Tête-à- tête avec ma poupée

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Tête-à- tête avec ma poupée
102 | MM13, 29.3.2016 | AU QUOTIDIEN
O
Le saviez-vous?
Soigner
avec le LSD
On est en passe d’aller rechercher le LSD et autres
drogues hallucinogènes
(champignons, mescaline,
peyotl) et de les remettre
dans l’armoire à pharmacie. Pour soigner une petite déprime saisonnière?
Pas loin.
Forts d’une étude sur
130 000 Américains, les
chercheurs norvégiens
Teri S. Krebs et Paal-Oerjan Johansen affirment
que ces drogues hallucinogènes ne sont ni
toxiques ni additives et
que leur usage n’a pas d’effets négatifs sur la santé.
Bien au contraire!
Paal-Oerjan Johansen
préconise le LSD pour lutter contre l’alcoolisme!
D’ailleurs, le LSD a déjà
été utilisé avec succès
dans le traitement de la
douleur, de l’anxiété et de
la dépression des patients
cancéreux en fin de vie.
Tandis que le psilocybe
des champignons magiques – «Mangez-moi,
mangez-moi, mangez-moi» – est testé
contre la dépression.
S’étonner, c’est oublier
que le LSD a été synthétisé pour la première fois
en 1938 par deux
chimistes suisses, Arthur
Stoll et Albert Hofmann,
qui travaillaient sur l’utilisation thérapeutique de
l’ergot de seigle dont le
LSD est dérivé. Ils le destinaient au traitement des
troubles mentaux: le LSD
a été expérimenté en milieu psychiatrique, utilisé
contre la toxicomanie au
Canada dans les années
1950, testé en Suisse à la
fin des années 1980 dans
les troubles du comportement alimentaire et les
états dépressifs. Alors
même que sa stupéfiante
sortie dans la rue et les
concerts de rock signait sa
condamnation publique
dès 1971. Isabelle Kottelat
Education
Tête-àtête
avec ma
­poupée
A l’instar de l’ami imaginaire, doudous et
nounours sont fréquemment des interlocuteurs
privilégiés pour l’enfant, qui leur confie ses
secrets, ses préoccupations ou encore revit
avec eux des épisodes de son quotidien.
Texte: Tania Araman
C
onfier ses soucis à ses
poupées? Au Guatemala, la pratique s’élève au
rang de tradition, inspirée d’une bien jolie légende.
Celle de la princesse maya Ixmucane, qui reçut du Dieu Soleil la
faculté de résoudre miraculeusement les problèmes de ses sujets. Aujourd’hui, c’est à de minuscules figurines, héritières de
ce don, que les enfants du pays
peuvent faire part de leurs tracas
avant de s’endormir. Avec la certitude qu’au matin ces derniers
se seront envolés…
Si l’habitude n’est pas autant
ancrée dans nos contrées, il n’est
toutefois pas rare que nos têtes
blondes, brunes ou rousses choisissent pour confident leur animal en peluche, leur doudou ou
leur poupée. «Ma fille entame
parfois une longue conversation
avec son lapin avant de s’endormir, témoigne une maman sur
internet. Il est devenu pour elle
un compagnon rassurant.»
Directrice de l’Association
pour l’éducation familiale de
Fribourg, Cristina Tattarletti
confirme l’utilité non négligeable de ces amis de plastique
ou de chiffon dans la vie des enfants. «Ils peuvent tout leur raconter: leurs journées mouvementées, leurs joies, leurs
peines. C’est une façon pour eux
d’apprendre à gérer leurs émotions, mais également de développer leur langage. Il est donc
important de laisser cette intimité se développer.»
Quant aux parents, ils ne devraient pas se sentir lésés de voir
leurs bambins leur préférer un
Compagnon rassurant,
le jouet préféré de l’enfant
devient le réceptacle
de ses émotions et
de ses préoccupations.
nounours dans le rôle du confident privilégié. «Plutôt qu’un
concurrent, il serait judicieux
pour eux de le considérer
comme un allié. Ou comme un
médiateur qui leur permettrait
d’entrer en relation avec leur enfant.» Les forums de discussion
consacrés à cette thématique
montrent d’ailleurs que certains
pères et mères ont bien intégré
cette tactique: «C’est fou
comme il est parfois utile d’interroger le doudou quand ma
fille semble avoir un souci»,
assure une maman. Une autre
raconte qu’elle questionne fréquemment le compagnon en
peluche de son fils, lui-même
très discret, sur le déroulement
de ses journées à l’école.
«Le doudou ou la poupée devient ainsi un personnage à part
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La minute bricolage
Fabriquez
vos poupées
sans souci
En espagnol, on appelle «quitapenas» (lit-
téralement, sans tracas)
ces minuscules figurines
à qui l’on raconte ses
peines avant de s’endormir, et que l’on range
dans une boîte ou un
petit sac en tissu à placer sous l’oreiller. Pourquoi ne pas adopter
Il existe d’innombrables
modèles de poupées.
cette jolie tradition, soit
en commandant ces
poupées sur internet
(par exemple, sur le site
d’Helvetas), soit, encore
mieux, en les fabriquant
vous-mêmes.
Pour composer le
corps: brindilles, bâtons
Photo: Getty Images.
entière, estime Cristina Tattarletti. Et selon la place que les
parents lui accordent, il peut en
effet servir de support pour
sonder leur petit sur ses états
d’âme.» Une sorte d’ami imaginaire, alors? «Plutôt un précurseur de ce dernier, qui s’avère
un peu trop abstrait pour les
enfants de moins de 6 ou 7 ans.»
Attention toutefois, met en
garde la pédagogue, à ne pas
recourir systématiquement au
doudou pour savoir ce qu’il se
passe dans la tête de son petit:
«Il ne faut pas que cela devienne un médicament.»
Mieux comprendre le quotidien
Au-delà de ces fonctions de
confident et de médiateur, nounours et Barbies servent parfois
également à recréer des scènes
de la vie de l’enfant. «Suite à un
voyage en train de Genève à
Marseille, notre fille Anouk,
3 ans, a rejoué une trentaine de
fois l’épisode avec ses peluches,
s’amusent Joëlle et Lucien. Cela
lui arrive souvent de répéter
ainsi des événements qu’elle a
vécus.»
Explications de Cristina Tattarletti: «De telles activités permettent non seulement à l’enfant de mieux comprendre son
quotidien, mais aussi de devenir acteur d’une situation qu’il a
peut-être subie.» A classer dans
cette même catégorie des jeux
symboliques, du «faire comme
si», le pouponnage dans lequel
s’engagent certains petits auprès de leur doudou, lui parlant
comme à un bébé, le couchant,
le changeant, lui donnant à
manger. «Ce genre de comportement survient souvent
après la naissance d’un cadet.
Le grand frère ou la grande
sœur reproduit les gestes de ses
parents avec le nouveau-né. Il
fait ainsi l’apprentissage de son
nouveau rôle d’aîné.»
Bref, que ce soit pour lui
confier ses secrets, revivre avec
lui les aventures du quotidien
ou même pourquoi pas le gronder, le doudou ou la poupée sera
le réceptacle de bien des attentions! Il pourra même faire
office d’auditoire attentif: ainsi
Alexis, 4 ans, raconte régulièrement des histoires à son éléphant Kipu. Enfin, une seule
histoire, toujours la même,
mettant en scène un loup. Et si
l’on en croit son propriétaire,
Kipu n’a jamais peur… MM
de glace, carton ou tige
cure-pipe, à vous de
choisir. Il s’agira simplement de former une
croix, pour symboliser la
tête, les bras et les
jambes. Ensuite, vous
pourrez réaliser des habits miniatures à l’aide
de morceaux de tissus,
ou enrouler méthodiquement de la grosse
laine colorée autour du
corps de votre poupée.
Ne vous restera plus
qu’à lui dessiner un visage et à tricoter ou
coudre un petit sachet,
et le tour sera joué.
A noter que selon la
tradition, les quitape-
nas sont au nombre de
six. De quoi décliner à
l’envi les techniques
pour les réaliser. Internet regorge de conseils
pour vous y aider.