London 2013 (PDF - 2.4 Mb)

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LONDON 2013
Flammarion
87, quai Panhard et Levassor
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ARTHAUD
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International Co-editions Manager
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ANNE MINOT
Contract and Production Administration
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CONTENTS
ARTHAUD
An Atlas of Accursed Spots
3
Universal Cosmography
5
Imaginary Journeys
7
The Adventures of a Gentleman-Traveler
9
Fontainebleau Climbs
11
OLIVIER LE CARRER
45 Most Frightening Places
to visit before you die
Atlas des lieux maudits
Les 45 lieux les plus effrayants du monde
Atlas
des Lieux
maudits
Arthaud LONDON 13
An Atlas
of Accursed Spots
Olivier Le Carrer
Les 45 lieux les plus
effrayants du monde
The Author
Journalist, navigator, author of books on the maritime
world and the history of voyages, Olivier Le Carrer
has long been the editor of Bateaux, the oldest sailing
magazine in France. A member of the French
Geographical Society, with a passion for antique maps,
he has authored hundreds of reports on all the seas of
the globe.
The Work
This atlas, illustrated with more than 60 maps, offers a
world tour of the planet’s most disturbing spots: from
the famous Bermuda Triangle to the Aokaigahara
suicide forest in Japan, via the cursed Lost Dutchman
Mine in Arizona…
Natural catastrophes, sea monsters, haunted places,
villages buried in sand: Olivier Le Carrer, journalist and
navigator, takes us on a hellish and instructive voyage
visiting the 45 most frightening spots on Earth.
Covering all continents from the Greenwich Meridian
and continuing eastwards after the antemeridian
around the world, the book surveys all kinds of curses,
from antique myths to gothic ghosts as well as
imaginary creatures, and covers the whole spectrum
from gory historical accounts to very real
contemporary dangers encountered in actual spots.
FORMAT: 185 x 260
PAGES: 144
ILLUSTRATIONS: 60
BINDING: Quarter-bound hardcover
PAPER: Offset 120 g
WORDS: 30 000
PRICE: 25 €
ALL RIGHTS AVAILABLE
PUBLICATION DATE: October 2013
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Longitudes ouest
Triangle du Nevada
Bienvenue au cimetière des engins volants
mis en oeuvre pour localiser un individu sur
le territoire des États-Unis. Non sans effets
inattendus, d’ailleurs, cette énorme mobilisation aboutissant à l’identification d’une
dizaine d’épaves d’avions éparpillés dans la
Sierra. Autant de vestiges d’accidents dont
personne ne s’était vraiment soucié jusqu’ici.
A part bien sûr les habitués de cette étrange
région où les déserts brûlants sont enchâssés
entre des crètes neigeuses culminant à plus
de 4000 m. Eux ne manquent pas de rappeler que plus de 2000 avions auraient disparu
dans ces parages au cours des cinq dernières
décennies… Et de montrer du doigt une installation mystérieuse qui pourrait avoir sa
part dans ces carnages aériens. Ou même
bien pire.
e 3 septembre 2007, le milliardaire Steve
Fossett, connu pour ses exploits sur mer
et dans les airs, disparaissait au cours d’une
banale sortie en avion de tourisme au dessus de la Sierra Nevada. Au bout d’un mois
d’efforts, incapables de trouver la moindre
trace de l’appareil, les autorités décidaient de
suspendre les recherches, jugeant désormais
nulles les chances de survie de l’aviateur.
Un an plus tard - le 29 septembre 2008 - l’affaire était relancée par la pêche miraculeuse
d’un randonneur : au milieu de la végétation,
un portefeuille contenant 1005 $ et, surtout,
trois pièces d’identité appartenant au disparu… Deux jours plus tard, les recherches
aériennes et terrestres permettaient enfin de
repérer, à 690 m de là, l’épave du petit monomoteur Bellanca N240 R utilisé par l’aventurier. L’analyse ADN des ossements recueillis
peu après à proximité allaient lever les derniers doutes, confirmant qu’il s’agissait bien
du corps de Steve Fossett.
L
La présence d’une base de l’US Air Force en
plein désert n’a a priori rien de surprenant,
les militaires étant généralement friands
d’espace et de tranquillité. Avec les 12 140
km2 de la Nellis Air Force Range (une superficie trente fois supérieure à celle du plus
grand terrain militaire d’Europe !), ils ont de
quoi faire : la traversée de part en part de ce
«domaine» représente au bas mot 250 km.
Le survol de la zone est soumis à certaines
règles, mais tout s’y passe, à première vue,
dans la transparence. Six aéroports (dont
trois privés) y sont éparpillés et quelques
routes - très paisibles - parcourent ce vaste
territoire. Reste tout de même au milieu de
Le contraste ne pouvait être plus saisissant.
À dix minutes de vol de la trépidante Las Vegas, il était donc possible qu’un avion s’évanouisse dans la nature, échappant à toutes
les investigations pendant un an ! Et ce n’est
pourtant pas faute d’y avoir mis du coeur :
compte tenu de la notoriété de la victime,
jamais autant de moyens - on parle de plus
de 2 millions de dollars, partagés entre les
proches et les pouvoirs publics - n’auront été
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Longitudes ouest
l’on ne peut s’approcher du périmètre interdit sans être mis en joue par des patrouilles
lourdement armées c’est bien que se cachent
ici des secrets inavouables… On parle d’une
immense base souterraine dissimulée sous
les pistes, de hangars creusés dans les montagnes entourant le lac, et même d’un centre
d’études sur les civilisations extra-terrestres.
Y seraient stockés et analysés les nombreux
ovnis observés dans la région - avec leurs
équipages, bien sûr - dont la fameuse soucoupe volante qui s’était écrasée à Roswell,
au Nouveau-Mexique, en 1947.
Dans un tel environnement, plus rien ne
saurait étonner. Les innombrables accidents
d’avions dans la région? Probables collisions
avec des ovnis, des engins de mort non homologués, voire liquidation pure et simple
des intrus par les services de sécurité…
Les vrais passionnés d’aviation ont moins
d’imagination. Ils savent juste que les violentes turbulences, partout présentes dans ce
relief tourmenté aux contrastes thermiques
terrifiants, sont autant de pièges mortels. Et
ne se font aucune illusion sur l’hospitalité de
ce somptueux tombeau montagneux, vaste
comme un département mais moins peuplé
qu’un village, dans lequel les immenses séquoias ne demandent qu’à engloutir à jamais
le promeneur imprudent ou malchanceux.
Maudite nature…
cette zone relativement bien balisée une
«terra incognita» qui alimente depuis plus
de soixante ans les réflexions des services
secrets du monde entier… et les fantasmes
des honnêtes citoyens.
Répertorié dans les rapports de la CIA sous
le nom très administratif d’Area 51, cet espace mal défini (il a longtemps été méthodiquement censuré sur les cartes…) possède
aussi quelques appellations plus imagées, à
l’exemple de Dreamland, Paradise Ranch,
Watertown Strip, ou encore Groom Lake,
du nom du lac assèché qui occupe une partie du secteur, surtout connu au XIXème
siècle pour ses mines d’argent et de plomb.
La réputation sulfureuse du site remonte à
l’après guerre, quand les essais de bombes
atomiques s’y sont multipliés et que, parallèlement, le président Truman a décidé l’implantation sur place d’une base ultra secrète
pour tester toutes sortes d’engins aériens et
d’armes nouvelles. L’existence de cet équipement ne sera officiellement admise par
le gouvernement qu’après une quarantaine
d’années d’activité. Des projets d’avantgarde, comme les avions U-2, le programme
Oxcart, ou l’étonnant Blackbird, ont été développés ici. Mais ces aéronefs sophistiqués
ne constitueraient selon certains que la partie émergée d’une structure plus complexe.
Les «ufologues» de toute la planète se sont en
effet pris de passion pour cet endroit, manifestement stimulés par le régime de haute
sécurité qui règne autour de l’Area 51. Si
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Arthaud LONDON 13
Universal
Cosmography
Cosmographie universelle
GuiLLAUME,E4ESTU
&RANK,ESTRINGANT
The Author
&RANK ,ESTRINGANT, Professor of French Literature of
the 16th century at the Université Paris-Sorbonne,
member of the research center on travel literature, is
the author of numerous works on cosmography and
voyages.
The Work
Key Sales Points
This illuminated atlas with color maps was preciously
preserved for centuries before being exhumed from
the archives of the French Defense Ministry’s Historical
Service. It is a work of art and an exceptional testimony
to the savoir-faire of cartographers from the middle of
the 16th century. Written and illustrated only fifty years
prior to the discovery of the Americas for Gaspard de
Coligny, Admiral of the French navy under Henri II, this
atlas is the work of Guillaume Le Testu, an experienced
navigator from Le Havre. He participated in the first
colonization expeditions in Latin America and shared
the exploits of the well-known corsair Francis Drake.
The first section of the book is richly illustrated with
full color reproductions of extracts from 16th- century
atlases, cosmographies, and paintings.The accompanying
texts:
- situate the work of Le Testu in the historical context
of the Great Voyages of Discovery,
- reveal the life of the intrepid Guillaume Le Testu,
“Royal Pilot”, adventurer, and cartographer.
- analyse the representation of the world for the men
of the Renaissance, including the fantasized beasts,
leviathans, animals and curious varieties of the human
race, supposedly encountered in the world.
The maps of the Universal Cosmography reproduced in
facsimile, in the second part of the book, are then
assembled together to reconstruct the globe and
continents as they were mapped by Le Testu.
s)NCLUDES A FACSIMILE OF THIS PREVIOUSLY UNPUBLISHED
16THCENTURYILLUMINATEDATLASREPRODUCEDINFULLCOLOR
ONHIGHESTQUALITYARTPAPERS
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5
L’AMÉRIQUE « PLUS OULTRE »
Brésil, folios 15 verso, 16 recto,
Atlas dit du Dauphin,
1542-1546 (no 7).
L’atlas dit « du Dauphin »
et atlas nautique composé de 14 cartes
nautiques sur vélin et de 5 feuillets de
tables et instructions diverses, aujourd’hui
conservé à la Bibliothèque royale de La Haye1,
est à dater des années 1542-1546. Selon Marcel
Destombes, il constitue le chaînon de transition
entre la cartographie portugaise et la cartographie
normande, dite de Dieppe, qui commence avec la
première carte de Desceliers, non signée2. Il doit
son nom aux armoiries du dauphin Henri, fils puîné
de François Ier et futur Henri II, qui figurent dans la
2e carte entre un écusson aux armes royales à trois
fleurs de lys d’or sur champ d’azur et un troisième
écusson barbouillé, qui était peut-être celui de la
reine3. L’écusson du Dauphin porte : écartelé aux
1 et 4 mi-parti de France, et 2 et 3 de Dauphiné.
et 8). C’est la région nord-est, l’actuel Nordeste,
qui est privilégiée. Dans la 6e carte, représentant
l’Atlantique médian, coupé à mi-hauteur par
l’« Équinoctial », apparaît une « maloca » ou
maison longue avec trois hamacs suspendus ;
quatre autres hamacs sont tendus entre les arbres.
Un perroquet picore le toit de la hutte longue, tandis
que deux autres s’envolent à tire-d’aile. Le bois
rouge est abattu sous la surveillance d’un soldat
européen, l’épée au côté. Un second fait escorte à
un porteur de bois rouge, tous deux se dirigeant vers
la côte en conversant. Deux singes à longue queue,
l’un adulte et l’autre enfant, semblent se disputer
ou jouer. La 7e carte, qui est la plus spectaculaire,
montre le centre et le sud du Brésil, avec la
profonde échancrure du Rio de la Plata, charriant
une traîne d’îlots d’azur, de gueules et d’or. En face
Toutes les cartes, à la même échelle, sont de la côte actuelle de l’Argentine est écrit : « Coste
orientées par des roses des vents, surmontées au du Bresil tirant le detroit de Magaillen ». Dans
nord d’une aiguille coiffée elle-même d’une boule. l’intérieur des terres, un bûcheron nu coupe à la
Le peintre a placé en haut de chaque carte une fleur hache du bois rouge, un arquebusier européen à
de lys indiquant le nord et en bas un croissant de ses côtés. La scène principale, au-dessous, montre
lune, cornes tournées vers le bas, qui marque le combat de deux bandes d’Indiens nus, archers
le sud. Fleurs de lys et croissants de lune se à gauche et guerriers armés de massues à droite,
retrouveront à foison dans les nombreux pavillons du type iwera peme, à l’extrémité en forme de
de la Cosmographie universelle. Comme dans l’atlas rame. Ce motif de la guerre sauvage se retrouvera,
de Le Testu, la nomenclature est portugaise, mais presque à l’identique et inversé latéralement, dans
partiellement francisée. Cette nomenclature, la mappemonde de Desceliers de 1550.
estime M. Destombes, « indique que l’auteur
Au-dessous dans la même carte, deux groupes se
portugais travaillait en France et que l’atlas était,
tournent le dos : à gauche, quatre Indiens porteurs
de longue date, destiné à des Français ».
de bois rouge escortés par un arquebusier à
Le Brésil est à l’honneur, représenté, en tout coiffe écarlate se dirigent vers la côte ; à droite,
ou en partie, dans trois cartes différentes (6, 7 deux arquebusiers marchent résolument vers
C
Brésil,
folio XLIV verso
(n°43).
Mappemonde,
Pierre Desceliers,
1550.
À l’aube de la France Antarctique
son planisphère de 1550, représentait à l’endroit du Brésil
le combat des « Tabaiarres » à jupettes de plumes, armés de
massues à l’extrémité ronde – l’iwera peme des Tupi – contre les
« Analou » archers ; entre les deux groupes affrontés, un blessé
nu à quatre pattes, saignant des bras et des jambes, essayait
péniblement de se relever.
ans la 43e carte représentant le Brésil (f. XLIV v°), le Rio
de la Plata frappe par l’extension donnée à son estuaire et
à ses affluents, le Paraguay et le Paraná. Ce large estuaire
à trois branches remontant vers le nord présente exactement le
même dessin que dans le planisphère de Desceliers. Il contredit
le dessin de la carte précédente, où la même « Rivierre de
Plate » ne comportait que deux branches, repliées en outre vers
l’est. Dans l’atlas de Le Testu, les cartes s’additionnent, mais,
vraies ou fausses, anciennes ou modernes, elles ne se corrigent
pas l’une l’autre, comme on le verra plus loin à propos de TerreNeuve et du Canada.
D
Les scènes de cannibalisme rapportées dans les récits à
peine postérieurs de Hans Staden, André Thevet et Jean de Léry
trouvent ici une illustration aussi spectaculaire qu’inexacte :
le prisonnier dont les membres sont tranchés au hachoir est
allongé sur une table de boucherie. Son bras gauche coupé est
suspendu à un arbre, tandis que sa cuisse droite sectionnée est
attachée plus loin à une souche. En dépit de ce traitement cruel,
la victime, les yeux clos, paraît dormir. Cette mise en scène
macabre rappelle un détail d’une carte de l’Atlas Vallard2 : là aussi
un corps humain est équarri à grands coups de hachoir sur une
table de boucherie rudimentaire, une table à tréteaux avec audessous un seau rempli de sang ou d’abats. Mais la scène n’a pas
lieu au Brésil : elle est située dans « lille des geans » au milieu
de l’océan Indien, sous le tropique du Capricorne, écho possible
de l’anthropophagie de certaines peuplades de Sumatra, ou
plutôt souvenir de la fabuleuse île de Zanzibar de Marco Polo,
habitée par des géants noirs et voraces, mangeant comme quatre
– ou « comme cinq », dit la chronique3. La boucherie cannibale
est donc un stéréotype de la sauvagerie la plus extrême. C’est
pourquoi elle se transporte aisément d’un océan à l’autre,
presque à même latitude.
La côte très indentée, la riche nomenclature qui la festonne
sont d’inspiration portugaise. La familiarité du pilote normand
avec ces parages se manifeste en revanche par l’abondance
d’une iconographie où l’observation le dispute à quelques détails
fantaisistes. Dans un hamac, un couple d’Indiens est allongé têtebêche au-dessus d’un feu destiné à éloigner les moustiques. Cette
scène pacifique contraste avec un peu plus loin le combat à l’arc de
deux rangées de guerriers nus, dont un seul se protège au moyen
d’un bouclier. Déjà l’Atlas du Dauphin, conservé aujourd’hui à La
Haye, et datant des années 1542-1546, montrait, dans sa 7e carte,
deux bandes d’Indiens nus affrontés, arcs d’un côté et massues de
l’autre, avec un guerrier tombé au milieu1. S’inspirant sans doute
de ce précédent ou bien d’un modèle commun, Desceliers, dans
1 La Haye, 129 A 24. Voir ci-contre l’encart « Atlas dit du dauphin » p. 73.
1 Sous la cote 129 A 24.
2 Marcel Destombes et D. Gernez, « Un atlas nautique du XVIe siècle
à la Bibliothèque royale de La Haye (Pays-Bas) », dans Marcel
Destombes, Contributions sélectionnées à l’histoire de la cartographie
2 Atlas Vallard, Huntington Library, HM 29, folio 3, voir la carte ci-dessus, p. 63.
3 Marco Polo, Le Devisement du monde, éd. A.-C. Moulle et Paul Pelliot, chap. CXCIII, t. II,
p. 484. Pour cette identification, voir ci-dessus le chap. 4, p. 50, à l’appel de la note 3.
et des instruments scientifiques, édité par Günter Schilder, Peter Van
Der Krogt, Steven De Clercq, Utrecht, HES, et Paris, A.G. Nizet, 1987,
p. 141-151 ; cité p. 146.
3 Ibid., p. 144.
l’intérieur, accompagnés d’Indiennes et d’enfants.
Une mère, à l’arrière du groupe, tient son petit
garçon par la main. Tout en bas, de gauche à
droite : un singe, un guerrier à la massue, un drôle
d’animal velu, mamelles pendantes, et une hutte
longue couverte de palmes.
Dans la 8e carte, de l’Atlantique central, où
sont indiqués en lettres capitales et en français
l’« Equinoctial » et le « Tropicque de Cancer »,
reparaît l’angle nord-est du Brésil avec trois
coupeurs de bois brésil nus et roses, quatre hamacs
comme des croissants de lune suspendus dans la
forêt, trois perroquets dont un perché et deux
prenant leur essor.
Deux autres cartes de l’Amérique ne sont pas
sans parenté avec la Cosmographie universelle de
Le Testu. La 11e carte, qui représente l’espace
caraïbe4, de « la Floride » en haut jusqu’à Trinidad
et aux bouches de l’Orénoque en bas, en passant
par « La Coube » (Cuba) et « L’Espaignolle »
(Hispaniola-Haïti), montre, dans l’intérieur
de l’Amérique du Sud, des Indiens nus ou
demi-nus qui creusent la terre et remplissent
des corbeilles de pépites, sous la surveillance
de deux Espagnols qui du doigt paraissent
leur donner des ordres, l’un l’épée au côté et
l’autre l’arquebuse sur l’épaule. La 12e carte,
qui montre « la Floride » et partie de l’Amérique
du Nord jusqu’à Terre-Neuve, est peuplée d’une
faune qui n’a rien à envier à celle de l’atlas de
Le Testu : pêle-mêle trois lions, une licorne et
quatre ours bruns.
4 Voir la carte ci-dessus p. 19.
Le Brésil de Jacques de Vaudeclaye
GUILLAUME LE TESTU, PILOTE ROYAL EN LA MER DU PONANT
COSMOGRAPHIE UNIVERSELLE DE GUILLAUME LE TESTU
72
Brésil, folio 5,
Atlas nautique,
dit Atlas Miller,
Homen Lopo, 1519.
a carte de la région nord-est du Brésil indique l’aire d’extension prévue pour l’expédition
et Le vrai pourttraict de Geneure et du Cap de 1582. Le recrutement de troupes auxiliaires
de Frie sont les deux œuvres connues du parmi les Indiens, les fameux « cannibales »
cartographe de Dieppe Jacques de Vaudeclaye (ou tant redoutés des Portugais, est explicitement
Vau de Claye). De ces deux cartes sur vélin, seule recommandé par le document : « En cest enclos
la première est datée. Dans le phylactère enroulé de ce demy rond de compas vous fournyres de dix
autour du compas au-dessus de l’échelle des lieues mylle saulvages pour fere la guerre aux Portuguais
à droite, on peut lire : « Jacques de Vaudeclaye ma et sont plus hardyz que ceux de laval1 ». Le compas
faict en Dieppe lan 1579 ». La deuxième carte qui sert au marin à tracer sa route sur la mer est
peut être datée de la même époque.
employé ici à arraisonner un territoire, à l’annexer
au rêve d’empire de la monarchie française. Il
Dans la première carte, la bannière plantée témoigne surtout de la persistance des réseaux
sur le Nordeste brésilien porte les armes de d’alliance que les Français entretenaient depuis
l’amiral Philippe Strozzi, cousin de Catherine des décennies avec les tribus indiennes de cette
de Médicis : pavillon d’azur à trois croissants région mal maîtrisée par les Portugais.
d’argent sur rinceaux d’or. Mettant à profit la
vacance du trône de Portugal après la disparition
La seconde carte de Jacques de Vaudeclaye, Le
en 1578 du roi don Sébastien sur le champ de vrai pourttraict de Geneure et du Cap de Frie, comme
bataille de Ksar el-Kébir au Maroc, Catherine il est indiqué sur une banderole à droite, est une
de Médicis, mère du roi Henri III alors régnant, carte topographique de la baie de Rio de Janeiro
avait tenté de se saisir de l’héritage colonial et de la région adjacente2. Le nom de « Geneure »
portugais, et notamment du Brésil, que les est la forme francisée de « Janeiro » ou janvier en
marins français connaissaient bien. Nommé portugais, comme l’explique Jean de Léry dans son
lieutenant général de l’armée navale en 1581, Histoire d’un voyage faict en la terre du Bresil : « nous
Strozzi, chef de guerre réputé mais marin entrasmes au bras de mer, et riviere d’eau salée,
inexpérimenté, fut chargé de l’opération. nommée Ganabara par les sauvages, et par les
L’escadre franco-portugaise gagna les Açores, où Portugais Geneure : parce que, comme on dit, ils
elle fut taillée en pièces par l’armada espagnole la descouvrirent le premier jour de Janvier, qu’ils
du marquis de Santa-Cruz lors de la bataille nomment ainsi3 ». Quant au « Cap de Frie », c’est
de la Terceira le 26 juillet 1582. Grièvement le Cabo Frio des Portugais, autrement dit le « cap
blessé, Strozzi fut achevé et jeté à la mer. Ce fut froid », ainsi nommé en raison du courant qui le
la dernière entreprise de cette ampleur menée longe. Le Cabo Frio, où les Français avaient établi
sous la dynastie des Valois.
un fort, était le principal point de traite du bois
brésil, utilisé comme bois de teinture.
La carte du Brésil de Jacques de Vaudeclaye
apparaît un peu comme l’esquisse de ce projet
La carte, orientée le nord à droite, est remplie
militaire avorté. D’où son intérêt historique : le de mentions telles que, jouxtant l’« Isle de la
demi-cercle englobant la région nord-est du Brésil Croix », « le navire est à couvert du canon »,
ou bien, non loin de la ville de Saint-Sébastien
édifiée par les Portugais : « yci est le costé pour
prendre Geneure ». Les points d’eau douce,
les possibilités de ravitaillement – « yci y a force
poisson » – ou de simples indications de pilotage,
repères côtiers, amers et récifs, complètent cette
grille tactique qui se superpose, sous la forme
de légendes et d’« avertissements », au dessin
du golfe et de ses parages immédiats. « L’Isle
où estoit le Sr de Villegaignon », l’actuelle Ilha
de Villegaignon, îlot minuscule où s’était établi
le chef de la France Antarctique un quart de
siècle plus tôt, apparaît en brun foncé, sous la
forme d’un trapèze, non loin de la rive occidentale
de la baie, en haut de la carte. Les reliefs sont
sommairement indiqués par des bombements.
Le célèbre Pain de Sucre, à l’entrée de la baie,
ici tout en haut à gauche, est désigné comme le
« Pot à beur[r]e », appellation traditionnelle
chez les marins normands, comme le confirme
Jean de Léry dans son Histoire4.
3 Jean de Léry, Histoire d’un voyage faict en la terre du Brésil, chap.V,
éd. F. Lestringant, Paris, LGF, « Bibliothèque classique », 1994, p. 160.
4 Jean de Léry, Histoire d’un voyage, op. cit., chap. VII, p. 198 : « et de
faict, parce qu’elle [cette montagne et roche pyramidale] est ronde
et semblable à une grosse tour, entre nous François, par une
maniere de parler hyperbolique, l’avions nommée pot de beurre ».
L
73
Un art raffiné de la cartographie
française du XVI e siècle », selon le jugement enthousiaste de
l’abbé Anthiaume1.
ontrastant avec cette existence héroïque et brutale qui est celle
desgensdemeràl’époquedelaguerredecourse,l’artdeLeTestu
apparaît tout de raffinement. On a un peu de mal à imaginer que
ce rude aventurier, aguerri par les épreuves et les coups de main, fut
le si délicat miniaturiste des 56 cartes de la Cosmographie universelle,
« le plus riche et le plus complet spécimen de la cartographie
L’œuvre cartographique de Le Testu n’est pas isolée. Elle est
partie prenante d’un corpus étendu sur un grand siècle et demi. À cet
égard, elle est à mettre en rapport avec les cartes et mappemondes
de Pierre Desceliers, parfois qualifié de « père de l’hydrographie
française2 », de Nicolas Desliens, de Jean Rotz, aussi bien qu’avec
les atlas Miller et Vallard et l’atlas du Dauphin conservé à La Haye.
C
1 Albert Anthiaume, « Le Testu », p. 9.
2 Albert Anthiaume, Pierre Desceliers, père de l’hydrographie et de la cartographie françaises, Rouen,
imprimerie J. Lecerf, Société « Les Amys du vieux Dieppe », 1926.
Localisation est faite également des lieux de
pêche et des moulins à sucre installés par les
Portugais sur le pourtour de la baie. Outre la
ville de Saint-Sébastien à l’ouest, noyau primitif
de l’actuelle agglomération de Rio de Janeiro,
on aperçoit à l’est trois « aldeias » ou villages
indiens formés de quatre « malocas » ou huttes
longues disposées en carré, abritant chacune
plusieurs centaines d’individus.
En raison de la défaite de Strozzi, les cartes de
Jacques de Vaudeclaye demeurèrent sans emploi.
Elles témoignent du moins que, longtemps après
la chute de la France Antarctique le 15 mars 1560,
le Brésil n’avait pas déserté les nouveaux horizons
de la Renaissance française.
Carte de la côte
du Brésil « Jacques
de Vau de Claye
m’a fait en Dieppe,
l’an 1579, Dieppe ».
Le vrai pourttraict
de Geneure et
du Cap de Frie,
J. de Vaudeclaye,
1579.
1 Jacques de Vaudeclaye, Carte des régions nord et est du Brésil,
datée de « Dieppe l’an 1579 », BnF, Cartes et Plans, Rés. Ge D 13871.
2 Jacques de Vaudeclaye, Le vrai pourttraict de Geneure et du Cap
de Frie, BnF, Cartes et Plans, Rés. Ge C 5007.
SOURCES, PARENTÉS, CONSTRUCTION
COSMOGRAPHIE UNIVERSELLE DE GUILLAUME LE TESTU
22
23
Le planisphère de 1566
ix ans après la Cosmographie universelle, Le Testu dessine
à l’encre bistre pour le capitaine Pierre de Coutes, Sr de
La Chapelle, son planisphère sur parchemin. Il s’agit d’une
mappemonde en deux hémisphères, boréal et austral, en projection
conique modifiée1. Selon le géographe Robert de Vaugondy, qui a été
le propriétaire de cette carte, « les parallèles y sont curvilignes, et
l’équateur est représenté par deux courbes adossées »2. Une nouvelle
fois, par un système de projection dérivé de la projection homéotère
de Ptolémée, Le Testu fait la démonstration de son brio de technicien
et de son sens de l’innovation. Les longitudes sont marquées de cinq
en cinq degrés, ce qui est exceptionnel dans la tradition des cartes
portulans où, en règle générale, seules les latitudes sont indiquées.
La ceinture du zodiaque court en oblique d’un hémisphère à l’autre,
les douze signes étant représentés dans la position qu’ils occupent
sur la sphère céleste, accompagnés de leurs noms latins. D’ouest en
est sont délicatement dessinés « Libra », la Balance, « Scorpio »,
« Sagittarius », « Capricornus » ; « Aquarius », le Verseau, et
« Pisces », les Poissons, sur l’Amérique du Sud ; « Aries », le Bélier,
au point d’intersection avec l’équateur, sur l’Atlantique ; « Taurus »,
le Taureau, et « Gemini », les Gémeaux, au-dessus de l’Afrique ;
« Cancer » et « Leo » sur l’Asie, et « Virgo », toute nue dans la « Mer
des Moluques ». Logés aux quatre points cardinaux et aux quatre
angles du parchemin, les huit vents de la carte sont désignés dans
quatre dialectes différents : français, grec, latin et provençal mêlé
d’italien3. Dix-huit écriteaux, sur le bord extérieur de la mappemonde
à droite, « posés tant nort que su », indiquent les dix-huit climats,
neuf dans chaque hémisphère. Une sphère armillaire est placée à
gauche dans l’intervalle qui s’ouvre entre les deux hémisphères de
la mappemonde. Les armoiries, dans la partie supérieure de la carte,
associent aux armes de France, au milieu, celles de Coligny, aigle et
collier de Saint-Michel, à gauche, et celles de Charles de Moy, Sr de
la Mailleraye, gouverneur du Havre et vice-amiral de France, à droite.
Dans la partie inférieure figurent à gauche les armes du destinataire,
le Sr de La Chapelle, et à droite, probablement celles de sa femme,
puisque l’écu placé au centre les réunit4.
D
La nomenclature est moins dense, mais plus française, et donc
moins hétérogène que dans l’atlas. Des commentaires explicatifs
parfois développés sont inclus dans six cartouches. Dans cette carte
non coloriée, l’iconographie apparaît beaucoup plus sobre que dans
la Cosmographie universelle.
1 BnF, Cartes et Plans, Rés. Ge. AA 625. Description dans Albert Anthiaume, « Le Testu »,
p. 59-70.
2 Cité par Albert Anthiaume, « Le Testu », p. 59.
3 Albert Anthiaume, « Le Testu », p. 63, en donne le détail sous forme d’un tableau.
4 Albert Anthiaume, « Le Testu », p. 64-65.
Mappemonde en deux hémisphères, Guillaume Le Testu, 1566.
GUILLAUME LE TESTU, PILOTE ROYAL EN LA MER DU PONANT
L’ Histoire naturelle des Indes
ou Drake Manuscript
38
39
’Histoire naturelle des Indes, manuscrit
à peintures aujourd’hui conservé à la
Pierpont Morgan Library à New York,
est également appelée Peck Manuscript, du
nom de sa donatrice, ou Drake Manuscript,
de celui du capitaine anglais qui y est
mentionné. Deux passages du manuscrit
laissent penser en effet que l’auteur a
accompagné Drake dans ses raids sur les
Antilles espagnoles et lors du « fameux
voyage » de 1577-1580, qui renouvelait,
après plus d’un demi-siècle, l’exploit de
Sébastien del Cano1. La planche intitulée
« Canau de la Mer du Sus » (c’est-à-dire
de l’océan Pacifique) et représentant une
longue barque à double rang de rameurs,
coiffée d’un auvent de feuillage, signale
l’aiguade de Drake à Gilolo ou Halmahera,
l’une des Moluques, où le capitaine anglais
« fit nettoier son navire » pour parfaire
sa navigation2. L’épisode peut être situé
à l’automne de 1579, lorsque Drake fut
l’hôte du sultan Babu, roi de l’île voisine
de Ternate. Comme l’indique l’inscription
de « Cacique » (chef) figurant en lettres
capitales sur le canot, le dessin montre
une galère royale, peut-être, sous une
forme simplifiée, le caracoa du sultan.
Les liliacées surmontant la proue et la
poupe servent, dans toute l’Océanie, de
protection magique contre les dangers du
voyage.
L
Paysages caraïbes
’est à cette même aire de l’Amérique centrale où périt Le Testu
que renvoie pour l’essentiel l’Histoire naturelle des Indes, œuvre
d’un compagnon français de Sir Francis Drake, probablement
huguenot et haut-normand, comme l’indiquent d’une part une scène
de conversion et d’autre part des graphies patoisantes1. Ce manuscrit
à peintures, qui ne saurait être antérieur au début des années 1590,
prend en quelque sorte le relais du témoignage de Le Testu, pour
offrir des Indes occidentales un tableau en triptyque, réparti entre la
flore, la faune et les mœurs des indigènes. La troisième partie, dont
la richesse documentaire est de premier ordre et constitue une source
ethnographique sans équivalent pour l’époque, donne lieu à une frise
continue où alternent scènes de genre et figures isolées. Cette sorte de
bande dessinée avant la lettre montre, dans ses phases contrastées de
loisir et de travail, de guerre et de paix, la vie quotidienne des Indiens
libres ou dominés tout juste un siècle après la découverte de Colomb.
Elle a pour théâtre l’aire méso-américaine et caraïbe, depuis l’isthme
de Panamá, du Nicaragua au Darién, jusqu’au Venezuela et à l’île de
Trinidad, en passant par la Colombie littorale, d’Antioquia à Santa
Marta (« S. Matre2 »).
C
Le tableau de la vie des Indiens libres ou soumis, se livrant à
leurs activités traditionnelles de jardinage, de pêche, de guerre et
de chasse, ou bien au contraire travaillant à l’exploitation des mines
pour le compte du roi d’Espagne, apparaît, sinon idyllique, du moins
nuancé. Familier de l’Amérique centrale et de la région caraïbe, et
témoin du trafic de l’or et de l’argent péruviens qui transite, à dos
de mulets, par l’isthme du Darién, l’auteur anonyme ne dissimule
pas l’effroyable mortalité des nègres travaillant aux mines3, mais
il ne montre rien de la violence la plus tangible de la colonisation.
L’exploitation du Nouveau Monde est dépeinte au quotidien, dans
la familiarité des rapports qui lient maîtres et esclaves.
La seconde allusion, plus précise,
associe à un lieu géographique le millésime
de 1586. La planche, intitulée « HINDE
DE LORANBEC », montre un Indien de
l’île de Roanoke, dans la baie de Pamlico,
confondue ici avec la Norambègue,
cette province légendaire longée par
Verrazano en 1524 et située beaucoup
plus haut sur le littoral de l’Amérique du
Nord3. Le commentaire précise du reste
que « sa scituation est entre la Floride
et Terre Neufve, par les 36 et demy de
haulteur ». Dans ces parages, les Anglais
« marchant en guerre sous le sieur
Franscique Drac » auraient rencontré
une forte résistance, contraints pour
finir de lever les voiles et de se retirer.
Or en cette année 1586 Drake a visité
la région qui correspond à l’actuelle
Caroline du Nord, pour porter secours à la
colonie anglaise établie l’année précédente
à Roanoke, qui fut en totalité rapatriée4.
Une tentative d’implantation ultérieure,
en 1587, devait se solder par la disparition
corps et biens de l’établissement. Les
ravages des ouragans et plus encore
l’hostilité des Indiens avaient eu raison
des rêves d’empire de Sir Walter Raleigh.
1 New York, The Pierpont Morgan Library, Ms. 3900.
2 Ibid., f. 44 r°.
3 Ibid., f. 90 r°.
Le port appelé le Nombre de Dieu, folio 97, Histoire naturelle des Indes, 1595. Voir transcription de la légende p. 235.
4 La relation entre le Drake Manuscript et la colonie anglaise de
Roanoke a été mise en lumière par David Beers Quinn. Sur la
première tentative de colonisation anglaise au Nouveau Monde et
20
6
Flammarion
topographiques pour le bestiaire fabuleux qui embellit les fonds
de carte de Le Testu.
Parmi les 199 dessins à la plume et à l’aquarelle que contient
l’Histoire naturelle des Indes, on trouve deux cartes topographiques,
« le port appellé le Nombre de Dieu » (Nombre de Dios, dans
l’isthme du Darién) et « la Riviere de Chagre » (Rio de Chagre, au
Panamá)4. Suivant une perspective japonisante, les navires montent
vers le ciel, perpendiculaires au plan de vision, cependant que les
habitations couvertes de palmes, à la mode indigène, ou de tuiles,
à la mode européenne, semblent s’élargir vers le fond du tableau.
Sous des sortes de bâches dressées en forme de tentes le long de
la mer sont rangés sacs, tonneaux et jarres contenant diverses
marchandises.
ses représentations iconographiques, voir Paul Hulton, America 1585.
The Complete Drawings of John White, The University of North Carolina
Press and British Museum Publications, 1984.
Le commentaire dit la violence des rapports qui sous-tendent la
société coloniale et que le dessin ne montre pas. Comme le confirme
l’Histoire naturelle des Indes, le convoi d’or espagnol remontant du
Pérou par Panamá et Nombre de Dios est constamment menacé,
moins par les corsaires européens, anglais ou français, que par les
peuplades de nègres marrons habitant l’intérieur de l’isthme et
qui vivent de pillages. À ce danger s’ajoutent les obstacles naturels :
montagnes escarpées, torrents et rivières tumultueuses, sans
oublier les fièvres endémiques dans cette région tropicale. La
colonne doit traverser trois rivières d’eau douce avec de l’eau à
mi-corps5. La moindre crue submerge « hommes et malles », l’or
et l’argent monnayé coulant par le fond. La rivière de Chagre, au
flot torrentueux, sert de raccourci à travers l’écran montagneux :
rapide au « dévaler », il faut quatre à cinq jours pour la remonter6.
Cette rivière n’apparaît pas dans la Cosmographie universelle de
Le Testu, où, en revanche, sont indiquées en lettres rouges, côté
caraïbe, « Nombre de Dieus » et côté pacifique, « Pannama »7.
Les remous d’un relief tourmenté dans la première planche
suggèrent l’escarpement des montagnes que les caravanes d’or
ne franchissent pas sans pertes ni dangers. Dans la deuxième,
le dessin pressé des feuillages évoque la densité impénétrable
de la forêt tropicale. Il n’y a guère de place dans ces croquis
La Rivière de Chagre,
folio 106 recto, Histoire
naturelle des Indes, 1595.
Voir transcription
de la légende p. 235.
3 Ibid., f. 100 r°, début : « Ceste terre est fort dangereuse. Les naigres y vivent peu de temps
et ne / se passent jour et nuict qui ne pleuvent avec grandz esclairs et tonnerres / a cause
que icelle terre est proche de la ligne esquinoccealle... ». Il pourrait s’agir de la province
du Veragua (aujourd’hui Veraguas), au Panamá, par 8° de latitude nord.
4 Histoire naturelle des Indes, f. 97 r° et 106 r°. Un troisième et dernier exemple de carte
topographique est offert par « L’isle des cayamans », surface ovale frangée de sable où
tortues de mer et caïmans pondent leurs œufs et semblent courir tous en rond les uns après
les autres (f. 93 v°-94 r°).
5 Ibid., f. 97 v°.
6 Ibid., f. 106 v°.
7 Le Testu, Cosmographie universelle, carte 50.
1 New York, The Pierpont Morgan Library, Ms. 3900. Pour la description matérielle du
manuscrit, je renvoie à l’étude de Marie-José Brochard et Jean-Pierre Chambon, « La
localisation du ‘Peck Manuscript’ (Pierpont Morgan Library) », Bibliothèque d’Humanisme et
Renaissance, t. LIII, fasc. 2, 1991, p. 405-414, et à Frank Lestringant, « Le Drake Manuscript de
la Morgan Library : un document exceptionnel en marge des “nouveaux horizons” français »,
L’Homme, n° 130, avril-juin 1994, p. 93-104 ; repris dans L’Expérience huguenote au Nouveau
Monde (XVIe siècle), Genève, Droz, 1996, p. 265-290. L’Histoire naturelle des Indes a fait l’objet
d’une édition en fac-similé sous le titre : Histoire naturelle des Indes. The Drake Manuscript in
The Pierpont Morgan Library, Preface by Charles E. Pierce, Jr. Foreword by Patrick O’Brian,
Introduction by Verlyn Klinkenborg, Translations by Ruth S. Kraemer, New York-Londres,
W. W. Norton & Company, 1996.
2 Histoire naturelle des Indes, f. 87 r°.
21
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Sommaire
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DETAILLE0ETITSETGRANDSMONDES
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7
Affiche du film The Land
Unknown (L’Oasis des
tempêtes en français) réalisé
par Virgil Vogel (1957). Lors
d’une expédition en Antarctique, trois hommes et une
journaliste atterrissent en
catastrophe et découvre une
forêt tropicale humide, peuplée
de dinosaures et de plantes
carnivores.
La mer libre du Pôle,
un mythe géographique
et littéraire
D
ans le roman de George Sand
Laura, voyage dans le cristal
publié en 1864, deux personnages, partis en rêve
en expédition vers le pôle Nord, découvrent une mer libre de glace après avoir
traversé un territoire totalement gelé :
« Des nuées d’oiseaux de toute taille remplissaient le ciel rose, et on voyait les baleines
innombrables s’ébattre dans les flots tièdes
de la mer polaire. D’autres l’avaient signalée
et consacrée avant nous, cette mer longtemps
problématique ; mais, presque seuls, à bout
de forces et pressés de revenir sur leurs pas
pour ne pas succomber aux fatigues et aux
périls du retour, ils n’avaient fait que la saluer
et l’entrevoir. » Peu de temps après, constatant combien la température est clémente,
digne d’un climat tempéré, les deux hommes
se déshabillent et se baignent… Loin d’être un
caprice d’auteur en quête de fantaisie, l’idée
d’une mer libre et d’une oasis polaire au cœur
d’une banquise occupe encore à l’époque de
George Sand une place importante dans les
théories scientifiques occidentales.
Les débats et les questions sur la nature
réelle du climat au Pôle qui restent sans
réponse jusqu’au début du XXe siècle ne
font qu’étayer cette hypothèse. Le Britan-
nique William Baffin dit avoir rencontré une
température plus douce au fur et à mesure
qu’il remontait vers le pôle Nord, lors de son
périple en 1616. Le géographe et astronome
néerlandais Petrus Plancius, toujours au
XVIIe siècle, affirme l’existence d’un passage
entre l’Europe et l’Asie par l’Arctique.
traduit et publié en France en 1868, La Mer
libre du Pôle, voyage de découvertes dans les mers
arctiques exécutées en 1860-1861 : « Au-dessous
de moi, la mer étalait sa nappe immense,
bigarrée de taches blanches ou sombres,
ces dernières indiquant les endroits où la
glace était presque détruite ou avait entièrement disparu ; au large, ces taches se faisaient
plus foncées et plus nombreuses, jusqu’à ce
que, devenues une bande de bleu noirâtre,
elles se confondissent avec la zone du ciel
où se reflétaient leurs eaux. Les vieux et durs
champs de glace (dont les moins grands mesuraient à peine moins d’un kilomètre) et les
rampes massives et les débris amoncelés qui
en marquaient les bords étaient les seules
parties de cette vaste étendue qui conservassent encore la blancheur et la solidité de
l’hiver. Tout me le démontrait : j’avais atteint
les rivages du bassin polaire, l’Océan dormait
à mes pieds ! »21
Au siècle suivant, des savants comme le
naturaliste Buffon soutiennent que les glaces
fondent à l’approche du Pôle et que la mer
ne peut pas geler. Au début du XVIIIe siècle, le
géographe du roi, Philippe Buache, adopte la
même théorie, comme le fait aussi d’Alembert. L’expédition du Britannique David
Buchan, en 1818, part à la recherche de la
mer libre. Le géographe allemand August Petermann, qui affirme que les rayonnements
solaires sont plus forts au-dessus du Pôle,
est également à l’origine de plusieurs expéditions au cours du XIXe siècle.
Puis John Franklin, entre 1845 et 1847, poursuit la quête, ainsi que l’Allemand Carl
Koldewey (en 1868 et 1869-1870), avant
l’Américain Charles Francis Hall, en 1871,
et l’Anglais George Nares cinq ans plus
tard. Peu de temps auparavant, le médecin
et aventurier américain Isaac Israel Hayes
décrit la mer libre dans le récit de son voyage
Dans les mêmes années, Jules Verne, qui
possède de nombreuses relations scientifiques (il entre à la Société de géographie
en 1865), soutient dans plusieurs de ses
romans polaires l’existence de la mer libre.
Ainsi, dans ses Voyages et aventures du capitaine Hatteras, il décrit une inquiétante plaine
liquide : « Colorée des nuances les plus vagues
de l’outre-mer, [elle] se montrait également
transparente et douée d’un incroyable pouvoir dispersif, comme si elle eût été faite de
carbure de soufre. Cette diaphanéité permettait de la fouiller du regard jusqu’à des profondeurs incommensurables ; il semblait que
le bassin polaire fût éclairé par-dessous à la
façon d’un immense aquarium ; quelque phénomène électrique, produit au fond des mers,
en illuminait sans doute les couches les plus
reculées. Aussi la chaloupe semblait suspendue sur un abîme sans fond. » Jules Verne
reprend, en 1897, l’idée de la mer libre dans
Le Sphinx des glaces.
Mais cette même année, le livre Vers le Pôle, où
Fridtjof Nansen raconte comment il a battu
le record de latitude au pôle Nord, souligne
l’absence de mer libre : le Norvégien constate
que la banquise s’étend à perte de vue…
La conquête du pôle Nord, en 1909, met
un terme à ce mythe géographique tenace.
~56
57~
Au centre
de la Terre
Au XVIIe siècle, la Terre est cartographiée et tous
les continents hormis l’Antarctique ont été découverts par les grands explorateurs. Seul l’intérieur du globe, le centre de la Terre, reste
mystérieux, objet de tous les fantasmes, tant scientifiques qu’utopiques. L’astronome britannique
Edmund Halley, en 1692, explique les mystères
des champs magnétiques terrestres par la présence d’un monde inséré à l’intérieur du nôtre…
Bien d’autres aventuriers de la pensée souterraine vont approfondir cette idée. L’utopiste Simon Tyssot de Patot, en 1720, avec La Vie, les
aventures et le voyage de Groenland du R. P. Cordelier
Pierre de Mésange décrit de vastes cités souterraines construites par des descendants d’Africains. Un autre monde souterrain est de même
décrit dans la Relation d’un voyage du pôle arctique
au pôle antarctique par le centre du monde dont l’auteur est resté anonyme. Le chevalier de Mouhy,
en 1735, avec son Lamékis ou les Voyages extraordinaires d’un Égyptien dans la terre intérieure, évoque
pour sa part l’existence de créatures à la peau
bleue, d’hommes crapauds et de chiens géants.
Une tradition littéraire, qui deviendra par la suite
cinématographique, est née…
MONDES OUBLIÉS, CACHÉS ET PERDUS
Coupe transversale de la terre, selon le Système idéal de l’érudit
jésuite Athanasius Kircher : feu central entouré de mers souterraines et de cours d’eau provenant de la terre (1665).
L’Atlantide
redécouverte
67~
jour et une nuit par de soudaines inondations
et des tremblements de terre. Plus riche d’informations, le Critias nous instruit sur l’ascendance divine de la population de l’Atlantide, la puissance de la cité et la grandeur des
infrastructures : « Avec toutes ces richesses
qu'ils tiraient de la terre, les habitants
construisirent les temples, les palais des
rois, les ports, les chantiers maritimes, et ils
embellirent tout le reste du pays. »31 L’Atlantide de Platon a peut-être eu pour modèle la
Phéacie décrite par Homère dans l’Odyssée,
une île bénie des dieux dont le roi, Alkinoos,
habite un palais aux portes d’or forgées par
Héphaïstos en personne.
Quêtes sans fin
Dans le préambule de son livre sur l’Atlantide, l’essayiste et romancier Olivier Boura pose les questions suivantes : « L’Atlantide n’est-elle
rien de plus qu’une fiction politique trop parfaite, finalement presque
indiscernable en tant que telle, ou bien la trace, l’écho affaibli d’une
réalité historique ? N’y a-t-il pas, à cette énigme, une autre solution ?
Et comment expliquer la fascination durable qu’elle exerce sur l’esprit
des hommes ? »29 Fascination qui s’est effectivement exprimée dans
la littérature et le cinéma car la quête de ce monde disparu, de cette
cité légendaire recherchée depuis des siècles, offre aux lecteurs ou aux
spectateurs le sentiment unique de participer à une découverte inouïe,
l’impression fabuleuse d’un mystère enfin dévoilé.
Dans le Timée et le Critias, Platon rapporte les éléments d’une ancienne
tradition recueillie en Égypte par le Grec Solon : « Or, dans cette île
Atlantide, des rois avaient formé une grande et admirable puissance
qui étendait sa domination sur l’île entière et sur beaucoup d’autres
îles, et quelques parties du continent »30, lit-on dans le Timée, qui raconte la disparition subite de cette île, située par Platon devant le passage des colonnes d’Hercule (détroit de Gibraltar), et engloutie en un
Ci-dessus : une des premières représentations de l’île légendaire de l’Atlantide,
d’après Athanase Kircher (1602-1680).
Gravure mise en couleurs.
Ci-contre : Brigitte Helm dans
L’Atlantide de G.-W. Pabst, d’après
le livre de Pierre Benoit (1932).
Au IVe siècle av. J.-C., l’historien grec Théopompe de Chios parodie Platon dans ses
Philippiques, avec l’île fictive de Méropis. Puis
les siècles passent, sans que ces terres disparues ne fassent l’objet de conjectures.
Au XVe siècle, la polémique sur l’île décrite
par Platon voit le jour en Italie, sous l’influence de Marsile Ficin, puis la découverte
~84
de l’Amérique relance les débats et les hypothèses proposées par érudits, religieux,
chroniqueurs, philosophes et géographes qui
contribuent, en s’interrogeant, à bâtir toujours un peu plus le mythe.
L’Italien Jérôme Fracastor est le premier à
en faire un sujet littéraire, en 1530, dans son
poème La Syphilis ou le Mal français ; mais il
ne s’agit pas encore d’un récit de voyage fictionnel. Puis dans La Nouvelle Atlantide, roman
utopique inachevé paru de façon posthume
en 1627, le philosophe anglais Francis Bacon
raconte l’histoire de navigateurs européens
égarés dans le Pacifique. Ils échouent sur
une île coupée du monde, où s’épanouit une
société parfaite, gouvernée par une communauté de savants.
Dans Le Vase d’or (1814) d’E. T. A. Hoffmann,
un étudiant, Anselme, parvient en rêve dans
la contrée merveilleuse de l’Atlantide. Jules
Verne, dans Vingt mille lieues sous les mers
(1869), nous conduit grâce au capitaine Nemo
au pied des ruines de l’antique cité qui offre
85~
VOYAGES IMAGINAIRES
CIEL ET ESPACE
des Na’vi se présente en effet sous la forme d’un arbre gigantesque,
véritable axis mundi qui relie le ciel et la terre. Cet arbre peut rappeler celui de la connaissance du bien et du mal de la Genèse, mais
aussi Yggdrasil, l’arbre-monde de la mythologie nordique, Kien Mou
chez les Chinois, Ceiba chez les Mayas, ou l’arbre de Bodhi chez les
bouddhistes… Signalons que cet archétype végétal est souvent utilisé
chez le maître de l’animation japonaise Hayao Miyazaki, qui semble
représenter pour Cameron une référence importante. Autre source
transparente : à l’opposé de la base des envahisseurs nommée Hell’s
gate – « la porte de l’Enfer » –, les montagnes sacrées des natifs, véritables îles en suspens dans le ciel reliées entres elles par un réseau
de lianes, portent le nom Hallelujah. Enfin, encore un exemple de
schéma bien connu dans l’univers de la fantasy, et symboliquement
dans celui de la mystique et des arts martiaux extrême-orientaux :
la monte et le dressage du dragon, une scène d’anthologie dans
Avatar qui correspond, métaphoriquement, à la maîtrise des pulsions
et à la réduction de l’ego.
Cameron a par ailleurs confié son admiration pour des auteurs de
mondes perdus comme Edgar Rice Burroughs ou Henry Rider Haggard,
et son producteur, John Landau, a même établi lors du lancement
du film quelques relations entre Avatar et Le Magicien d’Oz de Victor
Fleming. De surcroît, Cameron a au moins un grand point commun
avec Jules Verne : sa passion pour les profondeurs de la mer. En 1989,
il a réalisé Abyss, étrange huis clos à 7 600 mètres au fond d’un océan
peuplé de créatures extraordinaires, et en mars 2012, ce fervent
collectionneur de sous-marins a battu le record du monde de profondeur, en touchant la croûte terrestre à 10 898 mètres, à savoir le fond
de la fosse des Mariannes dans l’océan Pacifique. Aujourd’hui, le réalisateur canadien ne jure plus que par le monde d’Avatar et les suites
– deux ou trois – qu'il projette d'en donner.
La jolie Neytiri, princesse
du clan des Omaticayas, a
la souplesse, la rapidité et
la grâce des félins. C’est elle
qui ramène l’avatar de Jake
Sully dans son clan, après
avoir perçu un signe de
l’Arbre des Âmes.
~126
8
Flammarion
Le rêve de cet autre monde ne fait que commencer en nous renvoyant
plus loin, c’est-à-dire à nous-mêmes, car comme l’écrit le biologiste
moléculaire Thomas Heams, qui s’intéresse aux conceptions évolutionnistes d’Avatar : « En nous faisant voyager loin, dans cette Pandora
qui n’existe pas et qui s’apprête pourtant à rentrer dans nos vies, Avatar nous parle aussi de nous, de nos vertiges face à notre position minuscule dans le monde et l’Univers, et des constructions imaginaires
que nous échafaudons pour nous en accommoder. En ce sens, il incite
à d’autres explorations, en nous-mêmes. D’autres beaux voyages. »51
127~
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Arthaud LONDON 13
The Adventures of a
Gentleman-Traveler
Les Aventures
d’un gentleman-voyageur
3IMON!LLIX
!LAIN$AYAN
The Authors
Author, filmmaker, illustrator, and traveler since his
childhood thanks to a geographer-explorer father,
3IMON!LLIX has roamed the globe for around twenty
years. He has already published Carnet de bord d’un
cosmonaute with Flammarion.
As an author-filmmaker and an experienced traveler
with a passion for the history of civilizations and
maritime endeavors, !LAIN $AYAN has developed an
extensive collection of documentaries dedicated to
the discovery of the world via sea and river routes.
These films are broadcast by television channels all
over the world.
Key Sales Points
sh-OLESKINEvSTYLEBINDING
s/RIGINAL ILLUSTRATIONS AND DESIGN FROM A st –
CENTURYGLOBETROTTER
The Work
Travel journal aboard the Queen Elizabeth
Imagine a floating palace: 294 meters long, one theater,
one casino, eight restaurants, ten bars and thirteen
lounges, magnificently decorated in Art Deco style like
the transatlantic liners of the past.
The Queen Elizabeth, on which Simon Allix embarked
for a world tour, is a true isle of luxury with its very
own codes, customs and rules. A place where
mechanics, cooks and travelers mingle in a relentless
ebb-and-flow aptly described as… titanic.
Why do people choose to see the world in this way?
What is life on board like? What atmospheres and
encounters color the forty-one stops scheduled in
New York, Sydney, Hong Kong, and Alexandria, to
name a few?
Globetrotter Simon Allix retraces – via his travel
journal and stylized sketches – a chic, nostalgic, and
curiously contemporary journey.
&/2-!4 195 x 255
0!'%3208
),,5342!4)/.3 280
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0!0%2150 g
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*!.!.!62!4),-!.%.4s International Co-editions Manager
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sEMAILAMINOT mAMMARIONFR
Flammarion
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9
12 Avril 2011
CHANDIGARH
PENDJAB, INDE
Accablé par la chaleur et l’humidité, je siffle une
Cobra, une bière indienne, à la terrasse de l’hôtel
Impérial.
Malgré la rumeur qui monte de la ville et le cri des
paons qui déambulent fièrement dans le parc, l’œil
mi-clos, je commence à m’endormir Délicieux moment
où le corps et l’esprit se dirigent vers ce no man’s
land de la conscience, antichambre du sommeil.
Sonnerie du téléphone.
"Bonjour... producteur... tour du monde... Queen
Elizabeth... gentleman-voyageur... journal de bord...
rendez-vous... Paris."
Ce n’est que quelques minutes après avoir raccroché que
je parviens à remettre dans l’ordre ces mots étranges
venus soudainement télescoper mes rêveries orientales.
Faire le tour du monde à bord d’un paquebot ! Curieuse
demande. Mais l’idée mérite réflexion.
Un tel voyage m’est longtemps apparu dérisoire et inutile.
Le monde, on l’a exploré, étudié, cartographié.
Les satellites et les caméras de télévision ont tout
filmé, tout enregistré. Pour quelles raisons vouloir,
aujourd’hui encore, faire le tour de la planète ?
Sans doute parce qu’au-delà des images accessibles
à tous et à tout instant, le mystère demeure. Ce mystère
qui, pendant des siècles, a conduit les hommes à donner
aux terres inexplorées des visages surprenants.
010
011
LE HAVRE ET LES TRANSATLANTIQUES
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la mise en service de la ligne de chemin de fer Paris-Le Havre
et la construction de nouveaux bassins imposent Le Havre comme le grand port du commerce transatlantique.
Onze mille émigrants y embarquent chaque année pour l’Amérique Dans les années 1930, c’est l’âge d’or des
transatlantiques. Le quai Joannes-Couvert reçoit les plus vastes paquebots de l’époque, notamment le Queen Mary,
l’Île-de-France et le Normandie qui, en 1935, accoste pour la première fois le long de la nouvelle gare transatlantique
de style Art déco. De 1935 à 1940, plusieurs centaines de millions de passagers partent de cette gare en direction
de New York, des Antilles, de l’Amérique du Sud ou du Pacifique. De 1945 à 1974, après la Seconde Guerre
mondiale, le trafic transatlantique reprend progressivement. Le 19 janvier 1962 a lieu le voyage inaugural
du France. Concurrencé par l’avion, le paquebot n’est déjà plus « the only way to cross »1, selon l’expression
de l’historien John Maxtone-Graham.
Baisse de fréquentation, choc pétrolier, arrêt des subventions de l’État : la Compagnie générale transatlantique
décide de désarmer le France à son arrivée de New York le 11 septembre 1974. Le 19 décembre, il est remorqué
loin des regards, à la périphérie du port. Il restera abandonné près de cinq ans le long de ce quai, surnommé par
tous les nostalgiques le « quai de l’oubli ». Le 25 juin 1979, le France est acheté par l’amateur norvégien Kloster.
Le 18 août, rebaptisé Norway, il quitte Le Havre pour le chantier naval de Bremerhaven, en Allemagne, pour y être
transformé en navire de croisière.
les ai laissés sur le quai au milieu
Je l
de centaines d’autres valises. On me rassure :
ils seront portés directement dans ma cabine.
il
Je gravis la coupée, mais au moment d’entrer
J
dans le navire, je suis rattrapé par mes
vieux réflexes. En embarquant dans un avion,
je pose toujours la main sur la carlingue.
Une façon de lui souffler à l’oreille de me
conduire sain et sauf à bon port. Sous l’œil
étonné de l’officier de sécurité, je pose donc
la main sur la coque – "Sorry Majesty !" –,
et je pénètre enfin à l’intérieur de ce bateau
où je vais passer les quatre prochains mois.
Le navire s’éloigne du quai. La corne de
brume du Queen Elizabeth déchire le silence
de la nuit qui enveloppe à présent la ville
et le port.
Accompagnés de remorqueurs et du bateau
pilote, nous franchissons la passe qui
conduit vers le large. À l’arrière du bateau,
les lumières de la ville s’estompent peu à peu
avant de disparaître, abandonnant la place
aux étoiles qui scintillent dans la profonde
obscurité d’un ciel sans lune.
Accoudé au bastingage, j’admire le spectacle.
Silence. Je pars faire le tour du monde.
6 Janvier
ACT
CONTACT
Le Queen Elizabeth est arrivé au petit matin.
"Normandie", "Ile de France", "Liberté",
Liberté",
"France" ! Synonymes de grandeur, d’élégance
et de rêve, ces noms laissés en héritage par
les anciens résonnent encore dans l’esprit
des jeunes générations. La foule se presse
pour admirer la longue silhouette noire du
Queen Elizabeth coiffée de l’énorme cheminée
rouge, symbole de la Cunard. De mon côté,
oscillant entre plaisir et inquiétude,
j’effectue, comme tous les passagers, les
formalités d’embarquement.
Le passeport ? Je le confie à une hôtesse.
À l’arrivée dans chaque pays, la police doit
pouvoir le consulter. Je ne le récupérerai
qu’à la fin du voyage. En échange, on me
donne une simple carte magnétique. Ce passepartout me servira de carte d’identité, de
clef de cabine et de carte bancaire pour
régler mes dépenses à bord. Les bagages ?
les arrière-cours, les anciennes maisons
aux toitures de style chinois dont l’entrée
est protégée par des lions légendaires.
Ces
statues,
toujours
disposées
par
paire, sont destinées à écarter les génies
malfaisants.
Lilia me parle du XIXe siècle, quand les
Chinois travaillaient essentiellement dans
les blanchisseries, ou à la construction de
la ligne de chemin de fer transcontinentale.
Sans renier ses racines chinoises et l’histoire
de sa communauté, elle se sent aujourd’hui
100% américaine.
4 février
CHINA TOWN
C’est ma première visite à San Francisco,
mais l’escale est de courte durée, je n’aurai
donc pas le temps de tout voir. La prison
d’Alcatraz ? Il faut prendre un bateau pour
se rendre au milieu de la baie : trop juste.
Les hippies, le flower power, la
maison
bleue de Maxime Le Forestier ? Un peu has
been.
1
NORMANDIE
29 octobre 1932
9 février 1942
ÎLE DE FRANCE
14 mars 1926
1959
036
QUEEN MARY
septembre 1934
1967
037
Dans la province de Canton, la Californie porte le nom de « Gum Shan », la Montagne d’or. 1849 Ils sont 54
en Californie. 1852 20 000 Cantonnais quittent la Chine et 41 000 en 1860. Malgré les discriminations dont
elle est victime, la communauté chinoise s’organise. 1852 Première représentation d’opéra chinois. 1854
Premier journal en mandarin. 1857 Premier temple bouddhiste et première école. 1880 San Francisco compte
7 500 blanchisseries chinoises. 1906 Suite à l’incendie qui a détruit les fichiers de l’état civil, de nombreux
Chinois sont naturalisés. 1908 Chinatown est reconstruite. De multiples édifices épousent désormais un
style chinois. 1908-1910 Beaucoup de Chinois quittent la ville pour s’établir dans d’autres régions. 1911
Les Chinois de San Francisco aident Sun Yat-sen à devenir le premier président de la République chinoise.
Ils coupent leur natte ! 1930 Les Américains d’origine chinoise s’installent dans tous les quartiers de la ville.
1939 Les laveries automatiques remplacent les blanchisseries traditionnelles. Le quartier chinois de San
Francisco est aujourd’hui le plus important des États-Unis après celui de New York.
Je me tourne vers une autre communauté,
très active celle-là : les Chinois de San
Francisco.
Je grimpe dans un cable car, direction
Chinatown où m’attend Lilia Lee. Elle est
née à San Francisco, mais ses parents sont
venus de Canton, l’une des villes de Chine
les plus représentées dans la diaspora
chinoise.
Elle va me faire découvrir le cœur et l’âme
de Chinatown : les temples bouddhistes, les
maisons de thé, les petites boutiques dans
074
075
090
10
QUEEN ELIZABETH 2
20 septembre 1967
26 novembre 2008
FRANCE
11 mai 1960
1974
John Maxtone-Graham, The Only Way to Cross, New York, Macmillan, 1972.
Migration chinoise à San Francisco
QUEEN ELIZABETH
27 septembre 1938
1968
Flammarion
091
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Arthaud LONDON 13
Fontainebleau
climbs
Escalade à Fontainebleau
*OAND&RAN OISE-ONTCHAUSSÏ
*ACKY'ODOFFE
The Authors
*ACKY'ODOFFE has been climbing at Fontainebleau for
over 30 years. A professional climber with an
international reputation, he is a sports teacher and
technical advisor to France’s national mountaineering
and climbing federation.
*OAND&RAN OISE-ONTCHAUSSÏ were born and live in
the heart of the Fontainebleau forest. It was here that
they first discovered climbing and have made it their
way of life. It remains a source of inspiration for both
of them, for their photography, and for the products
they design specifically for bouldering.
The Work
The forest of Fontainebleau, the world-famous and unique
bouldering venue
This completely revised new edition is ideal for all
climbers, from beginners to experts: with descriptions
of the sites, their circuits and grades, accommodations,
child-friendly areas, where to go after rain or in hot
weather, this easy-to-use guide is full of useful
information and practical advice.
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colour that suits your climbing ability: from yellow for
beginners to white or black for strong climbers. Want
to climb and bring your children with you? Symbols
show the site best suited for you and your family. Easyto-read full-color maps show the starting point, layout,
and boulders of interest for each circuit. This new
edition contains over 100 maps, just under 100 circuits
and more than 3 000 routes, together with stories and
anecdotes on the history of Fontainebleau climbing.
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ANDGRADESASWELLASADVICEONSAFETYANDSPOTTING
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POINTLAYOUTANDBOULDERSOFINTERESTFOREACHCIRCUIT
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0!'%3240
),,5342!4)/.3 MAPS
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7/2$320 000
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2)'(433/,$ US/UK
05",)#!4)/.$!4%3EPTEMBER
CO-EDITIONS DEPARTMENT
*!.!.!62!4),-!.%.4s International Co-editions Manager
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Flammarion
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11
Circuit ROUGE TD+
SAUMON TD-
40
N° Cot.
5c
1
4c
2
6a
3
5c
4
5c
5
6c
6
5b
7
5c
8
5c
9
6a
10
6a+
11
5c
12
5b
13
5b
14
6a
15
6b
16
5b
17
5c
18
5c
19
La Balançoire
Le Campanile
La Gifle
Les Croches
Coup de genoux
La Bergerie/directe
Le Pied de biche
La Légende
Contre-Poids
Os courts
Le Chausse-Pied
Sculpure physique
Le Ventripotent
Dure d'oreille
Combat de rue
Boule de suif
Dalle
Bloc-Notes
L'Epilepsie
La Lune, n°10 blanc.
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
5b
5c
6b
6b
5c
5c
5c
6a
5c
5b
6a
5c
6a
5b
Gorges d’Apremont
Apremont
Gorges d’Apremont
La Pince-Multiprises
Querelle de Palier
Le Glaive
La Balance
Détournement de fond
L'Absinthe
La Champigonnière
Zone interdite
Pierre à feu
L'Anicroche
Sucre d'orge
L'Omoplate
Captain Sept
Pot au vin
41
N° Cot.
Début du circuit pages 46-49
50
4a
51
52
53
54
55
56
57
4c
4a
4a
4a
5b
5a
4c
Le Vélo de Max
(traversée)
La Pince Multi-Prises
Suite du circuit pages 44-45
12
13
DEUX TACTIQUES COURANTES DE PARADE
La position du corps du grimpeur,
lors d’une chute, peut donner
des parades plus ou moins complexes ; cependant, deux tactiques
de base sont à connaître selon le
dévers du passage et la position
du corps du grimpeur au début
de la chute. L’objectif est de permettre au grimpeur de freiner
sa chute au maximum avec ses
propres jambes.
Dans un passage peu déversant, un mur, une dalle, la
parade s’effectue près du
centre de gravité du grimpeur
et sur des parties faciles à
saisir, c’est-à-dire tout simplement au niveau des fesses.
L’axe du corps du grimpeur
étant proche de la verticale,
la réception se fera naturellement sur les jambes.
Par contre dans un surplomb, la parade aux fesses est dangereuse,
car elle s’effectue en dessous du centre de gravité (la ceinture) et va
générer une rotation du grimpeur qui chutera tête la première. C’est
la raison pour laquelle la parade doit s’effectuer au-dessus du centre
de gravité, au niveau des épaules, pour que le grimpeur se redresse
et retombe au sol sur ses pieds, dans une position naturelle.
Rocher Canon
™CZeVheVgZgdjhZaV^hhZgeVgZghVch‚iVWa^gjcZgZaVi^dcYZ
confiance mutuelle ; se faire parer par un inconnu peut créer
de mauvaises surprises.
™H^aZXgVh]eVYYd^i„igZY‚eaVX‚YjgVciaViZciVi^kZ!X¼Zhi|
une autre personne de le faire. Un bon pareur ne peut effectuer qu’une tâche à la fois.
™GZheZXiZg jcZ hiérarchie des poids entre le pareur et le
paré ; ce dernier ne doit pas être beaucoup plus lourd.
™IVcifjZaZ\g^beZjgZhiVXXZhh^WaZ!iZc^ghZhbV^chaZeajh
près possible de son corps et de son centre de gravité, afin
de limiter les forces mises en jeu ; mais sans le toucher et en
veillant à favoriser un atterrissage sur les jambes. La proximité des mains est déterminante ; après 10 cm de chute, le
grimpeur est à une vitesse de 5 km/h et 16 km/h après 1 m !
™AZ but de la parade n’est pas d’attraper le grimpeur, mais
de l’aider à ralentir, à le stabiliser et maîtriser sa chute, sa
position et sa trajectoire.
™AVeVgVYZZhijcZtactique qu’il faut adapter au type de chute ;
le placement des mains du pareur n’est pas le même selon que
le mouvement à protéger se situe dans un mur ou un toit.
™8dbbZ aZ eVgZjg Yd^i gZXZkd^g jcZ eVgi^Z YZ aV [dgXZ Y¼^bpact, il ne doit jamais s’arc-bouter, afin de laisser à ses bras
et jambes le rôle d’amortisseurs. Sinon, gare aux coudes,
épaules, hanches et genoux !
™EZchZg|hZhpouces ; une balle de volley-ball est une plume
comparée à un grimpeur qui chute !
™FjVcYaZeVgZjgZhiaj^"b„bZZcedh^i^dc^cXdc[dgiVWaZ!jcZ
contre-parade sera nécessaire.
™:cÃc!eg‚kd^ga¼^beg‚k^h^WaZ
Parade en quatre temps,
sur un matelas
un peu encombré !
EN CAS D’ACCIDENT
Rocher Canon
Rocher Canon
Kd^X^!Zcg‚hjb‚!
fjZafjZhgƒ\aZhfj¼^aZhieg‚[‚gVWaZYZgZheZXiZg/
90
HVeZjgh"edbe^Zgh/tél. 18 (soyez très précis sur la localisation
du blessé, nom du site, nom du chemin ou du carrefour le plus
proche, numéro de parcelle, coordonnées GPS ).
Le fameux Rocher
Canon n’a pas été
H6BJjg\ZcXZb‚Y^XVaZ/
tél. 15.
avare de boulets,
et donc
de circuits,
Numéro
d’urgence
à partir d’un téléphone portable : tél. 112.
sur lesquels grimpe chaque fin de
89
semaine un nombre considérable
de personnes. Souvent tout en rondeurs, les blocs n’en ont pas moins
du caractère et nécessitent souvent
science du placement et grande technicité. C’est un site où cohabitent le
week-end simples touristes, randonneurs et grimpeurs. La tranquillité
est donc réduite, mais on y appréciera la convivialité et une abondance de
fougères qui prennent de superbes
couleurs ocre à l’automne.
88
Circuit COULEUR
Nuage blanc, un grand classique
du circuit rouge.
COULEUR
Éléphant
Tortue, Diplodocus, Éléphant, Baleine… ces sculptures géologiques mystérieuses sont légion en forêt. L’Éléphant de Larchant, car ce n’est pas le seul,
son congénère se trouve à Barbizon, est un de ces
célèbres rochers. Cet imposant pachyderme vous
accueille dès l’arrivée sur le site d’escalade et ses
flancs sont parcourus de voies de tout niveau.
Sous les rochers, la plage, et c’est aussi un des plaisirs de ce massif que de s’y mouvoir sur du sable
d’une telle finesse. Paradoxalement, l’escalade y est
un peu engagée. Par la hauteur de certaines voies,
tels le Mur de la mort ou encore l’Aigle déployé. Et
par un tapis de racines et de blocs enchâssés qui
couvre le sol par endroits.
Le plus souvent, ce sont de bonnes prises qui attendent les grimpeurs, avec un toucher sableux assez
caractéristique. Ces rochers sont particulièrement
parcourus au printemps, voire en été lorsque la chaleur gêne l’escalade sur grattons et réglettes. En
s’éloignant un peu de la partie centrale, on trouve la
Dalle à Poly ou le Gruyère, un mur en léger dévers
truffé de prises, qui en impose par sa hauteur.
La nature a donné ici plus qu’ailleurs d’étranges
formes à certains rochers qui prennent au soleil
couchant une bien fascinante apparence, propre à
solliciter l’imagination.
Ne campez pas en forêt.
Ne faites jamais de feu.
Remportez vos déchets avec vous.
De la Super Prestat au
Gasherbrum II
« J’ai découvert l’escalade à
Fontainebleau au début des
années 1970. Ma passion est
définitivement née là, elle m’a
mené de Bleau aux falaises
de la Seine et de Surgy, en
prévision des plus beaux
sommets de la terre.
Les années 1980 furent
marquées par quelques
premières sur les blocs,
la Super Prestat au Cuvier
par exemple en 1984, une
haute dalle sur un rocher de
légende. L’entraînement était
intensif. Malgré mon travail,
je trouvais toujours le moyen
de rejoindre le Cuvier deux
ou trois fois par semaine.
J’enchaînais le rouge, le plus
vite possible, en 20 minutes
parfois ! Puis des hivernales,
en Oisans, le pilier sud de
barre Noire, et une expédition
au Gasherbrum II, en 1982,
avec l’insouciance de la
jeunesse et la sensation de
profiter pleinement de la vie.
Mais finalement, l’appel de
Bleau reste irrésistible ; que
rêver de plus que parcourir
les blocs de grès au milieu
de la forêt, par une belle
matinée, avec tout le respect
dû à cette nature qu’il faut
absolument préserver. »
Laissez aux autres les blocs
dans l’état où vous auriez aimé
les trouver. Ne jamais tailler,
Éléphant
Nemours
Jean-Michel Gosselin
améliorer ou casser une prise.
210
211
Le Surplomb
de la Loupe.
12
Flammarion
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