La nanotechnologie - CORDIS
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La nanotechnologie INFORMATION GÉNÉRALE L’innovation pour le monde de demain NANOTECHNOLOGIES ET NANOSCIENCES, MATÉRIAUX, MULTIFONCTIONNELS BASÉS SUR LA CONNAISSANCE, ET NOUVEAUX PROCÉDÉS ET DISPOSITIFS DE PRODUCTION La recherche européenne vous intéresse? Notre magazine RDT info vous tient au courant des principaux développements dans ce domaine (résultats, programmes, événements, etc.). RDT info est disponible gratuitement en allemand, en anglais et en français, sur simple demande à: Commission européenne Direction générale de la recherche Unité «Information et communication» B-1049 Bruxelles Fax (32-2) 29-58220 E-mail: [email protected] Internet: http://europa.eu.int/comm/research/rtdinfo/index_fr.html Editeur: COMMISSION EUROPÉENNE Direction générale de la recherche Direction G — Technologies industrielles Unité G.4 — Nanosciences et nanotechnologies Contacts: Dr. Renzo Tomellini, Dr. Angela Hullmann E-mails: [email protected], [email protected] Url: www.cordis.lu/nanotechnology COMMISSION EUROPÉENNE La nanotechnologie L’innovation pour le monde de demain Cette brochure doit son origine à un projet financé par le ministère fédéral allemand de l’éducation et de la recherche (BMBF) et réalisé par l’Association allemande des ingénieurs - Centre de technologie (VDI-TZ). La Commission européenne remercie le BMBF d’avoir autorisé la traduction de la présente publication et sa mise à la disposition du public européen. Nous remercions particulièrement Mme Rosita Cottone (BMBF) et le Dr Wolfgang Luther (VDI-TZ) pour leur aide à la coordination. Pour la version originale allemande, consulter l’adresse http://www.bmbf.de/de/nanotechnologie.php. Édité par: Commission européenne, DG Recherche Produit par: Bundesministerium für Bildung und Forschung BMBF, Berlin Coordination: Future Technologies Division, VDI Technologiezentrum GmbH, Düsseldorf Auteur: Mathias Schulenburg, Cologne Mise en page: Suzy Coppens, BergerhofStudios, Cologne 2004 Direction générale de la recherche «Nanosciences et nanotechnologies» EUR 21151FR Europe Direct est un service destiné à vous aider à trouver des réponses aux questions que vous vous posez sur l’Union européenne Numéro unique gratuit: 00800 6 7 8 9 10 11 AVERTISSEMENT: Ni la Commission européenne, ni aucune personne agissant au nom de la Commission n’est responsable de l’usage qui pourrait être fait des informations ci-après. Les opinions exprimées dans la présente publication n’engagent que l’auteur et ne reflètent pas nécessairement la position de la Commission européenne. De nombreuses autres informations sur l’Union européenne sont disponibles sur l’internet via le serveur Europa (http://europa.eu.int). Une fiche bibliographique figure à la fin de l’ouvrage. Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes, 2004 ISBN 92-894-8887-5 © Communautés européennes, 2004 Reproduction autorisée, moyennant mention de la source Printed in Belgium IMPRIMÉ SUR PAPIER BLANCHI SANS CHLORE Avant-propos a nanotechnologie est une nouvelle approche liée à la compréhension et à la maîtrise des propriétés de la matière à l’échelle nanométrique, un nanomètre (un milliardième de mètre) correspondant à la longueur d’une petite molécule. À ce niveau, la matière présente des propriétés différentes et souvent étonnantes, et les frontières entre les disciplines scientifiques et techniques établies s’estompent. D’où la dimension interdisciplinaire forte associée à la nanotechnologie. L La nanotechnologie est souvent décrite comme potentiellement «perturbatrice» ou «révolutionnaire» en termes d’impact possible sur les méthodes de production industrielle. Elle apporte des solutions possibles à toute une série de problèmes actuels par le biais de matériaux, composants et systèmes plus petits, plus légers, plus rapides et plus efficaces. Ces possibilités ouvrent de nouvelles perspectives pour la création de richesse et l’emploi. La nanotechnologie devrait également apporter une contribution essentielle à la résolution de problèmes mondiaux et environnementaux en réalisant des produits et des processus destinés à un usage plus spécifique, en économisant des ressources et en réduisant le volume des déchets et des émissions. Des progrès énormes sont aujourd’hui réalisés dans la course mondiale à la nanotechnologie. Entre le milieu et la fin des années 1990, l’Europe a rapidement investi dans de nombreux programmes sur les nanosciences. Elle a ensuite développé une solide base de connaissances et doit maintenant veiller à ce que l’industrie et la société européenne puissent cueillir les fruits de ces connaissances en mettant au point des produits et des procédés innovants. La nanotechnologie est l’objet d’une récente communication de la Commission («Vers une stratégie européenne en faveur des nanotechnologies»). Dans sa communication, la Commission propose non seulement de promouvoir la recherche dans les nanosciences et nanotechnologies, mais aussi de prendre en considération plusieurs dynamiques interdépendantes: • La coordination des programmes de recherche et des investissements nationaux doit être accrue de manière à doter l’Europe d’équipes et infrastructures («pôles d’excellence») compétitifs au niveau international. En parallèle, il est essentiel de garantir une coopération entre les instituts de recherche des secteurs public et privé en Europe si l’on entend parvenir à une masse critique suffisante. • Il ne faut pas perdre de vue les autres facteurs liés à la compétitivité, tels que la métrologie, les règlementations et les droits de propriété intellectuelle appropriés, de manière à ouvrir la voie à l’innovation industrielle et à créer des avantages concurrentiels, pour les grandes entreprises autant que pour les PME. • Les activités liées à l’éducation et à la formation revêtent une grande importance; en particulier, l’Europe peut agir pour améliorer l’esprit d’entreprise des chercheurs, ainsi que l’attitude positive des ingénieurs en production face au changement. La conduite d’une véritable recherche interdisciplinaire dans le secteur de la nanotechnologie requiert également des nouvelles approches d’éducation et de formation dans le monde de la recherche et de l’industrie. • Les aspects sociaux (tels que l’information du public et la communication, la santé, les problèmes environnementaux et l’évaluation des risques) constituent d’autres facteurs clés du développement responsable de la nanotechnologie et de la concrétisation des attentes des citoyens. La confiance du public et des investisseurs dans la nanotechnologie sera cruciale pour son développement à long terme et son application fructueuse. L’objectif de la présente brochure consiste à montrer ce qu’est la nanotechnologie et ce qu’elle peut apporter aux citoyens européens. Ezio Andreta Directeur «Technologies industrielles» Direction générale Recherche Commission européenne Sommaire 3 Avant-propos 4-5 Sommaire Voyage dans le nano-cosmos 6-7 L’atome: idée séculaire et réalité nouvelle 8-13 La nanotechnologie dans la nature Instruments et processus 4 14-15 Des yeux pour le nanocosmos 16-17 Les appareils d’écriture 18-19 Des impulsions pour la science 20-21 La création de matériaux à l’échelle nanométrique La nanotechnologie pour la société 22-27 Le monde mis en réseau: la nanoélectronique 28-29 La nanotechnologie gie au quotidien de demain 30-33 La mobilité 34-37 La santé 38-41 L’énergie et l’environnement 42-43 La nanotechnologie au service du sport et des loisirs visions 44-45 Les 46-47 Les possibilités et les risques Informations complémentaires 48 Comment devenir nano-ingénieur? 49 Contacts, liens, littérature 50-51 Glossaire 52 Crédits 5 Voyage dans le nanocosmos L’atome: idée séculaire et réalité nouvelle Amedeo Avogadro (17761856), professeur de physique à Turin, a quantifié la goutte d’eau. Notre monde matériel est constitué d’atomes. Le philosophe grec Démocrite le disait déjà il y a près de 2 400 ans. La Grèce moderne l’en a remercié en faisant figurer son portrait au verso de la pièce de dix drachmes. Cette pièce était largement répandue, tout comme les atomes. Une goutte d’eau en contient 1 000 000 000 000 000 000 000, parce que les atomes sont infimes, leur taille équivalant à un dixième de nanomètre. Un nanomètre, c’est un millionième de millimètre. Le rapport entre le diamètre de l’atome de magnésium et celui d’une balle de tennis équivaut au rapport entre le diamètre d’une balle de tennis et celui de la terre. Pensez-y la prochaine fois que vous avalerez un comprimé de magnésium! Q uelques siècles plus tard, le philosophe latin Lucrèce écrivit un poème sur les atomes: L’univers consiste en un espace et un nombre infini de particules indivisibles, les atomes, dont la variété est elle aussi infinie. ... Les atomes se différencient uniquement par la forme, la taille et le poids; ils sont impénétrablement durs, imperturbables, la limite de la divisibilité physique… C’est vrai, mais ce n’était à l’époque que pure spéculation. La nanotechnologie est une nouvelle approche liée à la compréhension et à la maîtrise des propriétés de la matière à l’échelle nanométrique, un nanomètre (un milliardième de mètre) correspondant à la longueur d’une petite molécule. À ce niveau, la matière présente des propriétés différentes et souvent étonnantes, et les frontières entre les disciplines scientifiques et techniques établies s’estompent. D’où la dimension interdisciplinaire forte associée à la nanotechnologie. Puis, plus personne ne s’intéressa à ce sujet pendant longtemps. Au XVIIe siècle, Johannes Kepler, le célèbre astronome, s’intéressa en 1611 aux flocons de neige: leur forme régulière ne pouvait en réalité être due qu’à des éléments constitutifs simples et uniformes. L’idée de l’atome reprit vigueur. 6 L’esprit de Démocrite plane au-dessus de la nanoscène, un océan de possibilités infinies. Les scientifiques qui étudiaient les minéraux et les cristaux envisagèrent de plus en plus sérieusement l’existence des atomes. Ce n’est toutefois qu’en 1912 que l’université de Munich apporta la preuve directe de cette existence: un cristal de sulfate de cuivre décompose les rayons X de la même façon qu’un parapluie diffuse la lumière d’une lanterne. Le cristal devait donc être composé d’atomes, alignés en rangs comme le fil du tissu dans lequel le parapluie était fabriqué, ou comme une pile d’oranges dans une échoppe. La raison pour laquelle les atomes s’agencent de manière aussi régulière est simple: la matière se facilite la vie le plus possible, et l’alignement en rangs est la structure la plus confortable. Même les noix que l’on secoue dans un plat à fruits composent des formes régulières; pour les atomes, c’est encore bien plus aisé. Les appareils d’analyse modernes ont permis de visualiser les composants extrêmement complexes de la matière vivante jusqu’à l’échelle nanométrique. Ada Yonath, DESY, Hambourg, décode la structure de nanomachines biologiques comme les ribosomes par cristallographie. Enfin, dans les années 1980 fut créé un instrument, le microscope à effet tunnel, capable non seulement de visualiser les atomes d’un cristal – nombreux furent ceux qui prirent les premières images pour des montages –, mais aussi de les faire glisser l’un sur l’autre. Le terrain était désormais déblayé pour un développement vital, la nanotechnologie. À Kiel, le professeur Berndt utilise des atomes de manganèse pour reproduire le logo de l’université ChristianAlbrechts. Les modèles simples ne sont toutefois pas toujours les plus faciles à reproduire. Mue par des forces d’autoagencement, la matière sur terre a adopté, au fil des milliards d’années, des formes extraordinairement complexes et vivantes. 7 10 cm 1m Les nanotechnologues aiment la nature. En quatre milliards d’années, celle-ci a en effet trouvé des solutions parfois étonnantes à ses problèmes. Un exemple typique réside dans la façon dont la vie structure sa matière jusque dans les détails, jusqu’au niveau des atomes. C’est également ce que recherchent les nanotechnologues. 10 nm 10 µm 0,1 mm 1 mm Voyage dans le nanocosmos La nanotechnologie dans la nature 8 L es atomes ont mauvaise presse. Quiconque en entendra parler pensera à de gigantesques explosions ou à des rayonnements dangereux. Cela ne peut toutefois concerner que les techniques qui font appel au noyau atomique. La nanotechnologie porte sur l’enveloppe de l’atome, et c’est à cette échelle que cette dernière entre en jeu. Pour dissiper le moindre doute quant au fait que les atomes constituent un environnement quotidien, et même agréable dans certaines liaisons, prenons un fromage comme point de départ de notre voyage dans le nanocosmos. La mimolette est un fromage hollandais. Sa surface parsemée de petits trous divulgue un secret: ce fromage est habité. Les producteurs reconnaissent que l’activité des acariens profite à l’arôme de la mimolette. Ces acariens ont une taille d’un dixième de millimètre. L’ESEM, un microscope à balayage électronique spécial, permet de les observer vivants. Comme toutes les autres formes de vie, les acariens sont constitués de cellules, dont la mesure est le micron. Une cellule est dotée de mécanismes extrêmement complexes. Les ribosomes, qui composent toutes les molécules de protéines possibles et imaginables d’après les spécifications de l’ADN, constituent une partie importante de ces mécanismes. Leur ordre de grandeur: 20 nanomètres. Des fragments de la structure des ribosomes ont été décodés jusqu’aux atomes. Les premières applications concrètes de ce type de nanobiotechnologie sont les nouveaux médicaments qui bloquent les ribosomes des bactéries. La fleur de lotus nettoie ses feuilles grâce à «l’effet lotus» du même nom. Gouttes d’eau sur une feuille de lotus, vues par l’ESEM, un microscope à balayage électronique spécial de l’université de Bâle. Le processus de photosynthèse, qui capte l’énergie nécessaire à la vie sur terre, constitue l’une des technologies les plus sophistiquées à l’échelle atomique. Il concerne chaque atome. Quiconque sera en mesure de le répliquer au niveau nanotechnologique disposera de ressources illimitées en énergie. 1 cm 50 µm 10 µm 1µm Les feuilles des végétaux font appel à d’autres nanotechnologies. Leur régime hydrique est souvent régulé par les forisomes. Ce sont des muscles microscopiques qui ouvrent ou ferment – quand la plante est blessée – des voies dans le système capillaire. Trois instituts Fraunhofer et l’université de Gießen tentent aujourd’hui de trouver des applications techniques aux muscles de la plante, notamment pour les moteurs linéaires microscopiques, ou peut-être pour un laboratoire complet sur puce. 10 nm L e lotus nettoie ses feuilles grâce à «l’effet lotus». Le microscope à balayage électronique ESEM montre la manière dont les gouttelettes d’eau sont tenues à l’écart de la surface de la feuille. Cela s’explique par la structure noppée des feuilles, qui fait perler l’eau à vitesse élevée et entraîne ainsi la saleté. L’effet lotus – étudié en particulier par le professeur Barthlott et ses assistants à l’université de Bonn – a déjà trouvé une application pour toute une série de produits comme les peintures pour façades, le long desquelles l’eau s’écoule en emportant la saleté. Les céramiques sanitaires dotées d’une structure en lotus sont très faciles d’entretien. 1m Effet lotus & Co. 9 Voyage dans le nanocosmos La nanotechnologie dans la nature Les scarabées, les mouches, les araignées, les geckos, etc., ont dévoilé tous les secrets de leur force d’adhérence au Max-Planck-Institut für Metallforschung de Stuttgart. Ils adhèrent grâce à de fins poils formant la base d’une liaison de van der Waals. Plus l’animal est lourd, plus les poils sont fins et nombreux. La nanotechnologie au plafond: le gecko L e gecko peut monter le long du mur, filer tête en bas sur le plafond et même y rester accroché avec une seule patte. Il y parvient – cela va de soi – grâce à la nanotechnologie. La patte du gecko est munie de poils extrêmement fins à ce point souples qu’ils peuvent s’approcher à quelques nanomètres du support sur de grandes surfaces. C’est ce que l’on appelle une liaison de van der Waals, une liaison très faible mais faite de millions de points d’adhérence. Ces liaisons se défont facilement par «épilation», de la même façon que l’on retire un ruban adhésif. Le gecko peut ainsi se déplacer sur le plafond. Les spécialistes de la matière se réjouissent déjà de la mise au point d’une «geckoline» synthétique. Les moules, artistes de l’adhérence Coller à la vie L a vie existe parce que ses composantes sont maintenues ensemble grâce à une technique d’adhérence sophistiquée de type nanotechnologique. Même en cas de blessure, par exemple de piqûre d’insecte: la zone touchée rougit parce que ses vaisseaux capillaires s’élargissent, permettant le passage des leucocytes, les globules blancs. Les cellules de la zone de la piqûre sécrètent une phéromone. Selon la concentration de cette phéromone, les cellules des vaisseaux sanguins et les leucocytes véhiculent des molécules adhésives bien précises qui ralentissent le passage des leucocytes. Au niveau de phéromone maximal, les leucocytes adhèrent Gros plan sur une patte de mouche. 10 fermement, et d’autres molécules adhésives emmènent les particules de sang vers la piqûre, où elles s’attaquent aux corps étrangers éventuels. Tout l’art d’une adhérence parfaite. Les recherches relatives aux imitations nanotechnologiques obéissent désormais à la formule «bonding on command», l’adhérence sur commande. L a moule commune – celle qui est servie au restaurant cuite au court-bouillon – est une artiste de l’adhérence nanotechnologique. Quand elle veut s’accrocher quelque part, elle ouvre sa coquille et pousse son pied sur le rocher, le plie pour former une cloche de succion et, au moyen de petites canules, injecte des gouttelettes adhésives baptisées micelles dans la zone de dépression, où elles éclatent pour former un adhésif sous-marin puissant. Ce phénomène forme immédiatement une mousse qui sert de coussin. La moule s’attache alors à son «pare-chocs» à l’aide de fils élastiques de bysse, de manière à pouvoir supporter sans mal les mouvements des marées. L’Institut Fraunhofer (IFAM) de Brême mène des recherches sur un adhésif de moule modifié permettant de rendre la porcelaine la plus délicate résistante au lave-vaisselle. Le réseau de compétence «Neue Werkstoffe und Biomaterialien» installé à Rostock et Greifswald étudie lui aussi les moules. Une moule avec fils de bysse et pied. Une corbeille de Vénus, l’éponge de haute mer actuellement étudiée en tant qu’exemple biologique pour les conduites à fibre optique. La biominéralisation es moules peuvent encore bien plus de choses. Leur nacre est composée d’innombrables cristaux de calcaire qui se présentent sous la forme d’aragonite et qui, s’ils étaient isolés, seraient très cassants. Dans la moule toutefois, ils sont maintenus ensemble par des protéines très élastiques. Par rapport au poids total de la moule, 3% de protéines suffisent pour rendre la coquille de la moule abalone trois mille fois plus solide qu’un cristal de calcite pur. C’est ainsi que les oursins renforcent leurs épines de trente centimètres pour leur permettre de résister au ressac. L La biominéralisation peut également produire des structures très fines. Dans une zone limitée proche des Philippines vit une éponge appelée «corbeille de Vénus». Elle est recourbée comme le fourreau d’un poignard ottoman, mais autour d’un axe longitudinal. L’éponge doit son nom à la structure du squelette intérieur de son manteau. C’est un tissu fait de fines épingles de silicium perforées comme le cannage du dossier d’une chaise. Ce tissu est entrelacé en angles droits et en diagonale. La corbeille de Vénus est un chef-d’œuvre de la biominéralisation: des composants élémentaires de dioxyde de silicium de trois nanomètres de diamètre relient les cellules de l’éponge en couches extrêmement fines. Celles-ci s’enroulent ensuite de manière à former les épingles, l’élément de base de la structure de l’éponge, qui doit supporter des changements de pression importants. Le canevas biominéral en trois dimensions de l’émail dentaire d’une molaire de campagnol protège la surface de mastication contre les trous. Biominéralisation technique: des nanoparticules réparent des dents. Quand les dents deviennent sensibles au froid ou à l’acidité, la cause réside généralement dans les petits canaux de l’émail, les tubuli de dentine. Ces canaux peuvent être rebouchés dix fois plus rapidement avec les nanoparticules de phosphate de calcium (apatite) et de protéines mises au point par la société SusTech qu’avec les préparations d’apatite usuelles. La couche de matériau reminéralisée se comporte dans la bouche comme un matériau dentaire naturel. 11 Voyage dans le nanocosmos La nanotechnologie dans la nature Grâce à des formes optimales, les diatomées – en haut, la comparaison avec une «éponge de Menger» (voir également p. 21) – présentent la stabilité la plus élevée lorsque leur poids est au minimum et, probablement, des systèmes de collecte de la lumière pour leurs appareils de photosynthèse, les chloroplastes. La biominéralisation revêt une importance stratégique chez les diatomées, des algues siliceuses. Ces êtres microscopiques se protègent au moyen d’une coquille en acide silicique, dont le composant principal est le dioxyde de silicium (SiO2). Comme le verre de quartz, qui est lui aussi composé de dioxyde de silicium, les coquilles d’acide silicique sont relativement insensibles à de nombreux acides corrosifs et solutions alcalines; les nanotechnologues ont donc pensé à en faire des tubes à essai nanométriques pour les cristaux. Un truc pour obtenir des particules nanométriques par réaction chimique consiste en effet à limiter le volume de réaction. Quand le réactif est totalement consommé, les cristaux découlant de la réaction restent petits. Les coquilles des diatomées contiennent de nombreux pores nanométriques ou nanoréacteurs. Comment ces coquilles, parfois visuellement très attractives, apparaissent-elles? De premiers éléments de réponse existent. Des chercheurs de l’université de Ratisbonne ont découvert que des variantes d’un groupe de protéines bien connu, les «polyamines», peuvent produire presque spontanément des nanoparticules présentant une concentration adéquate en acide silicique et un diamètre réglable de 50 à 900 nanomètres. Les coquilles d’acide silicique se formeraient tout aussi spontanément d’après des modèles de croissance simples. Pourquoi les diatomées furent-elles, à un certain moment, considérées comme ayant eu une «importance stratégique» ? En 1867, le suédois Alfred Nobel découvrit que la terre d'infusoires, terre à diatomées composée de dépôts fossiles diatomées, absorbait la nitroglycérine, inhibant ainsi la tendance de cet explosif à détoner spontanément. Nobel donna le nom de «Dynamite» à ce mélange, dont les ventes atteignirent un tel niveau qu'elles furent à l'origine de la fondation qui finance de nos jours les Prix Nobel. 12 L’étoile de mer «ophiocoma wendtii» possède un système de vision optique à microlentilles parfait. En haut: vue de jour; en bas: vue de nuit. Tout-en-un: coquille blindée et champ microlenticulaire. La nanotechnologie dans la nature: l’ophiocoma wendtii, une étoile de mer velue de la taille d’une assiette, a longtemps constitué un mystère. Cet animal, de corps circulaire blindé duquel partent cinq bras, se cache à l’approche des prédateurs bien qu’il n’ait apparemment pas d’yeux. Ceux-ci ont finalement été découverts dans sa carapace calcaire. L’animal est en effet recouvert de champs microlenticulaires parfaits qui transforment tout son corps en œil complexe. Quel rapport avec la nanotechnologie? Les lentilles sont à ce point cristallisées que la particularité de la calcite qui consiste à créer une image double n’entre pas en ligne de compte. La cristallisation est contrôlée au niveau nanométrique. Les lentilles sont également corrigées de leur «aberration sphérique» par l’addition subtile de magnésium, de manière à prévenir les débordements de couleurs indésirables. L’ophiocoma utilise pour ce faire les raffinements nanotechnologiques qui ont fait la renommée de Carl Zeiss. Même la nature ne peut pas en faire de même: de la céramique traitée avec de la suie nanométrique destinée aux systèmes d’allumage par incandescence résistants à la corrosion, comme pour les chauffages au gaz. La conductivité réglable de la céramique rend tout transformateur inutile. L’Institut des nouveaux matériaux (INM) de Sarrebruck a mis au point des processus faisant appel à des nanoparticules pour appliquer des hologrammes inimitables et résistants à l’usure sur des composants métalliques. Au-delà des limites de la nature La nanotechnologie se base sur la nature pure. Cependant, les capacités de la nature vivante sont restreintes. Elles ne peuvent s’exprimer à de hautes températures, comme celles nécessaires à la cuisson de la céramique, ni s’appliquer aux conducteurs électriques. De son côté, la technologie moderne dispose d’un large éventail de conditions artificielles – pureté extrême, froid, vide – dans lesquelles la matière dévoile parfois des propriétés étonnantes. Parmi celles-ci, on trouve notamment les effets quantiques, qui semblent parfois en vive contradiction avec les lois de notre monde quotidien. Les particules du nanocosmos peuvent ainsi adopter des propriétés ondulatoires: un atome, qui est apparemment une entité «solide», peut passer par deux petits orifices en même temps, comme une vague, pour se reformer de l’autre côté. Quand leur taille approche le nanomètre, les particules acquièrent des propriétés nouvelles. Ainsi, les métaux deviennent des semiconducteurs ou des isolateurs. Certaines substances, comme le tellurure de cadmium (CdTe), prennent dans le nanocosmos toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, tandis que d’autres transforment la lumière en courant électrique. Quand les particules deviennent nanoscopiques, la proportion d’atomes sur leur surface augmente fortement. Les atomes de surface possèdent toutefois souvent des propriétés différentes de ceux du centre de la particule et sont généralement beaucoup plus prompts à réagir. L’or, par exemple, devient un bon catalyseur pour les piles à combustible à une échelle nanoscopique (voir également «La mobilité»). Les nanoparticules peuvent aussi être recouvertes d’autres substances, permettant aux matériaux qu’elles composent de combiner diverses propriétés. Un exemple? Les nanoparticules céramiques à coque organique, qui réduisent la tension de surface de l’eau et sont utilisées pour recouvrir les miroirs de salle de bain antibuée. Des nanoparticules de magnétite dans le pétrole. Le fluide peut être magnétiquement contrôlé et formé. Spécialement recouvertes, les nanoparticules de magnétite, un oxyde de fer, créent dans l’huile un ferrofluide, un liquide qui peut être formé magnétiquement. Les ferrofluides sont utilisés dans un nombre sans cesse croissant d’applications, comme les agents d’étanchéification pour joints rotatifs de conteneurs sous vide et boîtiers de disques durs, ou dans les amortisseurs de vibrations réglables pour machines et automobiles. Personne ne doit avoir peur de la complexité de la nanotechnologie. La pomme est un ensemble complexe – cellules, ribosomes, ADN – mais elle reste un fruit fort apprécié. À l’instar des bonnes nanotechnologies, la pomme se manipule aisément. Magnetotacticum bavaricum. Les bactéries magnétiques peuvent synthétiser des chaînes de nanomagnétite et être utilisées comme aiguilles de boussole. Les particules de tellurure de cadmium deviennent fluorescentes, la couleur dépendant uniquement de la taille de la particule. 13 Instruments et processus Des yeux pour le nanocosmos La nanotechnologie dans l’espace: les réflecteurs du télescope européen à rayons X Newton sont polis à une épaisseur moyenne de 0,4 nanomètre, ce qui leur permet de détecter des sources de rayons X dans la constellation d’Andromède. Sensation scientifique: un éclair de rayons gamma produit des anneaux dans un nuage de poussière galactique. Q uel rapport entre le télescope européen à rayons X Newton et la nanotechnologie? Il collecte les rayons X provenant d’objets éloignés grâce à 58 réflecteurs de la taille d’une corbeille à papier, insérés les uns dans les autres comme les couches d’un oignon et métallisés à la vapeur d’or. Ces réflecteurs présentent une irrégularité de surface moyenne d’à peine 0,4 nanomètre. Un chef-d’œuvre de technologie auquel la société Carl Zeiss AG a grandement contribué. Les réflecteurs de rayons X de précision destinés à la spectroscopie et la microscopie par rayons X sont constitués de plusieurs centaines de couches de deux éléments lourds différents. Les exigences imposées à ces réflecteurs sont encore plus pointues et les couches ne peuvent dévier de la mesure idéale que de quelques fractions du diamètre d’un atome. L’Institut Fraunhofer de génie des matériaux et des faisceaux de Dresde maîtrise cette technique. La nature a elle aussi découvert le mécanisme du réflecteur en couches pour le spectre de la lumière visible: le calmar nocturne euprymna scolopes dirige la lumière des bactéries lumineuses vers de petits miroirs composés de réflectine qui donnent un effet 14 de ciel étoilé trompant les prédateurs passant en dessous de lui. Cet exemple de nanotechnologie biologique a été découvert récemment à l’université de Hawaii. Les sondes à balayage L es sondes à balayage, des yeux permettant d’explorer le nanocosmos, paraissent moins spectaculaires, et pourtant le microscope à effet tunnel, la technologie qui a donné naissance à toutes les sondes à balayage, a décroché dernièrement le prix Nobel. Dans les sondes à balayage électronique, des piézocristaux guident une tête de balayage pardessus le sujet étudié, comme les champs d’atomes. «Quantum Corral», de Don Eigler, IBM. Les ondes à l’intérieur reflètent la possibilité de rencontrer un électron. Un cristal de bromure de potassium avec des terrasses atomiques. Le sel que vous saupoudrez sur votre œuf à la coque présente des cristaux similaires. Du silicium en gros plan: le microscope à balayage de force dessine bien la densité des électrons. Vue schématique de la pointe classique d’un microscope à effet tunnel. Le microscope à balaye de force: la déviation de l’aiguille du capteur est transmise à une cellule photoélectrique par un rayon laser. Les mouvements sont minuscules, et la distance entre la tête et le champ d’atomes généralement inférieure au diamètre de l’atome. Quelque chose se produit dans cette zone: tantôt un courant, tantôt un champ magnétique passager. Les ordinateurs interprètent graphiquement les mesures sur une surface, créant une image exacte à l’atome près selon le principe de mesure. Le dernier atome de la tête de la sonde émet deux nuages d’électrons gravitant comme décrit dans les manuels. Les sondes «capacitives» peuvent également être utilisées pour représenter les processus de commutation sur une puce. Ce processus permet même de visualiser les électrons des atomes et de divulguer les secrets du niveau ultime de la matière. Le record du monde actuel de la résolution est détenu par l’université d’Augsbourg. Le microscope à balayage de force fait appel à un processus particulièrement subtil. Il sent les forces instantanées exercées sur le dernier atome de la tête de la sonde par les atomes du champ magnétique. Un réflecteur multicouches courbé pour une analyse par rayons X de haute performance. L’euprymna scolopes leurre ses ennemis à l’aide de réflecteurs multicouches composés de réflectine. La lumière est fournie par des batteries lumineuses. 15 Instruments et processus Les appareils d’écriture Le processus de lithographie: une puce est une structure tridimensionnelle dont tous les éléments de commutation sont agencés en couches individuelles. Pour une puce moderne très performante, il faut compter 25 à 30 couches de ce type, qui nécessitent toutes leur propre masque lithographique. La structure du masque est projetée sur la tranche par la lumière et le système lenticulaire du répéteur, un appareil semblable à un rétroprojecteur. Chaque nouveau masque ajoute une nouvelle fonctionnalité à la puce, accroissant ainsi sa complexité. La lithographie D ans le monde de l’informatique, la lithographie constitue la technique de production de puces à l’aide de la lumière. Dans ce processus, la surface finement polie d’un matériau semiconducteur, une tranche de silicium, est recouverte d’un enduit protecteur photosensible sur lequel est projetée l’image d’un circuit. Le développement de l’enduit protecteur révèle les zones exposées et non exposées de la tranche, qui acquièrent ensuite les propriétés électriques requises par le biais de procédés tels que la gravure, l’implantation d’atomes étrangers ou la déposition. La répétition du processus sur de nouveaux modèles et circuits forme finalement l’une des structures les plus complexes jamais inventées par l’homme: les circuits hautement intégrés ou puces. La densité des transistors a atteint désormais un tel stade qu’un demi-million de transistors (ou plus) pourraient tenir sur le point laissé par un crayon. 16 Les puces modernes présentent des structures encore plus petites que la longueur d’onde de la lumière lithographique. Elles ont recours à des lasers à fluorure de krypton d’une longueur d’onde de 193 nanomètres afin de créer des largeurs de structure de 130, et bientôt 90 nanomètres. Cette évolution est possible grâce à des phénomènes optiques ingénieux comme la «correction de la proximité optique» et le «déphasage». On pose actuellement les fondements de la lithographie par ultraviolets extrêmes (EUV), qui utilise des longueurs d’onde de 13 nanomètres et qui pourra produire des structures d’à peine 35 nanomètres de largeur dans le silicium. Les exigences relatives aux matériaux servant à la fabrication de masques sont évidemment énormes: lorsqu’elle se chauffe d’un degré Celsius, une plaque de 10 cm de longueur ne peut se dilater que de quelques dixièmes de nanomètre, c’est-à-dire de quelques diamètres atomiques. La planéité requise de quelques diamètres atomiques se situe à la limite du théoriquement faisable. L’émergence de Dresde en tant que pôle de développement de l’électronique est un exemple de réussite pour l’aide à la recherche allemande. Pas moins de 16 000 emplois ont été créés dans la région, apportant un effet innovateur à toute l’économie allemande. Dans le cadre de projets financés par le ministère allemand de la recherche (BMBF), 44 partenaires industriels et instituts de recherche, dont 21 moyennes entreprises, ont mis au point la norme liée à l’utilisation future de tranches de cristaux de silicium de 300 millimètres de diamètre destinées à la production de circuits intégrés extrêmement complexes. Le Centre des technologies des masques de Dresde, où sont mis au point les moyens de structurer les futures puces nanoélectroniques, doit jouer un rôle déterminant. Un prototype de système répéteur par EUV pour la production des futures générations de puces. La nano-impression pour les petites et moyennes entreprises uand on parle de nanoélectronique, l’image qui vient à l’esprit est celle d’équipements onéreux nécessitant des millions, voire des milliards d’euros d’investissement, mais qui fabriquent des produits abordables en raison de leur rendement. Les moyennes entreprises disposent toutefois de moyens d’accéder au nanocosmos. Ces méthodes peuvent paraître archaïques au premier abord; ainsi, au cours du processus de nanoimpression par UV, les nanostructures sont pressées mécaniquement sur un enduit recouvrant le matériau électronique porteur comme le silicium. Le modèle contenant les nanostructures délicates est fait de verre de quartz, transparent à la lumière ultraviolette. Quand la presse est abaissée sur l’enduit, une impulsion de lumière UV entraîne la polymérisation, c’est-à-dire le durcissement de l’enduit photosensible. Le modèle est ensuite retiré, et le relief de l’enduit est aminci. Le silicium révélé peut ensuite être traité comme voulu; en répétant le processus de Q nombreuses fois à l’aide de différents modèles, on crée finalement la structure complexe d’une puce, avec des transistors, des circuits, etc. Des structures d’à peine 10 nanomètres ont déjà été réalisées lors d’essais en laboratoire. Le processus ne se limite pas aux composants électroniques et peut également s’appliquer à la structuration des métaux et des plastiques, ou encore déboucher sur la création d’un laboratoire sur puce. Le coût d’une machine de nanoimpression est actuellement estimé à moins d’un million d’euros, une fraction du coût des équipements similaires utilisés dans une usine moderne de production de puces conventionnelles. Néanmoins, la technique de nano-impression par UV ne permettra pas nécessairement de fabriquer des produits plus économiques parce que sa capacité est bien plus faible. Pour les mini-séries spéciales – « mini » par comparaison avec les gros volumes des grands producteurs de processeurs –, elle pourrait devenir une technologie de choix. Le zerodur pour les masques lithographiques: cette céramique spéciale reste stable, même à une échelle nanoscopique. Imprimer le nanocosmos: à l’Institut d’électronique des semiconducteurs (IHT) de la RWTH d’Aix-la-Chapelle, on peut déjà créer des largeurs de structure de puce de 80 nanomètres grâce à des méthodes mécaniques/optiques. Applications: des circuits de série limitée extrêmement complexes. 17 Instruments et processus 18 Des impulsions pour la science Les effets quantiques À l’université Ludwig-Maximilian de Munich, la matière est poussée tous les jours à l’extrême de la nanotechnologie, dans des conditions où elle affiche parfois des propriétés étranges. Par exemple, lorsque de la vapeur constituée de centaines de milliers d’atomes de rubidium est refroidie à un millionième de degré au-dessus du zéro absolu (-273 °C) et comprimée par un champ magnétique, les atomes se rassemblent pour former un «condensat de Bose-Einstein» dans lequel ils forment une seule unité, comme des soldats marchant en rang. Les opticiens munichois du monde quantique munichois peuvent forcer un tel bloc à entrer dans un réseau tridimensionnel d’ondes laser et le manipuler, par exemple en rendant les pièges à lumière tellement forts que le bloc se décompose en un «condensat de Mott». Ces travaux ont été récompensés par le prix Nobel de physique en 2001. Pourquoi? La recherche de ce type rend la théorie quantique bien vivante, et c’est ce qui compte dans le nanocosmos. Ceux qui le comprendront et le maîtriseront totalement pourront, par exemple, mettre au point des normes de temps plus précises, les horloges plus précises pouvant à leur tour aider à accélérer les échanges de données sur l’Internet. Cette recherche apparemment ésotérique prouve donc qu’elle mérite d’être menée. Le «condensat de Mott», une matière exotique pour une mesure du temps ultraprécise. Un spectromètre conventionnel pour les analyses structurelles par rayons X. La science doit une grande partie de sa connaissance du nanocosmos à de tels instruments. Une course souterraine pour électrons rapides. Le laser à rayons XXFEL, un phare pour la nanotechnologie S i tout se passe comme prévu, quelques milliards d’électrons vont vivre un événement très excitant en 2012. Partant du site DESY de Hambourg-Bahrenfeld, ils seront portés à un niveau d’énergie très élevé par un accélérateur d’électrons supraconducteur pour être ensuite systématiquement détournés par des aimants vers des voies de déviation situées 3,3 kilomètres plus loin. Ce phénomène produira des rayons X de faible longueur d’onde d’un type très spécial: le rayonnement laser. Ce rayonnement sera le plus précieux jamais obtenu par des scientifiques. En une seule fois, il sera donc possible de déterminer la structure d’une biomolécule isolée (!). Les sources de rayons X actuellement disponibles nécessitent des cristaux bien formés de biomolécules, ce qui n’est pas souvent faisable. Les éclairs de rayons X sont si courts que les différentes phases du mouvement d’une molécule pourront être filmées correctement. Des éléments supraconducteurs pour l’accélération des électrons. Les éclairs de laser de rayons X d’une femto (0,000000000000001) seconde permettent de suivre et de comprendre le déroulement exact d’une réaction chimique, en vue d’une application, par exemple, pour l’optoélectronique, la photovoltaïque, les piles à combustible et les piles solaires; la nanotechnologie à l’échelle infinitésimale. Ce qui pourrait passer pour un tourbillon flou en comparaison avec d’autres méthodes prend une forme reconnaissable grâce au laser à rayons X. Les secrets de la friction peuvent être dévoilés. Des groupes nanométriques de quelques centaines d’atomes à peine permettront de déterminer ce qui crée la friction, et de quelle manière. Les propriétés des amas, les agglomérations de quelques centaines d’atomes, peuvent également faire l’objet de recherches plus pointues avec le XFEL qu’avec tout autre instrument. Bref, le plus grand projet européen du secteur de la nanotechnologie donnera un puissant élan à la science et à la technologie. Selon toute probabilité, le montant total prévu de 684 millions d’euros (en 2003) sera plus que justifié, ce tant en termes de connaissance pure que d’espèces sonnantes et trébuchantes. Le laser à électron libre en cours de construction. Graphique de la voie d’accélération souterraine des électrons. 19 Instruments et processus La conception de matériaux à l’échelle nanométrique Des procédés sol/gel pour des matériaux nouveaux L a sauce béarnaise fut créée en l’honneur d’Henri IV, roi de France, et baptisée ainsi parce que le souverain était originaire du Béarn. Cette sauce constitue un très bon (et succulent) exemple de système colloïdal. Le terme colloïde désigne une substance dans laquelle de nombreuses fines particules sont en suspension stable dans une autre substance. Dans le cas de la sauce béarnaise, ce sont des gouttelettes de vinaigre en suspension dans La technologie sol/gel convient également à la fabrication de composants optiques sophistiqués tels que les câbles à fibre optique, les doubleurs de fréquence ou les champs microlenticulaires. Ce type de nanotechnologie ne promet rien moins qu’une révolution dans la technologie des matériaux. Dans certaines conditions, les solvants en gel peuvent aussi être éliminés de sorte que le gel conserve son volume d’origine et produit un matériau hautement poreux de très faible densité, un aérogel. Mon royaume pour un procédé sol/gel: la sauce béarnaise fut créée en l’honneur du roi de France Henri IV. du beurre fondu. Les crèmes et les peintures sont d’autres exemples de colloïdes. Avec la technologie sol/gel, les colloïdes mènent directement au secteur de la haute technologie. Dans la technologie sol/gel, un sol (généralement colloïdal) est produit à base de composés solubles tels que ceux de silicium, dans lesquels les gouttelettes contenant du silicium sont en suspension dans une solution conductrice. Quand elles sont vaporisées sur une plaque et chauffées, la solution conductrice s’évapore et les gouttelettes de silicium se soudent pour former un réseau. Ce réseau soudé se solidifie ensuite sous la forme d’une couche céramique dure. La plaque est donc protégée contre la corrosion et les griffures. Prêt pour les particules les plus fines: un réacteur sol/gel. 20 La technologie sol/gel est utilisée sous des centaines de variantes pour divers matériaux. Les sols soudés peuvent également être formés en fils, chauffés ensuite pour être convertis en fibres céramiques. Les sols servent aussi à produire des poudres nanométriques que l’on peut mettre à feu plus facilement et à des températures plus basses que les poudres conventionnelles et qui résistent aux pressions et températures les plus élevées. L’aérogel, un attrapepoussière scientifique: les particules sont emprisonnées dans un composé aérogel fondu. La comète Wild 2 a été visitée par un aérogel. Un double vitrage rempli d’aérogel réduit les pertes de chaleur. Les aérogels L es aérogels sont des objets de tous les jours connus depuis longtemps des pâtissiers sous la forme de la meringue. La meringue se compose de blanc d’œuf monté en neige, sucré et cuit. Quand vous en tenez en main, vous sentez immédiatement vos doigts se réchauffer. Ce phénomène s’explique par le fait que l’air contenu dans la meringue est coincé dans des millions de bulles microscopiques. Il ne peut donc circuler et échanger sa chaleur, faisant ainsi de la meringue un excellent isolant thermique, comme le polystyrène. Les aérogels de verre moussé conçus sur le même modèle sont également des isolants thermiques de premier choix. Le blanc d’œuf est incolore, mais la meringue est blanche. C’est le fruit de la compartimentation du blanc d’œuf monté en neige dans des bulles de quelques microns de diamètre. Dans des structures aussi fines, la lumière est réfractée dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, mais le résultat global est blanc. Les pores nanométriques ne réfractent plus la lumière. Le verre moussé présentant de tels pores est presque aussi clair et transparent que du verre normal. Le double vitrage rempli de tels produits moussés assure une excellente isolation thermique. Ces mousses se composant presque exclusivement d’air, elles sont baptisées «aérogels». Le terme «gel» provient du processus de production: un catalyseur est ajouté à la solution aqueuse d’un matériau adapté, ce qui crée de petites cavités aux fines parois qui se rassemblent pour former des chaînes et ensuite des groupes de chaînes, un gel. En séchant, le gel devient un aérogel hyper-léger. L’aérogel le plus répandu était celui utilisé dans l’analyseur de poussières CIDA de la société Hoerner & Sulger GmbH, qui préleva en janvier 2004, après un voyage de cinq ans et de 2,3 milliards de kilomètres, des poussières de la comète Wild 2. Un matériau parsemé d’un grand nombre de bulles possède une grande surface intérieure. La plus grande surface intérieure possible, c’est-à-dire infinie, est celle de l’éponge de Menger, ce qui réduit son volume à zéro. L’éponge n’existe que dans l’esprit des mathématiciens. La surface intérieure réelle des aérogels est toutefois suffisamment grande pour produire des effets stupéfiants. Un bout d’aérogel de la taille d’un morceau de sucre et constitué d’un matériau carboné peut présenter une surface intérieure de 2 000 mètres carrés. Cette propriété et d’autres assurent aux aérogels de carbone une place de choix parmi les technologies énergétiques de l’avenir. Ils peuvent servir à fabriquer des condensateurs d’une capacité maximale de 2 500 farads, lesquels font office d’accumulateurs d’énergie pour les exigences liées à la puissance de crête, notamment celles des voitures électriques. Cette mousse étonnante permettra également de concevoir de meilleures batteries au lithium, de nouveaux types de piles à combustible, etc. Rarement un matériau d’une substance si réduite a affiché un potentiel aussi diversifié. C’est typique de la nanotechnologie… Les mathématiciens utilisent l’éponge de Menger comme «courbe universelle». Celle-ci se créé lorsque la procédure décrite ci-dessous est répétée à l’infini. 21 La nanotechnologie au service de la société Le monde mis en réseau: la nanoélectronique De l’ordinateur portable dans un studio aux studios sur un ordinateur portable: l’état d’avancement de la technique M ission: faire quatre minutes et demie de radio sur le premier vol motorisé des frères Wright, accompagnées d’une petite ambiance. Armé de son ordinateur portable, que fera le journaliste pour peu qu’il aime son métier? Tout d’abord, il jettera un coup d’œil à l’endroit où cela s’est passé. Le globe virtuel montre que Kittyhawk se trouve sur une bande de terre de quelques kilomètres de large le long des côtes de l’Atlantique nord et bordée par les collines de Kill Devil. Les frères Wright auraient donc pu entendre le grondement des vagues. Ce son peut être retrouvé dans les archives, de même que la forte brise qui soufflait le jour du premier vol – comme le décrit l’Encyclopaedia Britannica – ou le bruissement de l’herbe sur les dunes. Le moteur tournait à une vitesse de 1 200 tpm, et les archives sonores proposent un Chrysler d’époque émettant un bourdonnement agréable et profond. Le spectroscope du programme de sonorisation affiche des fréquences plausibles. Jusque là, tout va bien. Le premier vol motorisé a duré douze secondes; on sélectionne donc un extrait où le son diminue à la fin – effet Doppler oblige – du fait du passage de 22 l’engin devant le microphone. Tout est encodé dans le programme et réparti sur différentes pistes. L’avion vole de gauche à droite, ce qui peut être simulé à l’aide de courbes panoramiques. Le bruit du moteur enfle ou s’estompe, ce que les courbes de volume peuvent ajuster. Puis, on entend Orville Wright survoler avec aisance les collines de Kill Devil dans «Flyer One», exactement comme il le fit le 17 décembre 1903, avec le bruit du ressac et le sifflement du vent dans les oyats. Tout cela sur un ordinateur portable... D’autres pionniers de l’aviation, comme l’Allemand Gustav Weisskopf, avaient déjà pétaradé dans les airs dès 1901, mais ne purent assurer la praticabilité de leurs inventions. Il y a vingt ans, cette mission aurait été impossible pour une seule personne et aurait mobilisé des tonnes de matériel; aujourd’hui, tout ce qu’il faut, c’est un ordinateur portable, une petite table et quelques heures devant soi. Le contenu de l’Encyclopaedia a été porté sur un DVD qui remplace les trente tomes de la version papier et permet une recherche rapide incomparablement plus confortable. Le programme de sonorisation prend lui aussi une forme immatérielle sur le disque dur et offre une palette d’effets infinie. Le développement de l’informatique moderne a enclenché un mouvement de dématérialisation, lequel débouchera à son tour sur une réduction de la consommation d’énergie. La baisse des prix du matériel et des logiciels a mis du matériel de production étonnant entre les mains de personnes créatives, qui n’ont désormais plus besoin de ressources financières énormes. À l’avenir, les bibliothèques portées au poignet n’auront plus rien d’anormal, pas plus que la communication mobile interactive. Un studio de télévision suffisamment petit pour tenir sur un ongle: une puce multimédia équipée d’un contrôleur pour un affichage à haute résolution, consommant autant qu’une lampe de poche. dans un condensateur. Si cet effet n’était pas pris en considération lors de la conception des puces, celles-ci pourraient être mal synchronisées. Go Nano! Les années à venir L a technologie des transistors utilisée de nos jours dans les processeurs pour ordinateurs est baptisée CMOS (Complementary Metal Oxide Semiconductor, semiconducteur à métal-oxyde complémentaire) et a été mise au point, entre autres choses, pour les premières montres électroniques parce qu’elle consommait moins que ses devancières. Depuis les années 1970, les experts répètent que le développement de technologie atteindra ses limites dans dix ou quinze ans. Cette fois, l’industrie électronique a une bonne raison d’anticiper une rupture avec la tradition constituée par la miniaturisation continue de ses composants: sur la voie du microcosme, les éléments de la matière, c’està-dire sa structure atomique, deviennent progressivement visualisables. Les carapaces électroniques des atomes sont toutefois les plus petits composants qui peuvent être assemblés dans des conditions normales pour former des structures techniques. Une limite fondamentale est donc en vue. Un conducteur ne peut pas être plus petit qu’un atome. La technologie CMOS a longtemps été soumise à des limites parfois très curieuses. Les circuits reliant les transistors d’une puce sont déjà tellement fins que les atomes d’aluminium seraient instables dans une telle application. Ils seraient simplement emportés par le flux électronique comme du gravier dans une rivière. Le terme spécialisé qui désigne ce phénomène est l’«électro-migration». La réponse au problème? Les circuits en cuivre, qui sont de meilleurs conducteurs et accélèrent ainsi le flux de signaux sur une puce. Les circuits ont aujourd’hui été rapprochés au point de créer une capacité détectable, comme Certains composants des transistors des puces sont progressivement réduits à une taille inférieure à 20 nanomètres. Cela relève de la théorie quantique, où l’effet tunnel entre en ligne de compte: des courants commencent à circuler dans des transistors plus grands, dans lesquels il ne devrait pas y avoir de courant. Le système des passerelles électroniques a des fuites! Bien que ces courants soient minuscules, ils s’additionnent en présence de millions de transistors et finissent par entraîner des pertes considérables et par chauffer le processeur. Ces charges incontrôlées provoquent des erreurs logiques qui peuvent être fatales. Dans le cas des structures très fines, on commence à pouvoir visualiser les propriétés ondulatoires de l’électron, comme les décrit la théorie quantique. De nombreux scientifiques voient toutefois dans cette situation une bonne opportunité de mettre au point un type d’électronique totalement nouveau, qui pourrait produire un ordinateur quantique capable d’explorer un univers mathématique entièrement différent. Un processeur AMD 64 bits pour les applications PC, contenant 106 millions de transistors et utilisant une technologie à 130 nm. 23 au service de la société La nanotechnologie Le monde mis en réseau: la nanoélectronique La loi de Moore atteint ses limites D és 1965, Gordon Moore, cofondateur de la société Intel, réalisa que la capacité des micropuces doublait tous les 18 mois environ. Cette «loi» est aujourd’hui remise en question par un problème très humain. Alors que la croissance annuelle du nombre de transistors présents sur une puce atteint presque 50%, les analystes se plaignent que la l’accroissement de la productivité liée à la conception des puces se limite à 20% par an. L’industrie a tenté d’inverser cette tendance en augmentant la taille des équipes de concepteurs: aujourd’hui composées de 250 à 300 personnes, elles ont atteint un niveau qui n’est plus gérable. Cette croissance illimitée est en contradiction avec la deuxième loi de Moore, qui stipule que la réduction de la taille des structures va de pair avec l’augmentation du prix des installations de production. Avant que ces restrictions limitent fortement le développement, la nanotechnologie continuera à jouer un rôle important dans le secteur de la nanoélectronique. Un îlot de silicium sur un cristal de silicium se dissout progressivement à une température de 450 degrés. La connaissance de tels processus est primordiale pour la qualité des fines couches. 24 En fait, les processeurs actuels sont déjà fabriqués au moyen de structures de moins de 100 nm et comptent plus de 100 millions de transistors. À en croire la feuille de route de l’industrie des semiconducteurs, dont les prévisions s’appuient essentiellement sur des évolutions techniques réalistes, on atteindra dans quelques années (2010) des structures de 45 nm dotées de plus d’un milliard de transistors par puce. Cette évolution ouvrira de nouvelles perspectives dont on ne peut encore que rêver aujourd’hui. Des atomes de manganèse sur de l’argent à l’université ChristianAlbrechts de Kiel. Les électrons enfermés par la cage d’atomes de manganèse forment des modèles de distribution qui dépendent de la tension appliquée. Des effets comme celui-ci seront importants pour l’électronique de demain. La mémoire vive à changement de phase L es mémoires actuelles de stockage de données sont fondées sur diverses technologies qui ont leurs avantages et leurs inconvénients. Alors que les lecteurs de disque dur magnétomécaniques (utilisés dans les ordinateurs de bureau) possèdent une densité de mémoire très élevée et accumulent les données sans nécessiter une source de courant électrique constante, ils sont très lents. Par contre, la DRAM (Dynamic Random Access Memory, mémoire vive dynamique) est rapide mais les données doivent être constamment «rafraîchies» par des impulsions électriques. La mémoire Flash, que l’on rencontre par exemple dans les lecteurs MP3, les téléphones mobiles et les appareils photo numériques, conserve les données sans avoir besoin d’une alimentation constante, mais n’est pas aussi rapide que la DRAM et ne peut être utilisée qu’environ un million de fois. Les futurs concepts d’enregistrement nanotechnologiques, qui devraient combiner les avantages précités – densité de mémoire élevée, vitesse, rétention de données sans alimentation constante et longévité – sont à ce jour la MRAM (Magnetic Random Access Memory, mémoire vive magnétique) et la mémoire vive à changement de phase décrite ci-dessous. La matière solide peut se présenter sous deux formes extrêmes: cristalline, où les atomes sont bien alignés comme des sapins dans une plantation forestière, ou amorphe, où ils sont agencés n’importe comment. Parmi les solides amorphes ordinaires, on trouve certains types de verre, comme le verre de quartz; la même substance, le dioxyde de silicium, est également utilisée dans le commerce de minéraux sous une forme cristalline comme le cristal de roche. Qu’ils soient cristallins ou amorphes, ces deux états de la matière feront encore souvent parler d’eux à l’avenir car ils définiront probablement la mémoire de masse de demain. Certains solides passent même plus ou moins docilement de l’état amorphe à l’état cristallin et vice versa; ce changement de phase, atteint généralement sous l’effet de la chaleur, trouve de larges applications dans les moyens d’enregistrement optiques. Par exemple, lors de la gravure d’un DVD réinscriptible, un revêtement spécial du DVD voit sa phase passer localement de l’état cristallin à l’état amorphe sous l’effet thermique de l’impulsion laser, modifiant ainsi ses propriétés de réflexion, de manière à accepter l’écriture d’un profil binaire. Une exposition plus longue et plus forte au laser ramène les zones amorphes à l’état cristallin, ce qui permet de réenregistrer le DVD. Selon toute probabilité, les matériaux à changement de phase ont une longue carrière devant eux dans les mémoires électroniques, ou mémoires vives à changement de phase. Ici, le changement de phase ne sera pas induit optiquement mais électroniquement. De brèves impulsions de courant rendent le matériau amorphe avec une résistance électrique élevée; des impulsions plus longues le ramènent à l’état cristallin avec une résistance moindre. La résistance des éléments de mémoire est importante pour la lecture des informations. Avec la mémoire vive à changement de phase, il devrait être possible d’atteindre des densités de stockage permettant l’enregistrement d’un térabit sur une surface de la taille d’un timbre-poste, soit dix heures de données vidéo non comprimées d’une qualité irréprochable. Les carnets électroniques utilisant cette technologie redémarreraient simplement là où leur propriétaire s’est arrêté, sans qu’il soit besoin de les relancer. À droite: les couches des ordinateurs servant au stockage de bits peuvent passer de l’état amorphe à l’état cristallin grâce à des impulsions de courant et de chaleur de différentes longueurs. Ce modèle breveté de l’IHT de la RWTH d’Aix-laChapelle permet de coupler mémoire rapide et faible consommation d’énergie. À gauche: la trame d’un composant de mémoire vive à changement de phase. 25 au service de la société La nanotechnologie Le monde mis en réseau: la nanoélectronique Le monde en trois dimensions: les puces gagnent en hauteur L es gratte-ciel ont une solution économique de choix pour le marché immobilier exigu de Manhattan quand il a fallu créer de nouveaux bureaux et logements. Les concepteurs de puces ont évidemment pensé très tôt à la troisième dimension, mais ces efforts n’ont débouché sur rien à cause de toute une série de problèmes. La société Infineon AG of Munich a peut-être ouvert la voie vers cette troisième dimension, parvenant à placer des nanotubes de carbone (CNT) sur les tranches, les plaques de silicium polies sur lesquelles les puces sont installées. Les nanotubes de carbone sont des conducteurs de premier choix et entraînent de ce fait peu de pertes de chaleur et peuvent être utilisés comme connexions (VIA) – permettant également de gérer le stress mécanique – entre les différents niveaux de connexion d’une puce. À long terme, les chercheurs d’Infineon estiment possible de mettre au point une véritable technologie 3D pour les puces à l’aide des CNT, en particulier parce que ceuxci, en leur qualité d’excellents conducteurs de chaleur, pourraient aussi diffuser la chaleur depuis l’intérieur 10 µm Croissance spécifique de nanotubes de carbone à des endroits prédéfinis d’une tranche de silicium par le biais d’un processus compatible avec la microélectronique. 26 Art moderne: des structures expérimentales de mémoire vive spintronique. Des molécules organiques individuelles sur du silicium. Image obtenue au microscope à effet tunnel, université de la Ruhr, Bochum. La complexité d’une ville miniature: les circuits de cuivre gravés d’une puce (IBM) vus au microscope à balayage électronique. Les puces modernes possèdent jusqu’à neuf niveaux de circuits. La sonde magnétique d’un microscope à effet tunnel à polarisation de spin balaie les propriétés magnétiques des atomes. La spintronique: jouer avec le spin des électrons Les composants spintroniques pourraient initier une véritable révolution pérennisant la loi de Moore. Outre les propriétés électriques de l’électron, ils utilisent également leurs caractéristiques magnétiques, leur spin. Le spin de l’électron se manifeste comme une inertie magnétique très courte qui réagit de manière complexe avec d’autres conditions magnétiques et peut de ce fait servir à des fonctions électroniques. Une application de la «spintronique», ou magnéto-électronique, a déjà fait son chemin dans la vie de tous les jours: les nouveaux disques durs possèdent des têtes de lecture mobiles à diode laser à fines couches qui découvrent, sur la base de l’énorme résistance magnétique, de minuscules domaines magnétiques, permettant ainsi des densités de stockage très élevées. Des exercices de doigté pour l'ordinateur quantique: l'« interféromètre d'Aharonov-Bohm », mis au point à l'université de la Ruhr de Bochum, est équipé d'un microscope à balayage de force. Les câbles quantiques couplés en tunnel: les électrons circulent dans des passages qui seraient bloqués d’après la théorie classique. Les expériences nanotechnologiques commencent à supplanter la théorie. Dans les MRAM, les puces à mémoire magnétique, l’information est enregistrée dans le spin des couches magnétiques. Ce développement revêt un grand intérêt pour la mémoire principale non volatile et pourrait à long terme déboucher sur le remplacement des disques durs exploités mécaniquement. Plusieurs instituts, dont l’université de Würzburg, considèrent la spintronique comme la technologie idéale pour un ordinateur quantique. Des effets nouveaux pour des disques durs puissants: la tête de lecture exploite l’énorme résistance magnétique à l’aide d’un élément semiconducteur de plus de vingt couches nanométriques. 27 au service de la société La nanotechnologie La nanotechnologie au quotidien de demain Peinture à nanoparticules destinée à prévenir la corrosion Les tapis piézo préviennent les vibrations dérangeantes Articulations de la hanche en matériaux biocompatibles Le casque maintient le contact avec celui qui le porte Les vêtements intelligents mesurent le pouls et la respiration Le cadre Bucky est aussi léger qu’une plume tout en étant solide Les piles à combustible fournissent du courant pour les téléphones mobiles et les véhicules S i la nanotechnologie vient à faire partie de la vie de tous les jours, rien ne devrait changer radicalement de l’extérieur. Les gens aimeront toujours s’asseoir aux terrasses de cafés, peut-être même plus qu’avant parce que le bruit des moteurs à explosion aura été remplacé par un bourdonnement discret et un frémissement comme celui des portes à cloison dans Star Trek. L’odeur de l’essence aura cédé la place à l’odeur passagère, à peine détectable, du méthanol utilisé dans les piles à combustible. Le service sera très rapide, le menu électronique ayant automatisé la cuisine. Il sera possible de payer son addition en passant simplement une carte de paiement sur le symbole «euro» imprimé au coin du menu. Les pourboires seront toujours versés en liquide parce que le bruit des pièces est agréable, mais celles-ci seront recouvertes de nanoparticules à fonction antibactérienne. Les fenêtres du café seront très coûteuses parce qu’elles assumeront de nombreuses fonctions – ce qui les rendra finalement à nouveau bon marché: elles résistent à la saleté et aux 28 Verre thermochromique pour réguler l’influx lumineux Couches magnétiques pour mémoire de données compacte griffures, foncent automatiquement quand la lumière est trop claire, transforment la lumière en électricité et s’allument comme un grand écran quand c’est nécessaire. Autrement dit, les supporters se rassembleront toujours devant un verre pour regarder la Coupe du monde! La nanoélectronique à maturité offre la perspective d’appareils d’une élégance chatoyante, comme les assistants personnels numériques de la taille d’une carte de crédit. Ce n’est pas qu’il soit impossible de les faire plus petits, mais ils doivent rester suffisamment grands pour être tenus en main. L’objet pourrait être un monolithe noir mat sans structures reconnaissables, la surface noire collectant la lumière solaire et la transformant en électricité; il résisterait aux griffes et serait recouvert d’une très fine couche de diamant, sous laquelle se trouverait une couche en piézocéramique convertissant le son en électricité et vice versa afin de permettre la communication Diodes électroluminescentes organiques (OLED) pour écrans Pellicule photovoltaïque transformant la lumière en électricité Les diodes électroluminescentes sont aujourd’hui suffisamment puissantes pour concurrencer les ampoules Vitrines antigriffures faisant appel à l’effet lotus Menu en carton électronique Nanotubes pour les écrans des nouveaux ordinateurs portables Les nanoparticules des nanosolutions deviennent fluorescentes en présence de lumière ultraviolette, mais autrement, elles sont totalement invisibles. Finement réparties dans les fluides, elles peuvent être appliquées à la technologie d’impression par jet d’encre sans changer le dessin ou la fonction de l’objet marqué. Les nanopigments sont donc idéaux pour la protection contre les faux. Vêtements recouverts à l’usine pour résister aux taches Le «verre photochromique»: la transparence de ces verres peut être commandée électroniquement, par exemple pour la climatisation des bureaux de demain. vocale. Évidemment, il pourrait aussi transmettre des données par voie optique et hertzienne. L’objet pourrait également voir au moyen d’une lentille plate et d’une puce de conversion d’images à haute définition, s’allumerait comme un écran et servirait de magnétophone, d’appareil photo, de magnétoscope, de télévision, de téléphone mobile et, via le système de navigation européen Galileo, d’aide à l’orientation. Sur demande, il lirait, traduirait et expliquerait le menu d’un restaurant romain, passerait la commande dans un italien irréprochable et paierait ensuite l’addition. Le clavier virtuel: le système reconnaît et interprète le simple fait de passer son doigt sur une touche projetée comme une pression de cette touche. Il pourrait aussi reconnaître la voix et les empreintes digitales des personnes autorisées à l’utiliser, se protégeant ainsi tout seul contre les abus. 29 au service de la société La nanotechnologie La mobilité Dans la voiture comme dans d’autres machines, la nanotechnologie remplacera également la quantité par la qualité. L’intérêt de la technologie réside dans le fait que l’on peut s’en sortir avec moins de matières parce que cette technologie s’est réconciliée avec la nature. La nanotechnologie dans la voiture De petites structures pour une image plus grande: les structures noppées permettent d’éviter les reflets sur les écrans et les vitres des voitures. La nature a donné l’exemple avec l’œil du phalène, qui doit voir le plus possible la nuit sans être vu lui-même. L es pare-brise peuvent être traités contre les griffures à l’aide d’enduits faisant appel aux techniques sol/gel contenant des nanoparticules dures et rester totalement transparents, les nanoparticules étant tellement petites qu’elles ne diffusent pas la lumière. Le principe fonctionne déjà pour les verres, mais il est encore perfectible. Le vernis de la voiture pourrait présenter une structure en feuille de lotus qui empêche la saleté de se poser. Les pare-brises recouverts d’enduits à nanoparticules pourraient aussi servir à la climatisation de l’habitacle en reflétant plus ou moins la lumière et la chaleur, le tout sous commande électronique. Appliquée aux bureaux, cette technologie permettrait d’économiser de grandes quantités d’énergie. 30 Aujourd’hui, l’éclairage nécessaire à une voiture est déjà produit dans une large mesure à l’aide de la nanotechnologie: comme toutes les diodes électroluminescentes, celles des freins sont équipées de systèmes de recouvrement nanométriques sophistiqués qui transforment très efficacement l’électricité en lumière. Autre avantage, les diodes convertissent l’électricité en lumière visible presque immédiatement, tandis que les lampes de freins conventionnelles ont besoin de plus de temps. La différence peut se chiffrer en mètres en cas de freinage. La luminosité des diodes est aujourd’hui tellement élevée que des groupes de diodes peuvent servir à l’éclairage tamisé des phares pendant la journée. Les diodes des signaux lumineux vous épargnent le temps et l’énergie nécessaires à l’entretien. Leur amortissement ne dépasse pas un an. Les systèmes de sécurité électroniques actuels comme le système d’antiblocage des freins (ABS) ou les dispositifs électroniques de stabilité programmés (ESP) entrent en action dans des situations de conduite critiques; les systèmes de demain pourront éviter les dangers automatiquement. Injecteur de carburant pour véhicules diesel: les futurs systèmes seront équipés de couches de protection similaires au diamant d’à peine quelques dixièmes de nanomètre d’épaisseur. Organes d’équilibre en silicium: le capteur de taux de rotation assure la stabilisation du véhicule. Les diodes blanches sont si puissantes qu’elles pourront être utilisées pour les phares. Les vernis pour voitures pourraient également être conçus nanotechnologiquement comme une pile solaire, option qui n’a pas encore été développée. Ce courant pourrait servir à recharger la batterie quand le véhicule est garé – une option déjà disponible avec des piles solaires conventionnelles – ou à refroidir l’habitacle à l’aide d’une pompe d’extraction de chaleur. Cette pompe pourrait elle aussi consister en un système nanotechnologique semiconducteur sans pièces amovibles. Si on fait l’inverse, c’est-à-dire si on détourne la chaleur perdue d’un moteur à explosion via un semiconducteur, on peut la retransformer en électricité. Voir également la section «Thermoélectricité» du chapitre «L’énergie et l’environnement». Les piles à combustible (voir p. 33) transformeront la voiture en moyen de transport entièrement non polluant. Si le carburant d’hydrogène peut également être produit à partir de sources d’énergie renouvelables, cette source de courant sera extrêmement respectueuse de l’environnement. À droite: l’électronique au service de la sécurité en voiture. Un capteur d’accélération pour coussin gonflable de sécurité avant. 31 au service de la société La nanotechnologie Des capsules de parfum nanométriques confèrent au cuir l’aspect idéal. Un urinoir de zone de service recourant à la technologie des microsystèmes contre le vandalisme. Les enduits nanométriques à «effet lotus» faciliteront l’entretien et le nettoyage. 32 La mobilité Des nanoparticules d’or pour les nouveaux catalyseurs. De l’or pour prévenir les odeurs es catalyseurs à nanoparticules d’or sont actuellement à l’essai en tant que dispositifs de prévention des odeurs. Dans les petits systèmes de climatisation comme ceux des voitures, ils peuvent empêcher l’apparition d’odeurs créées par des bactéries. Au Japon, on s’en sert déjà dans les toilettes. L Les catalyseurs en or La nanotechnologie dans les stations-service a nanotechnologie peut également ouvrir de nouvelles voies à l’or. Alors que l’or «ordinaire» est de loin surpassé par le platine en tant que catalyseur, les nanoparticules d’or posées sur un matériau porteur poreux donnent un catalyseur pratique pour les voitures qui, même en cas de démarrage à froid, décomposent les oxydes d’azote et le monoxyde de carbone en substances inoffensives. Les nanoparticules d’or constituent des options prometteuses pour les nouveaux catalyseurs pour piles à combustible. L es conducteurs peuvent déjà rencontrer la technologie des microsystèmes dans les stationsservice des autoroutes. Les urinoirs des toilettes de pointe sont équipés de capteurs qui signalent toute augmentation de température à l’électronique embarquée, ce qui déclenche la chasse d’eau. Le courant électrique nécessaire est fourni par une mini-turbine actionnée par le mouvement de l’eau de la chasse. Au contraire des systèmes à capteurs à infrarouges, ce système ne peut être mis hors service par un chewing gum. Toutes ces avancées profiteront évidemment aux moyens de transport qui n’ont rien à voir avec la voiture. Les vélos, par exemple, tireront profit de la nanotechnologie, en particulier avec les piles à combustible et piles solaires, devenant une machine en «mouvement perpétuel» capable de parcourir les routes en n’étant alimentée que par la lumière, l’air et l’eau, et aussi légère qu’une plume grâce à son cadre en nanofibre de carbone, ses diodes, etc. Les urinoirs nanotechnologiques fonctionnent d’une manière beaucoup plus simple mais plus sophistiquée: grâce à l’effet lotus de la paroi, les fluides s’écoulent facilement, percolent à travers une couche de prévention des odeurs et disparaissent sans laisser de traces. Cela reste toutefois à prouver dans la pratique. Cette technologie convient évidemment aussi aux ménages. L Grâce à leur nanoporosité, les “nanocubes” métalliques de BASF peuvent stocker de grandes quantités d’hydrogène. La pile à combustible, un dispositif aux applications infinies L es piles à combustible sont semblables aux batteries: elles fournissent de l’électricité. Cependant, si les ingrédients chimiques d’une batterie sont épuisés tôt ou tard, le matériau riche en énergie réapprovisionne continuellement la pile à combustible. Ce matériau peut être de l’hydrogène pur ou un autre gaz ou fluide contenant de l’hydrogène, comme le gaz naturel ou l’huile de colza. Dans ces deux derniers cas, l’hydrogène doit être séparé dans un «reformeur» avant de pouvoir être utilisé dans une pile à combustible. Quand l’hydrogène et l’oxygène se combinent, les électrons sont transférés de l’hydrogène vers l’oxygène. Dans une pile à combustible, ces électrons sont déviés vers un circuit extérieur qui peut ensuite actionner un moteur ou un autre engin. Le produit de la réaction n’est rien d’autre que de l’eau pure. Les piles à combustible fonctionnent à un niveau d’efficacité élevé qui, selon le type de pile, est également indépendant de la taille. Elles sont produites dans de nombreuses variantes. La nanotechnologie peut grandement contribuer à cette technique, notamment par les pellicules céramiques, les surfaces à nanotexture ou les catalyseurs à nanoparticules. Ces dernières années, entre six et huit milliards de dollars ont été affectés au développement de la technologie des piles à combustible dans le monde, et il ne fait aucun doute que cette technologie offrira de nombreux résultats. Ces fournisseurs d’électricité silencieux se présentent sous toutes les tailles, du timbre-poste au conteneur, et ne seront pas utilisés seulement dans les voitures. Pour les petits consommateurs, un mélange ininflammable méthanol/eau pourrait servir de source d’hydrogène, et le plein serait fait au supermarché. La pile à combustible aidera le moteur électrique à recouvrer son leadership parmi tous les meilleurs moteurs envisageables (la première voiture électrique a vu le jour à Paris en 1881). Le moteur électrique est le seul à tourner à un rendement de plus de 90% et à pouvoir servir en même temps de générateur. Il convertit également l’énergie cinétique en énergie électrique, comme lors du freinage d’une voiture. Les matériaux magnétiques de premier plan des nouveaux moteurs et générateurs électriques sont évidemment composés de nanocristaux. Les piles à combustible seront également utilisées au niveau domestique, fournissant de l’électricité et de la chaleur en même temps. au service de la société La nanotechnologie En haut à gauche: les films recouverts de nanoparticules conservent plus longtemps la fraîcheur des aliments. En haut à droite: un emballage intelligent équipé d’une puce à transpondeur à base polymérique. L’environnement intelligent: le miroir équipé de nanoélectronique donne des leçons de brossage des dents. 34 La santé Un petit déjeuner lourd de conséquences en 2020 Il y a encore du café? Bien sûr. Et du jus d’orange? Évidemment, mais il pourrait y avoir quelque chose de très spécial dans l’emballage, comme une «langue électronique» à l’intérieur, qui goûte le jus pour s’assurer qu’il est toujours bon. O u un capteur à l’extérieur, qui détecte toute carence en calcium ou autre dans les doigts qui tiennent l’emballage, carence qui pourrait être comblée par des «aliments fonctionnels». Ou encore un fromage de chèvre classique. L’étiquette à OLED (diode électroluminescente organique) de l’emballage recommanderait le bon fromage. Le miroir de la salle de bain est équipé de nanoélectronique, donne à l’utilisateur des informations à la demande et émet quelques réserves à propos du jus d’orange, parce que ce dernier contient du sucre et que le sucre participe à la formation de caries. Une fois de plus, la nanotechnologie entre en jeu: le dentifrice (déjà disponible en magasin) contient des nanoparticules d’apatite et de protéines, le matériau naturel des dents, qui les aident à retrouver leur condition normale (voir également «La biominéralisation»). La crème de jour (elle aussi déjà disponible en magasin) contient des nanoparticules d’oxyde de zinc protégeant contre les rayons UV nocifs. Les nanoparticules sont complètement invisibles, et la crème n’est pas blanche mais transparente. Des espions sur le bout des doigts A vec la nanotechnologie, la nanoélectronique et la technologie des microsystèmes, des équipements d’analyse complexes seront commercialisés à un prix abordable pour les ménages. Une petite piqûre dans le doigt suffira aux analyses sanguines de demain. Le taux de cholestérol est-il bon? Le taux de glycémie est-il dans la fourchette normale? Les résultats pourront être envoyés par courriel vers le centre nanomédical le plus proche, où une analyse plus pointue pourra être réalisée ou un traitement individualisé mis au point par des microréacteurs. Dans le corps, les médicaments transporteront des nanoparticules enduites de façon à n’agir que sur la cause de la maladie. C’est la médication réglée jusqu’au moindre détail. Les médecins suivent ces développements avec le plus grand intérêt. Le diagnostic de demain: les méthodes de plus en plus coûteuses resteront abordables grâce à la nanotechnologie. Les capsules supramoléculaires L es traitements administrés peuvent eux aussi être extrêmement sophistiqués. Ils seraient transportés dans des molécules creuses supramoléculaires (en développement), des conteneurs nanométriques équipés d’antennes auxquelles sont attachés des anticorps ou des protéines sensorielles similaires. Quand elles entrent en contact avec les structures typiques de l’agent responsable de la maladie – par exemple, l’extérieur des cellules cancéreuses ou les bactéries –, elles se collent à lui et envoient un signal à la molécule creuse, qui s’ouvre ensuite et libère son contenu. Avec une nanotechnologie de ce type, les médicaments pourraient être administrés à fortes doses directement à la source de la maladie, sans imposer de tension au reste de l’organisme. Cette thérapie, appelée «hypothermie par fluide magnétique», a été mise au point par un groupe de travail dirigé par le biologiste Andreas Jordan. Les essais cliniques sont en cours. Des cellules cancéreuses d’un glioblastome se sont gorgées de nanoparticules de magnétite spécialement enduites jusqu’à la limite du tissu sain. Si les particules sont maintenant chauffées par un champ électromagnétique, la tumeur pourra être soumise à un traitement ultérieur. Le monde médical devrait approuver cette technique d’ici 2005. Des tourniquets sur une puce Des particules magnétiques contre le cancer D es astuces semblables peuvent servir à diriger des nanoparticules magnétiques vers les sources de cancer. Ces nanoparticules sont ensuite chauffées par un champ électromagnétique alternatif et peuvent alors détruire la tumeur. Les nanoparticules sont également capables de traverser le filtre de la «barrière sang-cerveau» et être ainsi utilisées pour lutter contre les tumeurs au cerveau. L a technologie des microsystèmes et la nanotechnologie – la frontière entre les deux est élastique – feront leur chemin dans le secteur médical, ne serait-ce que dans la mesure où elles miniaturisent les techniques existantes et les rendent ainsi moins chères, parfois dans un rapport de un à cent mille. Ce sera notamment le cas des machines complexes qui peuvent contrôler des millions de cellules, comme les cellules du sang, à une vitesse de plusieurs milliers par seconde, et les trier à l’état vivant. 35 au service de la société La nanotechnologie Petit mais sophistiqué: le “laboratoire sur puce”, un laboratoire qui tient sur le bout du doigt. La santé Les poudres à nanoparticules peuvent être utilisées pour des produits céramiques fiables, frittés, comme ceux destinés aux implants. Ce processus pourrait se dérouler comme suit: des anticorps sont ajoutés au sang, qui s’accrochent aux cellules qui les intéressent – et uniquement à celles-ci – et transportent un colorant qui s’illumine ou devient fluorescent en présence de lumière laser. Dans le trieur de cellules, les cellules, enrobées dans des gouttelettes, seraient dirigées au-delà de ce laser; quand un signal fluorescent est détecté, des champs électriques dirigent la gouttelette et la cellule dans un récipient de collecte, une technique partiellement empruntée à l’imprimante à jet d’encre. Les trieurs de cellules sont des appareils très sophistiqués, qui combinent la micromécanique, l’optique et l’électronique la plus pointue; leur prix est donc à l’avenant. La nanotechnologie réduira ces trieurs de cellules en forme de tourniquets à la taille d’un timbre-poste, voire en fera des produits jetables. Cette évolution accélérera considérablement le progrès médical. Une nanotechnologie encore plus pointue est prévue pour le laboratoire sur puce. D’après des concepteurs faisant autorité, ces laboratoires contiendront des millions de nanodispositifs qui travailleront de 36 manière coordonnée pour réaliser leurs tâches. Les puces feront quelques centimètres carrés, une taille gigantesque par rapport aux nanomachines qu’elles hébergeront. Cela s’explique par le fait que les fluides doivent circuler entre ces nanomachines. Dans le nanocosmos, ces fluides deviennent visqueux comme du miel et ont besoin de plus de place pour s’écouler. Si les scientifiques parviennent à l’avenir à utiliser le nanolaboratoire pour suivre étape par étape ce qui se produit dans les cellules, les laboratoires sur puce révolutionneront la biologie. Cela permettrait la mise au point d’une vidéo d’un nouveau genre: une vidéo de la vie. Les scientifiques ne se contenteront pas d’observer les cellules; ils voudront les titiller pour voir comment elles réagissent, décodant ainsi le mystère de la vie. Un implant rétinien. La neuroprosthétique U ne application extrêmement exigeante de la technologie des microsystèmes et de la nanotechnologie est actuellement en phase d’essai: l’implant rétinien à capacité d’adaptation. Cet implant vise à restaurer une vision partielle en cas de cécité due à la retinitis pigmentosa. À gauche: la connexion de cellules nerveuses à des contacts électriques. À droite: des puces en silicium sur un matériau porteur flexible, destinées à des dispositifs comme les étiquettes intelligentes susceptibles d’être intégrées à des emballages d’aliments ou à des vêtements. Le système se compose d’une petite caméra installée dans la monture des lunettes, qui transmet des images des environs à un processeur de signaux spécial à capacité d’adaptation. Le processeur transmet ces données par communication sans fil à l’intérieur de l’œil malade. Ici, une pellicule flexible contenant des électrodes miniaturisées en contact avec la rétine stimule le nerf optique. Si cette technique est couronnée de succès, ce sera la première «interface homme-machine» du monde appliquée à la vue. L’implant cochléaire a déjà résolu les problèmes de nombreux sourds. Avec la nanotechnologie, les implants de ce type pourront être améliorés. Les soins à domicile U ne meilleure nutrition et des soins médicaux de plus en plus pointus permettent aujourd’hui de vivre de plus en plus vieux. Ce développement bienvenu entraîne toutefois l’inconvénient naturel que de plus en plus de gens auront besoin d’une assistance. Celle-ci pourra être offerte en partie par la nanoélectronique. Parmi les idées creusées, on trouve les capteurs et les mini-ordinateurs intégrés dans les vêtements, qui assureront le suivi de l’état de santé des personnes âgées, en particulier de leur pouls, de leur respiration et de leur métabolisme. En cas de problème, la «MediVest» avertira automatiquement le médecin traitant ou la famille. La localisation du patient serait également relevée par un module GPS ou Galileo intégré (Galileo est la future version européenne du GPS). Les infirmières automatiques L a «vieille Europe» affiche toujours une attitude plutôt réservée vis-à-vis des assistants mécaniques, bien qu’au au Japon, les robots mobiles en soient presque au stade de la production industrielle de masse. Il se pourrait que cette réalité stimule le développement des infirmières automatiques destinées à usage quotidien. En tout cas, on y travaille déjà. La robotique pourra gérer sans problème les performances sans cesse croissantes de la nanoélectronique. Des robots dotés du sens de l’empathie mis au point à l’université d’Oxford. Suffisants pour garder des canards, mais on demandera beaucoup plus aux infirmières automatiques. Le vêtement intelligent: l’électronique intégrée lit des fichiers musicaux MP3, indique le chemin en ville et contrôle le pouls. 37 au service de la société La nanotechnologie L’énergie et l’environnement Les diodes électroluminescentes constituent une véritable révolution en termes d’efficacité. Á la différence des techniques traditionnelles, la nanotechnologie peut associer croissance économique et moindre consommation de matière. La gestion commerciale à l’échelle nanométrique: une facilité accrue pour un coût moindre. E Selon Shell AG, la nanotechnologie sera une technologie de choix pour les énergies renouvelables. n Europe, près de 10% de l’énergie électrique produite sert à l’éclairage. Les LED (diodes électroluminescentes) peuvent désormais produire de la lumière blanche et donc remplacer la technologie conventionnelle. Un tel changement déboucherait sur des économies substantielles, les LED ne nécessitant qu’environ 50% du courant requis par une ampoule normale à incandescence pour donner la même quantité de lumière. Le potentiel d’économie d’énergie est donc considérable. Dans les ménages européens, des millions de téléviseurs utilisent des tubes cathodiques qui seront bientôt remplacés par la technologie LCD (liquid crystal display, affichage à cristaux liquides) et, à plus long terme, par celle des LED organique (OLED). Ces deux technologies pourraient réduire la consommation d’énergie de 90%. Les LED et OLED sont des produits de la nanotechnologie. Si des millions de familles économisent chacune quelques kilowatts, le résultat global se chiffrera en gigawatts, soit la capacité de plusieurs grosses centrales électriques. Les performances des piles à combustible peuvent être réglées rapidement. Les premières chaudières au gaz naturel munies de piles à combustible font leur entrée aujourd’hui dans les ménages, générant chaleur et électricité. Quand des millions de ménages auront été équipés de tels dispositifs, ces chaudières pourront être interconnectées, via le réseau national et Internet, pour former de grandes centrales virtuelles d’une capacité théorique maximale de plusieurs centaines de gigawatts. À long terme, le gaz naturel pourrait également être remplacé par de 38 l’hydrogène produit à partir de sources renouvelables. Avec ses nouveaux matériaux et catalyseurs, la nanotechnologie est parée à cette évolution. Les membranes céramiques nanoporeuses acquièrent de plus en plus d’importance dans le traitement des liquides et la fourniture d’eau potable propre. Elles retiennent et éliminent simplement bactéries et virus. La nanotechnologie fera de l’énergie solaire une solution viable et lucrative. Les semiconducteurs composés en indium, gallium et azote ont déjà produit des performances qui démontrent la faisabilité de piles solaires d’un rendement de 50%. Mais le rendement n’est qu’un des critères; la nanotechnologie entraînera une diminution drastique du coût des collecteurs de lumière grâce à la technologie des couches minces ou des particules. Les échantillons de laboratoire de cellules solaires sur support souple, produites selon une technique de déposition similaire à celle utilisée pour les LED et OLED, offrent un rendement de 100 watts pour un poids de seulement 30 grammes. Cette extraordinaire réduction de la quantité de matière nécessaire à la production d’énergie a été réalisée à Leipzig par Solarion. Les chercheurs de Siemens prétendent avoir atteint un rendement de 5% pour les toutes dernières cellules solaires organiques, imprimables sur pellicule plastique à un prix de revient dérisoire. La couche photoactive ne fait que quelque 100 nanomètres d’épaisseur, tandis que la longévité de ces cellules s’élève déjà à plusieurs milliers d’heures d’ensoleillement. Les premiers produits faisant appel à cette technologie sont attendus sur le marché pour 2005. Tout le spectre de la lumière blanche: la façade en verre d’une des salles de l’hôtel Weggis, sur les rives du lac de Lucerne, est illuminée par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel grâce à 84 000 LED fournies par Osram. Les OLED (diodes électroluminescentes organiques) seront utilisées dans bon nombre d’écrans de demain. au service de la société La nanotechnologie L’énergie et l’environnement Un module thermoélectrique conventionnel: des blocs de semiconducteurs transforment un flux de chaleur en électricité. Les nanostructures aident cette technologie à atteindre des niveaux d’efficacité élevés, ouvrant ainsi de nouveaux marchés. La nanotechnologie redonne vie à de nombreuses idées anciennes qui auraient disparu en raison de l’inefficacité des matériaux disponibles. Une de ces idées porte tient à la production de courant thermoélectrique. La thermoélectricité: de l’électricité provenant de la chaleur, de la chaleur provenant de l’électricité I La technologie des microréactions chimiques pour la production efficace des substances les plus exotiques. l existe une vaste gamme d’effets physiques avérés, mais à peine remarqués par le public, qui ont connu des résultats modestes dans leur secteur de marché. Par exemple, le sac réfrigérant, qui se branche sur le système d’alimentation du véhicule et se refroidit vraiment bien. À l’intérieur de ce sac, invisible, on trouve l’héritage de Jean-Charles- Athanase Peltier, un scientifique français qui découvrit en 1834 l’effet qui porte son nom: un flux de courant passant par le point de contact de deux métaux différents produit de la chaleur d’un côté et du froid de l’autre. Treize ans plus tôt, l’Allemand Thomas Johann Seebeck avait découvert l’effet inverse; un flux de chaleur passant par le point de contact de deux métaux différents génère de l’électricité. Ces deux grands hommes jouissent d’une nouvelle renommée grâce à la nanotechnologie, qui permet aujourd’hui de développer de nouveaux matériaux, lesquels assurent à leur tour une utilisation de ces effets à des niveaux d’efficacité très élevés. La production de ces matériaux implique le même type de machine que pour les diodes électroluminescentes. Ces machines appliquent une couche de cinq nanomètres de tellurure d’antimoine sur une couche nanométrique de tellurure de bismuth et répètent ce processus jusqu’à ce qu’apparaisse une pellicule semiconductrice qui aurait 40 Des réacteurs Aixtron pour la recherche (gauche) et pour la production adéquate de fines couches de semiconducteurs conjonctifs (droite). La thermophotovoltaïque suscité l’étonnement et le ravissement Messieurs Peltier et Seebeck: quand l’électricité la traverse, un côté devient froid et l’autre chaud. Cette pellicule peut être structurée très finement, de manière à pouvoir servir au refroidissement approprié de puces ou dans un laboratoire sur puce pour actionner de minuscules récipients de réaction dans lesquels l’ADN est reproduit par le biais d’un rapide changement de température. Il est même envisageable que l’augmentation extraordinaire des niveaux d’efficacité fasse à l’avenir des éléments Peltier la technologie idéale pour toute l’industrie des réfrigérants. D’autre part, les sources bon marché d’énergie géothermique permettent de produire de l’électricité à faible coût avec ces couches thermoélectriques. L’Islande pourrait devenir riche en énergie comme Crésus grâce à l’hydrogène généré par électrolyse. Dans l’industrie chimique, les techniques telles que celle-ci transformeront les quantités énormes de chaleur perdue en électricité, le tout silencieusement, discrètement et efficacement. L a thermoélectricité n’est pas le seul moyen de transformer élégamment la chaleur perdue en électricité. La thermophotovoltaïque (TPV) a recours au rayonnement thermique (invisible) – au rayonnement infrarouge – des objets chauds. La nanotechnologie réside dans les structures des émetteurs, qui adaptent le spectre de la source de chaleur à la sensibilité spectrale des cellules thermophotovoltaïques. La lumière d’une bougie suffit à une cellule thermophotovoltaïque pour produire assez de courant pour faire fonctionner une radio. Des émetteurs en tungstène à surface nanostructurée pour l’adaptation du spectre infrarouge. 41 au service de la société La nanotechnologie Icare II, un planeur à énergie solaire, peut accepter les mêmes charges qu’un planeur normal et démarrer grâce à son énergie propre. En haut: à la fin d’un vol record officieux entre Stuttgart et Iéna. La nanotechnologie pour le sport et les loisirs La sophistication continue de la technologie, qui atteint aujourd’hui l’échelle nanométrique, redonne vie à d’anciennes idées autrefois irréalisables. Parmi celles-ci, on trouve le concept du vol mû par l’énergie solaire. n juin 1979, à bord du «Gossamer Albatross», Bryan Allen traversait la Manche, propulsé par la simple force d’un mouvement de pédalier et remportait le prix Kremer d’une valeur de 100 000 livres sterling. La construction poids plume du «Gossamer Albatross», dessiné par Paul MacCready, a été rendue possible par les nouveaux matériaux. En 1981, un vol longue distance était réalisé exclusivement à l’aide d’énergie solaire, mais l’engin, le «Solar Challenger», était extrêmement fragile. E Au début des années 1990, en mémoire du malheureux pionnier de l’aviation Albrecht Ludwig Berblinger (le célèbre «tailleur d’Ulm»), la ville d’Ulm organisa un concours visant à mettre au point un aéronef pratique alimenté par de l’énergie solaire. En juillet 1996, le planeur Icare II construit par l’université de Stuttgart remporta le concours avec une avance confortable. 42 La NASA a mis au point un substitut potentiel aux satellites: l’aéronef solaire expérimental «Helios», maintenu dans les airs le jour par l’énergie solaire et la nuit par une unité de piles à combustible «rechargeables». Son altitude maximale s’élève à près de 30 000 mètres. En 2003, des spécialistes de la thermodynamique, de l’aérodynamique, des systèmes électriques, des matériaux composites, de la photovoltaïque, de la transformation énergétique et de la simulation informatique – la nanotechnologie est bien représentée dans presque tous ces secteurs – se sont réunis en Suisse pour débattre d’un projet visant à faire décoller l’usage des nouvelles technologies au profit d’un avenir respectueux de l’environnement. Un décollage au sens littéral: vers 2009, ce projet ambitieux devrait emmener Bertrand Piccard et Brian Jones, qui ont réalisé le tour du monde en ballon en 1999, tout autour du globe une fois de plus, mais dans un engin mû par la seule énergie solaire! Un yacht muni de moteurs à pile à combustible créé par MTU, à Friedrichshafen sur le lac de Constance. La nanotechnologie peut aider ces véhicules à combiner efficacité et élégance: une autre idée envisageable concerne des voiles composées de piles solaires textiles flexibles, mais dans ce cas, le matériau devrait être foncé. Le «ver d’air» de l’université de Stuttgart. Il doit servir de station de relais pour la radiotéléphonie. Le projet pourrait également conférer à ces nouvelles technologies le respect qu’elles méritent et donner naissance à toute une gamme de nouveaux véhicules, comme l’aéronef solaire commandé par ordinateur, des capteurs et le système Galileo, qui pourrait emmener les profanes dans les airs sans bruit ni sans émissions. La liberté par-delà les nuages sera illimitée! Les catamarans solaires pourraient sillonner les lacs du Mecklembourg; les «pédélecs», des bicyclettes assistées électriquement, aideront les personnes âgées à remonter sur un vélo. Un peu partout, de petits Étude de conception de la société Fuseproject: une pile à combustible alimente ce scooter-trottinette en silence. véhicules électriques sont mis au point pour éviter que les villes des zones en phase d’industrialisation rapide ne disparaissent dans un brouillard de pollution. Le catamaran solaire construit par la société Kopf Solardesign GmbH navigue à Hambourg et dans ses environs. 43 Les visions Des nanotubes et Bételgeuse, une étoile géante dans l’atmosphère de laquelle on trouve des fullérènes. La «rue des jetées» A vec la nanotechnologie, même les systèmes de transport les plus utopiques sont concevables, comme la «rue des jetées». Si on parvient à développer des muscles artificiels pratiques – on y travaille pour l’instant -, on pourrait imaginer une rue jalonnée d’éléments de signalisation, des jetées, qui transportent des objets par simple attraction. Comme les flagelles des cellules, les cils, qui évacuent la saleté des poumons. Ou comme des pantoufles qui glissent sur le sol. L’idée peut laisser la place à de nombreuses améliorations. En tout cas, de petits moteurs linéaires fonctionnant selon ce principe, actionnés par des muscles végétaux ou «forisomes», sont sérieusement envisagés. Parmi les autres candidats aux muscles artificiels, on trouve les fabriques de nanotubes de carbone. Même cette idée n’est pas aussi fantaisiste que l’ascenseur menant aux planètes, que la NASA étudie pourtant et qui fut imaginé en premier lieu par le pionnier russe de l’espace Constantin Edouardovitch Ziolkovsky. Des nanotubes de carbone pour l’ascenseur vers l’orbite L a recette est venue de l’espace: de nombreux éléments différents circulent dans les coquilles d’étoiles anciennes comme Bételgeuse, une géante rouge. Si ces éléments réagissent chimiquement l’un avec l’autre, il se forme des nanocristaux, comme du carbure de silicium, de l’oxyde de silicium, du corindon, voire du diamant, comme l’a déjà indiqué l’étude de météorites composées de ces poussières. Afin d’en savoir plus, les scientifiques ont reproduit les conditions de ces coquilles d’étoiles en laboratoire et ont trouvé en 1985 des traces d’une substance totalement inconnue. Il s’agissait d’un nouveau composé de carbone, une molécule creuse très semblable à un ballon de football. Une étude récente du ciel a montré que cette molécule est présente également dans les coquilles des étoiles. Constantin Edouardovitch Ziolkovsky. 44 Les fullérènes, des cavités de réseaux de carbone, constituent des perspectives prometteuses pour la recherche de matériaux exotiques. Des molécules géantes qui font office d’ordinateurs pilotes: les nanotubes pourraient constituer le fondement des puces de haute performance du demain. Vision: un ascenseur vers les planètes. Robert Curl, avec, sur le bout des doigts, les fullerènes qui lui ont valu le prix Nobel. Aujourd’hui, on connaît déjà de nombreuses variantes des carbones réticulés, y compris les nanotubes, de minuscules tubes de carbone qui peuvent être tissés pour créer des matériaux extrêmement compacts. La question technique d’une production en série de ces nanotubes est en principe résolue. Entre-temps, d’aucuns ont attribué à ces fibres composites de nanotubes matures des résistances astronomiques à la traction et à la fracture. Très sérieusement, la NASA planche pour l’instant sur un projet qui – par une sorte de tour de la corde hindoue – vise à mettre au point un «ascenseur pour les étoiles». Selon un scénario, une bande de matériau composite de nanotube d’un mètre de largeur et plus fine que le papier sera étirée dans l’espace au moyen d’une fusée classique et de la technologie des satellites. Une extrémité serait installée à une altitude de près de 100 000 kilomètres, tandis que l’autre serait attachée quelque part près de l’équateur, dans l’océan Pacifique. La bande serait tendue par la force de gravitation de la terre d’un côté et par une force centripète de l’autre. Des charges de plusieurs tonnes pourraient alors être transportées le long de cette bande avant d’être mises en orbite, voire jusqu’à des orbites situées entre Vénus et la ceinture d’astéroïdes. Les retombées utiles de telles visions? Des matériaux de construction très résistants pour les bâtiments de grande taille, les ponts et, bien entendu, les ascenseurs. 45 Les possibilités et les risques L e potentiel de la nanotechnologie pour faire le bien, ou du moins pour faire du profit, est immense. Avec les innovations de nombreux domaines d’application, la nanotechnologie affiche un potentiel commercial énorme. Des centaines d’entreprises européennes participent déjà à l’application commerciale de la nanotechnologie, créant des dizaines de milliers d’emplois, généralement hautement qualifiés. Dans ce contexte, les scientifiques et les hommes d’affaires sont unanimes: la nanotechnologie est bien plus qu’une nouvelle mode. Trop beau pour être vrai? Une supercolonie, qui ne semble être possible qu’en théorie, a déjà fait son chemin dans la littérature: dans le roman à succès La proie de Michael Crichton, des essaims de nanoparticules intelligentes se rassemblent pour former des êtres semi-intelligents qui attaquent leurs créateurs. Autre vision sombre, celle du nanoprophète américain Eric Drexler, qui conçoit un monde menacé par la «mélasse grise», un nuage gris de nanorobots. Compte tenu du problème des «gros doigts collants», le scénario de la «mélasse grise»d’Eric Drexler est aussi improbable que l’idée que la technologie pourrait transformer le monde en petits nounours. Eric Drexler estime en effet qu’il est possible de construire des robots d’une taille de quelques millionièmes de millimètre, contrôlés par des programmes et capables de créer quelque chose de nouveau et de plus grand à partir des matières premières disponibles. Et si le processus échappait à la maîtrise de l’homme, plutôt que de produire un résultat magnifique, il créerait cette mélasse grise, qui serait contagieuse et dangereuse pour l’homme et la machine. La plupart des experts ne prennent pas cette hypothèse au sérieux. Parmi eux, Richard Smalley, prix Nobel de chimie en 1996, qui souligne la singularité des liaisons chimiques, qui empêche tous les atomes ou toutes les molécules de se combiner entre eux. 46 Cette seule considération rend l’idée d’un nanobot, d’un robot ou d’assembleur nanométrique hautement improbable. Dans ce cas, si un tel «assembleur» devait assembler la matière atome par atome, il devrait utiliser des «doigts», composés à leur tour d’atomes et nécessairement d’une épaisseur minimale donnée. Cela ne concernerait pas uniquement l’atome sélectionné; tous les atomes d’un nanomètre cube devraient être vérifiés lors de l’assemblage, et les doigts seraient obligatoirement dans le chemin. Richard Smalley, Prix Nobel de chimie, estime que les risques liés à la nanotechnologie peuvent être maîtrisés." Voilà pour le problème des gros doigts. À cela vient s’ajouter celui des doigts collants: selon leur type, les atomes saisis ne pourraient pas être simplement ramassés et redéposés, mais se mettraient à former des liaisons. Comme on le sait, il n’est pas facile de détacher un globule collant de ses doigts. Ce sont là des arguments essentiels qui ne peuvent être contournés aisément. Les nanobots mécaniques relèvent dès lors de l’impossible. Richard Smalley pourrait avoir raison: il n’y a aucun raison de craindre que des armées de nanomachines déferlent sur le monde et le transforment en mélasse grise. une réponse le plus vite possible à travers des expériences adéquates menées par des nanochercheurs et des toxicologues. Quoi qu’il en soit, les risques semblent gérables parce que les nanoparticules rencontrées dans la nature sont extrêmement «collantes». Elles se rassemblent très vite pour former de grandes masses dont le corps peut se débarrasser très facilement. On sait déjà que certaines nanoparticules ne sont pas nocives pour la santé. Elles servent alors de facteur de protection dans des crèmes solaires, ou sont mélangées à d’autres matières sous forme liée. Ainsi, l’utilisateur n’entre même pas en contact avec les nanoparticules isolées. L’industrie applique également les mesures de sécurité qui s’imposent afin d’exclure tout risque pour la santé de ses clients ou de ses travailleurs. Il pourrait toutefois y avoir de bonnes raisons de craindre que les nanoparticules aient des effets indésirables sur l’homme et l’environnement. Par exemple, les nanoparticules pourraient nuire à la santé en raison de leur taille, qui leur permet de pénétrer dans les cellules du corps et même de briser des barrières biologiques, comme la barrière sangcerveau. Étant donné que les nanoparticules – notamment d’autres poussières ultrafines comme la suie de diesel dans les gaz d’échappement des véhicules – sont des substances qui peuvent causer des effets secondaires inconnus, des recherches scientifiques doivent d’abord être menées pour vérifier que ces particules sont sûres. Pour l’instant, on en sait très peu sur la sécurité des nanoparticules, de sorte que les questions en suspens doivent trouver Alors que l’avenir des nanobots est toujours entièrement hypothétique, les promesses formulées par les spécialistes de la matière travaillant à l’échelle nanométrique semblent bien réelles. Les premiers produits sont déjà disponibles, comme les têtes de lecture à haute sensibilité pour disques durs recouvertes de fines couches de vingt nanomètres ou moins. La nanoélectronique se rencontre également déjà dans tous les ordinateurs portables. Comme toute technologie à fort potentiel, la nanotechnologie aura évidemment des effets collatéraux, rendant de nombreuses tâches simples superflues. De nouvelles sphères d’activité seront créées à leur place. L’apprentissage tout au long de la vie devient de plus en plus important, mais cela aussi peut être amusant avec la nanotechnologie. 47 Informations complémentaires Comment devenir nano-ingénieur? L es visiteurs d’un centre de recherche menant d’intenses travaux en matière de nanotechnologie pourront reconnaître toutes les disciplines des sciences naturelles côte à côte: biologistes, chimistes, ingénieurs de tout poil, cristallographes, minéralogistes, physiciens, etc. Tous ont un dénominateur commun, le niveau atomique, et une langue commune, les mathématiques. Les cours de sciences naturelles classiques peuvent donc tous mener à la nanotechnologie, bien que cette dernière commence à s’implanter comme une discipline à part entière, notamment à l’université de Würzburg. Comme le dit Alfred Forchel de la faculté de physique de l’université de Würzburg, ceux qui choisissent la nanotechnologie ne doivent pas craindre de plonger dans une tendance à court terme (extrait du journal officiel 10/2003 de l’université de Würzburg). «La tendance à la miniaturisation n’étant pas éphémère et s’appuyant déjà sur une longue histoire, il est probable que dans de nombreux secteurs, les applications descendront jusqu’à des échelles toujours plus petites – de micro à nano pour ainsi dire – dans chaque discipline, des technologies de l’information à la chimie. Il ne faut pas être devin pour voir que tout continuera à diminuer de taille – les matériaux de construction n’étant qu’un exemple parmi tant d’autres -, jusqu’au niveau le plus bas possible.» Les physiciens, chimistes et autres spécialistes des sciences naturelles peuvent affirmer à juste titre qu’ils ont déjà été d’une manière ou l’autre été confrontés à la nanotechnologie. Les thèmes de la physique nucléaire classique, les molécules étudiées par les chimistes sont autant d’habitants du nanocosmos. Avec les capacités expérimentales d’aujourd’hui, comme la structuration atomique détaillée des amas, les couches ou les puces, ainsi qu’avec les substances d’une pureté extrême et la recherche des structures biologiques les plus fines 48 s’est ouverte une corne d’abondance de possibilités entièrement nouvelles, qui profiteront également à l’ingénierie d’application. Alfred Forchel juge très bonnes les perspectives professionnelles des nanoingénieurs: «Bien entendu, les opportunités de décrocher un emploi dans notre secteur dépendent aussi de la santé de l’économie, comme dans n’importe quel domaine. Mais ce sont souvent les petits détails qui font toute la différence: si les entreprises sont aux prises avec des montagnes d’applications, il est évidemment difficile d’en faire ressortir une. Si l’on propose une formation pratique dans l’industrie, l’étudiant en saura un plus sur une entreprise au moins. Nos étudiants peuvent également rédiger leur thèse tout en travaillant, ce qui les rapproche encore d’un emploi. Ils étudient également au moins une matière non technique, comme la gestion d’entreprise, de manière à posséder d’autres compétences de base importantes pour la vie professionnelle.» Pour les nano-ingénieurs, rien ne vaut une formation en sciences naturelles pures, y compris en mathématiques, que ce soit à Würzburg ou ailleurs. Il ne suffit pas de rêver de mettre au point sous-marin miniature voyageant dans les veines. Il faut énormément de temps et de travail avant d’arriver à ce stade. Il faut apprendre à décrire les choses mathématiquement et avoir une bonne connaissance de disciplines fondamentales comme la physique ou la chimie. Il n’y a toutefois aucune raison de se laisser intimider: vos nano-fantasmes vous seront toujours utiles. Le sous-marin dans les veines n’était que de la fiction; la nanotechnologie est un peu différente, mais vous pouvez y trouver votre compte. Contacts, liens, littérature Veuillez noter que la présente brochure provient du ministère fédéral allemand de la recherche (BMBF). Elle a donc été initialement rédigée à l’intention d’un public allemand. Pour les liens vers des études, de la littérature et des sites Internet européens autres qu’allemands, nous vous renvoyons au portail Internet de la Commission européenne sur la nanotechnologie (www.cordis.lu/nanotechnology). Cours dans le domaine de la nanotechnologie Techniques nanostructurelles Université de Würzburg Site Internet: http://www.physik.uni-wuerzburg.de/nano/ Contact: [email protected] Biotechnologies et nanotechnologies École supérieure technique de Westphalie du Sud, Iserlohn Site Internet: http://www2.fh-swf.de/fb-in/studium.bnt/bnt.htm Contact: [email protected] Sciences moléculaires Université d’Erlangen-Nuremberg Site Internet: http://www.chemie.uni-erlangen.de/MolecularScience Contact: [email protected] Littérature BMBF-Programm IT-Forschung 2006 - Förderkonzept Nanoelektronik Pub.: Federal Ministry of Education and Research; Bonn, March, 2002. Vom Transistor zum Maskenzentrum Dresden, Nanoelektronik für den Menschen Pub.: Federal Ministry of Education and Research; Bonn, October, 2002. Nanotechnologie erobert Märkte- Deutsche Zukunftsoffensive für Nanotechnologie Pub.: Federal Ministry of Education and Research; Bonn, March 2004. Bachmann, G.: Innovationsschub aus dem Nanokosmos: Analyse & Bewertung Zukünftiger Technologien (Band 28) Pub.: VDI Technology Center for the BMBF; 1998. Microtechniques et nanotechniques École supérieure technique de Munich Site Internet: http://www.fh-muenchen.de/home/fb/fb06/ studiengaenge/mikro_nano/home.htm Contact: [email protected] Luther, W.: Anwendungen der Nanotechnologie in Raumfahrtentwicklungen und –systemen Technology analysis (Vol. 43) Pub.: VDI Technology Center, for the DLR; 2003 Sciences nanomoléculaires Université internationale de Brême Site Internet: http://www.faculty.iu-bremen.de/plathe/nanomol Contact: [email protected] Wagner, V; Wechsler, D.: Nanobiotechnologie II: Anwendungen in der Medizin und Pharmazie Technology definition (Vol. 38) Pub.: VDI Technology Center, for the BMBF; 2004. Sciences nanostructurelles - Nanostructures et sciences moléculaires Université de Kassel Site Internet: http://www.cinsat.uni-kassel.de/studiengang/ studiengang.html Contact: [email protected] Licence expérimentale, licence en biophysique ou nanosciences Université de Bielefeld Site Internet: http://www.physik.uni-bielefeld.de/nano.html Contact: [email protected] Microstructures et nanostructures Université de la Sarre Site Internet: http://www.uni-saarland.de/fak7/physik/ NanoMikro/InfoMikroNano.htm Contact: [email protected] Hartmann, U.: Nanobiotechnologie – Eine Basistechnologie des 21.Jahrhunderts ZPT, Saarbrücken, 2001. Rubahn, H.-G.: Nanophysik und Nanotechnologie Teubner Verlag 2002 Werkstoffinnovationen für Industrie und GesellschaftWING Pub.: Federal Ministry of Education and Research; Bonn, October 2003. Liens Portail communautaire de la nanotechnologie www.cordis.lu/nanotechnology News und Diskussionsforen zur Nanotechnologie www.nano-invests.de Portail européen de la nanotechnologie www.nanoforum.org Promotion de la nanotechnologie en Allemagne http://www.bmbf.de/de/nanotechnologie.php Nanotruck-Reise in den Nanokosmos www.nanotruck.net Portail du VDI-TZ sur la nanotechnologie www.nanonet.de Internetreise-Abenteuer hinterm Komma www.nanoreisen.de 49 Informations complémentaires Glossaire ADN: acide désoxyribonucléique. Molécule géante en forme de double hélice contenant les informations nécessaires à la constitution d’un organisme et les formules pour une infinité de protéines. Amas: agglomération de particules minuscules, dans ce cas des atomes. Les amas possèdent généralement diverses propriétés pour la forme solide d’un même matériau, entre autres parce qu’ils contiennent une plus grande part d’atomes de surface. Champs microlenticulaires: éléments micro-optiques importants pour des opérations comme la transmission d’informations par le biais de la lumière. CNT: nanotube de carbone Courant de tunnel: courant censé ne pas circuler parce qu’il passe dans un creux isolant, mais qui peut circuler dans le nanocosmos. Si c’est le cas, il sera fortement tributaire de la dimension du creux isolant. C’est cet effet qui a permis la mise au point du microscope à effet tunnel. Diatomées: minuscules créatures unicellulaires rencontrées dans les eaux froides et salées, dotées d’une coquille très élaborée composée de dioxyde de silicium et d’eau. Les diatomées sont capables de photosynthèse et possèdent également des structures photoconductrices. Doubleur de fréquence: ici, matériau doublant la fréquence de la lumière, transformant par exemple la lumière infrarouge en lumière verte. ESEM: Environmental Scanning Electron Microscope, microscope à balayage électronique spécial qui accepte l’air et l’humidité dans le support d’échantillon. Les lentilles ne doivent pas être traitées avec de la vapeur d’or notamment. Fil à fibre optique: fil dirigeant la lumière sur de longues distances à travers un matériau extrêmement transparent, généralement pour la transmission de données, mais aussi et de plus en plus pour la transmission d’énergie. 50 Fils de bysse: également connus sous le nom de «soie de moule» ou «barbe de moule». Fils techniquement sophistiqués créés par les moules pour s’accrocher à des surfaces. Ils sont élastiques comme du caoutchouc à une extrémité et aussi rigides que du nylon à l’autre. Forisomes: protéines végétales baptisées dérivées d’un terme latin signifiant «feuille de porte». Elles sont aujourd’hui étudiées comme candidates pour les muscles artificiels nanoscopiques. Laboratoire sur puce: puces hautement sophistiquées, désormais en phase finale développement, qui, avec l’aide de la micromécanique, de microfluides, de nanocapteurs et de la nanoélectronique, peuvent réaliser des examens complexes de cellules qui, autrement, exigeraient les ressources de tout un institut de recherche. Ce terme désigne également les supports d’objets imprimés par voie microscopique relativement simples. Laser à électron libre: dispositif générant de la lumière laser grâce à un faisceau d’électrons accélérés passant dans un tube sous vide. Leucocytes: globules blancs qui défendent l’organisme en phagocytant les corps étrangers présents dans le sang comme les virus et les bactéries, ainsi que les résidus de cellules ou cellules cancéreuses, ou qui, sous la forme de lymphocytes, produisent des anticorps. Les anticorps sont des molécules adhésives très spécifiques. Liaison de van der Waals: liaison chimique faible entre molécules dont la cause ultime réside dans les propriétés des espaces vides des molécules. Les liaisons de van der Waals déterminent également les propriétés de l’eau et, partant, de tous les processus vivants. Lithographie: ici, technique de production de structures microscopiques, généralement au moyen d’un enduit photoréactif gravé à l’aide de faisceaux lumineux ou d’électrons, développé et fournissant ou conservant ensuite certaines parties de leur surface pour l’inscription ou d’autres processus. Masque: type de pellicule transparente contenant le dessin et la configuration d’une puce informatique, qui est ensuite transféré par lithographie sur des tranches. Rayonnement par rayons X: rayonnement électromagnétique à onde courte utilisé entre autres pour l’analyse de la structure des cristaux visant à déterminer la forme nanoscopique des molécules. Micelles: petites structures sphériques utilisées par la nature, dans ce cas les moules, comme conteneurs de transport. Rayonnement UV: rayonnement à onde courte permettant la production de structures de puces très fines. Ordinateur quantique: appareil faisant appel aux règles caractéristiques de la mécanique quantique pour résoudre des problèmes, comme le codage de l’information, pratiquement insolubles avec des ordinateurs conventionnels. N’a pas dépassé le stade théorique. Réflectines: protéines spéciales utilisées par les organismes pour créer des structures réfléchissant la lumière. Phase: ici, condition ou état, tel qu’arrangé/aléatoire ou cristallin/amorphe. Photosynthèse: les plantes vertes, les algues et les cyanobactéries (algues bleues) tirent leur énergie de la photosynthèse. À l’aide de la lumière du soleil, elles transforment le dioxyde de carbone et l’eau en sucre et en oxygène. La photosynthèse affiche un rendement énergétique primaire étonnant de plus de 80%. Ribosomes: nanomachines capables de produire une infinité de protéines et contrôlées par une bande moléculaire contenant les informations du matériau génétique ADN. Semiconducteur: matériau dont les propriétés électriques peuvent être ajustées avec précision pour devenir un isolateur ou un conducteur. Les semiconducteurs sont devenus l’un des composants les plus importants des produits industriels modernes comme les ordinateurs et les téléphones portables. Piézocristaux: les piézoéléments génèrent de l’électricité lorsqu’ils sont comprimés ou étirés, comme les étincelles des briquets «électroniques». Inversement, un cristal piézoélectrique peut être façonné par le courant électrique jusqu’à une fraction du diamètre d’un atome. Pile à combustible: dispositif dans lequel l’hydrogène et l’oxygène (généralement de l’air) réagissent sans combustion pour former de l’eau, produisant de l’énergie électrique pour un niveau d’efficacité élevé. Protéines: grandes molécules composées de ribosomes dérivés d’acides aminés, qui agissent dans les cellules en partie en tant qu’outils nanoscopiques et en partie en tant que matériaux de construction, des lentilles oculaires aux ongles. Le décodage du protéome, la somme de toutes les protéines et de leurs interactions dans une cellule, n’en est qu’à ses débuts. 51 Crédits P. 4, en haut: Centre de compétence en nanoanalytique, université de Hambourg P. 4, en bas: Lambda Physik AG, Göttingen P. 5, en haut: Infineon Technologies AG, Munich P. 5, en bas: BergerhofStudios, Cologne P. 6, en haut à gauche: Chemical Heritage Foundation P. 6, en haut+en bas, à droite, en bas, à gauche: BergerhofStudios, Cologne P. 7, en haut à gauche: NASA/ESA P. 7, en haut à droite: DESY, Hambourg P. 7, au milieu à gauche: BergerhofStudios, Cologne P. 7, en bas à droite: Institut de physique expérimentale et appliquée, université de Kiel P. 8, en haut à gauche: REM-Labor, université de Bâle P. 8, depuis le haut: BergerhofStudios, Cologne; dto.; dto.; REM-Labor, université de Bâle; Comité Nobel, Stockholm (retravaillé); DESY, Hambourg P. 9, en haut à gauche: Institut de botanique, université de Bonn P. 9, en haut à droite: REM-Labor, université de Bâle P. 9, depuis le haut: BergerhofStudios, Cologne; dto.; Fraunhofer Gesellschaft; Institut de botanique, université de Bonn; dto.; TU Berlin, FU Berlin P. 9, image de fond: BASF AG P. 10, en haut à gauche + droite: MPI für Metallforschung, Stuttgart P. 10, au milieu à droite: ESA P. 10, en bas à gauche: MPI für Metallforschung, Stuttgart P. 11, en haut à gauche: Ostseelabor Flensburg, à côté: BergerhofStudios, Cologne P. 11, en haut à droite: Université de Florence, Italie P. 11, au milieu à droite: Institut de paléontologie, Université de Bonn P. 11, en bas à gauche: BergerhofStudios, Cologne P. 11, en bas à droite: SusTech, Darmstadt P. 12, en haut au milieu et à droite: Bell Laboratories, USA P. 12, à gauche: faculté de biochimie, université de Ratisbonne P. 13, en haut: Institut des nouveaux matériaux, Sarrebruck P. 13, au milieu à droite: Degussa AG Advanced Nanomaterials P. 13, en bas à droite: Institut de géophysique, université de Munich P. 13, en bas: Institut de chimie physique, université de Hambourg P. 14, en haut + en bas, à gauche: ESA P. 14, en bas, à droite: IBM Corporation P. 15, en haut + au milieu, à gauche: Physik IV, université d’Augsbourg P. 15, au milieu, à droite+au milieu: Centre de compétence en nanoanalytique, université de Hambourg P. 15, graphique en bas à droite: BergerhofStudios, Cologne P. 15, en bas: Université de Hawaii, Honolulu P. 16, à gauche: Carl Zeiss SMT AG, Oberkochen P. 17, en haut à droite: Carl Zeiss SMT AG, Oberkochen P. 17, en bas à gauche: IHT RWTH Aix-la-Chapelle P. 17, en bas à droite: Schott AG, Mayence P. 18, en haut à gauche: Bayer AG, Leverkusen P. 18, en bas à gauche: MPI für Quantenoptik, Garching P. 19, toutes les illustrations: DESY, Hambourg P. 20, en haut à gauche: BergerhofStudios, Cologne P. 20, en bas à droite: Institut des nouveaux matériaux, Sarrebruck P. 21, en haut à gauche: HILIT, programme communautaire Joule III P. 21, en haut à droite: NASA/ESA P. 21, en bas à droite: université de Stuttgart P. 22, toutes les illustrations: BergerhofStudios, Cologne P. 23, en haut, à gauche: National Semiconductor, Feldafing P. 23, en bas à droite: Advanced Micro Devices, Dresde P. 24, en haut à droite: graphique: BergerhofStudios, Cologne P. 24, au milieu à gauche: Faculté de physique expérimentale IV, RUB, Bochum P. 24, en bas: Institut de physique expérimentale et appliquée, Université de Kiel 52 P. 25, en haut à droite: graphique: BergerhofStudios, Cologne P. 25, en bas: IHT RWTH Aix-la-Chapelle P. 26, en haut à droite: IBM Corporation P. 26, en bas à gauche: Infineon Technologies AG, Munich P. 26, en bas, à droite: IBM/Infineon, MRAM Development Alliance P. 27, en haut: Faculté de physique expérimentale IV, RUB, Bochum P. 27, au milieu: Centre de compétence en nanoanalytique, université de Hambourg P. 27, à droite: Faculté de nanoélectronique, RUB, Bochum P. 27, en bas: IBM Speichersysteme Deutschland GmbH, Mayence P. 28: Siemens AG, Munich P. 29, en haut à droite: Nanosolutions GmbH, Hambourg P. 29, au milieu: Institut des nouveaux matériaux, Sarrebruck P. 30, en bas: Siemens AG, Munich P. 30, en haut: DaimlerChrysler AG P. 30, en bas à gauche: Fraunhofer Allianz Optisch-funktionale Oberflächen P. 30, en bas à droite: Université du Wisconsin-Madison P. 31, en haut: Robert-Bosch GmbH, Stuttgart P. 31, au milieu: Audi/Volkswagen AG P. 31, en bas à gauche: VW Pressearchiv P. 31, en bas à droite: Robert-Bosch GmbH, Stuttgart P. 32, en haut à gauche: Bayer AG, Leverkusen P. 32, en haut à droite: Institut des nouveaux matériaux, Sarrebruck P. 32, en bas à gauche: Keramag AG, Ratingen P. 33, en haut: BASF AG, Ludwigshafen P. 33, au milieu: MTU Friedrichshafen P. 33, en bas à droite: Siemens AG, Munich P. 34, en haut à gauche: Bayer AG, Leverkusen P. 34, en haut à droite: Siemens AG, Munich P. 34, en bas: Infineon Technologies AG, Munich P. 35, en haut à gauche: Siemens AG, Munich P. 35, en haut à droite: Siemens AG, Munich P. 35 au milieu: Charité Berlin / Institut des nouveaux matériaux, Sarrebruck P. 36, en haut à droite: BergerhofStudios, Cologne P. 36, à gauche: Infineon Technologies AG, Munich P. 36, à droite: IIP Technologies, Bonn P. 37, en haut à gauche: Siemens AG, Munich P. 37, en haut à droite: Fraunhofer ISIT P. 37, au milieu à droite: université d’Oxford P. 37, en bas à gauche, à droite: Infineon Technologies AG, Munich P. 38, en haut à gauche: OSRAM Opto Semiconductors GmbH, Ratisbonne P. 38, en bas: graphique: BergerhofStudios, Cologne P. 39, en haut: Park Hotel Weggis, Suisse P. 39, en bas: Siemens AG, Munich P. 40, en haut, à gauche: BergerhofStudios, Cologne P. 40, en bas à gauche: Bayer AG, Leverkusen P. 41, en haut: AIXTRON GmbH, Aix-la-Chapelle P. 41, à droite: Institut Fraunhofer pour les systèmes d’énergie solaire, Fribourg P. 42: Institut de construction aéronautique, Université de Stuttgart P. 43, en haut à gauche, à droite: MTU Friedrichshafen P. 43, au milieu à gauche: Institut de construction aéronautique et astronautique, université de Stuttgart P. 43, au milieu à droite: Fuseproject P. 43, en bas: Kopf Solardesign GmbH, Hambourg P. 44, en haut, à gauche: collage: BergerhofStudios, Cologne P. 44, en bas à droite: RWTH, Aix-la-Chapelle P. 45, en haut à gauche: Siemens AG, Munich P. 45, en haut à droite: Infineon Technologies AG, Munich P. 45, en bas: NASA P. 46, au milieu: BergerhofStudios, Cologne P. 47: IBM Corporation, Insert: Siemens AG, Munich 53 Commission européenne EUR 21151 — La nanotechnologie - L’innovation pour le monde de demain Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes 2004 — 56 pp. — 21,0 x 29,7 cm ISBN 92-894-8887-5 15 L’objectif de la présente brochure consiste à montrer au public ce qu’est la nanotechnologie et à encourager le débat. En décrivant le contexte scientifique, les développements technologiques, les domaines d’application et les débouchés potentiels, cette brochure dresse un tableau complexe et complet de la nanotechnologie telle que nous la percevons au quotidien. KI-59-04-968-FR-C La nanotechnologie est considérée comme la principale technologie du XXIe siècle. Elle est capable d’offrir des solutions à de nombreux problèmes contemporains grâce à des matériaux, composants et systèmes plus petits, plus légers, plus rapides et plus performants. Elle offre de nouvelles opportunités commerciales et peut apporter une contribution essentielle à la protection de l’environnement et de la santé.