Du buzz et un tremplin pour les start-uppers

Transcription

Du buzz et un tremplin pour les start-uppers
Evénement
Du buzz et un tremplin
pour les start-uppers
Organisé par Challenges avec Sciences et Avenir, le Sommet des start-up
rapproche des investisseurs les idées prometteuses. Temps forts.
La France,
terre de
futures licornes
Un év én em en t
avec
PHOTOS :
Bruno Levy,
Bruno Delessard,
Marc Bertrand
pour Challenges
ormer, héberger, démultiplier… Voici le dessein de
Xavier Niel pour que fleurissent des start-up par
milliers. Et jolie conclusion du
1er Sommet des start-up, organisé
par Challenges avec Sciences et Avenir, le 6 avril, au palais Brongniart,
à Paris. L’entrepreneur, milliardaire
et mécène, inaugurera, début 2017,
la Halle Freyssinet, un projet fou
d’incubateur, qu’il a présenté aux
600 start-uppers présents. « Ce lieu
mythique, sans but commercial,
sera le plus grand du monde,
proclame le fondateur d’Iliad-Free,
qui investit 250 millions d’euros
pour rénover ce bâtiment, avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte. Il
F
L’architecte JeanMichel Wilmotte
présente le projet
d’incubateur de la
Halle Freyssinet,
le 6 avril. « Ce lieu
mythique, sans
but commercial,
sera le plus grand
du monde »,
selon Xavier Niel,
fondateur
d’Iliad-Free et
son mécène
(à dr., à côté de
Vincent Beaufils,
de Challenges,
et Jean-Louis
Missika,
adjoint au maire
de Paris).
18 P CHALLENGES N°473 - 14 AVRIL 2016
symbolisera la vivacité de l’écosystème parisien. » Une cathédrale de
la création, avec sa nef de
310 mètres, pour une génération qui
rêve d’entreprendre.
Car si la France dispose d’atouts
nombreux, bien plus que la Silicon
Valley, selon le milliardaire, la transformation numérique est loin d’être
accomplie. La Halle Freyssinet,
avec son auditorium, son FabLab
géant, ses salles de réunion et son
restaurant ouvert 24 heures sur 24,
proposera un cadre propice à l’éclosion de start-up digitales. Xavier
Niel avait déjà pris les devants avec
42, son école créée en 2013, où des
milliers de jeunes, avec ou sans le
bac, apprennent à coder.
Parmi eux, il l’espère, se trouvent
les futurs créateurs des nouveaux
Facebook et autres Google. Ainsi, le
patron de Free investit chaque année dans des dizaines de projets, ce
qui en fait l’un des premiers business angels du monde. Dans cette
quête messianique, il ne néglige
rien. « Pour héberger les start-uppers de la Halle Freyssinet, nous
allons construire 900 studios avec
des loyers modérés de l’autre côté
du périphérique, à Ivry », détaillet-il. De même, boulevard Bessières,
dans le XVIIe, en face de l’école 42,
une résidence de 800 logements étudiants sera inaugurée en 2018. C’est
son credo : tendre la main, aider,
pour mieux recevoir. Kira Mitrofanoff
Cinq lauréats aidés durant un an
et un visa pour New York
l’occasion du 1er Sommet
des start-up et de la sortie
du dossier annuel « 100 startup où investir », Challenges a
organisé un concours « tremplin »,
à double détente : un jury a dans un
premier temps sélectionné cinq startup. Il était composé des journalistes
de Challenges et d’experts qui
s’engageaient à proposer un
accompagnement des lauréats
pendant un an sur les sujets
stratégiques (pour le cabinet TNP),
financiers (pour le spécialiste de
levées de fonds WiSeed) et juridiques
(pour les avocats de Bignon Lebray).
Joint à une visibilité sur notre site
Challenges.fr, cela représente un
montant de 25 000 euros de dotation
pour chacune des start-up choisies.
Les cinq se retrouvaient ensuite
pour pitcher devant les meilleurs
investisseurs de la place (Pierre
Kosciusko-Morizet, fondateur
de PriceMinister, Marie-Vorgan
Le Barzic, CEO du Numa à Paris,
Benoist Grossmann, managing
partner à Idinvest et Stéphanie Savel,
présidente de WiSeed). Avec,
comme perspective, un voyage à
New York pour aller à la rencontre
d’investisseurs internationaux
lors de la prochaine French Touch
Conference, les 20 et 21 juin,
événement dont Challenges est
partenaire.
And the winner is… une gagnante :
Anaïs Barut, cofondatrice de Damae
Medical, qui a su convaincre
avec un joli bagou les investisseurs.
La start-up, créée en 2014, développe
un dispositif d’imagerie optique
pour dépister des cancers cutanés.
Anaïs Barut a détaillé par le menu
leur dangerosité et le manque d’outils
permettant aux dermatologues de
détecter au plus tôt les mélanomes.
L’appareil, mis au point avec David
Siret, également diplômé de l’Institut
d’optique, et Arnaud Dubois,
enseignant-chercheur de cette
institution, est capable ainsi
de dépister des cancers par simple
contact avec la peau. « Cela évite
des biopsies inutiles », assure Anaïs
Barut. L’équipe compte aujourd’hui
A
François Bracq, responsable start-up
à Google. « Cinq ans après leur création,
seules 50 % des start-up survivent. »
« Comment
traverser
“la vallée
de la mort” »
Anaïs Barut, cofondatrice de Damae
Medical. La gagnante du concours
Choose me participera à la French
Touch Conference, les 20 et 21 juin.
«
a France se distingue par de très
fortes intentions entrepreneuriales.
Mais, selon un rapport de
McKinsey, elle pourrait faire encore bien
davantage avec une meilleure culture
numérique : si nous étions au niveau
des Anglais, nous pourrions avoir
100 milliards d’euros de PIB de plus !
S’il est exact que le climat n’a jamais
été favorable pour la création des jeunes
entreprises innovantes, nous avons
identifié un moment critique
dans la vie d’une start-up, celui
de l’internationalisation.
Ainsi, cinq ans après leur création et
la traversée de ce que l’on appelle
“la vallée de la mort”, seules 50 % des
start-up auront survécu, selon une étude
de la Fondation Raise et du cabinet Bain.
Au bout de trois ou quatre ans, c’est
en effet un moment où l’entrepreneur
se retrouve seul. C’est là que nous
allons l’aider en partageant avec lui
notre expérience de l’hypercroissance
et de l’accès à l’information.
Google, avec son programme Scale Up,
initié en France, s’est donné comme
objectif d’aider les start-up à devenir
des acteurs globaux. Avoir un bon produit
est attendu, et ce qui fera la différence,
c’est le marketing. Il faut aller chercher
de l’audience. Le programme Scale Up
donne cette possibilité avec l’analyse
très poussée de données statistiques.
En 2015, les dix “Scale Up”
du programme, dont BlaBlaCar ou
encore ManoMano, ont ouvert
dans plus de 30 pays, embauché plus
de 400 personnes, doublé leur chiffre
d’affaires et levé pour plus de
250 millions d’euros. »
une dizaine de personnes. Damae
Medical prévoit de commercialiser
son produit en 2017 et souhaite lever
entre 1 et 1,5 million d’euros au cours
de l’année. Dans le jury, la jeune
femme a emporté les suffrages de
Marie-Vorgan Le Barzic et de Benoist
Grossmann, tous deux séduits par les
perspectives incroyables offertes à
la dermatologie. « Si cela fonctionne,
c’est sûr qu’il y a un marché et que
cela se vendra comme des petits
pains », a ainsi pronostiqué Benoist
Grossmann.
Les quatre autres lauréats sont :
Deepki (catégorie développement
durable), qui propose aux grands
groupes de réaliser des économies
d’énergie grâce au data analytics ;
Processout (fintech), qui permet aux
commerçants d’offrir tous les modes
de paiement possibles sur Internet
sans avoir besoin de développement
informatique et en toute sécurité ;
Interactive Mobility (services), qui
met à disposition une plateforme
accessible sur smartphone ou tablette
avec des films, journaux, magazines,
musique et jeux pour les voyages en
avion ; Eco-Tech Ceram (high-tech),
qui a mis au point un système
de récupération de la chaleur dans
des usines utilisant des fours.
Laure-Emmanuelle Husson
L
E
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