Biographie de Boris Vian

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Biographie de Boris Vian
Biographie de Boris Vian
Boris Vian est né le 10 mars 1920 à Ville-d’Avray et mort le 23 juin 1959 à Paris. C’est un écrivain
français, poète, parolier, chanteur, critique et musicien de jazz (trompettiste). Il est aussi scénariste,
traducteur (anglo-américain), conférencier, acteur, et peintre.
Sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, il a publié de nombreux romans dans le style américain,
parmi lesquels J’irai cracher sur vos tombes, qui a fait scandale et qui a été interdit. Il a utilisé d’autres
pseudonymes, parfois sous la forme d’anagramme.
Boris Vian a abordé à peu près tous les genres littéraires, mais sa bibliographie reste difficile à dater
avec précision puisque lui-même ne datait pas toujours ses manuscrits.
Pendant quinze ans, il a milité en faveur du jazz, qu’il a commencé à pratiquer dès 1937.
Réputé pessimiste, il adorait l’absurde, la fête et le jeu. Il est aussi l’inventeur de systèmes et de mots
(comme le pianocktail : un piano imaginaire qui fournit des boissons lorsque l’on en joue).
De santé fragile, il est mort à 39 ans d’un arrêt cardiaque.
L'homme
Boris Vian grandit dans un environnement fortuné. Sa famille possède une villa voisine de la famille
de Jean Rostand. Ils mènent une vie insouciante : ils ont chauffeur, professeur à domicile, jardinier. Mais le
krach de 1929 ruine Paul Vian (le père de Boris) qui se voit obligé d’abandonner la maison principale et
d’aller habiter avec les enfants et le jardinier dans la maison du gardien.
A douze ans, à la suite d’une angine infectieuse, Boris souffre de rhumatismes articulaires aigus, qui
provoquent une insuffisance aortique. Dès lors, il est surprotégé.
Il se marie avec Michelle Léglise le 5 juillet 1941. Ils auront un premier enfant, Patrick, le 12 avril
1942, puis Carole, en 1948.
Boris Vian obtient son diplôme d'ingénieur en 1942.
Parallèlement à ses études, Boris apprend à jouer de la trompette. Le jazz et les fêtes sont un moyen pour lui
de compenser l'ennui que lui procurent ses études.
En 1944, le père de Boris, Paul Vian, est assassiné dans sa maison. Les chalets de Landemer que
possédait la famille ont été détruits par les Allemands, et Boris, considéré comme le « plus sage de ses
enfants », a reçu de son père la lourde mission de vendre la maison familiale de Ville-d'Avray, que Boris
Vian aimait écrire « Viledavret ».
Le 18 juillet 1945, il signe son premier contrat d'auteur. A partir de ce jour, Boris Vian et Raymond
Queneau deviennent des amis très proches, avec sans doute une relation de type père-fils, et en commun ce
goût immodéré du jeu avec les mots. Avec lui, il fréquente des caves, dans lesquelles des artistes se
réunissent, et y rencontre Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
Boris Vian publie en 1946 le roman J'irai cracher sur vos tombes, pour lequel il est attaqué en
justice. Il se réfugie alors dans le jazz. C'est à cette époque qu'il écrit beaucoup pour le jazz (articles de
presse, émissions de radio, etc.)
En 1950, il rencontre Ursula Kübler, dont il tombe amoureux. Déjà, Michelle et lui ont envisagé le
divorce. Michelle est depuis 1949 la maîtresse de Jean-Paul Sartre.
1951 et 1952 seront des années sombres. Il vient de quitter son épouse, n'a plus un sou, et le fisc
s'acharne à lui soutirer des impôts anciens qu'il ne peut payer.
Mais il parvient à rebondir: il dépose ses textes et ses musiques à la SACEM et fait le tour des
Music-Hall. Et en 1954, il épouse Ursula, dont la famille fait partie de la bonne bourgeoisie suisse. Ils
déménagent dans un appartement qui leur paraît très vaste comparé à l'étroite chambre de bonne qu'ils
occupaient jusqu'alors.
Devant son succès et son talent, Jacques Canetti lui propose de s'occuper du catalogue de jazz pour
les disques Philips. Il est chargé de rééditions, d'écrire des commentaires et de corriger les dates
d'enregistrement et les noms des musiciens.
Le 4 janvier 1955, il monte sur la scène des Trois Baudets et chante La Complainte du progrès,
J'suis snob, Les Lésions dangereuses, Les Joyeux Bouchers, Le Déserteur.
Le Déserteur, chanson pacifiste en réaction contre la guerre d'Indochine, sera menacée de censure.
Elle sera en effet censurée en 1958, au moment de la guerre d'Algérie.
Cependant, ses très nombreuses activités l'épuisent. En Juillet 1956, il est frappé d'un œdème au
poumon, résultat de son surmenage. Pourtant, et malgré le manque de succès de son roman L'Automne à
Pékin, il continue d'écrire des chansons pour Henri Salvador, Magali Noël, Philippe Clay. Malgré les
avertissements de son médecin, il continue de se surmener, multipliant piges, traductions, écriture de
chansons. Il entame une collaboration avec Le Canard Enchaîné.
Le matin du 23 juin 1959, J'irai cracher sur vos tombes, film inspiré de son roman, est projeté au
cinéma. Boris Vian s'effondre quelques minutes après le début du film et, avant d'arriver à l'hôpital Laennec,
meurt d'une crise cardiaque.
L'œuvre
Si les œuvres à succès, signées Vernon Sullivan, ont permis à Vian de vivre, elles ont aussi occulté
les romans signés de son vrai nom, œuvres plus importantes à ses yeux.
Il deviendra un véritable mythe auprès de la jeunesse après sa mort. Dans les années 1960 et 1970, il devient
un classique étudié dans les écoles. Ses œuvres complètes sont publiées en 2003 en quinze tomes, et entrent
à la bibliothèque de la Pléiade en 2010.
En 2009, un double album, On n'est pas là pour se faire engueuler !, rassemble des reprises ou des
interprétations de texte de Vian. Il rassemble Matthieu Chédid, Thomas Fersen, Juliette Gréco, Zebda ou
Jeanne Moreau.
Il a beaucoup inspiré Serge Gainsbourg, qui a dit: « Là, j'en ai pris plein la gueule […], il chantait des
trucs terribles […], c'est parce que je l'ai entendu que je me suis décidé à tenter quelque chose
d'intéressant. »
Il a écrit onze romans, quatre recueils de poèmes, plusieurs pièces de théâtre, des nouvelles, de
nombreuses chroniques musicales, des scénarios de films, des centaines de chansons.
Ses romans les plus connus sont L'Ecume des jours, L'Automne à Pékin, J'irai cracher sur vos
tombes, et L'arrache-cœur.
La liste de ses chansons est difficile à définir, car toutes n'ont pas été publiées. On en trouve une
grande partie dans le recueil Boris Vian 83 Chansons et Poèmes. Mais l'inventaire intégral de ses chansons
n'est pas encore terminé, bien que l'on ait déjà rassemblé 484 chansons et thèmes musicaux. Une liste
complète offrirait pour le moment 353 titres et 1111 thèmes musicaux.
Selon Gilles Verlant, Boris Vian est, aux côtés de Henri Salvador, l'un des initiateurs du rock français
dans les années 1950, alors qu'il détestait le rock. Il a écrit et adapté des tubes rock pour s'en moquer.
Toujours selon Gilles Verlant, Boris Vian aurait inventé le terme « tube » (chanson à succès) qu'on
surnommait auparavant « saucisson ».
L'engagement politique
Il s'efforce de prendre position en écrivant son Traité de civisme, ce qu'il regrettait de n'avoir pas fait
pendant la guerre. A propos de la guerre, il écrira, plus tard: « Je ne me suis pas battu; je n'ai pas été déporté,
je n'ai pas collaboré, je suis resté quatre ans durant un imbécile sous-alimenté parmi tant d'autres. » Il
cherche aussi une explication à l'assassinat de son père.
La chanson lui permet de mieux exprimer sa colère. C'est un homme hors de lui qui a décidé de
prendre un public indifférent à rebrousse-poil avec des chansons insurrectionnelles qu'il décrit lui-même
comme de « petites bombes d'un feuillet ». Expérience désastreuse, qui lui vaut le soutien de Léo Ferré et de
Georges Brassens, mais pas celui du public. Il comprend l'importance de la chanson politique et surtout de la
chanson antimilitariste. Le Déserteur, écrit en 1954, va devenir un hymne pacifiste. Cette chanson est
devenue internationale.