les crues cevenoles : inondations de septembre 2002 et

Transcription

les crues cevenoles : inondations de septembre 2002 et
Noémie DUMAS
Hantanirina RAJAONSON
Décembre 2005
Axe Cindynique
LES CRUES CEVENOLES :
INONDATIONS DE SEPTEMBRE
2002 ET SEPTEMBRE 2005
Tuteur : Eric PIATYSZEK
Les crues cévenoles
INTRODUCTION
Le Languedoc-Roussillon est une région particulièrement vulnérable au risque
inondation, du fait de sa géographie, ses reliefs, son urbanisation croissante. La nature a déjà
pu montrer sa violence dans l’Histoire, à maintes occasions. Ces démonstrations ne peuvent
pas être maîtrisées par la force humaine : leur caractère aléatoire les rend difficiles à prévoir
avec de l’avance, et leur intensité fait d’elles un adversaire face auquel l’homme n’est rien
qu’un homme.
Puisqu’on ne peut pas les éviter, comment gérer alors de telles catastrophes
lorsqu’elles surviennent ? Quelles mesures doit-on prendre pour tenter de réduire les dégâts ?
On peut aussi se demander si les crues qui ont fait rage par le passé ont servi au moins à tirer
certaines leçons pour mieux appréhender l’avenir.
Nous avons essayé de comprendre les éléments de la gestion des crues (en amont et
pendant la crise) à travers l’étude de deux de ces phénomènes : les crues de Septembre 2002
et celles de Septembre 2005, dans le département du Gard.
Nous avons d’abord cherché à comparer les deux événements en tant qu’épisodes
climatiques, pour nous focaliser par la suite sur les moyens de prévention mis en place avant
les crises, puis finalement sur la gestion des crises : alerte, secours, etc.… Le plus intéressant
a été de comparer la façon dont s’est déroulée la crise à chaque fois, et d’analyser les
différences. Y’a-t-il eu des évolutions ? Des réformes ? La commune a-t-elle commis des
erreurs similaires lors du second épisode d’inondations ? Où a-t-elle su tirer de la catastrophe
de 2002 les enseignements nécessaires pour pouvoir réduire les dégâts, humains ou
matériels ?
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
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Les crues cévenoles
SOMMAIRE
1. Caractérisation des deux événements
1.1.Les pluies cévenoles
1.2.L’événement météorologique
1.2.1. Généralités
1.2.2. Comparaison 2002/2005
1.3.L’événement hydrologique
1.3.1. Généralités
1.3.2. Comparaison 2002/2005
1.4.Les dommages en 2002 et 2005
1.4.1. Cause des dommages
1.4.2. Dommages humains
1.4.3. Dégâts matériels
1.4.4. Impacts sur le milieu naturel
1.4.5. Coût des dommages
1.5.Facteurs aggravant les risques
p.4
p.5
p.5
p.6
p.7
p.7
p.8
p.8
p.8
p.9
p.9
p.10
p.11
p.12
2. Moyens de prévention des risques et de protection
2.1.Prévention
2.1.1. Plan de Prévention
2.1.2. Information préventive
2.2.Protection
2.2.1. Aménagement et urbanisme
2.2.2. Ouvrages hydrauliques
2.3.Prévision des crues
2.3.1. Le Service d’annonce des crues (SAC)
2.3.2. La réforme du SAC
p.13
p.13
p.14
p.15
p.15
p.18
p.19
p.19
p.20
3. La gestion des crises
3.1.Secours
3.2.Réseaux de surveillance
3.3.Les déficiences
3.3.1. Processus d’information
3.3.2. Réglementation
3.3.3. Alerte des populations
4. Conclusion
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
p.22
p.23
p.23
p.23
p.24
p.24
p.26
3
Les crues cévenoles
1.
Caractérisation des deux événements
1.1.
•
Les pluies cévenoles
Les pluies cévenoles surviennent en général à la fin de l’été, lorsque la température de
la mer est encore élevée. Elles peuvent entraîner des crues catastrophiques, dans la région
du Languedoc-Roussillon, et notamment sur les départements suivants : le Gard, l’Hérault, le
Vaucluse, la Lozère, les Bouches du Rhône, l’Ardèche et la Drôme.
Fig 1 : zone concernée par les crues cévenoles [1]
Voici à titre indicatif un bref historique des principales catastrophes survenues dans la
région :
? 12/13 Novembre 1999 sur l’Aude : 624 mm en
36 heures
? 6/7 Novembre 1982 sur le LanguedocRoussillon : 610 mm
? 30/31 octobre 1963 sur les Cévennes : 621 mm
dans le Gard
? 17 Octobre 1940 sur le Roussillon : 1930 mm
en 5 jours
? 29 Septembre 1900 sur les Cévennes : 950 mm
dans le Gard.
Fig 2 : date et localisation des principaux événements cévenols [2]
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
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Les crues cévenoles
1.2.
L’événement météorologique
1.2.1. Généralités
Ce type d’événement pluvieux correspond à une situation météorologique précise.
En effet les pluies cévenoles résultent de la conjonction de deux phénomènes :
•
•
En Méditerranée, un vent fort, chaud et humide qui souffle du sud vers le sud-est.
Un flux de sud à sud-ouest qui souffle à plus haute altitude (thalweg), associé à de
l’air plus froid venant de l’Atlantique Nord
Remarque : un thalweg ou creux barométrique , est une région dépressionnaire de l'atmosphère prenant à
l'horizontale une forme suffisamment allongée pour qu'on puisse y distinguer un axe passant par son centre : la
direction de cet axe reste à près uniforme sur les différentes surfaces où est examinée la dépression , c'est-à-dire
sur la surface du niveau moyen de la mer et sur les différentes surfaces isobares standards.
Sous l'effet des vents convergents, de l'air chaud s'engouffre dans la vallée du Rhône
(les épisodes pluvieux de ce type surviennent à la fin de l'été, lorsque la température de la mer
est encore élevée) et s'élève le long des reliefs exposés au sud (Cévennes…). Cette situation
météorologique est favorable à l’apparition de puissants orages sur le sud-est du Massif
Central : une masse d'air froid surmonte une masse d'air chaud et humide et les vents qui
convergent butent sur le relief des Cévennes, favorisant l'ascendance de l'air.
Fig 3 : phénomène météorologique des pluies cévenoles [3]
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
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Les crues cévenoles
En général, une cellule orageuse ne dure pas plus d'une heure. Cela a pour effet de
limiter les précipitations. Mais dans certaines situations, il arrive que le nuage se reforme
constamment, pratiquement sur place. Les cumuls de précipitation sont alors très importants :
plusieurs centaines de millimètres en vingt-quatre heures (à titre indicatif, il faut savoir qu’il
tombe en moyenne 650 millimètres de pluie par an en région parisienne).
1.2.2. Comparaison 2002/2005
Les événements pluvieux de septembre 2002 et de septembre 2005 ne correspondent
pas à un « épisode cévenol » typique, puisque les fortes précipitations n’ont pas affecté les
hautes vallées cévenoles. Dans les épisodes cévenols classiques, c’est le soulèvement de la
masse d’air humide par les reliefs dû au vent fort qui cause des précipitations intenses et
durables, alors qu’en 2002 et 2005, ce sont les reliefs plus proches de la côte qui ont initié et
entretenu la formation de puissantes cellules orageuses.
L’image radar suivante (Météo France) permet d’avoir une idée des cumuls de
précipitations enregistrés pendant l’épisode en 2002 :
Fig 4 : cumuls des précipitations les 8 et 9 septembre 2002 [4]
Il faut constater que l’épisode de 2002 figure parmi les plus forts de l’histoire (cf.
§1.1) en terme de volume des pluies, au niveau de l’arc méditerranéen. On estime la
superficie touchée par des précipitations de plus de 50 mm à 26051 Km² en septembre 2002.
En 2002, dans le Gard, il est tombé jusqu'à 687 mm à Anduze en 24h, alors que les
normales mensuelles sont comprises entre 60 et 80 mm. Les données pluviométriques
enregistrées par le Service d'Annonces des Crues de la Direction Départementale de
l’Equipement (ou DDE) montrent des précipitations cumulées sur le 8 et 9 septembre de :
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
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Les crues cévenoles
* 63,5 mm à Sénéchas (station hors service le 9 septembre au matin),
* 478 mm à Tharaux,
* 350 mm à Bagnols-sur-Cèze,
* 316 mm à St Ambroix,
* et 435 mm à Montclus.
Nous n’avons pu trouver d’image radar similaire pour l’épisode de 2005. Ainsi la
comparaison est moins évidente. Nous pouvons juste affirmer que les cumuls des
précipitations en 2005 étaient beaucoup moins importants.
Le tableau ci-dessus donne une comparaison sommaire des deux événements pluvieux.
Intensité
Durée
Zone touchée
Cumul précipitations
SEPTEMBRE 20002
SEPTEMBRE 2005
Orages violents, très fortes Deux événements
précipitations
pluviométriques successifs (6-7
et 8-9 septembre)
2 jours (8-9 septembre)
4 jours (5-9 septembre)
Gard,
Hérault,
Vaucluse, Gard
Bouches-du-Rhône
Jusqu’à 680 mm d'eau
Jusqu’à 400 mm d’eau
Ce qui caractérise l’événement de 2005 est la succession de deux phénomènes
pluvieux. Le lundi 5 septembre une vigilance orange a été mise en place par Météo France
pour un premier événement pluvio-orageux, puis une vigilance rouge le lendemain pour le
Gard et l’Hérault. Mais la vigilance a été abaissée le mercredi, les événements se révélants
moins violents que prévu. Un second événement, moins violent, s’est produit du jeudi 8 au
vendredi 9.
1.3.
L’événement hydrologique
1.3.1. Généralités
Un événement hydrologique se caractérise par deux éléments : le ruissellement
urbain et la crue des rivières.
On appelle « coefficient d’écoulement » le rapport du volume de crue au volume de
pluie. Il est lié à la capacité d’infiltration des pluies dans les sols (donc à l’état de saturation
de ceux-ci), mais d’autres facteurs entrent en jeu : pente des terrains, imperméabilisation des
terrains, couvertures végétales.
Il est difficile de calculer à l’avance ce coefficient d’écoulement, pour plusieurs
raisons :
- on ne peut pas établir de relation directe entre le volume des précipitations et le débit
d’un cours d’eau
- les mesures de débit sont délicates lorsque ceux-ci sont élevés. En effet les appareils
de mesure ne résistent pas toujours à des forces importantes, de plus il est très difficile
de faire des relevés sur des stations de mesure qui ont été recouvertes par les eaux.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
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Les crues cévenoles
1.3.2. Comparaison 2002/2005
-
Septembre 2002 :
Les coefficients d’écoulement globaux sur la durée de l’événement étaient de l’ordre
de 60% à 80%, avec un maximum pour les bassins situés sous les cumuls de pluie les plus
importants. Les petits bassins situés sous cette zone des plus fortes précipitations ont aussi été
caractérisés par des débits très importants (dépassant 20 m3/s/Km²).
Les ruissellements ont fait apparaître des phénomènes karstiques aux conséquences
dommageables. Des cavités dans les roches, qui n’avaient pas été identifiées, ont provoqué
sous l’action de la pluie des éboulements.
Les volumes de précipitations mesurés sur les stations pluviométriques ne suffisent
pas à expliquer les crues, il faut tenir compte également de la superficie couverte par les
précipitations.
-
Septembre 2005 :
Les crues de Septembre 2005 ont eu 2 types de conséquences au niveau hydrologique.
La première est le phénomène de ruissellement urbain qui a touché les agglomérations
concernées par les précipitations. C’est ce phénomène qui est à l’origine de la plupart des
dégâts constatés (cf. § 1.4). Les villes de Montpellier (mardi matin) et Nîmes (jeudi) ont été
les plus touchées.
Ce ruissellement urbain a été accompagné de la crue des rivières alentours. Le niveau
des cours d’eau était d’abord faible, ce qui fait que les rivières n’ont pas débordé
immédiatement. Mais à partir de la seconde vague de précipitations (mercredi), les sols, qui se
trouvaient saturés, n’ont plus été en mesure d’absorber l’eau, et le niveau des cours d’eau
s’est élevé rapidement, notamment pour le Vidourle et le Vistre.
1.4.
Dommages en 2002 et 2005
1.4.1. Cause des dommages
Les dégâts des inondations proviennent de 2 causes principales :
-
l’aspect dynamique : dans certaines zones en pente, la vitesse de l’écoulement de
l’eau peut atteindre des valeurs bien supérieures à celles aux valeurs normales. Ceci
est accompagné d’une hauteur d’eau de plus de 30 cm généralement. Le danger est
alors grand pour la stabilité des individus, et une telle dynamique peut causer des
dégâts certains, provenant à la fois de la submersion et de l’impact
-
l’aspect statique : dans d’autres zones l’eau stagne ou circule à de faibles vitesses
(zones plates généralement). Les dégâts sont alors dus à la submersion des biens par
l’eau. Plus le volume d’eau est grand plus ces dégâts sont importants. Il faut
mentionner aussi les accumulations souterraines d’eau, qui elles sont très dangereuses
car elles peuvent mener à la rupture des roches. Ceci est d’autant plus dangereux
qu’on ne connaît pas toujours l’existence de ces zones (poches d’eau en montagne ou
zones karstiques).
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
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Les crues cévenoles
Finalement 3 paramètres déterminent la nature dynamique ou statique de
l’écoulement, et vont permettre de caractériser l’ampleur des dégâts : le débit, le volume des
crues, et la mise en charge des sols.
Il faut ajouter à cela que lors d’une crue on assiste à une dissolution des roches et à la
diffusion des pollutions, phénomènes qui participent largement aux dégâts finaux.
1.4.2. Dommages humains
Septembre 2002
23 morts
9 personnes âgées et /ou handicapées
décédées chez elles
5 personnes décédées à cause de l’usage d’un
véhicule automobile
2 personnes décédées par imprudence
5 personnes en vacances en camping
1 pompier décédé dans l’exercice de sa
fonction
Le Gard a été le département le plus touché, avec 22 morts. On s’aperçoit que ce sont
les personnes âgées ou handicapées qui sont le plus vulnérables dans ce type d’événement.
En Septembre 2005 le bilan de la catastrophe ne fait pas état de personnes décédées à
cause des inondations, ce qui prouve que la crise a été mieux gérée qu’en 2002 (cf. § 4).
Cependant les bilans des 2 épisodes font état de nombreux sinistrés.
En 2002,
En 2005, dans les départements du Gard et de l’Hérault, plus de 12 000 personnes ont
été prises en charge dans des lieux d’hébergement. Il s’agit d’élèves, d’employés de
l’Education Nationale, de voyageurs dont les trains se sont retrouvés bloqués dans la région.
En tout, sept communes du Gard ont été évacuées. Toutes ces personnes ont cependant pu
rejoindre leur domicile le 9 septembre au matin.
1.4.3. Dégâts matériels
En 2002, des problèmes d’électricité liés aux pluies violentes et au ruissellement ont
affecté de nombreuses stations d’épuration et stations de pompage, gelant le fonctionnement
des pompes pendant plusieurs heures. Les réseaux EDF, téléphone, eau potable … ont été
interrompus sur de nombreuses communes pendant plusieurs jours. Les revêtements des voies
communales et des chemins ont subi des dégâts importants, causés davantage par les
phénomènes de ruissellement que par l’inondation elle-même. Les fossés d'assainissement
pluvial ont été bouchés en de nombreux endroits et ont nécessité un curage. Les berges des
cours d'eau ont été largement endommagées.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
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Les crues cévenoles
Fig 5 : communes du Gard affectées par les inondations de Septembre 2002 [5]
1.4.4. Impacts sur le milieu naturel
Il est difficile d’évaluer de manière précise les impacts des inondations de 2002 et
2005 sur le milieu naturel car il n’existe pas de données précises sur l’état des écosystèmes
avant les événements pluvieux. Il apparaît cependant que de nombreux écosystèmes
avoisinant les berges ont été affectés.
La crue semble avoir favorisé la dispersion d’espèces exogènes dont la population était
déjà en expansion forte, donc envahissante et nuisible. C’est le cas par exemple de la Jussie,
plante aquatique présente dans la plupart des plans d’eau en Camargue.
D’autre part, la crue semble avoir « nettoyé » l’ensemble des décharges existant le
long des cours d’eau. La plupart des polluants liquides semblent avoir été rapidement évacués
vers la mer, mais à ce jour aucune étude chimique des zones de sédimentation concernées n’a
été menée. En revanche, les polluants solides se sont accumulés en certains endroits : le
Virdoule, le bois de Boucanet en Camargue, … Il s’agit avant tout d’une nuisance visuelle,
qui n’est a priori gênante que dans les zones très touristiques. Cependant, ces polluants solides
ont un impact non négligeable sur le milieu naturel dans la mesure où ils se dégradent et sont
alors susceptibles de polluer les sols.
En vallée du Rhône en 2002, les limons déposés par la crue semblent avoir également
constitués une nuisance (odeurs, pollutions). Il s’agirait de chasses de vidange de fond de
barrages de bassin amont.
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10
Les crues cévenoles
Enfin, il existe un risque lié aux opérations de remise en état des berges : en effet,
celles-ci peuvent aggraver les conséquences directes des inondations sur les écosystèmes
aquatiques.
1.4.5. Coût des dommages
Le tableau suivant permet de comparer les deux événements en terme de coûts des
dommages.
SEPTEMBRE 2002
- 1.2 milliards d’euros dont 830 millions pour
le seul département du Gard
- disparition de diverses entreprises
- voies, lignes de chemin de fer, lignes
téléphoniques, lignes électriques
endommagées
- destruction des vendanges dans le Gard
- en Camargue, élevages de taureaux décimés
SEPTEMBRE 2005
17 millions d’euros dont :
- 11,5 millions pour la réhabilitation du réseau
routier
- 1,2 million pour les réseaux d'eau potable et
d'assainissement
- 1.2 million pour les bâtiments communaux,
- 1,5 million pour les digues
- une centaine d’entreprises touchées, dont 40
artisanales
On constate qu’en terme de coût des réparations, les pluies de septembre 2002 ont eu
un impact global plus grave. Ces dépenses couvrent notamment la restauration des berges de
certains cours d’eau, la réparation d’ouvrages de protection,…
La figure suivante présente la répartition des dommages sur les différents secteurs
économiques et les infrastructures en septembre 2002 :
Dommages
Entreprises
Agriculture
Particuliers
Voirie
Bâtiments
publics
Rivières
Réseaux
Déchets
Total
Millions
d’euros
311
150
95
94
%
38 %
18%
12%
11,5%
Voirie
Bâtiments publics
Agriculture
Rivières
Entreprises
68
52
41
4
816
8,5%
6,5%
5%
0,5%
100%
Réseaux
Particuliers
Déchets
Fig 6 : Répartition des dégâts selon les secteurs d’activité en 2002 [6]
Ces inondations ont eu un impact non négligeable sur l’agriculture : des superficies
importantes de champs et de vignes ont été ravagées, des animaux ont été noyés, …
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
11
Les crues cévenoles
1.5.
Facteurs aggravant les risques
Au cours des dernières décennies, la
région du Languedoc-Roussillon a
connu une expansion démographique
forte qui a eu pour conséquence une
forte augmentation de la demande en
logements.
Or la réglementation de la
construction dans les lits secondaires
des rivières n’est pas assez stricte,
conduisant à l’apparition de nombreux
logements en zones inondables. On
remarquera là aussi une insuffisance de
la culture du risque.
Conséquences du bétonnage d’un ruisseau : les réseaux
de distributions d’eau détruits
Parallèlement, la région s’est fortement urbanisée : construction de routes, de
parkings,… Tous ces aménagements, réalisés de manière plus ou moins anarchique, ont
conduit progressivement à une imperméabilisation des zones urbaines. Les eaux de pluie ne
peuvent plus s’infiltrer dans le sol. Elles viennent alors alimenter les eaux des rivières
voisines : celles-ci se transforment en gigantesques torrents boueux qui débordent rapidement
sur les terres.
Dans la ville de Nîmes, on a également constaté que les principales voies de
circulation sont surélevées. Compte tenu de l’aménagement de la ville, en cas de fortes
précipitations, à partir du moment où les rigoles sont saturées, l’écoulement des eaux se fera
inéluctablement vers, puis dans les constructions.
D’autres activités humaines peuvent également constituer des facteurs aggravants. Les
pratiques agricoles telles le remembrement, l’irrigation ou le drainage des nappes
phréatiques ont tendance à accélérer l’écoulement des eaux. En effet, le remembrement
conduit à une mauvaise occupation botanique des sols.
D’autre part, il faut savoir que l’infiltration des eaux dans le sol ne s’effectue
correctement que pour une humidité superficielle moyenne. Or, des pratiques comme le
drainage des nappes phréatiques ou l’irrigation conduisent à une modification importante de
cette humidité superficielle. Le drainage conduit à un desséchement puis à un durcissement
des sols, empêchant toute absorption des eaux de pluie. L’irrigation a pour conséquence une
augmentation de l’humidité superficielle : les sols ne peuvent alors plus absorber de réserves
d’eau supplémentaires.
Un mauvais aménagement des digues et leur entretien aléatoire viennent accentuer les
dégâts causés par les inondations, ce point sera abordé plus en détails par la suite.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
12
Les crues cévenoles
2. Moyens de prévention des risques et de protection
Les risques sont caractérisés par leur fréquence et leur gravité. La prévention des
risques a pour but de diminuer leur fréquence. Elle se donne comme objectifs d’adapter au
mieux l’usage des terrains concernés par les crues, et de sensibiliser les personnes exposées
résidant sur ces terrains. La protection, elle, vise à réduire l’impact des risques. Elle passe par
des aménagements et des actions permettant de limiter les conséquences des inondations.
2.1.
Prévention
2.1.1. Plans de Prévention
-
PPRI :
Pour limiter les impacts des risques d’inondation dans les secteurs urbanisés, le
Préfet dispose d'un outil réglementaire le Plan de Prévention des Risques
d'Inondation (PPRI). En milieu urbain, la prévention du risque inondation repose
essentiellement sur une meilleure maîtrise de l’urbanisation. Ainsi, le PPRI vise
surtout à réduire les risques en fixant les règles relatives à l'occupation des sols et à la
construction des futurs biens. Il précise également les mesures à prendre pour protéger
l'habitat existant.
Dans les zones les plus dangereuses, le PPRI interdit complètement les
implantations humaines (zones rouges). Dans certaines zones où la gravité d’un
accident est moindre, les constructions sont autorisées, contre des précautions et des
aménagements particuliers (zones bleues).
Fig 7 : Etat d’avancement des PPRI en Avril 2004 [7]
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
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Les crues cévenoles
Le problème est que de trop nombreuses communes, pourtant déjà touchées
précédemment par des inondations, ne sont pas encore dotées d’un PPRI. La ville de
Nîmes par exemple, qui avait été ravagée par des inondations en 1988, fait partie des
villes à s'être dotée d'un PPRI après cette catastrophe. Voici une carte qui donne une
idée de l’état d’avancement des PPRI dans le Gard. En rouge sont représentées toutes
les zones qui ne sont pas encore dotées d’un PPRI (on voit qu’elles sont majoritaires).
En vert sont représentées les communes qui possèdent un PPRI ou qui en ont prescrit
un, qui n’a pas encore été approuvé.
-
PCS : c’est le Plan Communal de Sauvegarde. Il est obligatoire depuis 2004 pour
les communes qui sont dotées d’un PPR. C’est à la municipalité de l’établir. Il prévoit
toute l’organisation à mettre en place autour du Maire en cas de crise. On peut trouver
dans ce document : des annuaires, des fiches-responsabilités pour chaque membre du
Conseil Municipal, des listes des véhicules disponibles, des établissements avec
enfants ou personnes handicapées, … et aussi la liste des risques existant sur la
commune (risques naturels, industriels, …).
-
Plan d’urgence et organisation des secours : en matière de sécurité il revient au
Maire de prescrire sur le territoire communal les mesures exigées en cas
d’inondations : organisation des secours, évacuation, dispositions d’urgence. Ceci peut
figurer dans le PCS mentionné précédemment.
2.1.2. Information préventive
"Les citoyens ont un droit à l'information sur les risques majeurs auxquels ils sont
soumis dans certaines zones du territoire et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent.
Ce droit s'applique aux risques technologiques et aux risques naturels prévisibles".
(article L 125-2 du Code de l’environnement)
L’information préventive consiste à renseigner le citoyen sur les risques majeurs
susceptibles de se développer sur ses lieux de vie, de travail, de vacances. Elle est
indispensable pour développer la conscience du risque. Elle n’est obligatoire qu’après
approbation du PPR par le Préfet, ou au moins après sa prescription.
Cette information préventive passe par plusieurs documents :
- le DDRM et le DICRIM : le premier est le Dossier Départemental des Risques Majeurs.
Il est élaboré par la Préfecture. Le second est le Document d’Information Communale sur les
Risques Majeurs. C’est un document communal, qui est très proche du DDRM mais propose
en plus des mesures de sauvegarde. Il est constitué à partir du PCS.
- l’atlas des zones inondables : il est mis à disposition du public par l’Etat et est élaboré
par la Direction Départementale de l’Equipement. Il divise les villes à risques en secteurs, qui
sont tous cartographiés. Pour chaque secteur on peut trouver quelles sont les zones les plus
dangereuses, et à quel type de crue elles sont soumises (décennale, trentennale, etc.)
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
14
Les crues cévenoles
Voici un exemple pour la ville de Nîmes :
Fig 8 : exemple de carte de l’atlas des zones inondables pour Nîmes [8]
Enfin la réalisation de cette information préventive passe par les Cellules d'Analyse
des Risques et d'Information Préventive (CARIP). Celles-ci ont été mises en place dans
chaque département (circulaire du 13 décembre 1993). Elles sont placées sous l'autorité du
Préfet et regroupent les principaux acteurs départementaux du risque majeur et de la sécurité
civile. C’est avec les CARIP que sont rédigés les PCS par exemple, ou les DDRM. Les
CARIP secondent les préfets dans la détermination des risques au niveau départemental.
2.2.
Protection
2.2.1. Aménagement et urbanisme
Le problème de l’aménagement et de l’urbanisme est essentiel dans le Gard. En effet
des basses plaines s’y trouvent, et notamment : les zones côtières au sud et à l’est de Nîmes et
de Montpellier, et les plaines longeant le Rhône. Ces basses plaines sont très inondables,
puisque situées entre le massif montagneux des Cévennes et la Mer Méditerranée. Voici une
carte des reliefs de la région Languedoc-Roussillon qui illustre la position inconfortable du
Gard notamment.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
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Les crues cévenoles
Fig 9 : relief du Languedoc-Roussillon [9]
Les aménagements envisagés pour faire face aux crues récurrentes dans le Gard
doivent partir des constats suivants :
-
l’urbanisation ne cesse d’augmenter : on assiste notamment à un développement de
l’habitat individuel. Le nombre de personnes exposées au risque d’inondation ne va
donc pas en diminuant, comme le montre le tableau suivant.
Fig 10 : Risque inondation dans la région Languedoc-Roussillon [10]
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Les crues cévenoles
Fig 11 : Communes exposées au risque inondation [11]
La carte ci-dessus montre clairement que la plupart des communes sont
exposées aux crues. Et pourtant l’extension urbaine progresse. Cette urbanisation
constitue, comme nous l’avons expliqué précédemment (cf. § 1.5), un facteur
aggravant des inondations (parkings, etc.…). Il faut donc privilégier pour le
stationnement les solutions qui favorisent le drainage des eaux : surfaces enherbées,
gravillons, revêtements drainant (avec ou sans récupération et traitement des eaux de
pluie).
-
on continue de construire sur des zones inondables : malgré les souvenirs des
inondations survenues par le passé, on continue d’autoriser des personnes à s’installer
sur des zones connues pour être inondables et dangereuses. Le Maire a la
responsabilité de délivrer les permis de construire, il donne également son accord pour
les plans d’urbanisme.
-
les techniques de construction ne sont pas aussi résistantes qu’il y a 50 ans : la
construction la plus vulnérable n’est pas la plus vieille mais celle qui a moins de 15
ans, alors qu’on pourrait croire le contraire étant donné le développement des
technologies dans le bâtiment. Les maisons individuelles sont à bon prix mais les
études nécessaires ne sont pas réalisées (étude des sols, étude thermique), et les
installations indispensables en zone inondable (fondations adéquates, …) sont
absentes.
En 2002 plus de 8000 logements ont été touchés. A raison de 15 000€ de réparations
pour chacun d’entre eux, cela représente des frais de réparations d’habitats à hauteur de 120
millions d’euros.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
17
Les crues cévenoles
Comment peut-on agir en terme d’aménagement urbain pour réduire les risques liés
aux inondations ?
-
Il faut d’abord tenter de déplacer les bâtiments sensibles des zones à risques, comme
les centres de secours, les hôpitaux, les écoles, afin que ceux-ci soient préservés des
dégâts mais surtout pour qu’ils restent accessibles pendant la crue.
-
Une seconde solution qui concerne plus l’avenir est d’interdire les nouvelles
constructions en zones à risque. On peut alors envisager une extension urbaine hors
des plaines. Cela peut ne pas sembler viable du point de vue du coût, les terrains en
dehors des plaines étant évidemment plus chers, mais si l’on compare ce coût à celui
des réparations après les inondations, cette solution apparaît plus rentable.
-
Enfin les aménagements doivent prévoir dans les plaines des chemins pour laisser
passer l’eau qui vient des lits mineurs. Il n’est pas possible d’empêcher les cours d’eau
de déborder et de s’écouler. C’est à l’homme de s’adapter et d’en tenir compte dans
ses constructions.
2.2.2. Ouvrages hydrauliques
De nombreux travaux peuvent être effectués à l’échelle des villes pour limiter les
impacts des crues. Les plus courants sont les digues et les barrages. Ces ouvrages de
protection sont dimensionnés généralement pour pouvoir faire face à des débits de crues
centennales ou décennales. Ils sont aménagés en fonction de l’occupation des territoires et des
biens à protéger sur ces territoires. Certains barrages sont dits « écrêteurs de crues ». Leur rôle
premier est la rétention d’eau, mais occasionnelle seulement. Le problème est que cette
rétention n’est pas si occasionnelle, et que les ouvrages ne sont pas entretenus régulièrement.
Ainsi ils ne sont pas toujours opérationnels en temps voulu, et peuvent céder en cas de forte
accumulation d’eau. C’est ce qui s’est passé, notamment en ce qui concerne les digues, lors
des inondations de septembre 2002 et 2005.
Il existe également des moyens de protection spécifiques pour les zones les plus
sensibles : murets de protection, digues, levées,…
Le problème majeur avec toutes les sortes d’ouvrages installés pour réduire les risques
d’inondations est qu’ils empêchent à l’eau de s’écouler. Or il existe une loi (1807) qui impose
de « faciliter le libre écoulement des eaux ». L’utilisation d’une quelconque installation de ce
type a un impact non négligeable sur le volume d’eau et sur son débit. L’eau s’accum ule, le
volume augmente donc notablement, et elle est bloquée, ce qui augmente la pression sur
l’ouvrage. Dans un premier temps le débit est effectivement ralenti, mais la pression et le
volume sont tels que l’eau déborde et s’écoule à nouveau en aval, avec un débit beaucoup
plus élevé. L’écoulement est alors gêné par l’ouvrage hydraulique. Les dégâts ne sont en rien
réduits du fait des volumes plus importants. Le danger pour les zones à proximité est aggravé.
Sur les photos suivantes on peut observer la gêne causée par une installation sur un
canal, en pleine ville. On voit très nettement le relèvement de la ligne d’eau sur la deuxième
photos, en cas d’une crue, qui là n’a pas de caractère exceptionnel.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
18
Les crues cévenoles
Fig 12 : photos d’un écoulement en situation normale puis en cas de crue [12]
Les différents ouvrages hydrauliques existant ne sont donc pas toujours une solution
adaptée aux fortes crues. Ils sont souvent à l’origine de dégâts importants. Comment remédier
à ce problème ?
Il s’agit d’abord de prendre de réelles précautions géologiques lors de la construction
des ouvrages. Un barrage ou une digue ne se construit pas n’importe où si on veut éviter une
un effondrement en cas de crise par exemple. De plus il s’agit d’améliorer la maintenance sur
ceux qui existent déjà. De tels ouvrages doivent être entretenus régulièrement en temps
normal pour pouvoir être utiles lorsqu’une crue se présente. Il est évident qu’il est préférable
de s’apercevoir des défaillances lorsque le cours d’eau s’écoule normalement plutôt qu’au
beau milieu de la catastrophe. Les ouvrages doivent également être surveillés pendant les
phénomènes de crues, de manière à anticiper une rupture éventuelle.
Mais il faut également envisager des solutions qui peuvent se passer de ces ouvrages,
et donc des dangers qui leur sont inhérents. L’entretien des cours d’eau semble être le premier
point à mettre en avant. En effet un cours d’eau bien entretenu connaîtra moins de problèmes
d’écoulement, et donc moins d’accumulations en certaines zones. Ceci passe par des études
sérieuses des transports dans les cours d’eau, ainsi que par des actions de dévégétalisation et
d’extraction des granulats régulières par exemple.
La circulaire du 1er octobre 2002 relative au plan de prévention des inondations
envisage des mesures afin de ralentir les débits à l’amont, sur les bassins et petits bassins. Elle
convient que les infrastructures de protection à l’aval ne suffisent pas et qu’elles doivent être
complétées par une régulation du débit en tête de bassin. L’une des actions à privilégier est de
« recréer des zones d’expansion de crues en amont pour retarder l’écoulement de l’eau : les
plans devront, pour recréer des zones d'expansion des crues, privilégier la construction
d'ouvrages comme les levées transversales, les retenues temporaires dites "sèches" sur les
cours d'eau de petit calibre, les bassins de rétention, ou la création de déversoirs pour
réinonder des zones soustraites artificiellement à l'inondation, etc.. Ils pourront aussi
favoriser l'optimisation de la gestion de l'étiage des étangs se situant sur le cours des rivières,
le cas échéant en modernisant les systèmes de vannage. »
Enfin les localités disposent d’un outil de gestion de l’eau. Il s’agit du SAGE :
Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux. Il est élaboré non pas à l’échelle d’une
portion de rivière mais à celle d’un bassin versant. Non obligatoire, il est à l’initiative des
acteurs locaux : collectivités, usagers, associations d’Etat. Ceux-ci se concertent pour prendre
des décisions en ce qui concerne la lutte contre les crues, la restauration des paysages
riverains…Le SAGE peut être complété par le contrat Rivière qui vise à la gestion des
milieux aquatiques.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
19
Les crues cévenoles
2.3.
Prévision des crues
2.3.1. Le Service d’annonce des crues (SAC)
L’objectif du Service d’Annonce des Crues est d’anticiper les phénomènes
hydrologiques pour pouvoir prévenir les communes, les populations, des crues, de leur
intensité et donc de leurs conséquences. Ce sont les SACs qui disposent des données
hydrométéorologiques, qui surveillent constamment les bassins versants. En cas de crue ils
donnent l’alerte et sont chargés d’informer des évolutions. Ils suivent un règlement
départemental d’annonce des crues.
En 2002 on pouvait compter 52 SACs, ce qui recouvrait 90% de la population en zone
inondable.
Les SACs se trouvent au centre des trois étapes d’une crise. Ce sont eux qui
déclenchent les différents états, en fonction de la situation en fonction des informations de
Météo-France et de ses propres données.
1. Vigilance : cette phase est lancée si les
prévisions annoncent dépassement des seuils
des volumes de pluies. On parle de niveau
préoccupant.
Météo-France
1
SAC
2. Pré-alerte : elle est lancée lorsque le niveau
devient dommageable. Le préfet et la sécurité
civile sont avertis seulement, pour être prêts
à transmettre l’information si besoin.
2
Préfet
Sécurité civile
3
Diffusion de l’information
Mairie
3. Alerte : son déclenchement est proposé par
le SAC au préfet. L’information est alors
diffusée aux populations, par l’intermédiaire
des communes et de la sécurité civile.
Les SACs disposent de réseaux de mesures constitués de stations hydrométriques et
pluviographiques.
- Les pluviomètres permettent de connaître les cumuls de pluie ponctuels entre deux
relevés.
- Les pluviographes transforment les données captées par les pluviomètres en un signal
écrit, et permettent de suivre l’évolution des précipitations.
- Les radars retransmettent des cartes où l’on peut visualiser l’intensité des
précipitations.
Ces réseaux viennent s’ajouter aux réseaux d’hydrologie générale de Météo-France.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
20
Les crues cévenoles
2.3.2. La réforme du SAC
Les Services d’Annonce des Crues aujourd’hui n’existent plus. Ils ont été remplacés
par les Services de Prévision des Crues. Il s’agit de comprendre quelles étaient les
défaillances de ce système et quelles sont les différences maintenant au niveau de l’annonce
d’une crise.
Le premier problème des SACs est d’ordre pratique. En effet les réseaux d’appareils
de mesure ne permettaient pas d’être assez réactif. Une crue est un phénomène rapide et les
appareils utilisés ne peuvent faire face à cette rapidité. Ils nécessitent des délais, d’une part
pour relever les données, puis pour les traiter par la suite. De plus de nombreux petits cours
d’eau ne sont pas équipés de dispositifs, ce qui fait que les données dont on dispose sont loin
d’être complètes. Il est donc d’autant plus difficile de donner de bonnes estimations des seuils
et des volumes.
D’autre part, étant donnée l’existence d’autres réseaux de mesures en parallèle de ceux
des SACs, il manquait une mutualisation des observations. Les données n’étaient ni diffusées
ni échangées, lorsqu’on pouvait accéder en temps réel aux observations des serveurs pour les
précipitations. Par exemple, en 2002, grâce aux observations par radar météorologique, Météo
France lançait dès le dimanche 8 au matin pour le département du Gard un bulletin de
vigilance niveau 3 (orange), qui devenait niveau 4 (rouge) dans la nuit du 8 au 9. Pourtant,
lorsque la catastrophe s'est produite le 9 au soir, de nombreux habitants n'avaient pas été
prévenus. Les rares habitants qui ont été alertés ont été prévenus très peu de temps à l’avance,
et par des moyens de fortune (tocsin,…).
La plupart des crises se caractérisaient ainsi par un manque de cohérence et donc
d’anticipation.
Il était donc plus que nécessaire de réformer ce système. Ainsi, dans la circulaire du 1 er
octobre 2002 sont crées deux nouveaux services :
-
les SPCs, ou Service de Prévision des Crues : ils ont été mis en place en 2004-2005 et
on en compte 22 aujourd’hui, soit un nombre beaucoup plus faible que celui des
SACs. Ils regroupent les anciens SACs, et comme leur nom l’indique, ont une mission
qui relève de la prévision et non plus seulement de l’annonce. Leur nombre réduit
renforce leurs compétences et leur confère plus d’importance. La cohérence avec les
prévisions des crues de l’Etat en est accrue.
Les SPCs ont trois missions principales : prévenir et alerter, diffuser l’information
auprès des populations, et aider les collectivités locales (Mairie, Préfecture) dans la
gestion de l’alerte.
-
Le SCHAPI : c’est un service technique centralisé à Toulouse depuis juillet 2003 qui
ont été imaginés comme un appui aux les SPCs. Il établit les cartes de vigilance et est
chargé d’observer les évolutions des bassins versants. Leur rôle est un rôle d’expertise
hydrologique. Les échanges avec les SACs se font quotidiennement, le SCHAPI joue
un rôle au niveau national (il établit des bulletins et des cartes de vigilances nationaux)
alors que les SACs interviennent au niveau local (bulletins de suivi).
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
21
Les crues cévenoles
Les informations fournies par ces services sont consultables par les populations, les
Maires, les Préfets et les médias, par l’intermédiaire de serveurs d’information. Il est clair que
la centralisation des données rend le déroulement des alertes beaucoup plus efficace. De plus
les échanges quotidiens et le fonctionnement en continu permet de mieux anticiper, et donc
d’être plus réactif par la suite. La diffusion de l’information enfin se trouve améliorée
théoriquement, plus efficace puisque les informations sont mises en commun et sont plus
accessibles.
3. La gestion des crises
3.1.
Secours
A la suite d’un ordre émanant de la Préfecture, le plan ORSEC (Organisation des
Secours) a été déclenché dans le département du Gard le 10 septembre 2002. Il s’agit en
l’occurrence d’un plan ORSEC départemental, dont le but est de gérer les secours pour qu’il
n’y ait qu’un commandement unique.
Cinq services différents interviennent dans un plan ORSEC :
• les services de secours et de sauvetage (pompiers)
• les services de soins médicaux et d’entraide (DDASS et SAMU)
• les services de Police et de renseignement (Police, Gendarmerie)
• les services de liaison et transmissions
• les services de transport et de travaux (Direction Départementale des Equipements)
Les moyens déployés pour l’organisation des secours en septembre 2002 ont été
relativement importants. On a dénombré plus de 2.500 interventions d’urgence, menées par
des sapeurs-pompiers, des sauveteurs des unités de sécurité civile, des militaires, des
policiers, des gendarmes et des secouristes. En tout, plus de 2000 personnes sont intervenues
pour la sécurité des biens et des personnes. 13 hélicoptères de la sécurité civile, des armées et
de la gendarmerie ont été mobilisés pour les opérations de secours.
On note également l’intervention de la Croix-Rouge et du Secours Populaire Français.
Dès le 9 septembre 2002, un Poste de Commandement est mis en place dans les locaux de la
Croix-Rouge à Nîmes. L’objectif de ce Poste de Commandement est de piloter les postes
médicaux et de coordonner l’action des secouristes. Plus de 150 bénévoles se sont mobilisés
spontanément, la plupart étant originaires des départements sinistrés. La Croix-Rouge a
participé à la mise en place de 12 centres d’hébergement, permettant l’accueil de plus d’un
millier de sinistrés. Elle a également pu distribuer du matériel de première nécessité, à savoir
de l’eau, de la nourriture mais aussi des couvertures et des vêtements. Des volontaires ont
participé à l’évacuation des maisons de retraites, tandis que les permanents de la Croix-Rouge
ont travaillé en étroite collaboration avec la cellule de crise de la Préfecture du Gard.
L’objectif finale étant de ne pas laisser les familles sinistrées livrées à elles-mêmes après la
fin de la période de danger.
En septembre 2005, dès l’annonce de l’alerte rouge dans les deux départements le
mardi 6, la Croix- Rouge française a activé son centre opérationnel d’urgence national. Ainsi,
plus de 153 équipiers de la Croix-Rouge ont été mobilisés, les moyens logistiques d’une
douzaine de délégations départementales ont été déployés pour converger vers les régions
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
22
Les crues cévenoles
sinistrées. 13 centres d’hébergement d’urgence (dont 9 dans le département du Gard) ont été
mis en place, permettant l’accueil de plus de 3000 sinistrés dans la nuit de mardi 6 à mercredi
7 septembre. Pendant les jours suivants, la Croix-Rouge a maintenu une collaboration étroite
avec la Préfecture du Gard. Par ailleurs, elle a participé à une quinzaine d’intervention de
secours, à la demande du Samu.
3.2.
Réseaux
Les dispositifs de surveillance (imagerie Radar, instruments de mesure sur le terrain)
forment un réseau performant.
En septembre 2002, Météo France a fourni une imagerie Radar qui n’a subi en
apparence aucune défaillance. La transmission des images correspondantes aux Services
d’Annonces des Crues (SAC) s’est correctement déroulée. Sur le terrain, on n’a décelé aucune
panne sur les instruments de mesure.
L’ensemble des équipements du SAC a correctement fonctionné, mais l’ensemble du
réseau ne semble pas avoir suffi pour le suivi de l’évolution de la situation.
Il existe également dans ces départements un réseau parallèle d’information. On
pourra citer à titre d’exemple le "système" de Cailar (commune du Gard), où les villageois ont
installé des échelles dans la plaine et sur les digues et se sont organisés pour les surveiller en
temps de crise. Leurs observations sont ensuite transmises à la mairie.
3.3.
Les déficiences
3.3.1. Processus d’information
En 2002, on a pu noter des déficiences majeures au niveau de la prise en compte des
risques par les communes. Cette attitude a en outre pour effet pervers de limiter la prise de
conscience des risques chez les habitants. Les dispositifs d’alerte aux crues sont aussi
déficients au niveau des mairies : les circuits d’alerte et d’information étaient souvent trop
longs avant la réforme du SAC.
D’autre part, au niveau de l’information météorologique, bien que la procédure de
vigilance météorologique se soit révélée très efficace pour anticiper les phénomènes de
ruissellement, il faut noter qu’il n’y a pas eu mutualisation des données. Il faut rendre
disponible en temps réel l’ensemble des informations météorologiques et hydrologiques.
En outre, même si l’abaissement du niveau de vigilance de rouge à orange le mercredi
matin traduisait l’évolution de la situation météorologique et était conforme à la procédure en
vigueur, il a souvent été traduit comme l’indication de la fin de la période à risques. De
nombreuses autorités locales ont ainsi abaissé leur niveau d’alerte : les mesures prises au
début de la semaine du 8 septembre 2002 n’étaient plus opérationnelles à la fin de la semaine.
Aussi est-il sans doute nécessaire d’évaluer la pertinence des conditions d’abaissement du
niveau de vigilance.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
23
Les crues cévenoles
Les réseaux d’information parallèles que nous avons évoqués précédemment
présentent aussi des dysfonctionnements. Le message passe difficilement pour les
"populations nouvelles" qui représentent une part importante de la population totale dans les
régions concernées. Pourtant, les nouveaux venus sont informés à leur arrivée de la situation
locale (à Sommières par exemple). Mais beaucoup restent indifférents, en effet pour pouvoir
imaginer une situation de crise, il faut malheureusement en avoir vécu au moins une.
De même les moyens traditionnels d'alarme comme le tocsin ne sont pas toujours
interprétés correctement, soit parce que les habitants n‘en ont plus l’habitude, soit parce qu’ils
n’en ont jamais eu l’habitude.
Les processus d’information présentaient donc de nombreuses failles, non pas dans
leur principe mais dans leur application. La réforme des SACs notamment a permis de pallier
à certaines de ces déficiences, notamment en réduisant le nombre d’acteurs intervenant dans
la gestion de l’alerte, comme nous avons pu le voir au § 2.3.
3.3.2. Réglementation
A part dans le département du Gard, aucune mesure n’a été mise en oeuvre pour la
veille et l'assistance météorologique. D’autre part, il n’existe aucune réglementation pour la
mise en état de vigilance du SAC, ni pour la pré-alerte des services. Tout ceci entraîne une
mauvaise gestion de l’alerte.
Il manque aussi en terme de réglementation des mesures concernant la surveillance des
cours d’eau. Des facteurs tels l’état de saturation des sols et leur capacité à absorber les
précipitations interviennent dans la détermination de la fraction des précipitations qui va
ruisseler. Ils doivent donc être pris en compte dans la hausse du niveau des cours d’eau et leur
débordement éventuel. Il faudrait donc compléter le dispositif de vigilance météorologique
par un dispositif de vigilance « crues ».
3.3.3. Alerte des populations
Au cours des événements de septembre 2002, de nombreuses informations
contradictoires ont circulé au sein de la population. L’alerte de niveau 4 donnée par Météo
France est intervenue trop tard.
Théoriquement, l’annonce des crues est effectuée rapidement par le Préfet pour alerter
les populations et permettre une intervention des secours. Pourtant, l’alerte a été difficile au
cours des événements de septembre 2002. A titre d’exemple, l’annonce des crues a été faite le
8 septembre à 16h45 à Sommières. A la même heure, la Préfecture a été informée de la
coupure des routes entre Alès et St Génies.
Celle-ci a été difficile et venait du terrain, alors que l’annonce de crue aurait du venir
du préfet en temps voulu afin que les secours puissent être prêts à intervenir et que les
habitants soient informés des dangers encourus. Ainsi, l’annonce des crues a été faite le 8
septembre à 16 h 45 par des interlocuteurs locaux, à Sommières. A la même heure,
l'information remontait à la préfecture que des routes étaient coupées entre Alès et St Génies.
A 17 h on recevait au SIDPC un appel à l'aide du maire d'Aujargues : 5 routes dans le secteur
de St Génies étaient coupées. Le préfet du Gard lançait, enfin, un communiqué aux médias.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
24
Les crues cévenoles
Il y a eu en outre un problème de compréhension des messages d’alerte,
contradictoires et pas assez parlants :
- Le sentiment qui prévaut largement est que la mise en vigi lance de niveau 3 (le 8 à 5
h 53) a été perçu comme une mise en vigilance ordinaire; les précédentes n'avaient pas été
suivies d'évènements mémorables. Dans les trois mois qui ont précédé l'évènement, il y a eu
deux mises en vigilance "orange" dans le département du Gard. En outre, dans les messages
qui ont suivi, les acteurs disent avoir retenu que "la situation se produit plusieurs fois par an
sur ces zones"
- De plus, la succession de messages rapprochés contradictoires a généré une certaine
perplexité : "Ce type de situation se produit plusieurs fois par an sur ces zones" a été annoncé
le 8 septembre à 18 h 07, alors qu’une demi-heure plus tard était annoncé "Sur l'ensemble de
l'épisode on pourrait donc atteindre voire dépasser les 200 mm».
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
25
Les crues cévenoles
4. Conclusion
L’intérêt de cette étude était de comparer deux gestions de crise, en septembre 2002 et
septembre 2005, entre lesquelles ont eu lieu des changements. Mais il a été très difficile de
trouver autant de retours sur les événements de 2005 que sur ceux de 2002. Ainsi nous avons
essayé de comprendre comment s’aborde la gestion d’un phénomène de crue et de mettre en
évidence les failles existantes, aussi bien avant une période d’inondation que pendant.
La restructuration la plus importante qui se soit opérée suite à la catastrophe de 2002
est la réforme du Service d’Annonce des Crues, qui se veut maintenant plus opérationnel
grâce à une centralisation des données, un nombre réduit de services, des missions d’expertise
et de prévision en plus de l’annonce. A-t-on réellement observé une amélioration sur le terrain
en Septembre 2005 ?
La procédure de vigilance météorologique en 2005 a assez bien fonctionné : la
vigilance rouge a permis aux autorités locales d’anticiper et de prendre des mesures assez tôt.
Par contre l’abaissement de cette vigilance en fin de semaine a été perçu comme la fin de la
crise, ce qui s’est ressenti dans les mesures prises, moins importantes qu’en début de semaine.
La question qui peut se poser alors est : une fois que la vigilance est lancée, comment la faire
évoluer sans que la vigilance réelle des populations baisse ? On peut souligner également le
fait que dans les zones à risques, les habitants sont habitués à certains niveaux d’alerte, la
vigilance étant assez souvent déclarée. Ainsi ils ont tendance à sous-estimer la gravité de la
situation et à commettre des imprudences.
Si la vigilance météorologique a été plutôt efficace, on peut cependant émettre des
réserves quant à la vigilance sur les cours d’eau. Les observateurs se sont focalisés sur la
montée du niveau des eaux et le volume des pluies, et n’ont pas pris en compte le facteur
« saturation des sols ». Ainsi la crue lors du 2 e événement pluvieux en fin de semaine, moins
violent que le premier, a surpris tout le monde. La vigilance est passée de rouge à orange alors
que la montée des eaux a été plus importante ! Le dispositif existant serait donc à compléter
par un autre dispositif consistant à surveiller l’état des sols et les réactions des cours d’eau en
fonction de cet état. Le niveau de vigilance rouge en septembre 2005 aurait dans ce cas été
maintenu toute la semaine.
Une autre évolution est l’adoption par de plus en plus de communes d’un PPRI (Plan
de Prévention des Risques Inondations). Mais toutes le communes des départements à risques
n’en sont pas dotées, les procédures sont longues et dans tous les cas ils ne constituent pas un
schéma d’aménagement, n’apportent pas de vraies solutions en matière d’urbanisme. La
maîtrise de l’urbanisation dans les zones à risques est d’ailleurs l’un des principaux enjeux de
la maîtrise des crues. La question est politique avant tout. On pourrait stopper l’urbanisation
dans les zones à risques, améliorer et contrôler les techniques de construction, mais ces
constructions ont l’avantage de ne pas coûter cher. Développer l’urbanisation sur des zones en
hauteur, en dehors des secteurs dangereux, l’interdire complètement sur certains terrains,
expertiser ces terrains et prendre des mesures pour un habitat plus résistant représente un
investissement financier non négligeable. Pourtant, les dégâts en cas de crue seraient moins
importants, ce qui entraînerait un coût des réparations réduit. Il faut alors choisir entre ces
deux solutions, choisir entre la rentabilité à court terme et la sécurité des biens et des
personnes. Ces questions là ne trouvent pas de solution simple et les débats sont abondants
dans les départements à risques.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
26
Les crues cévenoles
On constate tout de même que les dégâts ont été moindres lors des événements de
2005, le coût des réparations étant nettement inférieur, ainsi que le coût humain (pas de perte
humaine en 2005 contre 23 morts en 2002).
Cependant à chaque nouvelle catastrophe on s’aperçoit qu’on avait oublié de prendre
en compte certains facteurs (ex : la saturation des sols). Ce sont ces erreurs qui permettent
d’avancer et de mettre en place des réformes par la suite. Le problème est que ce sont les
communes, les populations, les agriculteurs, les industries, etc.…qui en font les frais.
Mais notre comparaison des deux événements n’a pas été assez poussée, faute d’un
manque d’informations en ce qui concerne 2005, et il est difficile de savoir si la première
crise a servi de leçon à la deuxième. Certaines erreurs n’ont pas été réitérées au niveau de la
gestion de la crise elle-même, pendant l’épisode pluvieux. Pourtant sur le long terme, entre les
deux événements, les politiques n’ont pas beaucoup évolué. On laisse encore construire sur
des zones à risques, l’entretien des digues et barrages n’a pas été renforcé (la preuve en est
que de nombreux ouvrages ont encore cédé en 2005). Les différents acteurs des crises se
rejettent la faute au lieu de s’allier pour trouver des solutions efficaces. On reproche souvent à
Météo-France de mal assurer ses fonctions en matière de vigilance : les alertes arrivent trop
tard, ou bien ne sont pas justifiées. Pourtant les phénomènes de crues ne sont pas si
prévisibles, ils sont très rapides et ce sont plutôt les communes, la DDE, les secours, qui
devraient être remis en cause lors d’une réactivité trop tardive.
Ce problème concerne tous les habitants du Languedoc-Roussillon, ainsi que le
développement économique de la région. La reconstruction est longue à chaque fois, et
coûteuse (ceci est observable aussi bien en 2002 qu’en 2005). Les mesures à prendre doivent
aussi tenir compte de ces aspects là, penser au développement sur le long terme des
collectivités de la région. On parle beaucoup de mémoire du risque, mais cette mémoire est
plutôt courte, surtout pour les nouveaux habitants (nombreux comme nous avons pu le voir)
qui s’installent chaque année. Il faut absolument transmettre cette culture du risque
inondation, et développer en même temps que des mesures d’aménagement, de
restructurations, l’information de tous. Cette information entraîne des actions de solidarité
auxquelles on peut assister lors d’inondations importantes, et qui contribuent largement à
réduire les dégâts.
Cette étude nous a permis d’entrevoir les rouages de la gestion de catastrophes
naturelles, et les problèmes qui se posent en amont. Nous avons pu saisir les enjeux
économiques et politiques qui se cachent derrière la gouvernance des municipalités sur une
région à fort risque, et voir ce qui peut pousser les autorités à établir des réformes ou pas. Il
est regrettable que nous n’ayons pas pu disposer d’un retour d’expérience pour 2005, similaire
à celui de 2002, car alors nous aurions pu comparer réellement les leçons tirées de chacun des
événements, et évaluer l’évolution entre les deux périodes. Cela étant nous avons apprécié de
travailler sur un risque si « aléatoire », et de voir comment l’homme peut essayer de faire face
aux aléas de la nature.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
27
Les crues cévenoles
Notes :
[1] www.ac-rouen.fr
[2] Annexe A Retour d’expérience des crues de Septembre 2002
[3] www.meteo.fr
[4] www.languedoc-roussillon.environnement.gouv.fr/risques/gard_2002
[5] Retour d’expérience des crues de Septembre 2002
[6] Colloque du 8 septembre au Pont du Gard
[7] www.gard.equipement.gouv.fr
[8] Atlas des zones inondables du Gard
[9] Annexe A Retour d’expérience des crues de Septembre 2002
[10] www.languedoc-roussillon.environnement.gouv.fr/risques/gard_2002
[11] Annexe A retour d’expérience des crues de Septembre 2002
[12] Cours de M. Lucien Coste
Autres sources :
-
Retour d’expérience des crues de Septembre 2002
-
www.ecologie.gouv.fr : site du Ministère de l’écologie et du développement durable
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www.gard.equipement.gouv.fr : site de la DDE du Gard
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www.assemblee-nationale.fr : site de l’Assemblée Nationale, propositions de loi
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Politique de gestion des inondations en France, l’exemple du Gard, application au
bassin des Gardons, Michel Lescure, décembre 2004.
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Circulaire du 7 juin 2004, Pascal Berteaud, Ministère de l’écologie et du
développement durable.
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Les inondations dans le Gard, quels enseignements un an après ? Colloque du 8
septembre 2003 au Pont du Gard.
Noémie Dumas - Hantanirina Rajaonson
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