir. Elle regarde entre ses jambes et aperçoit une tête. Elle se sent incroyablement calme et pose des mots sur cette soudaine réalité. Tiens, c'est une tête. Karine se lève et, dans un même mouvement, le corps tout entier sort de son vagin. Elle l'attrape, le tient bien en main et se rasseoit. Ce qui vient de sortir se met à crier. Karine comprend que la tête et le corps forment un tout, réalise que, oui, c'est bien un bébé. Elle compte, de façon mécanique, les pieds, les mains, les orteils et les doigts. Elle est là sans être là, elle se regarde agir. Karine appelle son mari. Elle essaie de contrôler sa voix, elle anticipe le choc.» (Extrait de Je ne suis pas enceinte.) Dans chaque histoire, il y a une explication à l'inexplicable. Certaines n'utilisaient pas de moyen contraceptif parce qu'elles étaient convaincues d'être stériles, ou bien trop proches de la ménopause pour enfanter. Leur retard de règles, considéré comme une preuve supplémentaire d'infertilité, ne les a pas alertées. D'autres avaient oublié, un soir, de prendre leur pilule. Mais, chaque mois, en fin de plaquette, l'arrêt rituel de sept jours continuait à provoquer des menstruations artificielles. Pas de raison, donc, de s'inquiéter. Par ailleurs, les médecins constatent, sans pouvoir l'expliquer, que ces grossesses niées ne se voient pas. Les mères prennent bien quelques kilos - à peine plus que le poids du bébé - mais ne changent pas de taille de vêtements. Au lieu de pousser le ventre de sa mère vers l'avant, le f?tus s'étire en hauteur. Le cas le plus étonnant est sans doute celui survenu, l'été 2006, en Grande-Bretagne. Très occupée par son bébé de 11 mois, Carly, 20 ans, ne s'est pas rendu compte qu'elle portait des jumeaux ne pesant pas moins de 2 kilos chacun. L'un s'était développé au niveau de son ventre; l'autre, au-dessus, s'était caché derrière sa cage thoracique. Si bien caché, d'ailleurs, que le chirurgien chargé de la césarienne a manqué recoudre la mère sans l'avoir repéré… Elles croient l'enfant mort, à tort Tous les dénis ne se soldent pas par un infanticide. Nombre des témoignages du livre - dont l'écriture est d'une grande délicatesse - sont des histoires qui finissent bien. Au terme d'une période qui varie entre 1 seconde et plusieurs semaines, la femme reconnaît ce passager clandestin comme son enfant et le lien s'établit normalement. L’Express 29 mars 2007 Un sujet polémique Pr Israël Nisand, chef du département de gynécologie-obstétrique au CHU de Strasbourg:«Je vois deux ou trois fois par an des dénis de grossesse qui ont persisté jusqu'à l'accouchement. Je suis convaincu que toute femme, un jour, est susceptible de se trouver dans des circonstances où elle ne peut concevoir l'idée d'être enceinte. En cas d'infanticide, le traitement actuel, exclusivement judiciaire, n'est pas adapté. Ces femmes n'ont rien à faire en prison.» Pr Jacques Lansac, gynécologue-obstétricien au CHU de Tours: «En trente ans de carrière, je n'ai croisé qu'une femme qui avait tué son nouveauné. Elle était arrivée à l'hôpital avec l'enfant dans un cabas en disant qu'il était tombé dans les toilettes. Je ne comprends pas pourquoi elle n'a pas appelé l'hôpital dès qu'elle a senti les premières contractions. Un tel comportement relève de la perversion ou de la psychiatrie.» Comment expliquer alors que certaines mères prennent soin du nouveau-né, tandis que d'autres se retrouvent devant les assises? La conclusion de l'enquête bouscule les idées reçues. «Celles qui ont tué leur enfant ne sont ni plus mauvaises ni plus névrosées que les autres, signale Gaëlle Guernalec-Levy. Simplement, elles n'ont pas eu la chance qu'un tiers soit présent quand les premiers signes du travail se sont manifestés.» Car tous les récits concordent: l'accouchement surprise est un événement si violent, à la fois physiquement et psychiquement, que celles qui le vivent n'ont pas le réflexe de téléphoner à l'hôpital. Si ces femmes se trouvent seules, la panique ou la sidération entraîne souvent le pire. Elles ne réalisent pas que cette «chose» qui sort de leur ventre est un enfant. Ou bien elles le croient mort, à tort. «Il ne respirait pas», raconte Cécile. «Il était tout bleu», rapporte Adèle. A quelques exceptions près, ces femmes ne tuent pas leur bébé d'un geste violent. Celui-ci décède parce qu'elles l'ont placé dans un sac-poubelle, où il s'est asphyxié. Parce qu'il est resté trop longtemps exposé au froid. «Elles ne sont pas mues par une pulsion sadique», insiste l'auteur. C'est rassurant, si l'on peut dire, et vertigineux à la fois. Car, si la présence d'un tiers est la seule condition à la survie du bébé, comment éviter que celui-ci se présente à l'heure où son père est encore au bureau? C'est en amont qu'il faut agir (2): «Si le phénomène du déni de grossesse était mieux connu, explique Gaëlle Guernalec-Levy, ces femmes croiseraient forcément, au cours des neuf mois, un ami ou un médecin qui saurait interpréter des symptômes banals comme les nausées ou le mal de dos.» Et qui poserait la bonne question: «Tu ne serais pas enceinte, par hasard?» (1) Je ne suis pas enceinte. Enquête sur le déni de grossesse. Stock, 260 p., 17 €. (2) Association française pour la reconnaissance du déni de grossesse (AFRDG), 28, rue Bertrand-de-Born, 31000 Toulouse. ELLE 6 novembre 2006 ELLE 6 novembre 2006 ELLE 6 novembre 2006