vers un ordre politique supranational
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vers un ordre politique supranational
3.2 – VERS UN ORDRE POLITIQUE SUPRANATIONAL ? A – L’union européenne peut-elle devenir fédérale ? a) – La construction du système politique européen 1. La construction européenne, définie comme l’ensemble des processus simultanés de formation et de transformation des organisations et institutions interétatiques européennes, est née d’un affrontement entre des conceptions différentes de la souveraineté. Dès le congrès de La Haye de 1948, deux tendances opposèrent les fédéralistes, fascinés à l’époque par le succès des Etats-Unis d’Amérique, aux unionistes, respectueux de la souveraineté des Etats. Aussi est-ce pour surmonter cette division que les auteurs de la déclaration Schuman, sous l’inspiration de Jean Monnet, inventèrent le terme de communauté, reportant dans le long terme la perspective d’une fédération. 2. Avec la construction européenne les Etats Nations européens ont transféré une partie de leur souveraineté (pouvoir suprême, qui n’est soumis à aucun autre et qui est indivisible) à l’échelon supérieur. En 1951, la CECA est instaurée en une Haute autorité commune qui organise le marché unifié du charbon et de l’acier. L’Union douanière s’applique dans le cadre d’une politique commerciale commune, qui nécessite une structure fédéraliste (rôle de la Commission européenne notamment). Ainsi, la plupart des institutions communautaires ont été instituées par le traité de Rome, en 1957. La construction de l’UEM, instituée par le Traité de Maastricht (1992) a nécessité sur la création de la Banque centrale européenne (BCE) par laquelle se met en place la politique monétaire unique. Ces institutions vont recevoir des compétences exclusives et donc un transfert des politiques nationales à l’échelon européen (politique commerciale commune, politique de la concurrence commune, politique agricole commune, politique monétaire commune, politique structurelle d’aide au développement commune). La Commission européenne est l’exécutif de l’UE, alors que le Parlement européen et le Conseil des ministres exercent le pouvoir législatif. Les étapes de la construction européenne 3. Le système politique européen est le résultat de la dynamique communautaire et intergouvernementale. On peut définir le système politique européen comme l’ensemble des interactions entre les différentes institutions politiques dans le cadre de la répartition et l’exécution des pouvoirs politiques de l’UE. La mise en place de ce système a impliqué deux processus : Un processus d’élargissement : processus par lequel de nouveaux Etats adhérent à l’UE. On est passé de l’Europe des six à l’Union européenne à 27 pays membres et bientôt 28 avec la Croatie en 2013. L’élargissement de l’Union européenne 1957 France Italie Belgique Allemagne Pays Bas Luxembourg 1973 R.U. Irlande Danemark 1981 Grèce 1986 Portugal Espagne 1995 Suède Finlande Autriche 2004 10 pays de l’Est 2007 Roumanie Bulgarie Un processus d’approfondissement : il s’agit d’un processus de renforcement des institutions européennes qui doit garantir l’unité de l’UE, notamment avec les vagues successives de son élargissement. Les différents traités signés depuis 1954 vont dans le sens d’une intégration plus poussée, au‐delà de la simple coopération interétatique. On est passé d’une intégration économique (CECA, réalisation de l’Union douanière, achèvement du marché commun) à une intégration monétaire (l’adoption de la monnaie unique, avec la signature du traité de Maastricht en 1992) et à un début d’intégration politique (Parlement européen, citoyenneté européenne,…). Cette dynamique n’est pas achevée, et la question des modalités de l’approfondissement de l’UE se pose toujours. 4. L’approfondissement du système politique européen est donc marqué par la conciliation de deux types de légitimité qui mènent l’intégration politique à être à « mi-chemin » entre la confédération et la fédération : Une légitimité « supranationale » : elle se manifeste par la mise en place de politiques communes pour vivre en paix dans le respect des différences et par des institutions et des compétences supranationales à vocation fédérale (La Commission européenne, le Parlement européen, La Cour de Justice européenne). Une légitimité « intergouvernementale » : les Etat-nations souhaitent conserver la mainmise du processus d’intégration européen et défendre leurs intérêts propres. Il existe des intérêts particuliers nationaux. Les Etats membres cherchent des terrains d’entente politique à travers une recherche du consensus au sein d’institutions intergouvernementales (Le conseil de l’Union et le Conseil européen). L’approfondissement de la construction européenne er 1 pilier : L’Union Economique et Monétaire Marché unique Politiques communes Union monétaire - Union douanière - La PAC depuis 1962, - Le SME mis en place depuis 1968, - La politique en 1979, - L'UEM au er - Un marché commun commerciale, 1 janvier 1999. appelé marché unique - La politique de R&D, er depuis le 1 janvier - Un budget : 1,27% 1993 du PIB au maximum. ème 2 pilier P.E.S.C. - Un coordonnateur : Mme Ashton - Un début de force commune. ème 3 pilier C.P.J.M.P - Europol. - Accords de Schengen - Politique d’asile et d’immigration. 5. L’Union européenne n’est donc pas un Etat fédéral, c’est-à-dire un Etat construit autour d’un groupement d’Etats ou de provinces lui ayant transféré une partie de leur souveraineté et de leurs compétences puisqu’elle ne dispose pas des fonctions régaliennes d’un Etat unitaire, c’est-à-dire un Etat souverain constitué d’une seule organisation juridique et politique comme la diplomatie ou la défense nationale, qui demeurent de la compétence des Etats (même si des initiatives existent pour les intégrer davantage à l’échelon européen) et que les seules institutions à caractère fédéral ne sont pas véritablement autonomes (Le Parlement européen est obligé de partager le pouvoir législatif avec le conseil des ministres et la Commission européenne n’est pas élue mais désignée par les Etats membres). 6. Le système politique européen est ainsi un « objet politique non identifié » selon l’expression de l’ancien président de la commission européenne Jacques Delors. L’UE est davantage qu’une simple union d’Etats souverains, mais pas (encore ?) une fédération. b) – Une transformation démocratique inachevée 1. L’idée européenne défend les valeurs du modèle démocratique libéral. Ainsi, s’organise progressivement la libre circulation des hommes, des biens et du travail autour d’institutions politiques spécifiques supranationales, comme le Parlement Européen, le Conseil de l’UE ou la Commission européenne. 2. Un régime politique démocratique se caractérise par l’existence de plusieurs conditions telles que l’élection des gouvernants au suffrage universel (reconnaissance du droit de vote à tous les citoyens), la séparation des pouvoirs, le droit d’éligibilité, la libre détermination (liberté d’opinion, liberté des médias), le pluralisme politique (existence de plusieurs partis représentants différents courants d’idées et de programmes politiques), la liberté de l’opposition, la publicité des débats et des actes politiques. 3. Par certains aspects, l’UE se construit bien selon un modèle démocratique. D’une part, le Parlement européen, seule instance élue au suffrage universel depuis 1979, a peu à peu étendu ses pouvoirs. Il est organisé en groupes parlementaires multinationaux, relativement homogènes idéologiquement. Ces groupes politiques disposent d’une discipline politique commune pouvant néanmoins rencontrer des difficultés lorsque des partis, adversaires sur le plan national, appartiennent au même groupe parlementaire européen. Ces différents groupes participent directement à la constitution des problèmes politiques par leur mise sur l’agenda politique communautaire. D’autre part, certains progrès ont été accomplis pour corriger le déficit démocratique dont souffre l’Europe : le Parlement contrôle de plus en plus la Commission (démocratie représentative) et la participation de la société civile à l’exercice et au contrôle du pouvoir s’est accrue (démocratie participative). De même, des mécanismes de contrôle de l’action publique existent et visent à rendre l’UE davantage responsable et transparente (possibilité de recours au médiateur européen, auprès de la Cour des comptes, création d’agences de notation et d’évaluation des politiques publiques). Le droit d’initiative citoyenne européenne (ICE) instaurée par le Traité de Lisbonne peut apparaître comme une tentative de rapprochement entre les décisions communautaires et les préoccupations citoyennes. Ainsi, les citoyens de l'Union peuvent demander à la Commission de présenter une proposition sur des questions qui leur paraissent nécessiter un acte communautaire. Ils doivent pour cela être originaires d'un nombre significatif d'États membres et recueillir au moins un million de signatures. Enfin, l’élargissement de l’Europe a facilité la transition politique des anciens pays du bloc soviétique vers des régimes démocratiques. Ils ont dû adopter les normes démocratiques de l’Europe occidentale et la Cour de Justice veille au respect des droits des citoyens européens. La composition politique du Parlement européen 4. Mais, le fonctionnement des institutions européennes ne correspond pas toujours aux règles traditionnelles d’un régime démocratique. D’une part, le Parlement européen, malgré les avancées du Traité de Lisbonne de 2007, ne dispose pas de l‘initiative législative, dont la Commission européenne a le monopole. Le Conseil des ministres a des pouvoirs législatifs plus importants que lui car il est le seul organe qui vote toutes les lois, et le seul à voter les lois dans les domaines où la procédure de codécision ne s’applique pas. Le Parlement a cependant le contrôle du volet dépenses (mais non du volet recettes) du budget européen et élit le Président de la Commission sur proposition du Conseil européen. D’autre part, si l'on entend par souveraineté la capacité des peuples à décider ce qu'ils souhaitent pour leur pays, rares sont les Européens à se sentir souverains. Les mesures proposées par la Commission et adoptées par la Conseil des ministres sont souvent complexes et technocratiques (elles sont prises par des « eurocrates »). Elles sont difficilement compréhensibles pour le citoyen moyen de l’Union qui n’a pas participé directement aux choix démocratique de ces décideurs. De plus ces décisions sont souvent influencées par des groupes de pression économiques où par les Etats qui pèsent le plus au sein de l’Union (Le Royaume-Uni, le couple Franco-Allemand). Ce déficit démocratique se traduit par la montée de l’euroscepticisme (montée de l’abstention aux élections européennes, moindre adhésion des populations au projet d’intégration, montée des partis populistes eurosceptiques). D’un soutien consensuel des opinions publiques nationales à l’intégration européenne, on est passé, au cours des années 1990, à une dynamique n’intéressant désormais que les catégories élitaires ou certains groupes sociaux impliqués par les politiques communautaires (PAC..). Une part substantielle de démocratie a disparu au niveau national, sans être restituée au niveau européen. Enfin, la construction européenne est souvent remise en cause par les Etats nationaux eux-mêmes. Les gouvernements nationaux ont pris l’habitude de rendre l’Europe responsable des problèmes qu’ils rencontrent dans la gestion de la crise économique (L’Euro fort serait responsable de la faible compétitivité des économies de la zone euro, de la désindustrialisation et du chômage ; les politiques d’austérité seraient imposées par la Commission européenne…). A cela s’ajoute le fait que les Etats s’affranchissent de plus en plus des principes démocratiques fondateurs de l’Union : remise en cause de la séparation des pouvoirs en Hongrie, remise en cause de la libre circulation et de la libre installation pour des citoyens de l’Europe de l’Est, en particulier les Roms, remise en cause de la liberté de la presse… 5. Au total, le système politique européen est une démocratie partielle et inachevée qui n’a pas encore tranché entre la souveraineté nationale et une souveraineté supranationale. c) – Quel avenir pour l’Europe politique ? 1. Trois scénarios sont possibles concernant l’Union européenne : soit une Europe des Nations ou intergouvernementale, soit une Europe fédérale, soit une situation médiane, telle qu’on la connait aujourd’hui. Absolue = l’intérêt national l’emporte sur l’intérêt communautaire Priorité nationale Relative = coopération et défense des intérêts nationaux coexistent Modèle inter-étatique = reconnaissance mutuelle des Etats membres Confédération = priorité à l’intergouvernemental Modèle intra-étatique = principe de convergence des Etats membres Etat fédéral = union forte et centralisée par le droit (Etats-Unis d’Europe) Etat unitaire = harmonisation supranationale Les partisans d’une Europe des Nations reprochent l’importance qu’ont prit les transferts de souveraineté vers l’UE qui remettent en cause le poids des Parlements nationaux et qui se traduisent par des décisions qui ne conviennent pas à tous les pays. Les défis de l’intégration européenne ne pourraient donc être traités que par des choix intergouvernementaux dans lesquels certains pays jouent un rôle moteur (« l’axe franco-allemand »). Le développement d’une Europe des Nations ferait reculer les compétences exclusives de l’UE. Le risque d’un tel modèle c’est que les intérêts des Nations soient contradictoires et que la défense de ces intérêts l’emporte sur la solidarité communautaire comme l’a montré la gestion de la crise de l’Euro qui a opposé les pays de l’Europe du Nord et les pays de l’Europe du Sud. La voie médiane consiste à faire coexister Europe supranationale et Europe intergouvernementale. Le traité de Lisbonne, entré en vigueur en 2009, allait dans ce sens. La création d’un Président du Conseil Européen (Herman Van Rompuy), d’un Haut représentant de la PESC (Mme Catherine Ashton) et le renforcement des pouvoirs du Parlement européen vont dans le sens du fédéralisme. Mais, l’instauration d’une majorité qualifiée pour un certain nombre de décisions, les coopérations renforcées entre Etats et le renforcement des pouvoirs de contrôle des Parlements nationaux renforcent l’Europe des Nations et même une « Europe à deux vitesses » (Le Royaume-Uni, la Suède, Le Danemark ont refusé d’entrer dans la zone euro car pour eux l’UE doit se limiter à une zone de libre-échange). On assiste donc à l’émergence d’un espace public européen qui fonde un ordre post-national dans lequel on ne remplace pas les Etats nations mais on les complète par des instances communautaires afin de fournir un cadre politique plus cohérent et efficace pour les européens. Ainsi, dans les grandes réunions internationales, l’Union est représentée en tant que telle par Herman Von Rompuy ou par Mme Catherine Ashton au côté des chefs d’Etats et de Gouvernement ou des chefs de la diplomatie des grands pays européens. Cependant la crise de l’Euro a renforcé les pouvoirs des instances supranationales. Les pouvoirs de contrôle et de sanctions attribués à la Commission européenne par le Traité budgétaire de 2012 et la nécessité de traiter la crise de l’Euro au niveau européen ont amené certains Etats à proposer un gouvernement économique européen pour la zone euro ce qui supposerait un transfert des compétences budgétaires vers l’Union et une harmonisation fiscale et sociale. On assisterait alors à déplacement du pouvoir du Conseil européen et du Conseil des ministres vers la Commission européenne. L’Europe fédérale suppose, en effet, que les institutions politiques européennes soient autonomes des États membres, ce qui conduirait à l’émergence d’un « intérêt général » européen qui primerait sur les intérêts nationaux. 2. A l’heure actuelle, si la dimension fédérative se développe le projet européen reste encore une « fédération des Etats-nations ». Comme cette construction n’est pas achevée (elle avance par « petits pas »), des débats apparaissent pour rappeler les enjeux de l’intégration européenne et les modifications qu’il faudrait apporter au système politique européen pour en faire un espace de solidarité et de citoyenneté B – Peut-on parler d’une citoyenneté européenne ? a) – Les dimensions de la citoyenneté européenne 1. Dans les démocraties, la citoyenneté correspond à l’ensemble des droits et des devoirs des citoyens qui, en tant que membre de la communauté politique, sont habilités à participer aux affaires publiques. Le terme de citoyen est très souvent employé comme équivalent de « national » alors que les notions de nationalité et de citoyenneté ne se recoupent pas systématiquement : tous les nationaux ne sont pas forcément des citoyens (les femmes avant 1945, les mineurs …). A l’inverse certains étrangers vivant sur le territoire national peuvent aujourd’hui bénéficier de droits civiques. 2. Avec l’Union européenne est apparue la citoyenneté européenne, nouveau statut juridique qui se superpose à la citoyenneté nationale. Est citoyen européen toute personne ayant la nationalité d’un Etat membre. La citoyenneté européenne est parfois considérée comme une citoyenneté additive qui s’ajoute sans les remplacer aux droits et devoirs attachés à tous les nationaux des Etats membres (Les passeports indiquent à la fois l’appartenance à l’Union européenne et la nationalité). La citoyenneté européenne est définie à partir du Traité de Maastricht de 1992. En reprenant les différentes dimensions de la citoyenneté mises en évidence par T.H. Marshall (1949), il est possible s’interroger sur la nature de la citoyenneté européenne. La citoyenneté civile : les citoyens européens disposent du droit de circuler et de séjourner (Accords de Schengen – 1985-1997 – qui ne concerne pas tous les pays de l’UE), de travailler et d’étudier sur le territoire des autres pays membres (Erasmus – 1987). Les Européens, citoyens ou non de l’UE, ont aussi des droits fondamentaux (notamment civils et politiques) énoncés par la Charte des droits fondamentaux du 7 décembre 2000. Ainsi, les citoyens de l’Union disposent du droit de protection dans un pays étranger par toute délégation de l’Union européenne ou par les services diplomatiques d’un Etat membre. De même, les citoyens européens peuvent se retourner vers l’UE en cas de conflit avec leur administration nationale, ce qui est un élément de supranationalité. Enfin, ils peuvent avoir recours à la Cour européenne des droits de l’homme en cas de conflit avec leur justice nationale. La citoyenneté politique : les citoyens européens disposent du droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et aux élections du Parlement européen dans l’État membre où ils résident ; Ils disposent également du droit d’initiative citoyenne européenne (un million de citoyens issus « d’un nombre significatif d’États membres » peuvent inviter la Commission à soumettre une proposition d’acte juridique à l’Union sur un sujet particulier) qui peut être vu comme une tentative de rapprochement entre les décisions communautaires et les préoccupations citoyennes. La citoyenneté économique et sociale : les citoyens européens disposent de droits économiques (droit du consommateur, par exemple) mais les droits sociaux octroyés par la détention de la citoyenneté européenne sont quasi-inexistants. Certains qualifient donc la citoyenneté européenne de « citoyenneté de marché », donc incomplète Citoyenneté européenne Citoyenneté civile Libre circulation Droit d’installation Erasmus Droits fondamentaux Citoyenneté politique Citoyenneté économique et sociale Droit de vote Droit d’éligibilité Droit d’initiative citoyenne Droit de pétition Droit de grève Droit du consommateur Droit à une protection sociale Droit à la formation b) – Les limites de la citoyenneté européenne 1. La citoyenneté ne se résume cependant pas à une liste de droits ou de devoirs : l’existence d’une citoyenneté repose également sur un sentiment d’appartenance commune. A cet égard, les citoyens européens semblent beaucoup plus proches de leur citoyenneté nationale. La participation aux élections au Parlement européen est généralement très faible, et en tout état de cause largement inférieure aux élections parlementaires nationales. Elle est en baisse constante depuis 1979 (date de la première élection des parlementaires européens au suffrage universel direct) et aujourd’hui un Européen sur deux s’abstient de se rendre aux urnes pour ces élections. Il est vrai que peu de partis européens plaçaient, jusqu’à la crise économique débutée en 2008, le projet fédéraliste au centre de leur offre politique. Participation aux élections parlementaires de l´UE En % Allemagne Autriche Belgique Bulgarie Chypre Danemark Espagne Estonie Finlande France Grèce Hongrie Irlande Italie Lettonie Lituanie Luxembourg Malte Pays-Bas Pologne Portugal République tchèque Roumanie Royaume-Uni Slovaquie Slovénie Suède UE (15 pays) UE (25 pays) UE (27 pays) 1994 60,0 ~ 90,7 ~ ~ 52,9 59,1 ~ ~ 52,7 73,2 ~ 44,0 73,6 ~ ~ 88,6 ~ 35,7 ~ ~ ~ ~ 36,4 ~ ~ ~ 1999 45,2 49,4 91,1 ~ ~ 50,5 63,1 ~ 30,1 46,8 70,3 ~ 50,2 69,8 ~ ~ 87,3 ~ 30,0 ~ 39,9 ~ ~ 24,0 ~ ~ 38,8 2004 43,0 42,4 90,8 ~ 72,5 47,9 45,1 26,8 39,4 42,8 63,2 38,5 58,6 71,7 41,3 48,4 91,4 82,4 39,3 20,9 38,6 28,3 ~ 38,5 17,0 28,4 37,9 2009 43,3 46,0 90,4 39,0 59,4 59,5 44,9 43,9 40,3 40,6 52,6 36,3 58,6 65,1 53,7 21,0 90,8 78,8 36,8 24,5 36,8 28,2 27,7 34,7 19,6 28,3 45,5 ~ ~ ~ 49,5 ~ ~ ~ 45,5 ~ ~ ~ 43,0 Seul un tiers des français se pense souvent ou très souvent comme citoyen de l’Europe. Et très peu sont ceux qui pensent que ce qui rapproche le plus les habitants des différents pays de l'Union européenne est leur histoire ou leur culture communes. D’un soutien consensuel des opinions publiques nationales à l’intégration européenne, on est passé, au cours des années 1990, à une dynamique n’intéressant désormais que les catégories élitaires ou certains groupes sociaux impliqués par les politiques communautaires (PAC..). Cette dynamique traduirait une crise de l’idée européenne, articulée autour de différents griefs : illisibilité et technicité des fonctionnements institutionnels, d’une part, et incapacité des gouvernements à déterminer les finalités de l’intégration européenne, d’autre part. Évolution du sentiment de citoyenneté européenne Question : Vous arrive-t-il de penser à vous-même comme étant un citoyen de l'Europe ? Très souvent ou Souvent Pas très souvent ou Jamais Sans Opinion - Juin 1989 31 68 1 - Juillet 1990 38 60 2 - Septembre 1992 37 61 2 - Avril 1994 36 63 1 - Mai 1999 24 76 0 - Décembre 2001 29 70 1 - Juillet 2008 38 62 0 - Juin 2012 42 55 3 2. Les citoyens européens restent donc avant tout marqués par leur appartenance nationale. L’émergence d’un espace public européen reste problématique (désintérêt marqué pour l’UE hormis chez les cadres supérieurs, euroscepticisme) alors que c’est la condition nécessaire pour faire progresser l’intégration européenne politique en créant de nouvelles formes de solidarités dans l’UE (et en faisant évoluer les droits / devoirs associées à cette citoyenneté). 3. Cependant, les citoyens européens ont le sentiment que les institutions européennes mises en place, tel que l’Euro, les rapprochent et facilitent une certaine identité européenne. La proximité entre les habitants de l'Union européenne Question : Qu'est-ce qui, selon vous, rapprochent le plus les habitants des différents pays de l'Union européenne ? % - L'euro 69 - Le marché économique européen 39 - Les valeurs de la démocratie 35 - Les institutions de l'Union européenne 22 - Le niveau de vie 18 - Une histoire commune 14 - La même culture 13 - La même religion 9 Sans opinion 3