Les Misérables - Le Grand Bleu

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Les Misérables - Le Grand Bleu
FICHE SPECTACLE -Les misérables
© Antoine Blanquart
THÉÂTRE D’OBJETS - DÈS 11 ANS- Durée 1h10
Scénographie
Un spectacle de
Frédérique DE MONTBLANC
Karine BIRGÉ et Marie DELHAYE
Grandes Constructions/Petites Constructions
Mise en scène
Agnès LIMBOS
Alain MAYOR et Sylvain DAVAL
Zoé TENRET
AVEC
Petits costumes
Julie Nathan, Naïma Triboulet
Françoise COLPÉ
Création lumière
Grande peinture
Dimitri JOUKOVSKY
Eugénie OBOLENSKY
Création sonore
Guillaume ISTACE
Sculptures
Evandro SERODIO
Illustration, graphisme et tisanes
Antoine BLANQUART
coproduction
Théâtre de Liège (Liège-BE), Théâtre Jean Arp - Scène
conventionnée pour les Arts de la marionnette, Festival
Mondial des Théâtres de Marionnettes.
Grand Bleu, spectacle vivant pour les nouvelles générations
36 avenue Marx Dormoy – 59000 LILLE / 03.20.09.88.44 - www.legrandbleu.com - [email protected]
1
Sommaire
(Qu’est-ce qu’il y a dans cette fiche spectacle… ?)
Le spectacle
Texte de présentation du spectacle
p3
Note d’intention
Extrait de la note d’intention, écrite par la compagnie
p4
La compagnie
La démarche de travail de la compagnie, ce qu’elles défendent, ce qu’elles ont déjà
fait
p4
Prolongements autour des Misérables
p5
1/ Pourquoi adapter les Misérables aujourd’hui ?
p5
a) Un aspect politique fort
b) L’adaptation littéraire
c) Les Misérables, une réflexion sur le pouvoir et la justice
p5
p5
p8
2/ Le théâtre d’objets
a) Définition du théâtre d’objets
b) La place de l’objet
c) La manipulation
p 10
p 10
p 11
On récapitule !
Pour ceux qui ont peu de temps … quelques pistes pour travailler le spectacle
rapidement avant ou après votre venue.
p 15
Annexes
Annexe 1 : Extrait des Misérables, épisode de la mort de Gavroche
Annexe 2 : Affiche du spectacle Les Misérables
p 17
p 20
2
Le spectacle
Un classique de la littérature passé à la centrifugeuse.
C’est l’histoire d’un bagnard, Jean Valjean, condamné pour avoir volé un quignon de
pain. C’est aussi l’histoire de Fantine, mère courageuse mais inéluctablement aux prises
avec le malheur. Deux personnages broyés par le déshonneur et l’injustice. Les
Misérables c’est l’histoire d’un peuple aux abois qui se soulève et défend son idéal
jusqu’à la mort.
Sur la scène, une table comme espace de jeu, une foule de santons et de figurines
comme personnages, et pour leur donner vie, deux actrices manipulatrices. Tour à tour
intrigue policière, mélodrame et fresque populaire, le roman de Victor Hugo est ici
adapté avec inventivité et audace pour une lecture pleine d’humanité.
3
Note d’intention de la compagnie
Proposer des mythes de la littérature sur un petit plateau de théâtre, telle est notre
démarche. Nous passons à la centrifugeuse les grandes œuvres pour en extraire des
«digests» par une opération de stylisation vivifiante et novatrice. Avec nos objets, nous
voulons laisser la place à l’imaginaire, à l’évocation, à la métaphore, à ce qui reste
d’âmes d’enfants en chaque spectateur. Jouant de références connues de tous, nous
défendons un théâtre populaire, visuel et poétique, fait de bouts de ficelles, artisanal,
brut, dépouillé.
Après Madame Bovary et Carmen, figures féminines qui posent la question de la liberté
sous un angle immoral pour la première, amoral pour la seconde, voici Jean Valjean,
figure morale par excellence.
La compagnie
Le second millénaire était flambant neuf et sentait encore bon la fin du monde quand
Karine (Birgé) et Marie (Delhaye) s'échappèrent, diplôme sous le bras, du
dramatiquement célèbre Conservatoire d'Art de Liège. Elles unirent leurs forces pour
s'aventurer à travers la forêt brabançonne et tirer la bobinette de la bonne fée Limbos.
Agnès (c'est le prénom de la fée) leur ouvrit bientôt son arrière boutique et tant de
merveilles s'offrirent à leurs mirettes ébahies : des étagères en corne d'abondance, des
alambics en peau de lapin, des lanternes magiques en vrai phare de 2CV!
Elles découvrirent là que Dieu est en nous mais sans papiers et surtout que le monde est
plat et tient très bien sur une table..…
Alors un beau jour, à l'ombre d'un soleil de crépon, point une lune d'aluminium et elles
se plurent, s'épouillèrent, et de l'épure advint Le Destin. Ainsi naquirent les Karyatides
et le monde n'en fût que plus beau.
Passant de l'âge d'innocence à celui du manifeste, elles n'auront désormais de cesse de
revisiter par l'objet les monuments de la littérature, de passer les miniatures par le fil
des grandes plumes et de faire sur leur dactyles tablettes s'ébattre à l'air du temps, sans
chichi, les mastodontes du Panthéon sous nos yeux miraculeusement nettoyés du
waterzooï ambiant, voire durablement rajeunis.
Elles défendent un théâtre populaire qui croit à la poésie de nos références communes, à
l'économie qui en dit long, à l'humour qui grince et à l'huile de coude bio de préférence.
Site de la compagnie : www.karyatides.net
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Prolongements Autour des Misérables
Les pistes et prolongements évoqués dans cette fiche sont loin d’être exhaustifs. Ces
pistes peuvent vous aider à avoir une meilleure appréhension du spectacle en amont de
votre venue et vous donner des idées pour préparer au mieux votre groupe à la
réception du spectacle. Certaines d’entre elles peuvent aussi être travaillées comme un
prolongement.
Pour des raisons de droits d’auteurs, nous ne sommes pas en mesure d’afficher
l’ensemble des images et des références iconographiques souhaitées. Néanmoins, vous
pouvez y accéder sur les liens indiqués.
1/ Pourquoi adapter les Misérables aujourd’hui ?
a) Un aspect politique fort
La représentation du Paris des années 1800 est développée dans l’œuvre de Victor
Hugo. Il la décrit tout en détails avec une représentation sociale marquée : les
habitations des riches, les quartiers des pauvres, les barricades posées aux quatre coins
de la ville. Toutes ces descriptions sont présentes pour retranscrire l’atmosphère et le
contexte politique de l’époque.
Proposition : Retracer avec les élèves toutes les différences politiques entre l’époque des
misérables et la notre.
-
Comment sont traitées les personnes pauvres ?
Quelles conséquences y’a t’il à un vol ? Comment sont les peines ?
b) L’adaptation littéraire
Il est important de rappeler aux élèves que Victor Hugo n'a pas écrit une pièce, mais un
roman de cinq tomes, soit 2000 pages.
Proposition :
-
-
Questionner les élèves sur la manière de faire d'un roman de 2000 pages une
pièce d'une heure. Choix narratifs, concentrer l'action aux faits principaux...
(Faire le lien avec la nouvelle : personnage avec moins d'épaisseur
psychologique, intrigue réduite à une action principale).
Pourquoi adapter encore aujourd'hui des vieux romans comme Les Misérables?
Le sujet est-il encore d'actualité ? Quel est le message de ce roman ? Interpréter
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la citation suivante : « Si les infortunés et les infâmes se mêlent. […] De qui est-ce
la faute ? »
Selon Victor Hugo, c'est la faute de la misère, de l'indifférence et d'un système répressif
sans pitié. Idéaliste, Victor Hugo est convaincu que l'instruction, l'accompagnement et
le respect de l'individu sont les seules armes de la société qui peuvent empêcher
l'infortuné de devenir infâme. Le roman engage une réflexion sur le problème du mal…
-
Proposition : Questionner les élèves sur l’adaptation
Adapter, est-ce trahir l’œuvre ? Adapter, c’est recréer à partir d'une matière 1ère
donc cela suppose un choix, une réflexion sur l'œuvre, une démarche artistique.
Vous pouvez aborder l'intertextualité des œuvres.
-
Pourquoi ce choix des metteurs en scène de réaliser une pièce de théâtre
d'objets ? Et pourquoi les santons ? Plus accessible pour les enfants ? Plus
-
universel ? Plus ancien (cf. rapport au 19ème s.) ? Plus visuel ?
Après le spectacle, Rappeler des moments de la pièce particulièrement
intéressants : mouvements de foule, effets de lumière...
De nombreux romans classiques ont été adaptés sous d’autres formes artistiques telles
que l’art pictural, le cinéma et le théâtre.
Proposition : confronter un texte classique à une adaptation
-
-
Choisir un texte classique avec la classe (La petite fille aux allumettes, Madame
Bovary etc.). Confronter le texte à une adaptation : quelles sont les différences ?
Comment sont traités les personnages ? Sous quel angle est racontée l’histoire ?
Adapter le texte au plateau : choisir l’axe du temps narratif (y’a-t-il un
narrateur ?), trouver une manière de faire vivre les personnages (à l’aide
d’objets ? lesquels ? à l’aide des élèves ? un ou plusieurs?), traiter le fil narratif :
comment se fait le découpage et la description des scènes ? Quel est le rapport
au costume ? (pas de costume ? costume neutre ? Costume avec des matières
premières ? Même questionnement pour la musique.
Comme déjà dit dans ce dossier, d’autres médiums peuvent être utilisés pour adapter
une œuvre littéraire : Théâtre, cinéma, bande dessinée (manga), comédies musicales,
films d'animation, roman- photos...
Proposition : choisir un moment-clé de la pièce et l'adapter sous une autre forme
-
confronter des 1ères de couvertures du roman d’Hugo ou de ses adaptations (voir
liens suivants) : Quels sont les choix faits par les éditeurs ? Quels personnages
sont mis en avant ? Pourquoi ? Quelle idée se fait-on du roman en voyant ces
couvertures ?
6
-
Puis : Quelle couverture vous semble représenter le mieux le roman d'Hugo ?
Pourquoi ? (argumenter)
Exemples en BD :
Image 1 : Les incontournables de la littérature en B.D, 12 Les misérables, Bernard
Capo (Glénat):
http://www.bedetheque.com/BD-Incontournables-de-la-litterature-en-BD-Tome-12-110714.html
Image 2 : Les misérables, Studio Variéty Artworks, éditions Soleil Manga
http://images.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.bedetheque.com%2Fmedia%2FCouvertures%2FCo
uv_130918.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.bedetheque.com%2FBD-Miserables-Variety-Art-Works-LesMiserables130918.html&h=704&w=500&tbnid=9LHBuaDq4B10_M%3A&docid=HRVzkyLemvjXoM&ei=t9hVVsadHMX1Ur_L
mdAP&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=193&page=1&start=0&ndsp=35&ved=0ahUKEwiG1dXQ9qvJAhXFuhQKHb
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Image
3:
Les
misérables,
tome
1,
Takahiro
Arai,
éditions
Kurokawa :
http://images.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.actuabd.com%2FIMG%2Farton17890.jpg%253F142
9187434&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.actuabd.com%2FLes-Miserables-T1-ParTakahiro&h=181&w=128&tbnid=26AjjrJOuGXzBM%3A&docid=GDIDZPF2RLqvmM&ei=LNlVVpv8NIHSU5WngZ
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Image 4 : Les misérables - Jean Vallejean, M. Delingue, Editions Paape
http://www.priceminister.com/offer/buy/5470117/M-Delingue-E-Paape-Les-Miserables-Jean-Valjean-Livre.html
Image 5 : Jean Vallejean et Javert,Giffey, Editions Transit
Proposition
-
-
Choisir un épisode-clé du roman : le lire et l'analyser en classe (émotion
ressentie? spécificité de l'écriture hugolienne ? importance du moment ?
résonance avec le reste de l'histoire ? Portée symbolique ?...)
Puis montrer deux adaptations cinématographiques différentes de cet épisode.
Comparer : Comment rendre compte à l'écran de la beauté de l'écriture ? Des
émotions ressenties à la lecture ? Travailler la spécificité du langage
cinématographique (travail du cadrage, de la lumière, de la musique ou absence
de musique pour rendre l'épisode émouvant...). Déterminer laquelle des 2
adaptations est la plus fidèle au texte.
Exemple : épisode de la mort de Gavroche (extrait en annexe 1)
(Même épisode à comparer dans Les Misérables de Tom Hooper (2012) ou Les
Misérables de Decoin (2000) et Les Misérables de Le Chanois (1958)). D'autres romans,
films ont adaptés Les Misérables.
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Exemples de films d'animation et comédie musicale :
- Les Misérables est une série télévisée d'animationfrançaise en 26 épisodes de 22
minutes, créée d'après le roman éponyme de Victor Hugo et diffusée à partir de
décembre1992 sur TF1 dans l'émission Club Dorothée. La chanson du générique était
interprétée par Dorothée (avec un happy end).
- Les Misérables: Shōjo Cosette (レ・ミゼラブル少女コゼット, Re Mizeraburu Shōjo
Kozetto) est un dessin animé japonais produit par Nippon Animation. C'est une
adaptation des Misérables. Le dessin animé a été diffusé le 7 janvier 2007 au Japon sur
BS Fuji et il comporte 52 épisodes qui durent environ 24 minutes.
- Les Misérables est une comédie musicale adaptée par Claude-Michel Schönberg
(musique) et Alain Boublil et Jean-Marc Natel (paroles originales en français), et
Herbert Kretzmer (paroles en anglais).
c) « Les Misérables », une réflexion sur le pouvoir et la justice
Proposition
-
Élaborer un scénario pour créer une saynète de théâtre d'objets. Choisir un
thème pour la création de saynètes.
Comme par exemple une saynète autour de la liberté et du pouvoir : un
représentant du pouvoir a imposé une loi absurde à quelqu'un ou à un peuple.
Mais une personne n'a pas respecté cette loi : elle est jugée. Mettez en scène son
procès.
-
-
Débat : qui peut-être détenteur d'un tel pouvoir ? Roi, empereur, parent,
professeur, principal...Qu'est-ce qu'une loi absurde ? Quels sont les interdits et
devoirs ? (Mot interdit, action obligatoire ou interdite, événement proscrit... )
Puis, lister les idées de lois absurdes au tableau.
Par groupe : les élèves rédigent un scénario (quels personnages ? Quelle loi ?
Quelle réaction ? Quelle issue du procès ?...)
En lien : Vous pouvez faire lire aux élèves La loi du Roi Boris de Gilles Barraqué,
éditions Nathan, 2006.
Sa Majesté Boris III, s'ennuie et engage une guerre contre une malheureuse lettre de
l'alphabet ! L'application pointilleuse de la loi du roi Boris mène vite le royaume au
chaos. Mais la résistance s'organise...
Ou faire lire Le petit royaume de J.C. Mourlevat
Un jour, faute d'héritier, le chef des armées, Hagar, s'installe sur le trône du Petit
Royaume. Sitôt autoproclamé, il interdit les livres, qu'il place dans les sous-sols du
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palais. Seul le jeune Bjorn va parvenir à sauver un ouvrage, avant d'entreprendre de
transmettre son amour des livres à un roi aussi cruel qu'orgueilleux...
Mais aussi : Ubu roi d'A. Jarry
En autre, le procès des Nobles, Acte III, scène 2, dans le but de définir l'Absurde, et pour
mettre en évidence le caractère éminemment comique du texte, reposant sur l'absurde
de situation (travailler l'absence d'arguments du tyran par exemple).
Photo de couverture du livre La loi du Roi Boris :
http://www.laprocure.com/loi-roi-boris-gilles-
barraque/9782092507858.html
Photo de couverture du livre Le petit royaume :
http://www.babelio.com/livres/Mourlevat-Le-Petit-
Royaume/426170
Photo de couverture du livre Ubu Roi :
http://images.google.fr/imgres?imgurl=https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/83/V%2525C3
%2525A9ritable_portrait_de_Monsieur_Ubu.png/220pxV%2525C3%2525A9ritable_portrait_de_Monsieur_Ubu.png&imgrefurl=https://fr.wikipedia.org/wiki/Ubu_roi&h=332
&w=220&tbnid=1aIuVC_YAPXV2M:&docid=xBdVMk1T0o8PM&ei=wzlYVtPCDsPwUKzbpagG&tbm=isch&iact=rc&uact=3&page=1&start=0&ved=0ahUKEwiTsI27u7DJAhVDOBQK
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Après le spectacle:
- Revenir sur la thématique de la justice et du pouvoir. Le monde décrit par Hugo dans
son roman est-il un monde juste ? Pourquoi ? Revenir sur la condition de Jean Valjean :
prisonnier pour un quignon de pain, condamné pour cause de récidive. Est-il
coupable des faits qu'on lui reproche ? Ou est-il responsable ? Quelle est la différence ?
Proposition : Ouverture sur la peine de mort.
-
Évoquer les travaux d’Hugo pour faire abolir la peine de mort.
Débat : L'état peut-il décider d’ôter la vie à un homme ?
"Guillotiner, ce n'était rien d'autre que prendre un homme et le couper, vivant, en deux
morceaux" (Badinter)
-Travailler la portée argumentative de certaines affiches (Amnesty International) de et
certains dessins de presse
Image 1 et 2 : Dessins de Plantu
http://w1.neuronnexion.fr/~gacquer/human07.htm
http://nitescence.free.fr/plantu.jpg
Image 3 : Extrait de la bande-dessinée Franquin dans Idées noires intitulé Il ne faut pas
confondre pâle capitaine et peine capitale
http://1.bp.blogspot.com/_9BKS5SX0Mus/THLolmoWSaI/AAAAAAAAAGY/9g0p7tiCj3g/s1600/franquinpeine+de+mort.jpg
9
Image 4: affiche d’Amnesty International contre la peine de mort
http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.amnesty.fr/sites/default/files/ABRIBUS%2520peloton%2520VF.jpg&imgrefurl=http://www.amnesty.fr/Presse/Communiques-de-presse/La-peine-demort-en-20102166&h=4346&w=3071&tbnid=SnJiKUj0edIYfM:&tbnh=95&tbnw=67&docid=7YfNxVdjfJsKuM&usg=__tM0tuEhyc1ICB
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Proposition : A l’aide des différentes affiches,
- Faire une recherche sur les pays qui continuent à exercer la peine de mort, sur
l'abolition de la peine de mort en France (Badinter)
- Faire écrire : un pamphlet contre la peine de mort, une lettre ouverte de Jean Valjean
aux représentants de la justice française ...
- Réaliser : une affiche argumentative, un dessin de presse...
- Faire jouer (après l'avoir préparé): le procès d'un personnage du roman de Hugo (Les
Thénardier, Javert...)
2/ Le théâtre d’objets
a) Définition du théâtre d’objets
Extrait du dossier sur les arts de la marionnette dont l’intégralité est téléchargeable sur
le site du Grand Bleu :
http://legrandbleu.com/saison-1516/dossiers-pedagogiques/
Le théâtre d’objets est né à la fin des années 1970 sous l’impulsion de trois compagnies :
le Théâtre de Cuisine, le Théâtre de Manarf, le Vélo Théâtre. Ce mouvement artistique
s’est mis en place notamment en réaction à la société de consommation. En effet, le
théâtre d’objets donne une seconde vie à des objets délaissés par les consommateurs.
Ainsi, ces objets sortent de leur logique utilitaire pour entrer dans une logique poétique.
Le théâtre d’objets s’empare des objets du quotidien « des objets que l’on ne voit plus à
force de voir » selon Christian Carrignon. On les détourne de leur rôle habituel, on
cherche à les faire voir à nouveau et autrement.
Dans le théâtre d’objets, on raconte des histoires à l’aide d’objets pouvant incarner des
personnages, être la base de la construction d’un décor… Par exemple, un capuchon de
stylo rouge peut devenir le petit chaperon rouge.
Le théâtre d’objets fait appel à l’imaginaire du spectateur, à sa capacité à accepter la
convention théâtrale et à se laisser porter dans une histoire.
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Image 1
Image 2
Image 3
Image 1 : Photographie du spectacle Play, de la compagnie La boîte à sel
Image 2 : Photographie du spectacle La vie de Smisse, de la compagnie Voix Off (Damien Bouvet)
Image 3 : Photographie du spectacle Adam le polichineur de laboratoire par la compagnie des
Chemins de Terre
Pour voir comment Stéphane Georis transforme n’importe quel objet du quotidien en
marionnette : https://www.youtube.com/watch?v=lYt6VSATwCQ
b) La place de l’objet
Des objets ordinaires deviennent mystérieux, profonds, inquiétants, dès que la main pas
du tout magique mais seulement habile (seulement ?) du montreur s'en empare pour
raconter une histoire.
Antoine Vitez
Détournement de l’objet
Dans Les Misérables, Karin Birgé et Marie Delhaye transforment des objets simples,
récupérés ou désuets pour recréer un univers romanesque.
Le théâtre d'objet permet un voyage dans la fiction interpellant aussi bien le vécu réel
des spectateurs que leur imaginaire. Les comédiennes manipulent et font parler les
objets jusqu'à en faire des êtres à part entière. Elles donnent vie à des santons, des
figurines par le jeu, la voix, et par les actions qu'elles leur font faire. Sans l'inventivité du
comédien et son talent de manipulateur, cet objet n'apparaitrait pas comme un
personnage à part entière aux yeux du public.
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Photo 1
Photo 2
Photo 3
Photo 1, 2 et 3 : Photos du spectacle Les Misérables©Yves Gabriel
Proposition
Et si mon objet devenait autre chose ?
1. A partir de l’analyse de l’extrait La Danse des petits pains du film La ruée vers l’or de
Charlie Chaplin, par exemple, demander aux élèves de détourner la forme ou la fonction
d’un objet de leur choix pour lui donner une dimension poétique.
2. L’objet choisi devra être mis en situation dans un nouveau contexte, soit par le dessin
soit par la photographie, pour montrer son nouvel usage.
Image 1 : Alexandre CALDER, Le Cirque, 1926-1931
Ici, Calder a construit un véritable cirque miniature avec des objets de récupération. Il
donna quelques représentations auprès de ses amis. Les trouvailles sont ingénieuses
pour donner vie à ses animaux et personnages de fil de fer.
Extrait : http://www.youtube.com/watch?v=MWS96nzFUks
Image 2 : La danse des petits pains, extrait
CHAPLIN, 1925
du film La ruée vers l’or de Charlie
Extrait : http://www.dailymotion.com/video/xi3el_chaplin-la-danse-des-petits-pains_shortfilms
Image 3 : Garri BARDINE, La Nounou, 1997
Ce film d’animation raconte l’histoire d'un petit garçon qui s'invente une nounou avec
des gants de boxe.
Extrait :http://www.bardin.ru/eng1997.htm
Proposition : Adapter et raconter l’œuvre de Victor Hugo
1. Définir les personnages en réalisant dans un premier temps un portrait physique,
intellectuel et émotionnel des figures principales (Jean Valjean, Javert, Fantine,
Cosette, Gavroche…). Les inscrire ensuite dans un contexte (une époque, un
espace).
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2. Trouver un objet pour chacun de ces personnages. Les manipulateurs devront
jouer une scène, par exemple la rencontre de Jean Valjean avec le petit garçon
(Annexe 1) sur un espace de jeu défini telle qu’une table de classe par exemple.
Proposition : Assemblage hybride…
1. A partir d’une caisse d’objets de récupération, les élèves, par petits groupes, doivent
créer un nouveau personnage.
2. On se questionnera sur le détournement occasionné par les analogies formelles.
Exemples : une passoire devient un casque ; une fourchette, une jambe…
3. Les différentes propositions peuvent être photographiées ou dessinées par les élèves
afin de garder une trace des différentes métamorphoses des objets…
Proposition : L’objet merveilleux
1. A partir d’objets de récupération les plus banals, les élèves sont amenés à les
transformer / associer… pour les faire devenir précieux.
2. Les élèves s’interrogent sur les changements de fonction à opérer pour atteindre ce
but mais également sur les codes qui désignent un objet comme étant précieux :
Matériaux, formes, couleurs…
Dans de nombreux spectacles, le théâtre d’objets est proposé sous différents objets
Image 1: Photo du spectacle L'Avare de la compagnie TabolaRassa.
(© TabolaRassa)http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fmedia.lhebdoduvendredi.com%2Fillustration
s%2F00001736_normal.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.lhebdoduvendredi.com%2Farticle%2F2005%2Fmachabull
es_sixieme&h=360&w=540&tbnid=U9khL50ssT5f5M%3A&docid=ThiEGRr3cOhGM&itg=1&ei=k5YvVsS4E4m0ac6knegE&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=342&page=1&start=0&ndsp=10&ved=0CCAQ
rQMwAGoVChMIhM7lmvriyAIVCVoaCh1OUgdN
Image 2 : Photo du spectacle Sleeping beauty de la compagnie Akselere(© Philippe
Moulin)http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.dometheatre.com%2Fimages%2Fprestataires%2F
img-4567-site-508.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.dometheatre.com%2Fwww-fiche-T-10SLEEPINGB-FRSPECTACLES_2.html&h=358&w=732&tbnid=YdFyAcUJ40w0lM%3A&docid=mg0yevz_PY9oBM&ei=xpcvVrfRM4L1aq
KdseAD&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=266&page=1&start=0&ndsp=14&ved=0CB4QrQMwAGoVChMIt8y3rfviyAIVgr
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Image 3 : Photo du spectacle Panique dans la salle de bains de la compagnie Le Théâtre
de la Plume
http://www.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fwww.ideesgo.com%2Fwpcontent%2Fuploads%2Fimages%2F026283panique_dans_la_salle_de_ba.jpg&imgrefurl=http%3A%2F%2Fwww.ideesgo.com%2Ftheme%2Fspectacle%2Fpage%2F
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&tbm=isch&iact=rc&uact=3&dur=421&page=1&start=0&ndsp=15&ved=0CCoQrQMwBGoVChMI6bznmvziyAIVAQoaCh
2zKA41
Proposition : Interroger les élèves autour de ces spectacles.
- D'où proviennent ces documents ? Sur quels documents observe t’on une présence
humaine ? Sur quels documents les personnes présentes semblent-elles avoir le rôle
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d'acteurs ? Hormis les personnes présentes, que retrouve t-on sur chaque image ? Dans
les images 1 et 3, de quelle couleur sont vêtues les personnes visibles ? Pourquoi selon
vous ?
- Pour chaque document, précisez ce qui permet de donner l'illusion que les objets sont
vivants. Pour éviter les idées reçues des élèves sur l’affiliation marionnette est
semblable au Guignol, expliquez différence avec marionnette : possibilité d'animer
n'importe quel objet en suivant règles précises.
Proposition : Montrer des extraits du DVD « Marionnette et théâtre d'objets » de Michel
Laubu (Cie Le Turak) sur Canopé : marionnettes et objets manipulés par Michel Laubu
et par élèves.
Présentation et extraits du dvd : http://www.crdplyon.fr/marionnettetheatreobjet/contenusDvdRessources.php
Extrait du spectacle Les fenêtres éclairées de la Cie Le Turak :
https://www.youtube.com/watch?v=zwsMMFkeVWE
Après avoir étudié des pistes de manipulation et construction d’objets, marionnettes,
vous pouvez proposer aux élèves de créer leur propre objet.
Proposition : Demander aux élèves de rapporter un ou plusieurs objets (dont ils peuvent
se séparer). Fournir une grande quantité de petit matériel de récupération : coton-tige,
fil de fer, coton, feutrine, trombones... sans oublier un pistolet à colle et petits yeux qui
bougent.
1/ Les élèves fabriquent leur personnage-objet. Il n’est pas forcément utile de faire une
bouche, nez, oreilles mais il y a une nécessité de mettre des yeux pour humaniser l'objet
(yeux, c’est ce qui crée le caractère vivant).
2/ Laisser libre-court à l’imagination des élèves mais il est important de prévoir une
zone de préhension de l'objet (il doit rester facilement manipulable).
3/ Il reste à lui créer une voix : à travailler avec les élèves (en rapport avec
caractéristiques morales du personnage : autoritaire, timide...)
c) La manipulation
Après avoir créé l’objet, vous pouvez initiez les élèves à la manipulation d’un objet.
Proposition : exercices autour de la manipulation
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Exercice de la chaise : Le but est d’animer l'objet, lui donner une démarche, une
identité
(Voir
atelier
de
Michel
Laubu en
milieu
scolaire
:
http://www.filmsdocumentaires.com/films/1759-michel-laubu)
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-
Même exercice avec un autre objet : un verre, une écharpe...
Pour développer leur imagination :
Exercice du drap blanc : en cercle, faire passer le drap de mains en mains, à
chaque élève, lui donner une utilité, mimer ce qu'il représente (tout est possible
sauf d'être un drap) : un enfant que l'on berce, un coton-tige, une guitare... Faire
tourner 2 fois le drap dans le cercle et trouver toujours une utilité différente)
Disposer par terre une grande quantité d'objets, tous différents (et pas trop
petits) : vieux réveil, louche, marmite, paire de lunettes, ramasse-poussière...
(souvent des vieux objets qui semblent n'avoir plus de vie devant eux, récup'...).
Les élèves marchent avec calme, se promènent entre les objets (possibilité de
mettre musique). Au top, ils se saisissent d'un objet au sol, puis ils miment une
action avec l'objet dont la fonction est détournée (une louche devient un micro...).
Réitérer la déambulation, prendre autre objet, donner une autre fonction à cet
objet...
Après ces différents exercices, il est important de rappeler les règles de la manipulation
(objet ou marionnette) aux élèves (cela peut se passer sous forme de
questions/réponses, de débats etc.)
Règles de la manipulation
1/Le manipulateur regarde toujours sa marionnette(fait corps avec sa marionnette) : il
ne regarde jamais le public car il n'existe pas (convention théâtrale).
2/Le manipulateur est invisible (convention théâtrale) : il est donc habillé en noir ou
foncé (il doit être le moins visible possible : gants noirs pour manipuler)
3/Le personnage qui parle bouge et celui qui ne parle pas est statique
4/Un personnage qui est vivant respire
5/ Les personnages ne parlent pas en même temps. Lorsqu'un personnage parle, les
autres se tournent vers lui, le regardent.
Proposition : petits exercices à faire avec élèves volontaires devant la classe pour tester
les limites et les possibilités de la manipulation:
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Pour montrer la méthode de préhension de l'objet : mettre des objets fabriqués
par les élèves sur une table (objets de différentes tailles, formes) et demander
aux élèves d'en saisir un et de le tenir le plus aisément possible pour pouvoir le
manipuler, mais sans que la main couvre complètement l'objet (visibilité) :
trouver la meilleur préhension de l'objet.
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Pour évaluer le regard du manipulateur sur son objet : faire se présenter la
marionnette, faire se déplacer l'objet de façon originale (sauter, voler...),
rencontre de deux objets sans parler
Pour évaluer le déplacement du manipulateur : marionnette se déplace sur tout
l'espace scénique et découvre un nouvel espace (jardin...)
Pour évaluer la frontalité de la marionnette : manipuler la tête de l'objet (que/qui
regarde t-elle ?), faire se rencontrer et parler 2 objets
Pour évaluer la voix de la marionnette : fermer les yeux et essayer de reconnaître
la voix de l'enfant, puis idem mais avec voix transformée, avec plusieurs objets
manipulés, essayer de différencier la voix de chaque objet les yeux fermés
Pour évaluer l'expression des sentiments de l'objet : trouver comment exprimer
la joie, la peur, la colère, la douleur... (travail de la voix, des mouvements de
l'objet car pas d'expression du visage!)
Enfin, faire jouer la saynète de théâtre d'objets préparée par chaque groupe.
Vérifier que les « règles » de la manipulation d'objets sont bien respectées.
Préférer une manipulation sur une table recouverte de draps noirs (meilleur
visibilité des objets)
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On récapitule !
Des idées de choses à faire en classe avant la venue au spectacle
1/ A partir de l’affiche du spectacle (annexe 2), décrire (couleurs, objets, détails etc.) et
interpréter le visuel.
2/ Résumé l’histoire des Misérables. Puis retracer avec les élèves toutes les différences
politiques entre l’époque des Misérables et la notre.
3/ Définir les personnages en réalisant un portrait physique, intellectuel et émotionnel
des figures principales. Puis trouver un objet pour chacun de ces personnages.
Des idées de choses à faire en classe après la venue au spectacle
1/ Mettre des mots sur l’expérience de spectateur. Qu’avons-nous vu (couleurs, formes,
objets) ? Qu’avons-nous entendu (sons, musiques, bruitages) ? Qu’avons-nous ressenti
(émotions) ? Lister les mots utilisés.
2/ Revenir sur la thématique de la justice et du pouvoir. Le monde décrit par Hugo dans
son roman est-il un monde juste ? Pourquoi ? Revenir sur la condition de Jean Valjean.
3/ A l’aide des différentes affiches des Misérables (liens dans le dossier) : faire une
recherche sur les pays qui continuent à exercer la peine de mort, sur l'abolition de la
peine de mort en France (Badinter). Faire écrire : un pamphlet contre la peine de mort,
une lettre ouverte de Jean Valjean aux représentants de la justice française ... Ou
réaliser une affiche argumentative, un dessin de presse sur la peine de mort.
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Annexe 1 : Extrait des Misérables, épisode de la mort de Gavroche
A force d'aller en avant, il parvint au point où le brouillard de la fusillade devenait
transparent. Si bien que les tirailleurs de la ligne rangés et à l'affût derrière leur levée
de pavés, et les tirailleurs de la banlieue massés à l'angle de la rue, se montrèrent
soudainement quelque chose qui remuait dans la fumée.
Au moment où Gavroche débarrassait de ses cartouches un sergent gisant près d'une
borne, une balle frappa le cadavre.
- Fichtre ! dit Gavroche. Voilà qu'on me tue mes morts. Une deuxième balle fit étinceler
le pavé à côté de lui. Une troisième renversa son panier. Gavroche regarda, et vit que
cela venait de la banlieue. Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains
sur les hanches, l'œil fixé sur les gardes nationaux qui tiraient, et il chanta :
On est laid à Nanterre,
C'est la faute à Voltaire,
Et bête à Palaiseau,
C'est la faute à Rousseau.
Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui en
étaient tombées, et, avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne. Là
quatrième balle le manqua encore. Gavroche chanta :
Je ne suis pas notaire,
C'est la faute à Voltaire,
Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau.
Une cinquième balle ne réussit qu'à tirer de lui un troisième me couplet :
Joie est mon caractère,
C'est la faute à Voltaire,
Misère est mon trousseau,
C'est la faute à Rousseau.
Cela continua ainsi quelque temps.
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Le spectacle était épouvantable et charmant. Gavroche, fusillé, taquinait la fusillade. Il
avait l'air de s'amuser beaucoup. C'était le moineau becquetant les chasseurs. Il
répondait à chaque décharge par un couplet. On le visait sans cesse, on le manquait
toujours. Les gardes nationaux et les soldats riaient en l'ajustant. Il se couchait, puis se
redressait, s'effaçait dans un coin de porte, puis bondissait, disparaissait, reparaissait,
se sauvait, revenait, ripostait à la mitraille par des pieds de nez, et cependant pillait les
cartouches, vidait les gibernes et remplissait son panier. Les insurgés, haletants
d'anxiété, le suivaient des yeux. La barricade tremblait ; lui, il chantait. Ce n'était pas un
enfant, ce n'était pas un homme ; c'était un étrange gamin fée. On eût dit le nain
invulnérable de la mêlée. Les balles couraient après lui, lui, il était plus leste qu'elles. Il
jouait on ne sait quel effrayant jeu de cache-cache avec la mort ; chaque fois que la face
camarde du spectre s'approchait, le gamin lui donnait une pichenette.
Une balle pourtant, mieux ajustée ou plus traître que les autres, finit par atteindre
l'enfant feu follet. On vit Gavroche chanceler, puis il s'affaissa. Toute la barricade
poussa un cri ; mais il y avait de l'Antée dans ce pygmée ; pour le gamin toucher le pavé,
c'est comme pour le géant toucher la terre ; Gavroche n'était tombé que pour se
redresser ; il resta assis sur son séant, un long filet de sang rayait son visage, il éleva ses
deux bras en l'air, regarda du côté d'où était venu le coup, et se mit à chanter :
Je suis tombé par terre,
C'est la faute à Voltaire,
Le nez dans le ruisseau,
C'est la faute à...
Il n'acheva point. Une seconde balle du même tireur l'arrêta court. Cette fois il s'abattit
la face contre le pavé, et ne remua plus. Cette petite grande âme venait de s'envoler.
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Annexe 2 : affiche du spectacle Les Misérables
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