Le combat non-violent pour la défense du Larzac
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Le combat non-violent pour la défense du Larzac
Le combat non-violent pour la défense du Larzac Étienne Godinot - 05.12.2013 Pourquoi ce diaporama ? Ce diaporama figure parmi les autres diaporamas consacrés à la stratégie de l’action non-violente parce que la lutte nonviolente du Larzac est exemplaire à plusieurs titres : - par ses enjeux (la militarisation des terres ou l’agriculture, la raison d’État ou le respect des populations locales, la spéculation ou l’intérêt commun, etc.) - par sa durée (plus de 10 ans de luttes) - par la variété des moyens d’action utilisés : ■ manifestations, rassemblements, marche Millau-La Cavalerie, ■ montée en tracteurs sur Paris, puis marche à pied sur Paris, moutons à Paris ou au tribunal, camping sur le Champ de Mars, ■ concerts, journal, radio, site Internet, portes ouvertes, référendums, jumelages de villages du plateau avec des villes, ■ obstructions, jeûnes, plantation d’arbres, adduction d’eau, Pourquoi ce diaporama ? bataille juridique (création de GFA, recours), ■ désobéissance civile (occupation de fermes et culture des terres achetées pour l’armée, renvois de livrets militaires, redistribution de l’impôt, "emprunt" de documents dans l’antenne Génie-Domaines du camp à La Cavalerie) ■ - par l’originalité des modes de gestion foncière collective inventés pendant la lutte et au-delà (GFA, SCTL) - par la poursuite de l’engagement des paysans et de leurs amis, après 1981, dans les luttes écologiques et altermondialistes Précisions Ces informations sont tirées, pour l’essentiel, du livre de Pierre-Marie Terral Larzac. De la lutte paysanne à l’altermondialisme, Toulouse, éd. Privat, 2011, 460 pages. _____________ Les images présentées dans ces diaporamas nous ont été fournies par des sources diverses. Ne pouvant nous assurer qu’elles ne sont pas soumises au régime des droits d’auteur, nous prions leurs ayants-droit éventuels de nous préciser s’ils souhaitent que nous les retirions. Les premières décennies du camp militaire du Larzac - 1902 : Création du camp militaire sur 3 050 hectares situés au Nord du plateau du Larzac. - 1938 : Regroupement de réfugiés espagnols à la suite de la guerre civile en Espagne. - 1959 : 5 000 Algériens sont assignés à résidence dans le camp pendant la guerre d’Algérie. Jeûne à La Cavalerie à l’initiative de Joseph Pyronnet, leader de L’Action Civique NonViolente, mouvement créé par des Compagnons de l’Arche de Lanza del Vasto pour protester contre l’internement de suspects algériens, la guerre, la torture et les atteintes aux libertés. - 1962 : À la fin de la guerre d’Algérie, regroupement de 12 000 harkis dans le camp. Spéculation foncière ? - 1966 : Christian de la Malène, député UDR de Paris, proche de Michel Debré, achète sur le plateau du Larzac un domaine de 270 hectares. 179 ha seront inclus en 1970 dans le périmètre d’extension du camp. - Octobre 1970 : Congrès de l’UDR (Union pour la Défense de la République, parti de droite) en présence d’André Fanton, secrétaire d’État à la Défense nationale sous la présidence de Georges Pompidou. André Fanton confirme à Pierre Laur, industriel du roquefort et à Guy Tarlier, agriculteur sur la plateau, qu’un projet d’agrandissement du camp militaire est en cours. Les deux hommes parviennent à se procurer les plans de l’agrandissement. Le député de la circonscription, Louis-Alexis Delmas (UDR), ancien chargé de mission au cabinet du Premier Ministre Michel Debré de 1959 à 1963, est un des initiateurs du projet. Photos : Louis-Alexis Delmas (1911-1973) et André Fanton (né en 1928) Un enjeu politique - Fin 1970 : À l’initiative de Guy Tarlier, une brochure, Quelques paysans du Larzac, montre la vitalité de l’agriculture sur le plateau - 21 janvier 1971 : création de l’Association de sauvegarde du Larzac et de son environnement. Henri Ramade, instituteur en retraite, en est élu président. - 26 février 1971 : Envahissement de la cour de la souspréfecture de Millau et accrochage avec le député Delmas à la permanence de l’UDR. - Mars 1971 : La liste d’union de la gauche à Millau fait du Larzac un de ses chevaux de bataille aux élections municipales Les premières actions - 9 mai 1971 : À l’initiative de Robert Siméon, membre du MDPL (Mouvement pour le Désarmement, la Paix et la Liberté), plusieurs centaines de personnes, principalement des militants de gauche, marchent de Millau à La Cavalerie (village au milieu du plateau). - 23 septembre 1971 : Du fumier et des pierres sont déversés devant le domicile du maire de La Cavalerie, partisan de l’extension du camp. - 28 octobre 1971 : Les informations télévisées régionales annoncent la décision de Michel Debré, ministre de la Défense nationale, d’étendre le camp militaire et de porter sa surface à 17 000 hectares. Photo : Michel Debré (1912-1996) Église, FDSEA et Conseil Général s’en mêlent - 5 novembre 1971 : À l’initiative de Pierre Laur, publication dans le quotidien Le Monde d’un appel sur une page complète : "Aideznous à sauver le Sud-Aveyron !" - Au terme d’une réunion entre curés du Millavois et l’évêque de Rodez, le P. Jean Ménard, un communiqué et rédigé et lu aux paroissiens, qui conteste le projet d’extension. Le successeur du Père Ménard en juin 1973, le P. Roger Bourrat, soutiendra également les paysans. - 6 novembre 1971 : À l’appel de la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d’exploitants Agricoles) et de l’Association de sauvegarde, 6 000 personnes manifestent sur la place centrale du Mandarous à Millau contre le projet d’extension. - 6 décembre 1971 : Le Conseil général de l’Aveyron, présidé par le docteur Raymond Bonnefous, centriste, vote à l’unanimité une motion demandant le report de la décision ministérielle. Les premiers comités Larzac 7 janvier 1972 : Michel Debré rejette la motion du Conseil général de l’Aveyron : « Le principe même de l’extension ne peut pas faire l’objet d’une concertation. (…) La décision d’extension du camp est définitive ». Aussitôt, l’Association de sauvegarde lance une pétition nationale. Création des premiers Comités Larzac à travers la France. Début février 1972 : À l’invitation de Chrétiens en Monde Rural (CMR), conférence à Millau de Jean Toulat, prêtre catholique, journaliste et écrivain qui promeut le désarmement nucléaire et la stratégie non-violente. Mars 1972 : Le bal des officiers à La Cavalerie est interrompu par l’étrange irruption d’un essaim d’abeilles. Photo : Jean Toulat (1915-1994) La tension monte… - 20 et 21 mars 1972 : les cocktails Molotov sont lancés contre la préfecture de Rodez, provoquant un début d’incendie. - À l’occasion du conseil régional de l’UDR, Alexandre Sanguinetti, député de Toulouse-Nord, président de la commission de la Défense nationale, déclare qu’au Larzac « au besoin, les expulsions se feront par la force ». - Le Groupement local et régional pour le camp du Larzac, favorable à l’extension et basé à La Cavalerie, publie la brochure Le Larzac en question. Photo : Alexandre Sanguinetti (1913-1980) Le serment des 103 paysans - 19 mars 1972 : Lanza del Vasto, disciple de Gandhi, commence un jeûne de deux semaines à La Cavalerie. Les évêques de Rodez et Montpellier se joignent au jeûne durant une journée et célèbrent une messe à La Cavalerie. - 28 mars 1972, au terme de ce jeûne : Serment de 103 paysans (sur les 107 concernés) qui s’engagent à ne jamais vendre leurs terres à l’armée et à s’opposer à l’extension du camp par des formes d’action non-violente incluant la désobéissance civile. - 1er au 3 avril : opération "Fermes ouvertes", au grand retentissement médiatique. 1972 : grande manifestation à Rodez - 17 mai 1972 : Un rapport secret du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE) croit pouvoir mettre en évidence de liens entre "des groupes présents sur le causse" et le gouvernement cubain, par l’intermédiaire de l’ambassade de Cuba… - 14 juillet 1972 : Première grande manifestation à Rodez ressemblant 20 000 personnes. Le discours remarqué de Robert Gastal, paysan du Larzac, se termine par la phrase « S’il le faut, nous monterons jusqu’à Paris le 11 novembre avec nos tracteurs » - 29 juillet : 3 000 personnes viennent écouter à la ferme des Baumes Georges Moustaki et Paco Ibanez, ainsi que le bien nommé Jackie Mouton. Photo du bas : Robert Gastal en 2011 Les moutons sur le Champ de Mars - Automne 1972 : début de l’opération de refus-redistribution de l’impôt, initiée par la Communauté de recherche et d’action non-violente d’Orléans. - 16 octobre 1972 : 2 000 brebis sont lâchées sur la place centrale de La Cavalerie en guise de protestation contre l’ouverture de l’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique. - 25 octobre 1972 : 60 brebis du Causse, peinturlurées du slogan "Nous sauverons le Larzac", sont lâchées sur le Champ de Mars aux pieds de la Tour Eiffel. Grand écho médiatique, notamment dans l’hebdomadaire Paris-Match. 103 arbres sont plantés - 28 octobre 1972 : 103 arbres sont plantés en bordure de la route nationale 9, avec l’aide de paysans du plateau et d’agriculteurs s’opposant à l’extension du camp de Fontevraud, près de Saumur. Un rocher est scellé dans le sol avec l’inscription "Un arbre, c’est la vie". - 10 novembre 1972 : Publication du rapport "Procès verbal et conclusions de la commission d’enquête" pleinement favorable à l’agrandissement du camp. - 26 décembre : Le préfet Georges Badault signe le décret déclarant l’extension du camp d’utilité publique. Le président du Conseil général d’Aveyron en est informé par la presse… Les tracteurs montent sur Paris - 7 au 13 janvier 1973 : 25 tracteurs du Larzac montent sur Paris en 6 étapes : Rodez, Saint Flour, ClermontFerrand, Nevers et Orléans. Des bons-kilomètrestracteurs de 5 francs sont vendus pour soutenir l’action. L’humour est de la partie sur les pancartes : "Faites labour, pas la guerre", "Debré ou de force, nous garderons le Larzac", "Il existe des traitements contre les chenilles", etc. - Janvier 1973 : Création de l’Association pour la Promotion de l’Agriculture sur le Larzac (APAL) destinée à recueillir et gérer l’argent issu de l’opération refus-redistribution de l’impôt. Elle a son siège à la ferme de l’Hospital du Larzac, et deviendra en 1981 l’Association Pour l’Aménagement du Larzac, en conservant son sigle APAL. Actions de désobéissance civile - Avril 1973 : 60 paysans renvoient leur livret militaire au ministre de la Défense en signe de protestation contre le projet d’extension du camp. - 15 mai 1973 : À l’initiative de l’actrice d’origine apache Petite Plume, des Indiens d’Amérique du Nord viennent sur le plateau pour soutenir les paysans et affirmer leur lien sacralisé à la terre. - 10 juin 1973 : 3 000 personnes assistent à la pose de la première pierre de la bergerie illégale de la Blaquière, hameau situé en plein cœur de la zone d’extension du camp militaire. Récital sur place avec Mouloudji et Graeme Allwright le 28 juillet. Robert Pirault, franciscain venu de la Communauté non-violente d’Orléans, dirigera les travaux. Plusieurs centaines de bénévoles participeront au chantier pendant plus de 2 ans. Photos : Bergerie de la Blaquière en construction, et achevée Août 1973 : premier grand rassemblement sur le plateau • - 25 et 26 août 1973 : À l’appel de Bernard Lambert, porte-parole de Paysans Travailleurs (la future Confédération Paysanne), 60 000 personnes participent au premier rassemblement sur le Larzac au lieu dit Rajal del Guorp ("rocher du corbeau"). 200 salariés ou proches de l’entreprise d’horlogerie Lip à Besançon-Palente sont présents et vendent sur un stand les montres qu’ils ont confisquées comme "trésor de guerre" ou fabriquées dans un cadre "autogestionnaire". - 4 octobre 1973 : Ouverture d’une école au Nord du plateau du Larzac avec 30 élèves. Jusqu’ici, ils étaient scolarisés à La Cavalerie ou à Millau. - 18 octobre 1973 : les paysans délèguent Léon Maillé au procès à Paris du pasteur René Cruse, accusé de provocation à l’insoumission. Création d’un GFA - 6 décembre 1973 : Création du premier Groupement Foncier Agricole (GFA) en vue d’acheter les terres disponibles. Il s’agit de compliquer l’achat des terres par l’État pour l’armée par une guerre juridique d’usure, en multipliant le nombre de propriétaires que l’administration doit attraire devant le juge. Les parts de GFA sont achetées par des paysans et par des militants opposés à l’extension du camp. De 1973 à 1981, 3 500 militants souscriront 6 180 parts de GFA. La résistance aux expropriations prend parfois des tournures de course contre la montre. Lors d’une instance d’appel, les autorités font transporter les dossiers à la Cour par hélicoptère militaire… En 2011, 1 200 hectares de terres sont gérés par les GFA sur le Larzac. L’engagement de François Mitterrand - 29 avril 1974 : Pendant la campagne électorale des élections présidentielle, le candidat socialiste François Mitterrand « trouve inopportune l’annexion de 14 000 hectares sur le Larzac pour compléter un camp militaire. (…) Si c’était une nécessité militaire adaptée à la protection de la patrie, j’accepterais ce sacrifice à la fois de la beauté naturelle et de l’exploitation agricole, mais tel n’est pas le cas. » - 12 juin 1974 : Une délégation du journal satirique Le Canard Enchaîné inaugure sa parcelle de GFA et sa "mare aux canards". Août 1974 : 2ème grande manifestation sur le plateau - 17 et 18 août 1974 : 100 000 personnes participent à la "Moisson pour le tiers-monde" au Rajal del Guorp, sur le thème Le blé fait vivre, les armes font mourir . François Mitterrand, présent pendant deux heures, reçoit des pierres lancées par des militants d’extrême gauche. Il est protégé notamment par Guy Tarlier, Jean-Marie Burguière, et José Bové. La récolte d’un champ de blé contribue au financement d’un projet de retenue d’eau en Haute-Volta, où se rendront, en décembre, Philippe Fauchot et Raymond Laval. La manifestation se termine par le labour d’une parcelle récemment acquise par l’armée. - Pionnière des radios libres, Radio Larzac émet ponctuellement à partir de cette date, sur Millau, dans l’illégalité. Occupation de fermes - Automne 1974 : Occupation militante des fermes achetées par l’armée à Montredon, Cavaliès, etc.. Des soldats sont parachutés sur les propriétés de la Boissière, des Aussédats et du Devez-Nouvel. Des avions de chasse volent en rase-mottes au dessus des troupeaux. - 4 octobre 1974 : Un groupe de la communauté de l’Arche de Lanza del Vasto occupe la ferme abandonnée des Truels dans le périmètre d’extension du camp. Un de ses membres, Roger Moreau, sera secrétaire des 103. - 22 décembre 1974 : Création d’une coordination nationale des Comités Larzac, établie à Millau. - 1974 : Parution du livre des journalistes Yves Hardy et Emmanuel Gabey, Dossier L comme Larzac. Photo : la ferme des Truels Un attentat contre la maison d’un paysan - Nuit du 9 au 10 mars 1975 : une explosion souffle partiellement la maison de la famille d’Auguste Guiraud pour laquelle est construite la bergerie illégale de la Blaquière. Les Guiraud, leurs 7 enfants et le berger sont fortement choqués, mais indemnes. En réponse à cet attentat, une opération "ville morte" réunit 3 000 personnes à Millau - 15 mars 1975 : Journée nationale de défense du Larzac organisée en réaction à l’attentat à la bombe contre la maison Guiraud. À Paris, 10 000 personnes défilent avec un masque de mouton en guise de protestation. - Mai 1975 : Des intellectuels et des artistes créent l’association Larzac Université, implantée dans le hameau de Montredon. Elle se donne pour objectif de favoriser les échanges de savoirs. - Photo du milieu : Auguste Guiraud - Photo du bas : Le local de Larzac Université La Larzac, symbole de la résistance - Juin 1975 : Les paysans et les Comités Larzac lancent un mensuel d’information animé et rédigé par des habitants du plateau, Gardarem lo Larzac (en occitan, "Nous garderons le Larzac"). Le journal aura jusqu’à 4 000 abonnés et deviendra bimestriel après 1981. Les abonnements baisseront à 1 500 abonnés dix ans plus tard, et à 800 abonnés 5 ans après. - 19 juin 1975 : le nouveau préfet de l’Aveyron, Julien Vincent, peu après sa prise de fonction, reçoit une délégation de Larzaciens, ce qui lui vaut de la part de la presse le surnom de « préfet du dégel - Été 1975 : Les Comités Larzac appellent à la convergence de luttes diverses : extension de terrains militaires à Chateaulin et Fontevraud, centrales nucléaires à Port-la-Nouvelle et Braud-StLouis, centre de rétention d’Arenc à Marseille, station de ski aux Bouillouses, etc. Le Larzac devient le symbole de la résistance contre les projets les plus contestables du pouvoir économique et politique. La création du centre de formation du Cun du Larzac - Août 1975 : Des comédiens de La Cartoucherie de Vincennes et des militants créent une pièce de théâtre, Des moutons, pas de dragons. La lutte donnera aussi lieu à de nombreuses créations : livres, bandes dessinées, chansons, affiches, poèmes. - Septembre 1975 : La fermes de Homs est investie par des militants. - 4 octobre 1975 : 5 objecteurs de conscience squattent une ferme acquise par les Domaines pour l’armée, sur la commune de La Blaquèrerie, au lieu dit le Cun, dans le sud du périmètre d’extension du camp militaire. Ils veulent en faire un centre de rencontres, de recherches et de formation sur la non-violence et la défense non-violente (en occitan, le cun est le coin de métal que l’on frappe avec une masse pour fendre le bois). Le Cun du Larzac Après l’expulsion des militants de la ferme par l’armée en octobre 1976, le centre de formation du Cun s’installe en janvier 1977 dans une maison à la Blaquèrerie, puis en août 1977 sur un terrain acheté aux GFA du Larzac sur la route de St Sauveur. En septembre 1977 est créée la Société Civile du Cun pour collecter les fonds nécessaires au financement des travaux de construction du centre d’accueil. L’arrêt des travaux est ordonné par la Justice en décembre 1977 pour défaut de permis de construire. Une maison en bottes de pailles est construite en septembre 1979. Le chantier de construction en dur du nouveau centre du Cun est repris en mars 1981 et continuera tout l’été. Le permis de construire est obtenu au printemps 1982. Une 2ème tranche de travaux est mise en chantier à l’automne 1983. Le Cun du Larzac, un lieu de de formation, de rencontres, d’expérimentation et de solidarité Le centre de rencontres et de formation du Cun du Larzac fonctionnera jusqu’en 2001 sous l’autorité de Hervé Ott. Il deviendra - le lieu de réunion des paysans du Larzac, - un lieu de formation (action non-violente, syndicalisme, écologie, théâtre, aïkido, médiation, etc.) - un lieu d’expérimentation écologique (constructions en paille, toilettes sèches, récupération des eaux de pluie, éolienne), - et un pôle de solidarité internationale (avec les Kanaks de Nouvelle Calédonie, les Palestiniens, les démocrates d’Europe de l’Est, d’Amérique du Sud, d’Afrique, etc.). Des rencontres et forums nombreux seront organisés par le Cun : Forum du MAN (été 1976), rencontre Vie Nouvelle (été 1978), "Paix, liberté, droits des peuples" (été 1985), "La non-violence dans les luttes pour les droits de l’homme" (nov. 1989) , "Assises de l’objection de conscience" (mai 1991), ../.. Le Cun du Larzac, International Consciencious Objectors Meeting (juillet 1992), "Rencontre des mouvements non-violents" (juillet 1993), "Agricultures paysannes et modernité" (sept. 1993), "Résister et construire aujourd’hui" (été 1995), "Médiation citoyenne " (été 1999), etc. Après 2001, les bâtiments et le terrain seront loués à des associations locales. En juin 2012 est inauguré l’éco-camping du Cun du Larzac ouvert par l’association Champs du monde. Une petite extension du camp ? - 26 novembre 1975 : les paysans réitèrent leur serment du 28 mars 1972. Ce serment est publié dans le journal Gardarem lo Larzac. - 22 décembre 1975 : le nouveau préfet de l’Aveyron, Julien Vincent, déclare qu’il n’est plus question de prendre l’arrêté de cessibilité et que la contrainte est levée". - 1975 : Parution du livre de Michel Le Bris Les Fous du Larzac - 5 mars 1976 : Rejet par le Conseil d’État du recours contre le décret déclarant l’extension du camp d’utilité publique. - 11 mai 1976 : Par vote à bulletin secret, la majorité des agriculteurs se dit favorable à un dialogue avec le pouvoir quant à une petite extension du camp, mais, disent-ils, "aucun paysan ne doit être chassé". Les autorités garantissent qu’elles ne poursuivront pas leurs achats durant les négociations. Une action "musclée" réprimée - 28 juin 1976 : Pour dénoncer la spéculation foncière et les achats de terre à l’amiable par l’armée pendant une période de concertation, 22 habitants du Larzac pénètrent dans l’antenne "Génie Domaines" du camp militaire. Ils se saisissent des documents compromettants et détruisent les actes de ventes passés entre l’État et les propriétaires terriens. Ils sont arrêtés par un bataillon de gardes mobiles. Les documents enlevés établissent que les Domaines achètent en secret pendant la phase de concertation pour une mini-extension. - 2 juillet 1976 : À Millau, 17 des 22 prévenus, dont des femmes, inculpés dans le cadre de la loi "anti-casseurs", sont condamnés 2 à 3 semaines de prison ferme. Les peines les plus lourdes sont infligées aux non-agriculteurs. Le lendemain, une ordonnance remet en liberté 7 agriculteurs afin qu’ils puissent moissonner. Photo : Guy et Marisette Tarlier au Tribunal Corerectionnel Occupation de fermes, mise en culture - 17 juillet 1976 : la ferme de Cap-d’Ase est détruite par l’armée, soucieuse d’éviter une nouvelle intervention de squatters. Une semaine plus tard, le 25 juillet, 2 000 manifestants vont constater l’état des bâtiments et moissonnent les terres du camp militaire à Montredon. - 2 octobre 1976 : 2 bergers, Christian Roqueirol et François Giacobbi, investissent la ferme de Cavaliès avec 40 brebis. Ils sont expulsés par les gardes mobiles le 5 octobre. Alors que l’armée occupe la bâtisse, les squatters investissent les terres qui la jouxtent, propriété de la SAFALT. Avec l’aide des paysans, ils ensemencent 10 hectares de terres militaires, construisent une habitation et une bergerie en bois. - 22 octobre 1976 : création du GFA Larzac II. Expulsions, réactions… - 24 octobre 1976 : expulsion par l’armée des militants installés dans les fermes squattées de la Salvetat, le Tournet, et du Cun. Le même jour, l’armée affirme sa présence dans la région en organisant un défilé militaire à Millau, ce qui ne s’était pas produit depuis de longues années. La parade est perturbée par les paysans et militants du Larzac qui la détournent sur les trottoirs. - Novembre 1976 : Pendant une manœuvre militaire dans le camp, un obus frappe le presbytère de La Cavalerie. - 19 décembre 1976 : Pour réagir aux empiètements de l’armée sur les terres non encore occupées par elle, les paysans interrompent un exercice de tir hors du camp en plaçant des véhicules devant les canons. Quelques mois plus tard, ils retirent les balises installées par les militaires à l’extérieur du camp pour les exercices de tir et les entassent devant l’entrée du camp. Août 1977 : 3ème grand rassemblement sur le plateau - 18 mai 1977 : Le Conseil municipal de Millau, mené par le nouveau maire radical de gauche Manuel Diaz, se prononce contre l’extension du camp militaire. - 13 et 14 août 1977 : Troisième grand rassemblement au Rajal del Guorp sur le thème Vivre et travailler au pays, symbolisé sur les affiches par un sabot de bois s’enracinant dans la terre du causse. Une colonne de 90 tracteurs suivie de 70 000 manifestants pénètre symboliquement dans le camp militaire. Le cortège se dirige vers la ferme des Agastous pour dénoncer son récent dynamitage par l’armée. La présence de Lanza del Vasto, du général de Bollardière et de Jean-Marie Muller vient confirmer le caractère non-violent de l’action. Après la manifestation contre le surrégénérateur de CreysMalville en juillet, l’écologie politique se structure peu à peu : Plogoff, Golfech et le Larzac en dessinent les premiers contours. Expulsions, procès… - 12 octobre 1977 : expulsion par les gardes mobiles des squatters de la ferme du Pinel. Cette ferme devient le 5ème "fortin" de l’armée, après Cavaliès, le Tournet, la Salvetat et le Cun. - 20 octobre : le nouveau préfet de l’Aveyron, Paul Bernard, prolonge de 5 ans l’arrêté d’utilité publique arrivant à son terme. - 21 octobre 1977 : Procès à Millau de trois objecteurs et d’un "renvoyeur" de livret militaire. Le juge refusant d’entendre le général de Bollardière, 30 brebis envahissent la salle d’audience. - 30 octobre 1977 : les paysans inaugurent la bergerie jouxtant les bâtiments de Cavaliès occupés par l’armée. Le 17 décembre, ils labourent 20 hectares de terre sur la ferme du Pinel. - Février 1978 : Création du GFA Larzac III Portes ouvertes, moissons et labours, jeûne… - 18 juin 1978 : Deuxième journée "Larzac ouvert" : portes ouvertes dans les fermes des exploitants en lutte. - 26 août 1978 : Environ 100 personnes participent à la moisson de 5 hectares labourés et ensemencés illégalement en avril à la ferme du Pinel, propriété achetée par l’armée. - 29 septembre 1978 : le préfet Paul Bernard annonce la prise d’arrêtés de cessibilité pour les communes de La Cavalerie et La Roque-Sainte-Marguerite. 12 paysans et une femme commencent un jeûne de 5 jours dans la cathédrale de Rodez. Ils sont soutenus par l’évêque, le Père Roger Bourrat. - 8 octobre 1978 : 151 tracteurs et 5 000 sympathisants participent aux labours des terres au Pinel, au Tournet et à Montredon, afin d’affirmer leur vocation agricole. Une journée nationale d’action - 28 octobre 1978 : Journée nationale de soutien au Larzac. Manifestations dans une centaine de villes à l’appel des paysans et des Comités Larzac. 45 jeûnes sont organisés en signe de protestation. Le jeûne à Paris de 4 paysans accompagnés de Lanza del Vasto, Jacques de Bollardière, Jean-Marie Muller, Jean Toulat et Jean Goss reçoit le soutien d’intellectuels (dont Jean-Paul Sartre, André Gluksmann) et d’hommes politiques (dont François Mitterrand et Michel Rocard). 140 étudiants jeûnent à l’École supérieure d’agronomie de Paris. L’amiral Antoine Sanguinetti, l’archevêque de Paris François Marty soutiennent les paysans. - 6 novembre 1978 : le juge de Rodez fait notifier aux propriétaires les ordonnances d’expropriation, signifiant ainsi la fin de la procédure juridique. Fin 1978 : la marche vers Paris - 8 novembre au 2 décembre 1978 : 200 habitants du plateau marchent de la Blaquière vers Paris (710 km en trois semaines, avec 25 villes-étapes). Le Président de la République, Valéry Giscard d’Estaing, déclare en conférence de presse que le problème doit être réglé par les institutions compétentes. Les marcheurs sont rejoints à l’arrivée à Paris par 100 000 personnes qui les accompagnent de la porte d’Ivry à la porte d’Italie. François Mitterrand reçoit 5 paysans au terme de la manifestation. 11 paysans, dont José Bové, sont reçus le 3 décembre par le directeur de cabinet du ministre de la Défense. Revenus de Paris, les agriculteurs sont stupéfaits par la fermeté des déclarations du ministre de la Défense « Le camp de 17 000 hectares se fera ». Référendum local, "ville morte" - 17 février 1979 : Référendum sur le projet d’extension du camp militaire organisés par la mairie de Millau : plus de 88 % des votants (71 % de participation) sont opposés à l’extension du camp. - 6 avril 1979 : journée "ville morte" à Millau en soutien aux paysans, route nationale n°9 coupée, manifestation de 2 000 personnes - 15 mai 1979 : réunion au ministère de la Défense. Une suspension de la procédure d’expropriation est annoncée pour une durée de 2 mois. Malgré cela, la procédure continue le 16 mai par une visite du juge Grenet à l’Hospitalet-du-Larzac. Chantiers, anicroches, jeûne - Été 1979 : chantiers illégaux d’adduction d’eau, de constructions, de restauration de chemins, d’installation de réseaux téléphoniques. Édification d’un centre culturel intercommunal à l’Hospitalet-du-Larzac sur le tracé de l’ancienne voie de chemin de fer que les militaires reconstruisent pour acheminer leurs convois sur le camp. Anicroches entre Larzaciens et parachutistes à la Blaquière. - Octobre 1979 : Les organisations agricoles se voient confirmer que l’intégralité du projet d’extension est maintenue. - 12 au 18 novembre 1979 : À l’occasion de la venue à Rodez de Valéry Giscard d’Estaing, Président de la République, 14 personnes jeûnent 8 jours contre le projet d’extension du camp. - 17 novembre 1979 : Les lettres annonçant la venue sur leurs terres du juge d’expropriation sont expédiées aux propriétaires concernés. Les soucis du juge des expropriations - Décembre 1979 : 300 personnes bloquent la visite du juge des expropriations à la Blaquèrerie, sur la commune de la Couvertoirade. Des manifestations identiques se répètent dans les autres communes concernées. Le juge des expropriations se voit refuser l’accès des 6 communes sur lesquelles il souhaite visiter les terres en question. Une pancarte proclame "Les paysans ne sont pas à vendre !". Les maires ferment leur mairie, obligeant le juge à fixer les rendez-vous en rase campagne. Le 17 décembre, barrages sur les hameaux de Potensac, la Blaquière et St Martin, matraquages et tirs de grenades lacrymogènes par les policiers. Sur 147 propriétaires concernés, trois ont discuté avec le juge. Photo du haut : Sit-in sur la RN 9 Renvois de livrets militaires, jumelages… - Fin 1979 : À Bonneville (Haute-Savoie), procès d’Olivier Vial, coordinateur national de l’opération de renvois de livrets militaires. 1 030 livrets sont remis solennellement à la présidence du Parlement Européen à Strasbourg. Par la suite, près de 3 000 citoyens se joignent au mouvement. - 1980 : La relance par l’État des enquêtes parcellaires nécessaire à la réalisation des expropriations entraîne une mobilisation de tous les acteurs de la lutte : paysans, élus, comités Larzac. De nombreuses manifestations de soutien réconfortent les paysans, comme les jumelages de villes françaises avec des fermes ou hameaux concerné par l’extension du camp (ex. : jumelage Albi - la Blaquière, Nîmes - La Couvertoirade, etc.) Bataille juridique, mobilisation… - 7 mai 1980 : Suite au recours déposé par les avocats des paysans, la Cour de Cassation annule 70 ordonnances d’expropriation, déclarant la procédure irrégulière faute d’une signature du sous-préfet sur les conclusions de la commission d’enquête. - Juin à septembre 1980 : 700 personnes travaillent sur 15 chantiers sur le plateau : réfection de routes et chemins, entretien des réseaux téléphoniques, création de panneaux de signalisation. 25 000 personnes sont accueillies dans 5 lieux d’information. Nouvelle action à Paris… - 20 octobre : Début de l’enquête parcellaire. Les portes de la mairie de La Couvertoirade, laissées closes par le maire, Jacques Dupont, sont enfoncées par les gardes mobiles. Le préfet suspend le maire pour la durée de l’enquête. Le 22 octobre, paysans et conseillers municipaux le restaurent dans ses fonctions et transforment le gîte d’étape communal en "Mairie Larzac" abritant un "registre des nuisances publiques". - 27 novembre 1980 : 74 habitants du Larzac montent en bus à Paris et campent sur les pelouses du Champ de Mars, au pied de la Tour Eiffel. Ils installent un village de tentes avec réfectoire et école. Le village de tentes est évacué par la police 5 jours plus tard, mais les manifestants poursuivent leur action de popularisation sur la Seine à Paris grâce au prêt d’une péniche par la mairie de Conflans-Ste-Honorine, dont le maire est Michel Rocard. Enquête parcellaire, redistribution de l’impôt… - 22 août 1980 : le ministère de la Défense ordonne l’ouverture d’une nouvelle enquête parcellaire. Le préfet en fait paraître l’avis officiel le 29 septembre. - 3 janvier 1891 : Assemblée générale de l’APAL. Le montant du refus de 3 % de l’impôt est passé de 96 916 F en 1976 à 204 931 F en 1980. - 17 février 1981 : Une consultation à bulletin secret des 103 paysans est organisée dans les locaux de la coopérative agricole, rue de Glossop, à Millau. À une large majorité, ils décident de ne pas participer à une réunion prévue au ministère de la Défense le 24 février. La bataille perdue ? - 24 février 1981: Lors de cette réunion à Paris est signé avec les élus de l’Aveyron un accord de règlement global : maintien des activités agricoles, protection du hameau de la Blaquière, respect des équilibres de la vie locale, invitation au règlement de chacune des situations individuelles. Les limites d’un camp porté à 17 000 hectares sont arrêtées. Trois jours plus tard, le Conseil Général de l’Aveyron entérine l’accord par un vote à l’unanimité Juin 1981 : le respect de la promesse de François Mitterrand - 10 mai 1981 : François Mitterrand est élu Président de la République. Explosion de joie des Larzaciens, car la lassitude et la résignation gagnaient insidieusement du terrain et car le front uni des paysans se craquelait de plus en plus. Pour rassurer l’état-major, le nouveau ministre de la Défense, Charles Hernu, laisse entendre qu’il est favorable à l’extension du camp. - 26 mai 1981: le général Jeannou Lacaze, chef d’état-major des armées, met en garde le ministre contre l’abandon du projet, et demande à être reçu le 1er juin. - 3 juin 1981 : suite à l’arbitrage du Président, la nouvelle de l’annulation du projet d’extension du camp militaire est rendue publique à l’issue du Conseil des ministres. Les fermes rendues à la culture - 7 juin 1981: L’armée quitte les fermes qu’elle occupait depuis 1976 (Cavaliès, le Tournet, le Cun, la Salvetat) et 1977 (Le Pinel). 8 juin : confirmation par le préfet aux paysans de l’abandon du projet d’extension. Amertume de l’armée et des commerçants de La Cavalerie, et surtout du groupusculaire Mouvement pour la paix et l’ordre sur le Larzac, dissuadé par le maire, Jean Andrieu, et par les gendarmes de faire une expédition punitive chez les paysans. Photo : - La ferme de La Salvetat "La fin d’une guerre de dix ans" - 17 au 23 août 1981: Rencontres internationales pour la paix sur le plateau, dans la ferme du Pinel. 1 500 à 2 000 personnes participent à ces rencontres, dont une délégation de Japonais résistant au projet d’extension de l’aéroport de Sanrizuka (Tokyo). Fête de la victoire au Rajal del Guorp le 23 août, avec 10 000 personnes. Le 21 août 1981, dans un article du quotidien Libération intitulé La fin d’une guerre de dix ans, on peut lire : « Pour situer l’affaire du Larzac dans l’histoire politique française, on peut rappeler que se sont succédé durant ces 11 ans : 3 présidents de la République, 5 Premiers ministres, 6 ministres de la Défense, 6 préfets de l’Aveyron ». - 21 et 22 novembre : Dissolution symbolique des comités Larzac. Photos : Le Rajal del Guorp - Un représentant japonais de la Ligue contre l'extension de l'aéroport de Narita aux Rencontres internationales pour la paix Régler la question foncière - Hiver 1981-82 : Louis Joinet, magistrat, ancien Président du Syndicat de la Magistrature, proche de Bernard Lambert et conseiller juridique au cabinet du Premier Ministre Pierre Mauroy, est chargé de "désimbroglier" le dossier du Larzac avec pour mission prioritaire de régler au mieux la délicate question foncière. - 11 juillet 1982 : création de l’association Fondation Larzac qui, forte de "l’expérience acquise par les paysans du Larzac au cours de leur lutte de 10 ans", se propose de "soutenir toute initiative de paix" et de "mener une recherche sur les alternatives au modèle dominant de développement", à la fois sur le plateau et dans le Tiers-monde. Elle deviendra en 1999 l’association Larzac Solidarité. Photo du haut : Louis Joinet Le ministère de l’Agriculture prend le relais - 24 juillet 1982 : Inauguration de l’écomusée Maison du Larzac dans la bergerie de La Jasse (rénovée par des travaux financés par le Fonds interministériel de développement et d’aménagement rural (FIDAR) et de l’exposition "Larzac, terre en marche". Le Centre d’initiatives rurales (CIR) prend racine sur les vestiges de Larzac-Université avec la volonté d’agir pour le développement local en proposant animations et formations. - Mai 1983 : la gestion des terres du Larzac (6 400 ha achetés à l’amiable pour l’armée) est transférée du ministère de la Défense à celui de l’Agriculture qui les donne en gestion à une SAFER, la Société d’aménagement foncier Aveyron Lot Tarn (SAFALT) pour une durée de 6 ans. - 6 et 7 août 1983 : Journées internationales pour le gel nucléaire au Rajal del Guorp : 15 000 personnes. Une société civile pour gérer les 6300 ha achetés par l’armée - 29 novembre 1984 : Constitution de la Société Civile des Terres du Larzac (SCTL) suite à une trentaine de réunions entre Louis Joinet, et les représentants des paysans (Guy Tarlier, José Bové, Jean-Jacques de Félice et François Roux). - 29 avril 1985 : l’État confie par bail de 99 ans à la SCTL la gestion des 6 300 hectares achetés pour l’armée. La SCTL s’engage à louer ou à prêter ce patrimoine (terres et bien immobiliers) en garantissant aux bénéficiaires l’usage de ces biens jusqu’à l’âge de leur retraite par des "baux de carrière". Le bail entre l’État et la SCTL doit être renouvelé en 2045. - Septembre 1983 et février 1986 : saccage à 2 reprises de l’écomusée de la Jasse par un commando d’extrême droite nommé Crépuscule. SCTL Solidarité - 19 juin 1988 : Un mois et demi après la tuerie de la grotte d’Ouvéa (Nouvelle Calédonie), une parcelle du Larzac est offerte à la Kanaky comme manifestation des relations étroites nouées depuis 1985 entre ces deux terres. Un arbre est planté par Jean-Marie Tjibaou, Jacqueline Deteix et Kevin Alozio, membres du FLNKS. - 1988 : La SOFRES sonde la mémoire d’un panel de Français en leur proposant une liste d’évènements politiques survenus depuis 20 ans pour connaître ceux qui les avaient les plus marqués. "La marche pacifique du Larzac" arrive à la 15ème place. Des incendies malencontreux - Été 1989 : Exposition à l’écomusée de la Jasse, sur le thème « Les paysans du Larzac en 1789 ». Le maire socialiste de Millau Gérard Deruy confie aux enfants de la commune le soin de planter sur le Larzac 1789 arbres devant former, vus du ciel, le nombre 1989. La mairie publie l’ouvrage Millau, 2000 ans d’histoire qui relate avec force détails l’opposition des paysans et Millavois à l’extension du camp. - 3 juillet 1989 : Incendie causé par les tirs de missiles dans le camp militaire (3 ha brûlés). 2ème incendie le 8 août (120 ha brûlés), manifestation des habitants sur le terrain de tir. Le colonel ordonne l’arrêt des tirs en période sèche. 3ème incendie le 7 septembre, arrêté par les Canadair alors qu’il franchissait les limites du camp militaire. 120 personnes envahissent les casernes à 22 h 30. Réunion à la sous-préfecture de Millau à ce sujet le 29 septembre. 20 ans après le début de la lutte - 15 au 18 août 1991 : Rencontres Larzac 71-91, qui fêtent le 20ème anniversaire du début de la lutte du Larzac. Exposition "Le Larzac s’affiche" synthétisant "l’épopée larzacienne" à partir des créations placardées pendant 20 ans sur les murs de France. Sur les 103 paysans signataires du serment de 1972, 42 sont retraités, 38 en activité, 18 décédés, et 5 sont partis pour des problèmes professionnels ou relationnels. Une relève générationnelle est à l’œuvre sur les terres et dans les structures collectives. - 18 août 1991 : inauguration de la cazelle kanak, magnifique abri en pierre sèche construit sur le terrain de Kanaky, juste derrière le terrain du Cun, en présence de Marie-Claude Tjibaou et d’une délégation de l’Union Calédonienne. Solidarité internationale - 7 mai 1992 : Décès de Guy Tarlier, décrit par le quotidien Le Monde comme "le préfet du Larzac". Ses obsèques donnent lieu à de nombreux hommages jusque chez les Kanaks de Nouvelle-Calédonie. - 4 décembre 1993 : 7 paysans du Larzac pénètrent dans le siège du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade, qui deviendra en 1994 l’OMC, Organisation Mondiale du Commerce) pour protester contre la mondialisation débridée des échanges qui déstructure et ruine l’agriculture vivrière des pays du Sud. - 22 au 29 décembre 1994 : Des habitantes du Larzac, Osla Maillé et Michèle Vincent, participent à une mission civile de paix en Palestine avec d’anciens militants du comité Larzac de Lyon. Photo : Guy Tarlier (1932-1992) Contre les essais nucléaires français - 6 août 1995, date anniversaire de l’explosion de la bombe d’Hiroshima : 350 personnes protestent sur le Mandarous (centre ville de Millau) contre la reprise des essais nucléaires français décidée par le président Jacques Chirac. José Bové est désigné pour embarquer à bord du Rainbow Warrior II et peut pénétrer dans la zone de tir. 19 août au 12 septembre, présence de la délégation LarzacMillau Stop Essais à Tahiti. - Été 1996 : Après d’importants travaux, l’écomusée de la Jasse devient Office de tourisme, consacré à la restauration et à la vente de produits locaux et vidé de sa mission mémorielle. Lutte contre les OGM - Février 1997 : Les communes de La Cavalerie, La Couvertoirade, St-Jean-et-St-Paul, Ste-Eulalie-de- Cernon et Viala-duPas-de-Jaux signent avec l’État un "contrat de site majeur" en vue de la restauration de leur patrimoine historique. En 1998 sont classés et restaurés les remparts de La Cavalerie, cité templière. - Février 1998 : Deux éleveurs du plateau, Francis Roux et José Bové, ainsi que le Lozérien René Riesel, membres de la Confédération paysanne, sont condamnés par le Tribunal d’Agen à des peines de prison avec sursis pour avoir mélangé des semences génétiquement modifiées et des graines classiques dans un entrepôt de la firme Novartis à Nérac (Lotet-Garonne). Photo du haut : La Cavalerie, cité templière Pour une autre mondialisation - 12 août 1999 : Démontage symbolique de matériaux (planches, cloisons, fenêtres) dans le futur restaurant Mac Donald’s de Millau pour protester contre la "malbouffe" et contre les sanctions commerciales imposées par les ÉtatsUnis qui surtaxent l’importation de roquefort. Les matériaux détachés sont déversés devant la sous-préfecture. L’AFP décrit l’action comme un "saccage". - 30 novembre 1999 : participation de Larzaciens au contresommet de Seattle, à l'occasion d’un sommet de l'Organisation mondiale du commerce, distribution de roquefort, harangue de José Bové devant un Mac Do en présence de Danielle Mitterrand, Présidente de la Fondation France Libertés. Photo du bas: Danielle Mitterrand et José Bové à Seattle Une autre mondialisation - 29 Janvier 2000 : Dans la station de ski de Davos, en Suisse, où se réunissent les grands décideurs économiques et politiques, répression violente de la manifestation contre la mondialisation libérale. José Bové est arrosé de gaz lacrymogène par la police helvétique. Quelques semaines plus tard, le livre de José Bové et François Dufour Le monde n’est pas une marchandise, Des paysans contre la malbouffe se vend à 100 000 exemplaires. Le président Jacques Chirac, pour la première fois, fait un détour par le stand de la Confédération paysanne au Salon de l’agriculture et y salue José Bové. - 30 juin 2000 : Rassemblement de plusieurs dizaines de milliers personnes à Millau à l’occasion du procès des 20 auteurs du démontage du Mac Do, sur le thème "Le monde n’est pas une marchandise". Grand concert gratuit de plein air avec Philippe Val, Francis Cabrel, Zebda et Noir Désir avec près de 100 000 personnes. Le rassemblement d’août 2003 - La Fondation Larzac poursuit son travail de soutien à des populations menant des combats pour la justice par des collectes de fonds sous le titre Larzac Solidarité. En juillet 2000, elle finance une mission d’observation auprès de paysans colombiens dépossédés de leur terre par une société pétrolière. Gilles Gesson et José Bové sont arrêtés par la police de ce pays. - 8 au 10 août 2003 : Rassemblement de 300 000 personnes sur le plateau sur le thème "Un autre monde est possible". Est notamment dénoncée la politique de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Création du mouvement des Faucheurs volontaires de plants OGM, animé par Jean-Baptiste Libouban, responsable de l’Arche de Lanza del Vasto. Moyens de communication, solidarité - 10 janvier 2004 : Création d’une radio associative, Radio Larzac. Après une phase de collaboration avec Radio SaintAffrique, la station obtiendra son autorisation d’émettre en 2008. - Printemps 2004 : Lancement du site Internet www.larzac.org - 26 juillet 2007 : À la recherche des lieux de mémoire constitutifs de l’identité nationale, Le Nouvel Observateur retient le Larzac parmi "les 100 lieux qui ont fait la France". - 8 avril 2008 : Rajagopal P.V. est de passage au Larzac et fait un intervention à La Jasse. Il est le fondateur et leader du mouvement indien Ekta Parishad ("Forum de l’unité") qui défend les petits paysans, les sans terre, les Intouchables, les membres des populations tribales, et initiateur de la marche Janadesh ("le verdict du peuple") de 25 000 exclus entre Gwalior et Delhi en octobre 2007. Les causes écologistes - Septembre 2008 : Création du collectif D’un plateau à l’autre, du Larzac à la Quebrada, l’uranium contre la vie au coeur des Andes, en Argentine, à l’initiative du Susana Moreau, originaire de Buenos Aires et de son mari Roger, ancien secrétaire des 103, installés dans ce pays depuis 2005. - 20 décembre 2010 : Début de la mobilisation contre le permis d’exploitation de gaz de schiste, permis dit "de Nant", qui couvre 4 500 km² entre St-Affrique et le Vigan, dont le plateau du Larzac. Ce permis avait été accordé à une compagnie pétrolière américaine dans la plus grande discrétion le 1er mars 2010 par le ministre de l’Écologie, JeanLouis Borloo. Un film à grande diffusion - Après ses deux films consacrés à Bernard Lambert et Les Lip - L’imagination au pouvoir (2007), le film du réalisateur Christian Rouaud Tous au Larzac (1 h 58) en 2011 boucle sa trilogie consacrée à l’histoire sociale de la décennie 1970.