La sécu ne doit plus rembourser la réfection de l`hymen

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La sécu ne doit plus rembourser la réfection de l`hymen
La sécu ne doit plus rembourser la réfection de l'hymen
Certaines cultures attribuent une importance telle à la virginité que la crainte de la répudiation, du rejet par la famille, de l?exclusion socia
le ou de violences physiques peut contraindre des femmes à rechercher un certificat médical attestant de leur virginité ou à solliciter une
réfection de leur hymen. Sans sous estimer la liberté d?opinion reconnue par notre Constitution, les pratiques d?authentification de la virg
ité se heurtent néanmoins à d?autres principes fondamentaux constitutifs de notre système démocratique. Elles sont contraires au
principe de liberté individuelle et au principe de libre disposition de son corps dans la mesure où l?on oblige ces femmes à être vierg
es pour pouvoir se marier, contraires au principe du respect de l?intégrité physique, puisque la réfection de l?hymen est une sorte de mutil
ion génitale finalement imposée par autrui et non réalisée dans l?intérêt de la personne concernée, contraires enfin au principe de l?égalité
entre les hommes et les femmes. Ces dernières sont, en effet, les seules à devoir démontrer leur honneur!
Quelle doit être la position de notre Etat démocratique ? Faut-il cautionner, tolérer ou encore interdire ? En vertu du principe de la lib
re disposition du corps et du respect de la vie privée, les femmes restent libres de décider de la réfection de leur hymen. En rev
anche, interrogeons- nous sur l?attitude à prendre par l?Etat ; en effet, notre sécurité sociale rembourse cette intervention. S?il est exact qu
la nomenclature ne prévoit pas de prestation spécifique pour la reconstruction de l?hymen, la sécurité sociale considère que cette interve
ntion chirurgicale est assimilable à l?intervention « Plastique Vaginale et vulvaire » qui peut être réalisée par exemple à la suite d?un acco
t, de brûlures, d?un traumatisme et peut donc être remboursée du montant accordé pour cette intervention. Or, la réfection de l?hymen
ne constitue pas un acte thérapeutique ou médical. Il n?existe aucunes raisons médicales pour justifier une telle intervention. Cela confo
rte l?idée que notre Sécurité sociale ne devrait pas intervenir financièrement dans cette opération.Si l?on accepte une intervention de l?ass
rance maladie invalidité dans cet acte, pourquoi dès lors refuser le financement des actes de chirurgie purement esthétique con
sidérés, à juste titre, comme non nécessaires médicalement, comme par exemple la reconstruction mammaire dans le cas d?un cancer ? En
, le financement public de cet acte, motivé par des raisons culturelles, ne revient-il pas à dire que notre Etat finance indirectement une pr
atique d?authentification de la virginité contraire à plusieurs de nos principes fondamentaux ? Interdire la délivrance des certificats médic
aux attestant de la virginité et supprimer le remboursement de la réfection de l?hymen par la sécurité sociale, voilà deux attitudes claires
que nous recommandons pour l?Etat de droit.
Par contre, nous estimons que pour les femmes victimes de mutilations sexuelles et d?excision en particulier, la chirurgie re
constructrice du clitoris doit être assimilable à l?intervention « Plastique vaginale et vulvaire ». Pour rappel, s?il est difficile d?établir les
s sur les mutilations génitales féminines dans notre pays, le nombre total de femmes originaires de pays africains où l?excision, voire l?in
ibulation sont pratiquées, s?élève à 12.415. C?est principalement lors de retours momentanés dans leur région d?origine que les jeunes fil
s sont soumises à ces actes perpétrés dans des conditions atroces. Aujourd?hui 534 d?entre elles sont dans la tranche d?âge concernée (en
14 ans). D?après les statistiques officielles, quelque 200 fillettes naîtraient chaque année en Belgique dans une famille à risque. Il s?agit
de pratiques totalement inacceptables contre lesquelles l?autorité démocratique doit riposter par une action à la fois de répression, d?info
rmation et d?assistance médicale et psychologique.
Cet article a été publié en Carte Blanche par le journal Le Soir, ce 18 août 2008. Il a été rédigé en commun par Christine Defraign
e, présidente du groupe MR du Sénat, et Richard Miller, président de l?Intergroupe parlementaire du MR.

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