Terra Incognita - Théâtre de l`Arcane

Transcription

Terra Incognita - Théâtre de l`Arcane
• Ressentis
Le théâtre c’est pour toi, c’est pour nous
C’est un toit au-dessus de nous
C’est pour toi, c’est pour nous
Le théâtre c’est des applaudissements pour eux ; pour nous
Le théâtre c’est des textes pour eux ; pour nous
Le théâtre c’est des écrits ; c’est des dires ; pour eux ;
pour nous.
Le théâtre
Je parle, je danse, je marche,
Mieux
La mémoire
Octobre 2007, début de participation au
théâtre, très difficile pour moi.
La peur de ne pas savoir quoi dire. L’angoisse montait lors de l’attente d’une
improvisation.
Le contact avec les autres était très dur. Au
fur et à mesure j’ai pris confiance en moi et
envers les autres.
Je suis de plus en plus à l’aise au théâtre
et en dehors du théâtre.
Natacha
Jacqueline
« Après la création de la lumière, l’ombre de
Dieu n’a pas disparu. »
Déjà trois ans que patients et soignants de l’hôpital de jour Emera retrouvent Michel, metteur en
scène, et Leslie, comédienne, sur une autre scène
qu’Emera même : celle de la salle de théâtre de
l’hôpital Valvert.
Ce lieu est devenu notre territoire au fil du temps,
notre espace, où chacun se sent en confiance et
donc en sécurité. Les artistes du théâtre de l’Arcane, par leur engagement et leur rigueur de travail, tout en tenant compte de la fragilité des
patients, ont su insuffler cette nécessité d’être
ensemble pour que chacun « résonne ensemble »
à travers l’échange, la rencontre et cette ambiance
propre à cet atelier.
« Une personne est dès l’origine mouvement
vers autrui. »
Le travail d’improvisation élaboré sur plusieurs
mois a donné lieu à une construction théâtrale
autour du mythe de Prométhée et la Boîte de Pandore. Le groupe s’agrandit avec l’intervention
d’Aline, créatrice sonore et Emilie, technicienne
lumière.
Patients et soignants n’ont pas rechigné à participer à deux séances puis trois séances par
semaine soit six heures.
Ce travail de création engage l’existence du groupe
commun (comme-un) et touche à la singularité de
Distribution
Avec la participation de l’équipe du Théâtre de l’Arcane
Natacha Auvigne
Jacqueline Bagur
Domitille Gougne
Leslie Laugero
Thérèse Pisciotta
Michel Saracino
Catherine Sicard
Avec le concours
de Muriel et Jonathan.
Dominique Cier, Amélie Etevenon, Anne Lucas, Leslie Laugero,
Cyrille Laurent, Ilijana Vukmir-Damour.
Création sonore
Aline Soler
Création lumière
Emilie Chomel
chacun… jusqu’où je ne me mets pas en danger,
jusqu’où je ne mets pas l’autre en danger.
Cette participation plus intense a mobilisé non
seulement les personnes concernées mais aussi le
groupe entier à Emera, dans leur interrogation sur
notre travail, leurs visites informelles au théâtre,
leur travail collectif dans le groupe écriture sur le
thème de la Boîte de Pandore :
« La déesse va punir,
Envoûtée du démon
Et ses charmes pour séduire
Sur un air de violon
Lui promettait de fuir… »
Le désir de montrer ce travail prédomine dans
cette dynamique commune, ce qui ne nous
empêche, pas sur des modes d’expression différents, d’avoir ce fameux « trac » en s’exposant au
regard de l’autre. Nécessité alors de se réunir à
chaque fin de séance.
L’évolution personnelle de chacun au cours de ces
séances a permis que ce travail existe et, nous l’espérons, il ne s’arrêtera pas là !
Domitille et Catherine
Théâtre de l’Arcane
Spectacle construit à partir d’improvisations d’acteurs
Scénario et mise en scène : Michel Bijon
Textes d’Eschyle, de Shakespeare, additionnés de textes des acteurs.
Costumes
Remerciements
Le Théâtre de l’Arcane remercie tous ceux qui ont soutenu
l’action « Laboratoire d’imaginaire » et principalement :
– M. Denis Barthélémy, Président du CA du CH Valvert,
– M. Robert Brenguier, Directeur du CH Valvert,
– Mme Martine Fournier, Responsable du Pôle de Psychiatrie
Générale, secteur 13G07,
– le groupe de l’hôpital de jour Emera et notamment l’équipe
soignante et les patients grâce auxquels l’activité théâtrale
a toujours pu se dérouler dans les meilleures conditions,
– Sophie Karavokyros et l’Association « Ose l’Art »,
– Michel, Natacha, Jacqueline, Thérèse, Muriel et Jonathan sans
qui cette aventure créatrice n’aurait pu exister.
Technique
Un grand remerciement à tous nos partenaires financiers :
Ville de Marseille, Cucs vallée de l’Huveaune, Conseil Général des
Bouches-du-Rhône, Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur,
la Drac, l’ARH, l’Acsè et Marseille-Provence 2013.
Alain Collu, Cyrille Laurent
Et à nos amis d’Approche, de Carnet de ville et de Projectis.
Leslie Laugero,
Ilijana Vukmir-Damour
présente
Terra Incognita
Photos © Carnet de ville - Conception Approche texte & image - Imprimé sur papier 100% recyclé
Le Théâtre
TERRA INCOGNITA
Mise en scène
Michel BIJON
Première étape
de création
mars 2010
« Qu’il précipite
mon corps dans
les tourbillons d’une
impitoyable contrainte ;
Il n’arrivera pas
THÉÂTRE DE L’ARCANE
4, rue Puits-Saint-Antoine 13002 Marseille
29, cours Franklin-Roosevelt 13001 Marseille
Tél. : 04 91 94 52 43
[email protected]
www.theatre-arcane.fr
Réservations
04 91 87 68 32
ou
04 91 87 68 03
à faire mourir le dieu
que je suis. »
Eschyle
Co-production
Marseille Provence 2013
CH VALVERT
Terra Incognita
Ce spectacle
est dédié à
Michel R AIMONDO
Terra Incognita
Terra Incognita
• Genèse
Aphorismes
Il faut laisser les acteurs s’éprouver,
résonner ensemble, trouver leur place, et
il n’y a pas de petites places, il y a une
place unique, importante pour nous ici et
maintenant.
« Ce n’est pas le théâtre, c’est d’aller à la
rencontre de… qui est nécessaire ».
(Grotowski)
Quelque chose semble flotter dans l’air…
un acteur sème des bouts de papier sur le
plateau, une actrice écoute le bruit des
cailloux tombant dans un bocal, deux
acteurs esquissent une danse à partir
d’un chant d’enfant. « Nous sommes dans
ce lieu où pourraient surgir les personnages
de Giacometti ». (J. Oury)
C’est vrai que pour avoir accès à ce lieu
d’invention, il faut du temps « du fait
qu’on est pris dans des systèmes de
logique représentative, de préjugés. On
est pris dans des habitudes de pensée, de
« bon sens » : barrières, écrans, qui empêchent d’avoir accès à des lieux d’émergence ». (J. Oury)
Pour parvenir à mettre en place ces
moments insolites, ses étincelles de
vie, ces « corps en apparition », il nous a
fallu cheminer ensemble, longtemps.
Pendant plus de deux ans, patients, personnel soignant, membres de l’équipe du
Théâtre de l’Arcane se sont retrouvés
pour contourner les barrières, soulever
les pans des rideaux, s’ouvrir à des
mondes surprenants, construire d’improbables rencontres et puis travailler et travailler encore, inlassablement, pour que
ces actes puissent être « présentés ».
Cheminer, cela nécessite d’être avec,
d’être en connivence, d’être chacun
attentif à tout ce qui se vit sur le plateau,
d’être dans l’infime et l’imperceptible.
La présentation n’est pas de l’ordre du
spectacle spectaculaire, mais de l’intime.
Terra incognita c’est peut-être
simplement une main qui se tend pour
une caresse d’une infinie douceur, un
C’est seulement à partir de là que chaque
participant tentera de construire des
actes, sans tricherie, honnêtement, sans
faux fuyants. L’acte, c’est une expérience vraie.
Faire que chacun aille le plus loin possible dans ce qu’il essaie de présenter, rendre audible tous ces balbutiements…
Entendons-nous bien, il ne s’agit pas de
« polir » ce qui existe, de faire entrer de
force les constructions d’acteurs dans je
ne sais quelle esthétique consensuelle,
dans je ne sais quel discours lénifiant.
Bien au contraire !!!
Il est nécessaire de trouver le rythme
juste, le geste juste, la parole juste, la rencontre juste.
« Une œuvre d’art n’a d’intérêt qu’à la
condition qu’elle soit une projection de ce
qui se passe dans les profondeurs d’un
être ; et, naturellement, qui a pris naissance dans cet être, et pas qu’on y a
fourré ». (J. Dubuffet)
Travailler ensemble n’est pas, pour nous,
être dans l’imitation, n’est pas singer ce
qui se passe ailleurs, nous ne sommes
pas dans « faire du grand théâtre », nous
savons faire autre chose.
pied qui martèle violemment le sol, une
prière ébauchée, un jeu d’enfant réinventé, une voix rauque insultant des personnes imaginaires, une petite ritournelle chantée pendant que des bras se
dressent… Bon, ça doit être plus compliqué, je ne sais pas trop :
Peut-être cette façon de lever la tête et
de crier comme Prométhée à la face du
monde : « … Dès lors qu’« Il » précipite
mon corps dans les tourbillons d’une
impitoyable contrainte ; « Il » n’arrivera
pas à faire mourir le dieu que je suis ».
« Incitez l’homme à se révéler, à se dévoiler, à être sincère, vous verrez sa propre
liberté entrer en jeu. » (G. Grotowski)
Michel Bijon
Séance de travail : une actrice fait une
improvisation à partir d’une boîte :
le thème de la « boîte de Pandore » est
né. Nous avons travaillé sur ce mythe et
d’autres propositions sont apparues :
Prométhée, l’attente, les maux de
l’Humanité, le personnage de Pandore.
Un jour, Zeus décide de cacher le feu
dont les hommes disposaient,
Prométhée redonne le feu aux
hommes. Zeus, bafoué, furieux,
ordonne qu’on enchaîne Prométhée
à un rocher pour l’éternité et
demande aux Dieux de créer une
femme, Pandore, qui va se trouver
mêlée à l’histoire humaine car elle
amène avec elle une jarre contenant
tous les malheurs, toutes les misères
de la vie humaine. A un moment
donné, Zeus donne l’ordre à Pandore
de soulever le couvercle de la jarre,
elle l’ouvre et tous les maux se
répandent sur la terre. Dorénavant,
chez les hommes, il n’y a plus de
jeunesse sans vieillesse, de
naissance sans mort, de bonheur
sans malheur…
Pour créer ce spectacle, il nous a fallu
tâtonner, expérimenter pour que les
scènes de chaque acteur ne s’épuisent
pas dans le scénario final.
Il ne faut pas trop se presser avec le
montage des séquences : revenir
continuellement sur l’acte, le précis de
l’acte. Avant de réunir les « études »
entre elles et qu’elles forment des
ensembles « cohérents », il faut du
temps, afin que ce qui est vivant ne
meure pas, pour que l’acte puisse vivre
pleinement.
• Scénario
Nous avons conçu ce spectacle comme un
rêve, le rêve de Prométhée. Il n’y a donc pas
dans ce spectacle une linéarité de l’histoire
ni un enchaînement « logique » des
séquences.
On assiste d’abord à la condamnation de
Prométhée, enchaîné sur son rocher :
« Voyez les tortures dont je suis déchiré
Je gémis sur les tourments
Que je souffre aujourd’hui.
Quand pourrai-je voir
Lever la fin de mes peines. »
Puis c’est la création de Pandore et son
arrivée sur la terre avec la boîte contenant
les maux de l’humanité :
MORT :
Arrêtez !
On n’est plus sur terre,
Pas heureux…
On ne peut pas en parler,
La lumière, l’ombre,
Quelle tristesse, c’est écrit,
Destin fatal, envie de rien, peur.
Pandore va vivre auprès des hommes,
hommes-gargouilles qui, dans leur
insouciance de la colère des Dieux, dansent,
chantent et paradent.
C’est l’ouverture de la boîte et les maux
se répandent :
Je cherche autour de moi les choses.
Tant de choses que j’ai perdues, et que
j’ai même oubliées.
Je cherche des mots disparus,
qui mouraient, malgré mes regrets.
C’est enfin le cri de Prométhée, cri de
révolte contre l’injustice, cri de résistance
à la tyrannie.
Qu’il précipite mon corps dans
les tourbillons d’une impitoyable
contrainte ;
Il n’arrivera pas à faire mourir le dieu
que je suis.