Vac à lame

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Vac à lame
13h02 : l’heure de la « vac », du contact audio avec la
terre, de l’écoute du bulletin météo retransmis par
Monaco Radio et du classement diffusé par Denis
Hugues, le Directeur de Course. Un moment fort, un
instant phare, le bilan d’une journée de course et
l’interrogation sur la stratégie à suivre.
« Bonjour à toutes et à tous. Voici les prévisions météo pour
la journée du 18 août et les jours à venir… Le classement
est le suivant… » A 13h02 (heure française), les cinquante
huit solitaires en mer sont agrippés à leur radio, un
Thomas Bonnier emmène la
transistor qui crachouille, un poste qu’il faut régler au
flotte des voiliers de série.
millimètre pour recevoir les informations diffusées par le PC
Course des Sables d’Olonne. A 11h02 TU, la voix de stentor de Denis Hugues résonne sur
les ondes, déformée par les réglages approximatifs et la distance : plus de 2 000 km !
Ambiance radio amateur des années 70… L’heure est grave. C’est le bulletin météo puis
l’unique classement du jour.
Savoir si on a gagné ou perdu du terrain, savoir si l’option Nord ou Sud est payante,
savoir s’il faut grimper ou laisser courir pour éviter les calmes ou le gros temps, se
pencher sur la carte et tenter de comprendre ce qui se passe dans le ciel… L’heure du
bilan quotidien, qui fait monter ou descendre le moral, même si les informations sont
parcellaires : uniquement la place dans le classement et la distance au but, en
l’occurence les Sables d’Olonne. Pas de positions précises, pas de quoi connaître la
tactique des concurrents, tout pour gamberger toute la journée et la nuit à venir à
imaginer des scénarii, à se poser des questions sur ceux qui sont ailleurs (mais où ?), sur
ce qu’il aurait fallu faire avant… Bref, du doute et de l’incertain. Tout ça en se faisant
secouer comme un prunier dans une mer désordonnée, chaotique, croisée, histoire d’être
en plus malade, barbouillé, fatigué, secoué. Olala ! Si c’est ça le Mini…
Pas d’option possible
Ce vendredi matin, alors que la flotte est désormais sortie totalement de l’archipel des
Açores et fonce à six nœuds en route directe vers le cap Finisterre, la hiérarchie
commence à prendre forme : ceux qui ont pris l’option de virer de bord précocement
entre les îles ont pris le commandement : Xavier Haize (Carben Composites) chez les
protototypes, Thomas Bonnier (architecture élémentaire) pour les voiliers de série. Mais
chacun d’entre eux à dans son tableau arrière un pack compact de quatre à sept Minis.
S’y retrouvent Andraz Mihelin (Adria Mobil Too), Peter Laureyssens (Ecover), Adrien
Hardy (Brossard) Jérôme Koch (Meteor), Isabelle Joschke (Degrémont) David Sineau
(Bretagne Lapins) et François Salabert (Aréas Assurances) côté prototypes ; Vincent
Barnaud (STGR.fr), Thibault Reinhart (Les blouses roses-Colas), Bertrand Castelnérac
(Alan France), Hervé Piveteau (Jules) chez les voiliers de série. Ces deux groupes ont
déjà lâché le peloton de plus de douze milles, voire vingt-cinq milles…
Car tout le monde fait route directe vers l’Espagne dans un flux de Nord d’une douzaine
de nœuds qui impose un bord obligatoire, bâbord amure au débridé. Les décalages en
latitude constatés après la sortie des Açores, se sont lissés : la flotte est désormais
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18/08/2006
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regroupée sur un même axe à l’exception de deux solitaires qui semblent viser…
l’Islande ! L’Espagnol Gerard Marin (Escar l’escala-CN Llanca) et l’Allemand Dominik
Zurrer (Ubik 245) partent plein Nord, c'est-à-dire vers le centre de l’anticyclone des
Açores…
Car les hautes pressions sont en train de se recadrer sur l’archipel, et il faut absolument
s’échapper par l’Est pour ne pas se faire engluer ! Cela ne semble pas interpeller les deux
solitaires… pour l’instant. Tous les autres savent qu’il faut avancer le plus vite possible
pour échapper aux calmes qui arrivent par derrière. Pour l’instant la vie est belle, même
si le ciel est toujours couvert : la brise de secteur Nord commence à devenir plus stable,
la mer devient moins pavée de mauvaises intentions, le baromètre remonte très
lentement, la radio VHF permet de causer du temps qu’il fera et du temps qu’on mettra,
et le poste BLU crachote ses informations lapidaires : météo et classement. La routine
quoi ! Allez, un petit café, une barre de céréale, un Lyophal… et en avant pour quatorze
heures à la barre.
DBo.
vendredi 18 août 2006
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